06-02-2021, 04:25 PM
... et voici cette fin !
A côté de la mansarde où il habitait, il y avait une famille d'accueil avec cinq gosses que des parents ou une administrations inconscientes avaient placé dans cette "famille" qui n'avait qu'un idée en tête, gagner un maximum d'argent. Pierre avait très vite été frappé par l'extraordinaire solidarité qui existait entre ces enfants qui n'avaient qu'un idée en tête, rester ensemble pour être plus forts. Le peu d'argent que gagnait Pierre grâce à la mendicité et à quelques menus travaux au noir, il l'utilisait pour acheter un vêtement, une chemise ou une paire de chaussures. Un jour, une idée a commencé à germer dans la tête de Pierre
- Pierre / Tu te souviens Antoine de ce jeu où nous imaginions vivre ensemble, nous devions avoir quatorze ou quinze ans, et on disait qu'on adoptait cinq enfants ?
- Moi / Oui, je m'en souviens très vaguement, mais c'était un jeu un peu débile !
- Pierre / Il y a trois jours, les deux adultes de cette pseudo famille se sont volatilisés, laissant les cinq garçons seuls, désemparés, ils ne connaissaient personne car personne ne voulait fréquenter des enfants dont tout le monde se méfiait, sans réellement savoir pourquoi. Vous avez pourtant vu qu'ils sont craquants et bien élevés, cela ils le doivent à Romain qui les protège et se prive de tout. Il y a deux jours, Romain était au bout du rouleau, le peu qu'ils avaient trouvé dans les armoires était épuisé.
Avant d'aller à la police, et Romain savait très bien que la meute, comme ils se nommaient, serait dispersée et que plus jamais ils ne se reverraient. Il avait envisagé de les empoisonner mais il ne pouvait, fort heureusement, envisager cette solution par trop radicale. C'est alors qu'il pensa à moi. Je rassemblais les quelques sous qui me restaient pour acheter des pâtes et hier matin, nous avons mangé le dernier morceau de pain.
Je me suis alors souvenu de ce jeu, comme un signe du destin, et je viens te proposer, de vous proposer à vous deux, de les prendre en charge, au moins provisoirement. Ne me donnez pas de réponse maintenant, je reviendrai dans une semaine et si je n'ai pas de réponse positive, je les conduirai à la police et moi, si j'en ai le courage, je disparaîtrai à tout jamais. Mais s'il vous plait, accueillez-les pendant la semaine qui vient, vous verrez ils sont vraiment faciles et tellement confiants. Moi, je vous laisse, je vais dormir dans ma voiture.
Cette histoire était bouleversante, tragique, on ne pouvait pas laisser détruire une meute aussi soudée, aussi spontanée dans leur tendresse en nous embrassant avant de se coucher, cette aide spontanée qu'ils avaient démontrée en mettant et débarrassant la table alors qu'ils avaient faim et qu'ils étaient exténués, et le petit Camille tellement aimant et confiant.
Nous nous sommes regardés Hector et moi, nous avons compris que nous savions ce que nous allions faire mais nous nous accordions la semaine pour prendre une décision qui allait bouleverser notre vie, mais qui allait également lui donner un sens qui nous sortirait de notre confort de nantis. Et puis, il nous était déjà arrivé de regretter que notre statut de gays ne puisse s'accompagner de mettre des enfants au monde : sur le principe nous n'excluions pas d'adopter un, éventuellement deux enfants. Mais certainement pas cinq. Et nous devions consulter nos meilleurs amis et amies pour voir s'ils seraient d'accord de nous aider dans cette entreprise
Il y avait encore deux chambres de libre dans l'appartement, nous l'avons proposée à Pierre qui a esquissé le sourire que je lui connaissais
- Pierre / Si je comprends bien Antoine, tu ne me l'as pas formellement dit, mais tu m'as pardonné. Je te le promets, tu ne le regretteras pas. Merci.
Il a regardé Hector, il m'a alors pris dans ses bras et m'a embrassé, sur les deux joues.
Nos amis étaient enthousiastes et deux jours avant la fin de la semaine, le groupe nous présentait un véritable plan de bataille pour gérer cette jeunesse, trois, dont une fille c'était spontanément annoncé comme parrain et marraine.
De notre côté, j'avais contacté Blanche, notre nounou adorée du temps de notre petite enfance à Pierre et moi, pour voir si elle serait d'accord de reprendre du travail. Elle était nous donna immédiatement une réponse, mais pour un temps partiel. Sa fille qui était en visite chez sa mère, s'annonça pour assumer la charge principale.
Les cinq garçons étaient véritablement extraordinairement responsables, ils avaient un charme fou, nous avions eu Hector et moi des discussions très sérieuses avec les quatre plus grands pour bien mettre les choses au point et nous avions été plus que surpris par la maturité dont ils faisaient preuve, spécialement les deux grands dont on sentait l'amour qu'ils portaient à leurs frères.
- Jules / [s'adressant à Hector] Tu sais Papou, on se connait depuis des années et c'est vraiment un miracle que nous ayons toujours pu rester ensemble. Lorsque Camille est arrivé il avait trois ans et nous l'avons accueilli comme si nous l'avions vu naître. C'est ça plus ça qui fait que nous sommes tellement soudés et solidaires, une vraie meute, quoi !
Deux jours plus tard, Pierre est arrivé, il n'avait pas voulu rester chez nous pour ne pas nous influencer dans notre décision. Je le sentais nerveux mais l'arrivé bruyante de la petite troupe lui arracha un sourire. Sur la table de la salle à manger nous avions préparé, avec l'aide des enfants, un très beau buffet, les bouteilles de Champagne étaient prêtes.
Pierre était toujours aussi nerveux mais en même temps, je le sentais très ému, je crois qu'il avait compris, il n'avait qu'à écouter les Papa, c'était moi, et les Papou pour Hector pour comprendre que les garçons nous avaient clairement adoptés. Quelques minutes après l'arrivée de Pierre, nouveau coup de sonnette, les gosses pouffent pendant que Romain et Camille vont ouvrir : ce sont nos dix amis qui ont formé une sorte d'association informelle et que nous avons invités pour qu'ils fassent connaissance avec la bande. Romain est plus réservé, il ne les connait pas mais Camille saute dans les bras des nouveaux venus et les trois filles ne se font pas faute de lui donner des tas de petits bisous.
Au bout d'un moment, je demande le silence pour annoncer notre réponse, même si tout le monde le sait. J'ai quelques mots pour chacun, à commencer par Hector et pour terminer par Pierre qui comprend que je lui pardonne
- Pierre, tout le monde sait que tu m'as fait beaucoup de mal mais je te pardonne d'autant plus volontiers que tu nous a fait aujourd'hui le plus beau cadeau imaginable, celui d'une famille. Je l'embrasse, Hector également pour bien montrer que lui aussi pardonne.
J'aimerais maintenant vous présenter chacun de nos cinq garçons afin que vous appreniez à les aimer comme nous les aimons déjà
- À Romain : Tu as prochainement seize ans, je sais tout ce que tu ressens pour tes frères dont tu te sens moralement responsable. Avec Hector nous ferons tout pour te libérer de cette charge très lourde pour un adolescent afin que tu sois leur aîné, tout simplement et que tu puisses enfin profiter de vivre ta vie. Tu es le scientifique de la meute, nous t'aiderons afin que tu puisses réaliser les études que tu ambitionnes
- À Jules : Tu as une grande sensibilité et tu as très souvent soutenu Romain lorsque tu le voyais près à plier sous les difficultés. Comme pour vous cinq, nous t'aiderons afin que tu puisses t'accomplir à tout point de vue, y-compris dans les études que tu fais dans la même classe que Romain, ce qui contribue bien sûr à vous rapprocher encore plus.
- À Arthur : Cela fait une semaine que nous te connaissons et à plusieurs reprises nous avons failli, nous six, mourir de rire en écoutant tes réparties, en voyant tes pitreries mais également en sentant cette affection que tu vous à Jules, ton frère. Nous te sentons heureux de vivre et tu as ce talent rare de voir le positif avant le négatif, le blanc avant le noir. Tu m'as dit il y a deux jours que ton rêve c'était d'exercer une profession artistique, comme le théâtre ou la peinture ; ce ne sont pas des voies faciles, mais tu sais que tu peux compter sur nous, totalement, dans tout ce que tu incarnes
- À Benjamin : Ton rêve c'est d'être actif dans le monde de l'hôtellerie ou de la restauration. Gourmands comme nous le sommes Hector et moi, c'est une excellente nouvelle et nous ne pouvons que d'encourager dans cette voie. Mais sache, et cela vaut pour vous tous, que si tu devais changer d'idées, nous serons avec toi
- À Camille : Comme Arthur, tu es très spontané mais en même temps, d'après tes frères unanimes, tu es très distrait, très rêveur [A ce moment Camille leur tire la langue] et qu'il faut réellement prendre soin de toi. Ils nous ont dit aussi que tu étais le poète de la fratrie. Alors conserve cette spontanéité et cette fraîcheur tout en essayant de garder les pieds sur terre. Et si tu as envie, plus tard, de devenir écrivain ou poète, on avisera
- Hector : Nous aimerions, Antoine et moi, que vous cinq, ensemble ou séparément, vous nous confirmiez votre accord pour que, à partir de maintenant, nous soyons vos parents.
Ce fut un brouhaha de oui, de baisers et de larmes de joie de toutes les personnes présentes
- Romain / [entouré de ses frères et en larmes, incapable de parler] ….
- Jules / Mon frère avait préparé un petit discours mais il est tellement heureux qu'il est incapable de prononcer un seul mot. Eh Romain, tu me fais peur, je ne t'ai jamais vu dans cet état, calme-toi et il l'embrasse tendrement
- Romain / [entre deux sanglots et avec un si beau sourire] MERCI A VOUS TOUS
FIN
Epilogue
Antoine et Hector /
Nous n'allons pas vous raconter ce que furent les années de bonheur avec nos cinq garçons, jamais nous n'avons regretté la décision que nous avions prises. Bien sûr, comme dans toutes familles il y a eu des moments difficiles, des maladies et des bras cassés, mais nous les aimions tant et ils nous le rendaient au centuple. Par des petits mots, des petites attentions, ils nous faisaient comprendre que jamais ils n'oublieraient ce que nous avions fait et ce à quoi nous avions renoncé car cette invasion juvénile avait complètement bouleversé notre existence mais quel enrichissement !
Ce qui était merveilleux, c'est la confiance absolue qu'ils éprouvaient envers nous, collectivement ou à titre individuel : ils nous racontaient tout de leur vie, de leurs appréhensions, de leurs espoirs comme de leurs déceptions. Nous avons même parfois obligé de leur rappeler que leur vie privée ne nous regardait pas vraiment mais, chez certains, c'était un besoin presque viscéral de se confier.
Les cinq garçons ont réalisé les études qu'ils ambitionnaient, ils ont trouvé la vie professionnelle qu'ils espéraient et nous les sentons heureux. Durant toute leur jeunesse, et après également, ils ont été entourés de l'amour et de la disponibilité de nos amies et amis qui ont, inlassablement, tenu les engagements qu'ils avaient pris alors qu'ils étaient bien jeunes, comme nous du reste !
Tous sont beaux, voire même très beaux, certains ont eu une vie amoureuse compliquée qui nous inquiète parfois.
Romain est marié avec une jeune femme charmante et qui a très bien su intégrer l'esprit de la meute, esprit qui est resté intact : ils ne sont jamais aussi heureux que lorsque nous sommes tous réunis ce que nous faisons à l'occasion de Noël et le plus souvent possible en été. Romain et sa femme ont deux jumeaux et une fille : Nous aimons beaucoup nous en occuper de temps à autre, ce qui soulage les parents
Jules est célibataire mais nous avons de la peine à suivre le rythme de ses conquêtes : lorsque nous parvenons à nous souvenir d'un prénom, c'est généralement déjà une ex !! Ses frères cherchent à le raisonner mais en vain jusqu'à ce jour. Mais Jules m'a dit, il y a peu de temps, qu'il en avait un peu assez de ces changements continuels mais qu'il n'avait pas encore trouver celle avec qui il pourrait envisager de passer sa vie…
Arthur vit avec un charmant jeune homme de son âge, ils ont un joli appartement qu'ils ont meublé de façon très originale mais avec un goût certain. Cédric est comme Arthur un artiste qui commence à se faire un nom, il y a peu, il a vendu deux toiles dans une exposition dont une par un collectionneur assez connu qui lui prédit une belle carrière. Arthur se consacre à l'écriture, notamment des livres pour enfants qui sont illustrés par de très jolis dessins de Cédric.
Benjamin est toujours un peu taciturne mais il semble heureux après avoir terminé l'école hôtelière, avec un peu de peine. Pour l'instant il fait des saisons dans les pays chauds en été et dans de grandes stations de ski en hiver. C'est un célibataire endurci qui ne parle que très rarement de ses goûts. Il nous gâte tous, mais spécialement ses trois neveux. Je crois vraiment qu'il est bien dans sa peau (mais laquelle ?!)
Camille est tel que nous l'avaient décrit ses frères, distrait, étourdi, rêveur et dans la lune mais avec tellement de candeur et de charme qu'on lui pardonne tout. Il est tellement attaché à nous et spécialement à Hector qu'il vit toujours avec nous et nous ne croyons pas vraiment qu'il s'établira un jour chez lui. Du point de vue amour, nous avons l'impression qu'il navigue entre fille et garçon, avec une petite tendance pour ces derniers ! Ceci étant, lorsque j'ai été sérieusement malade, il était devenu insupportable, tellement il se faisait du souci ! En fait nous pensons que c'est nous qu'il aime vraiment et c'est parfois un peu perturbant.
Pierre mène sa propre vie que nous préférons ne pas connaître dans le détail. Comme il nous l'a dit récemment "tu sais je mène une vie bizarre, mais je peux tous vous regarder dans les yeux, je n'ai plus à rougir". Il aime beaucoup venir manger chez nous, rarement pour dormir. A Noël il est avec nous tous, en été c'est beaucoup plus rare. Mais je sais qu'il regrette toujours ce moment de folie qui l'avait incité à m'abandonner, que sans cela "ce n'est pas toi, Hector, qui serait avec Antoine, ce serait moi". Hector et lui s'entende bien, mais toujours avec une petite distance ! Pierre a fait pour nous une chose essentiel, il nous a offert une merveilleuse famille qui nous comble totalement.
Hector et moi, c'est le vrai bonheur, nous nous aimons toujours passionnément et arrivons régulièrement à des jouissances exceptionnelles, même si ce ne sont plus celles de nos vingt ans mais elles ont gagné en un quelque chose de plus que je ne parviens pas vraiment à définit, peut-être en sérénité. Nous nous comprenons sans avoir besoin de dire grand-chose, un regard est suffisant.
Le mot de la fin revient à Camille "il n'y a pas besoin de le dire, on le sait, on le voit que vous vous aimez, totalement. Merci les deux Papa"
A côté de la mansarde où il habitait, il y avait une famille d'accueil avec cinq gosses que des parents ou une administrations inconscientes avaient placé dans cette "famille" qui n'avait qu'un idée en tête, gagner un maximum d'argent. Pierre avait très vite été frappé par l'extraordinaire solidarité qui existait entre ces enfants qui n'avaient qu'un idée en tête, rester ensemble pour être plus forts. Le peu d'argent que gagnait Pierre grâce à la mendicité et à quelques menus travaux au noir, il l'utilisait pour acheter un vêtement, une chemise ou une paire de chaussures. Un jour, une idée a commencé à germer dans la tête de Pierre
- Pierre / Tu te souviens Antoine de ce jeu où nous imaginions vivre ensemble, nous devions avoir quatorze ou quinze ans, et on disait qu'on adoptait cinq enfants ?
- Moi / Oui, je m'en souviens très vaguement, mais c'était un jeu un peu débile !
- Pierre / Il y a trois jours, les deux adultes de cette pseudo famille se sont volatilisés, laissant les cinq garçons seuls, désemparés, ils ne connaissaient personne car personne ne voulait fréquenter des enfants dont tout le monde se méfiait, sans réellement savoir pourquoi. Vous avez pourtant vu qu'ils sont craquants et bien élevés, cela ils le doivent à Romain qui les protège et se prive de tout. Il y a deux jours, Romain était au bout du rouleau, le peu qu'ils avaient trouvé dans les armoires était épuisé.
Avant d'aller à la police, et Romain savait très bien que la meute, comme ils se nommaient, serait dispersée et que plus jamais ils ne se reverraient. Il avait envisagé de les empoisonner mais il ne pouvait, fort heureusement, envisager cette solution par trop radicale. C'est alors qu'il pensa à moi. Je rassemblais les quelques sous qui me restaient pour acheter des pâtes et hier matin, nous avons mangé le dernier morceau de pain.
Je me suis alors souvenu de ce jeu, comme un signe du destin, et je viens te proposer, de vous proposer à vous deux, de les prendre en charge, au moins provisoirement. Ne me donnez pas de réponse maintenant, je reviendrai dans une semaine et si je n'ai pas de réponse positive, je les conduirai à la police et moi, si j'en ai le courage, je disparaîtrai à tout jamais. Mais s'il vous plait, accueillez-les pendant la semaine qui vient, vous verrez ils sont vraiment faciles et tellement confiants. Moi, je vous laisse, je vais dormir dans ma voiture.
Cette histoire était bouleversante, tragique, on ne pouvait pas laisser détruire une meute aussi soudée, aussi spontanée dans leur tendresse en nous embrassant avant de se coucher, cette aide spontanée qu'ils avaient démontrée en mettant et débarrassant la table alors qu'ils avaient faim et qu'ils étaient exténués, et le petit Camille tellement aimant et confiant.
Nous nous sommes regardés Hector et moi, nous avons compris que nous savions ce que nous allions faire mais nous nous accordions la semaine pour prendre une décision qui allait bouleverser notre vie, mais qui allait également lui donner un sens qui nous sortirait de notre confort de nantis. Et puis, il nous était déjà arrivé de regretter que notre statut de gays ne puisse s'accompagner de mettre des enfants au monde : sur le principe nous n'excluions pas d'adopter un, éventuellement deux enfants. Mais certainement pas cinq. Et nous devions consulter nos meilleurs amis et amies pour voir s'ils seraient d'accord de nous aider dans cette entreprise
Il y avait encore deux chambres de libre dans l'appartement, nous l'avons proposée à Pierre qui a esquissé le sourire que je lui connaissais
- Pierre / Si je comprends bien Antoine, tu ne me l'as pas formellement dit, mais tu m'as pardonné. Je te le promets, tu ne le regretteras pas. Merci.
Il a regardé Hector, il m'a alors pris dans ses bras et m'a embrassé, sur les deux joues.
Nos amis étaient enthousiastes et deux jours avant la fin de la semaine, le groupe nous présentait un véritable plan de bataille pour gérer cette jeunesse, trois, dont une fille c'était spontanément annoncé comme parrain et marraine.
De notre côté, j'avais contacté Blanche, notre nounou adorée du temps de notre petite enfance à Pierre et moi, pour voir si elle serait d'accord de reprendre du travail. Elle était nous donna immédiatement une réponse, mais pour un temps partiel. Sa fille qui était en visite chez sa mère, s'annonça pour assumer la charge principale.
Les cinq garçons étaient véritablement extraordinairement responsables, ils avaient un charme fou, nous avions eu Hector et moi des discussions très sérieuses avec les quatre plus grands pour bien mettre les choses au point et nous avions été plus que surpris par la maturité dont ils faisaient preuve, spécialement les deux grands dont on sentait l'amour qu'ils portaient à leurs frères.
- Jules / [s'adressant à Hector] Tu sais Papou, on se connait depuis des années et c'est vraiment un miracle que nous ayons toujours pu rester ensemble. Lorsque Camille est arrivé il avait trois ans et nous l'avons accueilli comme si nous l'avions vu naître. C'est ça plus ça qui fait que nous sommes tellement soudés et solidaires, une vraie meute, quoi !
Deux jours plus tard, Pierre est arrivé, il n'avait pas voulu rester chez nous pour ne pas nous influencer dans notre décision. Je le sentais nerveux mais l'arrivé bruyante de la petite troupe lui arracha un sourire. Sur la table de la salle à manger nous avions préparé, avec l'aide des enfants, un très beau buffet, les bouteilles de Champagne étaient prêtes.
Pierre était toujours aussi nerveux mais en même temps, je le sentais très ému, je crois qu'il avait compris, il n'avait qu'à écouter les Papa, c'était moi, et les Papou pour Hector pour comprendre que les garçons nous avaient clairement adoptés. Quelques minutes après l'arrivée de Pierre, nouveau coup de sonnette, les gosses pouffent pendant que Romain et Camille vont ouvrir : ce sont nos dix amis qui ont formé une sorte d'association informelle et que nous avons invités pour qu'ils fassent connaissance avec la bande. Romain est plus réservé, il ne les connait pas mais Camille saute dans les bras des nouveaux venus et les trois filles ne se font pas faute de lui donner des tas de petits bisous.
Au bout d'un moment, je demande le silence pour annoncer notre réponse, même si tout le monde le sait. J'ai quelques mots pour chacun, à commencer par Hector et pour terminer par Pierre qui comprend que je lui pardonne
- Pierre, tout le monde sait que tu m'as fait beaucoup de mal mais je te pardonne d'autant plus volontiers que tu nous a fait aujourd'hui le plus beau cadeau imaginable, celui d'une famille. Je l'embrasse, Hector également pour bien montrer que lui aussi pardonne.
J'aimerais maintenant vous présenter chacun de nos cinq garçons afin que vous appreniez à les aimer comme nous les aimons déjà
- À Romain : Tu as prochainement seize ans, je sais tout ce que tu ressens pour tes frères dont tu te sens moralement responsable. Avec Hector nous ferons tout pour te libérer de cette charge très lourde pour un adolescent afin que tu sois leur aîné, tout simplement et que tu puisses enfin profiter de vivre ta vie. Tu es le scientifique de la meute, nous t'aiderons afin que tu puisses réaliser les études que tu ambitionnes
- À Jules : Tu as une grande sensibilité et tu as très souvent soutenu Romain lorsque tu le voyais près à plier sous les difficultés. Comme pour vous cinq, nous t'aiderons afin que tu puisses t'accomplir à tout point de vue, y-compris dans les études que tu fais dans la même classe que Romain, ce qui contribue bien sûr à vous rapprocher encore plus.
- À Arthur : Cela fait une semaine que nous te connaissons et à plusieurs reprises nous avons failli, nous six, mourir de rire en écoutant tes réparties, en voyant tes pitreries mais également en sentant cette affection que tu vous à Jules, ton frère. Nous te sentons heureux de vivre et tu as ce talent rare de voir le positif avant le négatif, le blanc avant le noir. Tu m'as dit il y a deux jours que ton rêve c'était d'exercer une profession artistique, comme le théâtre ou la peinture ; ce ne sont pas des voies faciles, mais tu sais que tu peux compter sur nous, totalement, dans tout ce que tu incarnes
- À Benjamin : Ton rêve c'est d'être actif dans le monde de l'hôtellerie ou de la restauration. Gourmands comme nous le sommes Hector et moi, c'est une excellente nouvelle et nous ne pouvons que d'encourager dans cette voie. Mais sache, et cela vaut pour vous tous, que si tu devais changer d'idées, nous serons avec toi
- À Camille : Comme Arthur, tu es très spontané mais en même temps, d'après tes frères unanimes, tu es très distrait, très rêveur [A ce moment Camille leur tire la langue] et qu'il faut réellement prendre soin de toi. Ils nous ont dit aussi que tu étais le poète de la fratrie. Alors conserve cette spontanéité et cette fraîcheur tout en essayant de garder les pieds sur terre. Et si tu as envie, plus tard, de devenir écrivain ou poète, on avisera
- Hector : Nous aimerions, Antoine et moi, que vous cinq, ensemble ou séparément, vous nous confirmiez votre accord pour que, à partir de maintenant, nous soyons vos parents.
Ce fut un brouhaha de oui, de baisers et de larmes de joie de toutes les personnes présentes
- Romain / [entouré de ses frères et en larmes, incapable de parler] ….
- Jules / Mon frère avait préparé un petit discours mais il est tellement heureux qu'il est incapable de prononcer un seul mot. Eh Romain, tu me fais peur, je ne t'ai jamais vu dans cet état, calme-toi et il l'embrasse tendrement
- Romain / [entre deux sanglots et avec un si beau sourire] MERCI A VOUS TOUS
FIN
Epilogue
Antoine et Hector /
Nous n'allons pas vous raconter ce que furent les années de bonheur avec nos cinq garçons, jamais nous n'avons regretté la décision que nous avions prises. Bien sûr, comme dans toutes familles il y a eu des moments difficiles, des maladies et des bras cassés, mais nous les aimions tant et ils nous le rendaient au centuple. Par des petits mots, des petites attentions, ils nous faisaient comprendre que jamais ils n'oublieraient ce que nous avions fait et ce à quoi nous avions renoncé car cette invasion juvénile avait complètement bouleversé notre existence mais quel enrichissement !
Ce qui était merveilleux, c'est la confiance absolue qu'ils éprouvaient envers nous, collectivement ou à titre individuel : ils nous racontaient tout de leur vie, de leurs appréhensions, de leurs espoirs comme de leurs déceptions. Nous avons même parfois obligé de leur rappeler que leur vie privée ne nous regardait pas vraiment mais, chez certains, c'était un besoin presque viscéral de se confier.
Les cinq garçons ont réalisé les études qu'ils ambitionnaient, ils ont trouvé la vie professionnelle qu'ils espéraient et nous les sentons heureux. Durant toute leur jeunesse, et après également, ils ont été entourés de l'amour et de la disponibilité de nos amies et amis qui ont, inlassablement, tenu les engagements qu'ils avaient pris alors qu'ils étaient bien jeunes, comme nous du reste !
Tous sont beaux, voire même très beaux, certains ont eu une vie amoureuse compliquée qui nous inquiète parfois.
Romain est marié avec une jeune femme charmante et qui a très bien su intégrer l'esprit de la meute, esprit qui est resté intact : ils ne sont jamais aussi heureux que lorsque nous sommes tous réunis ce que nous faisons à l'occasion de Noël et le plus souvent possible en été. Romain et sa femme ont deux jumeaux et une fille : Nous aimons beaucoup nous en occuper de temps à autre, ce qui soulage les parents
Jules est célibataire mais nous avons de la peine à suivre le rythme de ses conquêtes : lorsque nous parvenons à nous souvenir d'un prénom, c'est généralement déjà une ex !! Ses frères cherchent à le raisonner mais en vain jusqu'à ce jour. Mais Jules m'a dit, il y a peu de temps, qu'il en avait un peu assez de ces changements continuels mais qu'il n'avait pas encore trouver celle avec qui il pourrait envisager de passer sa vie…
Arthur vit avec un charmant jeune homme de son âge, ils ont un joli appartement qu'ils ont meublé de façon très originale mais avec un goût certain. Cédric est comme Arthur un artiste qui commence à se faire un nom, il y a peu, il a vendu deux toiles dans une exposition dont une par un collectionneur assez connu qui lui prédit une belle carrière. Arthur se consacre à l'écriture, notamment des livres pour enfants qui sont illustrés par de très jolis dessins de Cédric.
Benjamin est toujours un peu taciturne mais il semble heureux après avoir terminé l'école hôtelière, avec un peu de peine. Pour l'instant il fait des saisons dans les pays chauds en été et dans de grandes stations de ski en hiver. C'est un célibataire endurci qui ne parle que très rarement de ses goûts. Il nous gâte tous, mais spécialement ses trois neveux. Je crois vraiment qu'il est bien dans sa peau (mais laquelle ?!)
Camille est tel que nous l'avaient décrit ses frères, distrait, étourdi, rêveur et dans la lune mais avec tellement de candeur et de charme qu'on lui pardonne tout. Il est tellement attaché à nous et spécialement à Hector qu'il vit toujours avec nous et nous ne croyons pas vraiment qu'il s'établira un jour chez lui. Du point de vue amour, nous avons l'impression qu'il navigue entre fille et garçon, avec une petite tendance pour ces derniers ! Ceci étant, lorsque j'ai été sérieusement malade, il était devenu insupportable, tellement il se faisait du souci ! En fait nous pensons que c'est nous qu'il aime vraiment et c'est parfois un peu perturbant.
Pierre mène sa propre vie que nous préférons ne pas connaître dans le détail. Comme il nous l'a dit récemment "tu sais je mène une vie bizarre, mais je peux tous vous regarder dans les yeux, je n'ai plus à rougir". Il aime beaucoup venir manger chez nous, rarement pour dormir. A Noël il est avec nous tous, en été c'est beaucoup plus rare. Mais je sais qu'il regrette toujours ce moment de folie qui l'avait incité à m'abandonner, que sans cela "ce n'est pas toi, Hector, qui serait avec Antoine, ce serait moi". Hector et lui s'entende bien, mais toujours avec une petite distance ! Pierre a fait pour nous une chose essentiel, il nous a offert une merveilleuse famille qui nous comble totalement.
Hector et moi, c'est le vrai bonheur, nous nous aimons toujours passionnément et arrivons régulièrement à des jouissances exceptionnelles, même si ce ne sont plus celles de nos vingt ans mais elles ont gagné en un quelque chose de plus que je ne parviens pas vraiment à définit, peut-être en sérénité. Nous nous comprenons sans avoir besoin de dire grand-chose, un regard est suffisant.
Le mot de la fin revient à Camille "il n'y a pas besoin de le dire, on le sait, on le voit que vous vous aimez, totalement. Merci les deux Papa"