14-02-2022, 10:36 PM
Livre II - La Garde Bleue
14 - La Crypte des Archimages
Loin sous l'Université des Arcanes, en Outremonde
Je m'appelle Farden, et celui qui m'accompagne, Illiek. Nous sommes frères, et partageons une passion commune : la chasse aux trésors. Les autres préfèrent désigner cette activité d'une façon plus prosaïque : le pillage de tombes.
Je suis un combattant émérite et un acrobate, et Illiek un enchanteur, qui sait également bien manier l'épée. Nos talents se combinent à merveille pour passer toutes les protections que les puissants ont posé sur leurs biens. Nous, nous considérons qu'il était vaniteux d'enterrer ainsi des trésors pour l'éternité : à quoi servent-ils, prenant la poussière dans une tombe ? Ils sont bien mieux chez nous.
Avec ce que nous avions déjà trouvé, nous menions grand train, et nous aurions pu le faire pour le restant de nos jours, mais l'excitation nous est aussi nécessaire que l'air que nous respirons, et c'est pourquoi nous nous retrouvons ici sous l'Université des Arcanes, cheminant dans les ruines ensevelies de la vieille ville, guidés par une boussole magique qui nous aide à aller dans la bonne direction. Vers le nord-est, où se trouve le bâtiment principal de l'université, sous lequel se cache la grande crypte où sont enterrés les archimages.
C'est notre ultime défi, le plus gros coup de notre carrière, voler les biens des archimages eux-mêmes. Nous nous étions munis grâce à notre argent d'objets magiques puissants qui nous aideraient à passer outre les protections magiques qui ne manqueront pas de se trouver sur place.
Nous progressons dans un tunnel antique, oublié depuis des milliers d'années. Le temps avait fait jouer la roche malgré la grande stabilité de l'île, et le sol était en pente. Nous dûmes franchir une faille étroite, nous demandant quels mystères pouvaient se trouver au fond. Nous sommes d'insatiables curieux, mais nous ne pouvons résoudre tous les mystères du monde !
La crypte n'est plus bien loin maintenant, mais le couloir ne s'y dirige pas directement, il nous faudra trouver un embranchement, ou...
La lueur de nos lampes s'interrompt droit devant nous, et nous ralentissons pour examiner l'obstacle. Une nouvelle faille, et celle-ci est de taille ! Nous n'en voyons pas l'autre extrémité. Je m'allonge pour examiner les parois dans toutes les directions, et découvre l'entrée d'un autre corridor parallèle au nôtre, qui pourrait nous mettre sur le bon chemin. La paroi est irrégulière, fissurée, et il me semble possible d'y accéder.
Je fixe un piton et y attache ma corde, avant de franchir le coin, accroché par les doigts au-dessus d'un vide insondable, les pieds se soutenant comme ils le peuvent aux aspérités de la paroi. J'avance péniblement, lâchant des exclamations sous l'effort imposé à mon corps, progressant jusqu'au bout de la fissure, et cherchant une autre prise. Il n'y en a pas, je vais devoir me lancer pour attraper la prochaine. Je libère une main et prends un piton gravé de runes, qui s'enfonce en sifflant dans la roche. J'y passe ma corde, et réclame quelques mètres de mou. Je contracte mes muscles, puis me jette sur le bout de roche qui dépasse là-bas, refermant mes mains sur lui, soufflant tandis que mes pieds dérapent sur la paroi avant que le gauche trouve un soutien.
Je finis par poser le droit sur un rebord, et reprends ma progression, je dois monter un peu maintenant, hisser mon corps, poser un pied puis l'autre, une main après l'autre, me dirigeant vers l'ouverture là-haut, en espérant que celle-ci nous conduira à destination. Mon frère envoie toujours plus de corde à mesure de ma progression, il a l'habitude, sachant ce qu'il doit donner en fonction des vibrations qu'il ressent. Envoyer trop de corde signifie ajouter au poids qui me tire en arrière, mais s'il n'y en a pas assez, je risque la chute.
Je prends le temps de souffler, continuant à planter des pitons. Mon frère n'est pas aussi bon que moi à l'escalade, mais tant qu'il y a une corde, il peut aller n'importe où. Et j'ai trop besoin de lui, et lui de moi. Nous formons une bonne équipe, il y a pas à dire.
Ma main atteint enfin l'ouverture, et je me hisse avec soulagement pour retomber sur le sol, soulagé et fier. Un dernier piton, et j'appelle mon frère, qui me rejoint bientôt. Nous nous reposons un moment avant de reprendre notre route dans l'obscurité.
- L'Université aura des problèmes un jour, si cette faille continue de s'étendre, dis-je.
- La structure du plateau rocheux est préservée par des esprits élémentaires, elle ne risque rien.
- Et les écrans anti-magie ?
- Ils ne s'étendent pas en profondeur, ils sont là pour éviter que les étudiants règlent leurs problèmes à coups de boules de feu.
- D'accord.
Nous remontons le nouveau chemin jusqu'à ce que la boussole nous indique clairement que nous sommes très proches (nous l'avions calée sur le bâtiment situé au-dessus des cryptes).
Nous examinons la paroi vers laquelle pointe la flèche, et décidons que le moment est venu. Illiek sort de son sac une amulette qu'il pose contre le mur en prononçant un mot, et nous nous éloignons en courant tandis qu'elle commence à siffler. Lorsque nous revenons un moment plus tard, il y a un grand trou dans le mur, et une ouverture au-delà. C'est gagné !
Maintenant, nous redoublons de prudence, sachant que les tombes sont rarement sans protections. C'est mon frère qui ouvre la marche maintenant, sondant à la recherche de pièges magiques ou physiques, déjouant des sortilèges tendus en travers de notre route. Nous parvenons à une grande salle circulaire, dans laquelle une statue gardienne s'anime à notre arrivée. Illiek lui lance une sphère de verre qui éclate à son contact, répandant un gaz jaunâtre qui est mortel pour les êtres de pierre. La statue s'immobilise à jamais.
Une rampe descend en hélice vers les profondeurs, et monte au-dessus de nous vers la surface. Des ouvertures sont régulièrement disposées tout le long de la rampe, chacune étant l'entrée d'une crypte. Nous y voilà !
La grande salle, qui est un palier parmi d'autres, nous sert de camp de base pour notre pillage. Nous forçons les portes l'une après l'autre, ouvrons les sarcophages, récupérant les objets magiques, de grande puissance (et de grande valeur) et les déposant au centre de la salle, d'où nous ouvrirons un portail pour tout ramener d'un coup. Nous devons faire attention, certains tombeaux ont leurs propres pièges, mais nous en venons à bout. Nous sommes des professionnels.
Tous ces gens ayant été convenablement préparés, nous n'avons pas à craindre de morts-vivants, et c'est tant mieux, car je les déteste. Je m'approche d'une nouvelle porte. Archimage Thibault, lis-je, et force le sceau qui la ferme. Illiek me dit qu'il n'y a rien d'anormal, et j'entre, utilise mon pied-de-biche pour ouvrir le sarcophage, et, protégé par un tissu contre les vapeurs nocives des corps, me penche sur le squelette pour le dépouiller de ses bagues, bracelets, bijoux et objets en tout genre. Il y a un autre cercueil dans la salle, un certain Stephan, et je lui fais subir le même sort.
Je dépose mon butin au centre (le tas commence à devenir conséquent) et passe à la porte suivante. Archimage Cédric. Le sceau est protégé par magie, et Illiek passe un bon moment à le faire sauter. Ça, ça veut dire qu'il y a du butin ! La porte finit par céder, et nous entrons prudemment. Illiek se met à faire de grands gestes, il doit contrer un piège magique puissant, et je le vois suer à grosses gouttes. Dans un effort héroïque, il finit par le neutraliser, et me dit que la voie est libre. Je force le sarcophage, et me penche sur le... corps parfaitement conservé de l'archimage, qui me semble d'ailleurs fort jeune. Curieux, l'embaumement n'est pas une tradition par ici. Soupçonnant un nouveau piège, je demande à mon frère de le sonder. Il se concentre, puis pâlit.
- Il... il n'est pas mort !
Effectivement, le corps se relève, et nous adresse un regard furieux. Je veux prendre mon épée, mais elle rouille à toute vitesse et tombe en poussière sur le sol. Je prends la fuite, devancé par mon frère, mais la porte de pierre se referme avec violence. Impossible de l'ouvrir, et pendant que mon frère tente de contrer le sort, je me retourne vers l'homme, qui sort du sarcophage et nous fait face.
C'est peine perdue. Cédric ne nous laisse aucune chance.
14 - La Crypte des Archimages
Loin sous l'Université des Arcanes, en Outremonde
Je m'appelle Farden, et celui qui m'accompagne, Illiek. Nous sommes frères, et partageons une passion commune : la chasse aux trésors. Les autres préfèrent désigner cette activité d'une façon plus prosaïque : le pillage de tombes.
Je suis un combattant émérite et un acrobate, et Illiek un enchanteur, qui sait également bien manier l'épée. Nos talents se combinent à merveille pour passer toutes les protections que les puissants ont posé sur leurs biens. Nous, nous considérons qu'il était vaniteux d'enterrer ainsi des trésors pour l'éternité : à quoi servent-ils, prenant la poussière dans une tombe ? Ils sont bien mieux chez nous.
Avec ce que nous avions déjà trouvé, nous menions grand train, et nous aurions pu le faire pour le restant de nos jours, mais l'excitation nous est aussi nécessaire que l'air que nous respirons, et c'est pourquoi nous nous retrouvons ici sous l'Université des Arcanes, cheminant dans les ruines ensevelies de la vieille ville, guidés par une boussole magique qui nous aide à aller dans la bonne direction. Vers le nord-est, où se trouve le bâtiment principal de l'université, sous lequel se cache la grande crypte où sont enterrés les archimages.
C'est notre ultime défi, le plus gros coup de notre carrière, voler les biens des archimages eux-mêmes. Nous nous étions munis grâce à notre argent d'objets magiques puissants qui nous aideraient à passer outre les protections magiques qui ne manqueront pas de se trouver sur place.
Nous progressons dans un tunnel antique, oublié depuis des milliers d'années. Le temps avait fait jouer la roche malgré la grande stabilité de l'île, et le sol était en pente. Nous dûmes franchir une faille étroite, nous demandant quels mystères pouvaient se trouver au fond. Nous sommes d'insatiables curieux, mais nous ne pouvons résoudre tous les mystères du monde !
La crypte n'est plus bien loin maintenant, mais le couloir ne s'y dirige pas directement, il nous faudra trouver un embranchement, ou...
La lueur de nos lampes s'interrompt droit devant nous, et nous ralentissons pour examiner l'obstacle. Une nouvelle faille, et celle-ci est de taille ! Nous n'en voyons pas l'autre extrémité. Je m'allonge pour examiner les parois dans toutes les directions, et découvre l'entrée d'un autre corridor parallèle au nôtre, qui pourrait nous mettre sur le bon chemin. La paroi est irrégulière, fissurée, et il me semble possible d'y accéder.
Je fixe un piton et y attache ma corde, avant de franchir le coin, accroché par les doigts au-dessus d'un vide insondable, les pieds se soutenant comme ils le peuvent aux aspérités de la paroi. J'avance péniblement, lâchant des exclamations sous l'effort imposé à mon corps, progressant jusqu'au bout de la fissure, et cherchant une autre prise. Il n'y en a pas, je vais devoir me lancer pour attraper la prochaine. Je libère une main et prends un piton gravé de runes, qui s'enfonce en sifflant dans la roche. J'y passe ma corde, et réclame quelques mètres de mou. Je contracte mes muscles, puis me jette sur le bout de roche qui dépasse là-bas, refermant mes mains sur lui, soufflant tandis que mes pieds dérapent sur la paroi avant que le gauche trouve un soutien.
Je finis par poser le droit sur un rebord, et reprends ma progression, je dois monter un peu maintenant, hisser mon corps, poser un pied puis l'autre, une main après l'autre, me dirigeant vers l'ouverture là-haut, en espérant que celle-ci nous conduira à destination. Mon frère envoie toujours plus de corde à mesure de ma progression, il a l'habitude, sachant ce qu'il doit donner en fonction des vibrations qu'il ressent. Envoyer trop de corde signifie ajouter au poids qui me tire en arrière, mais s'il n'y en a pas assez, je risque la chute.
Je prends le temps de souffler, continuant à planter des pitons. Mon frère n'est pas aussi bon que moi à l'escalade, mais tant qu'il y a une corde, il peut aller n'importe où. Et j'ai trop besoin de lui, et lui de moi. Nous formons une bonne équipe, il y a pas à dire.
Ma main atteint enfin l'ouverture, et je me hisse avec soulagement pour retomber sur le sol, soulagé et fier. Un dernier piton, et j'appelle mon frère, qui me rejoint bientôt. Nous nous reposons un moment avant de reprendre notre route dans l'obscurité.
- L'Université aura des problèmes un jour, si cette faille continue de s'étendre, dis-je.
- La structure du plateau rocheux est préservée par des esprits élémentaires, elle ne risque rien.
- Et les écrans anti-magie ?
- Ils ne s'étendent pas en profondeur, ils sont là pour éviter que les étudiants règlent leurs problèmes à coups de boules de feu.
- D'accord.
Nous remontons le nouveau chemin jusqu'à ce que la boussole nous indique clairement que nous sommes très proches (nous l'avions calée sur le bâtiment situé au-dessus des cryptes).
Nous examinons la paroi vers laquelle pointe la flèche, et décidons que le moment est venu. Illiek sort de son sac une amulette qu'il pose contre le mur en prononçant un mot, et nous nous éloignons en courant tandis qu'elle commence à siffler. Lorsque nous revenons un moment plus tard, il y a un grand trou dans le mur, et une ouverture au-delà. C'est gagné !
Maintenant, nous redoublons de prudence, sachant que les tombes sont rarement sans protections. C'est mon frère qui ouvre la marche maintenant, sondant à la recherche de pièges magiques ou physiques, déjouant des sortilèges tendus en travers de notre route. Nous parvenons à une grande salle circulaire, dans laquelle une statue gardienne s'anime à notre arrivée. Illiek lui lance une sphère de verre qui éclate à son contact, répandant un gaz jaunâtre qui est mortel pour les êtres de pierre. La statue s'immobilise à jamais.
Une rampe descend en hélice vers les profondeurs, et monte au-dessus de nous vers la surface. Des ouvertures sont régulièrement disposées tout le long de la rampe, chacune étant l'entrée d'une crypte. Nous y voilà !
La grande salle, qui est un palier parmi d'autres, nous sert de camp de base pour notre pillage. Nous forçons les portes l'une après l'autre, ouvrons les sarcophages, récupérant les objets magiques, de grande puissance (et de grande valeur) et les déposant au centre de la salle, d'où nous ouvrirons un portail pour tout ramener d'un coup. Nous devons faire attention, certains tombeaux ont leurs propres pièges, mais nous en venons à bout. Nous sommes des professionnels.
Tous ces gens ayant été convenablement préparés, nous n'avons pas à craindre de morts-vivants, et c'est tant mieux, car je les déteste. Je m'approche d'une nouvelle porte. Archimage Thibault, lis-je, et force le sceau qui la ferme. Illiek me dit qu'il n'y a rien d'anormal, et j'entre, utilise mon pied-de-biche pour ouvrir le sarcophage, et, protégé par un tissu contre les vapeurs nocives des corps, me penche sur le squelette pour le dépouiller de ses bagues, bracelets, bijoux et objets en tout genre. Il y a un autre cercueil dans la salle, un certain Stephan, et je lui fais subir le même sort.
Je dépose mon butin au centre (le tas commence à devenir conséquent) et passe à la porte suivante. Archimage Cédric. Le sceau est protégé par magie, et Illiek passe un bon moment à le faire sauter. Ça, ça veut dire qu'il y a du butin ! La porte finit par céder, et nous entrons prudemment. Illiek se met à faire de grands gestes, il doit contrer un piège magique puissant, et je le vois suer à grosses gouttes. Dans un effort héroïque, il finit par le neutraliser, et me dit que la voie est libre. Je force le sarcophage, et me penche sur le... corps parfaitement conservé de l'archimage, qui me semble d'ailleurs fort jeune. Curieux, l'embaumement n'est pas une tradition par ici. Soupçonnant un nouveau piège, je demande à mon frère de le sonder. Il se concentre, puis pâlit.
- Il... il n'est pas mort !
Effectivement, le corps se relève, et nous adresse un regard furieux. Je veux prendre mon épée, mais elle rouille à toute vitesse et tombe en poussière sur le sol. Je prends la fuite, devancé par mon frère, mais la porte de pierre se referme avec violence. Impossible de l'ouvrir, et pendant que mon frère tente de contrer le sort, je me retourne vers l'homme, qui sort du sarcophage et nous fait face.
C'est peine perdue. Cédric ne nous laisse aucune chance.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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