01-04-2024, 04:25 PM
C'est après le repas de midi qu'on reprit l'avion et qu'on rentra sur Carnon. Pour aller à la résidence où ils Habitaient, il fallait longer la mer. Laszlo, R et R, le vieux monsieur et les York s’y promenaient. Les jumeaux voulurent les rejoindre. Et avec Hans on monta les sacs. On discutait de ce qu'on devrait faire pour protéger les jumeaux de la vague médiatique qui allait leur tomber dessus, quand la petite troupe rentra tout excitée. Les York étaient avec eux. Et devinez quoi ? les animaux allèrent se planter tous les quatre devant le frigo.
— Pa, on peut les garder avec nous ? Ils se sont fait des copains. Et le vieux monsieur a dit qu'il les garderait quand on serait en cours.
— Et puis tu as vu comme ils s'entendent bien. Ils font toujours les fous ensemble. Ils ont même dormi ici tous les quatre et ils n'ont même pas fait de bêtises. Hein Laszlo ?
— Tu en penses quoi Hans ?
— On peut essayer et si ça ne va pas je pourrai toujours les remonter aux Fourches le week-end prochain. Tu repars quand, Bé ?
— J'aimerais passer la nuit ici et partir demain matin de bonne heure. Tu en penses quoi, toi ?
— Que c'est une excellente idée comme ça tu éviteras les bouchons du retour de plage.
— Pa, on mange, on a faim.
C'est vrai que moi aussi j'avais un petit creux. Je ne devais pas être le seul parce que tout le monde aida à vider le frigo.
— Mais Laszlo, tu n'as rien mangé du week-end ?
— Mais si, sauf que quand ils ont su que j'étais seul, le monsieur et la dame d'en bas m'ont invité à manger avec eux et je n'ai pas pu refuser.
Pendant qu'on mangeait les jumeaux résumèrent la situation à Laszlo qui résuma lui-même très bien la situation.
— Putain, les mecs, vous êtes grave dans la merde. Et si je vous vois embrasser des grenouilles je vous botte le cul.
— Hein, pourquoi on embrasserait des grenouilles ?
— Bin, pour voir si elles se transforment en princesses, bien sûr. Hahaha !
— Putain, mais t'es trop con toi !
Gus s'accroupi et sauta comme une grenouille en coassant. Chip lui fit un bisou sur le nez et lui aussi, se mit accroupi et coassa à son tour. On éclata de rire à leurs pitreries. Mais là où on se plia en deux de rire ce fut quand R et R vinrent faire des léchouilles sur le nez de Chip et Gus.
Je suppose que vous avez deviné pourquoi j'étais resté. Après le repas Hans et moi on avait faim, faim de nous aimer physiquement. Et on peut dire que ce soir-là – plutôt, toute cette nuit-là - on mangea à excès. Mais l'avantage de cette nourriture c'est qu'elle ne fait pas grossir.
C'est tout juste si Hans se rendit compte de mon départ dés l’aurore.
J'avais bien roulé et j'arrivais en avance sur l’horaire. Je m'arrêtais chez mes parents à qui j'expliquais la situation. Eux aussi pensaient que ça n'allait pas être simple à gérer. L'avantage qu'on avait c'était qu'ici, aux Fourches, on était isolé et qu'un ''étranger'' y serait vite repéré.
Victoria nous tenait au courant quotidiennement des évènements. L'affaire ne s'était pas encore ébruitée en France, jusqu'à présent. Il y avait juste quelques lignes dans les tabloïds sur le net. C'est aussi par l'intermédiaire de Victoria qu'on sut être invité, officiellement, à Buckingham Palace pour les vacances de la Toussaint.
Cette semaine-là je passais mon temps au téléphone ou en rendez-vous dès mon boulot fini. Un de ces soirs, j'avais rendez-vous avec Bernard au sujet de l’échange qu'on devrait faire. Un expert indépendant en immobilier était venu estimer l'école et le terrain de tennis. Il avait dit que ça valait entre 1 million et 1,2 million. Il avait aussi estimé mon terrain à la demande de la mairie qu'il estimait « en l'état » à 2,5 millions et au double s'il était viabilisé. Je vous passe les tractations. On ferait l’échange et la commune me verserait 1 million. Ça me laissait de quoi effectuer tous les travaux et aménagements que j'avais envisagé.
Comme il n'était pas tard j'appelais Rémi et Joris qui étaient en vacances. J'en profitais pour les inviter à passer le week-end avec moi. Ils acceptèrent.
Le lendemain j'étais invité chez Nick et Tonin à souper. Ils habitaient leur nouvelle maison depuis peu et voulaient me la montrer. Une fois les épouses parties couchés les gamins, j'en profiterai pour leur parler des rumeurs qui couraient sur eux. Sans demander d’explication.
Une autre fois j'ai été invité chez Tim et Mary qui, bien sûr, étaient au courant de l’affaire des british. Mais on ne parla pas de ça. Comme il y avait aussi Bernard et Nadine, la discussion porta sur mes nouvelles acquisitions.
— Bé, tu vas en faire quoi de l'ancienne mairie ?
— Je n’en sais strictement rien. Je vais faire retaper les deux appartements qu'il y a dessus et, dans un premier temps, je ne vais pas toucher au bas. Quant au terrain de tennis et à la maison de l'anglais et le terrain derrière je ne sais pas encore ce que je vais en faire.
— Ils sont grands les appartements au-dessus de l'école, Pa ?
— Oui pas loin de 120 mètres carrés chacun. Ils font la surface de la salle de classe mais aussi celle du préau.
— Pourquoi cette question, Tim ?
— Pour rien, Man, c'est juste que nous, à quatre ici, on est un peu serrés. Alors Bé quand ça sera fait si tu veux bien m'en louer un ça m’intéresse.
— Toi, tu te plains que chez toi c'est trop petit et ta mère se plaint que chez nous c'est trop grand, qu'elle passe son temps à faire le ménage dans des pièces vides, qu'on aurait mieux fait de prendre votre appartement et de vous laisser le nôtre.
— Bin, Bernard, pourquoi vous ne les échangez pas, alors ?
— Ce n’est pas con, ta réflexion, Bé. Vous en pensez quoi les jeunes ?
— Faut aussi l’accord de Mary mais c'est vrai que chez vous c'est bien plus grand. Tu en penses quoi Mary ?
— Il y aurait quelques travaux à faire mais ça serait bien, oui. Et les travaux peuvent être fait après les déménagement, sans problème !
— Bon, l'affaire est réglée, on fait ça quand ?
— Après la Toussaint ça serait bien. Tu seras là, Bé ?
— Oui, enfin je pense. Mais j'ai quoi à voir dans cette histoire, moi ?
— Bin tu ne crois pas que je vais me charrier les meubles tout seul, non ?
— Ah d’accord, tu m'embauches comme déménageur.
— C'est ça, mais ne compte pas sur la paye.
— Comme s'il y avait déjà eu des histoires d'argent entre nous. Au fait Tim n’as-tu pas reçu une lettre recommandée, y'a pas longtemps ?
— Si, j'ai oublié de t'en parler. Je suis officier de la légion d’honneur.
— Oui, moi aussi.
— Merde, les garçons, si on avait su ça, Le maire vous les aurait remises pendant les festivités du 14 juillet. Au fait, vous ne savez pas la dernière ? Le nouveau maire veut faire déplacer le monument aux morts, devant la nouvelle mairie, dans la plaine !
— Il est malade ou quoi ? Y'aurait encore Cyprien, ça ne se passerait pas comme ça. Lui et Gaston auraient monté la garde devant, fusils à l'épaule et chevrotines dans le canon.
On discuta tard ce soir-là en refaisant non pas le monde mais les Fourches, enfin pas toutes les Fourches, juste le village du Haut. On en était arrivé à vouloir faire sécession et à créer une commune libre avec Tim. On a beaucoup ri !
J'avais passé une autre soirée à téléphoner à tous mes anciens amis que j'avais mis de côté, en m'excusant de mon attitude. J'avais parlé très longtemps avec Jeanne et Henry, je les avais invité à venir me rendre visite. C'est elle qui m'avait appris que Kaleb et Will continuaient à s'occuper de la ferme mais qu'en plus, ils s'occupaient aussi de jeunes gay qui avaient été mis à la rue par leurs parents.
Un autre soir ça avait été Hans qui me parla d'un projet qu'il avait mis au point avec un de ses profs. Ils avaient repéré des gamins en échec scolaire et pensaient que certains d'entre eux avaient le potentiel de suivre des études poussées - à la manière des jumeaux. Ils avaient décidé de leur faire passer des tests de QI et, suivant les résultats obtenus, leur proposer des cours particuliers. Il était emballé à l'idée de refaire ce qu'il avait fait avec les garçons.
En parlant d’eux, ils avaient eu une poussée de croissance (encore) et la plupart de leurs Habits ne leur allaient plus. Aussi un samedi matin nous voilà partis faire les boutiques, avec Laszlo qui nous accompagnait.
Les jumeaux firent leur choix et posèrent tout dans la même cabine d’essayage. Gus y entra le premier, se changea et sortit. Chip y prit sa place. Gus se regarda dans la glace en nous demandant notre avis. Puis il rentra en cabine et Chip sortit deux secondes plus tard. Et cela se reproduisit plusieurs fois. Un des vendeurs assistait de loin à la scène. Il vint nous voir.
— Mais, mais… comment il fait pour se changer aussi vite ?
— Je ne sais pas. À la maison il est plutôt lent à s’habiller.
— Mais là, il ne met même pas 10 secondes pour se changer.
— Bon, Chip, tu te dépêches un peu, on ne va pas passer la journée à t’attendre.
— Je me dépêche, Papa. Encore quelques essayages.
Les Garçons avaient entendu ma conversation avec le vendeur et se fut un festival de rentrées et de sorties de la cabine d’essayage. Ça avait attiré quelques personnes et les commentaires allaient bon train. Personne ne comprenait comment « il » faisait pour se changer si vite. Et quand ils sortirent ensemble.. tous comprirent qu'ils venaient de se faire mystifier par deux gamins. Certains rirent aux larmes, beaucoup les applaudirent. Ils se rendirent compte de l'effet qu'ils avaient fait sur les gens et souvent ils refirent le coup.
Pour ce qui est des fringues des garçons ce n'était pas compliqué. Ils choisissaient des fringues qui leur plaisaient et chacun tapait dans l'armoire et prenait ce qu'il avait envie de mettre, même si Chip était plus en survêtements et Gus en jean. Mais leur tenue favorite c'était d'être à poil, autant dehors que dedans – dehors, dès que le temps le permettait, évidemment !
Ça y est, je venais de recevoir l'invitation par voie officielle de Sa Majesté Elisabeth II pour lui rendre visite. Et, comme prévu, ça se passerait durant les vacances scolaires des jumeaux.
J'avais envoyé un mail à Sylvio au sujet de la rénovation de la mairie et du second étage chez moi. Et comme il était dans le sud pour un de ses clients, il se proposa de passer me voir le vendredi soir. Je l'invitais à rester coucher à la maison, ce qu’il accepta. Pour ce qui est de la cuisine j'avais préparé de quoi faire des pizzas pour le vendredi soir et pour le reste du week-end de taper dans le congel ou dans les bocaux que ma grand-mère avait la gentillesse de préparer pour nous.
Sylvio arriva le premier et le temps qu'il s'installe c'est Joris et Rémi qui étaient là. Je fis les présentations, le courant passa entre eux. On monta au second et je dis à Sylvio ce que je voulais. Il notait et prenait des photos, au fur et à mesure.
— Ça ne devrait pas te coûter trop cher. Il y a toutes les arrivées d'eau et d’électricité, les écoulements et tout ce qu'il faut pour le chauffage au sol. Je te prépare ça rapidement.
— Ok, pour l'école, on verra ça demain. Ça risque de me coûter plus cher parce que depuis les années cinquante plus rien n'a été vraiment fait. Par contre je ne veux pas que l'aspect extérieur change.
— On en reparlera sur place, demain.
Le lendemain matin on alla à la mairie. Il y avait une entrée unique avec un grand Hall qui ouvrait sur deux portes qui donnaient, anciennement, sur les classes, une de chaque côté, puis un escalier un peu décalé qui montait à l'étage et au fond une autre porte qui donnait sur le préau et la cours. Le tout étant clos par un mur haut de deux mètres. Et de chaque côté de la cours des toilettes - garçons d'un côté et filles de l’autre.
L'escalier donnait sur un palier qui donnait accès aux appartements.
Pour chaque appartement, un couloir le séparait en deux et les pièces s’alignaient. À droite il y avait la cuisine, en face la salle à manger. Après la cuisine il y avait un cellier en face une buanderie. Derrière la buanderie il y avait la salle de bain en face les toilettes. Puis quatre chambres – deux de chaque côté.
— Wow, c'est mal foutu mais c'est immense en même temps.
— Tu as bien résumé, Joris. Tu veux quoi, comme transformations, Jean-François ?
— À mon idée, on laisse les chambres au fond, on met la salle de bain et les toilettes d'un côté ou de l'autre ou même face à face et on fait une grande pièce à vivre dans le reste.
— Oui, c'est ce que je pensais. Et dessus, il y a quoi ?
— Un grenier, je suppose. Il faudrait une échelle pour monter voir.
— Jean-François, ça serait bien d'y monter, déjà pour voir l'état de la toiture et puis savoir si on peut en faire quelque chose.
— Je vais aller chercher celle chez mon grand-père.
Du coup, mes grands-parents m'accompagnèrent et firent la visite avec nous. Les greniers étaient aménageables, en grande partie. Sylvio proposa d'y faire pour chaque, la chambre parentale. J’acceptais. Il me ferait parvenir les plans et les devis le plus rapidement possible. Il nous quitta. Je leur fis aussi visiter le tennis.
— Mais Bé, tu vas en faire quoi de tout ça ? Tu n'en as pas assez ? Tu aurais pu placer l'argent pour tes vieux jours.
— Tu sais Rémi, de l'argent j'en ai assez pour vivre, ça me suffit. Et entre mon salaire et ma pension d’invalidité, j'en mets pas mal de côté chaque mois. Et puis il y a aussi la british familly qui me verse une pension pour les jumeaux. Et c'est sans compter sur la location des voitures aux USA et la fortune personnelle des jumeaux et de Hans.
— J'ai une idée Bé pour le terrain et le tennis. Tu devrais le lotir, y faire des petites maisons plein pied, toutes simples et en faire un centre de vacances pour des retraités gay.
— Et pourquoi des retraités gay ?
— Bin, comme ça, quand on sera vieux, on viendra ici en vacances mais uniquement si le personnel est jeune et beau.
— Non mais ça ne va pas, Joris !
— Enfin, Rémi, ça ne sera que pour le plaisir des yeux, car même quand on sera vieux et rondouillards, il n'y aura que toi que j'aime, tu le sais bien.
— Mais oui, je le sais mon amour mais parfois je me demande où tu vas chercher des idées aussi saugrenues.
— C'est vous qui êtes vieux jeu. Ce n'est pas de ma faute si je suis un visionnaire. Ça ne vous ferait pas plaisir de vous retrouver entre gay, sans subir le regard des autres.
— Un ghetto, quoi.
— De suite, les grands mots. Non, juste un endroit où être nous-même en compagnie de gens comme nous.
— Ce n'est pas la peine de tirer des plans sur la comète. Pour l'instant ça restera comme ça, en attendant de savoir ce que j'en ferai.
On passa le reste du week-end à se balader, à manger, à discuter, à rire. Quand ils partirent j'allais voir mes grands-parents, puis mes parents chez qui je soupais avant de rentrer.
J'avais téléphoné à Hans et aux jumeaux, j'allais pour me coucher, quand mon téléphone sonna: John Smith. Qu'est-ce qu’il me voulait ?
39
— Pa, on peut les garder avec nous ? Ils se sont fait des copains. Et le vieux monsieur a dit qu'il les garderait quand on serait en cours.
— Et puis tu as vu comme ils s'entendent bien. Ils font toujours les fous ensemble. Ils ont même dormi ici tous les quatre et ils n'ont même pas fait de bêtises. Hein Laszlo ?
— Tu en penses quoi Hans ?
— On peut essayer et si ça ne va pas je pourrai toujours les remonter aux Fourches le week-end prochain. Tu repars quand, Bé ?
— J'aimerais passer la nuit ici et partir demain matin de bonne heure. Tu en penses quoi, toi ?
— Que c'est une excellente idée comme ça tu éviteras les bouchons du retour de plage.
— Pa, on mange, on a faim.
C'est vrai que moi aussi j'avais un petit creux. Je ne devais pas être le seul parce que tout le monde aida à vider le frigo.
— Mais Laszlo, tu n'as rien mangé du week-end ?
— Mais si, sauf que quand ils ont su que j'étais seul, le monsieur et la dame d'en bas m'ont invité à manger avec eux et je n'ai pas pu refuser.
Pendant qu'on mangeait les jumeaux résumèrent la situation à Laszlo qui résuma lui-même très bien la situation.
— Putain, les mecs, vous êtes grave dans la merde. Et si je vous vois embrasser des grenouilles je vous botte le cul.
— Hein, pourquoi on embrasserait des grenouilles ?
— Bin, pour voir si elles se transforment en princesses, bien sûr. Hahaha !
— Putain, mais t'es trop con toi !
Gus s'accroupi et sauta comme une grenouille en coassant. Chip lui fit un bisou sur le nez et lui aussi, se mit accroupi et coassa à son tour. On éclata de rire à leurs pitreries. Mais là où on se plia en deux de rire ce fut quand R et R vinrent faire des léchouilles sur le nez de Chip et Gus.
Je suppose que vous avez deviné pourquoi j'étais resté. Après le repas Hans et moi on avait faim, faim de nous aimer physiquement. Et on peut dire que ce soir-là – plutôt, toute cette nuit-là - on mangea à excès. Mais l'avantage de cette nourriture c'est qu'elle ne fait pas grossir.
C'est tout juste si Hans se rendit compte de mon départ dés l’aurore.
J'avais bien roulé et j'arrivais en avance sur l’horaire. Je m'arrêtais chez mes parents à qui j'expliquais la situation. Eux aussi pensaient que ça n'allait pas être simple à gérer. L'avantage qu'on avait c'était qu'ici, aux Fourches, on était isolé et qu'un ''étranger'' y serait vite repéré.
Victoria nous tenait au courant quotidiennement des évènements. L'affaire ne s'était pas encore ébruitée en France, jusqu'à présent. Il y avait juste quelques lignes dans les tabloïds sur le net. C'est aussi par l'intermédiaire de Victoria qu'on sut être invité, officiellement, à Buckingham Palace pour les vacances de la Toussaint.
Cette semaine-là je passais mon temps au téléphone ou en rendez-vous dès mon boulot fini. Un de ces soirs, j'avais rendez-vous avec Bernard au sujet de l’échange qu'on devrait faire. Un expert indépendant en immobilier était venu estimer l'école et le terrain de tennis. Il avait dit que ça valait entre 1 million et 1,2 million. Il avait aussi estimé mon terrain à la demande de la mairie qu'il estimait « en l'état » à 2,5 millions et au double s'il était viabilisé. Je vous passe les tractations. On ferait l’échange et la commune me verserait 1 million. Ça me laissait de quoi effectuer tous les travaux et aménagements que j'avais envisagé.
Comme il n'était pas tard j'appelais Rémi et Joris qui étaient en vacances. J'en profitais pour les inviter à passer le week-end avec moi. Ils acceptèrent.
Le lendemain j'étais invité chez Nick et Tonin à souper. Ils habitaient leur nouvelle maison depuis peu et voulaient me la montrer. Une fois les épouses parties couchés les gamins, j'en profiterai pour leur parler des rumeurs qui couraient sur eux. Sans demander d’explication.
Une autre fois j'ai été invité chez Tim et Mary qui, bien sûr, étaient au courant de l’affaire des british. Mais on ne parla pas de ça. Comme il y avait aussi Bernard et Nadine, la discussion porta sur mes nouvelles acquisitions.
— Bé, tu vas en faire quoi de l'ancienne mairie ?
— Je n’en sais strictement rien. Je vais faire retaper les deux appartements qu'il y a dessus et, dans un premier temps, je ne vais pas toucher au bas. Quant au terrain de tennis et à la maison de l'anglais et le terrain derrière je ne sais pas encore ce que je vais en faire.
— Ils sont grands les appartements au-dessus de l'école, Pa ?
— Oui pas loin de 120 mètres carrés chacun. Ils font la surface de la salle de classe mais aussi celle du préau.
— Pourquoi cette question, Tim ?
— Pour rien, Man, c'est juste que nous, à quatre ici, on est un peu serrés. Alors Bé quand ça sera fait si tu veux bien m'en louer un ça m’intéresse.
— Toi, tu te plains que chez toi c'est trop petit et ta mère se plaint que chez nous c'est trop grand, qu'elle passe son temps à faire le ménage dans des pièces vides, qu'on aurait mieux fait de prendre votre appartement et de vous laisser le nôtre.
— Bin, Bernard, pourquoi vous ne les échangez pas, alors ?
— Ce n’est pas con, ta réflexion, Bé. Vous en pensez quoi les jeunes ?
— Faut aussi l’accord de Mary mais c'est vrai que chez vous c'est bien plus grand. Tu en penses quoi Mary ?
— Il y aurait quelques travaux à faire mais ça serait bien, oui. Et les travaux peuvent être fait après les déménagement, sans problème !
— Bon, l'affaire est réglée, on fait ça quand ?
— Après la Toussaint ça serait bien. Tu seras là, Bé ?
— Oui, enfin je pense. Mais j'ai quoi à voir dans cette histoire, moi ?
— Bin tu ne crois pas que je vais me charrier les meubles tout seul, non ?
— Ah d’accord, tu m'embauches comme déménageur.
— C'est ça, mais ne compte pas sur la paye.
— Comme s'il y avait déjà eu des histoires d'argent entre nous. Au fait Tim n’as-tu pas reçu une lettre recommandée, y'a pas longtemps ?
— Si, j'ai oublié de t'en parler. Je suis officier de la légion d’honneur.
— Oui, moi aussi.
— Merde, les garçons, si on avait su ça, Le maire vous les aurait remises pendant les festivités du 14 juillet. Au fait, vous ne savez pas la dernière ? Le nouveau maire veut faire déplacer le monument aux morts, devant la nouvelle mairie, dans la plaine !
— Il est malade ou quoi ? Y'aurait encore Cyprien, ça ne se passerait pas comme ça. Lui et Gaston auraient monté la garde devant, fusils à l'épaule et chevrotines dans le canon.
On discuta tard ce soir-là en refaisant non pas le monde mais les Fourches, enfin pas toutes les Fourches, juste le village du Haut. On en était arrivé à vouloir faire sécession et à créer une commune libre avec Tim. On a beaucoup ri !
J'avais passé une autre soirée à téléphoner à tous mes anciens amis que j'avais mis de côté, en m'excusant de mon attitude. J'avais parlé très longtemps avec Jeanne et Henry, je les avais invité à venir me rendre visite. C'est elle qui m'avait appris que Kaleb et Will continuaient à s'occuper de la ferme mais qu'en plus, ils s'occupaient aussi de jeunes gay qui avaient été mis à la rue par leurs parents.
Un autre soir ça avait été Hans qui me parla d'un projet qu'il avait mis au point avec un de ses profs. Ils avaient repéré des gamins en échec scolaire et pensaient que certains d'entre eux avaient le potentiel de suivre des études poussées - à la manière des jumeaux. Ils avaient décidé de leur faire passer des tests de QI et, suivant les résultats obtenus, leur proposer des cours particuliers. Il était emballé à l'idée de refaire ce qu'il avait fait avec les garçons.
En parlant d’eux, ils avaient eu une poussée de croissance (encore) et la plupart de leurs Habits ne leur allaient plus. Aussi un samedi matin nous voilà partis faire les boutiques, avec Laszlo qui nous accompagnait.
Les jumeaux firent leur choix et posèrent tout dans la même cabine d’essayage. Gus y entra le premier, se changea et sortit. Chip y prit sa place. Gus se regarda dans la glace en nous demandant notre avis. Puis il rentra en cabine et Chip sortit deux secondes plus tard. Et cela se reproduisit plusieurs fois. Un des vendeurs assistait de loin à la scène. Il vint nous voir.
— Mais, mais… comment il fait pour se changer aussi vite ?
— Je ne sais pas. À la maison il est plutôt lent à s’habiller.
— Mais là, il ne met même pas 10 secondes pour se changer.
— Bon, Chip, tu te dépêches un peu, on ne va pas passer la journée à t’attendre.
— Je me dépêche, Papa. Encore quelques essayages.
Les Garçons avaient entendu ma conversation avec le vendeur et se fut un festival de rentrées et de sorties de la cabine d’essayage. Ça avait attiré quelques personnes et les commentaires allaient bon train. Personne ne comprenait comment « il » faisait pour se changer si vite. Et quand ils sortirent ensemble.. tous comprirent qu'ils venaient de se faire mystifier par deux gamins. Certains rirent aux larmes, beaucoup les applaudirent. Ils se rendirent compte de l'effet qu'ils avaient fait sur les gens et souvent ils refirent le coup.
Pour ce qui est des fringues des garçons ce n'était pas compliqué. Ils choisissaient des fringues qui leur plaisaient et chacun tapait dans l'armoire et prenait ce qu'il avait envie de mettre, même si Chip était plus en survêtements et Gus en jean. Mais leur tenue favorite c'était d'être à poil, autant dehors que dedans – dehors, dès que le temps le permettait, évidemment !
Ça y est, je venais de recevoir l'invitation par voie officielle de Sa Majesté Elisabeth II pour lui rendre visite. Et, comme prévu, ça se passerait durant les vacances scolaires des jumeaux.
J'avais envoyé un mail à Sylvio au sujet de la rénovation de la mairie et du second étage chez moi. Et comme il était dans le sud pour un de ses clients, il se proposa de passer me voir le vendredi soir. Je l'invitais à rester coucher à la maison, ce qu’il accepta. Pour ce qui est de la cuisine j'avais préparé de quoi faire des pizzas pour le vendredi soir et pour le reste du week-end de taper dans le congel ou dans les bocaux que ma grand-mère avait la gentillesse de préparer pour nous.
Sylvio arriva le premier et le temps qu'il s'installe c'est Joris et Rémi qui étaient là. Je fis les présentations, le courant passa entre eux. On monta au second et je dis à Sylvio ce que je voulais. Il notait et prenait des photos, au fur et à mesure.
— Ça ne devrait pas te coûter trop cher. Il y a toutes les arrivées d'eau et d’électricité, les écoulements et tout ce qu'il faut pour le chauffage au sol. Je te prépare ça rapidement.
— Ok, pour l'école, on verra ça demain. Ça risque de me coûter plus cher parce que depuis les années cinquante plus rien n'a été vraiment fait. Par contre je ne veux pas que l'aspect extérieur change.
— On en reparlera sur place, demain.
Le lendemain matin on alla à la mairie. Il y avait une entrée unique avec un grand Hall qui ouvrait sur deux portes qui donnaient, anciennement, sur les classes, une de chaque côté, puis un escalier un peu décalé qui montait à l'étage et au fond une autre porte qui donnait sur le préau et la cours. Le tout étant clos par un mur haut de deux mètres. Et de chaque côté de la cours des toilettes - garçons d'un côté et filles de l’autre.
L'escalier donnait sur un palier qui donnait accès aux appartements.
Pour chaque appartement, un couloir le séparait en deux et les pièces s’alignaient. À droite il y avait la cuisine, en face la salle à manger. Après la cuisine il y avait un cellier en face une buanderie. Derrière la buanderie il y avait la salle de bain en face les toilettes. Puis quatre chambres – deux de chaque côté.
— Wow, c'est mal foutu mais c'est immense en même temps.
— Tu as bien résumé, Joris. Tu veux quoi, comme transformations, Jean-François ?
— À mon idée, on laisse les chambres au fond, on met la salle de bain et les toilettes d'un côté ou de l'autre ou même face à face et on fait une grande pièce à vivre dans le reste.
— Oui, c'est ce que je pensais. Et dessus, il y a quoi ?
— Un grenier, je suppose. Il faudrait une échelle pour monter voir.
— Jean-François, ça serait bien d'y monter, déjà pour voir l'état de la toiture et puis savoir si on peut en faire quelque chose.
— Je vais aller chercher celle chez mon grand-père.
Du coup, mes grands-parents m'accompagnèrent et firent la visite avec nous. Les greniers étaient aménageables, en grande partie. Sylvio proposa d'y faire pour chaque, la chambre parentale. J’acceptais. Il me ferait parvenir les plans et les devis le plus rapidement possible. Il nous quitta. Je leur fis aussi visiter le tennis.
— Mais Bé, tu vas en faire quoi de tout ça ? Tu n'en as pas assez ? Tu aurais pu placer l'argent pour tes vieux jours.
— Tu sais Rémi, de l'argent j'en ai assez pour vivre, ça me suffit. Et entre mon salaire et ma pension d’invalidité, j'en mets pas mal de côté chaque mois. Et puis il y a aussi la british familly qui me verse une pension pour les jumeaux. Et c'est sans compter sur la location des voitures aux USA et la fortune personnelle des jumeaux et de Hans.
— J'ai une idée Bé pour le terrain et le tennis. Tu devrais le lotir, y faire des petites maisons plein pied, toutes simples et en faire un centre de vacances pour des retraités gay.
— Et pourquoi des retraités gay ?
— Bin, comme ça, quand on sera vieux, on viendra ici en vacances mais uniquement si le personnel est jeune et beau.
— Non mais ça ne va pas, Joris !
— Enfin, Rémi, ça ne sera que pour le plaisir des yeux, car même quand on sera vieux et rondouillards, il n'y aura que toi que j'aime, tu le sais bien.
— Mais oui, je le sais mon amour mais parfois je me demande où tu vas chercher des idées aussi saugrenues.
— C'est vous qui êtes vieux jeu. Ce n'est pas de ma faute si je suis un visionnaire. Ça ne vous ferait pas plaisir de vous retrouver entre gay, sans subir le regard des autres.
— Un ghetto, quoi.
— De suite, les grands mots. Non, juste un endroit où être nous-même en compagnie de gens comme nous.
— Ce n'est pas la peine de tirer des plans sur la comète. Pour l'instant ça restera comme ça, en attendant de savoir ce que j'en ferai.
On passa le reste du week-end à se balader, à manger, à discuter, à rire. Quand ils partirent j'allais voir mes grands-parents, puis mes parents chez qui je soupais avant de rentrer.
J'avais téléphoné à Hans et aux jumeaux, j'allais pour me coucher, quand mon téléphone sonna: John Smith. Qu'est-ce qu’il me voulait ?
39