NDA Concernant la France, mes connaissances ferroviaires ne sont pas aussi étendues que pour la Suisse. J’ai trouvé que la ligne Paris - Le Havre n’était pas encore électrifiée en 1965 et que la gare du Port Autonome a été rénovée en 1963 en vue de l’accueil du paquebot France. Un train spécial pour les passagers avec une RGP n’est qu’une hypothèse de ma part.
Chapitre 1 - Le départ (3)
Dimanche 11 juillet 1965, gare de Paris Saint-Lazare
Pour bien commencer la journée, Koen proposa une petite branlette avant de se lever, afin de ne pas débander inutilement.
Ils prirent des taxis pour rejoindre la gare Saint-Lazare. Un train spécial était prévu pour les voyageurs du paquebot France à destination de la gare du Havre-Maritime. Une hôtesse contrôla leurs billets à l’entrée du quai, un employé mit leurs bagages sur un chariot. Ils étaient à l’avance, ils observèrent discrètement les autres voyageurs pour passer le temps. Koen dit :
— Vous avez vu ce couple avec leurs deux enfants, une fille et un garçon ?
— Oui, répondit Frédéric, enfin, je suppose que tu as surtout regardé le garçon…
— Très beau jeune homme, en effet, qui a l’air de s’emmerder en compagnie de ses parents tirés à quatre épingles.
— Tu connais le mot « s’emmerder » ?
— J’ai fait beaucoup de progrès. Il doit avoir l’âge nécessaire et suffisant pour qu’on puisse l’inviter dans notre cabine sur le bateau.
— Des petits-bourgeois, je pense, fit Dominique. Et qui te dit qu’il est gay ?
— Je me trompe rarement.
La rame à grand parcours X 2772 entra en gare, elle était encore aux couleurs des TEE : livrée rouge carmin et crème. Elle n’avait que deux voitures. La famille monta dans celle de tête, les amis dans celle de queue et ils la perdirent de vue. Le trajet dura près de quatre heures, un repas fut servi à la place pour passer le temps.
Dimanche 11 juillet 1965, port du Havre
Arrivés au port du Havre, ils descendirent du train et marchèrent une centaine de mètres. Ils ne pouvaient pas voir le paquebot en entier car il était en partie caché par le bâtiment où se déroulaient les formalités d’embarquement et les contrôles de douane. Celles-ci furent rapidement terminées, ils bénéficiaient d’un couloir prioritaire comme ils avaient des cabines de première classe.
Ils embarquèrent par une passerelle couverte. Frédéric fut frappé pas la décoration moderne de l’intérieur, assez hétéroclite et pas très originale, ce n’était pas le luxe du Titanic. Un membre de l’équipage les conduisit dans leurs cabines, l’une à côté de l’autre. Elles n’étaient pas aussi spacieuses qu’une suite d’hôtel, mais avaient deux balcons. Une porte communicante permettait de passer de l’une à l’autre sans sortir dans le couloir.
— Elle est ouverte, expliqua l’employé, car vous avez réservé ensemble, mais vous pouvez la verrouiller.
— Ce ne sera pas nécessaire, fit Koen, cela favorisera les échanges.
Une bouteille de champagne était au frais dans un seau rempli de glaçons. Un serveur vint la déboucher et remplir les flûtes. Les amis trinquèrent :
— À notre voyage ! dit Frédéric.
— Merci de nous avoir invités, dit Dom.
— Tu remercieras mon père.
— Je commence à m’habituer au luxe, dit Koen.
— Profite bien, après ce sera terminé. Que des motels crades et remplis de vermine.
— Tu exagères…
L’attente fut longue avant le départ, il y avait un exercice de sauvetage. Koen maugréa :
— Ce n’est pas le Titanic, il n’y a pas de naufrage prévu au programme. Et les passagers de la première classe ont la priorité.
— Plutôt les femmes et les enfants, dit Dom.
— Tu me prêtes une de tes robes, au cas où.
— Tu es une femme, maintenant ?
— Non, mais si je mourais, le monde perdrait un génie. Pense au bien que je ferai pour l’humanité dans ma vie. Cela vaut bien un passe-droit.
La sirène interrompit leur discussion, ils passèrent leurs gilets de sauvetage et se rendirent à l’endroit où se trouvait leur embarcation de secours.
— Et si le naufrage est pendant la nuit, demanda Koen, on se sauve à poil ?
— Oui, répondit Frédéric, comme cela tu pourras voir la bite de tous les passagers.
— Je préférerais la voir dans d’autres circonstances.
Le paquebot quitta enfin le port, ils sortirent sur le balcon pour assister au départ. L’aventure commençait, ils pourraient rentrer chez eux dans quelques semaines, ce n’était pas comme les émigrants qui les avaient précédés et qui étaient restés pour toujours au Nouveau Monde.
Chapitre 2 - La traversée (1)
Dimanche 11 juillet 1965, à bord du France
Pour le dîner, il était demandé aux hommes de mettre une veste et une cravate. Dominique s’habilla en femme : un chemisier et une jupe. Après le repas, ils passèrent dans un salon pour boire le café. La famille qu’ils avaient vue sur le quai était près d’eux ; le fils — très élégant, complet bleu roi, nœud papillon rouge — les regardait souvent.
— Il faudrait que nous nous présentions, dit Koen.
— À quel titre ? demanda Frédéric.
— Parce que c’est le ministre français de l’économie, mon père l’a rencontré une fois. Il me semblait l’avoir déjà vu en photo, à l’époque je gardais des coupures de presse, j’étais fier du travail de mon père.
— Tu as montré ton train électrique à son fils ?
— Non, il ne l’accompagnait pas, et il aurait été trop jeune.
— Trop jeune pour un train électrique ? s’étonna Daniel.
— C’est un euphémisme. Koen préfère d’autres jouets.
— On se présente comment ? demanda Dom. Dois-je dire que Daniel est mon ami ?
— Non, fit Frédéric, je propose de dire que tu es sa sœur.
— Ta cousine.
— Exact, et Koen est seulement un camarade avec lequel j’ai fait mes études. Ce n’est pas nécessaire que tout le bateau sache qui couche avec qui.
— Surtout que ça change chaque jour, dit Daniel en riant.
Koen se leva et se dirigea vers le ministre, ils se présentèrent ensuite comme ils l’avaient prévu. Frédéric dit quelle entreprise dirigeait son père, Daniel et Dom qu’ils étaient les enfants d’un ambassadeur. Les enfants du couple s’appelaient Amaury et Aurianne. La mère précisa que son fils venait d’avoir son bac au lycée Henri IV de Paris.
Koen expliqua qu’il ferait un reportage pour le journal des étudiants de son université et qu’il essayerait d’avoir une visite privée du paquebot.
— Votre fils pourrait se joindre à nous si cette visite l’intéresse, suggéra-t-il.
— Bien sûr, dit la mère, Amaury est plutôt introverti, s’il pouvait être avec vous de temps à autre plutôt que de rester seul dans sa cabine. Vous n’êtes pas beaucoup plus âgés que lui.
— Avec grand plaisir, fit Frédéric, nous ferons du sport tous les matins à 9 heures, votre fils pourrait aussi s’entraîner avec nous.
— Très bonne idée, dit la mère.
Les quatre amis retournèrent s’asseoir à leur table.
— C’est quoi ce sport tous les matins ? dit Koen.
— C’est pour que tu n’aies pas de kilos superflus à la fin de la traversée. Tu devrais le savoir, mon cher étudiant en médecine, journaliste amateur.
— Ouais, je devrais le savoir.
Lundi 12 juillet 1965, à bord du France
Le lendemain matin, les quatre amis se rendirent à la salle de sport du paquebot. Amaury arriva quelques minutes plus tard, vêtu d’un polo et de shorts blancs. Il eut l’air surpris en voyant Dominique avec des habits masculins, mais il ne dit rien. Ils firent de l’exercice pendant une heure, changeant régulièrement d’engin.
— Ça m’a fait du bien, dit Koen à Frédéric, c’était quand même une bonne idée. On prend une douche ?
— Ici ? Ou dans la cabine ?
— Ici.
— Nous n’avons pas d’habits de rechange.
Koen chuchota quelque chose à l’oreille de son ami.
— Je l’avais deviné, fit Frédéric en riant.
Daniel proposa d’aller chercher des habits dans la cabine. Koen, Dom et Frédéric se déshabillèrent dans le petit vestiaire attenant à la salle de sport. Amaury entra et leur dit :
— Je peux me doucher avec vous ? Il y a assez de place ?
— Mais oui, fit Koen, venez, on se serrera.
Ils hésitèrent avant d’enlever leurs slips.
— On peut se doucher nu ? demanda le jeune bachelier.
— Je n’ai pas vu d’interdiction, dit Koen, c’est un vestiaire pour hommes.
— Alors, comment se fait-il que Mademoiselle soit avec vous ? fit Amaury en désignant Dominique.
— Je vous intrigue, dit-elle.
— En effet, disons que vous m’intriguez tous, mais je ne devrais pas être aussi curieux.
Daniel était revenu avec des slips propres, Dominique fut la première à baisser le sien.
Chapitre 1 - Le départ (3)
Dimanche 11 juillet 1965, gare de Paris Saint-Lazare
Pour bien commencer la journée, Koen proposa une petite branlette avant de se lever, afin de ne pas débander inutilement.
Ils prirent des taxis pour rejoindre la gare Saint-Lazare. Un train spécial était prévu pour les voyageurs du paquebot France à destination de la gare du Havre-Maritime. Une hôtesse contrôla leurs billets à l’entrée du quai, un employé mit leurs bagages sur un chariot. Ils étaient à l’avance, ils observèrent discrètement les autres voyageurs pour passer le temps. Koen dit :
— Vous avez vu ce couple avec leurs deux enfants, une fille et un garçon ?
— Oui, répondit Frédéric, enfin, je suppose que tu as surtout regardé le garçon…
— Très beau jeune homme, en effet, qui a l’air de s’emmerder en compagnie de ses parents tirés à quatre épingles.
— Tu connais le mot « s’emmerder » ?
— J’ai fait beaucoup de progrès. Il doit avoir l’âge nécessaire et suffisant pour qu’on puisse l’inviter dans notre cabine sur le bateau.
— Des petits-bourgeois, je pense, fit Dominique. Et qui te dit qu’il est gay ?
— Je me trompe rarement.
La rame à grand parcours X 2772 entra en gare, elle était encore aux couleurs des TEE : livrée rouge carmin et crème. Elle n’avait que deux voitures. La famille monta dans celle de tête, les amis dans celle de queue et ils la perdirent de vue. Le trajet dura près de quatre heures, un repas fut servi à la place pour passer le temps.
Dimanche 11 juillet 1965, port du Havre
Arrivés au port du Havre, ils descendirent du train et marchèrent une centaine de mètres. Ils ne pouvaient pas voir le paquebot en entier car il était en partie caché par le bâtiment où se déroulaient les formalités d’embarquement et les contrôles de douane. Celles-ci furent rapidement terminées, ils bénéficiaient d’un couloir prioritaire comme ils avaient des cabines de première classe.
Ils embarquèrent par une passerelle couverte. Frédéric fut frappé pas la décoration moderne de l’intérieur, assez hétéroclite et pas très originale, ce n’était pas le luxe du Titanic. Un membre de l’équipage les conduisit dans leurs cabines, l’une à côté de l’autre. Elles n’étaient pas aussi spacieuses qu’une suite d’hôtel, mais avaient deux balcons. Une porte communicante permettait de passer de l’une à l’autre sans sortir dans le couloir.
— Elle est ouverte, expliqua l’employé, car vous avez réservé ensemble, mais vous pouvez la verrouiller.
— Ce ne sera pas nécessaire, fit Koen, cela favorisera les échanges.
Une bouteille de champagne était au frais dans un seau rempli de glaçons. Un serveur vint la déboucher et remplir les flûtes. Les amis trinquèrent :
— À notre voyage ! dit Frédéric.
— Merci de nous avoir invités, dit Dom.
— Tu remercieras mon père.
— Je commence à m’habituer au luxe, dit Koen.
— Profite bien, après ce sera terminé. Que des motels crades et remplis de vermine.
— Tu exagères…
L’attente fut longue avant le départ, il y avait un exercice de sauvetage. Koen maugréa :
— Ce n’est pas le Titanic, il n’y a pas de naufrage prévu au programme. Et les passagers de la première classe ont la priorité.
— Plutôt les femmes et les enfants, dit Dom.
— Tu me prêtes une de tes robes, au cas où.
— Tu es une femme, maintenant ?
— Non, mais si je mourais, le monde perdrait un génie. Pense au bien que je ferai pour l’humanité dans ma vie. Cela vaut bien un passe-droit.
La sirène interrompit leur discussion, ils passèrent leurs gilets de sauvetage et se rendirent à l’endroit où se trouvait leur embarcation de secours.
— Et si le naufrage est pendant la nuit, demanda Koen, on se sauve à poil ?
— Oui, répondit Frédéric, comme cela tu pourras voir la bite de tous les passagers.
— Je préférerais la voir dans d’autres circonstances.
Le paquebot quitta enfin le port, ils sortirent sur le balcon pour assister au départ. L’aventure commençait, ils pourraient rentrer chez eux dans quelques semaines, ce n’était pas comme les émigrants qui les avaient précédés et qui étaient restés pour toujours au Nouveau Monde.
Chapitre 2 - La traversée (1)
Dimanche 11 juillet 1965, à bord du France
Pour le dîner, il était demandé aux hommes de mettre une veste et une cravate. Dominique s’habilla en femme : un chemisier et une jupe. Après le repas, ils passèrent dans un salon pour boire le café. La famille qu’ils avaient vue sur le quai était près d’eux ; le fils — très élégant, complet bleu roi, nœud papillon rouge — les regardait souvent.
— Il faudrait que nous nous présentions, dit Koen.
— À quel titre ? demanda Frédéric.
— Parce que c’est le ministre français de l’économie, mon père l’a rencontré une fois. Il me semblait l’avoir déjà vu en photo, à l’époque je gardais des coupures de presse, j’étais fier du travail de mon père.
— Tu as montré ton train électrique à son fils ?
— Non, il ne l’accompagnait pas, et il aurait été trop jeune.
— Trop jeune pour un train électrique ? s’étonna Daniel.
— C’est un euphémisme. Koen préfère d’autres jouets.
— On se présente comment ? demanda Dom. Dois-je dire que Daniel est mon ami ?
— Non, fit Frédéric, je propose de dire que tu es sa sœur.
— Ta cousine.
— Exact, et Koen est seulement un camarade avec lequel j’ai fait mes études. Ce n’est pas nécessaire que tout le bateau sache qui couche avec qui.
— Surtout que ça change chaque jour, dit Daniel en riant.
Koen se leva et se dirigea vers le ministre, ils se présentèrent ensuite comme ils l’avaient prévu. Frédéric dit quelle entreprise dirigeait son père, Daniel et Dom qu’ils étaient les enfants d’un ambassadeur. Les enfants du couple s’appelaient Amaury et Aurianne. La mère précisa que son fils venait d’avoir son bac au lycée Henri IV de Paris.
Koen expliqua qu’il ferait un reportage pour le journal des étudiants de son université et qu’il essayerait d’avoir une visite privée du paquebot.
— Votre fils pourrait se joindre à nous si cette visite l’intéresse, suggéra-t-il.
— Bien sûr, dit la mère, Amaury est plutôt introverti, s’il pouvait être avec vous de temps à autre plutôt que de rester seul dans sa cabine. Vous n’êtes pas beaucoup plus âgés que lui.
— Avec grand plaisir, fit Frédéric, nous ferons du sport tous les matins à 9 heures, votre fils pourrait aussi s’entraîner avec nous.
— Très bonne idée, dit la mère.
Les quatre amis retournèrent s’asseoir à leur table.
— C’est quoi ce sport tous les matins ? dit Koen.
— C’est pour que tu n’aies pas de kilos superflus à la fin de la traversée. Tu devrais le savoir, mon cher étudiant en médecine, journaliste amateur.
— Ouais, je devrais le savoir.
Lundi 12 juillet 1965, à bord du France
Le lendemain matin, les quatre amis se rendirent à la salle de sport du paquebot. Amaury arriva quelques minutes plus tard, vêtu d’un polo et de shorts blancs. Il eut l’air surpris en voyant Dominique avec des habits masculins, mais il ne dit rien. Ils firent de l’exercice pendant une heure, changeant régulièrement d’engin.
— Ça m’a fait du bien, dit Koen à Frédéric, c’était quand même une bonne idée. On prend une douche ?
— Ici ? Ou dans la cabine ?
— Ici.
— Nous n’avons pas d’habits de rechange.
Koen chuchota quelque chose à l’oreille de son ami.
— Je l’avais deviné, fit Frédéric en riant.
Daniel proposa d’aller chercher des habits dans la cabine. Koen, Dom et Frédéric se déshabillèrent dans le petit vestiaire attenant à la salle de sport. Amaury entra et leur dit :
— Je peux me doucher avec vous ? Il y a assez de place ?
— Mais oui, fit Koen, venez, on se serrera.
Ils hésitèrent avant d’enlever leurs slips.
— On peut se doucher nu ? demanda le jeune bachelier.
— Je n’ai pas vu d’interdiction, dit Koen, c’est un vestiaire pour hommes.
— Alors, comment se fait-il que Mademoiselle soit avec vous ? fit Amaury en désignant Dominique.
— Je vous intrigue, dit-elle.
— En effet, disons que vous m’intriguez tous, mais je ne devrais pas être aussi curieux.
Daniel était revenu avec des slips propres, Dominique fut la première à baisser le sien.
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