Livre I, Une nouvelle ère
Prologue
Nous sommes à la moitié des vacances de Noël, le vingt-deux plus précisément. Je m'appelle Justin et j'ai dix-huit ans, un âge où les gens se réjouissent d'être majeurs, en sachant qu'ils vont pouvoir voter, entrer en boîte de nuit, ou simplement être libérés de l'influence de leurs parents.
Pas moi.
Depuis mes quatorze ans, ma vie est bâtie sur un mensonge oppressant. Le seul endroit où je me sens vraiment bien est chez mon meilleur ami, Anthony. Mais même ça, je ne peux pas le dire, car il occupe une place importante dans la hiérarchie d'une secte, et c'est pourquoi mes parents m'empêchent (avec raison, je le concède) de le voir. Peu importe ses fréquentations et sa conception toute personnelle de la morale, il reste mon ami, et il fut le seul à m'avoir soutenu envers et contre tous quand mon secret a été découvert, lorsque j'étais encore au collège.
Mon secret ? Je suis gay. J'en ai toujours été plus ou moins conscient, bien que je n'aie eu cette certitude qu'à quatorze ans, lors de ma première expérience sexuelle. Au départ, je n'accordais guère beaucoup d'importance à mon homosexualité, mais je me suis vite rendu compte de l'opinion de ma famille sur ce sujet. Comme vous l'aurez compris, mes parents sont homophobes ; seule ma petite sœur Alison semble suffisamment ouverte pour me comprendre. Je me suis progressivement enfermé dans une forteresse intérieure et n'ose plus en sortir.
Deux personnes me sortent cependant de ma carapace, Anthony et un de mes voisins, Andréas, qui a six ans de plus que moi. C'est cet homme qui m'a tout appris en matière de sexe. Je souris à la pensée de ce secret ; si mes parents savaient... Je dois être un peu fou, mais m'imaginer leur réaction me fais rire. Malgré tout, une lueur d'espoir m'anime, car l'année prochaine j'entrerai en faculté de droit, à Lille. Là-bas, je compte vraiment me lâcher et rattraper le temps perdu. Peut-être que je trouverai enfin l'amour pour combler ce vide irritant, qui commence à me peser douloureusement...
Après un court instant de réflexion entre ses deux amis, Justin opte pour aller rendre visite à Anthony pour se changer les idées.
Il se rend au garage et prend son scooter. Le froid se fait très présent en ce mois de décembre, c'est pourquoi Justin ne veut pas traîner, même si Tony n'habite pas loin.
Ce garçon brun mesure un mètre soixante-dix pour une cinquantaine de kilos environ. Il n'a pas l'air bien méchant, mais son regard peut vite se faire froid et menaçant. À dix-neuf ans, Anthony vit dans un appartement très spacieux et confortable. Bien que Justin soit curieux de nature, il ne veut pas savoir comment Tony gagne son argent, de peur que la réponse ne lui déplaise.
Justin frappe à la porte. Son meilleur ami lui ouvre après un petit moment. Le visage pâle du garçon indique un mal-être. Il paraît très gêné...
- Salut, Justin... Commence Anthony d'une voix rauque.
- Salut Tony... Tu ne me fais pas entrer ?
- ...
- Bah alors ? Qu'est-ce tu as ?
- Si, si, entre ! Reprend-il en se ressaisissant.
J'avance dans son appartement, impeccablement rangé, mais il ne dit rien et me montre machinalement la porte du salon du doigt. J'entre, m'assieds sur son confortable canapé de cuir et tout de suite une odeur abominable me fait grimacer.
- Putain Tony, c'est quoi cette puanteur ? On dirait du camembert pourri, t'as plus de femme de ménage ?
- ...
- J'te cause ! S'il te plaît, dit moi ce qui va pas aujourd'hui ; t'es tout bizarre !
- Non non, c'est rien, je t'assure. Tu veux quelque chose à boire ? Un Coca ?
- Oui, avec plaisir.
- Okay, bouges pas.
Anthony se tourne en direction de la cuisine et dès l'ouverture de la porte, une vague de cette puanteur si particulière envahit la pièce.
« Mais c'est dégueulasse ! »
- Tony, c'est quoi cette odeur ?
- J'ai des problèmes de plomberie, laisse.
Depuis la première gorgée, Anthony paraît un peu plus détendu. Les deux amis commencent à parler de choses et d'autres, jusqu'à ce que Justin pose une question indiscrète :
- Pourquoi t'avais l'air tout gêné, tout à l'heure ? C'est louche ça ! Dit Justin, sur le ton de la moquerie.
Tony change d'expression. Justin comprends, avant même que son meilleur ami ne donne de réponse, que c'est un sujet délicat.
- Ça concerne mon travail, je crois que tu n'aimes pas en parler.
- Oui, t'as raison. Réplique Justin, un peu sèchement.
- Tu as tord sur eux, vraiment. Il y a juste le Seigneur Frégast qui est un peu mégalo, mais c'est un grand génie et comme on dit, tous les génies sont fous. Personne n'est parfait...
- Je t'arrête tout de suite ; tu viens de dire « Le seigneur Frégast », va essayer de me faire croire que ton truc n'est pas sectaire après ça...
- C'est un pseudonyme. Personne ne connaît son vrai nom et il ne donne ses instructions que par personne interposée...
- Une secte, quoi.
- Tu m'énerves ! Tu verras, je te prouverai que tu te trompes.
- J'attends que ça... Réplique Justin, moqueur.
- Je n'ai pas le droit de t'en dire plus et de toute façon tu ne me croirais pas. Mais je peux t'assurer que le seigneur Frégast a fait une découverte qui pourrait bien être la plus importante de l'histoire de l'humanité ! Il a recruté d'éminents scientifiques pour vérifier tout ça sur le terrain. D'ailleurs c'est tellement considérable qu'un autre groupe essaye de dissoudre la Fondation pour s'approprier tout ça !
- T'es irrécupérable... Mais puisque c'est pour les scientifiques, qu'est-ce que tu viens faire là-dedans, toi qui n'as même pas le bac ?
- Bah moi, je gère le groupe des plus jeunes membres ; on s'occupe de la sécurité des cerveaux, et surtout de contrer les autres, là...
Après cette phrase, lâchée sur un ton indifférent, Justin, horrifié, pousse un petit cri de stupeur.
- STOP ! Tu te tais ! Je veux rien savoir de plus. Je devrais rentrer, il est déjà vingt heures et faut que j'aille faire la cuisine.
Le garçon se lève brusquement du canapé, mais la désagréable odeur lui donne de nouveau des nausées.
« Impossible que ce soit qu'un petit problème de plomberie ! »
- Sérieusement, c'est quoi cette odeur !? S'emporte Justin.
Il ouvre brusquement la porte de la cuisine, sous le regard effaré de son ami. Les pupilles du garçon se dilatent de surprise lorsqu'il aperçoit l'intérieur de la pièce.
- RHA ! ... Ah... Ah... C'est quoi ça !?
Les jambes de Justin vacillent, sa respiration devient saccadée, tandis que l'horreur du spectacle qui s'offre à lui le remplit de dégoût.
Sur le sol de la cuisine gisent deux cadavres maculés de sang. Deux visages blancs aux yeux vitreux et dénués de toute expression. Un couteau de cuisine se dresse du ventre de l'un d'eux.
Justin vomi par dégoût, dans un premier temps, puis par déception devant le crime horrible commis par Anthony...
Il recule, en pleurs, tandis que son ami qui, resté immobile comme pétrifié par la situation, vient fermer la porte. Il veut s'approcher de Justin, mais celui-ci se relève aussitôt.
- CONNARD ! crie-t-il avant de succomber à une nouvelle crise de larmes.
- Je suis vraiment désolé que tu aies découvert ça Justin... Répond l'assassin d'une voix hésitante et gênée.
- Désolé que je les aie vus ? Mais t'es taré ! Tu devrais être navré pour eux ! J'y crois pas ! Souffle Justin, en plein désespoir.
- J'espère que ça ne changera rien entre nous... Je suis tellement désolé...
- Que ça changera rien ? Mais merde, t'as tué deux mecs !
Chasser le naturel, il reviendra toujours. C'est ainsi que devant l'air buté, mais vulnérable de Justin, le côté manipulateur et narcissique d'Anthony refait surface.
- Écoute, Justin, quand j'ai appris que t'étais gay, j'ai été le seul à rester à tes côtés, j'ai même renié certains de mes anciens amis pour toi ! Jamais ton homosexualité n'a posé de problèmes entre nous et j'ai toujours gardé ton secret vis à vis de ta famille, mais toi, tu me trahirais au nom de deux connards qui ont tenté de m'assassiner !? Tu me renierais comme j'aurai pu le faire lorsque j'ai su pour toi !?
Ressortir de vieux dossiers : Quelque chose de commun, mais radicalement efficace.
Chacun de ces mots atteint directement le cœur de Justin.
N'étant pas habitué à côtoyer cette facette de son meilleur ami, pourtant dominante dans sa personnalité, le doute s'infiltre dans l'esprit de Justin. Anthony a toujours été un ami sincère et emphatique envers lui. Tout ce qu'il a dit est vrai, bien qu'orienté.
« Il a tué deux personnes ! Il reste mon ami ! Mais c'est un meurtrier !
Mais s'il disait vrai ? Si ce n'est que de la légitime défense ? »
La voix d'Anthony le sort brutalement des sinistres pensées qui se bousculent dans sa tête.
- Ça va ?
Justin se lève brusquement, ne voulant plus s'attarder ici.
- Écoute bien, Tony, je sais pas encore ce que je vais faire, mais je ne suis jamais venu, je me souviens pas avoir vu ces deux cadavres et je n'ai senti aucune odeur. Je ne suis même pas au courant ! Au revoir, je veux pas entendre parler de toi avant un certain temps et si par hasard je reviens ici un jour, je veux plus qu'ils soient là. Dit-il en désignant de l'œil la porte de la cuisine.
En silence, Justin sort de l'appartement, toujours choqué. Dehors, il préfère s'asseoir un petit moment avant de rentrer avec son scooter.
Les questions et le doute se bousculent dans l'esprit du jeune homme. Il essaie tant bien que mal de les chasser ; il veut revenir en arrière, recommencer cette journée, la vie est tellement plus simple quand on se cache les yeux pour ne pas voir un problème.
Depuis une fenêtre de son appartement, Anthony regarde son ami qui se tient la tête entre ses deux mains. Tony est confiant. Il sait que Justin ne racontera rien de cette histoire. Curieusement, à chaque fois qu'il manipule quelqu'un, il ressent une étrange satisfaction qui fait battre son cœur, le faisant vivre pleinement.
Décidément, la morale reste quelque chose qui n'est pas faite pour lui.
Prologue
Nous sommes à la moitié des vacances de Noël, le vingt-deux plus précisément. Je m'appelle Justin et j'ai dix-huit ans, un âge où les gens se réjouissent d'être majeurs, en sachant qu'ils vont pouvoir voter, entrer en boîte de nuit, ou simplement être libérés de l'influence de leurs parents.
Pas moi.
Depuis mes quatorze ans, ma vie est bâtie sur un mensonge oppressant. Le seul endroit où je me sens vraiment bien est chez mon meilleur ami, Anthony. Mais même ça, je ne peux pas le dire, car il occupe une place importante dans la hiérarchie d'une secte, et c'est pourquoi mes parents m'empêchent (avec raison, je le concède) de le voir. Peu importe ses fréquentations et sa conception toute personnelle de la morale, il reste mon ami, et il fut le seul à m'avoir soutenu envers et contre tous quand mon secret a été découvert, lorsque j'étais encore au collège.
Mon secret ? Je suis gay. J'en ai toujours été plus ou moins conscient, bien que je n'aie eu cette certitude qu'à quatorze ans, lors de ma première expérience sexuelle. Au départ, je n'accordais guère beaucoup d'importance à mon homosexualité, mais je me suis vite rendu compte de l'opinion de ma famille sur ce sujet. Comme vous l'aurez compris, mes parents sont homophobes ; seule ma petite sœur Alison semble suffisamment ouverte pour me comprendre. Je me suis progressivement enfermé dans une forteresse intérieure et n'ose plus en sortir.
Deux personnes me sortent cependant de ma carapace, Anthony et un de mes voisins, Andréas, qui a six ans de plus que moi. C'est cet homme qui m'a tout appris en matière de sexe. Je souris à la pensée de ce secret ; si mes parents savaient... Je dois être un peu fou, mais m'imaginer leur réaction me fais rire. Malgré tout, une lueur d'espoir m'anime, car l'année prochaine j'entrerai en faculté de droit, à Lille. Là-bas, je compte vraiment me lâcher et rattraper le temps perdu. Peut-être que je trouverai enfin l'amour pour combler ce vide irritant, qui commence à me peser douloureusement...
Après un court instant de réflexion entre ses deux amis, Justin opte pour aller rendre visite à Anthony pour se changer les idées.
Il se rend au garage et prend son scooter. Le froid se fait très présent en ce mois de décembre, c'est pourquoi Justin ne veut pas traîner, même si Tony n'habite pas loin.
Ce garçon brun mesure un mètre soixante-dix pour une cinquantaine de kilos environ. Il n'a pas l'air bien méchant, mais son regard peut vite se faire froid et menaçant. À dix-neuf ans, Anthony vit dans un appartement très spacieux et confortable. Bien que Justin soit curieux de nature, il ne veut pas savoir comment Tony gagne son argent, de peur que la réponse ne lui déplaise.
Justin frappe à la porte. Son meilleur ami lui ouvre après un petit moment. Le visage pâle du garçon indique un mal-être. Il paraît très gêné...
- Salut, Justin... Commence Anthony d'une voix rauque.
- Salut Tony... Tu ne me fais pas entrer ?
- ...
- Bah alors ? Qu'est-ce tu as ?
- Si, si, entre ! Reprend-il en se ressaisissant.
J'avance dans son appartement, impeccablement rangé, mais il ne dit rien et me montre machinalement la porte du salon du doigt. J'entre, m'assieds sur son confortable canapé de cuir et tout de suite une odeur abominable me fait grimacer.
- Putain Tony, c'est quoi cette puanteur ? On dirait du camembert pourri, t'as plus de femme de ménage ?
- ...
- J'te cause ! S'il te plaît, dit moi ce qui va pas aujourd'hui ; t'es tout bizarre !
- Non non, c'est rien, je t'assure. Tu veux quelque chose à boire ? Un Coca ?
- Oui, avec plaisir.
- Okay, bouges pas.
Anthony se tourne en direction de la cuisine et dès l'ouverture de la porte, une vague de cette puanteur si particulière envahit la pièce.
« Mais c'est dégueulasse ! »
- Tony, c'est quoi cette odeur ?
- J'ai des problèmes de plomberie, laisse.
Depuis la première gorgée, Anthony paraît un peu plus détendu. Les deux amis commencent à parler de choses et d'autres, jusqu'à ce que Justin pose une question indiscrète :
- Pourquoi t'avais l'air tout gêné, tout à l'heure ? C'est louche ça ! Dit Justin, sur le ton de la moquerie.
Tony change d'expression. Justin comprends, avant même que son meilleur ami ne donne de réponse, que c'est un sujet délicat.
- Ça concerne mon travail, je crois que tu n'aimes pas en parler.
- Oui, t'as raison. Réplique Justin, un peu sèchement.
- Tu as tord sur eux, vraiment. Il y a juste le Seigneur Frégast qui est un peu mégalo, mais c'est un grand génie et comme on dit, tous les génies sont fous. Personne n'est parfait...
- Je t'arrête tout de suite ; tu viens de dire « Le seigneur Frégast », va essayer de me faire croire que ton truc n'est pas sectaire après ça...
- C'est un pseudonyme. Personne ne connaît son vrai nom et il ne donne ses instructions que par personne interposée...
- Une secte, quoi.
- Tu m'énerves ! Tu verras, je te prouverai que tu te trompes.
- J'attends que ça... Réplique Justin, moqueur.
- Je n'ai pas le droit de t'en dire plus et de toute façon tu ne me croirais pas. Mais je peux t'assurer que le seigneur Frégast a fait une découverte qui pourrait bien être la plus importante de l'histoire de l'humanité ! Il a recruté d'éminents scientifiques pour vérifier tout ça sur le terrain. D'ailleurs c'est tellement considérable qu'un autre groupe essaye de dissoudre la Fondation pour s'approprier tout ça !
- T'es irrécupérable... Mais puisque c'est pour les scientifiques, qu'est-ce que tu viens faire là-dedans, toi qui n'as même pas le bac ?
- Bah moi, je gère le groupe des plus jeunes membres ; on s'occupe de la sécurité des cerveaux, et surtout de contrer les autres, là...
Après cette phrase, lâchée sur un ton indifférent, Justin, horrifié, pousse un petit cri de stupeur.
- STOP ! Tu te tais ! Je veux rien savoir de plus. Je devrais rentrer, il est déjà vingt heures et faut que j'aille faire la cuisine.
Le garçon se lève brusquement du canapé, mais la désagréable odeur lui donne de nouveau des nausées.
« Impossible que ce soit qu'un petit problème de plomberie ! »
- Sérieusement, c'est quoi cette odeur !? S'emporte Justin.
Il ouvre brusquement la porte de la cuisine, sous le regard effaré de son ami. Les pupilles du garçon se dilatent de surprise lorsqu'il aperçoit l'intérieur de la pièce.
- RHA ! ... Ah... Ah... C'est quoi ça !?
Les jambes de Justin vacillent, sa respiration devient saccadée, tandis que l'horreur du spectacle qui s'offre à lui le remplit de dégoût.
Sur le sol de la cuisine gisent deux cadavres maculés de sang. Deux visages blancs aux yeux vitreux et dénués de toute expression. Un couteau de cuisine se dresse du ventre de l'un d'eux.
Justin vomi par dégoût, dans un premier temps, puis par déception devant le crime horrible commis par Anthony...
Il recule, en pleurs, tandis que son ami qui, resté immobile comme pétrifié par la situation, vient fermer la porte. Il veut s'approcher de Justin, mais celui-ci se relève aussitôt.
- CONNARD ! crie-t-il avant de succomber à une nouvelle crise de larmes.
- Je suis vraiment désolé que tu aies découvert ça Justin... Répond l'assassin d'une voix hésitante et gênée.
- Désolé que je les aie vus ? Mais t'es taré ! Tu devrais être navré pour eux ! J'y crois pas ! Souffle Justin, en plein désespoir.
- J'espère que ça ne changera rien entre nous... Je suis tellement désolé...
- Que ça changera rien ? Mais merde, t'as tué deux mecs !
Chasser le naturel, il reviendra toujours. C'est ainsi que devant l'air buté, mais vulnérable de Justin, le côté manipulateur et narcissique d'Anthony refait surface.
- Écoute, Justin, quand j'ai appris que t'étais gay, j'ai été le seul à rester à tes côtés, j'ai même renié certains de mes anciens amis pour toi ! Jamais ton homosexualité n'a posé de problèmes entre nous et j'ai toujours gardé ton secret vis à vis de ta famille, mais toi, tu me trahirais au nom de deux connards qui ont tenté de m'assassiner !? Tu me renierais comme j'aurai pu le faire lorsque j'ai su pour toi !?
Ressortir de vieux dossiers : Quelque chose de commun, mais radicalement efficace.
Chacun de ces mots atteint directement le cœur de Justin.
N'étant pas habitué à côtoyer cette facette de son meilleur ami, pourtant dominante dans sa personnalité, le doute s'infiltre dans l'esprit de Justin. Anthony a toujours été un ami sincère et emphatique envers lui. Tout ce qu'il a dit est vrai, bien qu'orienté.
« Il a tué deux personnes ! Il reste mon ami ! Mais c'est un meurtrier !
Mais s'il disait vrai ? Si ce n'est que de la légitime défense ? »
La voix d'Anthony le sort brutalement des sinistres pensées qui se bousculent dans sa tête.
- Ça va ?
Justin se lève brusquement, ne voulant plus s'attarder ici.
- Écoute bien, Tony, je sais pas encore ce que je vais faire, mais je ne suis jamais venu, je me souviens pas avoir vu ces deux cadavres et je n'ai senti aucune odeur. Je ne suis même pas au courant ! Au revoir, je veux pas entendre parler de toi avant un certain temps et si par hasard je reviens ici un jour, je veux plus qu'ils soient là. Dit-il en désignant de l'œil la porte de la cuisine.
En silence, Justin sort de l'appartement, toujours choqué. Dehors, il préfère s'asseoir un petit moment avant de rentrer avec son scooter.
Les questions et le doute se bousculent dans l'esprit du jeune homme. Il essaie tant bien que mal de les chasser ; il veut revenir en arrière, recommencer cette journée, la vie est tellement plus simple quand on se cache les yeux pour ne pas voir un problème.
Depuis une fenêtre de son appartement, Anthony regarde son ami qui se tient la tête entre ses deux mains. Tony est confiant. Il sait que Justin ne racontera rien de cette histoire. Curieusement, à chaque fois qu'il manipule quelqu'un, il ressent une étrange satisfaction qui fait battre son cœur, le faisant vivre pleinement.
Décidément, la morale reste quelque chose qui n'est pas faite pour lui.