27-02-2022, 10:50 PM
Livre III - Incident
27 - Dans les flammes
Terre, 2154
C'est par un petit bip discret, une lumière rouge clignotante, que l'enfer se déchaîna. L'appareil était relié à tout un réseau qui transmettait son alarme dans toute la base. L'évènement était attendu avec impatience, et tout le monde s'était entraîné avec impatience en préparation de ce moment. Il s'agissait de ne pas perdre de temps.
Dans la salle du portail, aujourd'hui bien aménagée, les hommes se pressaient autour de la console de contrôle, qui était sur le point de déchaîner une énergie terrible, et pourtant parfaitement maîtrisée, destinée à établir un pont entre les dimensions. Le système était désormais mieux compris, et on allait en profiter dès maintenant. S'il n'était pas trop tard...
Un sifflement, un bourdonnement, et le mur du fond disparut dans une luminescence bleutée. Tout le monde retint son souffle, jusqu'à ce qu'un homme surgisse dans la pièce. Il vit la situation, et salua. Le soulagement était visible sur son visage, malgré la barbe qui l'embroussaillait.
L'homme fit son rapport au commandant de la base. Un rapport qui aurait été incroyable s'il ne confirmait pas ce que l'on avait fini par comprendre de la prodigieuse technologie que l'on était en train d'utiliser. Mais le plus effrayant était le fait que les hommes étaient assiégés dans la base abandonnée, protégés par un ancien gardien des lieux, pour une raison qu'ils ignoraient, mais la pensée que leurs assaillants pouvaient être des Protecteurs angoissait tout le monde. Sauf le commandant. Il avait reçu des ordres.
Il lança le premier. Un groupe de soldats plongea dans la faille, accompagnés de celui qui venait de la retraverser. L'attente commença, pendant que d'autres soldats entraient, apportant du matériel. Une équipe médicale se tenait prête, au cas où.
Petit à petit, les soldats disparus revinrent, aussitôt pris en charge et envoyés à l'infirmerie. Du matériel fut envoyé par la faille. L'attente reprit. Tout le monde s'angoissait à l'idée que la connexion s'interrompe de nouveau, mais les derniers soldats revirent, cette fois tout le monde était revenu.
À part Jacques et ce fou de Franck.
Le portail fut refermé. C'était fini, et il ne risquait pas d'être rouvert de sitôt. On avait fait ce qu'il fallait. Le commandant poussa un soupir de soulagement. Il avait sauvé ses hommes, la majorité d'entre eux, du moins. Il se rendit à l'infirmerie où on leur prodiguait des soins. Les hommes étaient étonnamment en forme, annonça le médecin. Ces derniers expliquèrent de nouveau que les anciens Protecteurs avaient placé un gardien, qui semble-t-il les avait confondus avec des descendants de ses maîtres et avait subvenu à leurs besoins. Puis il les avait défendus quand ils avaient été assiégés. Pas un seul assaillant n'avait pu entrer.
Dommage qu'on ait dû en arriver là, se dit le commandant, mais il préférait cela. Le sort de la Terre aurait pu basculer bien différemment, et personne ne saurait à quoi il avait vraiment échappé, à part un petit cercle de personnes, lui compris, qui auraient des cauchemars pour le restant de leurs jours. Mais peut-être que ce qui s'était passé aujourd'hui allait définitivement résoudre le problème.
À moins que le rapport détaillé de ses hommes ne lui donne de nouvelles raisons de s'inquiéter...
Mais cela devra attendre. Il quitta l'infirmerie et retourna dans son bureau, où il entra en communication avec le haut commandement. Avaient-ils des états d'âme, eux ? Il se le demandait parfois...
- Messieurs, dit-il après avoir salué, l'opération Vent Blanc a été un succès.
- Ah ! Enfin une bonne nouvelle, félicitations commandant.
- Merci. J'ai pu ramener la quasi-totalité de mes hommes, et livrer le colis. Je pense que ce cauchemar est terminé.
- Espérons-le, commandant, espérons-le...
Outremonde
Les troupes du Roi Immortel étaient massées autour de la vallée, silencieuses et attentives. Les Traqueurs méditaient, le regard rivé dans la direction de la base. Ils avaient senti un flux d'énergie qui s'était maintenu un moment avant de disparaître. Ils avaient perçu le gardien qui s'apaisait et s'endormait. Leur esprit n'entendait plus que des échos d'anciens souvenirs dans la base abandonnée. Ils étaient partis.
L'un d'eux fit un signe, donna un ordre, et aussitôt, une troupe de soldats discipliné descendit dans la vallée et entra prudemment dans la base. Le gardien, cette fois, n'intervint pas : il n'avait plus personne à défendre. Les Traqueurs voyaient par leurs yeux, les guidaient par l'esprit, ils avançaient toujours plus profondément dans la base, à la recherche d'un indice oublié.
Tout ce qu'ils trouvèrent était un chariot sur lequel était posé un cylindre de métal, froid, et dont émanait une aura malsaine, inquiétante. C'était un pressentiment chuchoté par les esprits mineurs qui le frôlaient et s'en écartaient, épouvantés par sa nature.
Le chef des Traqueurs murmura un ancien sortilège, érigeant une barrière autour du cylindre, puis l'étudia un moment avant de secouer la tête. Il sentait une énergie à l'intérieur, mais il ne comprenait pas la nature de la menace qu'il représentait. Au moins, l'avait-il enfermé dans un champ de force qui...
Au cœur du cylindre, un compte à rebours atteint son terme et déclencha la coupure d'un circuit. Le champ de confinement qu'il alimentait s'effondra, et l'antimatière qu'il contenait entra en contact avec la matière, déclenchant la réaction la plus énergétique de l'univers : l'annihilation.
10 milligrammes d'antimatière suffiraient pour envoyer une fusée vers Mars. La bombe en contenait beaucoup plus. C'était une arme que les militaires n'auraient jamais utilisé sur Terre. Une arme qui avait été conçue le jour où ils avaient compris d'où venaient les Protecteurs. Ils voulaient s'assurer qu'ils ne reviendraient plus.
Ils s'étaient juste trompés de cible.
Le cylindre disparut instantanément, le champ de force opposa une résistance toute symbolique avant d'éclater, la base fut volatilisée, la vallée aplatie, l'armée du Roi Immortel anéantie, le tout en une fraction de seconde.
L'onde de choc se répandit, suivie de près par une sphère éblouissante que rien ne semblait vouloir arrêter. À trois jours de marche de là, le village où vivait Assil est rayé de la carte en un instant. Mazar est soufflé à son tour, ses immeubles de marbre et de nacre sont pulvérisés, brisés, avant que l'énergie de l'explosion ne fasse disparaître tout le reste.
Le sud du continent était menacé de disparition lorsque l'explosion se figea brutalement, avant de refluer, son énergie encore dangereusement élevée fut aspirée par quelque chose d'invisible.
Les grands esprits s'étaient manifestés, pour la première fois depuis la création d'Outremonde. Lorsqu'ils eurent fini, ils constatèrent les dégâts, et se lamentèrent avant de se mettre au travail. Ce fut une chance pour l'humanité que l'idée de vengeance leur était totalement étrangère, tant ils étaient au-dessus de ce concept. Ils firent disparaître l'énorme cratère laissé par l'explosion, remettant tout exactement comme avant l'explosion, usant de leurs pouvoir créateur et de la mémoire martyrisée de ce monde. Mais ils ne pouvaient y apporter la vie, car même leur pouvoir ne leur permettait pas un tel acte.
Mais ils savaient à qui faire appel pour ça. Le Phœnix, Askash, se reposait après avoir épuisé son énergie spirituelle. Mais eux en avaient à revendre. L'oiseau de feu s'éveilla et répondit à leur appel, suivant un chemin familier, et s'ébroua, heureux, en recevant l'énergie dont il avait tant besoin. Il étendit ses ailes et plana au-dessus des terres désolées, arrachant à la Lumière les vies dérobées un instant plus tôt et leur redonnant forme. Tous se souvinrent de ce qui s'était passé. Presque tous, à part quelques érudits qui comprirent la vérité, louèrent la Lumière pour ce prodige.
Dans son palais, le Roi Immortel prit sa première inspiration depuis un millénaire, le cœur battant.
27 - Dans les flammes
Terre, 2154
C'est par un petit bip discret, une lumière rouge clignotante, que l'enfer se déchaîna. L'appareil était relié à tout un réseau qui transmettait son alarme dans toute la base. L'évènement était attendu avec impatience, et tout le monde s'était entraîné avec impatience en préparation de ce moment. Il s'agissait de ne pas perdre de temps.
Dans la salle du portail, aujourd'hui bien aménagée, les hommes se pressaient autour de la console de contrôle, qui était sur le point de déchaîner une énergie terrible, et pourtant parfaitement maîtrisée, destinée à établir un pont entre les dimensions. Le système était désormais mieux compris, et on allait en profiter dès maintenant. S'il n'était pas trop tard...
Un sifflement, un bourdonnement, et le mur du fond disparut dans une luminescence bleutée. Tout le monde retint son souffle, jusqu'à ce qu'un homme surgisse dans la pièce. Il vit la situation, et salua. Le soulagement était visible sur son visage, malgré la barbe qui l'embroussaillait.
L'homme fit son rapport au commandant de la base. Un rapport qui aurait été incroyable s'il ne confirmait pas ce que l'on avait fini par comprendre de la prodigieuse technologie que l'on était en train d'utiliser. Mais le plus effrayant était le fait que les hommes étaient assiégés dans la base abandonnée, protégés par un ancien gardien des lieux, pour une raison qu'ils ignoraient, mais la pensée que leurs assaillants pouvaient être des Protecteurs angoissait tout le monde. Sauf le commandant. Il avait reçu des ordres.
Il lança le premier. Un groupe de soldats plongea dans la faille, accompagnés de celui qui venait de la retraverser. L'attente commença, pendant que d'autres soldats entraient, apportant du matériel. Une équipe médicale se tenait prête, au cas où.
Petit à petit, les soldats disparus revinrent, aussitôt pris en charge et envoyés à l'infirmerie. Du matériel fut envoyé par la faille. L'attente reprit. Tout le monde s'angoissait à l'idée que la connexion s'interrompe de nouveau, mais les derniers soldats revirent, cette fois tout le monde était revenu.
À part Jacques et ce fou de Franck.
Le portail fut refermé. C'était fini, et il ne risquait pas d'être rouvert de sitôt. On avait fait ce qu'il fallait. Le commandant poussa un soupir de soulagement. Il avait sauvé ses hommes, la majorité d'entre eux, du moins. Il se rendit à l'infirmerie où on leur prodiguait des soins. Les hommes étaient étonnamment en forme, annonça le médecin. Ces derniers expliquèrent de nouveau que les anciens Protecteurs avaient placé un gardien, qui semble-t-il les avait confondus avec des descendants de ses maîtres et avait subvenu à leurs besoins. Puis il les avait défendus quand ils avaient été assiégés. Pas un seul assaillant n'avait pu entrer.
Dommage qu'on ait dû en arriver là, se dit le commandant, mais il préférait cela. Le sort de la Terre aurait pu basculer bien différemment, et personne ne saurait à quoi il avait vraiment échappé, à part un petit cercle de personnes, lui compris, qui auraient des cauchemars pour le restant de leurs jours. Mais peut-être que ce qui s'était passé aujourd'hui allait définitivement résoudre le problème.
À moins que le rapport détaillé de ses hommes ne lui donne de nouvelles raisons de s'inquiéter...
Mais cela devra attendre. Il quitta l'infirmerie et retourna dans son bureau, où il entra en communication avec le haut commandement. Avaient-ils des états d'âme, eux ? Il se le demandait parfois...
- Messieurs, dit-il après avoir salué, l'opération Vent Blanc a été un succès.
- Ah ! Enfin une bonne nouvelle, félicitations commandant.
- Merci. J'ai pu ramener la quasi-totalité de mes hommes, et livrer le colis. Je pense que ce cauchemar est terminé.
- Espérons-le, commandant, espérons-le...
Outremonde
Les troupes du Roi Immortel étaient massées autour de la vallée, silencieuses et attentives. Les Traqueurs méditaient, le regard rivé dans la direction de la base. Ils avaient senti un flux d'énergie qui s'était maintenu un moment avant de disparaître. Ils avaient perçu le gardien qui s'apaisait et s'endormait. Leur esprit n'entendait plus que des échos d'anciens souvenirs dans la base abandonnée. Ils étaient partis.
L'un d'eux fit un signe, donna un ordre, et aussitôt, une troupe de soldats discipliné descendit dans la vallée et entra prudemment dans la base. Le gardien, cette fois, n'intervint pas : il n'avait plus personne à défendre. Les Traqueurs voyaient par leurs yeux, les guidaient par l'esprit, ils avançaient toujours plus profondément dans la base, à la recherche d'un indice oublié.
Tout ce qu'ils trouvèrent était un chariot sur lequel était posé un cylindre de métal, froid, et dont émanait une aura malsaine, inquiétante. C'était un pressentiment chuchoté par les esprits mineurs qui le frôlaient et s'en écartaient, épouvantés par sa nature.
Le chef des Traqueurs murmura un ancien sortilège, érigeant une barrière autour du cylindre, puis l'étudia un moment avant de secouer la tête. Il sentait une énergie à l'intérieur, mais il ne comprenait pas la nature de la menace qu'il représentait. Au moins, l'avait-il enfermé dans un champ de force qui...
Au cœur du cylindre, un compte à rebours atteint son terme et déclencha la coupure d'un circuit. Le champ de confinement qu'il alimentait s'effondra, et l'antimatière qu'il contenait entra en contact avec la matière, déclenchant la réaction la plus énergétique de l'univers : l'annihilation.
10 milligrammes d'antimatière suffiraient pour envoyer une fusée vers Mars. La bombe en contenait beaucoup plus. C'était une arme que les militaires n'auraient jamais utilisé sur Terre. Une arme qui avait été conçue le jour où ils avaient compris d'où venaient les Protecteurs. Ils voulaient s'assurer qu'ils ne reviendraient plus.
Ils s'étaient juste trompés de cible.
Le cylindre disparut instantanément, le champ de force opposa une résistance toute symbolique avant d'éclater, la base fut volatilisée, la vallée aplatie, l'armée du Roi Immortel anéantie, le tout en une fraction de seconde.
L'onde de choc se répandit, suivie de près par une sphère éblouissante que rien ne semblait vouloir arrêter. À trois jours de marche de là, le village où vivait Assil est rayé de la carte en un instant. Mazar est soufflé à son tour, ses immeubles de marbre et de nacre sont pulvérisés, brisés, avant que l'énergie de l'explosion ne fasse disparaître tout le reste.
Le sud du continent était menacé de disparition lorsque l'explosion se figea brutalement, avant de refluer, son énergie encore dangereusement élevée fut aspirée par quelque chose d'invisible.
Les grands esprits s'étaient manifestés, pour la première fois depuis la création d'Outremonde. Lorsqu'ils eurent fini, ils constatèrent les dégâts, et se lamentèrent avant de se mettre au travail. Ce fut une chance pour l'humanité que l'idée de vengeance leur était totalement étrangère, tant ils étaient au-dessus de ce concept. Ils firent disparaître l'énorme cratère laissé par l'explosion, remettant tout exactement comme avant l'explosion, usant de leurs pouvoir créateur et de la mémoire martyrisée de ce monde. Mais ils ne pouvaient y apporter la vie, car même leur pouvoir ne leur permettait pas un tel acte.
Mais ils savaient à qui faire appel pour ça. Le Phœnix, Askash, se reposait après avoir épuisé son énergie spirituelle. Mais eux en avaient à revendre. L'oiseau de feu s'éveilla et répondit à leur appel, suivant un chemin familier, et s'ébroua, heureux, en recevant l'énergie dont il avait tant besoin. Il étendit ses ailes et plana au-dessus des terres désolées, arrachant à la Lumière les vies dérobées un instant plus tôt et leur redonnant forme. Tous se souvinrent de ce qui s'était passé. Presque tous, à part quelques érudits qui comprirent la vérité, louèrent la Lumière pour ce prodige.
Dans son palais, le Roi Immortel prit sa première inspiration depuis un millénaire, le cœur battant.
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