13-03-2022, 12:16 AM
Livre IV - Dans les Griffes du Chaos
40 - Tenerba
- Il est temps, dit Ludvik.
En effet, c'est bientôt que doit se faire la conjonction, et nous quittons le roi d'Amnar en ornithoptère pour nous éloigner de la ville et du brouillage du Chrystal, jusqu'à ce que Cédric nous fasse poser. Nous regardons les aéronefs s'éloigner jusqu'à ce qu'ils soient au loin, puis patientons. Je jette un coup d'œil à Adrian, qui regarde autour de lui, l'air indifférent.
- Bon, écoutez-moi bien, dit Thibault, qui a l'air très pâle depuis la bataille de Fénili. Cédric a tenté de le persuader de rester mais il a tenu à venir quand même. Ludvik et Cédric l'ont soigné comme ils ont pu, espérons que ce sera suffisant...
Il tousse, puis reprend.
- Tenerba est un monde qui ne ressemble à rien que vous puissiez imaginer. Il n'a aucune stabilité, c'est un chaos total. Sa structure, sa nature, changent constamment. Le seul moyen de survivre est d'imposer notre stabilité, et pour ce faire, nous devons impérativement rester ensemble. Notre conscience a pouvoir sur l'environnement proche, toutefois, il va se passer un moment avant que ça se stabilise... enfin, tout est relatif. Toujours est-il que ça va être rude, à l'arrivée. Accrochez-vous, et ne paniquez pas !
Ne pas paniquer ? Si l'environnement change constamment, on peut très bien se retrouver dans un lac de lave... mais pour autant que j'aie pu en lire dans le livre de Thibault, la lave pourrait tout aussi bien être froide, ou être du caramel mou. Les lois physiques jouent constamment aux dés, dans ce monde. Comme il dit, ça va être rude.
Nous nous encordons afin de rester groupés, et le Sorcelame se concentre au signal de Cédric. Mon cœur se met à battre plus fort, c'est parti ! Le vortex se forme, et Ludvik passe le premier, et nous suivons tous l'un après l'autre pour découvrir...
Une plaine de verre brille à l'infini sous un soleil noir. Le ciel d'un blanc éclatant éclaire les profondeurs du verre, où nagent d'étranges poissons.
Alors que le dernier d'entre nous arrive et que le vortex se referme, le verre se fissure autour de nos pieds, et se brise en milliards d'éclats, qui s'envolent en se changeant en papillons multicolores, et nous tombons dans une jungle épaisse, nous raccrochant aux lianes, qui se tortillent pour se débarrasser de nous, nous faisant glisser au sol tandis que les arbres fondent, se solidifiant en piliers de rocs noirs alors que nous nous redressons, et il se met soudain à pleuvoir des perles, en une cataracte qui menace de nous assommer.
Un vent se met à souffler, qui emporte les perles, non, des gouttes d'eau maintenant, nous sombrons dans un océan en furie, et coulons jusqu'au fond de la mer, où nous découvrons que nos poumons n'inspirent que de l'air. Nous marchons au fond de la mer, parmi des poissons qui continuent de nager autour de nous, puis le sol se craquèle, l'eau disparaît, et c'est un désert de sable blanc qui nous accueille maintenant.
Je comprends maintenant ce qu'est le Chaos. Je m'efforce de me concentrer, constatant que les changements prennent de plus en plus de temps, et finalement, c'est dans une plaine d'herbes bleues, sous trois soleils rouges, que tout se stabilise.
- Ouah ! Comme tu disais, c'était rude !
- C'est peu de le dire, commente Stephan.
Fredrick secoue la tête, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de vivre.
- Ce n'est pas fini, dit Thibault. Tant que nous resterons conscients, ça restera stable, mais nous ne pourrons pas tous dormir en même temps, ou ça reprendra.
- Génial...
- Nous devons trouver une communauté, à moins que le hasard ne nous ait mis près de la forteresse de diamant.
Il tousse de nouveau, ce qui m'inquiète. Je vois Thomas et Stephan l'entourer.
- Ça va aller. Cédric, à toi de jouer.
- Oui. Une chose, Franck, interdiction de marcher en rêve ici. Tu abandonnerais ton corps aux forces du Chaos, et il pourrait devenir n'importe quoi.
J'avale péniblement ma salive.
- Compris.
Il se met à méditer, et le sol s'ouvre devant lui, faisant émerger un gros Chrystal. Alors que nous le contemplons, Cédric éclate de rire.
- Ce monde a décidé de se moquer de moi, j'ai l'impression.
- Tu prends plutôt bien les choses, dit Finnadan.
- J'ai vécu près de deux siècles et je suis mort plusieurs fois. Je relativise les choses. Je pense que j'ai dû enfreindre une règle quelconque et que Tenerba me le fait comprendre.
- Tu en parles comme si c'était une entité consciente.
- Je suis persuadé que c'est le cas. C'est un monde qui se cherche... et qui n'est jamais satisfait.
- Oh, génial, dit-elle. On est sur une planète en pleine crise d'adolescence.
Nous décidons donc de nous en remettre au hasard, et progressons à travers la plaine. Petit à petit, elle laisse place à des collines rocheuses, semées de pierres striées de rouge, puis à une vallée s'ouvrant largement sur un paysage rural, des champs, des forêts, des rivières, et des villages, que nous contemplons du haut de la vallée.
- Les grandes communautés humaines stabilisent fortement le terrain environnant. Tant que nous serons ici, nous pourrons dormir tranquilles, commente Thibault.
- Ils ne sont pas hostiles ?
- Non, leur culture s'est adaptée à leur monde. Pour eux, toute personne sur leur territoire fait partie de leur clan. Chacun restant bien sûr libre d'en sortir pour rejoindre une autre communauté. Avec une telle façon de voir les choses, ils n'ont pas de conflits. Cela contribue à stabiliser encore plus l'environnement.
- Profitons-en, alors. Hum, j'imagine qu'il est inutile de demander où se trouve la forteresse de diamant ?
- Ouais, vu que le décor change constamment, elle peut se trouver n'importe où.
- Mais alors, comment on va la retrouver ?
- On s'installe ici et on attend que le Serviteur de la Lumière nous donne un indice. Parce que sinon, on pourra courir à travers ce monde jusqu'à mourir de vieillesse.
Nous nous rendons donc au village le plus proche, et constatons que Thibault n'a pas exagéré les choses : nous sommes salués comme si nous étions des habitants du village, connus de longue date.
On nous indique la maison commune, où nous pourrons vivre le temps qu'il nous plaira.
Une fois arrivés, Thibault s'effondre, et nous nous pressons autour de lui.
- Dégagez, laissez-lui de l'air ! Dit Thomas, avant de le porter avec l'aide de Stephan pour le déposer sur un lit.
Le tenancier arrive et demande s'il doit appeler un guérisseur.
- Si vous en avez un, ce serait bien, oui, merci.
Un homme arrive après une bonne demi-heure d'attente anxieuse, et examine Thibault un bon moment avant de se redresser en soupirant.
- Il a été marqué par les ténèbres, elles consument son corps et son âme.
- Non ! N'y a-t-il rien qu'on ne puisse faire pour l'aider ?
Je vois Cédric frissonner. Il se souvient d'en être passé par là, mais nous n'avons pas de vampire sous la main, et je ne crois pas que Thibault serait d'accord, de toute façon.
- Il y a bien quelque chose qu'on peut tenter, dit le guérisseur, mais il va falloir le transporter chez moi.
- Allons-y, alors ! Il n'y a pas un instant à perdre !
40 - Tenerba
- Il est temps, dit Ludvik.
En effet, c'est bientôt que doit se faire la conjonction, et nous quittons le roi d'Amnar en ornithoptère pour nous éloigner de la ville et du brouillage du Chrystal, jusqu'à ce que Cédric nous fasse poser. Nous regardons les aéronefs s'éloigner jusqu'à ce qu'ils soient au loin, puis patientons. Je jette un coup d'œil à Adrian, qui regarde autour de lui, l'air indifférent.
- Bon, écoutez-moi bien, dit Thibault, qui a l'air très pâle depuis la bataille de Fénili. Cédric a tenté de le persuader de rester mais il a tenu à venir quand même. Ludvik et Cédric l'ont soigné comme ils ont pu, espérons que ce sera suffisant...
Il tousse, puis reprend.
- Tenerba est un monde qui ne ressemble à rien que vous puissiez imaginer. Il n'a aucune stabilité, c'est un chaos total. Sa structure, sa nature, changent constamment. Le seul moyen de survivre est d'imposer notre stabilité, et pour ce faire, nous devons impérativement rester ensemble. Notre conscience a pouvoir sur l'environnement proche, toutefois, il va se passer un moment avant que ça se stabilise... enfin, tout est relatif. Toujours est-il que ça va être rude, à l'arrivée. Accrochez-vous, et ne paniquez pas !
Ne pas paniquer ? Si l'environnement change constamment, on peut très bien se retrouver dans un lac de lave... mais pour autant que j'aie pu en lire dans le livre de Thibault, la lave pourrait tout aussi bien être froide, ou être du caramel mou. Les lois physiques jouent constamment aux dés, dans ce monde. Comme il dit, ça va être rude.
Nous nous encordons afin de rester groupés, et le Sorcelame se concentre au signal de Cédric. Mon cœur se met à battre plus fort, c'est parti ! Le vortex se forme, et Ludvik passe le premier, et nous suivons tous l'un après l'autre pour découvrir...
Une plaine de verre brille à l'infini sous un soleil noir. Le ciel d'un blanc éclatant éclaire les profondeurs du verre, où nagent d'étranges poissons.
Alors que le dernier d'entre nous arrive et que le vortex se referme, le verre se fissure autour de nos pieds, et se brise en milliards d'éclats, qui s'envolent en se changeant en papillons multicolores, et nous tombons dans une jungle épaisse, nous raccrochant aux lianes, qui se tortillent pour se débarrasser de nous, nous faisant glisser au sol tandis que les arbres fondent, se solidifiant en piliers de rocs noirs alors que nous nous redressons, et il se met soudain à pleuvoir des perles, en une cataracte qui menace de nous assommer.
Un vent se met à souffler, qui emporte les perles, non, des gouttes d'eau maintenant, nous sombrons dans un océan en furie, et coulons jusqu'au fond de la mer, où nous découvrons que nos poumons n'inspirent que de l'air. Nous marchons au fond de la mer, parmi des poissons qui continuent de nager autour de nous, puis le sol se craquèle, l'eau disparaît, et c'est un désert de sable blanc qui nous accueille maintenant.
Je comprends maintenant ce qu'est le Chaos. Je m'efforce de me concentrer, constatant que les changements prennent de plus en plus de temps, et finalement, c'est dans une plaine d'herbes bleues, sous trois soleils rouges, que tout se stabilise.
- Ouah ! Comme tu disais, c'était rude !
- C'est peu de le dire, commente Stephan.
Fredrick secoue la tête, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de vivre.
- Ce n'est pas fini, dit Thibault. Tant que nous resterons conscients, ça restera stable, mais nous ne pourrons pas tous dormir en même temps, ou ça reprendra.
- Génial...
- Nous devons trouver une communauté, à moins que le hasard ne nous ait mis près de la forteresse de diamant.
Il tousse de nouveau, ce qui m'inquiète. Je vois Thomas et Stephan l'entourer.
- Ça va aller. Cédric, à toi de jouer.
- Oui. Une chose, Franck, interdiction de marcher en rêve ici. Tu abandonnerais ton corps aux forces du Chaos, et il pourrait devenir n'importe quoi.
J'avale péniblement ma salive.
- Compris.
Il se met à méditer, et le sol s'ouvre devant lui, faisant émerger un gros Chrystal. Alors que nous le contemplons, Cédric éclate de rire.
- Ce monde a décidé de se moquer de moi, j'ai l'impression.
- Tu prends plutôt bien les choses, dit Finnadan.
- J'ai vécu près de deux siècles et je suis mort plusieurs fois. Je relativise les choses. Je pense que j'ai dû enfreindre une règle quelconque et que Tenerba me le fait comprendre.
- Tu en parles comme si c'était une entité consciente.
- Je suis persuadé que c'est le cas. C'est un monde qui se cherche... et qui n'est jamais satisfait.
- Oh, génial, dit-elle. On est sur une planète en pleine crise d'adolescence.
Nous décidons donc de nous en remettre au hasard, et progressons à travers la plaine. Petit à petit, elle laisse place à des collines rocheuses, semées de pierres striées de rouge, puis à une vallée s'ouvrant largement sur un paysage rural, des champs, des forêts, des rivières, et des villages, que nous contemplons du haut de la vallée.
- Les grandes communautés humaines stabilisent fortement le terrain environnant. Tant que nous serons ici, nous pourrons dormir tranquilles, commente Thibault.
- Ils ne sont pas hostiles ?
- Non, leur culture s'est adaptée à leur monde. Pour eux, toute personne sur leur territoire fait partie de leur clan. Chacun restant bien sûr libre d'en sortir pour rejoindre une autre communauté. Avec une telle façon de voir les choses, ils n'ont pas de conflits. Cela contribue à stabiliser encore plus l'environnement.
- Profitons-en, alors. Hum, j'imagine qu'il est inutile de demander où se trouve la forteresse de diamant ?
- Ouais, vu que le décor change constamment, elle peut se trouver n'importe où.
- Mais alors, comment on va la retrouver ?
- On s'installe ici et on attend que le Serviteur de la Lumière nous donne un indice. Parce que sinon, on pourra courir à travers ce monde jusqu'à mourir de vieillesse.
Nous nous rendons donc au village le plus proche, et constatons que Thibault n'a pas exagéré les choses : nous sommes salués comme si nous étions des habitants du village, connus de longue date.
On nous indique la maison commune, où nous pourrons vivre le temps qu'il nous plaira.
Une fois arrivés, Thibault s'effondre, et nous nous pressons autour de lui.
- Dégagez, laissez-lui de l'air ! Dit Thomas, avant de le porter avec l'aide de Stephan pour le déposer sur un lit.
Le tenancier arrive et demande s'il doit appeler un guérisseur.
- Si vous en avez un, ce serait bien, oui, merci.
Un homme arrive après une bonne demi-heure d'attente anxieuse, et examine Thibault un bon moment avant de se redresser en soupirant.
- Il a été marqué par les ténèbres, elles consument son corps et son âme.
- Non ! N'y a-t-il rien qu'on ne puisse faire pour l'aider ?
Je vois Cédric frissonner. Il se souvient d'en être passé par là, mais nous n'avons pas de vampire sous la main, et je ne crois pas que Thibault serait d'accord, de toute façon.
- Il y a bien quelque chose qu'on peut tenter, dit le guérisseur, mais il va falloir le transporter chez moi.
- Allons-y, alors ! Il n'y a pas un instant à perdre !
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