01-11-2020, 01:22 AM
CHAPITRE 44
*********
J'ai pas vraiment fermé l’œil de la nuit car elle a été mouvementée avec tout ce qui s'est passé récemment. Ma tête n'arrive pas à se calmer, je pense constamment à ces derniers événements...Une chose est sûre je n'ai pas fait de crise comme je le redoutais et ça c'est quelque chose de positif.
Olivier est à côté de moi et il dort toujours.
J'ai pas trop de temps pour moi ce matin puisque l'école recommence, même si j'aimerais mieux ne pas y aller aujourd'hui, mais c'est pas moi qui décide.
Je passe sur les détails du réveil et tout ce qui précède le départ vers l'arrêt de bus... c'est du quotidien et ça ne présente pas d'intérêt particulier...
Nous voilà donc à attendre le bus qui ne devrait pas tarder à venir. Je suis stressé car je sais qu'Antoine va être dans le bus et il va sûrement exiger des explications de ma part. Est-ce que je vais avoir le courage de lui remettre la lettre dans laquelle je me confie et que mon frère m'encourage à lui donner ? C'est vrai que ça pourrait lui faire du bien de savoir ce qu'il se passe en moi en ce moment.
Le bus arrive ; une fois embarqué je constate qu'effectivement Antoine s'y trouve, et il occupe un siège seul sur une rangée. Je remarque très vite qu'il n'est pas très en forme, ses yeux sont cernés, rougis, pire que moi quasiment. Je me demande comment a dû se passer sa nuit. J'aimerais aller le voir, j'ai beaucoup de peine pour lui mais je me sens pas encore prêt pour être avec lui. Je suis un peu rassuré de constater que ce que je ressens confirme que j'ai encore des sentiments pour lui...
Il me fait bien un signe discret pour que j'aille m'asseoir à côté de lui mais je ne réponds pas à sa demande, pas aujourd'hui. Pendant le trajet je sens bien qu'il me jette des coups d'oeil de temps en temps. Avant la fin du parcours je prends mon courage à deux mains et je m'avance vers lui pour lui parler.
-moi : Antoine tu voudras bien me suivre en descendant du bus ?
-Antoine : ok.
Je ne dis rien de plus et lui non plus ne prononce pas un mot de plus. Nous sommes tous les deux dans une phase particulière, ne sachant pas comment vraiment réagir l'un en face de l'autre...
A l'arrêt du bus il me suit comme je lui ai demandé et nous nous rendons dans un lieu tranquille à l'abri des regards.
-Antoine : Pourquoi tu te caches, tu as honte de te montrer avec moi ?
Je ne peux pas supporter son regard alors je baisse les yeux
-moi : Non c'est pas ça...
-Antoine : alors dis moi pourquoi tu ne me regardes pas ? Qu'est-ce qui se passe Nicolas ? Tu as tellement changé depuis hier.
-moi : oui je sais que tu peux l'interpréter comme ça, mais tiens...dans cette lettre je t'explique ce que je ressens... j'espère que tu ne seras pas fâché en la lisant...
-Antoine : et pourquoi tu as besoin d'une lettre pour ça ? Tu peux pas me le dire tout simplement ?
-moi : je peux pas, je suis désolé...
Je me force à lever les yeux vers lui pour qu'il puisse lire ce que j'essaye de lui faire passer comme message. Et il interprètre plutôt mal ce message.
-Antoine : Tu sais, si tu m'aimes plus, si tu as envie de me laisser, tu peux me le dire en face... je suis assez fort pour l'entendre de ta bouche, pas besoin d'une lettre... dis-moi que tu m'aimes plus.
Pendant qu'il prononce ces mots je vois des larmes qui commencent à couler sur ses joues. L'émotion me gagne mais je me maîtrise du mieux que je peux, je ne veux pas me laisser aller, j'ai besoin de prendre du recul par rapport à tous ces événements récents. Je parviens à lui répondre quelques mots.
-moi : c'est pas du tout ça... s'il te plait, accepte la lettre et tu la liras dès que tu pourras.
-Antoine : d'accord, je te promet de la lire dès que je serai seul. Est-ce que tu voudras que je te réponde ?
-moi : si tu veux, oui.
-Antoine : désolé de t'avoir fait une scène... je pense qu'on devrait y aller maintenant.
Je lui répond que les cours vont commencer et je pars rapidement, sans l'attendre. Nous sommes en retard la cloche va sonner d'un instant à l'autre.
Je récupère mes livres dans le casier et je rejoins la classe. A ce moment là je rencontre Julien qui m'interpelle.
-Julien : Hey Nico comment ça va ?
Et il accompagne ses paroles d'une tape amicale dans le dos.
-moi : s'te plait Julien me touche pas trop.
-Julien : Putain Nico qu'est ce qui s'est passé ? T'as vu ton visage ? Et tu es tout seul, où est Antoine ?
-moi : je me suis fait cogner par 3 gars hier et … pour Antoine... euh... c'est un peu compliqué...
-Sarah : Hiii ! Nico ton visage est pas beau à voir, il s'est passé quoi ?
-Julien : C'est justement de ça qu'on parlait. Il vient de me dire qu'il s'est fait tabasser par 3 gars hier.
-Sarah : sérieux ? Mais pourquoi ? Et Antoine il va bien ?
-moi : pourquoi ils m'ont frappé ? je sais pas trop... ils m'ont dis que c'était pour le fun... mais sans doute aussi parce que j'étais avec Antoine. Lui il va bien mais c'est un peu compliqué entre nous deux en ce moment. Et puis est-ce que vous pouvez arrêter de me parler d'Antoine please ?
-Sarah : Mais c'est des cons ces gars ! Ok je vais faire attention et ne plus poser de questions.
-Julien : d'accord message reçu !
-moi : alors merci.
Le professeur ouvre la porte de la salle , nous entrons dans la classe, les élèves arrivent peu à peu.
Le premier cours de la journée va commencer. Je pressens que cette journée va être bien longue !
Finalement, aujourd'hui je me sens mieux que je le craignais. J'ai été capable de parler à Antoine, alors que je redoutais de le rencontrer, et j'ai parlé à mes deux nouveaux amis. Mais je suis toujours aussi mal avec la proximité des autres. J'ai eu cette réaction incontrôlable vis à vis de Julien quand il m'a tapé amicalement sur l'épaule tout à l'heure, et il en a été surpris tout autant que moi.
J'espère que ça va passer rapidement dans les jours qui suivent...parce que cette sensation de me sentir agressé à chaque fois qu'on me touche c'est invivable. Et les personnes qui m'entourent ne comprendraient pas ce comportement nouveau chez moi.
J'aperçois Alex qui entre dans la classe. Il a toujours un bandage sur sa blessure ; mais je suis pas mieux loti que lui avec mes multiples pansements sur le visage. Il regarde dans ma direction tout en discutant avec ses amis ; j'ai l'impression qu'ils parlent de moi.
Puis il s'éloigne de ses amis, je le vois ensuite hésiter et finalement se diriger vers moi et... grand étonnement de ma part, il s'adresse à moi !
-Alex : Sérieux je suis désolé de ce qui t'est arrivé hier. Je veux que tu saches que je n'ai rien à voir avec tout ça. Tu sais que je t'aime pas particulièrement mais je demanderai jamais à d'autres personnes d'aller tabasser quelqu'un qui me revient pas !
-moi : Comment tu sais ce qu'il m'est arrivé ?
-Alex : eh bien j'ai entendu des amis de mon frère en parler hier ; je ne savais pas que c'était toi au départ mais quand ils ont parlé d'un couple homosexuel d'environ mon âge ça m'a fait penser à toi et Antoine... et ce matin quand je t'ai vu...
Et à ce moment là le professeur interpelle Alex en lui demandant de prendre ses distances avec moi pour que ne se reproduise pas la situation de l'autre jour.
J'interviens alors pour rassurer le professeur en lui disant que tout va bien, que nous échangeons des propos sans conséquence pour la classe.
-Alex : alors voilà Nicolas je voulais simplement te dire que je suis désolé pour ce qui t'est arrivé, même si je n'ai rien à voir la dedans.
-moi : Merci c'est sympa et j'apprécie ta démarche.
Et il se reprend très vite, des fois que je me fasse des illusions sur une amélioration de nos rapports ou un comportement plus amical entre nous.
-Alex : Mais ça veut pas dire que je t'apprécie plus pour autant...Rien n'a changé entre nous.
Voilà qui es dit, je suis prévenu, on ne deviendra pas amis pour autant. Mais pouvait-il en être autrement ? Alex est quelqu'un qui ne veut jamais donner l'impression de s'apitoyer, de se laisser influencer ou de ne plus maitriser les situations. C'est un chef et il reste chef quoiqu'il en soit.
Antoine n'est pas loin, en nous voyant il s'est sûrement posé la question de savoir pourquoi « notre » ennemi a pris la peine de venir me parler aussi longuement et sans agressivité apparente.
Le cours commence normalement, je me concentre comme je peux mais j'éprouve beaucoup de
mal. Surtout que je sens le regard d'Antoine se diriger vers moi assez souvent, comme s'il voulait m'envoyer un message.
A la fin de ce cours, 45 minutes après qu'il ait commencé, je jette discrètement un coup d'oeil vers Antoine et je constate qu'il a dans la main la lettre que je lui ai remise tout à l'heure. Je comprends qu'il va la lire sous peu. Je me demande ce qu'il va en penser, quelle va être sa réaction. J'aimerais qu'il prenne la peine de la lire avec attention pour qu'il comprenne ce que j'ai voulu y faire passer de mon ressenti.
Il se lève après avoir laissé passer le flot des autres élèves, comme s'il avait besoin d'un peu de temps pour réfléchir à ce qu'il allait faire... Puis il se lève et passe devant moi... je ne sais pas si j'ai bien vu mais il me semble qu'il est très ému, j'ai cru voir des larmes couler sur son visage mais peut-être est-ce simplement le fruit de mon imagination ? J'hésite à le suivre...Il a peut-être besoin de sentir que je ne l'abandonne pas complètement, même si j'ai mis une certaine distance entre lui et moi ?
Non finalement je prends la décision de le laisser seul pour le moment. Il doit lire cette lettre sans ma présence... et puis je l'ai écrite pour ça puisque je me sentais pas capable de lui dire en face ce que je ressens.
Il n'est pas apparu au cours suivant . Tout le monde s'interroge sur sa disparition. Plusieurs viennent me poser la question pensant que j'aurai une réponse. Mais je n'en sais pas plus. Je ne peux pas m'empêcher de penser que ma lettre n'est pas étrangère à sa disparition, mais peut-être que je me trompe.
Il n'est pas venu à tous les autres cours de la journée !
Les autres jours se sont passés toujours sans lui !
Julien m'a posé des questions, pensant que j'avais une explication mais je ne pouvais rien lui dire puisqu' Antoine ne donnait aucune nouvelle de lui. Et de mon côté je n'ai pas cherché à en avoir, je ne l'ai pas contacté pour en savoir plus.
Le week end arrive et mon nouvel ami Julien me propose de le passer chez lui. Je sais qu'il s'inquiète un peu de me voir comme je suis en ce moment. Je préviens mes parents et Oli que je ne rentrerai pas à la maison pour qu'ils ne s'inquiètent pas . Ils ne me posent pas de questions et me souhaitent de passer une bonne fin de semaine en m'incitant quand même à travailler, même si je suis en compagnie... et pourquoi ne pas en profiter pour s'aider mutuellement à faire les devoirs ?
Il ne s'est rien passé de spécial avec Julien mais il a été présent et ces moments ont été sympas. Je me suis habitué à lui et je ne ressens plus ce que j'ai ressenti quand il m'a frappé sur l'épaule l'autre matin.
Et toujours aucune nouvelle d'Antoine...
Lundi matin, de retour à l'école, toujours pas d'Antoine... Je commence à me demander sérieusement s'il ne lui serait pas arrivé quelque chose.
J'ai même interrogé le professeur principal pour savoir s'il était en mesure de me donner la raison de cette absence, mais sans succès. Pas de nouvelles de son côté également.
Je ne peux pas continuer à rester dans cet état. J'ai besoin de savoir la raison de cette absence qui s'éternise. Je décide de lui envoyer un message en espérant qu'il me réponde pour me rassurer.
Très peu de temps après mon souhait est exaucé... Je reçois une réponse...
« Oui je vais bien, du moins je vais mieux. Demain je viendrai en cours et j'aurai quelque chose à te donner »
Il va bien, tant mieux... mais je me demande ce qu'il veut me remettre demain... peut-être une lettre en réponse à la mienne, comme il me l'avait proposé ?
La journée se passe assez rapidement ; je suis pourtant très impatient de savoir ce qu'Antoine va me donner. Je ne suis pas sûr que ce soit une lettre, j'ai un gros doute...mais bon, on ne sait jamais.
Le lendemain arrive, j'attends même pas que mon réveil sonne que je suis déjà levé. J'ai l'impression que mon problème mental va mieux... j'espère que tout ça va se régler et que je vais redevenir comme avant. Mes blessures sur le visage s'estompent petit à petit, bientôt il n'y paraîtra plus rien.
Je me prépare, prends le petit déjeuner et décide de partir à pied, au grand étonnement de mon frère qui me demande ce qu'il m'arrive.
Je lui réponds que je choisis de marcher aujourd'hui plutôt que de prendre le bus car cette longue marche va me faire du bien. Il propose de m'accompagner ce à quoi je réponds que je préfère être seul mais je lui demande simplement de prévenir Antoine de ne pas m'attendre dans le bus s'il me cherche et qu'on se retrouvera à l'école.
-Oli : vous vous êtes réconciliés alors ?
-moi : Je ne sais pas trop. Mais il m'a dit qu'il devait me donner quelque chose donc je veux que tu le préviennes qu'on se verra tout à l'heure.
-Oli : ok. Je ferai comme tu me le demandes.
Le chemin à pied est assez long mais je suis parti de bonne heure. Mon imagination travaille beaucoup pendant le trajet... Je me demande ce que pourrait contenir sa lettre, si c'est une lettre qu'il va me remettre. Sera-t'il fâché après ce que je lui ai écris ? Plus le temps passe et plus je regrette d'avoir dit tout ça, j'étais pas moi même quand j'ai fait cette lettre... mais je ne peux rien modifier, la lettre est écrite et il l'a lue, c'est trop tard. Il me reste les mots que je pourrai lui dire si nous décidons de nous ouvrir l'un à l'autre... Encore faut il que nous en ayons envie l'un et l'autre.
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J'ai pas vraiment fermé l’œil de la nuit car elle a été mouvementée avec tout ce qui s'est passé récemment. Ma tête n'arrive pas à se calmer, je pense constamment à ces derniers événements...Une chose est sûre je n'ai pas fait de crise comme je le redoutais et ça c'est quelque chose de positif.
Olivier est à côté de moi et il dort toujours.
J'ai pas trop de temps pour moi ce matin puisque l'école recommence, même si j'aimerais mieux ne pas y aller aujourd'hui, mais c'est pas moi qui décide.
Je passe sur les détails du réveil et tout ce qui précède le départ vers l'arrêt de bus... c'est du quotidien et ça ne présente pas d'intérêt particulier...
Nous voilà donc à attendre le bus qui ne devrait pas tarder à venir. Je suis stressé car je sais qu'Antoine va être dans le bus et il va sûrement exiger des explications de ma part. Est-ce que je vais avoir le courage de lui remettre la lettre dans laquelle je me confie et que mon frère m'encourage à lui donner ? C'est vrai que ça pourrait lui faire du bien de savoir ce qu'il se passe en moi en ce moment.
Le bus arrive ; une fois embarqué je constate qu'effectivement Antoine s'y trouve, et il occupe un siège seul sur une rangée. Je remarque très vite qu'il n'est pas très en forme, ses yeux sont cernés, rougis, pire que moi quasiment. Je me demande comment a dû se passer sa nuit. J'aimerais aller le voir, j'ai beaucoup de peine pour lui mais je me sens pas encore prêt pour être avec lui. Je suis un peu rassuré de constater que ce que je ressens confirme que j'ai encore des sentiments pour lui...
Il me fait bien un signe discret pour que j'aille m'asseoir à côté de lui mais je ne réponds pas à sa demande, pas aujourd'hui. Pendant le trajet je sens bien qu'il me jette des coups d'oeil de temps en temps. Avant la fin du parcours je prends mon courage à deux mains et je m'avance vers lui pour lui parler.
-moi : Antoine tu voudras bien me suivre en descendant du bus ?
-Antoine : ok.
Je ne dis rien de plus et lui non plus ne prononce pas un mot de plus. Nous sommes tous les deux dans une phase particulière, ne sachant pas comment vraiment réagir l'un en face de l'autre...
A l'arrêt du bus il me suit comme je lui ai demandé et nous nous rendons dans un lieu tranquille à l'abri des regards.
-Antoine : Pourquoi tu te caches, tu as honte de te montrer avec moi ?
Je ne peux pas supporter son regard alors je baisse les yeux
-moi : Non c'est pas ça...
-Antoine : alors dis moi pourquoi tu ne me regardes pas ? Qu'est-ce qui se passe Nicolas ? Tu as tellement changé depuis hier.
-moi : oui je sais que tu peux l'interpréter comme ça, mais tiens...dans cette lettre je t'explique ce que je ressens... j'espère que tu ne seras pas fâché en la lisant...
-Antoine : et pourquoi tu as besoin d'une lettre pour ça ? Tu peux pas me le dire tout simplement ?
-moi : je peux pas, je suis désolé...
Je me force à lever les yeux vers lui pour qu'il puisse lire ce que j'essaye de lui faire passer comme message. Et il interprètre plutôt mal ce message.
-Antoine : Tu sais, si tu m'aimes plus, si tu as envie de me laisser, tu peux me le dire en face... je suis assez fort pour l'entendre de ta bouche, pas besoin d'une lettre... dis-moi que tu m'aimes plus.
Pendant qu'il prononce ces mots je vois des larmes qui commencent à couler sur ses joues. L'émotion me gagne mais je me maîtrise du mieux que je peux, je ne veux pas me laisser aller, j'ai besoin de prendre du recul par rapport à tous ces événements récents. Je parviens à lui répondre quelques mots.
-moi : c'est pas du tout ça... s'il te plait, accepte la lettre et tu la liras dès que tu pourras.
-Antoine : d'accord, je te promet de la lire dès que je serai seul. Est-ce que tu voudras que je te réponde ?
-moi : si tu veux, oui.
-Antoine : désolé de t'avoir fait une scène... je pense qu'on devrait y aller maintenant.
Je lui répond que les cours vont commencer et je pars rapidement, sans l'attendre. Nous sommes en retard la cloche va sonner d'un instant à l'autre.
Je récupère mes livres dans le casier et je rejoins la classe. A ce moment là je rencontre Julien qui m'interpelle.
-Julien : Hey Nico comment ça va ?
Et il accompagne ses paroles d'une tape amicale dans le dos.
-moi : s'te plait Julien me touche pas trop.
-Julien : Putain Nico qu'est ce qui s'est passé ? T'as vu ton visage ? Et tu es tout seul, où est Antoine ?
-moi : je me suis fait cogner par 3 gars hier et … pour Antoine... euh... c'est un peu compliqué...
-Sarah : Hiii ! Nico ton visage est pas beau à voir, il s'est passé quoi ?
-Julien : C'est justement de ça qu'on parlait. Il vient de me dire qu'il s'est fait tabasser par 3 gars hier.
-Sarah : sérieux ? Mais pourquoi ? Et Antoine il va bien ?
-moi : pourquoi ils m'ont frappé ? je sais pas trop... ils m'ont dis que c'était pour le fun... mais sans doute aussi parce que j'étais avec Antoine. Lui il va bien mais c'est un peu compliqué entre nous deux en ce moment. Et puis est-ce que vous pouvez arrêter de me parler d'Antoine please ?
-Sarah : Mais c'est des cons ces gars ! Ok je vais faire attention et ne plus poser de questions.
-Julien : d'accord message reçu !
-moi : alors merci.
Le professeur ouvre la porte de la salle , nous entrons dans la classe, les élèves arrivent peu à peu.
Le premier cours de la journée va commencer. Je pressens que cette journée va être bien longue !
Finalement, aujourd'hui je me sens mieux que je le craignais. J'ai été capable de parler à Antoine, alors que je redoutais de le rencontrer, et j'ai parlé à mes deux nouveaux amis. Mais je suis toujours aussi mal avec la proximité des autres. J'ai eu cette réaction incontrôlable vis à vis de Julien quand il m'a tapé amicalement sur l'épaule tout à l'heure, et il en a été surpris tout autant que moi.
J'espère que ça va passer rapidement dans les jours qui suivent...parce que cette sensation de me sentir agressé à chaque fois qu'on me touche c'est invivable. Et les personnes qui m'entourent ne comprendraient pas ce comportement nouveau chez moi.
J'aperçois Alex qui entre dans la classe. Il a toujours un bandage sur sa blessure ; mais je suis pas mieux loti que lui avec mes multiples pansements sur le visage. Il regarde dans ma direction tout en discutant avec ses amis ; j'ai l'impression qu'ils parlent de moi.
Puis il s'éloigne de ses amis, je le vois ensuite hésiter et finalement se diriger vers moi et... grand étonnement de ma part, il s'adresse à moi !
-Alex : Sérieux je suis désolé de ce qui t'est arrivé hier. Je veux que tu saches que je n'ai rien à voir avec tout ça. Tu sais que je t'aime pas particulièrement mais je demanderai jamais à d'autres personnes d'aller tabasser quelqu'un qui me revient pas !
-moi : Comment tu sais ce qu'il m'est arrivé ?
-Alex : eh bien j'ai entendu des amis de mon frère en parler hier ; je ne savais pas que c'était toi au départ mais quand ils ont parlé d'un couple homosexuel d'environ mon âge ça m'a fait penser à toi et Antoine... et ce matin quand je t'ai vu...
Et à ce moment là le professeur interpelle Alex en lui demandant de prendre ses distances avec moi pour que ne se reproduise pas la situation de l'autre jour.
J'interviens alors pour rassurer le professeur en lui disant que tout va bien, que nous échangeons des propos sans conséquence pour la classe.
-Alex : alors voilà Nicolas je voulais simplement te dire que je suis désolé pour ce qui t'est arrivé, même si je n'ai rien à voir la dedans.
-moi : Merci c'est sympa et j'apprécie ta démarche.
Et il se reprend très vite, des fois que je me fasse des illusions sur une amélioration de nos rapports ou un comportement plus amical entre nous.
-Alex : Mais ça veut pas dire que je t'apprécie plus pour autant...Rien n'a changé entre nous.
Voilà qui es dit, je suis prévenu, on ne deviendra pas amis pour autant. Mais pouvait-il en être autrement ? Alex est quelqu'un qui ne veut jamais donner l'impression de s'apitoyer, de se laisser influencer ou de ne plus maitriser les situations. C'est un chef et il reste chef quoiqu'il en soit.
Antoine n'est pas loin, en nous voyant il s'est sûrement posé la question de savoir pourquoi « notre » ennemi a pris la peine de venir me parler aussi longuement et sans agressivité apparente.
Le cours commence normalement, je me concentre comme je peux mais j'éprouve beaucoup de
mal. Surtout que je sens le regard d'Antoine se diriger vers moi assez souvent, comme s'il voulait m'envoyer un message.
A la fin de ce cours, 45 minutes après qu'il ait commencé, je jette discrètement un coup d'oeil vers Antoine et je constate qu'il a dans la main la lettre que je lui ai remise tout à l'heure. Je comprends qu'il va la lire sous peu. Je me demande ce qu'il va en penser, quelle va être sa réaction. J'aimerais qu'il prenne la peine de la lire avec attention pour qu'il comprenne ce que j'ai voulu y faire passer de mon ressenti.
Il se lève après avoir laissé passer le flot des autres élèves, comme s'il avait besoin d'un peu de temps pour réfléchir à ce qu'il allait faire... Puis il se lève et passe devant moi... je ne sais pas si j'ai bien vu mais il me semble qu'il est très ému, j'ai cru voir des larmes couler sur son visage mais peut-être est-ce simplement le fruit de mon imagination ? J'hésite à le suivre...Il a peut-être besoin de sentir que je ne l'abandonne pas complètement, même si j'ai mis une certaine distance entre lui et moi ?
Non finalement je prends la décision de le laisser seul pour le moment. Il doit lire cette lettre sans ma présence... et puis je l'ai écrite pour ça puisque je me sentais pas capable de lui dire en face ce que je ressens.
Il n'est pas apparu au cours suivant . Tout le monde s'interroge sur sa disparition. Plusieurs viennent me poser la question pensant que j'aurai une réponse. Mais je n'en sais pas plus. Je ne peux pas m'empêcher de penser que ma lettre n'est pas étrangère à sa disparition, mais peut-être que je me trompe.
Il n'est pas venu à tous les autres cours de la journée !
Les autres jours se sont passés toujours sans lui !
Julien m'a posé des questions, pensant que j'avais une explication mais je ne pouvais rien lui dire puisqu' Antoine ne donnait aucune nouvelle de lui. Et de mon côté je n'ai pas cherché à en avoir, je ne l'ai pas contacté pour en savoir plus.
Le week end arrive et mon nouvel ami Julien me propose de le passer chez lui. Je sais qu'il s'inquiète un peu de me voir comme je suis en ce moment. Je préviens mes parents et Oli que je ne rentrerai pas à la maison pour qu'ils ne s'inquiètent pas . Ils ne me posent pas de questions et me souhaitent de passer une bonne fin de semaine en m'incitant quand même à travailler, même si je suis en compagnie... et pourquoi ne pas en profiter pour s'aider mutuellement à faire les devoirs ?
Il ne s'est rien passé de spécial avec Julien mais il a été présent et ces moments ont été sympas. Je me suis habitué à lui et je ne ressens plus ce que j'ai ressenti quand il m'a frappé sur l'épaule l'autre matin.
Et toujours aucune nouvelle d'Antoine...
Lundi matin, de retour à l'école, toujours pas d'Antoine... Je commence à me demander sérieusement s'il ne lui serait pas arrivé quelque chose.
J'ai même interrogé le professeur principal pour savoir s'il était en mesure de me donner la raison de cette absence, mais sans succès. Pas de nouvelles de son côté également.
Je ne peux pas continuer à rester dans cet état. J'ai besoin de savoir la raison de cette absence qui s'éternise. Je décide de lui envoyer un message en espérant qu'il me réponde pour me rassurer.
Très peu de temps après mon souhait est exaucé... Je reçois une réponse...
« Oui je vais bien, du moins je vais mieux. Demain je viendrai en cours et j'aurai quelque chose à te donner »
Il va bien, tant mieux... mais je me demande ce qu'il veut me remettre demain... peut-être une lettre en réponse à la mienne, comme il me l'avait proposé ?
La journée se passe assez rapidement ; je suis pourtant très impatient de savoir ce qu'Antoine va me donner. Je ne suis pas sûr que ce soit une lettre, j'ai un gros doute...mais bon, on ne sait jamais.
Le lendemain arrive, j'attends même pas que mon réveil sonne que je suis déjà levé. J'ai l'impression que mon problème mental va mieux... j'espère que tout ça va se régler et que je vais redevenir comme avant. Mes blessures sur le visage s'estompent petit à petit, bientôt il n'y paraîtra plus rien.
Je me prépare, prends le petit déjeuner et décide de partir à pied, au grand étonnement de mon frère qui me demande ce qu'il m'arrive.
Je lui réponds que je choisis de marcher aujourd'hui plutôt que de prendre le bus car cette longue marche va me faire du bien. Il propose de m'accompagner ce à quoi je réponds que je préfère être seul mais je lui demande simplement de prévenir Antoine de ne pas m'attendre dans le bus s'il me cherche et qu'on se retrouvera à l'école.
-Oli : vous vous êtes réconciliés alors ?
-moi : Je ne sais pas trop. Mais il m'a dit qu'il devait me donner quelque chose donc je veux que tu le préviennes qu'on se verra tout à l'heure.
-Oli : ok. Je ferai comme tu me le demandes.
Le chemin à pied est assez long mais je suis parti de bonne heure. Mon imagination travaille beaucoup pendant le trajet... Je me demande ce que pourrait contenir sa lettre, si c'est une lettre qu'il va me remettre. Sera-t'il fâché après ce que je lui ai écris ? Plus le temps passe et plus je regrette d'avoir dit tout ça, j'étais pas moi même quand j'ai fait cette lettre... mais je ne peux rien modifier, la lettre est écrite et il l'a lue, c'est trop tard. Il me reste les mots que je pourrai lui dire si nous décidons de nous ouvrir l'un à l'autre... Encore faut il que nous en ayons envie l'un et l'autre.