1-La Saint-Jean
Ce 23 juin de l’an 1660 à Ollé, dans le diocèse de Chartres, s’est achevée la moisson de l’avoine. Les villageois de ce petit village de la Beauce peuvent être satisfaits : les récoltes d’avoine sont particulièrement abondantes, celles de blé promettent également l’opulence, ce qui permet de conjurer les souvenirs de la mauvaise récolte et de début de famine d’il y a quelques années.
La fête de la Saint-Jean-Baptiste n’en n’aura que plus d’éclat. Les habitants n’ont pas ménagé leur peine pour fêter dignement ce saint et sa fête, encore associée dans l’esprit des gens à la fête de la fertilité. Ils n’avaient pas hésité à aller chercher du bois dans des forêts distantes de quatre lieues, le bois de Douville tout proche ne contenant pas assez de bois mort, en multipliant les voyages pour édifier le bûcher le plus grand de la région.
Marie, une jeune adolescente, est la fille de Mathieu et de Jeanne Sence. Elle est plutôt taciturne, car la vie n’a pas été facile pour elle et ses proches : trois frères, trois sœurs, mais seul l'un d'entre eux, Antoine, âgé de neuf ans, est encore en vie. Les autres sont morts soit à quelques mois, soit pendant les disettes hivernales. Le père, journalier, n’a pas pu gagner assez pour nourrir toute la famille. La mère, nourrice pour des enfants de Chartres ou de Paris, reçoit quelques revenus, mais a également vu plusieurs nourrissons mourir. Actuellement, elle a la garde d'Anne, un enfant âgé de 5 ans de la bourgeoisie chartraine. Et depuis un an, Marie subit et vit mal les transformations de son corps : apparition des menstrues, développement de sa poitrine, fortement volumineuse. Mais l’approche de la fête met ces soucis de côté et comme les autres villageois, elle prend une part active aux préparatifs.
Après avoir dit l’office des complies, Jacques Coqueret, le curé de la paroisse vient allumer le bûcher, après l’avoir béni. Après une dizaine de minutes pendant lesquelles les villageois admirent les flammes naissantes et l’embrasement du bûcher, un violoneux lance les premières mesures d’une danse, et les jeunes gens, puis les moins jeunes, commencent à former une ronde autour du feu.
Les danses s’enchaînent, puis la fatigue venant quelques-uns quittent la ronde et s’asseyent et regardent les danseurs. Quelques couplent en profitent pour s’éloigner du feu, suffisamment loin pour pouvoir fêter à leur manière la fête de la fertilité sans être entendu ni surpris …
Marie, après avoir dansé plusieurs tours quitte la farandole et s’aperçoit de l’absence de ses parents. Ils sont probablement allés voir Anne et vérifier que tout se passe bien. Mais elle n’est pas seule à l’avoir remarqué et bientôt Louis Lainé, celui qui portait les gerbes de blés qu’elle nouait pendant les moissons, l’invite à danser, puis tente de l’entraîner à l’écart. S’en rendant compte, Marie retire la main que tient Louis et retourne à proximité du feu.
Peu après, c’est le tour de Vincent Aubert, un jeune berger de Flainville avec qui Marie gardait les bêtes deux ans auparavant, de l’aborder, de l’entraîner dans la danse. Mais Marie est bientôt essoufflée et, avec la fatigue de la journée, décide de rentrer :
- « Vincent, je tombe de fatigue, il faut que je rentre »,
- « Je t’accompagne », répond-il !
Ce 23 juin de l’an 1660 à Ollé, dans le diocèse de Chartres, s’est achevée la moisson de l’avoine. Les villageois de ce petit village de la Beauce peuvent être satisfaits : les récoltes d’avoine sont particulièrement abondantes, celles de blé promettent également l’opulence, ce qui permet de conjurer les souvenirs de la mauvaise récolte et de début de famine d’il y a quelques années.
La fête de la Saint-Jean-Baptiste n’en n’aura que plus d’éclat. Les habitants n’ont pas ménagé leur peine pour fêter dignement ce saint et sa fête, encore associée dans l’esprit des gens à la fête de la fertilité. Ils n’avaient pas hésité à aller chercher du bois dans des forêts distantes de quatre lieues, le bois de Douville tout proche ne contenant pas assez de bois mort, en multipliant les voyages pour édifier le bûcher le plus grand de la région.
Marie, une jeune adolescente, est la fille de Mathieu et de Jeanne Sence. Elle est plutôt taciturne, car la vie n’a pas été facile pour elle et ses proches : trois frères, trois sœurs, mais seul l'un d'entre eux, Antoine, âgé de neuf ans, est encore en vie. Les autres sont morts soit à quelques mois, soit pendant les disettes hivernales. Le père, journalier, n’a pas pu gagner assez pour nourrir toute la famille. La mère, nourrice pour des enfants de Chartres ou de Paris, reçoit quelques revenus, mais a également vu plusieurs nourrissons mourir. Actuellement, elle a la garde d'Anne, un enfant âgé de 5 ans de la bourgeoisie chartraine. Et depuis un an, Marie subit et vit mal les transformations de son corps : apparition des menstrues, développement de sa poitrine, fortement volumineuse. Mais l’approche de la fête met ces soucis de côté et comme les autres villageois, elle prend une part active aux préparatifs.
Après avoir dit l’office des complies, Jacques Coqueret, le curé de la paroisse vient allumer le bûcher, après l’avoir béni. Après une dizaine de minutes pendant lesquelles les villageois admirent les flammes naissantes et l’embrasement du bûcher, un violoneux lance les premières mesures d’une danse, et les jeunes gens, puis les moins jeunes, commencent à former une ronde autour du feu.
Les danses s’enchaînent, puis la fatigue venant quelques-uns quittent la ronde et s’asseyent et regardent les danseurs. Quelques couplent en profitent pour s’éloigner du feu, suffisamment loin pour pouvoir fêter à leur manière la fête de la fertilité sans être entendu ni surpris …
Marie, après avoir dansé plusieurs tours quitte la farandole et s’aperçoit de l’absence de ses parents. Ils sont probablement allés voir Anne et vérifier que tout se passe bien. Mais elle n’est pas seule à l’avoir remarqué et bientôt Louis Lainé, celui qui portait les gerbes de blés qu’elle nouait pendant les moissons, l’invite à danser, puis tente de l’entraîner à l’écart. S’en rendant compte, Marie retire la main que tient Louis et retourne à proximité du feu.
Peu après, c’est le tour de Vincent Aubert, un jeune berger de Flainville avec qui Marie gardait les bêtes deux ans auparavant, de l’aborder, de l’entraîner dans la danse. Mais Marie est bientôt essoufflée et, avec la fatigue de la journée, décide de rentrer :
- « Vincent, je tombe de fatigue, il faut que je rentre »,
- « Je t’accompagne », répond-il !