13-03-2022, 11:11 PM
41 - Herbes et Remèdes
- Installez-le ici, dit le guérisseur en montrant un lit. Et déshabillez-le entièrement.
La maison est emplie d'herbes suspendues au plafond, mises à sécher contre les murs, sous diverses formes dans des bocaux. Le terrain extérieur est un grand jardin où poussent de multiples variétés de plantes.
L'homme s'affaire, fouillant parmi ses bocaux, en sortant certains des étagères, et commence à les ranger sur une table, m'indiquant de m'approcher.
- Va tirer de l'eau du puits, et remplis ce petit chaudron, celui en cuivre, là.
- Tout de suite, dis-je en sortant.
L'eau est claire comme le cristal, à peine à dix centimètres de la margelle du puits... qui est au sommet d'une colline. Mais ici, ce n'est vraiment pas la peine de s'en étonner. Je fais plusieurs aller-retours pour remplir le chaudron, dans lequel l'homme verse une poudre bleue. Il s'approche alors de Thibault, et examine son corps.
- Retournez-le, dit-il. Ah !
Dans le dos de Thibault, une plaie noire est visible.
- C'est très avancé... Étonnant qu'il ait pu tenir si longtemps. Il est magicien, n'est-ce pas ?
- Archimage, même.
- Je vois.
Il met dans la bouche de Thibault une bande de cuir épais, et demande à ce qu'on le maintienne fermement. Il prend alors dans un pot une pâte noire à l'aide d'une tige de bois, qu'il applique sur la plaie après l'avoir lavée.
Thibault se cabre soudain, gémissant horriblement, et nous ne sommes pas moins de quatre à le maintenir sur le lit.
Stephan, ne supportant pas de voir une telle souffrance chez son amour, se détourne, livide. Mais il fait confiance au guérisseur. Quel choix a-t-il, de toute façon ?
Il ne voit donc pas ce qui se passe alors, et ça vaut probablement mieux pour lui. Je suis certain que j'en ferais des cauchemars toutes les nuits si je n'avais pas fermé les yeux dès que j'ai commencé à voir la pâte noire sur sa plaie se soulever et onduler. Une vive lumière me pousse à rouvrir les yeux, pour voir une flamme bleue brûler vivement et consumer toute trace de la pâte avant de disparaître, laissant place à une peau saine et intacte.
- Alors ça !
- On trouve de puissantes herbes en Tenerba. Ce monde est rude, mais il sait aussi aider ceux qui savent vivre en harmonie avec lui.
- Je comprends bien ce que vous voulez dire, dit Uria. Il en est de même là d'où je viens.
L'homme se redresse et verse des herbes dans le chaudron bouillant, attendant que le bouillon réduise avant d'en verser dans une flasque, et un peu dans un verre.
- Je le soignerai jusqu'à ce que toute trace des ténèbres ait disparu. S'il devait mourir avant ça, il faudra brûler son corps, ou les ténèbres en feront un sembleur.
- Y en a-t-il qui survivent ?
- En vendant leur âme. Pas que soit bien réjouissant non plus. Votre ami va devoir se reposer ici. Il n'est pas encore tiré d'affaire, mais je ferai tout mon possible.
- Merci, merci infiniment.
- C'est mon ami, je n'allais pas le laisser tomber.
- Votre ami ? Vous le connaissiez ?
- Tous ceux du clan sont mes amis. Allez, il est entre de bonnes mains. Cela prendra du temps, peut-être un mois, pendant lequel il ne pourra pas bouger.
- Je reste avec lui, dit Stephan. Je... je sais que votre mission est importante, mais...
- Je comprends. Astel, dit Cédric en se tournant vers l'un des Sorcelames. Je te demande de rester avec eux. La nature de ce monde fait que nous ne reviendrons ici que par pur hasard. Tu les ramèneras.
- D'accord. Bonne chance. Que la Lumière guide votre route.
- Merci, nous en aurons besoin. Que la Lumière vous guide vers des chemins familiers.
- Je vous le confie, guérisseur... d'ailleurs, je n'ai pas eu le temps de vous demander votre nom.
- Inny. Celui qui réconforte, dans la vieille langue.
- Eh bien, merci Inny.
Nous redescendons, revenant au village. Dans la salle commune, nous voyons un jeune homme, qui s'avance vers nous, le sourire aux lèvres.
- Bien le bonjour, messieurs. Rencontrer des voyageurs comme moi, sur les chemins toujours changeants de notre monde, est une bonne surprise.
- Vous voyagez seul ? Fait Cédric, soupçonneux.
- En fait... je voudrais voyager. Je veux me lancer à l'aventure, découvrir les secrets de notre monde, et j'attendais qu'un groupe passe par chez nous, ou se décide à partir, pour leur demander si je peux les rejoindre. Je voudrais... je voudrais voir de mes yeux la forteresse de diamant ! Peut-être que le hasard des routes du Chaos me conduira un jour jusqu'à elle !
Il a l'air exalté, et nous sommes tous sceptiques.
- Désolé, mais... nous ne pouvons accepter. Nous menons une dangereuse expédition, et tu es un amateur.
- Mais j'ai votre âge !
- Pas vraiment, non.
- Mais enfin ! Je ferai attention, je suis un homme sérieux ! Je vous montrerai que je suis à la hauteur !
Nous nous enfermons dans nos chambres, épuisés et soucieux. Nous mettons longtemps à trouver le sommeil.
Le lendemain, le jeune homme est toujours là. Il ne va pas être facile de se débarrasser de lui...
- Sais-tu seulement te battre ? Lui dis-je.
- Bien sûr ! Tout le monde doit apprendre à se battre, pour protéger nos terres des bêtes du Chaos.
Oh joie, ce monde a aussi une faune accueillante en plus d'être paradisiaque. Je commence à me dire qu'avoir un guide qui connaisse les dangers de ce monde, mais certainement pas lui.
- Alors prouve-le moi, dis-je en tapotant le pommeau de mon épée.
- À quoi tu joues, dit Ludvik, excédé.
- Fais-moi confiance. Je veux voir ce qu'il a dans le ventre.
- Au sens propre ou figuré ? Demande Finnadan.
- Euh...
Nous sortons, et derrière la maison commune, nous dégainons nos armes. Je me concentre fortement, puis lance l'assaut. Je laisse nos lames se croiser plusieurs fois avant de libérer le mana à travers ma lame tout en portant un coup qui tranche net sa lame à ras du pommeau, qu'il contemple d'un air stupide. La pointe de mon épée se pose sur sa gorge.
- Tu n'es pas prêt, gamin, à faire face à ce que nous affrontons. Attends un groupe qui veuille simplement partir à l'aventure. Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience.
Il déglutit péniblement, et recule avant de partir, tête basse. Je rengaine mon arme et rejoins les autres.
- Pas mal, tu lui as donné une sacrée leçon, approuve Ludvik.
- J'ai payé pour savoir qu'on ne se lance pas à l'aventure à l'aveuglette. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur.
- S'il ne comprend pas la leçon, dit Finnadan, c'est moi qui lui en donnerai une.
Je ris. Je ne pensais pas rire de nouveau avec l'inquiétude qui pèse sur le sort de Thibault. Nous sommes en guerre, et elle a fait sa première victime, et j'ai le sentiment que ce n'est pas fini... de toute façon, il faudra bien les affronter de plein fouet, ces ténèbres.
- Installez-le ici, dit le guérisseur en montrant un lit. Et déshabillez-le entièrement.
La maison est emplie d'herbes suspendues au plafond, mises à sécher contre les murs, sous diverses formes dans des bocaux. Le terrain extérieur est un grand jardin où poussent de multiples variétés de plantes.
L'homme s'affaire, fouillant parmi ses bocaux, en sortant certains des étagères, et commence à les ranger sur une table, m'indiquant de m'approcher.
- Va tirer de l'eau du puits, et remplis ce petit chaudron, celui en cuivre, là.
- Tout de suite, dis-je en sortant.
L'eau est claire comme le cristal, à peine à dix centimètres de la margelle du puits... qui est au sommet d'une colline. Mais ici, ce n'est vraiment pas la peine de s'en étonner. Je fais plusieurs aller-retours pour remplir le chaudron, dans lequel l'homme verse une poudre bleue. Il s'approche alors de Thibault, et examine son corps.
- Retournez-le, dit-il. Ah !
Dans le dos de Thibault, une plaie noire est visible.
- C'est très avancé... Étonnant qu'il ait pu tenir si longtemps. Il est magicien, n'est-ce pas ?
- Archimage, même.
- Je vois.
Il met dans la bouche de Thibault une bande de cuir épais, et demande à ce qu'on le maintienne fermement. Il prend alors dans un pot une pâte noire à l'aide d'une tige de bois, qu'il applique sur la plaie après l'avoir lavée.
Thibault se cabre soudain, gémissant horriblement, et nous ne sommes pas moins de quatre à le maintenir sur le lit.
Stephan, ne supportant pas de voir une telle souffrance chez son amour, se détourne, livide. Mais il fait confiance au guérisseur. Quel choix a-t-il, de toute façon ?
Il ne voit donc pas ce qui se passe alors, et ça vaut probablement mieux pour lui. Je suis certain que j'en ferais des cauchemars toutes les nuits si je n'avais pas fermé les yeux dès que j'ai commencé à voir la pâte noire sur sa plaie se soulever et onduler. Une vive lumière me pousse à rouvrir les yeux, pour voir une flamme bleue brûler vivement et consumer toute trace de la pâte avant de disparaître, laissant place à une peau saine et intacte.
- Alors ça !
- On trouve de puissantes herbes en Tenerba. Ce monde est rude, mais il sait aussi aider ceux qui savent vivre en harmonie avec lui.
- Je comprends bien ce que vous voulez dire, dit Uria. Il en est de même là d'où je viens.
L'homme se redresse et verse des herbes dans le chaudron bouillant, attendant que le bouillon réduise avant d'en verser dans une flasque, et un peu dans un verre.
- Je le soignerai jusqu'à ce que toute trace des ténèbres ait disparu. S'il devait mourir avant ça, il faudra brûler son corps, ou les ténèbres en feront un sembleur.
- Y en a-t-il qui survivent ?
- En vendant leur âme. Pas que soit bien réjouissant non plus. Votre ami va devoir se reposer ici. Il n'est pas encore tiré d'affaire, mais je ferai tout mon possible.
- Merci, merci infiniment.
- C'est mon ami, je n'allais pas le laisser tomber.
- Votre ami ? Vous le connaissiez ?
- Tous ceux du clan sont mes amis. Allez, il est entre de bonnes mains. Cela prendra du temps, peut-être un mois, pendant lequel il ne pourra pas bouger.
- Je reste avec lui, dit Stephan. Je... je sais que votre mission est importante, mais...
- Je comprends. Astel, dit Cédric en se tournant vers l'un des Sorcelames. Je te demande de rester avec eux. La nature de ce monde fait que nous ne reviendrons ici que par pur hasard. Tu les ramèneras.
- D'accord. Bonne chance. Que la Lumière guide votre route.
- Merci, nous en aurons besoin. Que la Lumière vous guide vers des chemins familiers.
- Je vous le confie, guérisseur... d'ailleurs, je n'ai pas eu le temps de vous demander votre nom.
- Inny. Celui qui réconforte, dans la vieille langue.
- Eh bien, merci Inny.
Nous redescendons, revenant au village. Dans la salle commune, nous voyons un jeune homme, qui s'avance vers nous, le sourire aux lèvres.
- Bien le bonjour, messieurs. Rencontrer des voyageurs comme moi, sur les chemins toujours changeants de notre monde, est une bonne surprise.
- Vous voyagez seul ? Fait Cédric, soupçonneux.
- En fait... je voudrais voyager. Je veux me lancer à l'aventure, découvrir les secrets de notre monde, et j'attendais qu'un groupe passe par chez nous, ou se décide à partir, pour leur demander si je peux les rejoindre. Je voudrais... je voudrais voir de mes yeux la forteresse de diamant ! Peut-être que le hasard des routes du Chaos me conduira un jour jusqu'à elle !
Il a l'air exalté, et nous sommes tous sceptiques.
- Désolé, mais... nous ne pouvons accepter. Nous menons une dangereuse expédition, et tu es un amateur.
- Mais j'ai votre âge !
- Pas vraiment, non.
- Mais enfin ! Je ferai attention, je suis un homme sérieux ! Je vous montrerai que je suis à la hauteur !
Nous nous enfermons dans nos chambres, épuisés et soucieux. Nous mettons longtemps à trouver le sommeil.
Le lendemain, le jeune homme est toujours là. Il ne va pas être facile de se débarrasser de lui...
- Sais-tu seulement te battre ? Lui dis-je.
- Bien sûr ! Tout le monde doit apprendre à se battre, pour protéger nos terres des bêtes du Chaos.
Oh joie, ce monde a aussi une faune accueillante en plus d'être paradisiaque. Je commence à me dire qu'avoir un guide qui connaisse les dangers de ce monde, mais certainement pas lui.
- Alors prouve-le moi, dis-je en tapotant le pommeau de mon épée.
- À quoi tu joues, dit Ludvik, excédé.
- Fais-moi confiance. Je veux voir ce qu'il a dans le ventre.
- Au sens propre ou figuré ? Demande Finnadan.
- Euh...
Nous sortons, et derrière la maison commune, nous dégainons nos armes. Je me concentre fortement, puis lance l'assaut. Je laisse nos lames se croiser plusieurs fois avant de libérer le mana à travers ma lame tout en portant un coup qui tranche net sa lame à ras du pommeau, qu'il contemple d'un air stupide. La pointe de mon épée se pose sur sa gorge.
- Tu n'es pas prêt, gamin, à faire face à ce que nous affrontons. Attends un groupe qui veuille simplement partir à l'aventure. Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience.
Il déglutit péniblement, et recule avant de partir, tête basse. Je rengaine mon arme et rejoins les autres.
- Pas mal, tu lui as donné une sacrée leçon, approuve Ludvik.
- J'ai payé pour savoir qu'on ne se lance pas à l'aventure à l'aveuglette. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur.
- S'il ne comprend pas la leçon, dit Finnadan, c'est moi qui lui en donnerai une.
Je ris. Je ne pensais pas rire de nouveau avec l'inquiétude qui pèse sur le sort de Thibault. Nous sommes en guerre, et elle a fait sa première victime, et j'ai le sentiment que ce n'est pas fini... de toute façon, il faudra bien les affronter de plein fouet, ces ténèbres.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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