23-04-2022, 10:21 PM
82 - Conséquences imprévues
Le Phœnix chantait. Les puissances avaient été neutralisées. Enfin. Il avait des milliers de mondes à visiter, sur lesquels redonner la vie. Et l'Équilibre lui fournissait toute l'énergie dont il avait besoin pour ce faire. Il plana, invisible, au-dessus d'Outremonde, écoutant les notes si chargées de sens que jouait l'enfant du feu, Ludvik, et plongea dans le monde matériel pour détruire l'Harmonique une nouvelle fois. Il y prit beaucoup de plaisir, car cette destruction allait protéger la vie dans les autres mondes. Il prit le temps de communiquer avec son ami mortel, qui lui demanda de les laisser reposer en paix, désormais. Ils avaient suffisamment lutté. Triste, mais comprenant, il s'éloigna vers Aldania. Il avait de mauvais souvenirs de ce monde. Le rendre à son état initial aurait été une erreur. Il se contenta de le faire reverdir, d'y ramener une vie animale simple, et de laisser faire le temps. Les choses tourneront peut-être mieux, cette fois. Il repassera d'ici une petite centaine de millions d'années pour voir ce que ce monde sera devenu.
Il était heureux. Il savait qu'il allait pouvoir laisser les mondes derrière lui sans craindre qu'une puissance s'amuse à tous les éteindre. Il avait tant à faire. Il quitta les six mondes et plongea dans l'infini. Il allait visiter un monde dominé par la lumière. Eux, au moins, ne tuaient pas toute vie sur un monde. L'ancienne puissance préférait pétrifier tout être pensant, et drainer lentement son énergie spirituelle, pour l'éternité. Il était temps de les libérer.
Le Roi Immortel avait capté la libération de l'Équilibre. Il sut que le moment était venu. Il tendit la main, paume vers le haut, et prononça un mot de pouvoir. L'Arcædron, qui avait jusque-là servi d'œil de remplacement et de source de magie à Thibault, se matérialisa dans sa main. Il le regarda, satisfait, et le pressa contre son front, où il s'inséra facilement.
- Vas-y, mon œil, murmura-t-il en fermant les yeux. Raconte-moi tout ce que tu as vu et entendu.
Lorsque ce fut terminé, il médita longuement sur ce qu'il avait appris avant de prendre une décision. Il parcourut les allées secrètes qui s'étendaient sous son palais, jusqu'à arriver dans l'un de ses laboratoires. Il appuya sur un bouton, faisant s'allumer les lumières. Les appareils ronronnaient doucement dans la pièce. Il s'approcha de la machine principale, posa sa main à plat dessus pour être identifié, et entra une série de commandes.
- Firiel à Contrôle central. Y a-t-il quelqu'un ?
Il répéta longuement son message.
- Contrôle central à Firiel. Nous sommes à l'écoute.
- Vous êtes libres. Enfin, vous êtes libres !
- La lumière a été bannie de notre monde, oui. Est-ce vous qui avez fait ça, Firiel ?
- Non, mais je sais qui l'a fait... J'y ai juste apporté ma modeste contribution... si j'avais su... quelle est la situation ?
- Nous sommes en train de nous réorganiser, mais il est plus qu'évident, après tout ce qui s'est passé, que nous devons reprendre les opérations. C'est plus que jamais nécessaire. Êtes-vous prêt à vous y remettre ?
- Plus que jamais ! J'ai attendu mille ans, accumulant des connaissances, espérant pouvoir vous libérer un jour et reprendre notre mission première.
- Mille ans...
- Les portes des mondes ont été neutralisées, d'après ce que je constate. Est-ce que cela risque de poser un problème ?
- Non, nous avions prévu qu'elles pouvait être fermées un jour. Avez-vous besoin de renforts ? C'est encore le chaos ici, mais...
- Inutile. Je dois également me réorganiser pour reprendre le projet. Et, après tout, j'ai une excellente couverture ici.
- Parfait. Nous nous recontacterons d'ici une dizaine de jours.
- Attendez ! J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer... Notre colonie d'Aldania a été anéantie par les ténèbres.
- Je vois...
- Mais je ne pense pas que nous devons retenter l'expérience. Ils avaient largement perdu de vue leurs consignes, et probablement leurs origines. Mieux vaudra agir, à l'avenir, de façon beaucoup plus mesurée et plus encadrée. Je suggère fortement de faire profil bas pendant au moins un siècle, le temps que les choses se tassent et que les gens oublient.
- C'est votre zone d'opérations, faites comme bon vous semblera. Je vous nomme chef d'opérations dans les six mondes. Contactez-nous si vous avez besoin de quelque chose.
Le Roi réfléchit longuement, dans la pièce redevenue silencieuse. Toute action entraîne des conséquences, et chacune de ces conséquences entraîne de nouvelles actions. En étant au bon endroit, au bon moment, il était possible, en effectuant une action minimale, de déclencher une cascade d'événements menant à un résultat considérable. Il n'aurait jamais imaginé voir cela se produire sous ses yeux, et encore moins avec cette ampleur.
Il sourit. Son monde natal, libéré de l'emprise de la lumière, allait reprendre sa vie comme si de rien n'était. Tel était son peuple. Il devait faire de même. Il se leva, activa une à une les autres machines et les vérifia, mais il n'avait pas à s'en faire. La technologie de son monde était des plus avancées.
Une ombre de crainte lui serra la gorge, comme l'ancienne douleur refit surface. Son monde, si avancé, si développé, était tombé entre les mains de la lumière. Comment ? Le saurait-il un jour ?
Son peuple était vulnérable. Cette pensée était inimaginable, mais elle était pourtant réelle. Et cela le rendait malade. Il en était sûr et certain. Son monde avait été trahi.
Il se jura, une nouvelle fois, de découvrir qui étaient les traîtres.
Il remonta dans ses appartements et entra dans la bibliothèque. Il connaissait chacun de ces livres par cœur. Il en avait d'ailleurs écrit beaucoup. Il sortit d'un rayonnage son premier journal, et sourit. Il avait écrit spécialement divers journaux intimes pour créer sa couverture, se façonner une identité et une légende, et faire partie de ce monde. Il se moquait bien de le dominer. Il savait à quel point la gestion d'un immense empire était difficile. Cela lui aurait pris tout son temps, et il avait bien trop à faire. Il passa dans son laboratoire d'alchimie et vérifia tout attentivement. La préparation de la potion était délicate, et il ne devait pas faire d'erreur. Mais avant même de commencer, il s'immobilisa. Il devait tenir compte de la folie des morts-vivants. Il y avait certainement un moyen de protéger son esprit... il avait d'ailleurs une bonne idée pour ce faire. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? S'il emprisonnait son âme dans un réceptacle, un phylactère spécialement enchanté, elle serait protégée des assauts du temps et le conserverait intact. Mieux encore, il serait encore plus difficile à tuer ! Il sortit de son laboratoire et courut vers la salle du trésor, et fouilla parmi les richesses incroyables entassées ici jusqu'à se trouver une broche d'émeraude et saphir, qu'il trouva magnifique. Il la ramena dans son laboratoire, et commença a réfléchir aux enchantements appropriés tout en prenant poudres et encens sur les étagères.
Il mit la broche sur sa cape lorsque tout fut prêt. La potion bouillonnait doucement, prenant une teinte d'un rouge écarlate. Il versa un peu de cyanure dedans et ajouta une pincée de poussière de saphir. La potion vira au noir d'encre, signe qu'elle était prête. Il prononça les derniers sorts, et la but d'un trait. Comme la première fois, sa mort fut foudroyante. Comme la première fois, il se releva au bout de trois jours, ses chairs ayant été rongées et desséchées par le poison violent. Ceux qui connaissaient les légendes pensaient qu'il avait conclu un pacte avec la Mort pour connaître ce secret. Les idiots... son monde en savait long sur les secrets de la magie, de la vie et de la mort. Mais pas assez pour son grand œuvre. Largement pas assez... Un jour, peut-être, et peut-être quelque part dans les six mondes, ils apprendraient ce qu'ils désiraient savoir si ardemment. Et s'il fallait retourner chaque pierre de chaque monde pour ce faire, s'il fallait plonger ces mondes dans le feu et le sang... eh bien, il ferait ce qui est nécessaire. Mais il était patient, il savait placer ses pions au bon moment. Et c'était à son tour de jouer.
Il se drapa dans sa cape et sortit pour rejoindre la salle du trône. Il s'assit en contemplant ses sujet.
Et donna son premier ordre.
Le Phœnix chantait. Les puissances avaient été neutralisées. Enfin. Il avait des milliers de mondes à visiter, sur lesquels redonner la vie. Et l'Équilibre lui fournissait toute l'énergie dont il avait besoin pour ce faire. Il plana, invisible, au-dessus d'Outremonde, écoutant les notes si chargées de sens que jouait l'enfant du feu, Ludvik, et plongea dans le monde matériel pour détruire l'Harmonique une nouvelle fois. Il y prit beaucoup de plaisir, car cette destruction allait protéger la vie dans les autres mondes. Il prit le temps de communiquer avec son ami mortel, qui lui demanda de les laisser reposer en paix, désormais. Ils avaient suffisamment lutté. Triste, mais comprenant, il s'éloigna vers Aldania. Il avait de mauvais souvenirs de ce monde. Le rendre à son état initial aurait été une erreur. Il se contenta de le faire reverdir, d'y ramener une vie animale simple, et de laisser faire le temps. Les choses tourneront peut-être mieux, cette fois. Il repassera d'ici une petite centaine de millions d'années pour voir ce que ce monde sera devenu.
Il était heureux. Il savait qu'il allait pouvoir laisser les mondes derrière lui sans craindre qu'une puissance s'amuse à tous les éteindre. Il avait tant à faire. Il quitta les six mondes et plongea dans l'infini. Il allait visiter un monde dominé par la lumière. Eux, au moins, ne tuaient pas toute vie sur un monde. L'ancienne puissance préférait pétrifier tout être pensant, et drainer lentement son énergie spirituelle, pour l'éternité. Il était temps de les libérer.
Le Roi Immortel avait capté la libération de l'Équilibre. Il sut que le moment était venu. Il tendit la main, paume vers le haut, et prononça un mot de pouvoir. L'Arcædron, qui avait jusque-là servi d'œil de remplacement et de source de magie à Thibault, se matérialisa dans sa main. Il le regarda, satisfait, et le pressa contre son front, où il s'inséra facilement.
- Vas-y, mon œil, murmura-t-il en fermant les yeux. Raconte-moi tout ce que tu as vu et entendu.
Lorsque ce fut terminé, il médita longuement sur ce qu'il avait appris avant de prendre une décision. Il parcourut les allées secrètes qui s'étendaient sous son palais, jusqu'à arriver dans l'un de ses laboratoires. Il appuya sur un bouton, faisant s'allumer les lumières. Les appareils ronronnaient doucement dans la pièce. Il s'approcha de la machine principale, posa sa main à plat dessus pour être identifié, et entra une série de commandes.
- Firiel à Contrôle central. Y a-t-il quelqu'un ?
Il répéta longuement son message.
- Contrôle central à Firiel. Nous sommes à l'écoute.
- Vous êtes libres. Enfin, vous êtes libres !
- La lumière a été bannie de notre monde, oui. Est-ce vous qui avez fait ça, Firiel ?
- Non, mais je sais qui l'a fait... J'y ai juste apporté ma modeste contribution... si j'avais su... quelle est la situation ?
- Nous sommes en train de nous réorganiser, mais il est plus qu'évident, après tout ce qui s'est passé, que nous devons reprendre les opérations. C'est plus que jamais nécessaire. Êtes-vous prêt à vous y remettre ?
- Plus que jamais ! J'ai attendu mille ans, accumulant des connaissances, espérant pouvoir vous libérer un jour et reprendre notre mission première.
- Mille ans...
- Les portes des mondes ont été neutralisées, d'après ce que je constate. Est-ce que cela risque de poser un problème ?
- Non, nous avions prévu qu'elles pouvait être fermées un jour. Avez-vous besoin de renforts ? C'est encore le chaos ici, mais...
- Inutile. Je dois également me réorganiser pour reprendre le projet. Et, après tout, j'ai une excellente couverture ici.
- Parfait. Nous nous recontacterons d'ici une dizaine de jours.
- Attendez ! J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer... Notre colonie d'Aldania a été anéantie par les ténèbres.
- Je vois...
- Mais je ne pense pas que nous devons retenter l'expérience. Ils avaient largement perdu de vue leurs consignes, et probablement leurs origines. Mieux vaudra agir, à l'avenir, de façon beaucoup plus mesurée et plus encadrée. Je suggère fortement de faire profil bas pendant au moins un siècle, le temps que les choses se tassent et que les gens oublient.
- C'est votre zone d'opérations, faites comme bon vous semblera. Je vous nomme chef d'opérations dans les six mondes. Contactez-nous si vous avez besoin de quelque chose.
Le Roi réfléchit longuement, dans la pièce redevenue silencieuse. Toute action entraîne des conséquences, et chacune de ces conséquences entraîne de nouvelles actions. En étant au bon endroit, au bon moment, il était possible, en effectuant une action minimale, de déclencher une cascade d'événements menant à un résultat considérable. Il n'aurait jamais imaginé voir cela se produire sous ses yeux, et encore moins avec cette ampleur.
Il sourit. Son monde natal, libéré de l'emprise de la lumière, allait reprendre sa vie comme si de rien n'était. Tel était son peuple. Il devait faire de même. Il se leva, activa une à une les autres machines et les vérifia, mais il n'avait pas à s'en faire. La technologie de son monde était des plus avancées.
Une ombre de crainte lui serra la gorge, comme l'ancienne douleur refit surface. Son monde, si avancé, si développé, était tombé entre les mains de la lumière. Comment ? Le saurait-il un jour ?
Son peuple était vulnérable. Cette pensée était inimaginable, mais elle était pourtant réelle. Et cela le rendait malade. Il en était sûr et certain. Son monde avait été trahi.
Il se jura, une nouvelle fois, de découvrir qui étaient les traîtres.
Il remonta dans ses appartements et entra dans la bibliothèque. Il connaissait chacun de ces livres par cœur. Il en avait d'ailleurs écrit beaucoup. Il sortit d'un rayonnage son premier journal, et sourit. Il avait écrit spécialement divers journaux intimes pour créer sa couverture, se façonner une identité et une légende, et faire partie de ce monde. Il se moquait bien de le dominer. Il savait à quel point la gestion d'un immense empire était difficile. Cela lui aurait pris tout son temps, et il avait bien trop à faire. Il passa dans son laboratoire d'alchimie et vérifia tout attentivement. La préparation de la potion était délicate, et il ne devait pas faire d'erreur. Mais avant même de commencer, il s'immobilisa. Il devait tenir compte de la folie des morts-vivants. Il y avait certainement un moyen de protéger son esprit... il avait d'ailleurs une bonne idée pour ce faire. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? S'il emprisonnait son âme dans un réceptacle, un phylactère spécialement enchanté, elle serait protégée des assauts du temps et le conserverait intact. Mieux encore, il serait encore plus difficile à tuer ! Il sortit de son laboratoire et courut vers la salle du trésor, et fouilla parmi les richesses incroyables entassées ici jusqu'à se trouver une broche d'émeraude et saphir, qu'il trouva magnifique. Il la ramena dans son laboratoire, et commença a réfléchir aux enchantements appropriés tout en prenant poudres et encens sur les étagères.
Il mit la broche sur sa cape lorsque tout fut prêt. La potion bouillonnait doucement, prenant une teinte d'un rouge écarlate. Il versa un peu de cyanure dedans et ajouta une pincée de poussière de saphir. La potion vira au noir d'encre, signe qu'elle était prête. Il prononça les derniers sorts, et la but d'un trait. Comme la première fois, sa mort fut foudroyante. Comme la première fois, il se releva au bout de trois jours, ses chairs ayant été rongées et desséchées par le poison violent. Ceux qui connaissaient les légendes pensaient qu'il avait conclu un pacte avec la Mort pour connaître ce secret. Les idiots... son monde en savait long sur les secrets de la magie, de la vie et de la mort. Mais pas assez pour son grand œuvre. Largement pas assez... Un jour, peut-être, et peut-être quelque part dans les six mondes, ils apprendraient ce qu'ils désiraient savoir si ardemment. Et s'il fallait retourner chaque pierre de chaque monde pour ce faire, s'il fallait plonger ces mondes dans le feu et le sang... eh bien, il ferait ce qui est nécessaire. Mais il était patient, il savait placer ses pions au bon moment. Et c'était à son tour de jouer.
Il se drapa dans sa cape et sortit pour rejoindre la salle du trône. Il s'assit en contemplant ses sujet.
Et donna son premier ordre.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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