26-03-2022, 10:34 PM
Coucou !
C'est une phrasette de @lelivredejeremie qui a suscité cette histoire...
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La Leçon d'Enguerrand (1/2)
[b]« Enguerrand est comme trop de garçons de sa caste, arrogant, trop sûr de lui, puis, cerise sur le gâteau, actif infaillible auto-proclamé. Il mérite une petite leçon d'humilité. » se dit après à peine deux minutes de dialogue le délicat mais finement musclé Tristan, assuré de l'effet souvent vérifié de son arme secrète. [/b]
C'est qu'il n'était pas moins apprécié que le bel Enguerrand, le joli Tristan ! Mais en cette soirée de fin des cours de la première année de fac, il venait de se dire — était-ce grâce à la vodka qui coulait à flot céans ? — qu'il en avait assez de la suffisance de ce mec... cependant le plus beau de l'université, et sûrement de la ville, sans conteste !
C'était idiot, en vérité : on ne chassait pas le même gibier ; le superbe, magnifique même, Enguerrand épatait les fillettes et les tirait sans se poser de question ; Tristan y allait au sentiment, ou presque : sa finesse et sa bonne éducation faisaient le reste.
Ils avaient en ceci du moins un point commun : on ne les prenait point au sérieux, ni du côté des filles, ni de celui des garçons. Et les mecs qui cherchaient à se caser ne les redoutaient guère, en vérité... Car leur réputation les précédait, ces loupiots-là ! Beaux, bien foutus et joliment équipés (disait-on), et bons baiseurs, ça oui ! ajoutait la rumeur.
Pourtant, Tristan était mieux noté que l'épatant Enguerrand, car ce jeune homme était si délicieusement altmodisch1 dans son approche des choses intimes qu'il séduisait réellement les jeunes demoiselles qui sortaient du lit d'Enguerrand, après une ou deux nuits de folie...
Mais bon ! Tout cela ressemblait fortement à ce que c'était : des fantaisies d'étudiants. Et somme toute, si ces demoiselles mouillaient avec régularité leurs petites culottes en alternant, en leurs sauvages pensées, les espoirs et les souvenirs de ces deux prédateurs, la vie s'était écoulée doucement, cette première année, sur le campus...
Qu'est-ce qui donc avait motivé la vindicte du paisible Tristan, lors ? Et c'était que le mec qui recevait avait présenté une sienne cousine, qui ferait partie de la classe l'année suivante, un genre de beauté blonde et ravageuse qui avait gonflé les chausses de la plupart de ces messieurs dès qu'elle avait paru, tous tétons pointant sous sa frêle mousseline...
Et deux ou trois mots d'Enguerrand avaient suffi à déterrer la hache de guerre en le pourtant placide esprit de Tristan...
Non, Enguerrand ne l'aurait pas ! Voilà, c'était dit : ce serait le challenge de l'été que de chauffer la jolie donzelle à ce fier-à-bras !
Pour l'instant, Tristan avait l'esprit plus proche des brumes de la Russie profonde, rapport à la vodka, que des lumineuses clartés de la sagesse gréco-romaine... Et il était bien incapable d'ébaucher ne fût-ce qu'un soupçon d'idée de la moindre stratégie... D'autant qu'il n'avait jamais été en pointe sur ces affaires, comme on l'a dit : il récupérait plutôt les restes du flamboyant Enguerrand.
Il fut distrait de ces vaseuses réflexions par un garçon qui vint se poser près de lui, sur le tapis. Un long rouquin pâlot qu'il n'avait du tout fréquenté de l'année, et qui semblait du reste d'une timidité maladive : on ne l'avait jamais vu avec une nana sous le bras, çui-là !
Et ce Joël, évidemment aussi parti que les autres, se mit à lui parler doucement, de choses sans importance. Et là, allez savoir pourquoi, Tristan lui demanda :
— T'as une copine, toi ?
— Ben... non.
— Regarde-moi ! Ben oui ! T'as des super-z-yeux bleus, toi ! Alors franchement, avec tes cheveux en plus... tu fais mouiller à quinze pas, au moins !
Le garçon sourit, mais parut gêné. Il posa alors en les yeux Tristan un grand et triste regard, et murmura :
— On dira que je fais pas mouiller les bonnes cibles, alors.
— Joël ? Mais tout le monde est sensible à une belle gueule comme la tienne, et à des yeux bleus comme ça !
— Tout le monde... mais pas tous les garçons.
— Ah ! fit Tristan, qui ne s'attendait pas à celle-là. Euh... excuse-moi, je...
— C'est rien. Moi qui croyais que tout le monde savait !
— T'es si... discret que j'avais rien vu, moi, en tout cas... et que j'ai jamais entendu un mot sur toi... sauf quelques nanas, parlant de tes yeux, et quelques mecs pour te dire gentil. En tout cas, je peux te dire qu'il n'y a pas d'homophobie dans la classe, car c'est un sujet qu'on aborde parfois, et... non !
— Merci, t'es gentil...
— Et la star de l'Université française, qui pérore là-bas dans le fond, elle te fait quel effet ? demanda Tristan en désignant Enguerrand du menton.
— Il est incroyablement beau, mais... trop hétéro, vraiment ! répondit le garçon en souriant largement.
Ce fut à ce moment qu'une étincelle brilla dans ce qui restait de l'esprit de Tristan : il la tenait, sa stratégie !
— Tu sais quoi ? Faut pas te fier aux apparences : il est pas réellement ce qu'il montre, le bel Enguerrand !
— Hein ?
— Écoute-ça, fit Tristan sur le ton de la confidence, il baise autant qu'il veut, mais il se fait vite jeter... parce qu'il sait pas y faire avec les nanas. Et je suis certain que c'est... parce qu'il sait pas vraiment où il en est, ou que même il ne veut pas s'avouer qu'il pourrait être gay.
— Quoi ? sursauta le rouquin.
— Et là, vu qu'il a déjà baisé toutes les nanas de la classe, plus celles de deuxième année et la moité de celles qu'on croise au restau U, j'peux te dire qu'il va rentrer avec coquette sous le bras, ce soir !
— Ah ! Ah ! pouffa gaiement Joël, t'es trop, toi !
— Non : je te dis que si tu veux tâter de la merveille, c'est ce soir ou jamais.
— Mais... tu rigoles ? Jamais j'oserai !
— Côté chattes, il est grillé, ce soir... remarque que moi aussi, tiens ! Mais grâce à mon savoir faire et la bonne éducation que ma mère m'a donnée, j'ai sans doute deux ou trois p'tits trous en réserve...
— Sans compter le mien, murmura Joël en regardant ailleurs.
— Oh ! fit Tristan, qui n'avait rien vu venir. Ben... euh... euh ! Je... sais pas quoi te dire, là...
— Rien. Je vais aller prendre une baffe d'Enguerrand, puisque tu me le conseilles.
— Oh ! Mais, Joël... t'étais sérieux, là ?
— Les mal baisés sont toujours sérieux, hélas !
— Joël !
Soudain, les brumes de l'alcool s'échappèrent de la cervelle de Tristan, et il envisagea la situation qui venait de se révéler à lui, comme il dévisagea le fin minois du rouquin.
Et il se mit à penser à toute vitesse. De fait, il n'était pas sûr du tout de rentrer avec un coup possible, ce soir... Mais d'un autre côté, il n'avait jamais rien fait avec un mec, même pas les petites branlettes réglementaires de l'adolescence ! Il respira un grand coup, s'enfila une bonne dose de vodka, d'ailleurs imité par Joël, et se lança :
— Non, ce branleur ne te mérite pas. Et si tu veux pas... rentrer pour pleurer tout seul dans ton petit lit... alors tu peux... venir pleurer dans le mien..
— Toi ? Mais tu me disais...
— J'me vantais un peu... et puis... si tu veux... j'ai des choses à apprendre.
— Oh ! Mais...
— Je rigole pas. Joël ? On peut, si tu veux.
— Mais... Oh oui, oui, bien sûr !
— Je suis pas aussi beau que l'autre starlette, m'enfin...
— Ça, c'est une connerie, figure-toi : si tu entendais parler les filles de la classe, tu saurais que...
— Hein ?
— ...que ta cote est bien supérieure à la sienne, conclut Joël en plantant son bleu regard en celui de Tristan.
Pour la première fois de sa vie, Tristan dut frissonner sous le regard d'un garçon. Il eut soudain conscience qu'il venait de s'engager à passer la nuit avec ce mec... à le baiser, sans doute... ce mec qui était loin d'être l'ectoplasme qu'il se représentait. Il poussa un long soupir, et Joël reprit :
— T'embête pas pour moi... J'ai l'habitude de pleurer tout seul, tu sais.
— Pas ce soir ! Ce soir, tu pleures pas, et t'es pas tout seul ! affirma Tristan sur un ton martial qu'il ne se connaissait pas. D'ailleurs, on y va : y m'gavent, tous ces connards !
On décida de partir à quelques instants d'intervalle. Joël s'en fut le premier, qui n'avait pas beaucoup de bises à donner, céans : sourires et gentils signes de la main suffisaient.
Enguerrand chopa Tristan avant qu'iceluy vînt le saluer :
— Tu te fais qui, ce soir ?
— Chuis pas encore sûr, mais normalement c'est bon.
— Tu me diras ? Moi... C'est nul, ce soir !
— Soirée de patronage, fallait pas t'attendre à mieux !
— Sauf que toi...
— Rien de fait, mais... à priori étonnant. Très, même !
— Oh p'tain !
— Salut mon pote !
Au coin de la rue, Tristan retrouva Joël. Qu'il jugea un peu anxieux :
— Tu sais, Joël, si tu veux plus...
— Oh si, je veux ! Chez moi, c'est juste là.
Chez le garçon, une studette, Joël proposa tout de suite :
— Pas d'alcool, je pense... mais l'eau courante chaude et froide : on se douche ?
— Oh oui ! fit Tristan, obligé de sourire : décidément, ce garçon méritait d'être connu !
Où Tristan eut une jolie surprise : le maigrissime Joël était en revanche pourvu d'un long et beau serpent rose qui... qui promettait franchement.
Vite, d'ailleurs, ledit serpent prit des formes qui... épatèrent Tristan. Joël semblait savoir ce qu'il voulait, et il sécha tout le monde avec vivacité, avant de mener Tristan à son lit, de l'y faire allonger puis de le prendre en bouche sans autre sommation.
Tristan poussa un énorme soupir, et se rendit vite compte que ce jeune homme savait y faire, et combien mieux que les fausses pucelles qui tombaient dans les pommes au premier gland aperçu !
— J'adore ta queue, vraiment, dit enfin le suceur.
— Elle vaudra jamais la tienne, je crois !
— T'es gentil. Est-ce que... tu voudrais me niquer, ou on s'en tient là ?
— C'est toi qui décides, évidemment.
— Viens.
Incroyable moment pour Tristan que d'avoir à pousser sa jolie queue — c'est qu'il était bien monté, mais sans trop, et avec de l'élégance —, de pousser sa fine ogive en le petit trou bordé de soie rousse d'un Joël qui l'y incitait de ses sourires, et de ses bleus regards...
Une fois positionné, il se trouva bien en ce fin et serré pertuis qui lui offrit dès le début de vives sensations : rien à voir avec ce que ces demoiselles avaient à proposer !
Et guidé par son rouquin, il commença à s'activer... Il n'eut pas conscience tout de suite qu'outre les sensations physiques que ce petit cul lui offrait, il était aussi prisonnier des sourires et des yeux de son pâle enculé.
Dont il ne quittait pas l'ardent regard. Alors il baisa, Tristan, avec une sorte d'allégresse venue d'une autre planète, sans doute, tant elle lui était inconnue !
Et il niqua, niqua comme si le sort de l'Humanité en dépendait ! De quelques mots finement murmurés, son gracieux partenaire avait l'art de l'encourager, de l'exciter même... et Tristan se surprit à vouloir ne le décevoir point, ce pâle enfant-là.
Quelle fut bonne, cette chevauchée-là ! Non, Tristan n'en avait oncques connu telle ! Lorsqu'il s'épandit ès douces profondeurs du garçon, il s'affala sur lui... et sa bouche rencontra les lèvres de Joël... Oh, l'ardent et inattendu baiser qu'iceluy !
— Tu me fais jouir, grand garçon ? souffla enfin Joël.
— Comment ?
— Fait exactement ce qui t'excite : fais-nous plaisir !
Là, Tristan se sentit un peu coincé : comment ne pas décevoir ce mec qui venait de lui offrir tant de bonnes choses ?
Alors il se lança, et prit la superbe pine en bouche. Superbe car plus grande que la sienne, vraiment ! Mais il assura bravement, et quand Joël annonça déborder aussi, il le branla à toute force, et en prit plein le museau, du joli jus blanc de ce rouquin-là... Qui lui saisit alors vivement la nuque, aux fins de s'en faire derechef embrasser.
Moment qui dura. Avant que Tristan acceptât de dormir céans — il n'y avait de toute façon plus de tramway à l'horizon...
Au matin, il fut éveillé par une douce succion, comme bien vous pouviez l'espérer. Et il baisa derechef sa jolie liane frêle et rousse... avec un plaisir renouvelé.
— J'imagine que tu te vanteras pas de m'avoir tiré ? demanda Joël avec un fin sourire... que Tristan jugea un peu vicelard, tiens !
— Toi seul décides !
— Tu peux le dire au monde entier : tu sais pas ce que tu m'as donné, Tristan ! Et maintenant... je sais que les filles disent des conneries : t'es mille fois mieux que ce qu'elles en racontent !
— T'es fou, toi ! fit Tristan en souriant, fou, vraiment !
— Et toi, t'es... incroyablement gentil, sans compter le reste, évidemment !
On s'embrassa délicatement, alors. Tristan avait oublié de penser qu'il embrassait un garçon. Il était bien, et c'était tout.
Il demeura encore un tendre petit temps avec Joël avant de rentrer chez lui. Sur le chemin, un appel d'Enguerrand :
— Alors ?
— J'ai niqué comme jamais ! Et toi ?
— Que dalle! J'me suis branlé comme un ado... et comme un malade ! C'est qui ?
— Dis-moi d'abord : avec la nouvelle, là, t'as pas réussi ?
— Une allumeuse, je crois. Faisable, mais d'abord chieuse. Mais toi, nom de dieu !
— Si j'te le dis, tu me croiras jamais !
— Mais putain vas-y, nom de dieu !
— Ben... T'es assis ?
— Oh, ta gueule ! Crache, putain !
— Joël.
Silence au bout du fil.
— T'es là ? demanda Tristan.
— Tu te fous de moi, j'imagine ?
— Ben non.
— T'es... pédé, toi, maintenant ?
— J'crois pas... mais je me suis éclaté comme y avait longtemps.
— Oh putain... Tu te fous pas de moi, là, t'es sûr ?
— Tous les détails quand tu veux. Et avec sa permission.
C'est une phrasette de @lelivredejeremie qui a suscité cette histoire...
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La Leçon d'Enguerrand (1/2)
[b]« Enguerrand est comme trop de garçons de sa caste, arrogant, trop sûr de lui, puis, cerise sur le gâteau, actif infaillible auto-proclamé. Il mérite une petite leçon d'humilité. » se dit après à peine deux minutes de dialogue le délicat mais finement musclé Tristan, assuré de l'effet souvent vérifié de son arme secrète. [/b]
C'est qu'il n'était pas moins apprécié que le bel Enguerrand, le joli Tristan ! Mais en cette soirée de fin des cours de la première année de fac, il venait de se dire — était-ce grâce à la vodka qui coulait à flot céans ? — qu'il en avait assez de la suffisance de ce mec... cependant le plus beau de l'université, et sûrement de la ville, sans conteste !
C'était idiot, en vérité : on ne chassait pas le même gibier ; le superbe, magnifique même, Enguerrand épatait les fillettes et les tirait sans se poser de question ; Tristan y allait au sentiment, ou presque : sa finesse et sa bonne éducation faisaient le reste.
Ils avaient en ceci du moins un point commun : on ne les prenait point au sérieux, ni du côté des filles, ni de celui des garçons. Et les mecs qui cherchaient à se caser ne les redoutaient guère, en vérité... Car leur réputation les précédait, ces loupiots-là ! Beaux, bien foutus et joliment équipés (disait-on), et bons baiseurs, ça oui ! ajoutait la rumeur.
Pourtant, Tristan était mieux noté que l'épatant Enguerrand, car ce jeune homme était si délicieusement altmodisch1 dans son approche des choses intimes qu'il séduisait réellement les jeunes demoiselles qui sortaient du lit d'Enguerrand, après une ou deux nuits de folie...
Mais bon ! Tout cela ressemblait fortement à ce que c'était : des fantaisies d'étudiants. Et somme toute, si ces demoiselles mouillaient avec régularité leurs petites culottes en alternant, en leurs sauvages pensées, les espoirs et les souvenirs de ces deux prédateurs, la vie s'était écoulée doucement, cette première année, sur le campus...
Qu'est-ce qui donc avait motivé la vindicte du paisible Tristan, lors ? Et c'était que le mec qui recevait avait présenté une sienne cousine, qui ferait partie de la classe l'année suivante, un genre de beauté blonde et ravageuse qui avait gonflé les chausses de la plupart de ces messieurs dès qu'elle avait paru, tous tétons pointant sous sa frêle mousseline...
Et deux ou trois mots d'Enguerrand avaient suffi à déterrer la hache de guerre en le pourtant placide esprit de Tristan...
Non, Enguerrand ne l'aurait pas ! Voilà, c'était dit : ce serait le challenge de l'été que de chauffer la jolie donzelle à ce fier-à-bras !
Pour l'instant, Tristan avait l'esprit plus proche des brumes de la Russie profonde, rapport à la vodka, que des lumineuses clartés de la sagesse gréco-romaine... Et il était bien incapable d'ébaucher ne fût-ce qu'un soupçon d'idée de la moindre stratégie... D'autant qu'il n'avait jamais été en pointe sur ces affaires, comme on l'a dit : il récupérait plutôt les restes du flamboyant Enguerrand.
Il fut distrait de ces vaseuses réflexions par un garçon qui vint se poser près de lui, sur le tapis. Un long rouquin pâlot qu'il n'avait du tout fréquenté de l'année, et qui semblait du reste d'une timidité maladive : on ne l'avait jamais vu avec une nana sous le bras, çui-là !
Et ce Joël, évidemment aussi parti que les autres, se mit à lui parler doucement, de choses sans importance. Et là, allez savoir pourquoi, Tristan lui demanda :
— T'as une copine, toi ?
— Ben... non.
— Regarde-moi ! Ben oui ! T'as des super-z-yeux bleus, toi ! Alors franchement, avec tes cheveux en plus... tu fais mouiller à quinze pas, au moins !
Le garçon sourit, mais parut gêné. Il posa alors en les yeux Tristan un grand et triste regard, et murmura :
— On dira que je fais pas mouiller les bonnes cibles, alors.
— Joël ? Mais tout le monde est sensible à une belle gueule comme la tienne, et à des yeux bleus comme ça !
— Tout le monde... mais pas tous les garçons.
— Ah ! fit Tristan, qui ne s'attendait pas à celle-là. Euh... excuse-moi, je...
— C'est rien. Moi qui croyais que tout le monde savait !
— T'es si... discret que j'avais rien vu, moi, en tout cas... et que j'ai jamais entendu un mot sur toi... sauf quelques nanas, parlant de tes yeux, et quelques mecs pour te dire gentil. En tout cas, je peux te dire qu'il n'y a pas d'homophobie dans la classe, car c'est un sujet qu'on aborde parfois, et... non !
— Merci, t'es gentil...
— Et la star de l'Université française, qui pérore là-bas dans le fond, elle te fait quel effet ? demanda Tristan en désignant Enguerrand du menton.
— Il est incroyablement beau, mais... trop hétéro, vraiment ! répondit le garçon en souriant largement.
Ce fut à ce moment qu'une étincelle brilla dans ce qui restait de l'esprit de Tristan : il la tenait, sa stratégie !
— Tu sais quoi ? Faut pas te fier aux apparences : il est pas réellement ce qu'il montre, le bel Enguerrand !
— Hein ?
— Écoute-ça, fit Tristan sur le ton de la confidence, il baise autant qu'il veut, mais il se fait vite jeter... parce qu'il sait pas y faire avec les nanas. Et je suis certain que c'est... parce qu'il sait pas vraiment où il en est, ou que même il ne veut pas s'avouer qu'il pourrait être gay.
— Quoi ? sursauta le rouquin.
— Et là, vu qu'il a déjà baisé toutes les nanas de la classe, plus celles de deuxième année et la moité de celles qu'on croise au restau U, j'peux te dire qu'il va rentrer avec coquette sous le bras, ce soir !
— Ah ! Ah ! pouffa gaiement Joël, t'es trop, toi !
— Non : je te dis que si tu veux tâter de la merveille, c'est ce soir ou jamais.
— Mais... tu rigoles ? Jamais j'oserai !
— Côté chattes, il est grillé, ce soir... remarque que moi aussi, tiens ! Mais grâce à mon savoir faire et la bonne éducation que ma mère m'a donnée, j'ai sans doute deux ou trois p'tits trous en réserve...
— Sans compter le mien, murmura Joël en regardant ailleurs.
— Oh ! fit Tristan, qui n'avait rien vu venir. Ben... euh... euh ! Je... sais pas quoi te dire, là...
— Rien. Je vais aller prendre une baffe d'Enguerrand, puisque tu me le conseilles.
— Oh ! Mais, Joël... t'étais sérieux, là ?
— Les mal baisés sont toujours sérieux, hélas !
— Joël !
Soudain, les brumes de l'alcool s'échappèrent de la cervelle de Tristan, et il envisagea la situation qui venait de se révéler à lui, comme il dévisagea le fin minois du rouquin.
Et il se mit à penser à toute vitesse. De fait, il n'était pas sûr du tout de rentrer avec un coup possible, ce soir... Mais d'un autre côté, il n'avait jamais rien fait avec un mec, même pas les petites branlettes réglementaires de l'adolescence ! Il respira un grand coup, s'enfila une bonne dose de vodka, d'ailleurs imité par Joël, et se lança :
— Non, ce branleur ne te mérite pas. Et si tu veux pas... rentrer pour pleurer tout seul dans ton petit lit... alors tu peux... venir pleurer dans le mien..
— Toi ? Mais tu me disais...
— J'me vantais un peu... et puis... si tu veux... j'ai des choses à apprendre.
— Oh ! Mais...
— Je rigole pas. Joël ? On peut, si tu veux.
— Mais... Oh oui, oui, bien sûr !
— Je suis pas aussi beau que l'autre starlette, m'enfin...
— Ça, c'est une connerie, figure-toi : si tu entendais parler les filles de la classe, tu saurais que...
— Hein ?
— ...que ta cote est bien supérieure à la sienne, conclut Joël en plantant son bleu regard en celui de Tristan.
Pour la première fois de sa vie, Tristan dut frissonner sous le regard d'un garçon. Il eut soudain conscience qu'il venait de s'engager à passer la nuit avec ce mec... à le baiser, sans doute... ce mec qui était loin d'être l'ectoplasme qu'il se représentait. Il poussa un long soupir, et Joël reprit :
— T'embête pas pour moi... J'ai l'habitude de pleurer tout seul, tu sais.
— Pas ce soir ! Ce soir, tu pleures pas, et t'es pas tout seul ! affirma Tristan sur un ton martial qu'il ne se connaissait pas. D'ailleurs, on y va : y m'gavent, tous ces connards !
On décida de partir à quelques instants d'intervalle. Joël s'en fut le premier, qui n'avait pas beaucoup de bises à donner, céans : sourires et gentils signes de la main suffisaient.
Enguerrand chopa Tristan avant qu'iceluy vînt le saluer :
— Tu te fais qui, ce soir ?
— Chuis pas encore sûr, mais normalement c'est bon.
— Tu me diras ? Moi... C'est nul, ce soir !
— Soirée de patronage, fallait pas t'attendre à mieux !
— Sauf que toi...
— Rien de fait, mais... à priori étonnant. Très, même !
— Oh p'tain !
— Salut mon pote !
Au coin de la rue, Tristan retrouva Joël. Qu'il jugea un peu anxieux :
— Tu sais, Joël, si tu veux plus...
— Oh si, je veux ! Chez moi, c'est juste là.
Chez le garçon, une studette, Joël proposa tout de suite :
— Pas d'alcool, je pense... mais l'eau courante chaude et froide : on se douche ?
— Oh oui ! fit Tristan, obligé de sourire : décidément, ce garçon méritait d'être connu !
Où Tristan eut une jolie surprise : le maigrissime Joël était en revanche pourvu d'un long et beau serpent rose qui... qui promettait franchement.
Vite, d'ailleurs, ledit serpent prit des formes qui... épatèrent Tristan. Joël semblait savoir ce qu'il voulait, et il sécha tout le monde avec vivacité, avant de mener Tristan à son lit, de l'y faire allonger puis de le prendre en bouche sans autre sommation.
Tristan poussa un énorme soupir, et se rendit vite compte que ce jeune homme savait y faire, et combien mieux que les fausses pucelles qui tombaient dans les pommes au premier gland aperçu !
— J'adore ta queue, vraiment, dit enfin le suceur.
— Elle vaudra jamais la tienne, je crois !
— T'es gentil. Est-ce que... tu voudrais me niquer, ou on s'en tient là ?
— C'est toi qui décides, évidemment.
— Viens.
Incroyable moment pour Tristan que d'avoir à pousser sa jolie queue — c'est qu'il était bien monté, mais sans trop, et avec de l'élégance —, de pousser sa fine ogive en le petit trou bordé de soie rousse d'un Joël qui l'y incitait de ses sourires, et de ses bleus regards...
Une fois positionné, il se trouva bien en ce fin et serré pertuis qui lui offrit dès le début de vives sensations : rien à voir avec ce que ces demoiselles avaient à proposer !
Et guidé par son rouquin, il commença à s'activer... Il n'eut pas conscience tout de suite qu'outre les sensations physiques que ce petit cul lui offrait, il était aussi prisonnier des sourires et des yeux de son pâle enculé.
Dont il ne quittait pas l'ardent regard. Alors il baisa, Tristan, avec une sorte d'allégresse venue d'une autre planète, sans doute, tant elle lui était inconnue !
Et il niqua, niqua comme si le sort de l'Humanité en dépendait ! De quelques mots finement murmurés, son gracieux partenaire avait l'art de l'encourager, de l'exciter même... et Tristan se surprit à vouloir ne le décevoir point, ce pâle enfant-là.
Quelle fut bonne, cette chevauchée-là ! Non, Tristan n'en avait oncques connu telle ! Lorsqu'il s'épandit ès douces profondeurs du garçon, il s'affala sur lui... et sa bouche rencontra les lèvres de Joël... Oh, l'ardent et inattendu baiser qu'iceluy !
— Tu me fais jouir, grand garçon ? souffla enfin Joël.
— Comment ?
— Fait exactement ce qui t'excite : fais-nous plaisir !
Là, Tristan se sentit un peu coincé : comment ne pas décevoir ce mec qui venait de lui offrir tant de bonnes choses ?
Alors il se lança, et prit la superbe pine en bouche. Superbe car plus grande que la sienne, vraiment ! Mais il assura bravement, et quand Joël annonça déborder aussi, il le branla à toute force, et en prit plein le museau, du joli jus blanc de ce rouquin-là... Qui lui saisit alors vivement la nuque, aux fins de s'en faire derechef embrasser.
Moment qui dura. Avant que Tristan acceptât de dormir céans — il n'y avait de toute façon plus de tramway à l'horizon...
Au matin, il fut éveillé par une douce succion, comme bien vous pouviez l'espérer. Et il baisa derechef sa jolie liane frêle et rousse... avec un plaisir renouvelé.
— J'imagine que tu te vanteras pas de m'avoir tiré ? demanda Joël avec un fin sourire... que Tristan jugea un peu vicelard, tiens !
— Toi seul décides !
— Tu peux le dire au monde entier : tu sais pas ce que tu m'as donné, Tristan ! Et maintenant... je sais que les filles disent des conneries : t'es mille fois mieux que ce qu'elles en racontent !
— T'es fou, toi ! fit Tristan en souriant, fou, vraiment !
— Et toi, t'es... incroyablement gentil, sans compter le reste, évidemment !
On s'embrassa délicatement, alors. Tristan avait oublié de penser qu'il embrassait un garçon. Il était bien, et c'était tout.
Il demeura encore un tendre petit temps avec Joël avant de rentrer chez lui. Sur le chemin, un appel d'Enguerrand :
— Alors ?
— J'ai niqué comme jamais ! Et toi ?
— Que dalle! J'me suis branlé comme un ado... et comme un malade ! C'est qui ?
— Dis-moi d'abord : avec la nouvelle, là, t'as pas réussi ?
— Une allumeuse, je crois. Faisable, mais d'abord chieuse. Mais toi, nom de dieu !
— Si j'te le dis, tu me croiras jamais !
— Mais putain vas-y, nom de dieu !
— Ben... T'es assis ?
— Oh, ta gueule ! Crache, putain !
— Joël.
Silence au bout du fil.
— T'es là ? demanda Tristan.
— Tu te fous de moi, j'imagine ?
— Ben non.
— T'es... pédé, toi, maintenant ?
— J'crois pas... mais je me suis éclaté comme y avait longtemps.
— Oh putain... Tu te fous pas de moi, là, t'es sûr ?
— Tous les détails quand tu veux. Et avec sa permission.
Amitiés de Louklouk !