30-11-2022, 10:19 PM
– Bon, je me lance. Je vis en France depuis bientôt six ans et je me suis habitué à la vie française. Mon job ici fonctionne très bien. Alors si ça te dit on pourrait faire notre vie ici en France. On irait voir ma famille aux States comme on le fait maintenant et quand on aura notre chez nous, on pourra aussi les recevoir.
– Tu ne veux pas retourner vivre aux Etats-Unis ?
– Non, parce que tu n'y seras pas heureux.
– Mais ta famille ne te manquera pas ?
– Un peu si mais tout comme la tienne te manque, ici. Tu la vois moins que moi la mienne. Enfin on la voit plus souvent c'est vrai, mais moins longtemps, si on calcule. Et je voudrais savoir aussi si tu voudrais qu'on officialise notre relation.
– Tu entends quoi par-là ? Parce que, pour moi, notre relation est officielle.
– À nos yeux, oui, à ceux de nos amis aussi, mais pas aux yeux de la loi. Si le mariage homosexuel existait, je te proposerais le mariage. Mais hélas ça n'existe pas encore sauf aux Pays-Bas. Alors je te propose qu'on se pacse. Tu veux bien ?
Une vague de bonheur m'envahit et les larmes se mirent à couler le long de mes joues. Je pris Liam dans mes bras et je le serrais aussi fort que je pus et on se roula la méga pelle de notre vie.
Et bien sûr c'est pendant qu'on faisait ça que Rémi, Joris et Titouan entrèrent.
– Hé, mais vous allez pas baiser sur le canapé non plus! Ça suffit la salade de langue !
– Mais Joris, tu vas leur foutre la paix, oui !
– Oh, mais vous pleurez ? Il se passe quoi ?
Perdu loin dans notre bonheur Liam et moi on ne se sépara pas pour leur répondre. Et cette fois c'est Titouan qui débita des âneries :
– Y'en a sûrement un qui attend un bébé et qui vient de le dire à l’autre. On peut savoir lequel des deux c’est ?
– Vu la façon et le nombre de fois qu'ils baisent, je pense qu'ils en attendent un chacun.
– Ça doit être récent alors parce qu'ils n'ont pas encore trop grossi.
Et ils éclatèrent de rire à leur bêtise. On se sépara enfin et me retournant vers eux, je leur dis :
– Non, aucun de nous n'attend de bébé. Il n'y en a qu'un ici de Bébé et c'est moi.
– Ok! Mais alors, pourquoi ce baiser passionné et ces larmes ? Vous vous êtes engueulés et vous vous réconciliez ?
– Non, c'est pas ça non plus.
– Je sais ! Liam vient de te demander en mariage !
- Mais c'est n'importe quoi, Joris, ça n'existe pas en France.
- Oui mais aux Etats-Unis, il se peut que ça existe.
– Non Titouan, ça n'existe pas non plus aux Etats-Unis. Je viens de proposer à Bébé qu'on se pacse et c'est sa façon de me dire oui.
– WOW, félicitations !
Nos amis vinrent nous faire la bise pour nous féliciter. Joris et Titouan se mirent aux fourneaux et nous firent un repas de fêtes. Et pendant le repas Titouan me demanda :
– Bé, tu te souviens de la discussion qu'on avait eu à la buanderie. Tu devais me montrer quelque chose mais tu ne l'as jamais fait.
– Ah oui je me souviens. Liam, tu peux monter avec moi ?
– Pourquoi faire ?
– Une surprise à Titouan. Et toi Titouan , tu te tournes et tu ne te retourneras que quand on te le dira. Joris et Rémi vous surveillez qu'il ne triche pas.
On monta en courant dans la chambre où j'expliquais à Liam ce que je voulais qu'on fasse et le temps de se mettre en tenue, de retrouver le catalogue et les casquettes, on redescendit et on se positionna comme sur la page de couverture.
– C'est bon, tu peux te retourner.
Il le fit et resta silencieux, les yeux écarquillés, quelques secondes.
– C'est pas vrai ! Ne me dites pas que c'est vous les modèles du catalogue.
– Hé si, c'est nous!
– Je ne vous crois pas. Enfin, si je vous crois mais j'ai tellement fantasmé sur les beaux mecs et les beaux modèles sur ce papier glacé que maintenant mettre vos visages dessus ça me fait culpabiliser de savoir que je me suis branlé sur mes collocs.
On éclata de rire. On remonta s'habiller et je redescendis avec une clef USB que je branchais directement sur la télé et je lançais le diaporama. Celles où on nous y voyait en entier et aussi les non publiées. Les commentaires allaient bon train et je ne vous dis même pas quand ils virent les photos où nos sexes bandés essayaient de sortir des strings qu'on portait. Et encore moins de la franche rigolade quand on leur expliqua qu'il avait fallu qu'on se branle pour que ça passe. Le diaporama continuait et tout d'un coup c'est Rémi à poil qui occupa l'écran et bien sûr j'appuyais sur le bouton pause.
– Alors là, tu vois cette photo, Titouan, on peut dire que c'est la première rencontre entre Joris et Rémi.
– T'es sérieux ?
Il fallut lui expliquer le pourquoi du comment de leur amour. Titouan devint grave.
– Je voudrai revenir sur une promesse que je vous ai faite. Mais avant je voudrai que vous lisiez ça.
Il sortit son téléphone de sa poche et nous fit lire toute une série de SMS qu'il avait échangé avec Alexis.
– En fait, depuis que je l'ai rencontré, je savais qu'il me plaisait. C'est vrai qu'à la rivière et la semaine qui a suivi, je me suis comporté comme une salope en chaleur. Mais je ne suis pas réellement comme ça. J’avais besoin d’oublier quelqu’un et c’est la solution qui m’a parue la meilleure sur le moment.
Et depuis… Bin, j’ai vraiment Alexis dans la peau. Je voudrais pouvoir essayer de faire un bout de chemin avec lui. J'aurai pu le faire dans votre dos mais je préfère être franc avec vous. Vous êtes d’accord ?
Il avait demandé ça d'un ton presque suppliant. Et c'est vrai qu'il aurait pu le faire sans demander notre avis. Titouan nous expliqua, qu’il s'était rendu compte qu'il l'aimait, quand un samedi soir Alexis avait débarqué dans la boite où il bossait et qu'il l'avait vu en train de rouler des pelles à un mec, qu'il les avait vu sortir et revenir une grosse demi-heure après. Ça lui avait tordu le cœur.
Il nous paraissait sincère, alors on lui donna notre bénédiction.
Et dès le lendemain matin il se lança à sa conquête. À son habitude, Alexis nous attendait au coin de l’impasse. Il avait un sourire crispé, il nous fit la bise et on partit en trottinant. Quand on arriva sur les bords du Rhône, Titouan passa la surmultipliée et nous planta là et Alexis et moi on courait tranquillement. D'habitude on bavardait en le faisant. Pas tout le trajet mais au moins au début tant qu'on avait un peu de souffle.
– Y'a quelque chose qui ne va pas, Alexis ?
– C'est compliqué, je veux pas t'emmerder avec ça.
C'est comme tu veux mais entre potes si on n'est pas là pour se soutenir, ça sert à rien l’amitié. Tu crois pas?
– Oui, bon, c'est Titouan. Voilà c'est dit.
– Oui, mais quoi, Titouan ?
– Je suis amoureux de lui et lui me dit qu'il m'aime bien mais qu'il ne peut pas donner de suite, que c'est compliqué. Il doit faire un truc avant et aussi discuter avec moi pour me dire des choses qui risquent de ne pas me plaire. Alors je m'attends au pire. Il ne t'a rien dit sur nous ?
– Non pas vraiment. Il se dévoile peu.
– Il faut que je me défoule sinon je vais exploser. On court ?
Et pour courir, on courut. C'est presque un kilomètre plus loin que d'habitude qu'on retrouva Titouan qui revenait.
Il s'en rendit compte.
– Dites donc mes escargots, vous avez avalé du cheval de course ce matin ?
– Attends encore trois mois et c'est nous qui allons te croiser en revenant.
– Mais dans tes rêves Alexis. À moins que je sois en béquilles ou en fauteuil roulant. On rentre, j'ai faim, et après j'ai un truc important à faire.
On fit demi-tour, on passa bien sûr par la boulangerie et on prit le petit déjeuner à la maison. On parlait de nos études avec Titouan et quand on demanda à Alexis comment ça se passait pour lui, il rosit et tenta d’esquiver. On insista un peu.
– bin, en fait, pas trop bien. Je suis dans la moyenne de partout mais en anglais je suis complètement paumé. Mes parents veulent que je suive des cours particuliers mais pour le moment ils n'ont pas trouvé de prof qui leur convienne.
Ils me cherchent un gars dynamique qui soit plus axés sur l'américain ou l’anglais populaire que l’anglais littéraire. Va savoir pourquoi.
– Mais l'an dernier, tu étais plutôt bon en cours, si je me souviens bien.
– Oui, mais l'an dernier je n'étais pas amoureux d'un mec, ça me prend la tête et ça m'empêche de me concentrer. Bon, après, l'anglais c'est spécial, j'ai jamais trop été doué. En allemand je suis super bon mais l'anglais ça veut pas rentrer.
– Tu devrais demander à Liam s'il veut bien t’aider.
– Liam ? Pourquoi Liam ?
– Parce qu'il est Américain, pardi.
– Tu te fous de ma gueule, Bé. Il parle français façon Pagnol.
– Et pourtant il est Américain je te l’assure. Sa mère est française, c'est pour ça qu'il parle français - sans accent au départ - et c'est à force de nous fréquenter Tim, Marie et moi qu'il a pris l'accent du midi.
– Bin, merde alors ? Jamais j'aurai cru ça. Après tout pourquoi pas. Et il serait mignon comme prof personnel. Mais bon, pas touche à lui, je sais qu'il est à toi, Bé.
– Tu n'as pas intérêt d'y toucher sous peine de grosse, très grosse désillusion pour toi, Alexis. Hier, on a décidé de se pacser.
– Wow cool ! Je suis content pour vous. Vous allez faire ça quand ?
– On va se renseigner pour savoir les démarches à faire avant mais on voudrait faire ça rapidement.
– Si tu veux, vous n'avez qu'à venir à la maison, mon père est juge et il a déjà fait des pacs. Il pourra vous renseigner.
– On veut pas l'embêter avec ça. Et puis on veut pas te griller non plus.
– Me griller ? Comment ça, Liam ? Ah oui, je comprends ce que tu veux dire. Ne t'en fais pas, ça fait deux ans que je suis sorti du placard comme on dit en France.
Joris qui arrivait et n'avait entendu que la fin de la phrase – sans être réveillé pleinement – dit :
– Salut les gars, pourquoi tu étais rentré dans ce placard, Alexis ?
– Mais de quoi tu parles, Joris ?
– Bin, quand je suis arrivé tu disais que tu étais sorti du placard alors je demandais pourquoi tu y étais entré.
– Mais non, ça veut dire que j'ai fait mon coming out, c'est tout.
– Ah ok, j'avais pas compris. Me faut un café, à moi!
– Bon, moi, je vais retrouver mon studio, demain c'est moi qui paye les croissants. Alexis, tu as un moment à m'accorder, je voudrai te parler.
– Oui pas de souci. De quoi tu veux me causer ?
– C'est personnel, pas ici. Tu veux bien m'accompagner jusque chez moi
Alexis devint tout pâle tout à coup. Il se leva et suivit Titouan. Ce que je vais écrire maintenant m'a été raconté par Titouan.
315
– Tu ne veux pas retourner vivre aux Etats-Unis ?
– Non, parce que tu n'y seras pas heureux.
– Mais ta famille ne te manquera pas ?
– Un peu si mais tout comme la tienne te manque, ici. Tu la vois moins que moi la mienne. Enfin on la voit plus souvent c'est vrai, mais moins longtemps, si on calcule. Et je voudrais savoir aussi si tu voudrais qu'on officialise notre relation.
– Tu entends quoi par-là ? Parce que, pour moi, notre relation est officielle.
– À nos yeux, oui, à ceux de nos amis aussi, mais pas aux yeux de la loi. Si le mariage homosexuel existait, je te proposerais le mariage. Mais hélas ça n'existe pas encore sauf aux Pays-Bas. Alors je te propose qu'on se pacse. Tu veux bien ?
Une vague de bonheur m'envahit et les larmes se mirent à couler le long de mes joues. Je pris Liam dans mes bras et je le serrais aussi fort que je pus et on se roula la méga pelle de notre vie.
Et bien sûr c'est pendant qu'on faisait ça que Rémi, Joris et Titouan entrèrent.
– Hé, mais vous allez pas baiser sur le canapé non plus! Ça suffit la salade de langue !
– Mais Joris, tu vas leur foutre la paix, oui !
– Oh, mais vous pleurez ? Il se passe quoi ?
Perdu loin dans notre bonheur Liam et moi on ne se sépara pas pour leur répondre. Et cette fois c'est Titouan qui débita des âneries :
– Y'en a sûrement un qui attend un bébé et qui vient de le dire à l’autre. On peut savoir lequel des deux c’est ?
– Vu la façon et le nombre de fois qu'ils baisent, je pense qu'ils en attendent un chacun.
– Ça doit être récent alors parce qu'ils n'ont pas encore trop grossi.
Et ils éclatèrent de rire à leur bêtise. On se sépara enfin et me retournant vers eux, je leur dis :
– Non, aucun de nous n'attend de bébé. Il n'y en a qu'un ici de Bébé et c'est moi.
– Ok! Mais alors, pourquoi ce baiser passionné et ces larmes ? Vous vous êtes engueulés et vous vous réconciliez ?
– Non, c'est pas ça non plus.
– Je sais ! Liam vient de te demander en mariage !
- Mais c'est n'importe quoi, Joris, ça n'existe pas en France.
- Oui mais aux Etats-Unis, il se peut que ça existe.
– Non Titouan, ça n'existe pas non plus aux Etats-Unis. Je viens de proposer à Bébé qu'on se pacse et c'est sa façon de me dire oui.
– WOW, félicitations !
Nos amis vinrent nous faire la bise pour nous féliciter. Joris et Titouan se mirent aux fourneaux et nous firent un repas de fêtes. Et pendant le repas Titouan me demanda :
– Bé, tu te souviens de la discussion qu'on avait eu à la buanderie. Tu devais me montrer quelque chose mais tu ne l'as jamais fait.
– Ah oui je me souviens. Liam, tu peux monter avec moi ?
– Pourquoi faire ?
– Une surprise à Titouan. Et toi Titouan , tu te tournes et tu ne te retourneras que quand on te le dira. Joris et Rémi vous surveillez qu'il ne triche pas.
On monta en courant dans la chambre où j'expliquais à Liam ce que je voulais qu'on fasse et le temps de se mettre en tenue, de retrouver le catalogue et les casquettes, on redescendit et on se positionna comme sur la page de couverture.
– C'est bon, tu peux te retourner.
Il le fit et resta silencieux, les yeux écarquillés, quelques secondes.
– C'est pas vrai ! Ne me dites pas que c'est vous les modèles du catalogue.
– Hé si, c'est nous!
– Je ne vous crois pas. Enfin, si je vous crois mais j'ai tellement fantasmé sur les beaux mecs et les beaux modèles sur ce papier glacé que maintenant mettre vos visages dessus ça me fait culpabiliser de savoir que je me suis branlé sur mes collocs.
On éclata de rire. On remonta s'habiller et je redescendis avec une clef USB que je branchais directement sur la télé et je lançais le diaporama. Celles où on nous y voyait en entier et aussi les non publiées. Les commentaires allaient bon train et je ne vous dis même pas quand ils virent les photos où nos sexes bandés essayaient de sortir des strings qu'on portait. Et encore moins de la franche rigolade quand on leur expliqua qu'il avait fallu qu'on se branle pour que ça passe. Le diaporama continuait et tout d'un coup c'est Rémi à poil qui occupa l'écran et bien sûr j'appuyais sur le bouton pause.
– Alors là, tu vois cette photo, Titouan, on peut dire que c'est la première rencontre entre Joris et Rémi.
– T'es sérieux ?
Il fallut lui expliquer le pourquoi du comment de leur amour. Titouan devint grave.
– Je voudrai revenir sur une promesse que je vous ai faite. Mais avant je voudrai que vous lisiez ça.
Il sortit son téléphone de sa poche et nous fit lire toute une série de SMS qu'il avait échangé avec Alexis.
– En fait, depuis que je l'ai rencontré, je savais qu'il me plaisait. C'est vrai qu'à la rivière et la semaine qui a suivi, je me suis comporté comme une salope en chaleur. Mais je ne suis pas réellement comme ça. J’avais besoin d’oublier quelqu’un et c’est la solution qui m’a parue la meilleure sur le moment.
Et depuis… Bin, j’ai vraiment Alexis dans la peau. Je voudrais pouvoir essayer de faire un bout de chemin avec lui. J'aurai pu le faire dans votre dos mais je préfère être franc avec vous. Vous êtes d’accord ?
Il avait demandé ça d'un ton presque suppliant. Et c'est vrai qu'il aurait pu le faire sans demander notre avis. Titouan nous expliqua, qu’il s'était rendu compte qu'il l'aimait, quand un samedi soir Alexis avait débarqué dans la boite où il bossait et qu'il l'avait vu en train de rouler des pelles à un mec, qu'il les avait vu sortir et revenir une grosse demi-heure après. Ça lui avait tordu le cœur.
Il nous paraissait sincère, alors on lui donna notre bénédiction.
Et dès le lendemain matin il se lança à sa conquête. À son habitude, Alexis nous attendait au coin de l’impasse. Il avait un sourire crispé, il nous fit la bise et on partit en trottinant. Quand on arriva sur les bords du Rhône, Titouan passa la surmultipliée et nous planta là et Alexis et moi on courait tranquillement. D'habitude on bavardait en le faisant. Pas tout le trajet mais au moins au début tant qu'on avait un peu de souffle.
– Y'a quelque chose qui ne va pas, Alexis ?
– C'est compliqué, je veux pas t'emmerder avec ça.
C'est comme tu veux mais entre potes si on n'est pas là pour se soutenir, ça sert à rien l’amitié. Tu crois pas?
– Oui, bon, c'est Titouan. Voilà c'est dit.
– Oui, mais quoi, Titouan ?
– Je suis amoureux de lui et lui me dit qu'il m'aime bien mais qu'il ne peut pas donner de suite, que c'est compliqué. Il doit faire un truc avant et aussi discuter avec moi pour me dire des choses qui risquent de ne pas me plaire. Alors je m'attends au pire. Il ne t'a rien dit sur nous ?
– Non pas vraiment. Il se dévoile peu.
– Il faut que je me défoule sinon je vais exploser. On court ?
Et pour courir, on courut. C'est presque un kilomètre plus loin que d'habitude qu'on retrouva Titouan qui revenait.
Il s'en rendit compte.
– Dites donc mes escargots, vous avez avalé du cheval de course ce matin ?
– Attends encore trois mois et c'est nous qui allons te croiser en revenant.
– Mais dans tes rêves Alexis. À moins que je sois en béquilles ou en fauteuil roulant. On rentre, j'ai faim, et après j'ai un truc important à faire.
On fit demi-tour, on passa bien sûr par la boulangerie et on prit le petit déjeuner à la maison. On parlait de nos études avec Titouan et quand on demanda à Alexis comment ça se passait pour lui, il rosit et tenta d’esquiver. On insista un peu.
– bin, en fait, pas trop bien. Je suis dans la moyenne de partout mais en anglais je suis complètement paumé. Mes parents veulent que je suive des cours particuliers mais pour le moment ils n'ont pas trouvé de prof qui leur convienne.
Ils me cherchent un gars dynamique qui soit plus axés sur l'américain ou l’anglais populaire que l’anglais littéraire. Va savoir pourquoi.
– Mais l'an dernier, tu étais plutôt bon en cours, si je me souviens bien.
– Oui, mais l'an dernier je n'étais pas amoureux d'un mec, ça me prend la tête et ça m'empêche de me concentrer. Bon, après, l'anglais c'est spécial, j'ai jamais trop été doué. En allemand je suis super bon mais l'anglais ça veut pas rentrer.
– Tu devrais demander à Liam s'il veut bien t’aider.
– Liam ? Pourquoi Liam ?
– Parce qu'il est Américain, pardi.
– Tu te fous de ma gueule, Bé. Il parle français façon Pagnol.
– Et pourtant il est Américain je te l’assure. Sa mère est française, c'est pour ça qu'il parle français - sans accent au départ - et c'est à force de nous fréquenter Tim, Marie et moi qu'il a pris l'accent du midi.
– Bin, merde alors ? Jamais j'aurai cru ça. Après tout pourquoi pas. Et il serait mignon comme prof personnel. Mais bon, pas touche à lui, je sais qu'il est à toi, Bé.
– Tu n'as pas intérêt d'y toucher sous peine de grosse, très grosse désillusion pour toi, Alexis. Hier, on a décidé de se pacser.
– Wow cool ! Je suis content pour vous. Vous allez faire ça quand ?
– On va se renseigner pour savoir les démarches à faire avant mais on voudrait faire ça rapidement.
– Si tu veux, vous n'avez qu'à venir à la maison, mon père est juge et il a déjà fait des pacs. Il pourra vous renseigner.
– On veut pas l'embêter avec ça. Et puis on veut pas te griller non plus.
– Me griller ? Comment ça, Liam ? Ah oui, je comprends ce que tu veux dire. Ne t'en fais pas, ça fait deux ans que je suis sorti du placard comme on dit en France.
Joris qui arrivait et n'avait entendu que la fin de la phrase – sans être réveillé pleinement – dit :
– Salut les gars, pourquoi tu étais rentré dans ce placard, Alexis ?
– Mais de quoi tu parles, Joris ?
– Bin, quand je suis arrivé tu disais que tu étais sorti du placard alors je demandais pourquoi tu y étais entré.
– Mais non, ça veut dire que j'ai fait mon coming out, c'est tout.
– Ah ok, j'avais pas compris. Me faut un café, à moi!
– Bon, moi, je vais retrouver mon studio, demain c'est moi qui paye les croissants. Alexis, tu as un moment à m'accorder, je voudrai te parler.
– Oui pas de souci. De quoi tu veux me causer ?
– C'est personnel, pas ici. Tu veux bien m'accompagner jusque chez moi
Alexis devint tout pâle tout à coup. Il se leva et suivit Titouan. Ce que je vais écrire maintenant m'a été raconté par Titouan.
315