12-02-2022, 11:00 PM
12 - Jacques
Maadi m'a laissé seul après m'avoir donné ses instructions. La drogue a fini par cesser de faire effet, et j'ai perdu ma docilité. Je me suis maudit, ait maudit Maadi, mais je ne peux rien faire, je suis incapable d'aller à l'encontre du serment que j'ai fait. Je soupçonne que tant que Maadi aura cette amulette, je serai son esclave, mais je ne peux rien faire par moi-même, je ne pourrai même pas dire à Jacques ce qui se passe... je ne peux plus que prier qu'un éventuel sauveur me tire des griffes de Maadi, mais cet espoir semble bien vain, alors même que je me prépare à livrer Jacques à mon maître... Ah, mais quel fou j'ai été, n'apprendrai-je donc jamais qu'à chaque fois que j'ai foncé sur un coup de tête, je me suis ramassé ?
Je reprends des vêtements ordinaires, et sors de la guilde en début de soirée. Je me fie aux indications reçues, puis demande mon chemin lorsque je finis par me perdre. C'est vraiment un soulagement de pouvoir parler leur langue. Je finis par arriver sur la bordure est de la ville, dans un quartier moins luxueux, où se trouvent commerces nocturnes et lieux de festivités en tout genre.
L'armée elle-même n'accepte pas les étrangers, mais la garde, qui en fait partie, accepte de recruter des étrangers et d'anciens mercenaires, pourvu qu'ils fassent leur travail, et il y a du boulot de ce côté-ci de la ville, où a été stratégiquement installée la plus grande des casernes.
Au-delà des murs, c'est la ville des pauvres, la ville sans nom, et ces gens, bien que nécessaires à la survie de la riche cité, n'ont jamais fait bon ménage avec sa population.
En outre, les gardes veillent à la bonne tenue du quartier chaud où je me situe désormais, et, chose qui m'intéresse en tout premier lieu, c'est ici qu'ils passent leurs permissions. Comme Jacques ce soir. Ces Veilleurs sont vraiment bien renseignés... c'est inquiétant ! Ils ont vraiment fait vite pour le retrouver... ou alors, Maadi l'avait repéré depuis un bon moment par son propre réseau, et avait gardé l'info sous le coude à l'insu des autres Veilleurs. Et c'est moi qui lui ai fait prendre conscience de la portée de cette information.
J'entre dans un bar très animé, où des danseuses nues (et quelques danseurs) se produisent sur scène, tandis que des serveuses vont et viennent parmi la foule de convives. Plus aucune place disponible, je constate que pas mal de monde s'est installé contre les murs, verre ou chope à la main. L'argent doit couler à flot ici, autant que l'alcool. Je cherche un long moment, rejetant des propositions malhonnêtes, des mains qui tentent de me pincer les fesses, et finis par sortir une dague pour calmer les ardeurs avinées de ces sombres brutes.
- Eh ! Du calme, ici !
Cette voix !
Les types s'écartent, et je me retourne, en les tenant à l'œil, vers mon homme, qui ouvre de grands yeux en me voyant.
Il me fait signe de le suivre, et, après un dernier coup d'œil aux hommes des tavernes, je le suis vers un escalier qui monte à l'étage. Il m'emmène dans une chambre et referme la porte derrière lui.
- Franck ! Franck, je n'y crois pas ! C'est bien toi !
- Jacques, si tu savais comme tu m'as manqué pendant ces trois années !
Nous nous embrassons, comme je suis heureux de le revoir, même si mon plaisir est gâché par la pensée de ce que je vais devoir faire.
- Alors, que s'est-il passé, Franck ?
- Je pourrais te poser la même question ! Trois ans ! On a bien des choses à se dire, et des plus urgentes, mais pas ici.
- Pas de souci, plus rien ne me retient maintenant que tu es là, mais si je pars, alors je devrai disparaître, parce que l'armée n'est pas tendre avec ses déserteurs.
- Ils ne pensent pas que tu as déserté, ils savent bien que c'est un accident au labo qui t'a envoyé ici !
- Hein ? Non, je me suis engagé dans la garde, ici, je suis en perm' en ce moment.
- Ah, d'accord. Bon, raison de plus, j'ai des amis qui m'ont aidé, ils sauront nous faire sortir.
- Tu as dû vivre de sacrées aventures, comme moi d'ailleurs.
- On aura tout le temps de se les raconter. Allons-y.
Je tente de me rebeller alors que nous sortons, de me sortir du piège dans lequel je suis en train d'entraîner mon amour, mais c'est peine perdue, je ne peux rien faire, pas même le prévenir. Je suis en train de vivre un vrai cauchemar.
Je ramène Jacques au siège de la guilde, et Maadi, qui attendait dans le hall, nous accueille immédiatement, saluant Jacques, et nous guidant au travers des gardes jusqu'à la section privée. J'ai encore du mal à y croire, un monde entier à ma portée, totalement différent du mien, et je retrouve Jacques en moins d'un mois. J'aurais pu passer un an dans cette ville sans le croiser. Mais je n'aurais pas survécu aussi longtemps si je ne m'étais pas mis dans les griffes des Veilleurs...
Puisse le destin nous offrir une chance de nous en sortir !
J'ai l'impression de voir mon propre accueil d'un regard extérieur, voyant à quel point je suis tombé aveuglément dans la toile qu'on avait tendue à mon attention. Et comme j'y participe activement, Jacques est en confiance, et à aucun moment il ne se rend compte du piège. Lorsqu'il comprend enfin, il est trop tard.
Et je sais qu'il n'est pas prêt de me le pardonner.
Jacques est tombé sous l'emprise de Maadi, tout comme moi, et j'ai dû y assister, en témoin impuissant, en complice malheureux.
Il me lance un regard qui me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur.
- Je suis dans le même bain, Jacques. Je n'ai rien pu faire.
- Salaud.
- Allons, dit Maadi, je ne veux que de bons rapports entre vous. Jacques, les tiens ont réactivé le portail, et ils sont venus en masse, nous avons compté trente-cinq activations avant que la conjonction ne se termine. À quoi pouvons-nous nous attendre ? Et comment pourrons-nous les neutraliser ?
Jacques réfléchit et découvre avec horreur qu'il n'a pas le choix, il est obligé de trahir les siens, il détaille à Maadi ses estimations, des idées, des pistes pour prendre la base d'assaut, mais il est certain que les Terriens sauront se défendre, ils auront amené des armes lourdes, des tonnes de munitions, et ont dû fouiller la base pour en tirer d'autres ressources.
À mon tour, je parle des armes que j'avais vu là-bas, disant que s'ils les ont fait marcher, ils seront inexpugnables.
Maadi réfléchit.
- Sans magie, les Veilleurs ne pourront pas prendre la base.
J'expose alors mon idée :
- Envoyons plutôt l'armée du Roi Immortel, il suffira d'attirer leur attention là-bas et de les laisser se débrouiller entre eux.
- Oui, c'est ce que nous allons faire, nous ferons d'ailleurs d'une pierre deux coups en occupant ses forces et en distrayant le roi suffisamment longtemps pour nous permettre de placer nos forces de façon stratégique. En attendant, toi, Franck, je vais te confier une mission de longue durée. Tu vas commencer ton entraînement dès maintenant, jusqu'à en apprendre suffisamment pour pouvoir être envoyé là où tu pourras sans risques recevoir un véritable enseignement. Descends à la cave et vois avec nos sorciers. Quant à toi, Jacques, j'ai d'autres projets pour toi.
Je me lève, je ne peux pas faire autrement, alors que j'aurais tant voulu rester avec Jacques, m'expliquer avec lui !
- Je n'ai pas eu le choix, lui dis-je alors que je passe à côté de lui.
Il ne répond pas.
Maadi m'a laissé seul après m'avoir donné ses instructions. La drogue a fini par cesser de faire effet, et j'ai perdu ma docilité. Je me suis maudit, ait maudit Maadi, mais je ne peux rien faire, je suis incapable d'aller à l'encontre du serment que j'ai fait. Je soupçonne que tant que Maadi aura cette amulette, je serai son esclave, mais je ne peux rien faire par moi-même, je ne pourrai même pas dire à Jacques ce qui se passe... je ne peux plus que prier qu'un éventuel sauveur me tire des griffes de Maadi, mais cet espoir semble bien vain, alors même que je me prépare à livrer Jacques à mon maître... Ah, mais quel fou j'ai été, n'apprendrai-je donc jamais qu'à chaque fois que j'ai foncé sur un coup de tête, je me suis ramassé ?
Je reprends des vêtements ordinaires, et sors de la guilde en début de soirée. Je me fie aux indications reçues, puis demande mon chemin lorsque je finis par me perdre. C'est vraiment un soulagement de pouvoir parler leur langue. Je finis par arriver sur la bordure est de la ville, dans un quartier moins luxueux, où se trouvent commerces nocturnes et lieux de festivités en tout genre.
L'armée elle-même n'accepte pas les étrangers, mais la garde, qui en fait partie, accepte de recruter des étrangers et d'anciens mercenaires, pourvu qu'ils fassent leur travail, et il y a du boulot de ce côté-ci de la ville, où a été stratégiquement installée la plus grande des casernes.
Au-delà des murs, c'est la ville des pauvres, la ville sans nom, et ces gens, bien que nécessaires à la survie de la riche cité, n'ont jamais fait bon ménage avec sa population.
En outre, les gardes veillent à la bonne tenue du quartier chaud où je me situe désormais, et, chose qui m'intéresse en tout premier lieu, c'est ici qu'ils passent leurs permissions. Comme Jacques ce soir. Ces Veilleurs sont vraiment bien renseignés... c'est inquiétant ! Ils ont vraiment fait vite pour le retrouver... ou alors, Maadi l'avait repéré depuis un bon moment par son propre réseau, et avait gardé l'info sous le coude à l'insu des autres Veilleurs. Et c'est moi qui lui ai fait prendre conscience de la portée de cette information.
J'entre dans un bar très animé, où des danseuses nues (et quelques danseurs) se produisent sur scène, tandis que des serveuses vont et viennent parmi la foule de convives. Plus aucune place disponible, je constate que pas mal de monde s'est installé contre les murs, verre ou chope à la main. L'argent doit couler à flot ici, autant que l'alcool. Je cherche un long moment, rejetant des propositions malhonnêtes, des mains qui tentent de me pincer les fesses, et finis par sortir une dague pour calmer les ardeurs avinées de ces sombres brutes.
- Eh ! Du calme, ici !
Cette voix !
Les types s'écartent, et je me retourne, en les tenant à l'œil, vers mon homme, qui ouvre de grands yeux en me voyant.
Il me fait signe de le suivre, et, après un dernier coup d'œil aux hommes des tavernes, je le suis vers un escalier qui monte à l'étage. Il m'emmène dans une chambre et referme la porte derrière lui.
- Franck ! Franck, je n'y crois pas ! C'est bien toi !
- Jacques, si tu savais comme tu m'as manqué pendant ces trois années !
Nous nous embrassons, comme je suis heureux de le revoir, même si mon plaisir est gâché par la pensée de ce que je vais devoir faire.
- Alors, que s'est-il passé, Franck ?
- Je pourrais te poser la même question ! Trois ans ! On a bien des choses à se dire, et des plus urgentes, mais pas ici.
- Pas de souci, plus rien ne me retient maintenant que tu es là, mais si je pars, alors je devrai disparaître, parce que l'armée n'est pas tendre avec ses déserteurs.
- Ils ne pensent pas que tu as déserté, ils savent bien que c'est un accident au labo qui t'a envoyé ici !
- Hein ? Non, je me suis engagé dans la garde, ici, je suis en perm' en ce moment.
- Ah, d'accord. Bon, raison de plus, j'ai des amis qui m'ont aidé, ils sauront nous faire sortir.
- Tu as dû vivre de sacrées aventures, comme moi d'ailleurs.
- On aura tout le temps de se les raconter. Allons-y.
Je tente de me rebeller alors que nous sortons, de me sortir du piège dans lequel je suis en train d'entraîner mon amour, mais c'est peine perdue, je ne peux rien faire, pas même le prévenir. Je suis en train de vivre un vrai cauchemar.
Je ramène Jacques au siège de la guilde, et Maadi, qui attendait dans le hall, nous accueille immédiatement, saluant Jacques, et nous guidant au travers des gardes jusqu'à la section privée. J'ai encore du mal à y croire, un monde entier à ma portée, totalement différent du mien, et je retrouve Jacques en moins d'un mois. J'aurais pu passer un an dans cette ville sans le croiser. Mais je n'aurais pas survécu aussi longtemps si je ne m'étais pas mis dans les griffes des Veilleurs...
Puisse le destin nous offrir une chance de nous en sortir !
J'ai l'impression de voir mon propre accueil d'un regard extérieur, voyant à quel point je suis tombé aveuglément dans la toile qu'on avait tendue à mon attention. Et comme j'y participe activement, Jacques est en confiance, et à aucun moment il ne se rend compte du piège. Lorsqu'il comprend enfin, il est trop tard.
Et je sais qu'il n'est pas prêt de me le pardonner.
Jacques est tombé sous l'emprise de Maadi, tout comme moi, et j'ai dû y assister, en témoin impuissant, en complice malheureux.
Il me lance un regard qui me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur.
- Je suis dans le même bain, Jacques. Je n'ai rien pu faire.
- Salaud.
- Allons, dit Maadi, je ne veux que de bons rapports entre vous. Jacques, les tiens ont réactivé le portail, et ils sont venus en masse, nous avons compté trente-cinq activations avant que la conjonction ne se termine. À quoi pouvons-nous nous attendre ? Et comment pourrons-nous les neutraliser ?
Jacques réfléchit et découvre avec horreur qu'il n'a pas le choix, il est obligé de trahir les siens, il détaille à Maadi ses estimations, des idées, des pistes pour prendre la base d'assaut, mais il est certain que les Terriens sauront se défendre, ils auront amené des armes lourdes, des tonnes de munitions, et ont dû fouiller la base pour en tirer d'autres ressources.
À mon tour, je parle des armes que j'avais vu là-bas, disant que s'ils les ont fait marcher, ils seront inexpugnables.
Maadi réfléchit.
- Sans magie, les Veilleurs ne pourront pas prendre la base.
J'expose alors mon idée :
- Envoyons plutôt l'armée du Roi Immortel, il suffira d'attirer leur attention là-bas et de les laisser se débrouiller entre eux.
- Oui, c'est ce que nous allons faire, nous ferons d'ailleurs d'une pierre deux coups en occupant ses forces et en distrayant le roi suffisamment longtemps pour nous permettre de placer nos forces de façon stratégique. En attendant, toi, Franck, je vais te confier une mission de longue durée. Tu vas commencer ton entraînement dès maintenant, jusqu'à en apprendre suffisamment pour pouvoir être envoyé là où tu pourras sans risques recevoir un véritable enseignement. Descends à la cave et vois avec nos sorciers. Quant à toi, Jacques, j'ai d'autres projets pour toi.
Je me lève, je ne peux pas faire autrement, alors que j'aurais tant voulu rester avec Jacques, m'expliquer avec lui !
- Je n'ai pas eu le choix, lui dis-je alors que je passe à côté de lui.
Il ne répond pas.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)