06-03-2022, 09:24 PM
Hors-série /5 : "Le facteur remplaçant se déniaise en tournée"
J’habite à la campagne, une ferme isolée, dans tous les sens du terme puisqu’elle a été rénovée afin de diminuer la consommation énergétique et qu’elle est située à 3 km du village. J’aime cette solitude au milieu des champs, tout près d’une rivière serpentant dans une forêt ; je m’y baigne nu en été, rejoint souvent par des jeunes gens du village qui y vivent leurs premiers émois ; il n’est pas rare qu’un garçon ne puisse cacher son excitation de côtoyer un corps féminin (ou masculin, qui sait ?), provoquant l’hilarité des autres, avant de disparaître discrètement derrière des buissons pour dépuceler l’être aimé.
Je m’égare, il sera bien question de déniaisage dans mon récit, mais celui-ci commence en hiver, un premier février pour être précis.
Pour débuter, je dois vous dire que j’étais abonné au quotidien local « La Dépêche des Sillons ». Je ne m’intéressais pas particulièrement à l’élection de Miss Betterave ou au Marché du Potiron, ni au concert de bienfaisance pour repeindre le portail du cimetière ; si j’étais abonné, comme toutes les personnes du village, c’était pour donner du travail au facteur Anselme et éviter la fermeture de la poste lorsqu’il prendrait sa retraite avec sa femme Germaine, la buraliste. Un obscur fonctionnaire de La Poste, qui ne communiquait que par mail et WhatsApp, avait informé le maire qu’une étude de rentabilité était en cours. Celui-ci avait immédiatement écrit une lettre au ministre de la Désertification des Campagnes, l’informant qu’il était prêt à parrainer le candidat de la majorité présidentielle lors des prochaines élections si la poste restait ouverte.
Il neigeait beaucoup ce jour-là et je doutais que je reçusse mon journal à l’heure habituelle, vers 14 heures, car ma maison était la dernière de la tournée (ne voyez aucune connotation érotique à cet imparfait du subjonctif) ; j’avais heureusement déjà allumé le feu de bûches dans la cheminée avec l’édition de la veille.
Je somnolais, pensant à mon prochain roman et à ma prochaine branlette, lorsqu’on sonna deux fois. Je sursautai, regardai ma montre, il était 16 heures. J’ouvris la porte et je vis immédiatement que ce n’était pas Anselme, malgré le bonnet et les gants de laine du facteur. Il portait un gros paquet sur lequel était posé une enveloppe de papier brun et le journal. Je lui dis de les poser vers l’entrée et je lus en première page de la « Dépêche » qu’Anselme et sa femme avaient pris leur retraite et que la poste avait fermé. Le journal avait envoyé son grand reporter pour couvrir ce non-évènement. Le maire, outré, affirmait qu’il soutiendrait un candidat de l’opposition ; il était de toute façon sans-parti et avait toujours 99% des voix puisqu’il n’y avait jamais d’autre candidat.
Le facteur remplaçant était jeune, beau, une vingtaine d’années. Je lui dis :
— Bonjour, je ne pensais pas que vous arriveriez.
— Bonjour, moi non plus, j’ai dû chaîner, je suis trempé comme une soupe.
— Vous n’avez pas de chance pour votre premier jour.
— Pas de chance, en effet, j’habite au bord de la mer et je ne suis pas habitué à autant de neige.
— Et cela n’arrête pas, vous devriez attendre le passage du chasse-neige pour repartir.
J’omis de lui dire que la route qui menait à ma ferme était toujours la dernière à être déneigée, je ne pensais pas qu’ils pourraient venir avant le lendemain. Le facteur appela son chef pour l’informer.
— Il me conseille aussi d’attendre, je pourrai compter deux heures supplémentaires, pas plus sinon il faudrait faire une enquête administrative pour déterminer la cause du retard et obtenir le supplément au budget.
— À la bonne heure, entrez donc, vous pouvez enlever vos chaussures, nous les mettrons devant le feu pour les sécher, avec vos autres habits.
Je plaçai une chaise devant la cheminée, le facteur y déposa sa veste, ses gants et son bonnet.
— Enlevez vos autres habits, dis-je, ils sont aussi mouillés, je vais aller vous chercher un peignoir et des chaussettes, neuves je le précise.
Il eut l’air surpris.
— Vous préférez un pantalon d’intérieur et un tee-shirt ? demandai-je.
— Non, le peignoir ira très bien. Je peux vraiment tout enlever ?
— Vous pouvez garder votre caleçon si vous le désirez, fis-je en riant.
Lorsque je revins, il n’avait plus que son boxer blanc, très bien coupé et qui mettait en valeur son sexe qui paraissait de fort belle taille. Il enfila rapidement le peignoir et les chaussettes. Je lui dis de s’asseoir dans un fauteuil devant la cheminée et j’allai préparer des cafés à la cuisine. Je pris une bouteille de cognac au bar.
— Un petit remontant ? demandai-je. Cela vous réchauffera.
— Je ne dois pas boire d’alcool pendant le service.
— Juste un verre. Anselme en buvait aussi un lorsqu’il avait de l’avance et il n’a jamais eu d’ennuis, sinon avec sa femme.
— D’accord.
Je remplis les verres et nous trinquâmes. Je dis :
— À la vôtre ! Ici, à la campagne, on se tutoie tous, je m’appelle Pierre.
— Enchanté, je suis Gwenaël, avec un double v, j’y tiens.
— Breton ?
— Oui, je suis dans votre région jusqu’à ce qu’une place se libère près de chez moi.
— Tu habites la ville voisine puisque la poste a fermé ?
— Exact, j’ai un petit appartement réservé aux remplaçants.
— Ta fiancée doit s’ennuyer.
Gwenaël rougit.
— Je n’ai pas de petite amie, c’est mieux avant d’avoir une affectation définitive.
— Tu as raison.
— Et vous… pardon, et toi, que fais-tu pour gagner ta vie dans ce coin perdu ?
— Je suis romancier.
— On peut gagner sa vie en écrivant ?
— C’est rare, moi j’y arrive, je sors un roman chaque année. J’ai la chance d’avoir des lectrices et des lecteurs fidèles.
— Tu ne t’ennuies pas tout seul ?
— Je retrouve les métropoles pour les dédicaces et les interviews. J’en ai marre après quelques semaines. Le paquet contient sûrement des exemplaires de mon dernier roman.
J’allai chercher le colis, je l’ouvris, pris un livre et le montrai à Gwenaël.
— Tout frais de l’imprimerie, dis-je, je vais t’en offrir un.
— Je ne lis pas beaucoup, je préfère les films, mais je te promets de le lire jusqu’au bout.
Je pris un stylo et dédicaçai le roman :
« À Gwenaël, en souvenir d’une tempête mémorable le 1er février 20xx. Avec toute mon amitié. Pierre »
Je lui tendis le bouquin, il lut la dédicace et la quatrième de couverture.
— Tu es sûr que je ne dois pas le payer ? me demanda-t-il.
— Service de presse. Le thème te plaît ?
— Ça me plaît. Beaucoup.
— Tu n’as rien contre les amours homosexuelles ?
— Non, il ne devrait plus y avoir d’homophobie de nos jours.
— Je ne sais pas si les habitants du village sont du même avis que toi.
— Ils ne te disent rien ?
— Je suis le plus gros contribuable de la commune, ils n’osent pas…
Je savais ce qu’il y avait dans l’enveloppe brune et, comme Gwenaël ne semblait pas trop prude, je l’ouvris. Elle contenait un DVD que je lui montrai.
— « Le jeu de pistes », lut-il sur la pochette, de J.D. Cadineau. Je n’en ai pas entendu parler, pourtant je suis l’actualité.
— C’est un film ancien, de 1984, je l’ai trouvé sur eBay.
— Pourrions-nous le regarder pour passer le temps ?
— J’allais te le proposer.
— Je n’ai jamais été scout, je le regrette.
— Ces scouts sont spéciaux, tu verras.
Nous nous installâmes sur le sofa devant la télévision. Gwenaël remarqua tout de suite que les scouts étaient trop âgés, qu’ils ne savaient pas jouer, qu’il regardaient certaines particularités des animaux dans les champs, qu’ils avaient des slips blancs, qu’ils pissaient sans se cacher, et surtout qu’ils bandaient très facilement.
Je ne regardais pas le film, j’observais la main du facteur qui se glissait entre les pans de son peignoir pour caresser machinalement l’étoffe du boxer, il bandait aussi facilement que les scouts.
— Désolé, dit-il, ce film est… très excitant.
— Tu peux te branler, ou mieux, je vais le faire à ta place.
Avant qu’il ne réagît, j’enfilai ma main dans le boxer humide et sortit un membre qui n’avait rien à envier à ceux du film. Vous imaginez la suite, il resta toute la soirée chez moi et même toute la nuit. Il m’avoua qu’il était puceau et je le déniaisai.
Il revint souvent lorsqu’il avait de l’avance, je me rendis aussi dans la ville voisine pour dîner au restaurant avec lui et partager son lit dans son petit appartement.
Six mois plus tard, j’avais pris quelques jours de vacances et, en rentrant, je trouvai une lettre de Gwenaël dans ma boîte aux lettres. Il était consciencieux, il avait collé un timbre et l’avait oblitéré. Il s’excusait de ne pas avoir pu me communiquer son départ de vive voix, une place de facteur s’était libérée dans sa région. Il me remerciait pour les beaux moments que nous avions passé ensemble et de ce que je lui avais appris. Je ne fus ni étonné, ni attristé, je n’avais jamais pensé terminer ma vie avec lui. Il avait ajouté un post-scriptum :
« J’ai parlé avec mon remplaçant qui vient de la même région que moi, il s’appelle Elouan et il aimerait faire ta connaissance. »
À ce moment-là, on sonna deux fois.
Quelques mois plus tard, l’obscur fonctionnaire de La Poste décida qu’il n’y aurait plus de facteur, les habitants pourraient aller chercher leur courrier dans une boîte postale au village, ce qui lui assura de passer dans une classe de salaire supérieure. Elouan quitta à son tour la région.
« La Dépêche des Sillons » cessa de paraître, faute d’abonnés. Le grand reporter fit son dernier article en m’interviewant, je l’engageai comme nègre, cuisinier, jardinier et amant. C’est lui qui répond à mes groupies, gère mes pages sur les réseaux sociaux et termine mes romans lorsque ma muse m’abandonne.
Deux ans plus tard, je trouvai une lettre de Gwenaël dans ma boîte postale. Il m’annonçait son mariage avec Elouan et m’invitait à la cérémonie, je devais même être son témoin. Il n’avait pas laissé de numéro de téléphone, ni d’adresse électronique, je dus écrire une lettre pour lui communiquer que j’acceptais avec plaisir. Je sortis du papier à lettres d’un fond de tiroir et ma plume, inutilisable car l’encre avait séché. J’essayai au stylo à bille, mon écriture était devenue illisible. Je finis par taper la lettre sur mon ordinateur avec une police calligraphique. Je retrouvai des timbres, j’en mis deux car je ne savais pas si les tarifs avaient augmenté.
Je leur offris la collection complète de mes œuvres en cadeau, déjà 15 titres, ça ne me rajeunit pas. La cérémonie fut simple et émouvante, les jeunes gens n’avaient pas beaucoup d’amis mais une nombreuse famille. Nous dînâmes dans le meilleur hôtel de la ville, le restaurant avait 12 points au Gault-Millau. Seul incident, l’oncle Gustave, qui était bourré, raconta une blague homophobe qui ne fit rire personne, avant de s’endormir et de ronfler bruyamment.
Gwenaël et Elouan passèrent la nuit dans la meilleure chambre de l’hôtel, celle où Miss Moules dormait après son élection, réveillée au petit matin par le grand reporter de « La Dépêche des Moulières » et son photographe.
Vous dirais-je qu’ils m’invitèrent à partager leur couche nuptiale ? Ce ne fut pas très romantique, nous étions tous aussi bourrés que l’oncle Gustave.
****************************
Et encore la blague homophobe à titre documentaire :
Ce sont deux pédés qui vont baiser, l’un est couché sur le lit et pète. L’autre dit : « Laisse ouvert, j’entre ».
L’auteur de ce récit tient à préciser qu’il avait effectivement lu cette blague dans un livre « d’histoires drôles » lorsqu’il était enfant, avec des termes moins crus. Il ne se rappelle plus s’il l’avait comprise.
J’habite à la campagne, une ferme isolée, dans tous les sens du terme puisqu’elle a été rénovée afin de diminuer la consommation énergétique et qu’elle est située à 3 km du village. J’aime cette solitude au milieu des champs, tout près d’une rivière serpentant dans une forêt ; je m’y baigne nu en été, rejoint souvent par des jeunes gens du village qui y vivent leurs premiers émois ; il n’est pas rare qu’un garçon ne puisse cacher son excitation de côtoyer un corps féminin (ou masculin, qui sait ?), provoquant l’hilarité des autres, avant de disparaître discrètement derrière des buissons pour dépuceler l’être aimé.
Je m’égare, il sera bien question de déniaisage dans mon récit, mais celui-ci commence en hiver, un premier février pour être précis.
Pour débuter, je dois vous dire que j’étais abonné au quotidien local « La Dépêche des Sillons ». Je ne m’intéressais pas particulièrement à l’élection de Miss Betterave ou au Marché du Potiron, ni au concert de bienfaisance pour repeindre le portail du cimetière ; si j’étais abonné, comme toutes les personnes du village, c’était pour donner du travail au facteur Anselme et éviter la fermeture de la poste lorsqu’il prendrait sa retraite avec sa femme Germaine, la buraliste. Un obscur fonctionnaire de La Poste, qui ne communiquait que par mail et WhatsApp, avait informé le maire qu’une étude de rentabilité était en cours. Celui-ci avait immédiatement écrit une lettre au ministre de la Désertification des Campagnes, l’informant qu’il était prêt à parrainer le candidat de la majorité présidentielle lors des prochaines élections si la poste restait ouverte.
Il neigeait beaucoup ce jour-là et je doutais que je reçusse mon journal à l’heure habituelle, vers 14 heures, car ma maison était la dernière de la tournée (ne voyez aucune connotation érotique à cet imparfait du subjonctif) ; j’avais heureusement déjà allumé le feu de bûches dans la cheminée avec l’édition de la veille.
Je somnolais, pensant à mon prochain roman et à ma prochaine branlette, lorsqu’on sonna deux fois. Je sursautai, regardai ma montre, il était 16 heures. J’ouvris la porte et je vis immédiatement que ce n’était pas Anselme, malgré le bonnet et les gants de laine du facteur. Il portait un gros paquet sur lequel était posé une enveloppe de papier brun et le journal. Je lui dis de les poser vers l’entrée et je lus en première page de la « Dépêche » qu’Anselme et sa femme avaient pris leur retraite et que la poste avait fermé. Le journal avait envoyé son grand reporter pour couvrir ce non-évènement. Le maire, outré, affirmait qu’il soutiendrait un candidat de l’opposition ; il était de toute façon sans-parti et avait toujours 99% des voix puisqu’il n’y avait jamais d’autre candidat.
Le facteur remplaçant était jeune, beau, une vingtaine d’années. Je lui dis :
— Bonjour, je ne pensais pas que vous arriveriez.
— Bonjour, moi non plus, j’ai dû chaîner, je suis trempé comme une soupe.
— Vous n’avez pas de chance pour votre premier jour.
— Pas de chance, en effet, j’habite au bord de la mer et je ne suis pas habitué à autant de neige.
— Et cela n’arrête pas, vous devriez attendre le passage du chasse-neige pour repartir.
J’omis de lui dire que la route qui menait à ma ferme était toujours la dernière à être déneigée, je ne pensais pas qu’ils pourraient venir avant le lendemain. Le facteur appela son chef pour l’informer.
— Il me conseille aussi d’attendre, je pourrai compter deux heures supplémentaires, pas plus sinon il faudrait faire une enquête administrative pour déterminer la cause du retard et obtenir le supplément au budget.
— À la bonne heure, entrez donc, vous pouvez enlever vos chaussures, nous les mettrons devant le feu pour les sécher, avec vos autres habits.
Je plaçai une chaise devant la cheminée, le facteur y déposa sa veste, ses gants et son bonnet.
— Enlevez vos autres habits, dis-je, ils sont aussi mouillés, je vais aller vous chercher un peignoir et des chaussettes, neuves je le précise.
Il eut l’air surpris.
— Vous préférez un pantalon d’intérieur et un tee-shirt ? demandai-je.
— Non, le peignoir ira très bien. Je peux vraiment tout enlever ?
— Vous pouvez garder votre caleçon si vous le désirez, fis-je en riant.
Lorsque je revins, il n’avait plus que son boxer blanc, très bien coupé et qui mettait en valeur son sexe qui paraissait de fort belle taille. Il enfila rapidement le peignoir et les chaussettes. Je lui dis de s’asseoir dans un fauteuil devant la cheminée et j’allai préparer des cafés à la cuisine. Je pris une bouteille de cognac au bar.
— Un petit remontant ? demandai-je. Cela vous réchauffera.
— Je ne dois pas boire d’alcool pendant le service.
— Juste un verre. Anselme en buvait aussi un lorsqu’il avait de l’avance et il n’a jamais eu d’ennuis, sinon avec sa femme.
— D’accord.
Je remplis les verres et nous trinquâmes. Je dis :
— À la vôtre ! Ici, à la campagne, on se tutoie tous, je m’appelle Pierre.
— Enchanté, je suis Gwenaël, avec un double v, j’y tiens.
— Breton ?
— Oui, je suis dans votre région jusqu’à ce qu’une place se libère près de chez moi.
— Tu habites la ville voisine puisque la poste a fermé ?
— Exact, j’ai un petit appartement réservé aux remplaçants.
— Ta fiancée doit s’ennuyer.
Gwenaël rougit.
— Je n’ai pas de petite amie, c’est mieux avant d’avoir une affectation définitive.
— Tu as raison.
— Et vous… pardon, et toi, que fais-tu pour gagner ta vie dans ce coin perdu ?
— Je suis romancier.
— On peut gagner sa vie en écrivant ?
— C’est rare, moi j’y arrive, je sors un roman chaque année. J’ai la chance d’avoir des lectrices et des lecteurs fidèles.
— Tu ne t’ennuies pas tout seul ?
— Je retrouve les métropoles pour les dédicaces et les interviews. J’en ai marre après quelques semaines. Le paquet contient sûrement des exemplaires de mon dernier roman.
J’allai chercher le colis, je l’ouvris, pris un livre et le montrai à Gwenaël.
— Tout frais de l’imprimerie, dis-je, je vais t’en offrir un.
— Je ne lis pas beaucoup, je préfère les films, mais je te promets de le lire jusqu’au bout.
Je pris un stylo et dédicaçai le roman :
« À Gwenaël, en souvenir d’une tempête mémorable le 1er février 20xx. Avec toute mon amitié. Pierre »
Je lui tendis le bouquin, il lut la dédicace et la quatrième de couverture.
— Tu es sûr que je ne dois pas le payer ? me demanda-t-il.
— Service de presse. Le thème te plaît ?
— Ça me plaît. Beaucoup.
— Tu n’as rien contre les amours homosexuelles ?
— Non, il ne devrait plus y avoir d’homophobie de nos jours.
— Je ne sais pas si les habitants du village sont du même avis que toi.
— Ils ne te disent rien ?
— Je suis le plus gros contribuable de la commune, ils n’osent pas…
Je savais ce qu’il y avait dans l’enveloppe brune et, comme Gwenaël ne semblait pas trop prude, je l’ouvris. Elle contenait un DVD que je lui montrai.
— « Le jeu de pistes », lut-il sur la pochette, de J.D. Cadineau. Je n’en ai pas entendu parler, pourtant je suis l’actualité.
— C’est un film ancien, de 1984, je l’ai trouvé sur eBay.
— Pourrions-nous le regarder pour passer le temps ?
— J’allais te le proposer.
— Je n’ai jamais été scout, je le regrette.
— Ces scouts sont spéciaux, tu verras.
Nous nous installâmes sur le sofa devant la télévision. Gwenaël remarqua tout de suite que les scouts étaient trop âgés, qu’ils ne savaient pas jouer, qu’il regardaient certaines particularités des animaux dans les champs, qu’ils avaient des slips blancs, qu’ils pissaient sans se cacher, et surtout qu’ils bandaient très facilement.
Je ne regardais pas le film, j’observais la main du facteur qui se glissait entre les pans de son peignoir pour caresser machinalement l’étoffe du boxer, il bandait aussi facilement que les scouts.
— Désolé, dit-il, ce film est… très excitant.
— Tu peux te branler, ou mieux, je vais le faire à ta place.
Avant qu’il ne réagît, j’enfilai ma main dans le boxer humide et sortit un membre qui n’avait rien à envier à ceux du film. Vous imaginez la suite, il resta toute la soirée chez moi et même toute la nuit. Il m’avoua qu’il était puceau et je le déniaisai.
Il revint souvent lorsqu’il avait de l’avance, je me rendis aussi dans la ville voisine pour dîner au restaurant avec lui et partager son lit dans son petit appartement.
Six mois plus tard, j’avais pris quelques jours de vacances et, en rentrant, je trouvai une lettre de Gwenaël dans ma boîte aux lettres. Il était consciencieux, il avait collé un timbre et l’avait oblitéré. Il s’excusait de ne pas avoir pu me communiquer son départ de vive voix, une place de facteur s’était libérée dans sa région. Il me remerciait pour les beaux moments que nous avions passé ensemble et de ce que je lui avais appris. Je ne fus ni étonné, ni attristé, je n’avais jamais pensé terminer ma vie avec lui. Il avait ajouté un post-scriptum :
« J’ai parlé avec mon remplaçant qui vient de la même région que moi, il s’appelle Elouan et il aimerait faire ta connaissance. »
À ce moment-là, on sonna deux fois.
Quelques mois plus tard, l’obscur fonctionnaire de La Poste décida qu’il n’y aurait plus de facteur, les habitants pourraient aller chercher leur courrier dans une boîte postale au village, ce qui lui assura de passer dans une classe de salaire supérieure. Elouan quitta à son tour la région.
« La Dépêche des Sillons » cessa de paraître, faute d’abonnés. Le grand reporter fit son dernier article en m’interviewant, je l’engageai comme nègre, cuisinier, jardinier et amant. C’est lui qui répond à mes groupies, gère mes pages sur les réseaux sociaux et termine mes romans lorsque ma muse m’abandonne.
Deux ans plus tard, je trouvai une lettre de Gwenaël dans ma boîte postale. Il m’annonçait son mariage avec Elouan et m’invitait à la cérémonie, je devais même être son témoin. Il n’avait pas laissé de numéro de téléphone, ni d’adresse électronique, je dus écrire une lettre pour lui communiquer que j’acceptais avec plaisir. Je sortis du papier à lettres d’un fond de tiroir et ma plume, inutilisable car l’encre avait séché. J’essayai au stylo à bille, mon écriture était devenue illisible. Je finis par taper la lettre sur mon ordinateur avec une police calligraphique. Je retrouvai des timbres, j’en mis deux car je ne savais pas si les tarifs avaient augmenté.
Je leur offris la collection complète de mes œuvres en cadeau, déjà 15 titres, ça ne me rajeunit pas. La cérémonie fut simple et émouvante, les jeunes gens n’avaient pas beaucoup d’amis mais une nombreuse famille. Nous dînâmes dans le meilleur hôtel de la ville, le restaurant avait 12 points au Gault-Millau. Seul incident, l’oncle Gustave, qui était bourré, raconta une blague homophobe qui ne fit rire personne, avant de s’endormir et de ronfler bruyamment.
Gwenaël et Elouan passèrent la nuit dans la meilleure chambre de l’hôtel, celle où Miss Moules dormait après son élection, réveillée au petit matin par le grand reporter de « La Dépêche des Moulières » et son photographe.
Vous dirais-je qu’ils m’invitèrent à partager leur couche nuptiale ? Ce ne fut pas très romantique, nous étions tous aussi bourrés que l’oncle Gustave.
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L’auteur de ce récit tient à préciser qu’il avait effectivement lu cette blague dans un livre « d’histoires drôles » lorsqu’il était enfant, avec des termes moins crus. Il ne se rappelle plus s’il l’avait comprise.
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)
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