12-07-2022, 03:58 PM
Je me réveille relativement tôt car je n'aime pas traîner au lit, je trouve que c'est du temps perdu qu'on peut mieux utiliser. J'ai ranimé le fourneau à bois, l'eau chauffe pour le thé ou le café et tout ce qui est nécessaire pour un bon petit déjeuner est sur la table.
Dehors le temps est radieux témoignant une fois de plus avec quelle rapidité la météo peut changer en montagne. Un vaste champ immaculé de neige se déploie devant moi et les cristaux de neige scintillent sous le soleil. Le thermomètre est descendu pendant la nuit à -22° mais heureusement il n'y a plus de vent sinon cela serait quasiment insupportable. Par contre la quantité de neige fraiche est telle que nous ne pourrons pas faire le beau tour vers les chamois comme je l'avais prévu car le danger d'avalanche est beaucoup trop grand. Heureusement, il y a d'autres possibilités, moins longues mais très belles également.
Malgré mon habitude, je frissonne sous la morsure du froid et je rentre à l'intérieur pour voir Jules qui a manifestement un urgent besoin de vider sa vessie. Je dois rire car il a revêtu sa doudoune qui le couvre jusqu'à la hauteur de son slip qui n'est qu'à moitié caché. Il s'excuse en disant "je n'y peux rien si je bande", ce que je n'aurais probablement pas remarqué s'il n'avait pas attiré mon attention. Du même coup, j'ai observé une tache curieuse sur le devant de son vêtement. Pendant le petit déjeuner, il n'est pas très bavard mais cela arrive à beaucoup de personnes. À ma question de savoir s'il a bien dormi il m'assure que oui mais j'observe qu'il rougit légèrement, il faut dire qu'il ne fait pas plus de 15° dans la pièce et je vois qu'il a froid aux jambes. Je vais chercher une couverture et je l'enveloppe du slip jusqu'aux jambes. Involontairement, j'ai effleuré son entrejambe et il a tressailli.
Avec le froid qu'il fait, cela ne sert à rien de partir trop vite, nous pouvons donc traîner pendant notre collation. À son tour il se renseigne pour savoir si ma nuit a été bonne et s'il ne m'a pas trop dérangé car il sait qu'il a tendance à passablement bouger. Je le rassure tout en lui disant que de toute façon, serrés comme nous l'étions, ses mouvements ne pouvaient qu'être limités au strict minimum. Il a alors fait une remarque que je n'ai pas comprise "oui, c'est vrai mais ce minimum est juste suffisant". Ce n'est pas parce que la température est fraîche qu'il ne faut pas faire un brin de toilette. Je me déshabille complètement et passe les parties vitales à l'eau froide, 10° constants, et je me décalotte comme je le fais chaque matin car je tiens à une hygiène scrupuleuse. Je remarque que Jules ne me perd pas des yeux, qu'il a l'air fasciné. Un spectateur attentif aurait relevé qu'il a glissé une de ses mains sous la couverture, laquelle a tendance à tomber. En ce qui me concerne, le même spectateur aurait également remarqué que mon pénis est au repos. Lorsque c'est son tour, je suis surpris en constatant que mon compagnon est totalement nu et je ne peux m'empêcher de me faire la remarque qu'il a de jolies fesses. Par contre je n'ai pas pris garde lorsqu'il s'est lavé, ou tout au moins mouillé les parties intimes.
La température est devenue très convenable et nous bavardons agréablement tout en sirotant un café pour moi, du thé pour lui. Je m'aperçois qu'il n'est finalement pas aussi pudique que je le pensais car lorsqu'il y faut enfiler la combinaison de ski, il n'a pas hésité à baisser son caleçon long pour y remettre de l'ordre. Dans le sac à dos, j'ai mis un saucisson cuit chez moi, du fromage et quatre pommes sans oublier une gourde d'eau et un autre de vin rouge : avec le saucisson c'est excellent. Les peaux de phoque ont été collées à l'intérieur et nous nous mettons en route.
Le départ d'une cabane ou de ma Bergerie, c'est pour moi un des moments que j'aime beaucoup, surtout dans les conditions extrêmes que nous avons avec la neige et le froid. C'est le départ vers l'aventure, contrôlée certes, mais l'aventure malgré tout. C'est le plaisir de l'effort à fournir, c'est apprécier l'immensité du silence, la beauté de la nature. Nous apercevons au loin un logopède (poule des neiges) qui à la belle saison possède un plumage brun mais qui en hiver devient entièrement blanc pour se protéger des prédateurs. J'ai pris mon rythme de marche en montagne, c’est-à-dire assez lent au départ mais avec une tendance à accélérer progressivement. Je vois bien que Jules a un peu de peine à soutenir mon allure mais je ne ralentis pas, il a voulu venir avec moi il n'a qu'à s'adapter. Ce n'est pas par méchanceté ou sadisme de ma part mais pour qu'il se rende compte des exigences de la montagne, la vraie, celle qui n'est pas envahie pour les touristes. La neige nouvellement tombée est tellement légère que faire la trace n'est vraiment pas pénible, même si les skis sont invisibles. Le sommet que je vise se rapproche mais la pente s'accentue et nous sommes à plus de trois mille mètres d'altitude. Cela ne me dérange pas mais pour Jules c'est autre chose aussi je ralentis notablement l'allure : je veux qu'il se rende compte de l'exigence de ce sport mais aussi qu'il ressente le plaisir de s'être vaincu lui-même lorsque le sommet est atteint. Nous y sommes, il est un peu essoufflé mais il réalise qu'il vient en quelque sorte de réaliser un petit exploit et surtout qu'il est en train de découvrir un monde et des sentiments qu'il ignorait totalement, même si la montagne ne lui est pas inconnue. Comme le veut la tradition lorsque on atteint un sommet, je le prends dans mes bras et je l'embrasse.
Nous enlevons les peaux de phoque, nous avalons rapidement de quoi reconstituer nos forces et c'est à ce moment, juste avant d'entamer la descente que je réalise que je ne connais pas vraiment les aptitudes de Jules sur les lattes. Certes, c'est un bon skieur sur piste mais là, en pleine montagne où il n'y a aucune trace, comment va-t-il se débrouiller ? Faire des virages sur une piste damée est une chose, en faire dans un mètre de neige fraîche en est une autre. Il va très agréablement me surprendre car non seulement il n'a pas de problèmes, même s'il fait quelques chutes spectaculaires, mais il descend avec beaucoup d'élégance. L'itinéraire que j'ai retenu nous fait descendre nettement plus bas que la Bergerie ce qui nous contraindra à remettre les peaux et à s'appuyer encore une bonne heure de remontée.
Nous arrivons peu avant seize heures et comme avant le départ j'avais chargé au maximum le fourneau, il règne une très agréable chaleur dans la pièce. La dernière montée nous a fait transpirer malgré le froid aussi je n'hésite pas à me dévêtir complètement pour me sécher avec un linge agréablement tiède car suspendu au-dessus du feu. Jules a pris du retard pour se changer, il a encore pantalon et chemise. Je me frotte vigoureusement sans me cacher, pourquoi me cacherais-je ? mais je remarque que Jules ne me perd pas des yeux. Cela m'étonne car je suis à peu près certain qu'il a déjà vu des corps nus dans son internat et le mien n'a vraiment rien de particuliers. Je ne sais si c'est le fait de sentir son regard peser sur moi, mais mon sexe accuse une légère érection ce qui me surprend un peu, ce n'est pas dans mes habitudes. La nudité ne me pose aucun problème, nous sommes tous fait de la même manière, et je fais comme chez moi, je ne me cache pas : je suis à poil lorsque je commence à défaire mon sac de montagne où j'ai mis, quand et pourquoi je n'en sais rien, un boxer.
La journée a été relativement rude ne serait-ce qu'en raison du froid aussi je propose à mon camarade d'aller faire un petit somme dans le dortoir où la température est correcte car j'avais laissé la petite porte ouverte. Mais avant, sans penser que je ne suis pas seul, j'ouvre la porte et vêtu de mon seul slip, je me jette dans la neige en me roulant, comme le fond les Nordiques en sortant du sauna. Jules est sidéré, hésite et me rejoint. Il veut également se rouler mais glisse et tombe sur moi d'où un moment de lutte amicale. Nos deux corps se touchent brièvement. Mais tout cela ne dure guère plus d'une minute et nous rentrons grelottant, le corps rougi par le froid. Je saisis un linge et je me mets à frotter vigoureusement le corps de Jules qui ne tarde pas à en faire autant pour moi. Pendant deux trois minutes nous sommes les deux à nous sécher, à nous réchauffer et à rire. Je remarque que Jules a une belle érection, son gland est à moitié découvert. Je remarque qu'il en est de même en ce qui me concerne mais je n'y prête pas attention plus que cela.
J'en ai fini avec Jules lorsque je sens soudain une main qui s'est saisie de mes testicules pour les caresser avec une grande douceur. Je suis comme paralysé car aucune main autre que la mienne ne s'est jamais posée sur moi, c'est quelque chose de totalement nouveau que toute ma raison repousse avec énergie sauf qu'à ce moment bien précis je ressens quelque chose que je n'ai jamais éprouvé non plus, quelque chose que je ne connais pas, qui me terrorise tout en m'incitant à me laisser faire. Jules me regarde en souriant, quelque chose lui a peut-être fait croire que je suis consentant alors que tout mon moi profond est horrifié. Le moment de stupeur passé, je le repousse violemment et je sors à l'extérieur, dans le froid glacial. Au bout de plusieurs minutes, je suis paralysé par le froid, mes habits sont à l'intérieur où je n'ai pas envie de retourner alors même que je prends conscience du danger mortel que je cours, dans peu de temps je ne serai plus capable de réagir, pourtant je reste. Une main me prend très doucement par le bras et me tire à l'intérieur tout en murmurant "pardon, pardonne-moi s'il te plait". La chaleur, toute relative, me fait tourner la tête, je m'effondre sur une chaise, tout tourne et devient noir… Mon étourdissement ne dure heureusement pas longtemps mais suffisamment pour que Jules ait eu le temps de m'emmitoufler dans une couverture. Je le regarde, c'est un peu flou mais je vois qu'il est blanc comme un linge, il a les yeux rouges et je comprends qu'il a eu la peur de sa vie. Lorsqu'il réalise que j'ai repris connaissance, son visage s'illumine de soulagement et il me tend immédiatement une tasse de thé bouillant, très sucré. Après chaque petite gorgée je sens une bouffée de chaleur qui envahit mon corps, le sang recircule jusque dans mes pieds, surtout le droit et je ressens une très forte douleur (la débattue dans le jargon des alpinistes) provoquée par le retour de la circulation sanguine. C'est presque insoutenable mais je sais également que c'est bon signe, mon pied est sauvé d'une grave engelure qui aurait pu mener jusqu'à l'amputation. Je reprends rapidement des forces et, en même temps, le souvenir de ce qui s'est passé me revient.
- Jules / Antoine, j'aimerais te dire combien je regrette ce geste qui…
- Antoine / S'il te plaît, ne te fâche pas mais laisse-moi un moment, j'ai besoin d'être seul pour faire le point, de réfléchir à tout ce qui s'est passé dans mon esprit durant les quelques secondes où tu m'as…, comment dire… tenu par mon sexe. Sache juste, que je ne t'en veux pas, nous resterons amis, quoi qu'il arrive. Va, laisse-moi ! Prépare notre dîner, tu viendras me chercher quand tu seras prêt.
Jules se retire, il ferme la porte et je suis effectivement seul même si nous ne sommes séparés que par une mince paroi en bois. Je ne suis pas encore totalement réchauffé, je ne claque plus des dents, le sang est presque revenu dans mon pied de sorte que la douleur est devenue supportable. Maintenant je peux réfléchir tranquillement.
Depuis des mois, des années, je vis reclus pour le travail et l'étude, au point que c'en est presque devenu une drogue si je n'avais pas cette compensation avec la nature et la montagne. Mais là encore, je suis seul, dans une solitude qui, certes, ne me pèse pas et que j'apprécie, trop probablement. Je ne m'occupe pas de moi car si tel était le cas, je ne serais plus seul mais avec deux moi. Et pourtant, depuis quelque temps j'observe, derrière son store ou dans la grande pièce, une ombre dont j'ai fini par découvrir qu'il s'agit d'un garçon un peu plus jeune que moi, d'un garçon qui semble s'intéresser à moi. Les premières fois, je n'y ai absolument pas prêté garde, puis cela m'a même franchement agacé avant de m'amuser, voire de me distraire ! Que peut-il bien regarder, je ne peux même pas imaginer que ce soit ma personne qui l'intéresse. Je n'ai aucune expérience sexuelle, mon corps ne m'intéresse pas à part mes masturbations hygiéniques, je suis un parfait puceau ! Et pourtant, le fait est là, il paraît se divertir à me regarder ce qui lui est facile car je n'ai pas de rideaux et donc il plonge carrément dans la pièce où je travaille tout comme la pièce d'à côté où j'ai mon lit. Un soir je l'ai aperçu, sans le vouloir bien sûr, dans son séjour en train de déambuler vêtu d'un seul boxer : je me souviens que je l'ai observé attentivement et que mon sexe à ma grande surprise s'est manifesté. Cet incident s'est passé environ trois semaines avant notre rencontre et il s'est répété plusieurs fois. J'en suis arrivé à attendre qu'il se manifeste mais j'avais un peu de peine à faire la liaison entre ses apparitions et l'émoi qui se manifestait chez moi, car ces manifestations étaient vraiment timides.
Dans la semi-obscurité dans laquelle je me trouve, je dois admettre que son entrée dans ma vie, sa demande de m'accompagner et surtout mon accord a dû murir chez moi, autant dans ma tête que, peut-être, dans les profondeurs de mon corps humain, mon corps de garçon. Ce geste inconsidéré qu'il vient d'avoir sur mon intimité est peut-être un signe du destin que je dois m'ouvrir au monde qui m'entoure, en particulier à ce garçon qui, du coup, symbolise tout ce que je n'ai pas, tout ce que j'ignore mais auquel peut-être j'aspire ou même que mon corps veut connaître. En cogitant ces réflexions, ma main est, comme par hasard, sur ce sexe qui il y a peu était dans sa main à lui. Et il a une certaine raideur, une raideur certaine même. J'entends Jules qui s'agite dans la pièce d'à côté.
Je me suis endormi et ce n'est pas seulement une bonne odeur de cuisine qui me fait ouvrir les yeux mais également une main dans mes cheveux… Je suis reposé, j'ai trop chaud, je suis en pleine forme, dans tous les sens du terme même si je ne suis pas conscient d'une certaine forme ! Le repas préparé par Jules est parfait avec une omelette aux lardons, le reste de salade fraiche et un fromage enfin à la bonne température. Le tout avec une bonne bouteille de vin rouge du Valais (un pinot noir d'un petit producteur pour ne rien vous cacher).
Après le repas, je le regarde dans les yeux en lui disant que je dois absolument lui expliquer le mouvement brutal que j'ai eu à son égard. Il m'a simplement dit :
Dehors le temps est radieux témoignant une fois de plus avec quelle rapidité la météo peut changer en montagne. Un vaste champ immaculé de neige se déploie devant moi et les cristaux de neige scintillent sous le soleil. Le thermomètre est descendu pendant la nuit à -22° mais heureusement il n'y a plus de vent sinon cela serait quasiment insupportable. Par contre la quantité de neige fraiche est telle que nous ne pourrons pas faire le beau tour vers les chamois comme je l'avais prévu car le danger d'avalanche est beaucoup trop grand. Heureusement, il y a d'autres possibilités, moins longues mais très belles également.
Malgré mon habitude, je frissonne sous la morsure du froid et je rentre à l'intérieur pour voir Jules qui a manifestement un urgent besoin de vider sa vessie. Je dois rire car il a revêtu sa doudoune qui le couvre jusqu'à la hauteur de son slip qui n'est qu'à moitié caché. Il s'excuse en disant "je n'y peux rien si je bande", ce que je n'aurais probablement pas remarqué s'il n'avait pas attiré mon attention. Du même coup, j'ai observé une tache curieuse sur le devant de son vêtement. Pendant le petit déjeuner, il n'est pas très bavard mais cela arrive à beaucoup de personnes. À ma question de savoir s'il a bien dormi il m'assure que oui mais j'observe qu'il rougit légèrement, il faut dire qu'il ne fait pas plus de 15° dans la pièce et je vois qu'il a froid aux jambes. Je vais chercher une couverture et je l'enveloppe du slip jusqu'aux jambes. Involontairement, j'ai effleuré son entrejambe et il a tressailli.
Avec le froid qu'il fait, cela ne sert à rien de partir trop vite, nous pouvons donc traîner pendant notre collation. À son tour il se renseigne pour savoir si ma nuit a été bonne et s'il ne m'a pas trop dérangé car il sait qu'il a tendance à passablement bouger. Je le rassure tout en lui disant que de toute façon, serrés comme nous l'étions, ses mouvements ne pouvaient qu'être limités au strict minimum. Il a alors fait une remarque que je n'ai pas comprise "oui, c'est vrai mais ce minimum est juste suffisant". Ce n'est pas parce que la température est fraîche qu'il ne faut pas faire un brin de toilette. Je me déshabille complètement et passe les parties vitales à l'eau froide, 10° constants, et je me décalotte comme je le fais chaque matin car je tiens à une hygiène scrupuleuse. Je remarque que Jules ne me perd pas des yeux, qu'il a l'air fasciné. Un spectateur attentif aurait relevé qu'il a glissé une de ses mains sous la couverture, laquelle a tendance à tomber. En ce qui me concerne, le même spectateur aurait également remarqué que mon pénis est au repos. Lorsque c'est son tour, je suis surpris en constatant que mon compagnon est totalement nu et je ne peux m'empêcher de me faire la remarque qu'il a de jolies fesses. Par contre je n'ai pas pris garde lorsqu'il s'est lavé, ou tout au moins mouillé les parties intimes.
La température est devenue très convenable et nous bavardons agréablement tout en sirotant un café pour moi, du thé pour lui. Je m'aperçois qu'il n'est finalement pas aussi pudique que je le pensais car lorsqu'il y faut enfiler la combinaison de ski, il n'a pas hésité à baisser son caleçon long pour y remettre de l'ordre. Dans le sac à dos, j'ai mis un saucisson cuit chez moi, du fromage et quatre pommes sans oublier une gourde d'eau et un autre de vin rouge : avec le saucisson c'est excellent. Les peaux de phoque ont été collées à l'intérieur et nous nous mettons en route.
Le départ d'une cabane ou de ma Bergerie, c'est pour moi un des moments que j'aime beaucoup, surtout dans les conditions extrêmes que nous avons avec la neige et le froid. C'est le départ vers l'aventure, contrôlée certes, mais l'aventure malgré tout. C'est le plaisir de l'effort à fournir, c'est apprécier l'immensité du silence, la beauté de la nature. Nous apercevons au loin un logopède (poule des neiges) qui à la belle saison possède un plumage brun mais qui en hiver devient entièrement blanc pour se protéger des prédateurs. J'ai pris mon rythme de marche en montagne, c’est-à-dire assez lent au départ mais avec une tendance à accélérer progressivement. Je vois bien que Jules a un peu de peine à soutenir mon allure mais je ne ralentis pas, il a voulu venir avec moi il n'a qu'à s'adapter. Ce n'est pas par méchanceté ou sadisme de ma part mais pour qu'il se rende compte des exigences de la montagne, la vraie, celle qui n'est pas envahie pour les touristes. La neige nouvellement tombée est tellement légère que faire la trace n'est vraiment pas pénible, même si les skis sont invisibles. Le sommet que je vise se rapproche mais la pente s'accentue et nous sommes à plus de trois mille mètres d'altitude. Cela ne me dérange pas mais pour Jules c'est autre chose aussi je ralentis notablement l'allure : je veux qu'il se rende compte de l'exigence de ce sport mais aussi qu'il ressente le plaisir de s'être vaincu lui-même lorsque le sommet est atteint. Nous y sommes, il est un peu essoufflé mais il réalise qu'il vient en quelque sorte de réaliser un petit exploit et surtout qu'il est en train de découvrir un monde et des sentiments qu'il ignorait totalement, même si la montagne ne lui est pas inconnue. Comme le veut la tradition lorsque on atteint un sommet, je le prends dans mes bras et je l'embrasse.
Nous enlevons les peaux de phoque, nous avalons rapidement de quoi reconstituer nos forces et c'est à ce moment, juste avant d'entamer la descente que je réalise que je ne connais pas vraiment les aptitudes de Jules sur les lattes. Certes, c'est un bon skieur sur piste mais là, en pleine montagne où il n'y a aucune trace, comment va-t-il se débrouiller ? Faire des virages sur une piste damée est une chose, en faire dans un mètre de neige fraîche en est une autre. Il va très agréablement me surprendre car non seulement il n'a pas de problèmes, même s'il fait quelques chutes spectaculaires, mais il descend avec beaucoup d'élégance. L'itinéraire que j'ai retenu nous fait descendre nettement plus bas que la Bergerie ce qui nous contraindra à remettre les peaux et à s'appuyer encore une bonne heure de remontée.
Nous arrivons peu avant seize heures et comme avant le départ j'avais chargé au maximum le fourneau, il règne une très agréable chaleur dans la pièce. La dernière montée nous a fait transpirer malgré le froid aussi je n'hésite pas à me dévêtir complètement pour me sécher avec un linge agréablement tiède car suspendu au-dessus du feu. Jules a pris du retard pour se changer, il a encore pantalon et chemise. Je me frotte vigoureusement sans me cacher, pourquoi me cacherais-je ? mais je remarque que Jules ne me perd pas des yeux. Cela m'étonne car je suis à peu près certain qu'il a déjà vu des corps nus dans son internat et le mien n'a vraiment rien de particuliers. Je ne sais si c'est le fait de sentir son regard peser sur moi, mais mon sexe accuse une légère érection ce qui me surprend un peu, ce n'est pas dans mes habitudes. La nudité ne me pose aucun problème, nous sommes tous fait de la même manière, et je fais comme chez moi, je ne me cache pas : je suis à poil lorsque je commence à défaire mon sac de montagne où j'ai mis, quand et pourquoi je n'en sais rien, un boxer.
La journée a été relativement rude ne serait-ce qu'en raison du froid aussi je propose à mon camarade d'aller faire un petit somme dans le dortoir où la température est correcte car j'avais laissé la petite porte ouverte. Mais avant, sans penser que je ne suis pas seul, j'ouvre la porte et vêtu de mon seul slip, je me jette dans la neige en me roulant, comme le fond les Nordiques en sortant du sauna. Jules est sidéré, hésite et me rejoint. Il veut également se rouler mais glisse et tombe sur moi d'où un moment de lutte amicale. Nos deux corps se touchent brièvement. Mais tout cela ne dure guère plus d'une minute et nous rentrons grelottant, le corps rougi par le froid. Je saisis un linge et je me mets à frotter vigoureusement le corps de Jules qui ne tarde pas à en faire autant pour moi. Pendant deux trois minutes nous sommes les deux à nous sécher, à nous réchauffer et à rire. Je remarque que Jules a une belle érection, son gland est à moitié découvert. Je remarque qu'il en est de même en ce qui me concerne mais je n'y prête pas attention plus que cela.
J'en ai fini avec Jules lorsque je sens soudain une main qui s'est saisie de mes testicules pour les caresser avec une grande douceur. Je suis comme paralysé car aucune main autre que la mienne ne s'est jamais posée sur moi, c'est quelque chose de totalement nouveau que toute ma raison repousse avec énergie sauf qu'à ce moment bien précis je ressens quelque chose que je n'ai jamais éprouvé non plus, quelque chose que je ne connais pas, qui me terrorise tout en m'incitant à me laisser faire. Jules me regarde en souriant, quelque chose lui a peut-être fait croire que je suis consentant alors que tout mon moi profond est horrifié. Le moment de stupeur passé, je le repousse violemment et je sors à l'extérieur, dans le froid glacial. Au bout de plusieurs minutes, je suis paralysé par le froid, mes habits sont à l'intérieur où je n'ai pas envie de retourner alors même que je prends conscience du danger mortel que je cours, dans peu de temps je ne serai plus capable de réagir, pourtant je reste. Une main me prend très doucement par le bras et me tire à l'intérieur tout en murmurant "pardon, pardonne-moi s'il te plait". La chaleur, toute relative, me fait tourner la tête, je m'effondre sur une chaise, tout tourne et devient noir… Mon étourdissement ne dure heureusement pas longtemps mais suffisamment pour que Jules ait eu le temps de m'emmitoufler dans une couverture. Je le regarde, c'est un peu flou mais je vois qu'il est blanc comme un linge, il a les yeux rouges et je comprends qu'il a eu la peur de sa vie. Lorsqu'il réalise que j'ai repris connaissance, son visage s'illumine de soulagement et il me tend immédiatement une tasse de thé bouillant, très sucré. Après chaque petite gorgée je sens une bouffée de chaleur qui envahit mon corps, le sang recircule jusque dans mes pieds, surtout le droit et je ressens une très forte douleur (la débattue dans le jargon des alpinistes) provoquée par le retour de la circulation sanguine. C'est presque insoutenable mais je sais également que c'est bon signe, mon pied est sauvé d'une grave engelure qui aurait pu mener jusqu'à l'amputation. Je reprends rapidement des forces et, en même temps, le souvenir de ce qui s'est passé me revient.
- Jules / Antoine, j'aimerais te dire combien je regrette ce geste qui…
- Antoine / S'il te plaît, ne te fâche pas mais laisse-moi un moment, j'ai besoin d'être seul pour faire le point, de réfléchir à tout ce qui s'est passé dans mon esprit durant les quelques secondes où tu m'as…, comment dire… tenu par mon sexe. Sache juste, que je ne t'en veux pas, nous resterons amis, quoi qu'il arrive. Va, laisse-moi ! Prépare notre dîner, tu viendras me chercher quand tu seras prêt.
Jules se retire, il ferme la porte et je suis effectivement seul même si nous ne sommes séparés que par une mince paroi en bois. Je ne suis pas encore totalement réchauffé, je ne claque plus des dents, le sang est presque revenu dans mon pied de sorte que la douleur est devenue supportable. Maintenant je peux réfléchir tranquillement.
Depuis des mois, des années, je vis reclus pour le travail et l'étude, au point que c'en est presque devenu une drogue si je n'avais pas cette compensation avec la nature et la montagne. Mais là encore, je suis seul, dans une solitude qui, certes, ne me pèse pas et que j'apprécie, trop probablement. Je ne m'occupe pas de moi car si tel était le cas, je ne serais plus seul mais avec deux moi. Et pourtant, depuis quelque temps j'observe, derrière son store ou dans la grande pièce, une ombre dont j'ai fini par découvrir qu'il s'agit d'un garçon un peu plus jeune que moi, d'un garçon qui semble s'intéresser à moi. Les premières fois, je n'y ai absolument pas prêté garde, puis cela m'a même franchement agacé avant de m'amuser, voire de me distraire ! Que peut-il bien regarder, je ne peux même pas imaginer que ce soit ma personne qui l'intéresse. Je n'ai aucune expérience sexuelle, mon corps ne m'intéresse pas à part mes masturbations hygiéniques, je suis un parfait puceau ! Et pourtant, le fait est là, il paraît se divertir à me regarder ce qui lui est facile car je n'ai pas de rideaux et donc il plonge carrément dans la pièce où je travaille tout comme la pièce d'à côté où j'ai mon lit. Un soir je l'ai aperçu, sans le vouloir bien sûr, dans son séjour en train de déambuler vêtu d'un seul boxer : je me souviens que je l'ai observé attentivement et que mon sexe à ma grande surprise s'est manifesté. Cet incident s'est passé environ trois semaines avant notre rencontre et il s'est répété plusieurs fois. J'en suis arrivé à attendre qu'il se manifeste mais j'avais un peu de peine à faire la liaison entre ses apparitions et l'émoi qui se manifestait chez moi, car ces manifestations étaient vraiment timides.
Dans la semi-obscurité dans laquelle je me trouve, je dois admettre que son entrée dans ma vie, sa demande de m'accompagner et surtout mon accord a dû murir chez moi, autant dans ma tête que, peut-être, dans les profondeurs de mon corps humain, mon corps de garçon. Ce geste inconsidéré qu'il vient d'avoir sur mon intimité est peut-être un signe du destin que je dois m'ouvrir au monde qui m'entoure, en particulier à ce garçon qui, du coup, symbolise tout ce que je n'ai pas, tout ce que j'ignore mais auquel peut-être j'aspire ou même que mon corps veut connaître. En cogitant ces réflexions, ma main est, comme par hasard, sur ce sexe qui il y a peu était dans sa main à lui. Et il a une certaine raideur, une raideur certaine même. J'entends Jules qui s'agite dans la pièce d'à côté.
Je me suis endormi et ce n'est pas seulement une bonne odeur de cuisine qui me fait ouvrir les yeux mais également une main dans mes cheveux… Je suis reposé, j'ai trop chaud, je suis en pleine forme, dans tous les sens du terme même si je ne suis pas conscient d'une certaine forme ! Le repas préparé par Jules est parfait avec une omelette aux lardons, le reste de salade fraiche et un fromage enfin à la bonne température. Le tout avec une bonne bouteille de vin rouge du Valais (un pinot noir d'un petit producteur pour ne rien vous cacher).
Après le repas, je le regarde dans les yeux en lui disant que je dois absolument lui expliquer le mouvement brutal que j'ai eu à son égard. Il m'a simplement dit :