14-08-2020, 09:36 AM
Après avoir écouté les deux faces du vinyle, j’ai entendu frapper à la porte de ma chambre. J’ai dit d’entrer. C’était Delphine, elle avait semble-t-il quelque chose à me dire où alors elle voulait simplement me parler. Elle s’est assise à côté de moi sur mon lit. Puis elle m’a pris les mains entre les siennes et elle m’avait alors dit :
Del : Mon frère adoré, je suis heureuse pour toi. Tu as semble-t-il trouvé en Jacques ton bonheur. J’espère que tu seras heureux.
Moi : Merci ma chère sœur, oui j’aime Jacques et je crois que lui aussi m’aime. Je suis heureux.
Del : Je venais te voir, car je suis mal à l’aise. Tu sais que j’ai passé le week-end chez Stéphanie. Nous avons passé un excellent week-end mais nous avons parlé de toi. Je lui ai bien expliqué ce qui s’était passé avec papa et le fait que Julien avait donné l’alerte quand tu étais chez Jacques le jeudi soir.
Moi : Oui, mais tu n’as pas à être mal à l’aise. Je sais que Julien a fait tout ce qu’il fallait pour me protéger. Mais entre nous c’est fini, il n’avait pas été honnête avec moi, point c’est tout.
Del : Tu sais que j’aime sa sœur Stéphanie, mais voir ainsi Julien ça me fait drôle, c’est simplement ça. Je ne parle pas de toi à Julien, ne t’inquiète pas. Mais c’est dur car j’ai l’impression parfois d’être l’intruse, j’ai l’impression que Julien va me poser un tas de question sur toi. Je ne lui ai pas parlé de Jacques, mais je ne sais plus quoi dire, ou plus tôt ce que je peux lui dire ou pas.
Moi : Tu sais Delphine, je n’ai rien à cacher. Tu peux lui parler de Jacques et de ce que je fais, dans la limite de ce qui est décent et puis voilà. Ne te fais pas de bile, tu sauras très bien gérer cette situation tel que je te connais.
Del : Merci Phil, comme ça je sais sur quel pied danser.
Delphine s’était alors levée et m’avait donné un bisou sur la joue en ajoutant :
Del : Tu sais que tu es craquant toi !
Moi : Oh, arrête, je suis à peine potable !
Del : Je parlais de toi comme d’un garçon amoureux. Tu respires le bonheur avec Jacques.
Moi : Oui, merci. J’adore Jacques, c’est un cœur pour moi.
Delphine était sortie de ma chambre en me saluant d’une main qu’elle faisait tourner au-dessus de sa tête. Delphine était super avec moi, nous nous entendions bien et je savais qu’elle était attentive aux personnes qu’elle aime.
J’étais descendu pour manger, j’avais rejoint maman et Delphine. Nous avions mangé à notre aise, j’étais moins pensif, je savais que j’allais être soutenu par ma famille et mes quelques amis de l’école. Puis Jacques serait là lui aussi.
J’avais décidé d’aller dormir tôt pour être en forme pour la journée qui m’attendait. Je me suis endormi assez vite et je n’avais pensé à rien, j’avais fait le vide dans ma tête. C’était la seule chose à faire.
Le réveil a sonné à 06h50, je l’avais avancé pour avoir le temps de me raser, eh oui que voulez-vous, il fallait raser mes poils du menton, ce n’était plus un duvet mais bien des poils de barbe. J’avais également pris une bonne douche matinale.
Après le petit-déjeuner, j’avais rejoint le bahut en voiture avec maman. A l’entrée, j’étais heureux de voir Amandine, elle m’attendait. Elle avait le sourire aux lèvres, ce qui me donnait du courage pour cette journée. Joseph lui était déjà dans la cour de récréation en compagnie de Jacques. Nous nous sommes tous fait la bise comme à l’habitude. Puis juste avant la sonnerie du début des cours, Jean s’était avancé vers nous. Il nous a salués en nous disant bonjour. Nous nous sommes serré la main, sans plus.
Le début de la matinée s’était passé sans problème. C’est vers 10h15 que j’avais été appelé à l’infirmerie. Amandine m’avait accompagné. Le directeur m’attendait. Il était en compagnie de l’assistante sociale du PMS et d’une autre dame, je supposais que c’était la psychologue désignée par l’école en collaboration avec le service d’aide aux victimes de la police.
Le directeur m’avait demandé la raison de la présence d’Amandine, je lui avais expliqué que je souhaitais qu’elle reste avec moi. Le directeur avait demandé aux deux dames si elles marquaient leur accord pour que je sois accompagné d’Amandine. Après deux minutes de palabres, Amandine avait pu rester avec moi, je ne vous cache pas que j’étais soulagé.
L’entretien s’était déroulé dans l’infirmerie pour ne pas être dérangé par d’autres élèves durant ce laps de temps. La psy était assez sympa. Elle me posait des questions auxquelles je répondais le plus précisément possible. Elle était au courant du fait que j’étais homo et que mon ami était dans la même classe que moi. Elle n’a fait aucune remarque particulière, mais elle m’a souhaité d’être heureux avec la personne que j’aimais. Durant cet entretien, je regardais parfois Amandine et celle-ci me soutenait par son regard apaisant et bien veillant.
C’est à la suite de cette entrevue que j’avais été mis en contact téléphonique avec maman. Elle m’avait alors expliqué que la décision du juge avait été prise tôt ce matin.
En fait mon père ne pouvait plus m’approcher à moins de 500 mètres, il ne pouvait plus se présenter à l’école et il devait loger à une autre adresse. Maman m’avait alors dit que ces mesures étaient prévues pour une période de quinze jours. La situation étant revue à l’issue de cette période.
La psy étant encore présente, avait attendu de savoir quelles étaient les décisions prises en vue de garantir ma sécurité. Je lui avais alors fait le résumé de ce que maman m’avait dit.
La psy m’avait dit qu’elle était disponible quand je le souhaitais, si j’avais besoin de parler. Je lui avais rappelé que j’avais ma confidente, Amandine, elle m’a dit que c’était une excellente idée.
Amandine m’avait pris dans ses bras à l’issue de l’entretien. Elle me disait qu’elle serait toujours là pour moi et que je pouvais compter sur elle. Nous avons ensuite rejoint la classe.
Les élèves de la classe se demandaient ce qu’il se passait. Je n’avais pas envie d’expliquer une nouvelle fois ce qui s’était passé, ce que je venais de faire (psy, etc.). Jacques me regardait avec intensité, il ne savait pas quoi, il ne savait pas si mon père allait me revoir et un tas de questions arrivaient dans sa tête. Jacques se demandait ce qu’il allait se passer pour moi, comment j’allais pouvoir vivre avec ou sans père, et tout ce qui peut se passer quand on est jeune. Je lui avais un signe de main pour le rassurer.
Puis je m’étais à peine assis à ma place que le directeur était entré en classe. Je me demandais pour quelle raison.
Dir : Bonjour à tous. Vous connaissez votre camarade de classe Philippe et vous avez surement vu qu’il y avait eu quelques petits soucis à la fin de la semaine dernière à l’entrée de l’établissement, soit au niveau de l’entrée de la cour de récréation.
Elèves : Oui monsieur.
Dir : Je ne sais pas si vous connaissez la raison de ces soucis auxquels votre camarade Philippe a dû faire face.
Elèves : Plus ou moins.
Dir : Y a-t-il un élève qui pourrait en faire un résumé en vue de mettre tous les élèves de votre classe au courant.
Aman : Puis-je expliquer ce qui s’est passé à mes camarades de classe, monsieur.
Dir : Oui Amandine, je crois en effet que tu es la mieux placée pour expliquer de quoi il retourne.
Aman : Bon voilà, je connais Philippe, ou Phil pour ceux qui le connaissent sous ce surnom. L’autre jour Phil a eu une altercation avec son père, car son père a très mal pris d’apprendre que Phil était homo.
Amandine me regardait fixement en prononçant ces paroles.
Aman : À la suite de cela le père de Phil a tenté de s’en prendre une nouvelle fois à Phil à l’entrée de la cour de récré. Phil a été un peu blessé au visage, mais sans gravité. Phil a du loger chez des amis pour ne pas encore devoir subir des coups de la part de son père. J’ai moi-même demandé à mes parents d’héberger Phil. Aujourd’hui c’est une psychologue désignée par le PMS et le service d’aide aux victimes qui est venue pour voir Phil ce matin à l’école.
Dir : Très bien Amandine. Vous voyez que votre camarade Phil a déjà subi assez de brimades comme cela. Je vous demande d’être respectueux envers Phil. C’est est un garçon comme les autres et son orientation sexuelle ne regarde que lui. Je ne tolèrerai aucune remarque homophobe de quelque nature que ce soit.
Jac : Monsieur, puis-je dire un mot ?
Dir : Oui Jacques, tu peux dire un mot.
Jac : Voilà, certains d’entre vous sont au courant, je suis aussi homo et c’est …c’est moi le petit ami de Phil. Je voulais vous le dire car je ne veux pas que Phil soit rejeté ici à l’école. Et je veux le soutenir. Nous ne nous sommes jamais affichés devant vous et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Notre relation ne regarde que nous. Certains d’entre vous sont nos amis et ils savent de quoi je parle. Merci de nous accepter tels que nous sommes.
Tous les élèves de la classe s’étaient levés et avaient applaudis. Même Jean était un des premiers.
Dir : Voilà. Vous êtes tous au courant. Je salue le courage de Jacques d’avoir osé vous parler d’une chose si personnelle. Je vous demande de vous respecter tous et de vous soutenir les uns les autres. Bonne journée à vous.
Voilà un coming-out réalisé en toutes pompes, que ce soit pour moi mais aussi pour Jacques. Il avait eu le cran et le courage de le dire à toute la classe bien qu’il n’y était pas obligé. J’étais devenu rouge pivoine. Beaucoup d’élèves s’étaient approchés de moi, ainsi que de Jacques, pour nous saluer. La matinée s’était terminée par une discussion à bâton rompu concernant l’homosexualité et l’homophobie. C’était le prof de français qui était présent lors de cette heure de cours.
J’étais content de la façon dont les choses s’étaient déroulées.
Sur le temps de midi une grosse partie des élèves de ma classe s’était rapprochée de notre table. Ca contrastait avec le repas de midi de jeudi et de vendredi dernier. Nous parlions de beaucoup de choses mais finalement très peu de ma liaison avec Jacques. Amandine s’était placée à nos côtés ; elle était pour moi et pour Jacques une alliée au niveau du bahut. J’étais heureux de voir que je n’étais pas rejeté, mais bien accepté tel que j’étais et il en était de même pour Jacques.
J’étais aussi content d’avoir appris que papa n’allait pas en prison mais qu’il ne pouvait pas me faire de mal durant une quinzaine de jours.
Le reste de la journée s’était très bien déroulée. Mes camarades de classe étaient restés fidèles à eux-mêmes, il y en a certains qui avaient repris leurs habitudes très bon-enfant. Il y avait comme une ambiance assez légère qui planait dans la classe, comme si la chape de plomb qui était au-dessus de ma tête s’était volatilisée.
A la sortie des classes, Amandine nous avait accompagné Jacques et moi jusqu’à l’arrêt de bus. Elle nous avait donné à chacun un baiser sur la joue en nous disant :
Aman : Que vous êtes craquants mes deux jolis petits mecs !
Moi : Oui, c’est ça, des petits mecs.
Jac : Tu as raison Amandine, nous sommes des jolis petits mecs comme tu dis, mais tu es une sacrée bonne femme, toi !
Nous nous étions mis à rire de bon cœur que les personnes présentent à l’arrêt de bus se demandaient ce qui se passait. J’étais heureux, Jacques aussi et bien entendu Amandine avait la banane.
Mon bus arrivait. J’avais donné une bise à Jacques, sur la joue bien sûr, ainsi qu’à Amandine. Et c’est dans le bus seulement que j’avais réalisé toute la richesse de cette journée. Le temps des pleurs était révolu. Il fallait aller de l’avant et ne pas regarder en arrière. J’étais heureux, j’aimais follement mon ami Jacques et j’avais de très bons amis.
Je rentrais à la maison sans crainte. J’avais la pêche malgré ce temps de début novembre. Il n’y avait pas soleil, mais il y en avait bien dans mon cœur.
Maman et ma sœur Delphine étaient déjà de retour. Elles m’attendaient pour savoir comment s’était passé ma journée. Elles se demandaient comment s’était déroulé l’entretien avec le psy, comment les élèves de ma classe avaient réagi, comment Jacques avait-il affronté éventuellement les critiques et tout un tas de choses. Elles s’inquiétaient surtout pour mon moral. Puis il y avait eu la nouvelle concernant papa et son éloignement d’une quinzaine de jours minimum.
J’avais été embrasser maman et Delphine. J’avais posé mon sac de cours et j’étais allé les rejoindre dans la cuisine. Elles prenaient le thé et maman m’avait préparé un chocolat chaud.
Maman était sur des charbons ardents. Elle attendait que je commence. Puis je m’étais décidé, je ne voulais plus les faire attendre. J’avais d’abord dit que je me sentais bien, que j’étais heureux et que je voulais positiver.
J’avais ensuite expliqué ma journée. Le rendez-vous avec la psy et l’accompagnement de mon amie Amandine. Puis bien sur la nouvelle concernant papa. Ensuite c’était la venue du directeur dans la classe, avec l’intervention de mon amie Amandine ; c’était elle qui avait finalement fait mon coming-out devant la classe. Et enfin j’avais dit que Jacques avait lui aussi fait son coming-out devant la classe.
Delphine m’avait alors demandé qu’elles avaient été les réactions des élèves de la classe. Quand j’avais expliqué qu’ils s’étaient tous levés et qu’ils avaient applaudis, Delphine et maman s’étaient approchées de moi pour m’enlacer dans leurs bras. J’avais bien vu que maman était soulagée, un grand poids s’était envolé.
Puis ensuite j’avais poursuivi mon récit avec les contacts à la cantine à midi, etc.
Enfin je pouvais être heureux. J’avais mon ami Jacques, il m’aimait et je l’aimais. Nous allions pouvoir un peu profiter de la vie. Nous pouvions peut-être envisager de faire quelque chose à deux durant les fêtes de fin d’année. Dans un bon mois, c’était Noël.
Je voulais quand même savoir comment nous allions passer les fêtes, serait-ce avec ou sans mon père. Je ne savais toujours pas pourquoi il avait été comme ça avec moi. Il avait eu peur de quoi. J’aimais un garçon, je n’étais pas le premier. Je me posais un tas de question. Je m’étais un peu isolé dans ma chambre.
Finalement je m’étais endormi au travers de mon lit. C’est Delphine qui était montée voir comment j’allais qui m’avais réveillé. Elle me signalait que le repas était prêt. Puis elle m’avait dit :
Del : Tu sais Phil, je serai toujours là pour toi. Tu sais que je t’aime mon petit frère adoré.
Moi : Oh, tu sais que je t’aime aussi ma chère sœur. Et toi comment vas-tu, tu es intervenue face à papa l’autre jour.
Del : Phil, ne t’inquiète pas pour moi. Mais c’est pour toi que je m’inquiète.
Moi : Merci, mais songe à toi aussi. Tu sais que je m’inquiète pour maman. Je ne sais pas comment lui en parler, mais ça doit être très dur pour elle.
Del : Oh Phil, c’est comme d’habitude, tu regardes d’abord aux autres avant de penser à toi. Je t’adore.
Delphine m’avait donné un bisou sur la joue. Je voyais qu’elle était sur le point de pleurer. Je l’avais pris dans mes bras pour la câliner. Sans plus un mot dire, nous étions descendus pour manger et rejoindre notre maman.
Nous avions mangé en parlant de tout et de rien. Puis, j’avais regardé Delphine et puis en regardant maman, j’avais dit :
Moi : Maman, tu sais que je t’aime, tu sais que nous t’aimons Delphine et moi. Mais avec tout ce qui s’est passé, nous nous inquiétons pour toi. Comment te sens-tu ?
Mam : Oh Phil, mais tu es incroyable. Tu as été bousculé, maltraité par ton père et tu penses à moi, tu t’inquiètes de savoir comment je vais. Mais tu es un amour. Je ne sais pas te dire. J’ai eu tellement peur pour toi. Tu sais, moi, je ne pense qu’à mes enfants, c'est-à-dire à vous deux. Mais je te sens si fragile mon fils. Je ne veux pas que tu souffres inutilement, être homo ne sera pas facile, il y a tellement d’homophobes.
Moi : Oh maman, pense à toi. Je ne suis pas si faible que ça. Je sais que je n’aurai pas facile, mais il faut que j’aille de l’avant et que je m’assume. Je t’aime ma petite maman.
Je m’étais levé et j’avais pris ma tendre maman dans les bras. J’étais au bord des larmes, mais je me contrôlais. C’est maman qui pleurait à, chaudes larmes. Delphine était venue se joindre à nous.
Del : Mon frère adoré, je suis heureuse pour toi. Tu as semble-t-il trouvé en Jacques ton bonheur. J’espère que tu seras heureux.
Moi : Merci ma chère sœur, oui j’aime Jacques et je crois que lui aussi m’aime. Je suis heureux.
Del : Je venais te voir, car je suis mal à l’aise. Tu sais que j’ai passé le week-end chez Stéphanie. Nous avons passé un excellent week-end mais nous avons parlé de toi. Je lui ai bien expliqué ce qui s’était passé avec papa et le fait que Julien avait donné l’alerte quand tu étais chez Jacques le jeudi soir.
Moi : Oui, mais tu n’as pas à être mal à l’aise. Je sais que Julien a fait tout ce qu’il fallait pour me protéger. Mais entre nous c’est fini, il n’avait pas été honnête avec moi, point c’est tout.
Del : Tu sais que j’aime sa sœur Stéphanie, mais voir ainsi Julien ça me fait drôle, c’est simplement ça. Je ne parle pas de toi à Julien, ne t’inquiète pas. Mais c’est dur car j’ai l’impression parfois d’être l’intruse, j’ai l’impression que Julien va me poser un tas de question sur toi. Je ne lui ai pas parlé de Jacques, mais je ne sais plus quoi dire, ou plus tôt ce que je peux lui dire ou pas.
Moi : Tu sais Delphine, je n’ai rien à cacher. Tu peux lui parler de Jacques et de ce que je fais, dans la limite de ce qui est décent et puis voilà. Ne te fais pas de bile, tu sauras très bien gérer cette situation tel que je te connais.
Del : Merci Phil, comme ça je sais sur quel pied danser.
Delphine s’était alors levée et m’avait donné un bisou sur la joue en ajoutant :
Del : Tu sais que tu es craquant toi !
Moi : Oh, arrête, je suis à peine potable !
Del : Je parlais de toi comme d’un garçon amoureux. Tu respires le bonheur avec Jacques.
Moi : Oui, merci. J’adore Jacques, c’est un cœur pour moi.
Delphine était sortie de ma chambre en me saluant d’une main qu’elle faisait tourner au-dessus de sa tête. Delphine était super avec moi, nous nous entendions bien et je savais qu’elle était attentive aux personnes qu’elle aime.
J’étais descendu pour manger, j’avais rejoint maman et Delphine. Nous avions mangé à notre aise, j’étais moins pensif, je savais que j’allais être soutenu par ma famille et mes quelques amis de l’école. Puis Jacques serait là lui aussi.
J’avais décidé d’aller dormir tôt pour être en forme pour la journée qui m’attendait. Je me suis endormi assez vite et je n’avais pensé à rien, j’avais fait le vide dans ma tête. C’était la seule chose à faire.
Le réveil a sonné à 06h50, je l’avais avancé pour avoir le temps de me raser, eh oui que voulez-vous, il fallait raser mes poils du menton, ce n’était plus un duvet mais bien des poils de barbe. J’avais également pris une bonne douche matinale.
Après le petit-déjeuner, j’avais rejoint le bahut en voiture avec maman. A l’entrée, j’étais heureux de voir Amandine, elle m’attendait. Elle avait le sourire aux lèvres, ce qui me donnait du courage pour cette journée. Joseph lui était déjà dans la cour de récréation en compagnie de Jacques. Nous nous sommes tous fait la bise comme à l’habitude. Puis juste avant la sonnerie du début des cours, Jean s’était avancé vers nous. Il nous a salués en nous disant bonjour. Nous nous sommes serré la main, sans plus.
Le début de la matinée s’était passé sans problème. C’est vers 10h15 que j’avais été appelé à l’infirmerie. Amandine m’avait accompagné. Le directeur m’attendait. Il était en compagnie de l’assistante sociale du PMS et d’une autre dame, je supposais que c’était la psychologue désignée par l’école en collaboration avec le service d’aide aux victimes de la police.
Le directeur m’avait demandé la raison de la présence d’Amandine, je lui avais expliqué que je souhaitais qu’elle reste avec moi. Le directeur avait demandé aux deux dames si elles marquaient leur accord pour que je sois accompagné d’Amandine. Après deux minutes de palabres, Amandine avait pu rester avec moi, je ne vous cache pas que j’étais soulagé.
L’entretien s’était déroulé dans l’infirmerie pour ne pas être dérangé par d’autres élèves durant ce laps de temps. La psy était assez sympa. Elle me posait des questions auxquelles je répondais le plus précisément possible. Elle était au courant du fait que j’étais homo et que mon ami était dans la même classe que moi. Elle n’a fait aucune remarque particulière, mais elle m’a souhaité d’être heureux avec la personne que j’aimais. Durant cet entretien, je regardais parfois Amandine et celle-ci me soutenait par son regard apaisant et bien veillant.
C’est à la suite de cette entrevue que j’avais été mis en contact téléphonique avec maman. Elle m’avait alors expliqué que la décision du juge avait été prise tôt ce matin.
En fait mon père ne pouvait plus m’approcher à moins de 500 mètres, il ne pouvait plus se présenter à l’école et il devait loger à une autre adresse. Maman m’avait alors dit que ces mesures étaient prévues pour une période de quinze jours. La situation étant revue à l’issue de cette période.
La psy étant encore présente, avait attendu de savoir quelles étaient les décisions prises en vue de garantir ma sécurité. Je lui avais alors fait le résumé de ce que maman m’avait dit.
La psy m’avait dit qu’elle était disponible quand je le souhaitais, si j’avais besoin de parler. Je lui avais rappelé que j’avais ma confidente, Amandine, elle m’a dit que c’était une excellente idée.
Amandine m’avait pris dans ses bras à l’issue de l’entretien. Elle me disait qu’elle serait toujours là pour moi et que je pouvais compter sur elle. Nous avons ensuite rejoint la classe.
Les élèves de la classe se demandaient ce qu’il se passait. Je n’avais pas envie d’expliquer une nouvelle fois ce qui s’était passé, ce que je venais de faire (psy, etc.). Jacques me regardait avec intensité, il ne savait pas quoi, il ne savait pas si mon père allait me revoir et un tas de questions arrivaient dans sa tête. Jacques se demandait ce qu’il allait se passer pour moi, comment j’allais pouvoir vivre avec ou sans père, et tout ce qui peut se passer quand on est jeune. Je lui avais un signe de main pour le rassurer.
Puis je m’étais à peine assis à ma place que le directeur était entré en classe. Je me demandais pour quelle raison.
Dir : Bonjour à tous. Vous connaissez votre camarade de classe Philippe et vous avez surement vu qu’il y avait eu quelques petits soucis à la fin de la semaine dernière à l’entrée de l’établissement, soit au niveau de l’entrée de la cour de récréation.
Elèves : Oui monsieur.
Dir : Je ne sais pas si vous connaissez la raison de ces soucis auxquels votre camarade Philippe a dû faire face.
Elèves : Plus ou moins.
Dir : Y a-t-il un élève qui pourrait en faire un résumé en vue de mettre tous les élèves de votre classe au courant.
Aman : Puis-je expliquer ce qui s’est passé à mes camarades de classe, monsieur.
Dir : Oui Amandine, je crois en effet que tu es la mieux placée pour expliquer de quoi il retourne.
Aman : Bon voilà, je connais Philippe, ou Phil pour ceux qui le connaissent sous ce surnom. L’autre jour Phil a eu une altercation avec son père, car son père a très mal pris d’apprendre que Phil était homo.
Amandine me regardait fixement en prononçant ces paroles.
Aman : À la suite de cela le père de Phil a tenté de s’en prendre une nouvelle fois à Phil à l’entrée de la cour de récré. Phil a été un peu blessé au visage, mais sans gravité. Phil a du loger chez des amis pour ne pas encore devoir subir des coups de la part de son père. J’ai moi-même demandé à mes parents d’héberger Phil. Aujourd’hui c’est une psychologue désignée par le PMS et le service d’aide aux victimes qui est venue pour voir Phil ce matin à l’école.
Dir : Très bien Amandine. Vous voyez que votre camarade Phil a déjà subi assez de brimades comme cela. Je vous demande d’être respectueux envers Phil. C’est est un garçon comme les autres et son orientation sexuelle ne regarde que lui. Je ne tolèrerai aucune remarque homophobe de quelque nature que ce soit.
Jac : Monsieur, puis-je dire un mot ?
Dir : Oui Jacques, tu peux dire un mot.
Jac : Voilà, certains d’entre vous sont au courant, je suis aussi homo et c’est …c’est moi le petit ami de Phil. Je voulais vous le dire car je ne veux pas que Phil soit rejeté ici à l’école. Et je veux le soutenir. Nous ne nous sommes jamais affichés devant vous et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Notre relation ne regarde que nous. Certains d’entre vous sont nos amis et ils savent de quoi je parle. Merci de nous accepter tels que nous sommes.
Tous les élèves de la classe s’étaient levés et avaient applaudis. Même Jean était un des premiers.
Dir : Voilà. Vous êtes tous au courant. Je salue le courage de Jacques d’avoir osé vous parler d’une chose si personnelle. Je vous demande de vous respecter tous et de vous soutenir les uns les autres. Bonne journée à vous.
Voilà un coming-out réalisé en toutes pompes, que ce soit pour moi mais aussi pour Jacques. Il avait eu le cran et le courage de le dire à toute la classe bien qu’il n’y était pas obligé. J’étais devenu rouge pivoine. Beaucoup d’élèves s’étaient approchés de moi, ainsi que de Jacques, pour nous saluer. La matinée s’était terminée par une discussion à bâton rompu concernant l’homosexualité et l’homophobie. C’était le prof de français qui était présent lors de cette heure de cours.
J’étais content de la façon dont les choses s’étaient déroulées.
Sur le temps de midi une grosse partie des élèves de ma classe s’était rapprochée de notre table. Ca contrastait avec le repas de midi de jeudi et de vendredi dernier. Nous parlions de beaucoup de choses mais finalement très peu de ma liaison avec Jacques. Amandine s’était placée à nos côtés ; elle était pour moi et pour Jacques une alliée au niveau du bahut. J’étais heureux de voir que je n’étais pas rejeté, mais bien accepté tel que j’étais et il en était de même pour Jacques.
J’étais aussi content d’avoir appris que papa n’allait pas en prison mais qu’il ne pouvait pas me faire de mal durant une quinzaine de jours.
Le reste de la journée s’était très bien déroulée. Mes camarades de classe étaient restés fidèles à eux-mêmes, il y en a certains qui avaient repris leurs habitudes très bon-enfant. Il y avait comme une ambiance assez légère qui planait dans la classe, comme si la chape de plomb qui était au-dessus de ma tête s’était volatilisée.
A la sortie des classes, Amandine nous avait accompagné Jacques et moi jusqu’à l’arrêt de bus. Elle nous avait donné à chacun un baiser sur la joue en nous disant :
Aman : Que vous êtes craquants mes deux jolis petits mecs !
Moi : Oui, c’est ça, des petits mecs.
Jac : Tu as raison Amandine, nous sommes des jolis petits mecs comme tu dis, mais tu es une sacrée bonne femme, toi !
Nous nous étions mis à rire de bon cœur que les personnes présentent à l’arrêt de bus se demandaient ce qui se passait. J’étais heureux, Jacques aussi et bien entendu Amandine avait la banane.
Mon bus arrivait. J’avais donné une bise à Jacques, sur la joue bien sûr, ainsi qu’à Amandine. Et c’est dans le bus seulement que j’avais réalisé toute la richesse de cette journée. Le temps des pleurs était révolu. Il fallait aller de l’avant et ne pas regarder en arrière. J’étais heureux, j’aimais follement mon ami Jacques et j’avais de très bons amis.
Je rentrais à la maison sans crainte. J’avais la pêche malgré ce temps de début novembre. Il n’y avait pas soleil, mais il y en avait bien dans mon cœur.
Maman et ma sœur Delphine étaient déjà de retour. Elles m’attendaient pour savoir comment s’était passé ma journée. Elles se demandaient comment s’était déroulé l’entretien avec le psy, comment les élèves de ma classe avaient réagi, comment Jacques avait-il affronté éventuellement les critiques et tout un tas de choses. Elles s’inquiétaient surtout pour mon moral. Puis il y avait eu la nouvelle concernant papa et son éloignement d’une quinzaine de jours minimum.
J’avais été embrasser maman et Delphine. J’avais posé mon sac de cours et j’étais allé les rejoindre dans la cuisine. Elles prenaient le thé et maman m’avait préparé un chocolat chaud.
Maman était sur des charbons ardents. Elle attendait que je commence. Puis je m’étais décidé, je ne voulais plus les faire attendre. J’avais d’abord dit que je me sentais bien, que j’étais heureux et que je voulais positiver.
J’avais ensuite expliqué ma journée. Le rendez-vous avec la psy et l’accompagnement de mon amie Amandine. Puis bien sur la nouvelle concernant papa. Ensuite c’était la venue du directeur dans la classe, avec l’intervention de mon amie Amandine ; c’était elle qui avait finalement fait mon coming-out devant la classe. Et enfin j’avais dit que Jacques avait lui aussi fait son coming-out devant la classe.
Delphine m’avait alors demandé qu’elles avaient été les réactions des élèves de la classe. Quand j’avais expliqué qu’ils s’étaient tous levés et qu’ils avaient applaudis, Delphine et maman s’étaient approchées de moi pour m’enlacer dans leurs bras. J’avais bien vu que maman était soulagée, un grand poids s’était envolé.
Puis ensuite j’avais poursuivi mon récit avec les contacts à la cantine à midi, etc.
Enfin je pouvais être heureux. J’avais mon ami Jacques, il m’aimait et je l’aimais. Nous allions pouvoir un peu profiter de la vie. Nous pouvions peut-être envisager de faire quelque chose à deux durant les fêtes de fin d’année. Dans un bon mois, c’était Noël.
Je voulais quand même savoir comment nous allions passer les fêtes, serait-ce avec ou sans mon père. Je ne savais toujours pas pourquoi il avait été comme ça avec moi. Il avait eu peur de quoi. J’aimais un garçon, je n’étais pas le premier. Je me posais un tas de question. Je m’étais un peu isolé dans ma chambre.
Finalement je m’étais endormi au travers de mon lit. C’est Delphine qui était montée voir comment j’allais qui m’avais réveillé. Elle me signalait que le repas était prêt. Puis elle m’avait dit :
Del : Tu sais Phil, je serai toujours là pour toi. Tu sais que je t’aime mon petit frère adoré.
Moi : Oh, tu sais que je t’aime aussi ma chère sœur. Et toi comment vas-tu, tu es intervenue face à papa l’autre jour.
Del : Phil, ne t’inquiète pas pour moi. Mais c’est pour toi que je m’inquiète.
Moi : Merci, mais songe à toi aussi. Tu sais que je m’inquiète pour maman. Je ne sais pas comment lui en parler, mais ça doit être très dur pour elle.
Del : Oh Phil, c’est comme d’habitude, tu regardes d’abord aux autres avant de penser à toi. Je t’adore.
Delphine m’avait donné un bisou sur la joue. Je voyais qu’elle était sur le point de pleurer. Je l’avais pris dans mes bras pour la câliner. Sans plus un mot dire, nous étions descendus pour manger et rejoindre notre maman.
Nous avions mangé en parlant de tout et de rien. Puis, j’avais regardé Delphine et puis en regardant maman, j’avais dit :
Moi : Maman, tu sais que je t’aime, tu sais que nous t’aimons Delphine et moi. Mais avec tout ce qui s’est passé, nous nous inquiétons pour toi. Comment te sens-tu ?
Mam : Oh Phil, mais tu es incroyable. Tu as été bousculé, maltraité par ton père et tu penses à moi, tu t’inquiètes de savoir comment je vais. Mais tu es un amour. Je ne sais pas te dire. J’ai eu tellement peur pour toi. Tu sais, moi, je ne pense qu’à mes enfants, c'est-à-dire à vous deux. Mais je te sens si fragile mon fils. Je ne veux pas que tu souffres inutilement, être homo ne sera pas facile, il y a tellement d’homophobes.
Moi : Oh maman, pense à toi. Je ne suis pas si faible que ça. Je sais que je n’aurai pas facile, mais il faut que j’aille de l’avant et que je m’assume. Je t’aime ma petite maman.
Je m’étais levé et j’avais pris ma tendre maman dans les bras. J’étais au bord des larmes, mais je me contrôlais. C’est maman qui pleurait à, chaudes larmes. Delphine était venue se joindre à nous.