08-08-2020, 02:16 PM
2eme ANNEE 1er semestre : (10 / 100) (CHU)
René coche sur son agenda la semaine qui vient de s’écouler en poussant un long soupire de satisfaction, la semaine qui arrive annonce l’arrivée des nouveaux internes et il sourit, le retour de Florian parmi eux.
La liste d’attente commence à s’allonger et certains cas très rares malgré tout méritent d’être traités rapidement alors que tous les autres plus bénins auraient pu très facilement être pris en charge sans attendre par lui-même ou n’importe lequel de ses collègues.
Seulement voilà, le personnel hospitalier ne jure plus que par « tu sais qui » et en viennent même à renier certains praticiens à la réputation pourtant irréprochable.
L’équipe "spéciale" étant réunie dans la salle de repos, l’effervescence règne autour d’eux pour savoir si c’est bien le jour tant attendu du retour de Florian.
Quand il apparaît ce matin-là vêtu de sa blouse blanche et de son badge l’autorisant à circuler dans tout l’établissement, c’est l’allégresse générale autour de lui et tous sourient devant sa bouille espiègle et la joie de vivre qu’ils peuvent lire dans ses yeux.
Julien est là lui aussi un peu nerveux malgré tout car c’est sa première journée et il ne connaît pas encore les rituels de l’établissement, il reste collé à Maxime qui d’ailleurs ne s’en plaint pas le moins du monde et examine avec attention tout ce qui se passe autour de lui.
L’arrivée de Florian le marque fortement car il ne s’attendait certainement pas à cette quasi-adoration qui émane des personnes qui croisent son passage, il descend avec toute l’équipe au sous-sol et se retrouve dans l’intimité de leur petite bande d’amis dans une pièce spécialement réservée pour eux.
Le naturel entre eux revient aussitôt la porte fermée et l’organisation des interventions de la matinée se fait sans anicroche, personne ne cherchant à imposer ses idées sur le sujet.
- (Maxime) Tu viens « Juju » nous allons chercher le premier patient, Émilie et « Ju » vont préparer le bloc.
- (Je regarde Julien) Pas trop le trac pour ton premier jour ?
- Bah si un peu quand même !
- Pour l’instant tu te contentes de regarder, dans quelques temps une fois que tu te sentiras prêt, je t’expliquerai comment agir et tu pourras t’y mettre progressivement.
- D’accord « Flo » !
Émilie en le prenant doucement par la manche.
- Allez viens ! Il est temps de se mettre au boulot.
Je termine mon café et ensuite j’entre dans la salle où seront pratiquées les anesthésies car bien sûr les patients même s’ils sont pour la plupart au courant par leur famille doivent éviter de me voir afin de ne pas laisser échapper des informations par inadvertance.
Une fois la mise au point faite avec l’anesthésiste de garde, j’entre en salle blanche et commence à me préparer.
Ensuite je ne vois plus le temps passer, seul les quelques paroles encore nécessaires pour certaines actions résonnent dans la salle et il est plus de quinze heures quand Maxime me pose la main sur l’épaule en me tendant un grand verre d’eau les yeux marquant un immense respect.
- C’était le dernier pour aujourd’hui, tu es devenu une vraie machine à opérer ma parole ! Rien ne t’arrête !
- (Julien estomaqué) Il faut l’avoir vu pour y croire.
- (Je le regarde surpris) De quoi tu parles « Ju » ?
- Mais ! De ce que tu viens de faire tiens ! Si j’en crois ce que j’ai appris jusqu’à maintenant, ce que tu as réalisé ce matin correspond au travail d’au moins trois spécialités différentes.
- Ah oui ? Possible mais j’essaie d’être pluridisciplinaire, c’est moins rengaine tu comprends ?
Julien ahuri regarde les autres personnes de l’équipe qui le regardent eux avec amusement.
- Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?
- (« Juju ») Rien « Ju » t’inquiète, juste que nous étions comme toi au début, maintenant tout nous paraît si facile avec « Flo » que ça nous fait du bien d’entendre des paroles comme les tiennes qui sont tout à fait normales et qui nous remettent un peu les pieds sur terre.
- (Maxime) Mais tu vas très vite devenir comme nous, tu verras, d’ici quelques mois tu n’y feras même plus attention.
- (Émilie) Par contre pour ton diplôme ça risque de te poser un problème, quand tu devras choisir ta spécialisation car tu vas toi aussi prendre l’habitude de sauter du coq à l’âne et si c’est trop dur pour toi n’hésite pas à nous en parler.
La porte s’ouvre brusquement et René soupire visiblement soulagé de nous voir encore tous là.
- J’ai besoin de vous les gars !
J’arrête de déboutonner ma blouse).
- Un problème ?
- Plutôt oui, je sors de la maternité. Une naissance difficile et la mère fait une double hémorragie, en plus les jumeaux qu’elle vient de mettre au monde sont reliés par la colonne vertébrale.
2eme ANNEE 1er semestre : (11 / 100) (CHU) (suite)
- (Je lui demande curieux) Quelqu’un les a vus ?
René comprenant le but de ma question.
- Non justement.
- Tu t’occupes de la mère ?
- Frédéric s’en occupe oui, tu crois pouvoir faire quelque chose pour eux ?
- De toute façon on n’a pas le choix, non ? Tu leur donnes combien de temps si nous ne faisons rien ?
- Très peu je le crains, tu t’en occupes alors ?
- Pas de soucis René, allez-vous autres ! Préparez-moi la salle et j’ai besoin d’un scan et d’une radio pour me rendre compte.
René en souriant visiblement soulagé que je prenne les choses en mains.
- Je m’en occupe « Flo » je savais bien que tu ne les laisserais pas tomber.
- J’aurai besoin de Frédéric, dès qu’il a terminé avec la mère demande lui de rappliquer fissa, d’accord ?
- Entendu ! Je te les amène d’ici une demi-heure, c’est bon pour toi ?
- Ouaih t’inquiète ! « Ju » ? Va avec René et tu m’amènes les résultats d’examens le plus vite possible, ok ?
- (Julien) Ok « Flo »
- Maxime ? J’ai besoin du microlaser, occupe t’en s’il te plaît et toi « Milie » cours en « bio » j’ai besoin de Carole pour des prélèvements de cellules, tu lui dis qu’elle va devoir faire des heures supplémentaires car je vais avoir besoin de peau très rapidement. Dis-lui que je lui laisse un mois pas plus pour les greffons et qu’elle en fasse le plus possible, j’espère pouvoir en refermer un aujourd’hui, mais les deux ce n’est pas possible.
Pendant que tout le monde s’active, je vais m’asseoir et je prends le temps de me remémorer tout ce que j’ai appris sur la séparation des bébés dits « siamois », les chances de sauver les deux enfants sont infimes et je sais qu’il me faudra opérer en priorité sur celui des deux qui sera le plus fort quitte à ne pas avoir le temps de m’occuper de l’autre.
L’idée bien sûr m’est intolérable mais de toute façon je suis parfaitement conscient que je n’ai pas vraiment le choix, je suis interrompu dans mes pensées par « Ju » qui revient déjà avec les radios et le cd du scanner.
J’examine avec soin toutes ces informations et je me fais une idée de comment intervenir sur les petits bouts de chou qui pèsent à peine deux kilos et demi chacun.
Poids suffisant pour que les chances de réussites de l’intervention soient suffisamment élevées, intervention qui devient vite évidente pour moi et je dois reconnaître qu’il y a beaucoup d’incertitudes quant aux résultats et la réussite de l’opération.
La demi-heure est à peine passée qu’un chariot sur lequel est posée une couveuse raccordée à un système automatique alimenté par un jeu de batteries arrive, les deux nouveau-nés collés dos à dos dorment paisiblement et j’ai un petit moment de stress à l’idée de ce que je vais devoir leur faire subir.
L’anesthésie étant évidemment impossible vu les circonstances, je vais profiter que leur cerveau ne soit pas encore sujet aux stimuli de la douleur pour intervenir au plus vite sur eux.
Frédéric entre et se dirige tout de suite vers moi et contemple tristement les nourrissons. Je peux lire dans ses yeux ce qu’il pense de tout ça.
Pour lui il n’y a quasiment aucun espoir de pouvoir les sauver, je lui prends la main et la lui serre doucement essayant par ce simple geste de lui redonner un peu de confiance.
- Nous allons faire tout notre possible « p’pa », de toute façon si nous ne faisons rien ils ne survivront pas. La chance c’est qu’ils ont chacun une colonne vertébrale et que ce qui les relie n’est que musculaire, nerveux et épidermique.
Frédéric regarde Florian avec ahurissement.
- Que !!!!
- Eh bien oui quoi ! S’ils n’avaient eu qu’une colonne vertébrale pour eux deux, je n’aurai eu que l’espoir de n’en sauver qu’un seul alors que là tout est encore possible.
- (Frédéric soufflé) Tu t’en sens vraiment capable ? Tu sais que très peu de ses opérations ont été un succès ? D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu as tenu à ce que je sois avec toi parce que je ne me sens pas capable de t’aider beaucoup.
- J’ai un schéma directeur pour ce qu’il y a à faire mais j’aurai besoin de toi à un moment car il me faudra une troisième main sûre.
J’explique alors comment je vois l’intervention et ce que chacun devra faire pour m’aider du mieux qu’ils pourront, je répète une deuxième et une troisième fois jusqu’à ce que je sois certain que chacun a bien compris son rôle dans les prochaines heures.
Je vérifie une dernière fois le matériel et les divers pansements dont j’aurai besoin pour protéger celui des deux qui restera un long mois en attente des greffons qui lui seront nécessaires pour le reconstruire.
Quand enfin tout est prêt, je ferme un instant les yeux conscients de ce que je vais entreprendre et des implications que cela aura pour les deux petits êtres toujours endormis.
J’ouvre les yeux en soupirant.
- Bon ! Allez ! C’est parti !
2eme ANNEE 1er semestre : (12 / 100) (CHU) (suite)
Les deux petits sont déposés précautionneusement sur le bloc, les raccordements aux divers appareils de survie sont menés de mains de maîtres avec une extrême douceur.
Le laser est disposé au-dessus d’eux et je me place devant l’écran le joystick en main, un bon quart d’heure m’est nécessaire pour effectuer tous les réglages que je juge impératif au bon déroulement de ce qui va suivre.
Maxime et Frédéric quand je leur en donne l’ordre se mettent en position et maintiennent d’une main ferme chacun un des bébés pendant que j’actionne délicatement le laser et que je commence la séparation.
J’ai préféré cette méthode plus précise que la méthode manuelle malgré que cette façon de faire ne soit pas des plus orthodoxes car un seul faux mouvement de la part des bébés, de ceux qui les maintiennent ou de moi pourrait être catastrophique quant aux conséquences.
Seulement la précision est telle que le risque en vaut la chandelle et permettra de minimiser ensuite le reste de l’intervention.
La dose très légère de gaz éthéré mélangé à l’oxygène auquel les nourrissons sont branchés fait l’effet escompté et les maintient en état de sommeil, ce qui aide beaucoup à l’intervention délicate que je mène sur eux.
Une fois la séparation terminée, ils sont mis sur le ventre et commence pour moi le plus difficile.
Le choix du premier bébé sur lequel intervenir qui lui donnera le plus de chance de réussite, je vais à l’encontre de toutes les choses écrites sur le sujet et je choisis celui qui me semble le plus faible.
Frédéric ne dit rien mais suit mes instructions et s’occupe de l’autre, se contentant d’éponger et de lui appliquer les antiseptiques préparés à cet effet pendant que je m’occupe des terminaisons nerveuses tranchées du frère et que je les relie de façon à lui conserver le plus de connexions possibles afin qu’ils puissent en grandissant se reconstruire et ressentir à nouveau le chaud, le froid, la douleur et les caresses sur cette partie de son anatomie.
Une fois satisfait du résultat, je m’occupe des muscles et les replace au mieux afin qu’eux aussi se reforment et remplissent leurs rôles.
La « chance » est que chaque enfant avait ses ligaments et ses tendons qui les rattachent aux os et que la coupure s’est faite dans la masse musculaire qui devrait vite retrouver son intégralité de par les cellules-souches qui vont le reconstituer grâce à la mémoire du génome.
Je surveille fréquemment les moniteurs afin de pallier le cas échéant à tout risque qui pourrait mettre en péril le processus vital du bébé.
Julien ("Ju") est comme hypnotisé par la contemplation de son ami, il reste scotché par le déroulement de l’opération qui se passe sous ses yeux.
La précision des gestes, l’assurance de Florian qui de toute évidence n’a aucune hésitation quand à ce qu’il doit faire et les résultats extraordinaires qu’il ne peut que constater quand il voit petit à petit les chairs se cautériser et reprendre leurs places.
Maxime refrène avec beaucoup de difficulté l’émotion qui l’étreint à la vue de ces petites choses sanguinolentes et si fragiles, lui aussi reste ébahi de l’aisance des mains de Florian qui jamais n’hésitent et qui œuvrent à la guérison des petits.
Il voit ses doigts habiles effectuer comme un ballet à la chorégraphie parfaite, le silence de la salle ou tout comme lui chacun retient son souffle et effectue les gestes strictement nécessaires quand Florian le leur demande d’une voix calme et parfaitement maîtrisée.
Frédéric assiste Florian comme un interne son tuteur, il a l’impression de découvrir la chirurgie tellement il découvre chaque geste comme l’apprentissage d’une nouvelle méthode qui jusque-là était ignorée de tous et qui pourtant paraît si évidente une fois qu’elle est réalisée devant lui.
L’état serein de « Flo » alors que rien que la pensée de l’acte qu’il réalise, devrait à ses yeux lui donner un nombre incalculable d’hésitations le conforte dans la pensée que le jeune garçon a vraiment un don pour tout ce qu’il entreprend.
Florian loin de toutes ses pensées sur ses qualités de chirurgien continue de dérouler dans sa tête et dans ses actes la méthode qu’il a décidé de mener à bien pour sauver les deux enfants.
Il termine les points de sutures sur le premier et laisse « Juju » s’occuper de la pose des pansements et des antiseptiques avant de remettre le petit être dans la couveuse.
Une grimace vient marquer son visage quand il passe à l’autre bébé, le manque d’épiderme et de chair dévoile quasiment l’ossature du bébé et il a un moment d’arrêt face à la difficulté qu’il va avoir à le sortir d’affaire.
René coche sur son agenda la semaine qui vient de s’écouler en poussant un long soupire de satisfaction, la semaine qui arrive annonce l’arrivée des nouveaux internes et il sourit, le retour de Florian parmi eux.
La liste d’attente commence à s’allonger et certains cas très rares malgré tout méritent d’être traités rapidement alors que tous les autres plus bénins auraient pu très facilement être pris en charge sans attendre par lui-même ou n’importe lequel de ses collègues.
Seulement voilà, le personnel hospitalier ne jure plus que par « tu sais qui » et en viennent même à renier certains praticiens à la réputation pourtant irréprochable.
L’équipe "spéciale" étant réunie dans la salle de repos, l’effervescence règne autour d’eux pour savoir si c’est bien le jour tant attendu du retour de Florian.
Quand il apparaît ce matin-là vêtu de sa blouse blanche et de son badge l’autorisant à circuler dans tout l’établissement, c’est l’allégresse générale autour de lui et tous sourient devant sa bouille espiègle et la joie de vivre qu’ils peuvent lire dans ses yeux.
Julien est là lui aussi un peu nerveux malgré tout car c’est sa première journée et il ne connaît pas encore les rituels de l’établissement, il reste collé à Maxime qui d’ailleurs ne s’en plaint pas le moins du monde et examine avec attention tout ce qui se passe autour de lui.
L’arrivée de Florian le marque fortement car il ne s’attendait certainement pas à cette quasi-adoration qui émane des personnes qui croisent son passage, il descend avec toute l’équipe au sous-sol et se retrouve dans l’intimité de leur petite bande d’amis dans une pièce spécialement réservée pour eux.
Le naturel entre eux revient aussitôt la porte fermée et l’organisation des interventions de la matinée se fait sans anicroche, personne ne cherchant à imposer ses idées sur le sujet.
- (Maxime) Tu viens « Juju » nous allons chercher le premier patient, Émilie et « Ju » vont préparer le bloc.
- (Je regarde Julien) Pas trop le trac pour ton premier jour ?
- Bah si un peu quand même !
- Pour l’instant tu te contentes de regarder, dans quelques temps une fois que tu te sentiras prêt, je t’expliquerai comment agir et tu pourras t’y mettre progressivement.
- D’accord « Flo » !
Émilie en le prenant doucement par la manche.
- Allez viens ! Il est temps de se mettre au boulot.
Je termine mon café et ensuite j’entre dans la salle où seront pratiquées les anesthésies car bien sûr les patients même s’ils sont pour la plupart au courant par leur famille doivent éviter de me voir afin de ne pas laisser échapper des informations par inadvertance.
Une fois la mise au point faite avec l’anesthésiste de garde, j’entre en salle blanche et commence à me préparer.
Ensuite je ne vois plus le temps passer, seul les quelques paroles encore nécessaires pour certaines actions résonnent dans la salle et il est plus de quinze heures quand Maxime me pose la main sur l’épaule en me tendant un grand verre d’eau les yeux marquant un immense respect.
- C’était le dernier pour aujourd’hui, tu es devenu une vraie machine à opérer ma parole ! Rien ne t’arrête !
- (Julien estomaqué) Il faut l’avoir vu pour y croire.
- (Je le regarde surpris) De quoi tu parles « Ju » ?
- Mais ! De ce que tu viens de faire tiens ! Si j’en crois ce que j’ai appris jusqu’à maintenant, ce que tu as réalisé ce matin correspond au travail d’au moins trois spécialités différentes.
- Ah oui ? Possible mais j’essaie d’être pluridisciplinaire, c’est moins rengaine tu comprends ?
Julien ahuri regarde les autres personnes de l’équipe qui le regardent eux avec amusement.
- Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?
- (« Juju ») Rien « Ju » t’inquiète, juste que nous étions comme toi au début, maintenant tout nous paraît si facile avec « Flo » que ça nous fait du bien d’entendre des paroles comme les tiennes qui sont tout à fait normales et qui nous remettent un peu les pieds sur terre.
- (Maxime) Mais tu vas très vite devenir comme nous, tu verras, d’ici quelques mois tu n’y feras même plus attention.
- (Émilie) Par contre pour ton diplôme ça risque de te poser un problème, quand tu devras choisir ta spécialisation car tu vas toi aussi prendre l’habitude de sauter du coq à l’âne et si c’est trop dur pour toi n’hésite pas à nous en parler.
La porte s’ouvre brusquement et René soupire visiblement soulagé de nous voir encore tous là.
- J’ai besoin de vous les gars !
J’arrête de déboutonner ma blouse).
- Un problème ?
- Plutôt oui, je sors de la maternité. Une naissance difficile et la mère fait une double hémorragie, en plus les jumeaux qu’elle vient de mettre au monde sont reliés par la colonne vertébrale.
2eme ANNEE 1er semestre : (11 / 100) (CHU) (suite)
- (Je lui demande curieux) Quelqu’un les a vus ?
René comprenant le but de ma question.
- Non justement.
- Tu t’occupes de la mère ?
- Frédéric s’en occupe oui, tu crois pouvoir faire quelque chose pour eux ?
- De toute façon on n’a pas le choix, non ? Tu leur donnes combien de temps si nous ne faisons rien ?
- Très peu je le crains, tu t’en occupes alors ?
- Pas de soucis René, allez-vous autres ! Préparez-moi la salle et j’ai besoin d’un scan et d’une radio pour me rendre compte.
René en souriant visiblement soulagé que je prenne les choses en mains.
- Je m’en occupe « Flo » je savais bien que tu ne les laisserais pas tomber.
- J’aurai besoin de Frédéric, dès qu’il a terminé avec la mère demande lui de rappliquer fissa, d’accord ?
- Entendu ! Je te les amène d’ici une demi-heure, c’est bon pour toi ?
- Ouaih t’inquiète ! « Ju » ? Va avec René et tu m’amènes les résultats d’examens le plus vite possible, ok ?
- (Julien) Ok « Flo »
- Maxime ? J’ai besoin du microlaser, occupe t’en s’il te plaît et toi « Milie » cours en « bio » j’ai besoin de Carole pour des prélèvements de cellules, tu lui dis qu’elle va devoir faire des heures supplémentaires car je vais avoir besoin de peau très rapidement. Dis-lui que je lui laisse un mois pas plus pour les greffons et qu’elle en fasse le plus possible, j’espère pouvoir en refermer un aujourd’hui, mais les deux ce n’est pas possible.
Pendant que tout le monde s’active, je vais m’asseoir et je prends le temps de me remémorer tout ce que j’ai appris sur la séparation des bébés dits « siamois », les chances de sauver les deux enfants sont infimes et je sais qu’il me faudra opérer en priorité sur celui des deux qui sera le plus fort quitte à ne pas avoir le temps de m’occuper de l’autre.
L’idée bien sûr m’est intolérable mais de toute façon je suis parfaitement conscient que je n’ai pas vraiment le choix, je suis interrompu dans mes pensées par « Ju » qui revient déjà avec les radios et le cd du scanner.
J’examine avec soin toutes ces informations et je me fais une idée de comment intervenir sur les petits bouts de chou qui pèsent à peine deux kilos et demi chacun.
Poids suffisant pour que les chances de réussites de l’intervention soient suffisamment élevées, intervention qui devient vite évidente pour moi et je dois reconnaître qu’il y a beaucoup d’incertitudes quant aux résultats et la réussite de l’opération.
La demi-heure est à peine passée qu’un chariot sur lequel est posée une couveuse raccordée à un système automatique alimenté par un jeu de batteries arrive, les deux nouveau-nés collés dos à dos dorment paisiblement et j’ai un petit moment de stress à l’idée de ce que je vais devoir leur faire subir.
L’anesthésie étant évidemment impossible vu les circonstances, je vais profiter que leur cerveau ne soit pas encore sujet aux stimuli de la douleur pour intervenir au plus vite sur eux.
Frédéric entre et se dirige tout de suite vers moi et contemple tristement les nourrissons. Je peux lire dans ses yeux ce qu’il pense de tout ça.
Pour lui il n’y a quasiment aucun espoir de pouvoir les sauver, je lui prends la main et la lui serre doucement essayant par ce simple geste de lui redonner un peu de confiance.
- Nous allons faire tout notre possible « p’pa », de toute façon si nous ne faisons rien ils ne survivront pas. La chance c’est qu’ils ont chacun une colonne vertébrale et que ce qui les relie n’est que musculaire, nerveux et épidermique.
Frédéric regarde Florian avec ahurissement.
- Que !!!!
- Eh bien oui quoi ! S’ils n’avaient eu qu’une colonne vertébrale pour eux deux, je n’aurai eu que l’espoir de n’en sauver qu’un seul alors que là tout est encore possible.
- (Frédéric soufflé) Tu t’en sens vraiment capable ? Tu sais que très peu de ses opérations ont été un succès ? D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu as tenu à ce que je sois avec toi parce que je ne me sens pas capable de t’aider beaucoup.
- J’ai un schéma directeur pour ce qu’il y a à faire mais j’aurai besoin de toi à un moment car il me faudra une troisième main sûre.
J’explique alors comment je vois l’intervention et ce que chacun devra faire pour m’aider du mieux qu’ils pourront, je répète une deuxième et une troisième fois jusqu’à ce que je sois certain que chacun a bien compris son rôle dans les prochaines heures.
Je vérifie une dernière fois le matériel et les divers pansements dont j’aurai besoin pour protéger celui des deux qui restera un long mois en attente des greffons qui lui seront nécessaires pour le reconstruire.
Quand enfin tout est prêt, je ferme un instant les yeux conscients de ce que je vais entreprendre et des implications que cela aura pour les deux petits êtres toujours endormis.
J’ouvre les yeux en soupirant.
- Bon ! Allez ! C’est parti !
2eme ANNEE 1er semestre : (12 / 100) (CHU) (suite)
Les deux petits sont déposés précautionneusement sur le bloc, les raccordements aux divers appareils de survie sont menés de mains de maîtres avec une extrême douceur.
Le laser est disposé au-dessus d’eux et je me place devant l’écran le joystick en main, un bon quart d’heure m’est nécessaire pour effectuer tous les réglages que je juge impératif au bon déroulement de ce qui va suivre.
Maxime et Frédéric quand je leur en donne l’ordre se mettent en position et maintiennent d’une main ferme chacun un des bébés pendant que j’actionne délicatement le laser et que je commence la séparation.
J’ai préféré cette méthode plus précise que la méthode manuelle malgré que cette façon de faire ne soit pas des plus orthodoxes car un seul faux mouvement de la part des bébés, de ceux qui les maintiennent ou de moi pourrait être catastrophique quant aux conséquences.
Seulement la précision est telle que le risque en vaut la chandelle et permettra de minimiser ensuite le reste de l’intervention.
La dose très légère de gaz éthéré mélangé à l’oxygène auquel les nourrissons sont branchés fait l’effet escompté et les maintient en état de sommeil, ce qui aide beaucoup à l’intervention délicate que je mène sur eux.
Une fois la séparation terminée, ils sont mis sur le ventre et commence pour moi le plus difficile.
Le choix du premier bébé sur lequel intervenir qui lui donnera le plus de chance de réussite, je vais à l’encontre de toutes les choses écrites sur le sujet et je choisis celui qui me semble le plus faible.
Frédéric ne dit rien mais suit mes instructions et s’occupe de l’autre, se contentant d’éponger et de lui appliquer les antiseptiques préparés à cet effet pendant que je m’occupe des terminaisons nerveuses tranchées du frère et que je les relie de façon à lui conserver le plus de connexions possibles afin qu’ils puissent en grandissant se reconstruire et ressentir à nouveau le chaud, le froid, la douleur et les caresses sur cette partie de son anatomie.
Une fois satisfait du résultat, je m’occupe des muscles et les replace au mieux afin qu’eux aussi se reforment et remplissent leurs rôles.
La « chance » est que chaque enfant avait ses ligaments et ses tendons qui les rattachent aux os et que la coupure s’est faite dans la masse musculaire qui devrait vite retrouver son intégralité de par les cellules-souches qui vont le reconstituer grâce à la mémoire du génome.
Je surveille fréquemment les moniteurs afin de pallier le cas échéant à tout risque qui pourrait mettre en péril le processus vital du bébé.
Julien ("Ju") est comme hypnotisé par la contemplation de son ami, il reste scotché par le déroulement de l’opération qui se passe sous ses yeux.
La précision des gestes, l’assurance de Florian qui de toute évidence n’a aucune hésitation quand à ce qu’il doit faire et les résultats extraordinaires qu’il ne peut que constater quand il voit petit à petit les chairs se cautériser et reprendre leurs places.
Maxime refrène avec beaucoup de difficulté l’émotion qui l’étreint à la vue de ces petites choses sanguinolentes et si fragiles, lui aussi reste ébahi de l’aisance des mains de Florian qui jamais n’hésitent et qui œuvrent à la guérison des petits.
Il voit ses doigts habiles effectuer comme un ballet à la chorégraphie parfaite, le silence de la salle ou tout comme lui chacun retient son souffle et effectue les gestes strictement nécessaires quand Florian le leur demande d’une voix calme et parfaitement maîtrisée.
Frédéric assiste Florian comme un interne son tuteur, il a l’impression de découvrir la chirurgie tellement il découvre chaque geste comme l’apprentissage d’une nouvelle méthode qui jusque-là était ignorée de tous et qui pourtant paraît si évidente une fois qu’elle est réalisée devant lui.
L’état serein de « Flo » alors que rien que la pensée de l’acte qu’il réalise, devrait à ses yeux lui donner un nombre incalculable d’hésitations le conforte dans la pensée que le jeune garçon a vraiment un don pour tout ce qu’il entreprend.
Florian loin de toutes ses pensées sur ses qualités de chirurgien continue de dérouler dans sa tête et dans ses actes la méthode qu’il a décidé de mener à bien pour sauver les deux enfants.
Il termine les points de sutures sur le premier et laisse « Juju » s’occuper de la pose des pansements et des antiseptiques avant de remettre le petit être dans la couveuse.
Une grimace vient marquer son visage quand il passe à l’autre bébé, le manque d’épiderme et de chair dévoile quasiment l’ossature du bébé et il a un moment d’arrêt face à la difficulté qu’il va avoir à le sortir d’affaire.
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