07-11-2022, 06:38 PM
Bon, les fêtes de fin d’année étaient passées. Noël chez nous aux Fourches et le jour de l'an à Los Angeles. (avec mon chéri, ça en fit des heures de vols) Et le premier jour des cours, au lieu de nous rendre nos copies, un jour supplémentaire de partiels.
En fait, avec Joris on fit les partiels que nos amis avaient fait pendant notre absence et eux, ceux que nous avions fait à l’avance. Et le tout dans la journée ! C'était vraiment la loose complète. Ce n'est que le lendemain qu'on eut le résultat de nos premiers contrôles.
Avec Joris on s'était payé un 15/20. L'autre examen m'avait semblé plus facile. On verrait bien.
Le vendredi quand Liam arriva il nous distribua à chacun tout un tas de revues américaines où on était en photo en première page.
Bien sûr, ça tourna sur le net et certains de nos camarades nous reconnurent et bien vite les journalistes commencèrent à débarquer.
Heureusement que Michel nous avait briffé dès qu'il avait su que la présidence des Etats-Unis avaient dévoilé nos photos. Encore heureux qu'ils n'avaient pas donné nos noms de familles !
Ça commença par la radio locale à laquelle un gars de notre classe avait téléphoné. Puis ce fut la télévision régionale et enfin la nationale plus quelques chaînes américaines.
Avec Joris on était devenu les stars de l’école. Pour son master Liam devait faire un stage en entreprise et avec l'aide de Pierre et de Jean il trouva une place chez un commissaire-priseur renommé.
Tout rentrait dans l'ordre quand John Smith se rappela à mon 'bon souvenir’. Et c'est comme ça que le jour même des vacances de février je partis pour le pays de l’émir.
Ça se passa moyen, non pas que je ne fus pas bien reçu, bien au contraire, mais tout était trop pompeux pour moi.
Était-ce fait exprès ou non mais l'émir était à une conférence de L’OPEP. Abdel, s'excusa pour lui, de son absence et souvent il m'accompagnait lors de mes visites, en plus du chauffeur et du guide qui parlait un français parfait. J'aurais dû rencontrer l'émir le dernier jour de mes vacances mais des complications à la conférence firent que je ne le vis pas.
Et la vie reprit son cours, bien plus tranquillement. Joris passa et réussit son permis de conduire. Avec les ponts du mois de mai on partit chaque fois à la mer. Puis le stress arriva pour clôturer l’année scolaire.
Et enfin ce fut les grandes vacances…
Ainsi que le début de la fin de notre groupe si soudé.
En effet Tim et Marie avaient eu leur DUT , ils n'avaient plus de raison de rester sur Valence.
La première chose que l'on fit ça a été de les déménager. Et c'est le cœur lourd qu'on aida Marie à entasser ses affaires dans la voiture de sa mère.
Puis ce furent celles de Tim qui disparurent, quelques jours plus tard. Il repartait aux Fourches aider son père et faire la saison des fruits. Avec l'aide de Michel, il avait trouvé quelques terres pour se lancer dans son rêve. Mais pour en vivre ça ne lui suffirait pas.
Liam qui avait obtenu son master en histoire de l'art et archéologie n'avait plus besoin de son appartement à Lyon aussi un matin on loua un petit fourgon et on déménagea toutes ses affaires et il vint s'installer avec Joris et moi.
On alla voir Jean et Pierre et on refit un bail à nos trois noms. Rémi lui, continuait ses études de droit sur Lyon et il descendrait tous les week-ends voir Joris.
Tim et moi, c'est aux Fourches qu'on fêta nos dix-neuf ans en compagnie de nos amis. Et cette année-là, Cyprien arriva en me tendant une boite emballée dans un sac plastique.
– C'est pour toi mon grand.
– Mais il fallait pas Papé.
Et quand je sortis la boite du plastique, je la reconnus de suite.
– Mais Papé, c'est tes médailles, je ne peux pas accepter.
– Tu sais, je ne suis pas éternel, j'ai eu 96 ans. Alors si j'en ai encore besoin, tu me les prêteras. Et puis si un jour tu veux commencer une collection ça t'en fera déjà quelques-unes.
Marie resta tout l'été chez Tim. Ils firent les fruits puis les vendanges. Mais Marie avait un boulot qui l’attendait dans une jardinerie et elle retourna chez ses parents.
Rémi accompagna Joris dans sa famille et ils passèrent l'été à aller d'un point à l'autre de la France, suivant où les fêtes foraines se déroulaient.
Avec Liam on retourna aux Etats-Unis pour deux mois. Mais là aussi, ça n'était plus pareil.
Mika et Méli volaient maintenant de leurs propres ailes. Et ils avaient quitté la Californie pour le Texas où ils avaient trouvé un très bon boulot tous les deux.
Les amours entre Tony et Gaële étaient chaotiques avec plus de bas que de hauts.
Joé, suite à une blessure sérieuse avait dû arrêter le foot sous peine de finir sa vie dans un fauteuil. Et la mort récente de son arrière-grand-père l'avait fortement touché.
Lui aussi avait fini ses études et il cherchait un poste d'enseignant, qu’il finit par trouver dans un état voisin.
Je ne dis pas que nos vacances ont été ennuyeuses, loin de là, parce qu'avec Liam on fit plein de choses. On voyagea pas mal en nous servant de l'argent de la location des voitures . Car oui, les locations continuaient toujours et notre compte en banque américain était bien garni.
Le commerce de Jeanne était florissant et elle n'avait jamais assez d'antiquités françaises. Aussi, elle et Liam, avaient décidé de s’associer. Pour se faire Liam reviendrait en France où il en achèterait et les expédierait à sa mère. La mode vintage des années cinquante et soixante commençait aux Etats-Unis.
On fut bien sûr invités pour l'anniversaire de Jimmy qui fêtait ses dix ans. On fut surpris de voir qu'il n'y avait ni Adam, ni Kaleb. Et c'est Dick, le frère d'Adam, qui nous apprît qu'ils n'étaient plus ensemble. Ils s'étaient séparés pour cause d’éloignement.
La réputation d'Adam avait beaucoup souffert à cause de ce que lui avait fait son ex. Et la plupart de ses sponsors s'étaient retirés, même s'il restait un patineur exceptionnel.
Son frère lui avait proposé de travailler dans l'entreprise familiale dont il possédait la moitié mais sa vie c'était le patinage alors il avait accepté un travail dans une troupe d’Holiday on ice.
Celle-ci voyageait dans tous les Etats-Unis mais aussi dans le monde entier. Avant d'accepter ce travail, il en avait beaucoup discuté avec Kaleb et ils avaient décidé de se séparer.
Ils s'aimaient mais ils étaient conscients que l'éloignement les ferait souffrir autant l'un que l’autre. Jimmy qui s'était attaché à Kaleb et à Susie continuait à y passer quelques week-ends et une partie de ses vacances.
On alla passer une dizaine de jours à la ferme. Le matin j'allais aider Kaleb et Will, comme ça Liam pouvait dormir tout son saoul . Puis on allait à la rivière l'après-midi et comme on était seuls on en profitait pour y être à poil.
Souvent on en profitait pour faire l'amour en plein air. De temps en temps Will ou Kaleb venaient nous rejoindre et passaient un petit moment avec nous. Si au début autant l'un que l'autre gardait son boxer où son slip pour se baigner, bien vite ils prirent notre habitude de se mettre nus.
Will nous intriguait, Liam et moi. C'était un garçon de peu de mots. Il répondait si on lui demandait quelque chose mais on avait beaucoup de mal à savoir ce qu'il pensait.
C'est Kaleb qui nous apporta la réponse. Dans son enfance et durant une partie de son adolescence, Will avait été le souffre-douleur d'un père alcoolique qui le battait pour un oui ou un non.
Et en plus il était d'une timidité maladive même avec Kaleb. C'est petit à petit que Will lui avait raconté tout ça. Mais de nous côtoyer, doucement il se rapprocha de nous.
On venait de faire l'amour avec Liam et on se passait de la crème solaire quand on vit Will arriver.
– Salut les mecs.
– Salut Will, ça va ?
– Oui et vous ?
– En pleine forme aussi. Tu t'es blessé ?
– Non, pourquoi cette question ?
– À cause du pansement que tu as sur l’épaule.
– Ah ça ! Non, ça fait longtemps que j'avais envie d'un tatouage et hier je suis allé me le faire faire.
– Tu t'es fait tatouer quoi ?
– Un cœur.
– On peut le voir ?
– Oui, je veux bien si vous m'aidez à enlever mon pansement et que vous m'aidiez à le remettre après.
– Facile ça, tu sais que je suis presque infirmier.
Délicatement j'enlevais le pansement et son tatouage apparut dans toute sa splendeur et sa tristesse. Il s'agissait bien d'un cœur mais d'un cœur brisé, torturé. Le tatoueur, non l'artiste plutôt je devrais dire y avait mis tout son savoir-faire. Le décrire avec des mots est impossible tellement chaque détail était fin et précis.
– C'est moi qui ait fait le dessin, il résume ma vie.
– Mais, Will, quel âge as-tu ?
– Un an de moins que Kaleb. Ma vie n'a pas toujours été simple et facile. Souvent j'ai pensé en finir mais chaque fois j'ai été trop lâche pour le faire.
– Mais, maintenant, tu as tout pour être heureux. Tu as pris ta revanche sur la vie.
– Oui, enfin, on dira ça comme ça. Mais qu'est-ce que c'est une vie sans amour et sans avenir ?
– Mais Will tu n'as que 24 ans, tu as toute la vie devant toi.
– Oui peut-être mais quand celui que tu aimes en aime un autre qui est parti, il n'y a plus d’espoir.
– … Toi, tu es amoureux de Kaleb!
– Je n'ai jamais dit ça. C'est l’heure, je dois y aller. Les vaches n'aiment pas attendre.
– Will, je peux photographier ton tatouage, avant. Je le trouve si beau.
– Oui. Après tu me remettras le pansement en place.
Je fis quelques photos et je replaçais son pansement puis il partit… la tête basse. Ce soir-là avec Liam on prenait le frais sur la terrasse en discutant de Will quand on vit un véhicule arriver. C'est un Kaleb morose qui sortit de sa voiture.
– Hey Kaleb, ça va pas ? Il se passe quoi ?
– Je pourrais vous parler.
– Bien évidemment, tu veux boire quelque chose ? Un soda ou un thé glacé maison ?
– Tu n'as rien de plus fort ?
– Si, une bouteille de gnôle du grand-père. Tu en veux?
– Oui, ça ira très bien.
Liam alla la chercher et lui en servit un verre qu'il but cul sec et il s'en resservit un autre qu'il allait boire si je ne lui avais pas retenu la main.
– Kaleb, c'est la première fois que je te vois boire et là tu es parti pour te saouler. Alors dis-nous ce qui ne va pas.
– C'est Will, il vient de me dire qu'il partait. Il n'a pas voulu me dire pourquoi. Je lui ai proposé de le payer plus mais il m'a dit que ce n'était pas une histoire d’argent. Il m'a dit qu'il avait besoin d’air. Qu'il étouffait ici. Qu'il fallait qu'il parte sinon il allait mourir.
– Kaleb, je voudrais te montrer quelque chose. Regarde et dis-moi ce que tu en penses.
– C'est quoi ça. On dirait un tatouage. Il est beau et si triste à la fois.
– C'est ce que Will s'est fait tatouer sur son épaule, là où il a un pansement.
– Mais… quand je lui ai demandé ce qu'il s'était fait il m'a répondu qu'il s'était brûlé. Pourquoi il m'a menti ?
– Je ne peux pas le dire avec certitude. Mais je pense que Liam et moi, on sait pourquoi il part. Du moins, on pense savoir pourquoi il part.
– Il vous l'a dit ?
– Pas vraiment. On en discutait quand tu es arrivé. Mais avant de t'en parler, je voudrai te poser une question… très personnelle. Je peux ?
– Oui, bien sûr, je vous considère comme bien plus que des amis donc je ne veux rien vous cacher. Et je vais essayer de répondre avec le plus de franchise possible.
– Tu es toujours amoureux d’Adam ?
– Oui et non, amoureux n'est pas le mot exact, en fait je suis nostalgique de notre relation qui était symbiotique. On se complétait l'un l’autre. Lui était le créatif, l'artiste et moi le terrien, le réaliste. Alors oui je peux dire que je l'aime encore pour ça. Et ça a été dur de nous séparer mais pourquoi se faire du mal en restant ensemble et en ne pouvant plus se voir et s’aimer pendant des mois et des mois. Je sais que j'idéalise notre relation mais c'est comme ça qu'on la vivait.
Et pour être franc, sexuellement on s'entendait très bien aussi.
Mais même s'il est et restera un être à part dans ma vie, je n'ai plus qu’une profonde affection pour lui, finalement, le désir est parti. Ça répond à ta question Liam ?
– Oui, assez bien même. Et tu serais prêt à recommencer une relation si tu rencontrais la bonne personne ?
– J'y ai pensé, oui, mais c'est dur de trouver la bonne personne. À un moment j'ai cru l'avoir trouvé mais maintenant je sais que je faisais fausse route.
– Tu pensais à Will, pas vrai ?
– Heu… Comment tu l'as deviné Jeff ?
– C'est mon petit doigt qui me l'a dit.
– Je suis si transparent que ça ?
– Non c'était juste une intuition et la conversation qu'on a eu cet après-midi avec lui.
Tu éprouves des sentiments pour lui, c’est ça ?
– C'est compliqué, mais oui j'ai des sentiments pour lui. Il est gentil, sympa, beau et quand je dis beau, je ne parle pas de son physique mais de sa mentalité. Pour son physique, vous avez pu en juger par vous-même à la rivière.
Je ne sais même pas s'il est gay. Dès qu'on parlait sexualité il se refermait sur lui-même. Et je n'arrivais plus à en tirer un mot.
Je me levais de mon fauteuil et fis quelques pas vers l’extérieur de la terrasse.
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En fait, avec Joris on fit les partiels que nos amis avaient fait pendant notre absence et eux, ceux que nous avions fait à l’avance. Et le tout dans la journée ! C'était vraiment la loose complète. Ce n'est que le lendemain qu'on eut le résultat de nos premiers contrôles.
Avec Joris on s'était payé un 15/20. L'autre examen m'avait semblé plus facile. On verrait bien.
Le vendredi quand Liam arriva il nous distribua à chacun tout un tas de revues américaines où on était en photo en première page.
Bien sûr, ça tourna sur le net et certains de nos camarades nous reconnurent et bien vite les journalistes commencèrent à débarquer.
Heureusement que Michel nous avait briffé dès qu'il avait su que la présidence des Etats-Unis avaient dévoilé nos photos. Encore heureux qu'ils n'avaient pas donné nos noms de familles !
Ça commença par la radio locale à laquelle un gars de notre classe avait téléphoné. Puis ce fut la télévision régionale et enfin la nationale plus quelques chaînes américaines.
Avec Joris on était devenu les stars de l’école. Pour son master Liam devait faire un stage en entreprise et avec l'aide de Pierre et de Jean il trouva une place chez un commissaire-priseur renommé.
Tout rentrait dans l'ordre quand John Smith se rappela à mon 'bon souvenir’. Et c'est comme ça que le jour même des vacances de février je partis pour le pays de l’émir.
Ça se passa moyen, non pas que je ne fus pas bien reçu, bien au contraire, mais tout était trop pompeux pour moi.
Était-ce fait exprès ou non mais l'émir était à une conférence de L’OPEP. Abdel, s'excusa pour lui, de son absence et souvent il m'accompagnait lors de mes visites, en plus du chauffeur et du guide qui parlait un français parfait. J'aurais dû rencontrer l'émir le dernier jour de mes vacances mais des complications à la conférence firent que je ne le vis pas.
Et la vie reprit son cours, bien plus tranquillement. Joris passa et réussit son permis de conduire. Avec les ponts du mois de mai on partit chaque fois à la mer. Puis le stress arriva pour clôturer l’année scolaire.
Et enfin ce fut les grandes vacances…
Ainsi que le début de la fin de notre groupe si soudé.
En effet Tim et Marie avaient eu leur DUT , ils n'avaient plus de raison de rester sur Valence.
La première chose que l'on fit ça a été de les déménager. Et c'est le cœur lourd qu'on aida Marie à entasser ses affaires dans la voiture de sa mère.
Puis ce furent celles de Tim qui disparurent, quelques jours plus tard. Il repartait aux Fourches aider son père et faire la saison des fruits. Avec l'aide de Michel, il avait trouvé quelques terres pour se lancer dans son rêve. Mais pour en vivre ça ne lui suffirait pas.
Liam qui avait obtenu son master en histoire de l'art et archéologie n'avait plus besoin de son appartement à Lyon aussi un matin on loua un petit fourgon et on déménagea toutes ses affaires et il vint s'installer avec Joris et moi.
On alla voir Jean et Pierre et on refit un bail à nos trois noms. Rémi lui, continuait ses études de droit sur Lyon et il descendrait tous les week-ends voir Joris.
Tim et moi, c'est aux Fourches qu'on fêta nos dix-neuf ans en compagnie de nos amis. Et cette année-là, Cyprien arriva en me tendant une boite emballée dans un sac plastique.
– C'est pour toi mon grand.
– Mais il fallait pas Papé.
Et quand je sortis la boite du plastique, je la reconnus de suite.
– Mais Papé, c'est tes médailles, je ne peux pas accepter.
– Tu sais, je ne suis pas éternel, j'ai eu 96 ans. Alors si j'en ai encore besoin, tu me les prêteras. Et puis si un jour tu veux commencer une collection ça t'en fera déjà quelques-unes.
Marie resta tout l'été chez Tim. Ils firent les fruits puis les vendanges. Mais Marie avait un boulot qui l’attendait dans une jardinerie et elle retourna chez ses parents.
Rémi accompagna Joris dans sa famille et ils passèrent l'été à aller d'un point à l'autre de la France, suivant où les fêtes foraines se déroulaient.
Avec Liam on retourna aux Etats-Unis pour deux mois. Mais là aussi, ça n'était plus pareil.
Mika et Méli volaient maintenant de leurs propres ailes. Et ils avaient quitté la Californie pour le Texas où ils avaient trouvé un très bon boulot tous les deux.
Les amours entre Tony et Gaële étaient chaotiques avec plus de bas que de hauts.
Joé, suite à une blessure sérieuse avait dû arrêter le foot sous peine de finir sa vie dans un fauteuil. Et la mort récente de son arrière-grand-père l'avait fortement touché.
Lui aussi avait fini ses études et il cherchait un poste d'enseignant, qu’il finit par trouver dans un état voisin.
Je ne dis pas que nos vacances ont été ennuyeuses, loin de là, parce qu'avec Liam on fit plein de choses. On voyagea pas mal en nous servant de l'argent de la location des voitures . Car oui, les locations continuaient toujours et notre compte en banque américain était bien garni.
Le commerce de Jeanne était florissant et elle n'avait jamais assez d'antiquités françaises. Aussi, elle et Liam, avaient décidé de s’associer. Pour se faire Liam reviendrait en France où il en achèterait et les expédierait à sa mère. La mode vintage des années cinquante et soixante commençait aux Etats-Unis.
On fut bien sûr invités pour l'anniversaire de Jimmy qui fêtait ses dix ans. On fut surpris de voir qu'il n'y avait ni Adam, ni Kaleb. Et c'est Dick, le frère d'Adam, qui nous apprît qu'ils n'étaient plus ensemble. Ils s'étaient séparés pour cause d’éloignement.
La réputation d'Adam avait beaucoup souffert à cause de ce que lui avait fait son ex. Et la plupart de ses sponsors s'étaient retirés, même s'il restait un patineur exceptionnel.
Son frère lui avait proposé de travailler dans l'entreprise familiale dont il possédait la moitié mais sa vie c'était le patinage alors il avait accepté un travail dans une troupe d’Holiday on ice.
Celle-ci voyageait dans tous les Etats-Unis mais aussi dans le monde entier. Avant d'accepter ce travail, il en avait beaucoup discuté avec Kaleb et ils avaient décidé de se séparer.
Ils s'aimaient mais ils étaient conscients que l'éloignement les ferait souffrir autant l'un que l’autre. Jimmy qui s'était attaché à Kaleb et à Susie continuait à y passer quelques week-ends et une partie de ses vacances.
On alla passer une dizaine de jours à la ferme. Le matin j'allais aider Kaleb et Will, comme ça Liam pouvait dormir tout son saoul . Puis on allait à la rivière l'après-midi et comme on était seuls on en profitait pour y être à poil.
Souvent on en profitait pour faire l'amour en plein air. De temps en temps Will ou Kaleb venaient nous rejoindre et passaient un petit moment avec nous. Si au début autant l'un que l'autre gardait son boxer où son slip pour se baigner, bien vite ils prirent notre habitude de se mettre nus.
Will nous intriguait, Liam et moi. C'était un garçon de peu de mots. Il répondait si on lui demandait quelque chose mais on avait beaucoup de mal à savoir ce qu'il pensait.
C'est Kaleb qui nous apporta la réponse. Dans son enfance et durant une partie de son adolescence, Will avait été le souffre-douleur d'un père alcoolique qui le battait pour un oui ou un non.
Et en plus il était d'une timidité maladive même avec Kaleb. C'est petit à petit que Will lui avait raconté tout ça. Mais de nous côtoyer, doucement il se rapprocha de nous.
On venait de faire l'amour avec Liam et on se passait de la crème solaire quand on vit Will arriver.
– Salut les mecs.
– Salut Will, ça va ?
– Oui et vous ?
– En pleine forme aussi. Tu t'es blessé ?
– Non, pourquoi cette question ?
– À cause du pansement que tu as sur l’épaule.
– Ah ça ! Non, ça fait longtemps que j'avais envie d'un tatouage et hier je suis allé me le faire faire.
– Tu t'es fait tatouer quoi ?
– Un cœur.
– On peut le voir ?
– Oui, je veux bien si vous m'aidez à enlever mon pansement et que vous m'aidiez à le remettre après.
– Facile ça, tu sais que je suis presque infirmier.
Délicatement j'enlevais le pansement et son tatouage apparut dans toute sa splendeur et sa tristesse. Il s'agissait bien d'un cœur mais d'un cœur brisé, torturé. Le tatoueur, non l'artiste plutôt je devrais dire y avait mis tout son savoir-faire. Le décrire avec des mots est impossible tellement chaque détail était fin et précis.
– C'est moi qui ait fait le dessin, il résume ma vie.
– Mais, Will, quel âge as-tu ?
– Un an de moins que Kaleb. Ma vie n'a pas toujours été simple et facile. Souvent j'ai pensé en finir mais chaque fois j'ai été trop lâche pour le faire.
– Mais, maintenant, tu as tout pour être heureux. Tu as pris ta revanche sur la vie.
– Oui, enfin, on dira ça comme ça. Mais qu'est-ce que c'est une vie sans amour et sans avenir ?
– Mais Will tu n'as que 24 ans, tu as toute la vie devant toi.
– Oui peut-être mais quand celui que tu aimes en aime un autre qui est parti, il n'y a plus d’espoir.
– … Toi, tu es amoureux de Kaleb!
– Je n'ai jamais dit ça. C'est l’heure, je dois y aller. Les vaches n'aiment pas attendre.
– Will, je peux photographier ton tatouage, avant. Je le trouve si beau.
– Oui. Après tu me remettras le pansement en place.
Je fis quelques photos et je replaçais son pansement puis il partit… la tête basse. Ce soir-là avec Liam on prenait le frais sur la terrasse en discutant de Will quand on vit un véhicule arriver. C'est un Kaleb morose qui sortit de sa voiture.
– Hey Kaleb, ça va pas ? Il se passe quoi ?
– Je pourrais vous parler.
– Bien évidemment, tu veux boire quelque chose ? Un soda ou un thé glacé maison ?
– Tu n'as rien de plus fort ?
– Si, une bouteille de gnôle du grand-père. Tu en veux?
– Oui, ça ira très bien.
Liam alla la chercher et lui en servit un verre qu'il but cul sec et il s'en resservit un autre qu'il allait boire si je ne lui avais pas retenu la main.
– Kaleb, c'est la première fois que je te vois boire et là tu es parti pour te saouler. Alors dis-nous ce qui ne va pas.
– C'est Will, il vient de me dire qu'il partait. Il n'a pas voulu me dire pourquoi. Je lui ai proposé de le payer plus mais il m'a dit que ce n'était pas une histoire d’argent. Il m'a dit qu'il avait besoin d’air. Qu'il étouffait ici. Qu'il fallait qu'il parte sinon il allait mourir.
– Kaleb, je voudrais te montrer quelque chose. Regarde et dis-moi ce que tu en penses.
– C'est quoi ça. On dirait un tatouage. Il est beau et si triste à la fois.
– C'est ce que Will s'est fait tatouer sur son épaule, là où il a un pansement.
– Mais… quand je lui ai demandé ce qu'il s'était fait il m'a répondu qu'il s'était brûlé. Pourquoi il m'a menti ?
– Je ne peux pas le dire avec certitude. Mais je pense que Liam et moi, on sait pourquoi il part. Du moins, on pense savoir pourquoi il part.
– Il vous l'a dit ?
– Pas vraiment. On en discutait quand tu es arrivé. Mais avant de t'en parler, je voudrai te poser une question… très personnelle. Je peux ?
– Oui, bien sûr, je vous considère comme bien plus que des amis donc je ne veux rien vous cacher. Et je vais essayer de répondre avec le plus de franchise possible.
– Tu es toujours amoureux d’Adam ?
– Oui et non, amoureux n'est pas le mot exact, en fait je suis nostalgique de notre relation qui était symbiotique. On se complétait l'un l’autre. Lui était le créatif, l'artiste et moi le terrien, le réaliste. Alors oui je peux dire que je l'aime encore pour ça. Et ça a été dur de nous séparer mais pourquoi se faire du mal en restant ensemble et en ne pouvant plus se voir et s’aimer pendant des mois et des mois. Je sais que j'idéalise notre relation mais c'est comme ça qu'on la vivait.
Et pour être franc, sexuellement on s'entendait très bien aussi.
Mais même s'il est et restera un être à part dans ma vie, je n'ai plus qu’une profonde affection pour lui, finalement, le désir est parti. Ça répond à ta question Liam ?
– Oui, assez bien même. Et tu serais prêt à recommencer une relation si tu rencontrais la bonne personne ?
– J'y ai pensé, oui, mais c'est dur de trouver la bonne personne. À un moment j'ai cru l'avoir trouvé mais maintenant je sais que je faisais fausse route.
– Tu pensais à Will, pas vrai ?
– Heu… Comment tu l'as deviné Jeff ?
– C'est mon petit doigt qui me l'a dit.
– Je suis si transparent que ça ?
– Non c'était juste une intuition et la conversation qu'on a eu cet après-midi avec lui.
Tu éprouves des sentiments pour lui, c’est ça ?
– C'est compliqué, mais oui j'ai des sentiments pour lui. Il est gentil, sympa, beau et quand je dis beau, je ne parle pas de son physique mais de sa mentalité. Pour son physique, vous avez pu en juger par vous-même à la rivière.
Je ne sais même pas s'il est gay. Dès qu'on parlait sexualité il se refermait sur lui-même. Et je n'arrivais plus à en tirer un mot.
Je me levais de mon fauteuil et fis quelques pas vers l’extérieur de la terrasse.
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