CHAPITRE II - (Suite)
L’après-midi a passé rapidement. Je suis venu à bout des cartons éventrés. Les meubles ont pris place à leur emplacement définitif et les ordinateurs ont trouvé refuge tantôt sous le plan de travail du bureau, tantôt au-dessus. Je pousse un soupir de satisfaction devant le travail accompli. Tout est maintenant opérationnel.
Je prends quelques minutes pour m’allonger sur le canapé, un coussin sous la nuque. Je ferme les yeux pour savourer l’instant présent, envisager ma nouvelle vie dans cette ville côtière où j’ai tout à reconstruire.
J’aime la mer. J’aime le sable. J’aime le vent. J’aime la pluie et le soleil, j’aime les femmes. J’aime les charmes originaux qu’offre la nature et ça tombe bien car ici, il y a tout cela mais ça, je ne le sais pas encore. Du Nord, j’ai comme référence « Bienvenue chez les ch’tis ». Certes c’est probablement assez stéréotypé mais ça donne déjà le « la » au moins dans les grandes lignes.
Venant du couloir de l’immeuble, j’entends un bruit de serrure étouffé ; une porte qui s’ouvre et se referme puis le silence. Il est 18h00. Je décide de prendre la température dehors, histoire de voir les possibilités qu’offre la station touristique.
Dans la rue principale, ça grouille de monde. En pleine pandémie, les masques sont relégués aux oubliettes et la distanciation sociale a bien du mal à marquer le pas. Devant le glacier, ils sont nombreux à attendre leur tour. Les tables des terrasses semblent s’être rapprochées immuablement les unes des autres. Le mètre de référence a dû fondre au soleil, je ne vois pas d’autre alternative.
Sur une rue perpendiculaire, à la terrasse du « Bureau », je trouve une table déserte un peu plus écartée des autres. Je m’y installe.
- Une Leffe s’il vous plaît.
C’est la bière que je préfère, bien fraîche avec un zeste de mousse qui se dépose sur la lèvre supérieure, plaisir suprême annonciateur du liquide ambré si caractéristique.
- En bouteille ou en pression ? Me demande la serveuse avec son sourire masqué.
- En pression merci, répondis-je.
Elle passe un coup de chiffon sur la table et je devine à travers le chemisier entre-ouvert des seins libres de tout mouvement. Elle est jeune. Dix-huit, vingt ans maxi, d’apparence banale ; des fesses qui immuablement vont finir par déborder tôt ou tard mais qui pour l’heure se fondent à la perfection dans le jean noir estampillé par la maison.
Je me demande quel regard elle porte sur ses clients. Féline, elle a je suis sûr intercepté mon regard qui tout aussi furtif qu’il soit, s’est posé discrètement sur la générosité de ses formes féminines.
De mon côté, il n’y a pas de convoitise, juste le plaisir de percevoir ici la beauté, la grâce, là le petit quelque chose qui fait qu’elle sera différente des autres et qu’elle restera un peu plus longtemps imprimée dans ma mémoire. Libre court d’alimenter par la suite le temps d’une nuit ou d’un songe mes fantasmes nocturnes les plus téméraires, ceux qui vont resurgir de mon subconscient en toute innocence.
Mes pensées ou mes rêves sont souvent érotiques, rarement pornographiques bien que parfois, s’agissant de mes rêves, je ne contrôle pas réellement la situation de bout en bout.
Intrigué, je suis intrigué par cette femme sur son balcon, seule. Que faisait-elle ? Est-elle aussi seule qu’elle le paraît ? A-t ‘elle été réveillée par le cri des chats tout comme moi je l’ai été ? Pourquoi s’est-elle réfugiée aussi rapidement dans son appartement alors que rien ne pressait ?
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai adoré ses yeux amusés. Je revois son visage ovale, ses cheveux longs qui disparaissaient derrière ses épaules, son sourire discret lorsqu’elle m’a découvert en boxer comme unique rempart à ma nudité, mais je ne me rappelle plus de la forme de ses lèvres, ni même de l’empreinte de son nez. Elle ne m’a pas semblé bien grande. Un mètre cinquante, un mètre soixante environ, plutôt frêle qu’enrobée mais sous le paréo, impossible de valider.
Je m’en veux de cette mémoire qui vacille parfois, incapable de fiabiliser les informations que j’estime essentielles.
Deux jeunes filles passent devant ma table, les vêtements aériens, très courts. Elles se tiennent par le bras. Elles discutent et rient toutes les deux tout en déambulant dans la rue en toute désinvolture. Elles sont belles sous leur teint basané. D’ailleurs toutes les têtes masculines les suivent discrètement du regard sous l’œil désapprobateur de leur compagne. C’est toujours rigolo à observer.
Je règle ma consommation et je quitte le troquet pour partir en quête d’un lieu de restauration rapide. La journée a été éreintante et demain c’est le week-end. Je vais en profiter pour souffler un peu et visiter les environs.
Il est presque vingt-deux heures lorsque j’arrive au pied de mon immeuble. Il fait encore jour même si la lune en phase décroissante est déjà présente dans le ciel. Je prends un peu de recul pour localiser mon appartement. L’immeuble est calme pour la saison. Très peu de lumière dans les appartements et nombreux sont les volets fermés, témoin de l’inoccupation des locaux. Avec le covid-19, il n’y a pas foule, c’est le moins qu’on puisse dire et ce constat contraste fortement avec le nombre de badauds en centre-ville.
Deuxième étage, c’est bien lui au centre avec la porte fenêtre que j’ai laissée entre-ouverte. A gauche, la lumière filtre à travers les voilages. A droite les volets sont clos.
Dans l’entrée de l’immeuble, je cherche ma boite aux lettres. Je la repère facilement puisqu’elle ne porte pas de nom et la clé que je dispose ouvre la porte. Sur la boite à côté, je peux lire Mme Joy Martine. Je souris sur ce prénom sorti de je ne sais où, plutôt atypique.
Joy, ça tourne dans ma tête, ça résonne agréablement. J’aime beaucoup. Mais ce qui me rend encore plus fébrile c’est que devant ce magnifique prénom, il n’y a juste que « Mme ».
J’emprunte les escaliers en me raisonnant. Je ne connais cette femme ni d’Adam ni d’Eve même si la nuit dernière ....
L’après-midi a passé rapidement. Je suis venu à bout des cartons éventrés. Les meubles ont pris place à leur emplacement définitif et les ordinateurs ont trouvé refuge tantôt sous le plan de travail du bureau, tantôt au-dessus. Je pousse un soupir de satisfaction devant le travail accompli. Tout est maintenant opérationnel.
Je prends quelques minutes pour m’allonger sur le canapé, un coussin sous la nuque. Je ferme les yeux pour savourer l’instant présent, envisager ma nouvelle vie dans cette ville côtière où j’ai tout à reconstruire.
J’aime la mer. J’aime le sable. J’aime le vent. J’aime la pluie et le soleil, j’aime les femmes. J’aime les charmes originaux qu’offre la nature et ça tombe bien car ici, il y a tout cela mais ça, je ne le sais pas encore. Du Nord, j’ai comme référence « Bienvenue chez les ch’tis ». Certes c’est probablement assez stéréotypé mais ça donne déjà le « la » au moins dans les grandes lignes.
Venant du couloir de l’immeuble, j’entends un bruit de serrure étouffé ; une porte qui s’ouvre et se referme puis le silence. Il est 18h00. Je décide de prendre la température dehors, histoire de voir les possibilités qu’offre la station touristique.
Dans la rue principale, ça grouille de monde. En pleine pandémie, les masques sont relégués aux oubliettes et la distanciation sociale a bien du mal à marquer le pas. Devant le glacier, ils sont nombreux à attendre leur tour. Les tables des terrasses semblent s’être rapprochées immuablement les unes des autres. Le mètre de référence a dû fondre au soleil, je ne vois pas d’autre alternative.
Sur une rue perpendiculaire, à la terrasse du « Bureau », je trouve une table déserte un peu plus écartée des autres. Je m’y installe.
- Une Leffe s’il vous plaît.
C’est la bière que je préfère, bien fraîche avec un zeste de mousse qui se dépose sur la lèvre supérieure, plaisir suprême annonciateur du liquide ambré si caractéristique.
- En bouteille ou en pression ? Me demande la serveuse avec son sourire masqué.
- En pression merci, répondis-je.
Elle passe un coup de chiffon sur la table et je devine à travers le chemisier entre-ouvert des seins libres de tout mouvement. Elle est jeune. Dix-huit, vingt ans maxi, d’apparence banale ; des fesses qui immuablement vont finir par déborder tôt ou tard mais qui pour l’heure se fondent à la perfection dans le jean noir estampillé par la maison.
Je me demande quel regard elle porte sur ses clients. Féline, elle a je suis sûr intercepté mon regard qui tout aussi furtif qu’il soit, s’est posé discrètement sur la générosité de ses formes féminines.
De mon côté, il n’y a pas de convoitise, juste le plaisir de percevoir ici la beauté, la grâce, là le petit quelque chose qui fait qu’elle sera différente des autres et qu’elle restera un peu plus longtemps imprimée dans ma mémoire. Libre court d’alimenter par la suite le temps d’une nuit ou d’un songe mes fantasmes nocturnes les plus téméraires, ceux qui vont resurgir de mon subconscient en toute innocence.
Mes pensées ou mes rêves sont souvent érotiques, rarement pornographiques bien que parfois, s’agissant de mes rêves, je ne contrôle pas réellement la situation de bout en bout.
Intrigué, je suis intrigué par cette femme sur son balcon, seule. Que faisait-elle ? Est-elle aussi seule qu’elle le paraît ? A-t ‘elle été réveillée par le cri des chats tout comme moi je l’ai été ? Pourquoi s’est-elle réfugiée aussi rapidement dans son appartement alors que rien ne pressait ?
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai adoré ses yeux amusés. Je revois son visage ovale, ses cheveux longs qui disparaissaient derrière ses épaules, son sourire discret lorsqu’elle m’a découvert en boxer comme unique rempart à ma nudité, mais je ne me rappelle plus de la forme de ses lèvres, ni même de l’empreinte de son nez. Elle ne m’a pas semblé bien grande. Un mètre cinquante, un mètre soixante environ, plutôt frêle qu’enrobée mais sous le paréo, impossible de valider.
Je m’en veux de cette mémoire qui vacille parfois, incapable de fiabiliser les informations que j’estime essentielles.
Deux jeunes filles passent devant ma table, les vêtements aériens, très courts. Elles se tiennent par le bras. Elles discutent et rient toutes les deux tout en déambulant dans la rue en toute désinvolture. Elles sont belles sous leur teint basané. D’ailleurs toutes les têtes masculines les suivent discrètement du regard sous l’œil désapprobateur de leur compagne. C’est toujours rigolo à observer.
Je règle ma consommation et je quitte le troquet pour partir en quête d’un lieu de restauration rapide. La journée a été éreintante et demain c’est le week-end. Je vais en profiter pour souffler un peu et visiter les environs.
Il est presque vingt-deux heures lorsque j’arrive au pied de mon immeuble. Il fait encore jour même si la lune en phase décroissante est déjà présente dans le ciel. Je prends un peu de recul pour localiser mon appartement. L’immeuble est calme pour la saison. Très peu de lumière dans les appartements et nombreux sont les volets fermés, témoin de l’inoccupation des locaux. Avec le covid-19, il n’y a pas foule, c’est le moins qu’on puisse dire et ce constat contraste fortement avec le nombre de badauds en centre-ville.
Deuxième étage, c’est bien lui au centre avec la porte fenêtre que j’ai laissée entre-ouverte. A gauche, la lumière filtre à travers les voilages. A droite les volets sont clos.
Dans l’entrée de l’immeuble, je cherche ma boite aux lettres. Je la repère facilement puisqu’elle ne porte pas de nom et la clé que je dispose ouvre la porte. Sur la boite à côté, je peux lire Mme Joy Martine. Je souris sur ce prénom sorti de je ne sais où, plutôt atypique.
Joy, ça tourne dans ma tête, ça résonne agréablement. J’aime beaucoup. Mais ce qui me rend encore plus fébrile c’est que devant ce magnifique prénom, il n’y a juste que « Mme ».
J’emprunte les escaliers en me raisonnant. Je ne connais cette femme ni d’Adam ni d’Eve même si la nuit dernière ....
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