05-08-2020, 01:31 AM (Modification du message : 26-11-2020, 06:57 PM par jkf.)
CHAPITRE VII (Suite)
Arrivé dans son appartement Alice me fait asseoir sur le canapé. Elle me rejoint, sa main dans la mienne. Elle prend son souffle. Sa voix est calme, presque apaisée.
- Pascal, il va me falloir du courage, beaucoup de courage. Ce que j’ai à dire n’est pas facile. Alors je veux que tu m’écoutes, que tu me laisses parler sans m’interrompre sinon je crains de ne pas trouver la force d’aller au bout.
Elle continue :
- Je ne veux ni ta pitié ni ta compassion. Je ne supporterai pas. Pour moi, tu es quelqu’un de merveilleux, d’attentionné, de formidable. Tu représentes tout ce qu’une femme normalement constituée puisse rêver un jour de rencontrer. Pascal, tu ne le sais pas encore mais je ne suis pas normalement constituée et la femme que je suis a peur de ne pas être en mesure de donner en toute normalité ce que tu peux attendre d’une relation amoureuse. J’ai très peur aussi que tu t’éloignes de moi mais je comprendrais. J’accepterais s’il le faut.
Elle marque un temps d’arrêt puis elle reprend.
- Voilà... il y a deux ans, on m’a diagnostiqué un cancer... Mes deux seins ont été touchés. J’ai suivi un traitement et au final, il a fallu se résigner à enlever les tumeurs. C’est ce qu’on appelle une tumorectomie. Cette opération déforme la plastique de la poitrine. Déformer, le mot est faible. Elle mutile en fait la féminité. Moi qui avais de si jolis seins, je me suis retrouvée après l’opération avec des formes disgracieuses et des volumes différents, inesthétiques au possible. Même s’il existe des techniques de substitution, mon compagnon de l’époque n’a pas supporté ou c’est moi qui n’a pas accepté son regard. Je crois qu’il y avait un peu des deux.
Alice reprend.
- Massacrée dans ma féminité, j’ai relevé la tête mais je n’arrive toujours pas à me convaincre que ce corps, c'est le mien. Je n’ose même pas imaginer un instant le regard des autres. Depuis cette opération, je n’ai plus rencontré personne, jusqu’au jour où tu as débarqué. Là, je ne sais pas pourquoi. Tu m’as plu tout de suite. J’ai craqué devant ta gentillesse, ton charme, ta tendresse, ton humour, ton romantisme, ton amour tout ce qui fait qu’un homme puisse être si attentionné envers une femme. Et lorsque je suis avec toi, j’oublie mon handicap mais j’ai dû veiller à ce que tes mains ne soient pas trop baladeuses. Pour autant, il n’en demeure pas moins que nue, physiquement, je reste une monstruosité. Heureusement, ça ne se voit pas. Je peux dissimuler le peu qu’il me reste sous mes vêtements, parfois sous un soutien-gorge de réparation en attendant mieux. Ça me permet de pouvoir afficher une fausse féminité. Je n’aurai pas pu te cacher encore bien longtemps mon état. Je vois bien que tu me désires et c’est normal puisque moi aussi je meurs d’envie de te faire l’amour. J’ai envie de sentir tes mains sur mon corps mais je me sens incapable de les accepter. Je ne suis pas prête et je ne sais même pas si je le serais un jour. Pourtant, avec toi, je me suis surprise à imaginer que si nous n’étions pas trop pressés, cela pouvait être possible. J’avais besoin de temps mais ... le temps va manquer.
Alice s'arrête un instant, reprend son souffle et continue
- Les derniers examens ne sont pas bons. Je vais devoir passer cette fois-ci par un traitement plus lourd, peut-être une chimiothérapie, puis une chirurgie totale. Le protocole n’est pas encore tout à fait arrêté. Au final, ce n’est peut-être pas plus mal mais cela veut dire aussi que je ne vais plus pouvoir cacher mon état. Je vais perdre mes cheveux, mes cils, mes sourcils. Outre l'apparence physique dégradée, ça signifie encore qu’il va falloir que je consacre toute mon énergie à me battre contre ce qui me ronge de l'intérieur. Et dans ce combat, je ne suis pas certaine que tu puisses ou même que tu veuilles y trouver ta place. Voilà Pascal. Tu sais tout ou presque maintenant. Il était pour moi hors de question que tu t'aperçoives de quelque chose par toi-même. Il fallait que je trouve le courage de t'en parler avant d’aller plus loin dans notre relation. Pour moi, pour toi, pour nous c'est très important.
- Tu as fini ?
- Oui, c’est tout… Non, une dernière chose. Il faut garder en mémoire qu’un combat, ça se gagne mais ça se perd aussi...
05-08-2020, 09:48 PM (Modification du message : 05-08-2020, 09:50 PM par jkf.)
(05-08-2020, 09:05 PM)grostimido link a écrit :bonsoir,
très belle suite
Je pense que Pascal va très bien réagir avec ses dernier mots "Tu as fini ?" qui en dit long car il est très amoureux d'Alice
vite la suite
Hello GrosTimido,
Merci pour le compliment.
Il a le choix entre fuir ou s'accrocher. Mais tu es trop perspicace Grostimido.
Espérons que la suite ira dans ton sens
A+
Jkf
06-08-2020, 12:55 AM (Modification du message : 27-10-2020, 03:33 PM par jkf.)
CHAPITRE VII (Fin du chapitre)
Les mots prononcés par Alice résonnent dans ma tête comme des coups de marteaux. J’imagine sa solitude et sa souffrance, enfin j’essaye, mais je suis probablement à dix mille lieux de la réalité. La douleur psychologique est intense, j’en suis convaincu. Ses mains sont moites, par anxiété, par angoisse et probablement par stress. Les miennes ne valent guère mieux. Pourtant Alice est vaillante, soulagée de son fardeau. Son regard est posé sur le mien. Il est doux, sérieux, loin bien loin d’implorer, presque stoïque, résigné aussi.
Je prends conscience de l’énormité de l’enjeu. Ici, il ne s’agit plus d’un jeu de séduction. Et même si, je n’ai jamais joué, je n’ai jamais fait semblant, je prends conscience que de ma réaction, de mon comportement, des jours difficiles qui s’annoncent, ma réponse se doit d’être parfaitement claire. J’ai compris que si je dois soutenir Alice dans son combat, il ne sera plus question de reculer, de faire marche arrière. Je n’ai pas le droit à l’erreur. C’est maintenant que je dois valider tout l’amour que j’ai pour elle ou y renoncer définitivement.
J’ignore complètement les répercussions de son traitement. La durée, l’impact physique et moral, les périodes compliquées, celles où elle reprendra confiance ; ma façon d’intervenir si tant et plus je le pouvais, de l’accompagner dans la gestion de son combat, de continuer à lui donner le même amour que celui que j’éprouve en ce moment, avec la même force, la même intensité, le même désir et le même plaisir.
Je glisse mon bras sur son épaule sous ses longs cheveux libérés et je l’attire vers moi. Elle se laisse faire sans résistance aucune. Elle semble frêle, presque fragile avec ses grands yeux innocents qui me dévisagent.
- Je t’aime Alice. J’admire ton courage. J‘admire ta force. J’admire la femme que tu es et quand je dis j’admire, ce n’est pas tout à fait vrai, c’est bien plus fort que ça. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé. La femme que tu es m’a séduite à un point que tu n’imagines même pas et ce n’est pas une tumeur qui va changer quoi que ce soit. Elle va assurément compliquer notre quotidien et toi plus moi, tous les deux on sera plus fort devant l'adversité.
- Ça te va comme réponse ? J’espère que tu n’imaginais pas une seule seconde que j’allais m’enfuir en courant ? Mais attends, je n’ai pas terminé.
Je continue.
- Alice... si je suis maladroit, si je commets des erreurs, n’hésite pas à me le faire remarquer. Je veux aussi te dire que le plus important à mes yeux, ce n’est pas la plastique de ton corps. Je t’ai aimé sans même les avoir vus alors, même en les voyant il faudrait être stupide pour t’aimer différemment.
Nos fronts sont l’un contre l’autre, mon nez touche son nez. Les larmes courent sur ses joues en silence. Alice pleure en même temps qu’elle sourit. Elle me prend la tête dans ses mains. Elle m’enlace. Elle m’embrasse de milles petits baisers. C’est bon, trop bon. Mon corps est connecté au sien dans une liaison si forte que la parole devient futile. Les émotions s'expriment par les sens. Il suffit de les écouter, de les laisser prendre possession de nos lèvres avides, de nos doigts caressants, de nos mains endiablées. La langue d’Alice tout contre la mienne est délicieuse, conquérante, chipie, adorable de sensualité. Elle rit maintenant. Elle est trop belle. Elle me pousse sur le canapé et elle se jette sur moi. J’allais protester mais un doigt sur les lèvres, Alice me fait signe de ne rien dire, de ne pas rompre la synergie sensuelle de nos corps. Elle pose sa tête dans mon cou. Elle reste un long moment dans cette position, un doigt qui courre dans mes cheveux, qui caresse l’une ou l'autre de mes oreilles. Je sens son cœur battre ou c’est peut-être le mien. La chaleur d’Alice m’envahit et j’adore. Je ferme les yeux pour mieux savourer ce moment d’exception. Je n’ai jamais été aussi près de son corps. A travers les vêtements, je perçois le contact de ses jambes effilées sur mes jambes, de son pubis collé au plus près de mon sexe, de son ventre posé sur le mien, de sa respiration qui se synchronise à la mienne pour ne faire qu’un seul souffle. Je perçois à peine le contact de ses seins contre mon torse. Mais, ce qui me rend fou de bonheur, c’est bien la chaleur de sa tête blottie contre mon épaule qui de temps en temps sort de sa douce torpeur pour me baiser tendrement l’oreille, le cou et tout ce qui gravite à proximité.
- Tu pleures encore ?
- Oui. Je suis trop heureuse. J’ai besoin d’évacuer. J’ai eu peur. J’ai eu si peur de te perdre. Tu restes dormir ce soir ? j’ai envie. Juste dormir... tu comprends ?
- Juste dormir ? Oui, je comprends. Mais je veux m’endormir ton corps tout contre le mien comme maintenant d’accord ? Et interdiction de se plaindre si je ronfle.
- Moi aussi ça m’arrive de ronfler mais c’est surtout quand j’ai bu.
- Alors, interdiction de picoler ce soir. A l’eau. Allez viens. On va préparer le repas.
On sens que Pascal est vrai amoureux, super réaction de sa part. On dirai qu’Alice se sent déjà mieux
Un gros combat arrive en espérant que la victoire soit au bout
(06-08-2020, 06:35 AM)grostimido link a écrit :Bonjour,
On sens que Pascal est vrai amoureux, super réaction de sa part. On dirai qu’Alice se sent déjà mieux
Un gros combat arrive en espérant que la victoire soit au bout
Au moins les choses sont claires entre eux et elle sait qu'elle peut compter sur une épaule qui semble forte pour s'y appuyer même si des périodes de doutes risquent de survenir.