20-02-2022, 10:59 PM
20 - La Lame Sorcière
- Merci pour hier, Fredrick.
- Mais de rien. C'était vraiment intéressant !
- Oui, plutôt ! Tu en connaissais une partie, non ?
- Pas avec autant de détails. Qu'en as-tu pensé ?
- L'idée qu'il existe d'autres mondes, c'est vraiment fascinant, dis-je.
- Ouais ! Jusqu'à présent je me suis toujours demandé si ce qu'on m'avait raconté sur l'histoire de ma famille était réel. Mais maintenant je suis convaincu.
Tu descends de qui, parmi leur groupe ?
- Léa, la fille de Jean et Finnadan.
- Il y a d'autres descendants ?
- Oui, quelques-uns. On se fait des réunions de famille chaque année à Valsein. Pour ne pas oublier...
- Eux aussi se préoccupent des Protecteurs ?
- Oui, ils se demandent ce qui peut bien se passer là-bas. Certains parlent d'utiliser d'anciennes magies pour partir en reconnaisse dans leur monde mais c'est trop dangereux. Les Protecteurs ont des appareils qui permettent de détecter l'ouverture d'un portail.
J'ai pas mal de choses sur lesquelles je dois réfléchir, mais il est temps d'aller manger, puis les cours... aujourd'hui, je repars sur les bases de l'art magique que mon maître m'a imposé. Et j'ignore toujours pourquoi... peut-être finirai-je par le découvrir à force d'apprendre.
Après le repas, je vais rejoindre mon professeur pour un nouveau cours. Il faut certaines affinités magiques pour être sorcelame, et elles sont rares, aussi ne sommes-nous que cinq en tout dans l'université, ce qui nous permet d'avoir chacun notre cours particulier.
- Bonjour, professeur.
- Bonjour, Franck. Tu es prêt ?
- Oui. Qu'allons-nous voir aujourd'hui ?
- Je vais fendre la trame de la réalité et nous allons faire un pas de côté.
L'art qu'il m'apprend est réellement impressionnant, je le vois trancher de sa lame la trame de notre monde, ouvrant une brèche vers une zone proche. Nous nous y engouffrons pour ressortir quelques mètres plus loin.
Une pensée me traverse soudain.
- Est-il possible d'aller sur d'autres mondes avec ça ?
- D'autres mondes, je ne pense pas, il faudrait des circonstances particulières pour ça, mais on peut franchir le mur des dimensions pour rejoindre les plans élémentaires ou la dimension des ombres par exemple, oui.
Bingo ! Quel que soit le plan de mon maître, il implique d'aller sur un autre monde, j'en suis sûr maintenant. Mais pour quoi faire ? Et sur quel monde ? Difficile de le deviner pour le moment...
Nous passons les heures suivantes à étudier la théorie de la magie que je m'efforce de maîtriser, puis au lieu d'aller manger, nous descendons dans les sous-sols de l'université pour rejoindre une forge, hors du champ de protection. Là, les artisans-sorciers travaillent à la création de maints objets magiques.
Mon professeur me passe un bracelet au poignet, et me demande de m'entailler pour remplir un grand récipient.
- C'est un bracelet de régénération très puissant. Quelle que soit la quantité de sang qui coulera, tu ne risqueras rien, je t'en fais la promesse.
- Euh... oui, d'accord, réponds-je sous la contrainte du sort de domination qui prend le relais, car moi je suis archi-contre !
J'obéis donc à contrecœur, pendant un long moment, jusqu'à ce que la vasque soit remplie. Je pousse un soupir de soulagement lorsque c'est fini.
Mon professeur verse un sac d'une poudre étrange dans la vasque et le sang bouillonne violemment avant de s'apaiser.
- C'est prêt, dit-il au maître de forge, qui y plonge alors une lame qu'il était en train de travailler.
La lame chauffée au rouge plonge en sifflant furieusement, jusqu'à être refroidie. Elle ressort alors en ruisselant, comme si le sang rechignait à quitter la lame... ou qu'elle ait été en train de le boire.
L'homme la confie alors à un autre artisan, qui consacre un long moment à graver runes et décorations. Le repas est loin maintenant, mais avec ce qui s'est passé, je n'ai plus faim.
J'ai bien conscience de ce qui est en train d'être fait, et mon cœur bat avec force : c'est mon épée, liée à moi de façon si intime que nul autre ne pourra s'en servir.
Lorsqu'enfin l'artisan en a fini, il la donne à un autre homme qui se concentre longuement sur elle, jusqu'à ce qu'elle se mette à luire.
- Donne-lui un nom, me dit mon professeur à ce moment.
Je prends une inspiration, puis hésite. Des dizaines de noms se battent dans ma tête. Pensant à ce que j'ai traversé, et à ce qui m'attend dans l'avenir, je finis par trouver un nom qui lui ira comme un gant, qui fera d'elle une compagne qui me correspondra bien.
- Je te nomme Voyageuse.
La lame étincelle un moment, puis la lueur s'éteint. Mon professeur retire la lame d'exercice que j'ai au fourreau tandis que l'enchanteur me remet la lame.
- Serre ta paume contre son tranchant, dit-il.
- Euh, vous êtes sûr ?
- Si je ne l'étais pas, je ne t'aurais jamais demandé de le faire.
J'obéis, encore une fois contraint, ce professeur ne doit jamais avoir eu d'élève si docile, et découvre avec surprise et ravissement que mon épée est incapable de me couper, même si je serre la lame avec force.
- Elle coupera tout le reste, même le vent, mais ne pourra jamais te faire de mal.
Nous ressortons et mon estomac, qui s'est remis de ses émotions, me rappelle à l'ordre. Mais nous n'allons pas à la cantine, nous allons sous un arbre dans l'un des nombreux jardins annexes, et un étudiant nous apporte un panier avant de repartir d'un pas pressé.
- Félicitations, apprenti sorcelame.
- Quoi, déjà ? Je n'ai encore rien appris de concret. Je veux dire, j'ai beaucoup appris, mais je suis loin de me considérer comme un vrai sorcelame.
- Tu ne pouvais pas apprendre sérieusement avant d'avoir ta lame sorcière. Maintenant, les choses sérieuses vont commencer. Mais tu apprends vite, tu es vif et fort, nul doute que tu deviendras un grand sorcelame, et qui sait, tu as le potentiel pour devenir archimage.
- Vraiment ? Vous me flattez.
- Je ne le dirais pas si je ne le pensais pas. Tu as grillé une gemme d'évaluation, et ce n'était pas arrivé en un siècle et demi.
- Qui était-ce ?
- L'archimage Cédric.
- Je vois... j'aimerais en apprendre plus sur lui.
- Eh bien, quand nous aurons fini de manger, je t'en apprendrai plus sur lui.
Autant dire que je dévore le repas à toute vitesse !
Nous nous levons alors et marchons vers une grande cour intérieure, semée de statues.
- Ce sont les plus récents archimages, voilà Thibault, et voici...
- Mais...
Je regarde la statue du jeune homme, étonné... et de nouveau conforté dans l'idée que le journal de Thibault m'est désormais inaccessible.
Car la statue que je regarde a exactement les traits du jeune homme que j'ai vu dans mon rêve.
Je n'ai pas besoin que d'un coup d'œil sur l'inscription à son pied. C'est l'archimage Cédric.
- Merci pour hier, Fredrick.
- Mais de rien. C'était vraiment intéressant !
- Oui, plutôt ! Tu en connaissais une partie, non ?
- Pas avec autant de détails. Qu'en as-tu pensé ?
- L'idée qu'il existe d'autres mondes, c'est vraiment fascinant, dis-je.
- Ouais ! Jusqu'à présent je me suis toujours demandé si ce qu'on m'avait raconté sur l'histoire de ma famille était réel. Mais maintenant je suis convaincu.
Tu descends de qui, parmi leur groupe ?
- Léa, la fille de Jean et Finnadan.
- Il y a d'autres descendants ?
- Oui, quelques-uns. On se fait des réunions de famille chaque année à Valsein. Pour ne pas oublier...
- Eux aussi se préoccupent des Protecteurs ?
- Oui, ils se demandent ce qui peut bien se passer là-bas. Certains parlent d'utiliser d'anciennes magies pour partir en reconnaisse dans leur monde mais c'est trop dangereux. Les Protecteurs ont des appareils qui permettent de détecter l'ouverture d'un portail.
J'ai pas mal de choses sur lesquelles je dois réfléchir, mais il est temps d'aller manger, puis les cours... aujourd'hui, je repars sur les bases de l'art magique que mon maître m'a imposé. Et j'ignore toujours pourquoi... peut-être finirai-je par le découvrir à force d'apprendre.
Après le repas, je vais rejoindre mon professeur pour un nouveau cours. Il faut certaines affinités magiques pour être sorcelame, et elles sont rares, aussi ne sommes-nous que cinq en tout dans l'université, ce qui nous permet d'avoir chacun notre cours particulier.
- Bonjour, professeur.
- Bonjour, Franck. Tu es prêt ?
- Oui. Qu'allons-nous voir aujourd'hui ?
- Je vais fendre la trame de la réalité et nous allons faire un pas de côté.
L'art qu'il m'apprend est réellement impressionnant, je le vois trancher de sa lame la trame de notre monde, ouvrant une brèche vers une zone proche. Nous nous y engouffrons pour ressortir quelques mètres plus loin.
Une pensée me traverse soudain.
- Est-il possible d'aller sur d'autres mondes avec ça ?
- D'autres mondes, je ne pense pas, il faudrait des circonstances particulières pour ça, mais on peut franchir le mur des dimensions pour rejoindre les plans élémentaires ou la dimension des ombres par exemple, oui.
Bingo ! Quel que soit le plan de mon maître, il implique d'aller sur un autre monde, j'en suis sûr maintenant. Mais pour quoi faire ? Et sur quel monde ? Difficile de le deviner pour le moment...
Nous passons les heures suivantes à étudier la théorie de la magie que je m'efforce de maîtriser, puis au lieu d'aller manger, nous descendons dans les sous-sols de l'université pour rejoindre une forge, hors du champ de protection. Là, les artisans-sorciers travaillent à la création de maints objets magiques.
Mon professeur me passe un bracelet au poignet, et me demande de m'entailler pour remplir un grand récipient.
- C'est un bracelet de régénération très puissant. Quelle que soit la quantité de sang qui coulera, tu ne risqueras rien, je t'en fais la promesse.
- Euh... oui, d'accord, réponds-je sous la contrainte du sort de domination qui prend le relais, car moi je suis archi-contre !
J'obéis donc à contrecœur, pendant un long moment, jusqu'à ce que la vasque soit remplie. Je pousse un soupir de soulagement lorsque c'est fini.
Mon professeur verse un sac d'une poudre étrange dans la vasque et le sang bouillonne violemment avant de s'apaiser.
- C'est prêt, dit-il au maître de forge, qui y plonge alors une lame qu'il était en train de travailler.
La lame chauffée au rouge plonge en sifflant furieusement, jusqu'à être refroidie. Elle ressort alors en ruisselant, comme si le sang rechignait à quitter la lame... ou qu'elle ait été en train de le boire.
L'homme la confie alors à un autre artisan, qui consacre un long moment à graver runes et décorations. Le repas est loin maintenant, mais avec ce qui s'est passé, je n'ai plus faim.
J'ai bien conscience de ce qui est en train d'être fait, et mon cœur bat avec force : c'est mon épée, liée à moi de façon si intime que nul autre ne pourra s'en servir.
Lorsqu'enfin l'artisan en a fini, il la donne à un autre homme qui se concentre longuement sur elle, jusqu'à ce qu'elle se mette à luire.
- Donne-lui un nom, me dit mon professeur à ce moment.
Je prends une inspiration, puis hésite. Des dizaines de noms se battent dans ma tête. Pensant à ce que j'ai traversé, et à ce qui m'attend dans l'avenir, je finis par trouver un nom qui lui ira comme un gant, qui fera d'elle une compagne qui me correspondra bien.
- Je te nomme Voyageuse.
La lame étincelle un moment, puis la lueur s'éteint. Mon professeur retire la lame d'exercice que j'ai au fourreau tandis que l'enchanteur me remet la lame.
- Serre ta paume contre son tranchant, dit-il.
- Euh, vous êtes sûr ?
- Si je ne l'étais pas, je ne t'aurais jamais demandé de le faire.
J'obéis, encore une fois contraint, ce professeur ne doit jamais avoir eu d'élève si docile, et découvre avec surprise et ravissement que mon épée est incapable de me couper, même si je serre la lame avec force.
- Elle coupera tout le reste, même le vent, mais ne pourra jamais te faire de mal.
Nous ressortons et mon estomac, qui s'est remis de ses émotions, me rappelle à l'ordre. Mais nous n'allons pas à la cantine, nous allons sous un arbre dans l'un des nombreux jardins annexes, et un étudiant nous apporte un panier avant de repartir d'un pas pressé.
- Félicitations, apprenti sorcelame.
- Quoi, déjà ? Je n'ai encore rien appris de concret. Je veux dire, j'ai beaucoup appris, mais je suis loin de me considérer comme un vrai sorcelame.
- Tu ne pouvais pas apprendre sérieusement avant d'avoir ta lame sorcière. Maintenant, les choses sérieuses vont commencer. Mais tu apprends vite, tu es vif et fort, nul doute que tu deviendras un grand sorcelame, et qui sait, tu as le potentiel pour devenir archimage.
- Vraiment ? Vous me flattez.
- Je ne le dirais pas si je ne le pensais pas. Tu as grillé une gemme d'évaluation, et ce n'était pas arrivé en un siècle et demi.
- Qui était-ce ?
- L'archimage Cédric.
- Je vois... j'aimerais en apprendre plus sur lui.
- Eh bien, quand nous aurons fini de manger, je t'en apprendrai plus sur lui.
Autant dire que je dévore le repas à toute vitesse !
Nous nous levons alors et marchons vers une grande cour intérieure, semée de statues.
- Ce sont les plus récents archimages, voilà Thibault, et voici...
- Mais...
Je regarde la statue du jeune homme, étonné... et de nouveau conforté dans l'idée que le journal de Thibault m'est désormais inaccessible.
Car la statue que je regarde a exactement les traits du jeune homme que j'ai vu dans mon rêve.
Je n'ai pas besoin que d'un coup d'œil sur l'inscription à son pied. C'est l'archimage Cédric.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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