28-11-2022, 10:59 PM
– C’est un bon dé… Oh, attendez! Est-ce que par le plus grand des hasards vous seriez ceux qui ont fait leur rapport de stage sur les urgences de cet hôpital ?
– Oui, c'est nous.
– Je commence à bien vous aimer tous les deux parce que, au-delà de plus ou moins bien maîtriser le boulot et les situations d’urgences, vous avez des couilles et quand ça ne va pas vous le dites. C'est ça que je veux et pas des moutons de Panurge qui disent amen à tout ce qu'on leur dit !
Certes vous allez travailler avec des toubibs, des spécialistes, des professeurs, parfois même renommés à l’international, mais c'est vous, les futurs infirmières et infirmiers qui allez passer entre huit et dix heures par jour avec les malades.
Je ne parle pas de celles et de ceux que j’appellerais des piqueuses ou des piqueux ou même des 'pansementeux’, bien sûr, il en faut mais pour moi ce n'est pas associé à de la médecine instinctive.
Je m'adresse à ceux qui seront en hôpitaux, ceux qui iront dans les SAMU ou les SMUR ou même comme moi chez les pompiers, sortez-vous les doigts du cul et ne prenez pas tout ce qu'on vous dit pour paroles d’évangile.
J'en ai fini avec vous pour aujourd’hui. Pour la prochaine fois vous me lirez le premier chapitre du livre, on le commentera ensemble.
Le cours avait duré trois-quarts d'heure au lieu des deux heures prévues. Tant mieux on rentrera plus tôt. On tomba sur Titouan à l'arrêt du bus.
– Vous avez déjà fini les cours ?
– On est tombé sur un prof, un nouveau, complètement barjot. Pour lui on ne sera jamais des infirmiers si on n’a pas d’interrogation sur nos matières d’études mais des toutous obéissants.
– Il a la cinquantaine et il boite ?
– Oui, c'est ça!
– C'est lui qu'on a eu ce matin. Sûr qu’il est spécial!
– Et toi, déjà fini, aussi?
– Ben oui, au moment de reprendre, on nous a averti que le prof de cet après-midi n'était pas encore arrivé, alors j'ai trainé en discutant un peu avec des mecs et des filles de la promo et, là, je me rentre. Le barjot nous a donné un chapitre à lire.
– À nous aussi.
On arriva à la maison en même temps que Liam. Il nous raconta sa journée, nous la nôtre et comme on avait le même prof le lendemain matin, avec Joris on alla s'installer sur la terrasse pour bosser le premier chapitre, pendant que Liam se reposait un peu.
– Bé, tu comprends quelque chose à ce chapitre ?
– Non, pas grand-chose et toi ?
– Pas plus que toi, je pense. Le premier paragraphe dit un truc qui est contredit dans le deuxième et le troisième dit qu'ils ont raison tous les deux. Attends, on prend une feuille et on marque ce qu'on comprend.
Je vous passerai les détails mais pour faire court c'était incompréhensible. Liam était en train d'envoyer un mail à sa mère pour la tenir au courant de l'avancée de son travail.
À dix-huit heures ça sonna à la porte et Titouan entra.
– Ce soir c'est moi qui cuisine. Vous avez envie de quoi ?
– Le soir c'est plutôt léger, potage, charcuterie, fromage et dessert. Un peu selon la saison!
– D'accord je regarde ce qu'il y a dans le frigo et je me débrouille.
– Tu as besoin d’aide ?
– Pas pour le moment.
Le repas qu'il nous fit était bon, très bon, même. On l'applaudit et on le félicita.
– Comment ça se fait que tu cuisines si bien ?
– J'ai passé quelques temps dans une famille d'accueil dont le grand père avait été un grand chef et c'est lui qui m'a appris quelques trucs. Mais là j'ai fait à la va vite. Vous faites quoi ce week-end ?
– Rien de spécial, le matin je vais aller courir et suivant ce qu'on a comme cours, les bosser. Et puis on verra ce qu'on fait en fonction de ce que nous avons envie de faire, ensemble ou pas. Si, samedi, il faudra faire les courses.
– Comment vous fonctionnez pour les courses ?
– Bin, on y va tous et chacun prend ce qu'il veut. Sauf Bé, parce que lui il prendrait tout et n'importe quoi. Et comme il mange de tout, c'est pratique, tu vois. Puis pour ce qui est du pognon, on met chacun la même somme dans une boite et quand il n'y en a plus on en remet.
– D’accord, on pourra aller faire les courses le matin parce que j'ai prévu un truc l'après-midi.
– Oui, pas de soucis.
– Bé, samedi matin, tu pourras me réveiller tôt ?
– Pourquoi ça, Liam ?
– Le samedi et le dimanche matin il y a des brocantes et je voudrais les faire, c'est là qu'on fait les meilleures affaires.
…
Ce n'est que deux semaines plus tard que Rémi fit la connaissance de Titouan. Un Titouan qui la semaine jusqu'au samedi midi était somme toute normal mais qui , mystérieusement, disparaissait dès le déjeuner du samedi avalé pour réapparaître le lundi matin en cours.
Il faut reconnaître qu'à son contact Alexis et moi on avait progressé à la course. Mais Alexis était désespéré parce que Titouan restait insensible à ses avances. Ils rigolaient, discutaient ensemble mais dès que ça devenait un peu trop sérieux ou poussé Titouan mettait le holà, se tenant à la promesse qu'il nous avait faite.
Souvent le dimanche j'allais aider Liam à ranger ce qu'il avait acheté dans la semaine. D'après lui et sa mère il faisait des affaires fantastiques. Il cherchait surtout du 'vintage' des années 50 ou 60 mais s'il trouvait une antiquité à un bon prix il n'hésitait pas à l’acheter.
Pendant la semaine il faisait des dépôts ventes, les antiquaires et brocanteurs. Il eut vite la réputation d'être quelqu'un d’honnête. Et certains marchands réservaient pour lui la marchandise qui l'intéressait principalement. Certains même, lui demandaient d’établir le prix de telle ou telle chose.
Audrey et Pierrick travaillaient dans l’immobilier, un jour ma sœur m’appela. On discuta quelques instants puis elle demanda à parler à Liam. Chose qu'elle faisait à chaque fois, mais là ça dura un long moment. Il avait raccroché quand il me rendit mon téléphone.
– Le week-end prochain ça te dit si on descend chez ta sœur ?
– Oui, je veux bien mais qu'est-ce qu'il se passe ?
– Pierrick a vendu pour des héritiers pressés, une maison encore meublée mais le nouveau propriétaire ne veut pas de ce qu'il y a dedans. Il lui a dit de se débrouiller pour tout vider et il paraît qu'il y a des meubles magnifiques. Je voudrais aller les voir.
– Pas de souci, je viendrais avec toi. Mais tu vas faire comment s'il y a des choses qui te plaisent ?
– Je me débrouillerai ne t'en fait pas.
Le samedi matin on arriva chez ma sœur de bonne heure, elle nous offrit le café et je tâtais son ventre qui s'était arrondi. Puis on alla avec Pierrick voir la maison à vider. On n'y resta pas longtemps parce qu'il n'y avait pas grand-chose à en tirer. Liam était un peu déçu, même si quelques pièces étaient à son gout. Pierrick nous dit qu'un de ses amis - mais concurrent - avait le même problème et nous proposa d'aller le voir et s'il avait le temps on pourrait peut-être voir ce qu'elle contenait.
Son ami était libre et on alla voir la maison. Liam fit le tour et de temps en temps je voyais un sourire sur son visage.
Liam discuta avec l'ami de Pierrick et fut surpris de sa réponse.
– Écoute, je te laisse jusqu'à début novembre pour tout vider, le bon comme le mauvais, après les travaux doivent commencer.
– Oui mais combien vous voulez pour la marchandise ?
– Ah, pour ça ? Bah, tu me débarrasses de tout le mobilier, puis tu m'invites au restaurant et ça sera bon. Du coup, je te laisse un jeu de clefs. Je compte sur toi.
Ah, il y a aussi un garage en périphérie, il est plein de bordel aussi. Je te note l’adresse. Je vous laisse je dois aller jouer au foot cet après-midi.
En rentrant on passa par le garage. Et là Liam sauta de joie.
– Ma mère ne va pas en revenir. Il y a des plaques émaillées aux States ça vaut une fortune. J'ai de quoi remplir au moins trois conteneurs rien qu’ici. Je ne sais pas comment je vais faire.
– Tu sais que tu es le bienvenu chez nous, si tu dois rester quelques jours. Ça ne sert à rien que tu fasses les allers retours ou que tu prennes un hôtel.
– Je te remercie Pierrick et je pense que je vais abuser de ton invitation. Parce que là j'en ai pour une bonne semaine. Tu ne connais pas des gens qui pourraient m'aider à emballer et à charger les affaires. Et il faudrait aussi que je trouve un coin où poser les conteneurs qui soit sécurisé.
– On va aller demander à mon voisin, tu sais celui qui est menuisier, il connaît peut-être quelque chose.
Coup de bol, il connaissait. L'autre moitié de l'entrepôt qu’il occupait. Il négocia le prix de la location - en liquide, bien sûr. Du coup Liam appela le gars qui lui avait vendu les conteneurs et même si c'était un samedi, il répondit et promis que deux seraient livrés dès lundi matin et le troisième mardi. Il lui donna l'adresse de livraison.
On profita du dimanche matin pour aller faire une immense brocante du coin où Liam se lâcha en achetant pas mal de choses. Et dans l'après-midi on rentra. Il n'y avait personne à la maison. On prit une bonne douche ensemble. Je vous laisse deviner ce qu'il se passa par la suite…
Ce n'est que vers dix-neuf heures que Rémy et Joris rentrèrent. Ils avaient passé un week-end en amoureux. Le samedi soir ils étaient sortis en boite, une boite gay nous précisèrent-ils, et ils avaient eu la surprise d'y voir Titouan qu'ils ne reconnurent pas dans un premier temps.
En effet Titouan, que tout le monde là-bas appelait la Tatinou, était dans le milieu gay une drag-queen célèbre. Il faisait le maître de cérémonie dans la boite, pour la soirée. Et il leur réserva le meilleur accueil. C'est un peu par hasard qu'il était là, ce soir-là. Il travaillait plutôt dans la ville voisine.
On savait maintenant pourquoi il partait le samedi midi et pourquoi on ne le voyait plus, de tout le week-end. Il nous demanda une totale discrétion, surtout vis-à-vis d’Alex!
On arriva vite aux vacances de Toussaint. Contrairement à mon habitude je ne rentrais pas aux Fourches et restais pour bosser mes cours puis, accessoirement, aider Liam.
Ses affaires marchaient bien. Il en était déjà à six conteneurs envoyés. Sa mère et lui avaient acheté le magasin à côté de celui de Jeanne et en peu de temps c’était devenu LA boutique Vintage de Los Angeles. Sa mère n'avait jamais assez de marchandise pour satisfaire sa clientèle riche et capricieuse. Certains clients passaient même commande de ce qu'ils désiraient et le prix qu'ils voulaient y mettre.
Un soir alors qu'on était seul à l'appart Liam me parla un peu plus de ses affaires.
– Il faut que je t'avoue une chose Bé, pour commencer à travailler, j'ai pas mal pompé dans notre compte aux Etats-Unis. Je l'ai presque vidé. Mais il va bientôt se regarnir.
– Notre compte ? De quoi tu parles ?
– Du compte où on reçoit l'argent de la location des voitures. Il y avait une très grosse somme dessus. J’ai commencé depuis peu à reverser de l’argent dessus et d'ici quelques mois il devrait être comme avant.
– Tu as bien fait, cet argent est autant le tien que le mien. Et si tu as besoin de plus tu me le dis, j'ai l'argent des montres et du coffret qui dort sur un compte.
– Je te remercie mais ça c'est ton argent personnel.
– Oui, je sais mais s'il te permet de t’épanouir dans ton métier alors autant s'en servir, non ?
– Bé, je voudrais aussi te parler de notre avenir. J'ai pris une décision mais j'aimerai t'en parler.
La seule et unique fois qu'on avait parlé de notre avenir ça avait failli tourner au drame. Alors, vu son ton solennel, je redoutais le pire.
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– Oui, c'est nous.
– Je commence à bien vous aimer tous les deux parce que, au-delà de plus ou moins bien maîtriser le boulot et les situations d’urgences, vous avez des couilles et quand ça ne va pas vous le dites. C'est ça que je veux et pas des moutons de Panurge qui disent amen à tout ce qu'on leur dit !
Certes vous allez travailler avec des toubibs, des spécialistes, des professeurs, parfois même renommés à l’international, mais c'est vous, les futurs infirmières et infirmiers qui allez passer entre huit et dix heures par jour avec les malades.
Je ne parle pas de celles et de ceux que j’appellerais des piqueuses ou des piqueux ou même des 'pansementeux’, bien sûr, il en faut mais pour moi ce n'est pas associé à de la médecine instinctive.
Je m'adresse à ceux qui seront en hôpitaux, ceux qui iront dans les SAMU ou les SMUR ou même comme moi chez les pompiers, sortez-vous les doigts du cul et ne prenez pas tout ce qu'on vous dit pour paroles d’évangile.
J'en ai fini avec vous pour aujourd’hui. Pour la prochaine fois vous me lirez le premier chapitre du livre, on le commentera ensemble.
Le cours avait duré trois-quarts d'heure au lieu des deux heures prévues. Tant mieux on rentrera plus tôt. On tomba sur Titouan à l'arrêt du bus.
– Vous avez déjà fini les cours ?
– On est tombé sur un prof, un nouveau, complètement barjot. Pour lui on ne sera jamais des infirmiers si on n’a pas d’interrogation sur nos matières d’études mais des toutous obéissants.
– Il a la cinquantaine et il boite ?
– Oui, c'est ça!
– C'est lui qu'on a eu ce matin. Sûr qu’il est spécial!
– Et toi, déjà fini, aussi?
– Ben oui, au moment de reprendre, on nous a averti que le prof de cet après-midi n'était pas encore arrivé, alors j'ai trainé en discutant un peu avec des mecs et des filles de la promo et, là, je me rentre. Le barjot nous a donné un chapitre à lire.
– À nous aussi.
On arriva à la maison en même temps que Liam. Il nous raconta sa journée, nous la nôtre et comme on avait le même prof le lendemain matin, avec Joris on alla s'installer sur la terrasse pour bosser le premier chapitre, pendant que Liam se reposait un peu.
– Bé, tu comprends quelque chose à ce chapitre ?
– Non, pas grand-chose et toi ?
– Pas plus que toi, je pense. Le premier paragraphe dit un truc qui est contredit dans le deuxième et le troisième dit qu'ils ont raison tous les deux. Attends, on prend une feuille et on marque ce qu'on comprend.
Je vous passerai les détails mais pour faire court c'était incompréhensible. Liam était en train d'envoyer un mail à sa mère pour la tenir au courant de l'avancée de son travail.
À dix-huit heures ça sonna à la porte et Titouan entra.
– Ce soir c'est moi qui cuisine. Vous avez envie de quoi ?
– Le soir c'est plutôt léger, potage, charcuterie, fromage et dessert. Un peu selon la saison!
– D'accord je regarde ce qu'il y a dans le frigo et je me débrouille.
– Tu as besoin d’aide ?
– Pas pour le moment.
Le repas qu'il nous fit était bon, très bon, même. On l'applaudit et on le félicita.
– Comment ça se fait que tu cuisines si bien ?
– J'ai passé quelques temps dans une famille d'accueil dont le grand père avait été un grand chef et c'est lui qui m'a appris quelques trucs. Mais là j'ai fait à la va vite. Vous faites quoi ce week-end ?
– Rien de spécial, le matin je vais aller courir et suivant ce qu'on a comme cours, les bosser. Et puis on verra ce qu'on fait en fonction de ce que nous avons envie de faire, ensemble ou pas. Si, samedi, il faudra faire les courses.
– Comment vous fonctionnez pour les courses ?
– Bin, on y va tous et chacun prend ce qu'il veut. Sauf Bé, parce que lui il prendrait tout et n'importe quoi. Et comme il mange de tout, c'est pratique, tu vois. Puis pour ce qui est du pognon, on met chacun la même somme dans une boite et quand il n'y en a plus on en remet.
– D’accord, on pourra aller faire les courses le matin parce que j'ai prévu un truc l'après-midi.
– Oui, pas de soucis.
– Bé, samedi matin, tu pourras me réveiller tôt ?
– Pourquoi ça, Liam ?
– Le samedi et le dimanche matin il y a des brocantes et je voudrais les faire, c'est là qu'on fait les meilleures affaires.
…
Ce n'est que deux semaines plus tard que Rémi fit la connaissance de Titouan. Un Titouan qui la semaine jusqu'au samedi midi était somme toute normal mais qui , mystérieusement, disparaissait dès le déjeuner du samedi avalé pour réapparaître le lundi matin en cours.
Il faut reconnaître qu'à son contact Alexis et moi on avait progressé à la course. Mais Alexis était désespéré parce que Titouan restait insensible à ses avances. Ils rigolaient, discutaient ensemble mais dès que ça devenait un peu trop sérieux ou poussé Titouan mettait le holà, se tenant à la promesse qu'il nous avait faite.
Souvent le dimanche j'allais aider Liam à ranger ce qu'il avait acheté dans la semaine. D'après lui et sa mère il faisait des affaires fantastiques. Il cherchait surtout du 'vintage' des années 50 ou 60 mais s'il trouvait une antiquité à un bon prix il n'hésitait pas à l’acheter.
Pendant la semaine il faisait des dépôts ventes, les antiquaires et brocanteurs. Il eut vite la réputation d'être quelqu'un d’honnête. Et certains marchands réservaient pour lui la marchandise qui l'intéressait principalement. Certains même, lui demandaient d’établir le prix de telle ou telle chose.
Audrey et Pierrick travaillaient dans l’immobilier, un jour ma sœur m’appela. On discuta quelques instants puis elle demanda à parler à Liam. Chose qu'elle faisait à chaque fois, mais là ça dura un long moment. Il avait raccroché quand il me rendit mon téléphone.
– Le week-end prochain ça te dit si on descend chez ta sœur ?
– Oui, je veux bien mais qu'est-ce qu'il se passe ?
– Pierrick a vendu pour des héritiers pressés, une maison encore meublée mais le nouveau propriétaire ne veut pas de ce qu'il y a dedans. Il lui a dit de se débrouiller pour tout vider et il paraît qu'il y a des meubles magnifiques. Je voudrais aller les voir.
– Pas de souci, je viendrais avec toi. Mais tu vas faire comment s'il y a des choses qui te plaisent ?
– Je me débrouillerai ne t'en fait pas.
Le samedi matin on arriva chez ma sœur de bonne heure, elle nous offrit le café et je tâtais son ventre qui s'était arrondi. Puis on alla avec Pierrick voir la maison à vider. On n'y resta pas longtemps parce qu'il n'y avait pas grand-chose à en tirer. Liam était un peu déçu, même si quelques pièces étaient à son gout. Pierrick nous dit qu'un de ses amis - mais concurrent - avait le même problème et nous proposa d'aller le voir et s'il avait le temps on pourrait peut-être voir ce qu'elle contenait.
Son ami était libre et on alla voir la maison. Liam fit le tour et de temps en temps je voyais un sourire sur son visage.
Liam discuta avec l'ami de Pierrick et fut surpris de sa réponse.
– Écoute, je te laisse jusqu'à début novembre pour tout vider, le bon comme le mauvais, après les travaux doivent commencer.
– Oui mais combien vous voulez pour la marchandise ?
– Ah, pour ça ? Bah, tu me débarrasses de tout le mobilier, puis tu m'invites au restaurant et ça sera bon. Du coup, je te laisse un jeu de clefs. Je compte sur toi.
Ah, il y a aussi un garage en périphérie, il est plein de bordel aussi. Je te note l’adresse. Je vous laisse je dois aller jouer au foot cet après-midi.
En rentrant on passa par le garage. Et là Liam sauta de joie.
– Ma mère ne va pas en revenir. Il y a des plaques émaillées aux States ça vaut une fortune. J'ai de quoi remplir au moins trois conteneurs rien qu’ici. Je ne sais pas comment je vais faire.
– Tu sais que tu es le bienvenu chez nous, si tu dois rester quelques jours. Ça ne sert à rien que tu fasses les allers retours ou que tu prennes un hôtel.
– Je te remercie Pierrick et je pense que je vais abuser de ton invitation. Parce que là j'en ai pour une bonne semaine. Tu ne connais pas des gens qui pourraient m'aider à emballer et à charger les affaires. Et il faudrait aussi que je trouve un coin où poser les conteneurs qui soit sécurisé.
– On va aller demander à mon voisin, tu sais celui qui est menuisier, il connaît peut-être quelque chose.
Coup de bol, il connaissait. L'autre moitié de l'entrepôt qu’il occupait. Il négocia le prix de la location - en liquide, bien sûr. Du coup Liam appela le gars qui lui avait vendu les conteneurs et même si c'était un samedi, il répondit et promis que deux seraient livrés dès lundi matin et le troisième mardi. Il lui donna l'adresse de livraison.
On profita du dimanche matin pour aller faire une immense brocante du coin où Liam se lâcha en achetant pas mal de choses. Et dans l'après-midi on rentra. Il n'y avait personne à la maison. On prit une bonne douche ensemble. Je vous laisse deviner ce qu'il se passa par la suite…
Ce n'est que vers dix-neuf heures que Rémy et Joris rentrèrent. Ils avaient passé un week-end en amoureux. Le samedi soir ils étaient sortis en boite, une boite gay nous précisèrent-ils, et ils avaient eu la surprise d'y voir Titouan qu'ils ne reconnurent pas dans un premier temps.
En effet Titouan, que tout le monde là-bas appelait la Tatinou, était dans le milieu gay une drag-queen célèbre. Il faisait le maître de cérémonie dans la boite, pour la soirée. Et il leur réserva le meilleur accueil. C'est un peu par hasard qu'il était là, ce soir-là. Il travaillait plutôt dans la ville voisine.
On savait maintenant pourquoi il partait le samedi midi et pourquoi on ne le voyait plus, de tout le week-end. Il nous demanda une totale discrétion, surtout vis-à-vis d’Alex!
On arriva vite aux vacances de Toussaint. Contrairement à mon habitude je ne rentrais pas aux Fourches et restais pour bosser mes cours puis, accessoirement, aider Liam.
Ses affaires marchaient bien. Il en était déjà à six conteneurs envoyés. Sa mère et lui avaient acheté le magasin à côté de celui de Jeanne et en peu de temps c’était devenu LA boutique Vintage de Los Angeles. Sa mère n'avait jamais assez de marchandise pour satisfaire sa clientèle riche et capricieuse. Certains clients passaient même commande de ce qu'ils désiraient et le prix qu'ils voulaient y mettre.
Un soir alors qu'on était seul à l'appart Liam me parla un peu plus de ses affaires.
– Il faut que je t'avoue une chose Bé, pour commencer à travailler, j'ai pas mal pompé dans notre compte aux Etats-Unis. Je l'ai presque vidé. Mais il va bientôt se regarnir.
– Notre compte ? De quoi tu parles ?
– Du compte où on reçoit l'argent de la location des voitures. Il y avait une très grosse somme dessus. J’ai commencé depuis peu à reverser de l’argent dessus et d'ici quelques mois il devrait être comme avant.
– Tu as bien fait, cet argent est autant le tien que le mien. Et si tu as besoin de plus tu me le dis, j'ai l'argent des montres et du coffret qui dort sur un compte.
– Je te remercie mais ça c'est ton argent personnel.
– Oui, je sais mais s'il te permet de t’épanouir dans ton métier alors autant s'en servir, non ?
– Bé, je voudrais aussi te parler de notre avenir. J'ai pris une décision mais j'aimerai t'en parler.
La seule et unique fois qu'on avait parlé de notre avenir ça avait failli tourner au drame. Alors, vu son ton solennel, je redoutais le pire.
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