21-10-2022, 05:19 PM
– On est venu à quatre voitures. On a pensé que vous aviez beaucoup de bagages. Ça c'est bien passé ton voyage, Papé ?
Ma mère lui fit signe de remettre en route ses appareils auditifs et elle lui répéta la question.
– Oui très bien.
On discuta un moment encore puis mes parents et Cyprien partirent avec mon oncle et ma tante tandis que nous on embarquait dans les trois autres véhicules et on alla directement chez les parents de Liam.
Liam et moi on était monté avec Gaël, ma cousine, tandis que Tim et Marie étaient allés avec Tony alors que Rémi et Joris étaient montés avec Mika.
– Bon les mecs avant que vous ne posiez de question : oui, je sors avec Toni. Depuis Noël ça commence à devenir du sérieux. Méli et Mika sont toujours ensemble. Ils parlent même de prendre un appartement ensemble.
Après ça; y'a Kaleb qui vous a tous invité, et lui roucoule toujours avec Adam. Ensuite Jimmy, C'est tout juste si il n’est pas là pour votre arrivée. Vous êtes, non, on est TOUS invités pour son anniversaire.
Et en dernier; je ne sais pas ce que vous avez prévu pour vos vacances mais si ça ne vous dérange pas, on voudrait bien s'incruster Tony et moi. Pas tout le temps peut-être parce qu'on voudrait avoir nos moments d'intimité aussi.
– Parce que tu crois qu'on va rester un mois et demi sans faire l'amour, mais tu es folle ma cousine !
– Mais je ne parlais pas de sexe Bé, juste de moment en tête à tête, pour discuter, se regarder dans le blanc des yeux, se faire des câlins …
– Vous allez venir avec nous chez les militaires ?
– Je ne sais pas si on est invités.
– Je ne vois pas pourquoi vous ne le seriez pas. Après tout, toi aussi tu es l'arrière-petite-fille de Cyprien. Et vous êtes sur la liste que j’ai transmis aux militaires. Je me demande bien ce qu'ils ont prévu de faire, ceux-là. Parce que, niveau transmission de planning, ils sont assez limite. La seule chose que je sais c'est qu'après demain on doit tous se présenter à leur caserne sur le coup de dix heures et que la cérémonie officielle commence à quinze heures.
– Ah oui, j'ai failli oublier de te dire une chose. Joé m'a dit que tu pouvais aller t’entraîner quand tu voulais avec eux. C'est le coach qui le lui a dit.
– Tant que les parents sont là avec Cyprien je vais rester chez les parents de Liam.
– Bé, si tu veux y aller tu n'auras qu'à prendre ma voiture, maintenant que tu as le permis de conduire. Tu t'es même fait faire un permis de conduire international.
– Ah, oui mais non ! Tu as vu le bordel que c'est de conduire ici ? Je préfère attendre.
On arriva à la villa, après avoir passé l’heure du trajet à discuter. Les parents de Liam nous attendaient et après avoir fait les présentations et pris possession de nos chambres respectives on prit tous une bonne douche et une fois changés, on se retrouva au bord de la piscine où le père, Tony, et Mika avaient déjà allumé le barbecue.
On aida à mettre la table et si dans un premier temps Rémi, Joris, Tim et Marie étaient un peu coincés, Jeanne les décrispa rapidement. Et de fait, très vite Joris se lâcha et redevint lui-même, c'est à dire jovial et plein d’esprit. C'était un peu le rigolo de la colloc et le roi de l’autodérision. Il voyait toujours le bon côté des choses même dans nos 'malheurs’.
Le repas ne traîna pas trop en longueur parce qu'on était tous perturbés par le décalage horaire et on alla se coucher de bonne heure. C'est aussi à cause du même décalage horaire qu'on se réveilla en pleine forme au milieu de le nuit.
On n'avait plus sommeil. Alors que faire… Heureusement, Liam avait la même idée et la même envie que moi.
On fit l'amour deux fois avant de nous rendormir. Et c'est peu avant onze heures - heure locale - qu'on se réveilla.
On ne traina pas à se lever. Les parents de Liam étaient au salon et discutaient.
– Ah, les premiers de nos visiteurs à se réveiller. Installez-vous je vais faire le café, du vrai café, spécialement pour toi, Jean-François.
– Merci Jeanne et bonjour. J'en ai bien besoin. J'ai la tête dans le cul.
Bonjour monsieur.
– Pas besoin de le dire, ça se voit.
– Bon, Jean-François, il y a une chose qui m'énerve depuis l'an dernier. Tu appelles ma femme Jeanne et moi monsieur, pourtant tu connais mon prénom je présume.
– Oui, vous vous appelez Henry.
– Bien, donc maintenant que tu es mon gendre, que tu connais mon prénom, j'aimerais que tu ne m'appelles plus monsieur mais Henry (prononcé: N,RI). Tu peux faire ça pour me faire plaisir ?
– Oui, oui, je peux mons... Henry.
Sa mère apporta le café mais aussi une grosse platée de pancakes avec un gros bidon de sirop d’érable.
– Oh merci Jeanne, vous êtes un amour d'y avoir pensé. Vous êtes une perle rare!
– Tu vois Henry, ça c'est ce qu'on appelle la galanterie française. Au fait Jean-François, ta tante a appelé ce matin, on est attendu ce soir chez elle pour un barbecue. C'était programmé mais c'est juste pour te le rappeler.
– De toute façon, nous on n'a rien prévu pour aujourd’hui.
– Vous devriez aller réveiller vos amis parce que sinon ils vont mettre trop de temps à se remettre du décalage horaire.
Au fait Jean-François, il faudrait que je parle avec ton père.
– Vous voulez lui demander ma main pour Liam ?
Son pè… Oups! Henry, disais-je, éclata de rire tandis que Liam manquait s’étouffer.
– Tu es bête ! C'est à Liam de le faire ça, pas à moi. C'est au sujet des meubles que contenait les conteneurs . J'ai fini de les vendre et j'ai fait les comptes. Tu crois qu'il veut du liquide ou il préfère que je lui fasse un virement ?
– Ça, il faudra lui demander.
– Je le ferai ce soir alors.
Petit à petit tout le monde se leva et le petit déjeuner se transforma en brunch. Et on passa une bonne partie de l'après-midi à bronzer et à faire les cons à la piscine. Puis on alla chez mon oncle et ma tante.
Cyprien les faisait tourner en bourrique depuis la veille. Il voulait voir ses potes au plus vite. Et qui plus est, il était jetlagué et n'avait pas changé l'heure à sa montre ! Une montre à gousset qu'il avait dans sa poche gauche et était dans une sorte de boite chromée en forme d’œuf.
– Mais Papé, on est en Amérique ! En Californie, il faut vivre à l'heure américaine.
– Bon, allez fait le Gaële mais ça m'énerve, ça !
– Mais je ne sais pas faire Papé.
– On ne peut rien vous demander à vous les jeunes. Regarde c'est simple pourtant ! Tu appuies sur le petit bouton là et tu fais tourner les aiguilles. C'est quelle heure ?
– Dix-huit heures trente-sept.
– Et on mange déjà ?
– Non, on attend encore des invités.
– Joël, tu veux bien servir l’apéritif ?
– Je m'en occupe. Cyprien, que voulez-vous boire ?
– Tu as du pastis ?
– Heu… Non, je n'ai pas ça en stock.
– Bé, va dans ma valise et rapportes-en une bouteille.
– Tu as apporté une bouteille de pastis ?
– Oui et pas qu’une. Tu crois pas que je vais changer mes habitudes, non ?
– Il est dans la chambre que tu occupes habituellement.
J'y allais et dans sa valise il y avait plusieurs bouteilles, bien callées. C'est pour ça qu'elle était si lourde ! J'en rapportais une. Et comme je passais près de la porte ça sonnait, j'ouvris et je tombais nez à nez avec Joé et… Joé, son arrière-grand-père.
Je les fis entrer et je les conduisis dans le jardin.
Cyprien vit son pote arriver il se leva et alla vers lui. Joé qui l'avait vu aussi accéléra le pas et ils restèrent face à face, les yeux dans les yeux, émus et se donnèrent l’accolade.
Et ils nous surprirent tous les deux quand ils se mirent à discuter dans un mélange de français et d’anglais. Il faut savoir que papy Joé avait eu une mère canadienne qui lui parlait français. Enfin le français du Canada. Ça faisait un drôle de charabia!
On les laissa tranquille tous les deux se donner des nouvelles. Ils avaient cinquante-cinq ans de vie à se raconter. Ça allait durer un bon moment.
En réalité, ça ne dura pas si longtemps que ça, parce que Kaleb et Sam arrivèrent à leur tour.
Là aussi, Cyprien se leva et alla le serrer dans ses bras. Puis les trois s'assirent ensemble et la conversation reprit, toujours dans ce mélange d'anglais et de français. Et parfois une demande de traduction
On les laissait tranquille mais Cyprien m’appela très vite.
– Alors Bé, tu es allé la chercher la bouteille de pastaga ?
– Oui Papé, mais comme tu discutais j'ai pas voulu te déranger.
– Qu’est-ce que tu attends? Sers-nous en trois… bien tassés!
Je me tournais vers ma mère qui haussa les épaules. Je leur préparais le pastis et les apportais.
Pendant qu'ils continuaient à discuter on aida ma tante à préparer le repas et enfin on passa à table. Ma tante les avait installé en bout de table. On s'installa tous où on voulut. Et quand on fut tous assis Cyprien se leva.
– Je vous demande un peu de silence s'il vous plaît.
Je vous remercie tous pour ce que vous avez fait pour nous: nous permettre de nous retrouver après tant d’années. Je ne pensais pas qu'ils étaient encore vivants. Mais quand je les ai vu, j'ai su qu'il fallait que je les revoie pour leur dire au revoir. Après ce que l'on a vécu ensemble ça aurait été dommage que notre histoire se perde.
Mais Bé m'a montré le travail que Joe Junior a fait. On te dira d'autres choses qui ne sont pas dans ton travail. Des choses plus personnelles et plus secrètes aussi.
Les dossiers ont dû être déclassifiés depuis mais personne n'a jamais dû s'y pencher encore. On te donnera des lieux et des dates et comme ça ton dossier sera complet.
Je remercie aussi ma famille pour ce qu'elle a fait pour moi. Même si certains ont été plus long à réagir!
Bon, j'ai assez parlé. Bon appétit à tous!
On l'applaudit et on commença le repas. À vingt-deux heures on prit congé en se donnant rendez-vous ici pour neuf heures.
le lendemain ce fut branle-bas de combat. Et quand on arriva chez ma tante Cyprien était beau comme un sou neuf. Il avait sorti son costume des grandes occasions.
Joe et Sam avaient fait de même. En plus ils avaient apporté leurs médailles, nous dirent-ils et ils portaient tous deux un béret militaire avec plein de badges dessus.
– Avant que j’oublie, Bé, va récupérer la boite de cigares qui est dans ma valise.
– Mais Papé, tu ne fumes pas !
– Hé, hé, grand couillon! Ça fait longtemps qu'il n'y a plus de cigares dedans. J'y range mes médailles.
– Je savais pas que tu avais des médailles.
– Quand tu reviendras aux Fourches je t'expliquerai comment je les ai eu. Allez, ne discute pas autant et va me les chercher.
– Chef, oui chef !
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Ma mère lui fit signe de remettre en route ses appareils auditifs et elle lui répéta la question.
– Oui très bien.
On discuta un moment encore puis mes parents et Cyprien partirent avec mon oncle et ma tante tandis que nous on embarquait dans les trois autres véhicules et on alla directement chez les parents de Liam.
Liam et moi on était monté avec Gaël, ma cousine, tandis que Tim et Marie étaient allés avec Tony alors que Rémi et Joris étaient montés avec Mika.
– Bon les mecs avant que vous ne posiez de question : oui, je sors avec Toni. Depuis Noël ça commence à devenir du sérieux. Méli et Mika sont toujours ensemble. Ils parlent même de prendre un appartement ensemble.
Après ça; y'a Kaleb qui vous a tous invité, et lui roucoule toujours avec Adam. Ensuite Jimmy, C'est tout juste si il n’est pas là pour votre arrivée. Vous êtes, non, on est TOUS invités pour son anniversaire.
Et en dernier; je ne sais pas ce que vous avez prévu pour vos vacances mais si ça ne vous dérange pas, on voudrait bien s'incruster Tony et moi. Pas tout le temps peut-être parce qu'on voudrait avoir nos moments d'intimité aussi.
– Parce que tu crois qu'on va rester un mois et demi sans faire l'amour, mais tu es folle ma cousine !
– Mais je ne parlais pas de sexe Bé, juste de moment en tête à tête, pour discuter, se regarder dans le blanc des yeux, se faire des câlins …
– Vous allez venir avec nous chez les militaires ?
– Je ne sais pas si on est invités.
– Je ne vois pas pourquoi vous ne le seriez pas. Après tout, toi aussi tu es l'arrière-petite-fille de Cyprien. Et vous êtes sur la liste que j’ai transmis aux militaires. Je me demande bien ce qu'ils ont prévu de faire, ceux-là. Parce que, niveau transmission de planning, ils sont assez limite. La seule chose que je sais c'est qu'après demain on doit tous se présenter à leur caserne sur le coup de dix heures et que la cérémonie officielle commence à quinze heures.
– Ah oui, j'ai failli oublier de te dire une chose. Joé m'a dit que tu pouvais aller t’entraîner quand tu voulais avec eux. C'est le coach qui le lui a dit.
– Tant que les parents sont là avec Cyprien je vais rester chez les parents de Liam.
– Bé, si tu veux y aller tu n'auras qu'à prendre ma voiture, maintenant que tu as le permis de conduire. Tu t'es même fait faire un permis de conduire international.
– Ah, oui mais non ! Tu as vu le bordel que c'est de conduire ici ? Je préfère attendre.
On arriva à la villa, après avoir passé l’heure du trajet à discuter. Les parents de Liam nous attendaient et après avoir fait les présentations et pris possession de nos chambres respectives on prit tous une bonne douche et une fois changés, on se retrouva au bord de la piscine où le père, Tony, et Mika avaient déjà allumé le barbecue.
On aida à mettre la table et si dans un premier temps Rémi, Joris, Tim et Marie étaient un peu coincés, Jeanne les décrispa rapidement. Et de fait, très vite Joris se lâcha et redevint lui-même, c'est à dire jovial et plein d’esprit. C'était un peu le rigolo de la colloc et le roi de l’autodérision. Il voyait toujours le bon côté des choses même dans nos 'malheurs’.
Le repas ne traîna pas trop en longueur parce qu'on était tous perturbés par le décalage horaire et on alla se coucher de bonne heure. C'est aussi à cause du même décalage horaire qu'on se réveilla en pleine forme au milieu de le nuit.
On n'avait plus sommeil. Alors que faire… Heureusement, Liam avait la même idée et la même envie que moi.
On fit l'amour deux fois avant de nous rendormir. Et c'est peu avant onze heures - heure locale - qu'on se réveilla.
On ne traina pas à se lever. Les parents de Liam étaient au salon et discutaient.
– Ah, les premiers de nos visiteurs à se réveiller. Installez-vous je vais faire le café, du vrai café, spécialement pour toi, Jean-François.
– Merci Jeanne et bonjour. J'en ai bien besoin. J'ai la tête dans le cul.
Bonjour monsieur.
– Pas besoin de le dire, ça se voit.
– Bon, Jean-François, il y a une chose qui m'énerve depuis l'an dernier. Tu appelles ma femme Jeanne et moi monsieur, pourtant tu connais mon prénom je présume.
– Oui, vous vous appelez Henry.
– Bien, donc maintenant que tu es mon gendre, que tu connais mon prénom, j'aimerais que tu ne m'appelles plus monsieur mais Henry (prononcé: N,RI). Tu peux faire ça pour me faire plaisir ?
– Oui, oui, je peux mons... Henry.
Sa mère apporta le café mais aussi une grosse platée de pancakes avec un gros bidon de sirop d’érable.
– Oh merci Jeanne, vous êtes un amour d'y avoir pensé. Vous êtes une perle rare!
– Tu vois Henry, ça c'est ce qu'on appelle la galanterie française. Au fait Jean-François, ta tante a appelé ce matin, on est attendu ce soir chez elle pour un barbecue. C'était programmé mais c'est juste pour te le rappeler.
– De toute façon, nous on n'a rien prévu pour aujourd’hui.
– Vous devriez aller réveiller vos amis parce que sinon ils vont mettre trop de temps à se remettre du décalage horaire.
Au fait Jean-François, il faudrait que je parle avec ton père.
– Vous voulez lui demander ma main pour Liam ?
Son pè… Oups! Henry, disais-je, éclata de rire tandis que Liam manquait s’étouffer.
– Tu es bête ! C'est à Liam de le faire ça, pas à moi. C'est au sujet des meubles que contenait les conteneurs . J'ai fini de les vendre et j'ai fait les comptes. Tu crois qu'il veut du liquide ou il préfère que je lui fasse un virement ?
– Ça, il faudra lui demander.
– Je le ferai ce soir alors.
Petit à petit tout le monde se leva et le petit déjeuner se transforma en brunch. Et on passa une bonne partie de l'après-midi à bronzer et à faire les cons à la piscine. Puis on alla chez mon oncle et ma tante.
Cyprien les faisait tourner en bourrique depuis la veille. Il voulait voir ses potes au plus vite. Et qui plus est, il était jetlagué et n'avait pas changé l'heure à sa montre ! Une montre à gousset qu'il avait dans sa poche gauche et était dans une sorte de boite chromée en forme d’œuf.
– Mais Papé, on est en Amérique ! En Californie, il faut vivre à l'heure américaine.
– Bon, allez fait le Gaële mais ça m'énerve, ça !
– Mais je ne sais pas faire Papé.
– On ne peut rien vous demander à vous les jeunes. Regarde c'est simple pourtant ! Tu appuies sur le petit bouton là et tu fais tourner les aiguilles. C'est quelle heure ?
– Dix-huit heures trente-sept.
– Et on mange déjà ?
– Non, on attend encore des invités.
– Joël, tu veux bien servir l’apéritif ?
– Je m'en occupe. Cyprien, que voulez-vous boire ?
– Tu as du pastis ?
– Heu… Non, je n'ai pas ça en stock.
– Bé, va dans ma valise et rapportes-en une bouteille.
– Tu as apporté une bouteille de pastis ?
– Oui et pas qu’une. Tu crois pas que je vais changer mes habitudes, non ?
– Il est dans la chambre que tu occupes habituellement.
J'y allais et dans sa valise il y avait plusieurs bouteilles, bien callées. C'est pour ça qu'elle était si lourde ! J'en rapportais une. Et comme je passais près de la porte ça sonnait, j'ouvris et je tombais nez à nez avec Joé et… Joé, son arrière-grand-père.
Je les fis entrer et je les conduisis dans le jardin.
Cyprien vit son pote arriver il se leva et alla vers lui. Joé qui l'avait vu aussi accéléra le pas et ils restèrent face à face, les yeux dans les yeux, émus et se donnèrent l’accolade.
Et ils nous surprirent tous les deux quand ils se mirent à discuter dans un mélange de français et d’anglais. Il faut savoir que papy Joé avait eu une mère canadienne qui lui parlait français. Enfin le français du Canada. Ça faisait un drôle de charabia!
On les laissa tranquille tous les deux se donner des nouvelles. Ils avaient cinquante-cinq ans de vie à se raconter. Ça allait durer un bon moment.
En réalité, ça ne dura pas si longtemps que ça, parce que Kaleb et Sam arrivèrent à leur tour.
Là aussi, Cyprien se leva et alla le serrer dans ses bras. Puis les trois s'assirent ensemble et la conversation reprit, toujours dans ce mélange d'anglais et de français. Et parfois une demande de traduction
On les laissait tranquille mais Cyprien m’appela très vite.
– Alors Bé, tu es allé la chercher la bouteille de pastaga ?
– Oui Papé, mais comme tu discutais j'ai pas voulu te déranger.
– Qu’est-ce que tu attends? Sers-nous en trois… bien tassés!
Je me tournais vers ma mère qui haussa les épaules. Je leur préparais le pastis et les apportais.
Pendant qu'ils continuaient à discuter on aida ma tante à préparer le repas et enfin on passa à table. Ma tante les avait installé en bout de table. On s'installa tous où on voulut. Et quand on fut tous assis Cyprien se leva.
– Je vous demande un peu de silence s'il vous plaît.
Je vous remercie tous pour ce que vous avez fait pour nous: nous permettre de nous retrouver après tant d’années. Je ne pensais pas qu'ils étaient encore vivants. Mais quand je les ai vu, j'ai su qu'il fallait que je les revoie pour leur dire au revoir. Après ce que l'on a vécu ensemble ça aurait été dommage que notre histoire se perde.
Mais Bé m'a montré le travail que Joe Junior a fait. On te dira d'autres choses qui ne sont pas dans ton travail. Des choses plus personnelles et plus secrètes aussi.
Les dossiers ont dû être déclassifiés depuis mais personne n'a jamais dû s'y pencher encore. On te donnera des lieux et des dates et comme ça ton dossier sera complet.
Je remercie aussi ma famille pour ce qu'elle a fait pour moi. Même si certains ont été plus long à réagir!
Bon, j'ai assez parlé. Bon appétit à tous!
On l'applaudit et on commença le repas. À vingt-deux heures on prit congé en se donnant rendez-vous ici pour neuf heures.
le lendemain ce fut branle-bas de combat. Et quand on arriva chez ma tante Cyprien était beau comme un sou neuf. Il avait sorti son costume des grandes occasions.
Joe et Sam avaient fait de même. En plus ils avaient apporté leurs médailles, nous dirent-ils et ils portaient tous deux un béret militaire avec plein de badges dessus.
– Avant que j’oublie, Bé, va récupérer la boite de cigares qui est dans ma valise.
– Mais Papé, tu ne fumes pas !
– Hé, hé, grand couillon! Ça fait longtemps qu'il n'y a plus de cigares dedans. J'y range mes médailles.
– Je savais pas que tu avais des médailles.
– Quand tu reviendras aux Fourches je t'expliquerai comment je les ai eu. Allez, ne discute pas autant et va me les chercher.
– Chef, oui chef !
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