05-11-2024, 07:50 PM
La soirée avait pourtant bien commencé : Louis-Pierre venait de baiser sa Marie-Josyane dans le superbe studio offert par ses riches parents, et il l'avait fait gémir gentiment, avec quelques décibels bien placés qui flattaient évidemment son petit orgueil de gendre idéal.
Car c'était tout lui, ça, le gendre idéal : les traits fins et réguliers, grand, mince, brun aux yeux bleus et parfaitement bien élevé, il n'avait eu qu'à battre d'une paupière pour s'attirer les bonnes grâces de la Marie-Josyane, d'une famille tout aussi friquée que la sienne, et qui convenait parfaitement à ses parents...
Bref un futur couple tout à fait dans le moule des bonnes manières présentes et anciennes.
Sauf que là... il y eut un petit hic, au sortir de la douche : alors que gentiment enlacés nus sur le sofa Louis XV on sirotait une mirabelle de luxe, Louis-Pierre murmura :
— Tu aimes quand je te fais une feuille de rose ?
— Oh oui, c'est bon, répondit niaisement Marie-Josyane, et tu le fais si bien ! C'est vraiment miam !
— Tu crois que... si je te le demandais gentiment... tu m'en ferais autant ?
— Hein ? sursauta la jeune femme (vingt-quatre ans, comme Louis-Pierre), non, non, sûrement pas !
— Mais pourquoi ? Je te dégoûte ?
— Mais... tous ces poils que t'as là...
— Et rasé ?
— Non, non je crois pas non plus... Enfin, c'est pas aux femmes de faire ça, tout de même !
— Bon t'affole pas, je demandais seulement. Mais... j'aimerais que tu y penses, ma chérie.
— C'est tout réfléchi, tu sais ?
— On s'arrête là pour ce soir. Essaye d'y penser...
Refroidi, Louis-Pierre ravala son désagrément et fut de la plus exquise gentillesse avec sa belle mais... il venait de prendre un genre de déculottée... sans jeu de mots.
En tout cas, et certain que Marie-Josyane oublierait vite la chose, il ne cessa d'y penser... jusqu'à décider de ne plus lui offrir jusqu'à nouvel ordre ce plaisir qu'elle lui refusait.
Et qu'elle n'osa du reste lui demander. Marie-Josyane vivait chez ses parents, où elle dormait un soir sur deux, aussi cela laissait-il du temps à Louis-Pierre pour gamberger dans son coin... et mater des pornos appropriés sur Internet.
Et qui le renforcèrent dans son désir d'expérimenter la chose. S'il aimait Marie-Josyane, oui, sans doute : on s'entendait bien au lit, et dans le civil, alors... On avait les mêmes conceptions de la vie, famille, enfants, argent (qui ne devrait pas manquer vu leur déjà belles situations de débutants), bref... pourquoi pas ?
Mais là... il était nettement défrisé, ce bel enfant. Il aimait le sexe, et ne s'en était pas privé avant de croiser le sourire faussement innocent de la Marie-Josyane... Mais il n'était pas coincé dans des idées d'un autre âge et ma foi...
Bref, il se résolut à revenir à la charge... Une semaine plus tard, on sortait de la douche quand il demanda :
— T'as pensé à ce que je t'ai suggéré la semaine dernière ?
— Oui, oui... mais pas en bien.
— C'est sympa, soupira le garçon.
— Oh, le prends pas comme ça ! C'est pas un truc de femmes, c'est tout.
— Tes références....
— ...sont de la meilleure qualité, figure-toi.
— Et je suis un pervers, selon elles.
— Un homme, rien de plus, mon amour ! Mais... oui, j'y ai pensé : c'est une expérience, que tu veux ?
— Si je pouvais mourir sans ignorer ça...
— Il y aurait peut-être un moyen, alors...
— Je t'écoute. Tu vas me conseiller une putain ?
— Aaah ! Non, non !… Eh ben... Ne hurle pas, promis ?... En fait... mon p'tit frère a des tas de copains de toute sorte... surtout des gays. Alors je me suis dit...
— Tu veux que je me fasse faire une feuille de rose par un mec ?
— Tu me le fais bien, toi !
— Oh putain, j'y crois pas ! lâcha Louis-Pierre, défait.
— Pour une expérience, tu t'en fous de savoir si c'est un mec ou une nana. et je crois savoir que les mecs qui aiment les mecs... aiment vraiment les mecs ! J'ai demandé à Jean-Nicolas, et il est formel !
— Il est gay, ton frangin ?
— Hein ? Mais non, non ! Qu'est-ce que tu vas penser ! Il a juste des amis de lycée.
— Oui, oui... soupira Louis-Pierre, défrisé.
On passa à autre chose. Mais avant de dormir, Marie-Josyane murmura :
— Tu l'auras, ton expérience, je te promets, mon amour !
Voilà qui rassura Louis-Pierre...
Il savait Marie-Josyane proche de son petit frère, le gracieux, drôle et futé Jean-Nicolas. Étudiant de deuxième année, il tranchait sur l'ambiance familiale, et Louis-Pierre ne s'offusqua pas qu'il eût des relations gay : tant que cette mafia-là ne rançonnait pas le pauv' monde ! songea-t-il.
Et il tâcha de s'endormir en s'imaginant brouté par une des folles qu'il avait croisées quelques année plus tôt à la fac, où leur club était particulièrement actif...
Il songea, Louis-Pierre, les jours suivants, et se demanda si son fantasme valait le coup de mettre en péril une future vie de couple prometteuse.
Ce fut Marie-Josyane revint à la charge :
— J'ai interviewé Jean-Nico, et il est formel : les mecs font pas de manières avec ce que tu veux !
— Oh, laisse tomber... J'ai dit ça comme ça...
— Non, non, non ! Si tu l'as dit c'est que ça te travaille, au moins un peu. Donc, mon amour, je vais te donner satisfaction, crois-moi !
Dépassé, Louis-Pierre la laissa continuer. Où il apprit qu'elle tentait de sélectionner un des amis de son frère.
— J'ai demandé à venir avec eux dans un bar gay où ils acceptent les hétéros... et les femmes, et...
— Ah ! Ah ! Les hétéros, oui, j'imagine, ah, ah !
— Te moque pas, je suis sérieuse. Donc dès que j'en ai repéré un qui me semble de confiance, je demande à Jean-Nico de lui expliquer le topo, et zou ! T'auras ton expérience.
— T'es complètement folle, ma pauvre fille !
— Remercie-moi, c'est gentil, oui ! Bon, c'est prévu demain soir : je t'appelle en rentrant.
Le lendemain fut spécial pour Louis-Pierre. Cette étrange aventure commençait à lui peser... et pourtant, il voyait dans cette intrigue une bizarrerie qui le changeait de sa vie courante, tout aussi guindée que celle de sa famille, ou celle de Marie-Josyane.
Bien sûr, ça n'aboutirait pas : jamais il ne se voyait en un rendez-vous où il tendrait le cul à un mecton inconnu, voyons ! Et en même temps, cette extravagante idée commençait à faire son chemin, au milieu des autres fantasmes qu'il n'avait point contés à Marie-Josyane...
Laquelle ne l'appela pas après sa soirée de recrutement... Il en fit autant.
Et pas de nouvelles ce samedi midi ensoleillé, où il déambulait dans les rues piétonnes de la ville quand il vit Jean-Nicolas descendre d'un tramway, à deux mètres de lui.
— Oh ! fit le jeune homme, toi !
— Oui, moi, et toi, t'es qui ?
On se fit la bise, comme à l'accoutumée — Louis-Pierre et Marie-Josyane se fréquentaient depuis un an et demi — et Louis-Pierre vit tout de suite que le garçon semblait fort gêné et hésitant. Il osa :
— T'as peut-être quelque chose à faire, là, ou on peut prendre un pot quelque part ?
— Oh, je... Non, non !... Si, oui, si tu veux.
On se trouva un coin tranquille sur une belle terrasse, et la chope en main, Louis-Pierre sut qu'il devait attaquer :
— Marie-Josyane m'a dit qu'elle passait la soirée d'hier avec toi et tes copains ?
— Ouais... Elle s'est invitée. Et...
— Oui ?
— Ben... Elle a posé des questions intimes à mes potes.
— Ça a choqué ?
— Oh non ! Ils étaient ravis, même ! Tu sais, les gays font pas de manières avec le sexe... Et après... elle m'a parlé.
— Ah !... Je te cache pas que ça ne m'enchante pas de savoir ma vie privée racontée ailleurs...
— Laisse tomber, Louis-Pierre ! J'ai réussi à lui faire jurer de rien dire à personne, et d'abandonner son projet idiot.
— Ouf ! Merci, Nico ! Mais... tu dois me trouver... un peu... vicieux, non ?
— Faut que je te parle, Louis-Pierre. Je... Je suis gay. Mes vieux et Marie-Josyane ne le savent pas, ou font semblant.
— Alors merci de ta confiance. Qu'est-ce que... je peux faire pour toi, si seulement tu as besoin d'aide ?
— Pff... Je sais pas trop. Ma sœur est folle, et mes parents aveugles. J'ai l'impression d'être un extra-terrestre, là-dedans !
— Pour l'instant, je vois seulement un beau et gentil garçon, tu sais ?
— T'es gentil aussi, mais... j'en ai marre, de cette ambiance.
Louis-Pierre perçut alors chez le minet un réel désarroi. Il décida de le faire parler, et n'eut pas de mal à y parvenir... Un cocktail avait déjà succédé à la chope, il proposa qu'on se repliât chez lui.
Sauf qu'il n'avait pas prévu ce qui s'y passerait... Car un peu pompette, Jean-Nicolas semblait n'avoir plus trop de barrières... qui attaqua tout de suite, une nouvelle chope en main.
— T'aimes ma sœur ? Tu veux faire ta vie avec elle ?
— Bien oui je crois... sérieusement, oui !
— Et en acceptant de jamais connaître des choses qui... te font rêver... et auxquelles tout homme a droit ?
— Oh, ça... murmura Louis-Pierre en baissant le regard.
— Qui t'empêche d'y goûter avant de t'engager définitivement ?
— C'est justement ce que Marie-Josyane me propose...
— Pas d'accord ! Tout le monde en ville saura un jour ou l'autre cette putain de manœuvre ! Tu sais pas ce que sont les mecs, en matière de vantardise ! Et après, je te raconte pas les commentaires !... Et ta réputation...
— Bref, y a pas d'issue.
— Si, Louis-Pierre, si... Moi.
— Hein ?
— Personne me sait gay, dans la famille. Donc pas de souci. Toi, tu dis avoir déliré, puis t'en parles plus. Tu baises ma sœur à la pépère, et t'auras eu ton expérience, voilà tout !
— Ah ! lâcha Louis-Pierre, effaré par ces propos, et l'assurance tranquille du jeune Jean-Nicolas. Mais...
— Y a pas de mais : tu fais la balance entre tes fantasmes et les possibilités présentes, et tu me dis quoi. Y a pas l'feu ! Allez, trinquons... au plaisir.
On s'envoya en silence plusieurs gorgée de bonne belge, et Louis-Pierre se lança enfin, à mi-voix :
— J'ai tout faux sur ce coup-là.
— Non. T'as droit au plaisir comme tout le monde. Celle qui a tort, c'est ta copine. Je croyais pas ma frangine aussi coincée... Folle, ça je savais. Je suis là pour t'aider, si tu veux.
— Merci, Jean-Nicolas, mais...
— T'as la trouille, n'est-ce pas ?
— Oh... Je sais pas... Oui, sans doute...
— J'ai un p'tit scénario., tu veux ? — Louis-Pierre opina.
— Eh ben... On va prendre une douche ensemble, puis on fait ce qu'il faut... puis on boit un coup pour fêter ça !
— Oh ! Ça a l'air si simple, pour toi ! susurra un Louis-Pierre proche de la reddition.
Qui ne tarda pas : Jean-Nicolas avait saisi ce moment de faiblesse pour se lever et se déshabiller... le dos tourné. puis il fit volte-face et arracha de la main de Louis-Pierre la chope où il allait boire :
— Non, on boit plus : faut que ça soit bien. Tu viens ?
Jean-Nicolas fit lever Louis-Pierre et le déshabilla en souriant. Puis murmura enfin, en le considérant :
— Je t'imaginais beau, mais pas à ce point là !
Désemparé, Louis-Pierre se laissait faire, se pensant sur une autre planète. Certes, la gentillesse de Jean-Nicolas n'y était pas pour rien, qu'il avait appréciée dès leur première rencontre, un an et demi plus tôt. Sans doute, elle lui donnait confiance. La douche fut rapide, sans être brouillonne, et après avoir essuyé le grand brun, Jean-Nicolas s'affala devant lui et lui prit la pine en bouche, sans autre forme de procès. Au long soupir du titulaire d'icelle.
Ah, nom de dieu ! La belle pine que celle du non moins beau Louis-Pierre ! Il n'en revenait pas, le joli pompeur... qui faillit même s'étrangler, dans son ardeur soudaine.
Un temps d'intense activité mena Louis-Pierre à gémir :
— Arrête, ou je vais...
Jean-Nicolas mena alors son patient vers la chambre et le lit d'iceluy, où il lui releva promptement les jambes, afin de se livrer aux outrages espérés...
Espérés par les deux impétrants, faut-il le préciser ?
Il y mit toute sa science, et toute la délicatesse du monde, Jean-Nicolas, qui brouta le malheureux jusqu'à le forcer à supplier grâce ! Jean-Nicolas revint alors à son superbe chibre... à qui il rendit figure humaine. Avant de susurrer :
— Tu me baises, gentil garçon ?
— Ah ! Non, non !
— Viens.
Louis-Pierre eut l'impression d'être devenu un pantin aux mains de ce démon... qu'il baisa selon ses indications.
Et avec un intense plaisir, car Jean-Nicolas ne lésina ni sur les encouragements, ni sur les polissonneries ! Jamais il n'avait joui comme ça, le gendre idéal ! Quelle extase !
Or donc, on se promit de se rappeler, pour faire le point... diplomatique. Mais on ne le fit pas. Et Louis-Pierre rebaisa Marie-Josyane à la pépère, donc. Sauf que, un peu plus tard...
— C'est parce que j'ai pas voulu te le faire que tu me fais plus de feuilles de rose ? demanda Marie-Josyane, l'air naïf.
Sans répondre, Louis-Pierre s'y mit à l'instant. Et avec fougue, encore ! Mais en pensant, par éclairs, à Jean-Nicolas. Qu'il appela en douce, la belle étant endormie/
Rendez-vous fut donc pris pour le lendemain soir, chez lui. Où le sourire de Jean-Nicolas le coinça d'emblée... Mais ce jeune homme le mit à l'aise :
— J'espère que tout va bien avec ma frangine ?
— Arrête ! Je sais plus où j'en suis, et...
— ...on se fait un p'tit brin d'amour, tous les deux ?
Louis-Pierre accepta tout, tout de suite. Et ne rechigna pas à bouffer la fine rondelle de Jean-Nicolas, et même pas à le pomper ensuite. Combien ces choses furent douces ! Mais après qu'il eut baisé Jean-Nicolas, Louis-Pierre avoua son total désarroi. Jean-Nicolas répondit doucement :
— On fera ça intelligemment, grand garçon. Si tu veux.
— Oui... Oh oui !
On prit son temps... pour habituer la Marie-Josyane, et la famille. Mais... un nouveau monde s'est ouvert à ces garçons.
5. XI. 2024
Amitiés de Louklouk !