15-01-2024, 08:29 PM
— Alors Bé, comment ça s’est passé ta visite médicale ?
— Plutôt bien mais il y a eu une petite découverte inattendue. Ils ont vu une tache noire sur le poumon blessé et ils pensent qu'il s'agit d'un petit éclat de la balle qui m'a touché. Ils veulent me l’enlever. J'ai dit oui.
— Mon dieu mais c'est grave ? Ils vont te faire ça quand ?
-- Non maman ce n'est pas grave. Ils vont juste me faire trois trous dans le dos et m'enlever un bout de poumon tout petit. Par contre, je vais être arrêté entre trois semaine et un mois.
— Mais on s'en fout de ça. Il faut te soigner avant tout. Tu vas te faire opérer où et quand ?
— Quand, je ne sais pas, Papa. Le toubib doit m'envoyer un mail pour me donner la date. Et il m'a proposé de m'opérer à Montpellier. Comme ça Hans et les jumeaux pourront venir me voir.
— Quoi ! On n'aura pas le droit de venir, nous ?
— Mais bien sûr que si maman mais je ne resterai à l'hôpital que quelques jours. Et je voudrais passer ma convalescence avec eux.
— Oui, mais s'il t'arrive quelque chose quand tu seras tout seul ?
— Et s'il est aux Fourches, ça ne sera pas mieux, Agnès. Il vaut mieux qu'il soit sur Montpellier en cas de complications.
— Ne parle pas de malheur Alain.
Deux coups sur la porte et Nick entra, il me demanda de mes nouvelles et la conversation dévia sur le boulot. Je restais encore une petite heure avec eux puis j'allais voir Louis auquel j'expliquais ce qu'il se passait et c'est bien volontiers qu'il prendrait Holly et Blacky en pension le temps où je ne serai pas là. Et enfin je rentrais à la maison où R et R me firent des fêtes à n'en plus finir. Puis j'allais voir les chevaux… qui firent de même.
Dans la foulée j'appelais Rémi avec qui je discutais un grand moment et lui et Joris descendraient nous voir ce week-end, afin de finaliser mon testament. Il me proposa d'apporter celui de Hans et de Nick. J'acceptais pour eux.
Je venais de finir un Skype avec Hans et les jumeaux quand mon portable sonna. C'était Joris qui, catastrophé, par ce que lui avait dit Rémi venait aux nouvelles. Je le rassurais et on discuta un grand moment. Il avait tout un tas d'heures à récupérer et il voulait à tout prix venir me tenir compagnie une semaine ou deux après mon opération.
— Mais je ne sais pas encore quand je vais me faire opérer Joris.
— C'est pas grave ça, tu me le dis et dès que tu sors de l'hôpital, je te rejoins à Carnon. Et ce n'est pas la peine de dire non parce que de toute façon je viendrai.
— Mais tu vas laisser Rémi tout seul. C'est pas mieux.
— Rémi doit régulièrement partir voir des clients à lui. Il va bientôt planifier ça. Donc dès que tu sais quelque chose tu appelles.
— Pourquoi tu n'en profites pas pour aller avec lui ?
— Ne change pas de conversation, Bé. Je l'ai déjà fait et je me suis retrouvé seul à l’hôtel tous les jours, souvent dans des bleds perdus, et le soir, quand il rentrait, je ne pouvais même pas profiter de lui parce qu'il bossait sur ses dossiers.
À chacune de mes objections il trouvait une parade. Finalement j'acceptais qu'il soit mon garde malade le temps de ma convalescence – du moins les dix premiers jours. Ma mère serait rassurée, comme ça.
On était enfin, vendredi et l’heure de leur retour était proche. J'avais nettoyé la maison du sol au plafond. Ma grand-mère avait préparé le plat favori des jumeaux (parce que je reconnais que j'étais toujours aussi nul en cuisine). J'avais brossé Rémus et Romulus qui sentait qu'il y avait quelque chose qui se préparait et qui avaient été tout aussi excités que moi en journée.
La porte qui s'ouvrit à la volée et un tonitruant ''Papa, on est là !'' me surprirent. Même Rémus et Romulus qui dormaient devant la cheminée sursautèrent puis se ruèrent sur les jumeaux pour les léchouiller de partout. Ça criait, ça riait.
— Et moi alors, vous m’oubliez ?
C'est deux bolides qui me foncèrent dessus et à mon tour j'eus droit à plein de bisous y compris de R et R qui s'étaient joints à nous. Les effusions durèrent un petit moment et quand la place fut libre c'est Hans qui se colla à moi pour m'embrasser à son tour. Il s'était fait beau. Son jean le moulait à la perfection et ma réaction fut immédiate. Je me ressaisis. Laszlo arriva à son tour et me fit la bise.
— Les jumeaux vous montez vos affaires et vous montrez sa chambre à Laszlo.
— On a faim, nous. On peut pas le faire après avoir mangé ?
— Gus !
— Ok Pa, on les monte mais après on mange. Ça sent trop bon c'est Mamé qui nous a fait du poulet farci et des pommes de terre au jus avec des champignons ?
— Qui veux tu que ce soit ? Tu sais bien que à part les criques, les œufs et quelques bricoles du même genre c'est tout ce que je sais faire.
— C'est pas vrai Papa. Tu fais aussi des pizzas très bonnes. Tu nous en feras ?
— Pourquoi pas, si vous m'aidez à les faire.
— Tu verras, Laszlo, on les fera à la Honorin, comme on t'a expliqué.
— Bon, on passe à table, les gars ?
— Excellente idée Hans, parler de bouffe ça donne faim !
Il ne resta plus rien de ce que ma grand-mère avait cuisiné et pourtant elle avait prévu grand. On mangea tous autant les uns que les autres. Les jumeaux étaient de vraies pipelettes. Avec ce qu'ils avaient prévu de faire pendant la semaine les journées auraient dû avoir 48 heures au moins. Mais ce jour-ci tirait déjà à sa fin, parce que la digestion, combinée à la cheminée qui ronflait et à la route qu'ils avaient faite, faisait que tout mon petit monde avait du mal à tenir les yeux ouverts.
— Allez, on débarrasse et au lit tout le monde.
Habituellement quand je disais ça, ça râlait mais là personne ne broncha. On monta tous ensemble.
Avec Hans on se doucha, une douche sage où on se fit quelques bisous et une fois au lit on s'endormit en se câlinant.
Comme toujours, je descendis le premier, suivi de peu par R et R qui demandèrent à sortir et qui remontèrent se coucher après un bol de croquettes chacun. Je profitais d'être seul pour nettoyer la cheminée des cendres de la veille.
— Oups, désolé.
C’est Laszlo qui débarquait en tenue de nuit, les cheveux en bataille.
— De quoi tu es désolé Laszlo ?
— De te surprendre nu.
— Hé merde ! C'est moi qui m'excuse Laszlo. Je n'ai plus pensé que tu étais là et on a l'habitude d'être nu chez nous.
— Oui, je sais, les jumeaux me l'ont dit. Mais j'ai cru que ce n'était qu'en été. Ça ne me dérange pas, j’ai été surpris surtout, je ne suis pas trop pudique. À la maison jusqu'à nos 11 ans avec ma sœur on se douchaient ensemble. Mais dès que ses seins ont pris un soupçon de volume, elle n'a plus voulu. Et depuis qu'elle se fait ''jeune fille'', comme disent nos mères, elle passe des heures dans la salle de bain à se pomponner. Elle a même déjà eu un petit copain.
— Et toi, tu avais une copine à Saint Pierre ?
— y a une fille que j'aimais bien mais j'étais trop timide pour lui parler. Et en plus c'était la meilleure copine de ma sœur et elle préférait les garçons plus âgés.
— Ça viendra un jour Laszlo, tu sais ce n'est qu'à 15 ans que j'ai embrassé ma première fille.
— Maiiis… t'es pas gay, Jeff ?
— Oui, du moins maintenant je le suis à 1OO%, mais quand j'avais 15 ans j'ai eu l'opportunité d'essayer les deux. Et les deux me plaisaient. Puis j'ai rencontré un garçon avec qui j'ai fait un bout de chemin. Mais le destin a voulu qu'il meure. Après j'ai rencontré une fille, la mère de Chip et de Gus. On était bien ensemble, je l'aimais à ma façon et elle à la sienne, mais il n'y avait pas ce lien qui me liait avec Liam ou qui me lie maintenant à Hans.
— T'es bi, alors ?
— Non Laszlo, je suis gay. À l'époque où j'ai rencontré Victoria je me remettais juste de la mort de Liam. Elle était un chat écorché vif et repoussait tout le monde mais il y a eu une espèce d’alchimie entre nous. Je crois que c'est nos deux solitudes qui nous ont rapproché. Ça s’est fait comme ça. Puis Gus et Chip sont arrivés, j'ai été blessé, on est venu vivre aux Fourches et un jour elle a disparu.
Puis j'ai rencontré Hans que j'ai embauché pour garder les jumeaux. On s'aimait mais on n'osait pas se le dire. Et c'est quand il m'a dit qu'il voulait partir et que je lui ai demandé pourquoi qu'il me l'a dit et que je lui ai dit que moi aussi je l’aimais. Et depuis, on ne s'est plus quitté.
Je te souhaite un jour de rencontrer quelqu'un et d'être aussi heureux que Hans et moi. Mais tu es encore jeune et tu feras surement beaucoup d'expériences avant de trouver la bonne personne, homme ou femme.
— Je n'ai jamais encore eu d'expérience sexuelle mais je ne pense pas être attiré par les garçons même si des fois je me suis masturbé avec des potes pour comparer.
— Bof, ça on l'a tous fait, c’est de la curiosité et une sorte d’apprentissage. Si tu n'es pas attiré par les garçons c'est que tu es hétéro. Tu n’en auras la vie que plus facile. Il y a encore trop d’homophobie dans le monde !
— C'est vrai ce que tu dis. Mes mamans sont parties à Saint Pierre à cause des discriminations qu'elles subissaient, là où elles étaient avant. Et pour toi ça s’est bien passé avec ta famille ?
— Je n'en ai parlé qu'une fois avec mes parents en m'excusant d'être gay. Je te dis pas l'engueulée que je me suis fait passer par mes parents… pas parce que j’étais gay mais parce que je m’excusai de l’être. Et pour eux tous c’est ma normalité à moi. Point !
— Ils sont cools tes parents.
— Ça va, ils ont toujours été là pour m’aider, pour nous aider, je devrais dire et nous soutenir.
— J'aimerais avoir une famille comme la tienne.
— C'est vrai que j'ai une famille en or. Ah, les jumeaux ne vont pas tarder.
— Comment tu sais ça ?
— J’entends Rémus et Romulus qui arrivent. Tu vas voir, ils vont aller à la porte pour faire leurs besoins et quand les jumeaux seront là ils rentreront et se planteront devant leur gamelle avec des airs d’affamés, pourtant je leur ai déjà donné une petite portion.
Ça se passa exactement comme je l'avais dit. Et bien sûr les jumeaux étaient descendus nus et à moitié endormis. Leurs petits-déjeuners avalés, on monta s'habiller et on alla s'occuper des chevaux. En voyant les jumeaux Holly et Blacky se mirent à faire les fous et Laszlo n’osait approcher tant il était impressionné par leur taille.
— Allez, viens Laszlo, ils ne sont pas méchants.
— Oui mais bon, tu as vu comme ils sont grands.
On leur donna à manger, puis on les brossa et bien sur les jumeaux voulurent aller faire un tour avec. On les sella, j'aidais Laszlo à grimper derrière Gus et ils partirent.
— On va dire bonjour à Papy et à Mamy et puis on ira chez le Papé et la Mamé. Elle nous a fait un gâteau pour le petit-déjeuner.
— Mais vous venez de déjeuner.
— Oui, mais pas avec le gâteau de Mamé. Puis on ira voir Prince chez Louis. Au fait à midi on est tous invité à manger chez Papy et Mamy. Il y aura tout le monde.
— Et comment tu sais ça toi ? Personne ne m'a rien dit.
— Mamy sera en ‘’vacances’’ aussi cette semaine et elle va garder les cousins.
— Qui ça, Louis et Camille ?
— Oui mais y'aura aussi Eliot et Aymeric. Bon, on y va nous.
— À plus, Pa.
Ils partirent et R et R les suivirent. Je rentrais et comme Hans n'était toujours pas levé je montais à la chambre. Quand j'ouvris la porte ça le réveilla. Il tourna la tête vers moi et me sourit. Il me fit signe de venir. Je le rejoignis au lit. On se câlina un petit moment avant de nous retrouver en 69. on ne fit pas plus, ce matin-là. On descendit nus.
— Personne n'est encore réveillé ?
— Ça fait un moment que les gamins sont partis avec les chevaux.
— Mais c'est quelle heure ?
— Bientôt 10 heures, mon petit loir. Tu savais qu'on mangeait chez mes parents ?
— Oui, les jumeaux m'en ont parlé dans la semaine. Tu n'étais pas au courant ?
— Non, personne ne m'en a parlé. Ma mère va garder les petits pendant les vacances. Ça va mettre de l'animation au village sans compter Adeline et Nans.
— Avec tous ces gamins la cuisine de la Mamé va se transformer en pâtisserie.
— Moi qui voulait vous faire des pizzas, ce soir.
— Tu les feras mais pour plus de monde. Allez on monte s'habiller et on va chez tes parents. Je suppose que ta mère doit avoir besoin d’aide.
Ça courait de partout sur la place du village et Adeline qui était la seule fille, ne donnait pas sa part aux chiens. Mais il n'y avait ni Gus, ni Chip et pas plus de Laszlo. Antho surveillait tout ce petit monde et parfois élevait la voix quand ça allait un peu loin. On se fit la bise.
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— Plutôt bien mais il y a eu une petite découverte inattendue. Ils ont vu une tache noire sur le poumon blessé et ils pensent qu'il s'agit d'un petit éclat de la balle qui m'a touché. Ils veulent me l’enlever. J'ai dit oui.
— Mon dieu mais c'est grave ? Ils vont te faire ça quand ?
-- Non maman ce n'est pas grave. Ils vont juste me faire trois trous dans le dos et m'enlever un bout de poumon tout petit. Par contre, je vais être arrêté entre trois semaine et un mois.
— Mais on s'en fout de ça. Il faut te soigner avant tout. Tu vas te faire opérer où et quand ?
— Quand, je ne sais pas, Papa. Le toubib doit m'envoyer un mail pour me donner la date. Et il m'a proposé de m'opérer à Montpellier. Comme ça Hans et les jumeaux pourront venir me voir.
— Quoi ! On n'aura pas le droit de venir, nous ?
— Mais bien sûr que si maman mais je ne resterai à l'hôpital que quelques jours. Et je voudrais passer ma convalescence avec eux.
— Oui, mais s'il t'arrive quelque chose quand tu seras tout seul ?
— Et s'il est aux Fourches, ça ne sera pas mieux, Agnès. Il vaut mieux qu'il soit sur Montpellier en cas de complications.
— Ne parle pas de malheur Alain.
Deux coups sur la porte et Nick entra, il me demanda de mes nouvelles et la conversation dévia sur le boulot. Je restais encore une petite heure avec eux puis j'allais voir Louis auquel j'expliquais ce qu'il se passait et c'est bien volontiers qu'il prendrait Holly et Blacky en pension le temps où je ne serai pas là. Et enfin je rentrais à la maison où R et R me firent des fêtes à n'en plus finir. Puis j'allais voir les chevaux… qui firent de même.
Dans la foulée j'appelais Rémi avec qui je discutais un grand moment et lui et Joris descendraient nous voir ce week-end, afin de finaliser mon testament. Il me proposa d'apporter celui de Hans et de Nick. J'acceptais pour eux.
Je venais de finir un Skype avec Hans et les jumeaux quand mon portable sonna. C'était Joris qui, catastrophé, par ce que lui avait dit Rémi venait aux nouvelles. Je le rassurais et on discuta un grand moment. Il avait tout un tas d'heures à récupérer et il voulait à tout prix venir me tenir compagnie une semaine ou deux après mon opération.
— Mais je ne sais pas encore quand je vais me faire opérer Joris.
— C'est pas grave ça, tu me le dis et dès que tu sors de l'hôpital, je te rejoins à Carnon. Et ce n'est pas la peine de dire non parce que de toute façon je viendrai.
— Mais tu vas laisser Rémi tout seul. C'est pas mieux.
— Rémi doit régulièrement partir voir des clients à lui. Il va bientôt planifier ça. Donc dès que tu sais quelque chose tu appelles.
— Pourquoi tu n'en profites pas pour aller avec lui ?
— Ne change pas de conversation, Bé. Je l'ai déjà fait et je me suis retrouvé seul à l’hôtel tous les jours, souvent dans des bleds perdus, et le soir, quand il rentrait, je ne pouvais même pas profiter de lui parce qu'il bossait sur ses dossiers.
À chacune de mes objections il trouvait une parade. Finalement j'acceptais qu'il soit mon garde malade le temps de ma convalescence – du moins les dix premiers jours. Ma mère serait rassurée, comme ça.
On était enfin, vendredi et l’heure de leur retour était proche. J'avais nettoyé la maison du sol au plafond. Ma grand-mère avait préparé le plat favori des jumeaux (parce que je reconnais que j'étais toujours aussi nul en cuisine). J'avais brossé Rémus et Romulus qui sentait qu'il y avait quelque chose qui se préparait et qui avaient été tout aussi excités que moi en journée.
La porte qui s'ouvrit à la volée et un tonitruant ''Papa, on est là !'' me surprirent. Même Rémus et Romulus qui dormaient devant la cheminée sursautèrent puis se ruèrent sur les jumeaux pour les léchouiller de partout. Ça criait, ça riait.
— Et moi alors, vous m’oubliez ?
C'est deux bolides qui me foncèrent dessus et à mon tour j'eus droit à plein de bisous y compris de R et R qui s'étaient joints à nous. Les effusions durèrent un petit moment et quand la place fut libre c'est Hans qui se colla à moi pour m'embrasser à son tour. Il s'était fait beau. Son jean le moulait à la perfection et ma réaction fut immédiate. Je me ressaisis. Laszlo arriva à son tour et me fit la bise.
— Les jumeaux vous montez vos affaires et vous montrez sa chambre à Laszlo.
— On a faim, nous. On peut pas le faire après avoir mangé ?
— Gus !
— Ok Pa, on les monte mais après on mange. Ça sent trop bon c'est Mamé qui nous a fait du poulet farci et des pommes de terre au jus avec des champignons ?
— Qui veux tu que ce soit ? Tu sais bien que à part les criques, les œufs et quelques bricoles du même genre c'est tout ce que je sais faire.
— C'est pas vrai Papa. Tu fais aussi des pizzas très bonnes. Tu nous en feras ?
— Pourquoi pas, si vous m'aidez à les faire.
— Tu verras, Laszlo, on les fera à la Honorin, comme on t'a expliqué.
— Bon, on passe à table, les gars ?
— Excellente idée Hans, parler de bouffe ça donne faim !
Il ne resta plus rien de ce que ma grand-mère avait cuisiné et pourtant elle avait prévu grand. On mangea tous autant les uns que les autres. Les jumeaux étaient de vraies pipelettes. Avec ce qu'ils avaient prévu de faire pendant la semaine les journées auraient dû avoir 48 heures au moins. Mais ce jour-ci tirait déjà à sa fin, parce que la digestion, combinée à la cheminée qui ronflait et à la route qu'ils avaient faite, faisait que tout mon petit monde avait du mal à tenir les yeux ouverts.
— Allez, on débarrasse et au lit tout le monde.
Habituellement quand je disais ça, ça râlait mais là personne ne broncha. On monta tous ensemble.
Avec Hans on se doucha, une douche sage où on se fit quelques bisous et une fois au lit on s'endormit en se câlinant.
Comme toujours, je descendis le premier, suivi de peu par R et R qui demandèrent à sortir et qui remontèrent se coucher après un bol de croquettes chacun. Je profitais d'être seul pour nettoyer la cheminée des cendres de la veille.
— Oups, désolé.
C’est Laszlo qui débarquait en tenue de nuit, les cheveux en bataille.
— De quoi tu es désolé Laszlo ?
— De te surprendre nu.
— Hé merde ! C'est moi qui m'excuse Laszlo. Je n'ai plus pensé que tu étais là et on a l'habitude d'être nu chez nous.
— Oui, je sais, les jumeaux me l'ont dit. Mais j'ai cru que ce n'était qu'en été. Ça ne me dérange pas, j’ai été surpris surtout, je ne suis pas trop pudique. À la maison jusqu'à nos 11 ans avec ma sœur on se douchaient ensemble. Mais dès que ses seins ont pris un soupçon de volume, elle n'a plus voulu. Et depuis qu'elle se fait ''jeune fille'', comme disent nos mères, elle passe des heures dans la salle de bain à se pomponner. Elle a même déjà eu un petit copain.
— Et toi, tu avais une copine à Saint Pierre ?
— y a une fille que j'aimais bien mais j'étais trop timide pour lui parler. Et en plus c'était la meilleure copine de ma sœur et elle préférait les garçons plus âgés.
— Ça viendra un jour Laszlo, tu sais ce n'est qu'à 15 ans que j'ai embrassé ma première fille.
— Maiiis… t'es pas gay, Jeff ?
— Oui, du moins maintenant je le suis à 1OO%, mais quand j'avais 15 ans j'ai eu l'opportunité d'essayer les deux. Et les deux me plaisaient. Puis j'ai rencontré un garçon avec qui j'ai fait un bout de chemin. Mais le destin a voulu qu'il meure. Après j'ai rencontré une fille, la mère de Chip et de Gus. On était bien ensemble, je l'aimais à ma façon et elle à la sienne, mais il n'y avait pas ce lien qui me liait avec Liam ou qui me lie maintenant à Hans.
— T'es bi, alors ?
— Non Laszlo, je suis gay. À l'époque où j'ai rencontré Victoria je me remettais juste de la mort de Liam. Elle était un chat écorché vif et repoussait tout le monde mais il y a eu une espèce d’alchimie entre nous. Je crois que c'est nos deux solitudes qui nous ont rapproché. Ça s’est fait comme ça. Puis Gus et Chip sont arrivés, j'ai été blessé, on est venu vivre aux Fourches et un jour elle a disparu.
Puis j'ai rencontré Hans que j'ai embauché pour garder les jumeaux. On s'aimait mais on n'osait pas se le dire. Et c'est quand il m'a dit qu'il voulait partir et que je lui ai demandé pourquoi qu'il me l'a dit et que je lui ai dit que moi aussi je l’aimais. Et depuis, on ne s'est plus quitté.
Je te souhaite un jour de rencontrer quelqu'un et d'être aussi heureux que Hans et moi. Mais tu es encore jeune et tu feras surement beaucoup d'expériences avant de trouver la bonne personne, homme ou femme.
— Je n'ai jamais encore eu d'expérience sexuelle mais je ne pense pas être attiré par les garçons même si des fois je me suis masturbé avec des potes pour comparer.
— Bof, ça on l'a tous fait, c’est de la curiosité et une sorte d’apprentissage. Si tu n'es pas attiré par les garçons c'est que tu es hétéro. Tu n’en auras la vie que plus facile. Il y a encore trop d’homophobie dans le monde !
— C'est vrai ce que tu dis. Mes mamans sont parties à Saint Pierre à cause des discriminations qu'elles subissaient, là où elles étaient avant. Et pour toi ça s’est bien passé avec ta famille ?
— Je n'en ai parlé qu'une fois avec mes parents en m'excusant d'être gay. Je te dis pas l'engueulée que je me suis fait passer par mes parents… pas parce que j’étais gay mais parce que je m’excusai de l’être. Et pour eux tous c’est ma normalité à moi. Point !
— Ils sont cools tes parents.
— Ça va, ils ont toujours été là pour m’aider, pour nous aider, je devrais dire et nous soutenir.
— J'aimerais avoir une famille comme la tienne.
— C'est vrai que j'ai une famille en or. Ah, les jumeaux ne vont pas tarder.
— Comment tu sais ça ?
— J’entends Rémus et Romulus qui arrivent. Tu vas voir, ils vont aller à la porte pour faire leurs besoins et quand les jumeaux seront là ils rentreront et se planteront devant leur gamelle avec des airs d’affamés, pourtant je leur ai déjà donné une petite portion.
Ça se passa exactement comme je l'avais dit. Et bien sûr les jumeaux étaient descendus nus et à moitié endormis. Leurs petits-déjeuners avalés, on monta s'habiller et on alla s'occuper des chevaux. En voyant les jumeaux Holly et Blacky se mirent à faire les fous et Laszlo n’osait approcher tant il était impressionné par leur taille.
— Allez, viens Laszlo, ils ne sont pas méchants.
— Oui mais bon, tu as vu comme ils sont grands.
On leur donna à manger, puis on les brossa et bien sur les jumeaux voulurent aller faire un tour avec. On les sella, j'aidais Laszlo à grimper derrière Gus et ils partirent.
— On va dire bonjour à Papy et à Mamy et puis on ira chez le Papé et la Mamé. Elle nous a fait un gâteau pour le petit-déjeuner.
— Mais vous venez de déjeuner.
— Oui, mais pas avec le gâteau de Mamé. Puis on ira voir Prince chez Louis. Au fait à midi on est tous invité à manger chez Papy et Mamy. Il y aura tout le monde.
— Et comment tu sais ça toi ? Personne ne m'a rien dit.
— Mamy sera en ‘’vacances’’ aussi cette semaine et elle va garder les cousins.
— Qui ça, Louis et Camille ?
— Oui mais y'aura aussi Eliot et Aymeric. Bon, on y va nous.
— À plus, Pa.
Ils partirent et R et R les suivirent. Je rentrais et comme Hans n'était toujours pas levé je montais à la chambre. Quand j'ouvris la porte ça le réveilla. Il tourna la tête vers moi et me sourit. Il me fit signe de venir. Je le rejoignis au lit. On se câlina un petit moment avant de nous retrouver en 69. on ne fit pas plus, ce matin-là. On descendit nus.
— Personne n'est encore réveillé ?
— Ça fait un moment que les gamins sont partis avec les chevaux.
— Mais c'est quelle heure ?
— Bientôt 10 heures, mon petit loir. Tu savais qu'on mangeait chez mes parents ?
— Oui, les jumeaux m'en ont parlé dans la semaine. Tu n'étais pas au courant ?
— Non, personne ne m'en a parlé. Ma mère va garder les petits pendant les vacances. Ça va mettre de l'animation au village sans compter Adeline et Nans.
— Avec tous ces gamins la cuisine de la Mamé va se transformer en pâtisserie.
— Moi qui voulait vous faire des pizzas, ce soir.
— Tu les feras mais pour plus de monde. Allez on monte s'habiller et on va chez tes parents. Je suppose que ta mère doit avoir besoin d’aide.
Ça courait de partout sur la place du village et Adeline qui était la seule fille, ne donnait pas sa part aux chiens. Mais il n'y avait ni Gus, ni Chip et pas plus de Laszlo. Antho surveillait tout ce petit monde et parfois élevait la voix quand ça allait un peu loin. On se fit la bise.
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