05-02-2022, 10:51 PM
5 - Mazar
Mazar. C'est le nom qu'a donné Assil au bourg vers lequel nous nous dirigeons, une fois qu'il a été en vue, et le premier mot qu'il a prononcé depuis notre explication. Je ne comprends pas pourquoi il continue à m'accompagner, mais je lui en suis reconnaissant.
La soirée est bien avancée, et je tombe de sommeil, depuis ma fuite des ruines la nuit précédente, je n'ai pas dormi, et je suis dans un triste état. Mais je retrouve un semblant d'énergie lorsque les gardes de la porte s'avancent vers nous et nous apostrophent. Assil leur répond un moment (me désignant parfois) et ils nous laissent finalement passer. Je me demande encore pourquoi de telles mesures de sécurité sont en place. Peur des brigands ? Tensions avec les nations voisines ? J'enrage de ne pas pouvoir communiquer correctement, j'ai besoin de continuer à apprendre, je ne serais même pas entré si je n'avais pas eu Assil avec moi. Je dois bien reconnaître que j'ai besoin de lui, plus que jamais, et malheureusement, c'est bien mal parti en ce moment. Je crains qu'il ne me laisse ici et reparte maintenant que nous sommes entrés. Il me conduit vers une auberge. J'en reconnais l'enseigne, identique à celle du village de mon malheureux compagnon.
Celui-ci se tourne vers moi avant d'entrer, et me serre encore la main avant de se détourner.
- Assil, je... je suis désolé, et je voudrais pouvoir te le dire dans ta langue.
Je presse ses épaules, il parle un peu, presse sa main contre son cœur avec une expression douloureuse, et s'en va. Je suis triste, très triste de le voir partir, et j'ai un moment l'impulsion de courir et de le rattraper. Mais il souffre trop et je ne ferais qu'ajouter à son malheur. Bien que j'aie vraiment besoin de lui, je n'ai pas le droit d'abuser ainsi de ses sentiments dans mon intérêt personnel. Il va falloir que je me débrouille seul, désormais.
Je réfléchis, comment me débrouiller sans devenir suspect aux yeux des autochtones ? Je pourrais passer pour sourd-muet, mais cela pose également des problèmes... soupirant, je choisis de passer pour l'idiot du coin . Je dissimule mon épée sous mon manteau et pousse la porte de l'auberge. Je sais demander à manger, à boire et une chambre, et je connais quelques chiffres, espérons que cela suffira.
La grande salle est assez animée, nombre de personnes mangent et boivent (boivent, surtout), et j'ai du mal à trouver une table libre. Je m'installe au fond de la salle et une serveuse vient s'enquérir de mes besoins. Je fais exprès de parler trop lentement, l'air buté, pour demander à manger. L'expression de la serveuse, qui lève les yeux au ciel, m'indique que j'ai parfaitement réussi mon rôle. Ça a en outre l'avantage de dissimuler mon accent, car je suppose que le mien doit être fort prononcé, et je préfère éviter d'éveiller les soupçons. Elle m'indique le prix et je pose le nombre de pièces demandé, une par une, sur la table. Pauvre femme, elle n'a pas mérité ça. Elle m'apporte un repas que j'engloutis rapidement avant de demander une chambre. Je règle de la même manière et me fais conduire à l'arrière, où l'on ouvre pour moi la porte d'une petite chambre sans fenêtre, éclairée d'une bougie.
Je referme derrière moi, les yeux rivés sur le lit qui me tend les bras. Mais un brin de méfiance me fait pousser ce lit contre la porte avant de me déshabiller et de me coucher dessus.
Je souffle la bougie et sombre dans un profond sommeil.
Je me réveille tard, et affamé de surcroît. Mes précautions nocturnes ont été inutiles, mais on n'est jamais trop prudent. Tout en repoussant le lit, je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire.
Fouillant dans ma sacoche, je regarde les appareils que j'ai pu récupérer dans la base. C'est avec frustration que je les range, la plupart ne me seront guère utile, mais sait-on jamais... en tout cas, dans l'immédiat, rien ne m'aidera à retrouver la trace de Jacques, ou à apprendre plus vite la langue locale. Toutefois, je pense (j'espère) que mon homme est passé ici. C'est la route principale pour quitter le village, et un bourg d'une certaine importance. Une question me taraude néanmoins : pourquoi est-il parti ? Mais trois années se sont écoulées, un temps largement suffisant pour perdre espoir et décider de découvrir le monde. Et l'attitude d'Assil quand je parle de lui ? Y a-t-il eu quelque chose ?
- Ah, mais... moi, je flashe sur les militaires, et lui, il flashe peut-être sur les étrangers... mais ça a dû se passer exactement comme avec moi.
Pauvre gars... En d'autres circonstances, on aurait pu vivre quelque chose ensemble, j'étais vraiment touché par sa façon de s'occuper de moi, de veiller sur moi... enfin, passons à autre chose, j'ai une dure journée à affronter.
Après avoir pris un petit-déjeuner tardif, je sors de l'auberge pour explorer le bourg. Je suis surpris par plusieurs détails que j'avais déjà relevé dans le village. Les rues sont propres, les habitants sont propres (enfin, la plupart d'entre eux) et je n'ai pas trouvé d'insectes dans mon lit. Il y a tant de différences culturelles entre ce monde et la France médiévale que je suis constamment surpris. Mais je dois avouer que voir, au détour d'une rue, deux hommes s'embrasser en public sans que quiconque y prête attention me perturbe. J'ai tellement l'habitude de la façon dont les choses se passent sur Terre (tout va bien tant que ce n'est pas en public) que je suis assez surpris. Mais je me secoue et cesse de les fixer, ce serait inconvenant. Si les mœurs sont plus libres ici, tant mieux. Et d'ailleurs, je comprends maintenant la franchise d'Assil concernant ses sentiments.
Méditant là-dessus, je continue à explorer Mazar, cherchant un signe du passage de Jacques. Peut-être près d'une des portes de la ville ? Ce serait plus logique, et j'ai en tout cas plus de chances de le trouver qu'au hasard des rues.
Je m'écarte pour laisser passer un chariot, puis me jette contre une porte pour éviter plusieurs cavaliers rudement pressés. Grommelant, je reprends mon chemin en me disant que même notre monde avancé n'a pas résolu le problème des chauffards, alors ce n'est pas ici que je vais me plaindre... Je décide de prendre une ruelle annexe pour rejoindre une route moins fréquentée et me perds un petit moment. Un bar attire alors mon attention et je décide d'y entrer pour me reposer un peu. Je pousse la porte et le regrette au vu de la faune qui se trouve à l'intérieur, mais on ne me prête aucune attention. Je m'installe et le patron vient me demander ce que je veux (je commence à connaître cette phrase). Sans un mot, je désigne une chope sur une table voisine, et paie le prix demandé. Il revient bientôt avec une boisson au goût curieux, un goût d'herbes et d'épices assez agréable. Je me sens revivifié, comme si j'avais dormi une nuit entière, et le sourire me vient aux lèvres. Ouah, ça c'est de la boisson ! Je la savoure lentement en observant les autres personnes. Il y a une majorité d'hommes, la plupart installés en groupe, certains jouent à un jeu qui implique un entassement de jetons de diverses couleurs.
Un jeune homme entre alors que je poursuis mon observation, cherchant visiblement quelqu'un, et finit par s'installer à une table déjà occupée par deux autres hommes. Ils discutent un moment et je détourne le regard lorsqu'une phrase me fait sursauter.
- Nous devons parler.
Mais... c'est... c'est ma langue !
- Qu'y a-t-il, Jaral ? Le portail a encore été utilisé ?
- Oui, oui, fait le jeune homme surexcité. Et cette fois, ce n'est pas une activation isolée, il a été ouvert plus de vingt fois, et ça continuait quand j'ai été envoyé vous avertir.
Je n'en crois pas mes oreilles. Je m'efforce de ne pas trop les regarder, et fais semblant de boire tout en les écoutant. Les implications sont telles que ça donne le vertige. Ou alors, ma boisson est beaucoup plus forte que je ne l'imaginais.
- Alors cette fois, c'est la bonne. Ils sont de retour.
- Oui, les Protecteurs sont de retour, et ils ne devraient plus tarder à nous contacter. Notre tâche de Veilleurs touche à sa fin.
- Je ne pensais pas que cela arriverait de notre vivant.
Bon sang... ce sont des Protecteurs, ou du moins, leurs descendants. Ils ont attendu pendant des générations et maintenant ils pensent que les leurs sont de retour. Ils vont avoir une cruelle déception. Mais... je pourrais peut-être en tirer parti !
Mazar. C'est le nom qu'a donné Assil au bourg vers lequel nous nous dirigeons, une fois qu'il a été en vue, et le premier mot qu'il a prononcé depuis notre explication. Je ne comprends pas pourquoi il continue à m'accompagner, mais je lui en suis reconnaissant.
La soirée est bien avancée, et je tombe de sommeil, depuis ma fuite des ruines la nuit précédente, je n'ai pas dormi, et je suis dans un triste état. Mais je retrouve un semblant d'énergie lorsque les gardes de la porte s'avancent vers nous et nous apostrophent. Assil leur répond un moment (me désignant parfois) et ils nous laissent finalement passer. Je me demande encore pourquoi de telles mesures de sécurité sont en place. Peur des brigands ? Tensions avec les nations voisines ? J'enrage de ne pas pouvoir communiquer correctement, j'ai besoin de continuer à apprendre, je ne serais même pas entré si je n'avais pas eu Assil avec moi. Je dois bien reconnaître que j'ai besoin de lui, plus que jamais, et malheureusement, c'est bien mal parti en ce moment. Je crains qu'il ne me laisse ici et reparte maintenant que nous sommes entrés. Il me conduit vers une auberge. J'en reconnais l'enseigne, identique à celle du village de mon malheureux compagnon.
Celui-ci se tourne vers moi avant d'entrer, et me serre encore la main avant de se détourner.
- Assil, je... je suis désolé, et je voudrais pouvoir te le dire dans ta langue.
Je presse ses épaules, il parle un peu, presse sa main contre son cœur avec une expression douloureuse, et s'en va. Je suis triste, très triste de le voir partir, et j'ai un moment l'impulsion de courir et de le rattraper. Mais il souffre trop et je ne ferais qu'ajouter à son malheur. Bien que j'aie vraiment besoin de lui, je n'ai pas le droit d'abuser ainsi de ses sentiments dans mon intérêt personnel. Il va falloir que je me débrouille seul, désormais.
Je réfléchis, comment me débrouiller sans devenir suspect aux yeux des autochtones ? Je pourrais passer pour sourd-muet, mais cela pose également des problèmes... soupirant, je choisis de passer pour l'idiot du coin . Je dissimule mon épée sous mon manteau et pousse la porte de l'auberge. Je sais demander à manger, à boire et une chambre, et je connais quelques chiffres, espérons que cela suffira.
La grande salle est assez animée, nombre de personnes mangent et boivent (boivent, surtout), et j'ai du mal à trouver une table libre. Je m'installe au fond de la salle et une serveuse vient s'enquérir de mes besoins. Je fais exprès de parler trop lentement, l'air buté, pour demander à manger. L'expression de la serveuse, qui lève les yeux au ciel, m'indique que j'ai parfaitement réussi mon rôle. Ça a en outre l'avantage de dissimuler mon accent, car je suppose que le mien doit être fort prononcé, et je préfère éviter d'éveiller les soupçons. Elle m'indique le prix et je pose le nombre de pièces demandé, une par une, sur la table. Pauvre femme, elle n'a pas mérité ça. Elle m'apporte un repas que j'engloutis rapidement avant de demander une chambre. Je règle de la même manière et me fais conduire à l'arrière, où l'on ouvre pour moi la porte d'une petite chambre sans fenêtre, éclairée d'une bougie.
Je referme derrière moi, les yeux rivés sur le lit qui me tend les bras. Mais un brin de méfiance me fait pousser ce lit contre la porte avant de me déshabiller et de me coucher dessus.
Je souffle la bougie et sombre dans un profond sommeil.
Je me réveille tard, et affamé de surcroît. Mes précautions nocturnes ont été inutiles, mais on n'est jamais trop prudent. Tout en repoussant le lit, je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire.
Fouillant dans ma sacoche, je regarde les appareils que j'ai pu récupérer dans la base. C'est avec frustration que je les range, la plupart ne me seront guère utile, mais sait-on jamais... en tout cas, dans l'immédiat, rien ne m'aidera à retrouver la trace de Jacques, ou à apprendre plus vite la langue locale. Toutefois, je pense (j'espère) que mon homme est passé ici. C'est la route principale pour quitter le village, et un bourg d'une certaine importance. Une question me taraude néanmoins : pourquoi est-il parti ? Mais trois années se sont écoulées, un temps largement suffisant pour perdre espoir et décider de découvrir le monde. Et l'attitude d'Assil quand je parle de lui ? Y a-t-il eu quelque chose ?
- Ah, mais... moi, je flashe sur les militaires, et lui, il flashe peut-être sur les étrangers... mais ça a dû se passer exactement comme avec moi.
Pauvre gars... En d'autres circonstances, on aurait pu vivre quelque chose ensemble, j'étais vraiment touché par sa façon de s'occuper de moi, de veiller sur moi... enfin, passons à autre chose, j'ai une dure journée à affronter.
Après avoir pris un petit-déjeuner tardif, je sors de l'auberge pour explorer le bourg. Je suis surpris par plusieurs détails que j'avais déjà relevé dans le village. Les rues sont propres, les habitants sont propres (enfin, la plupart d'entre eux) et je n'ai pas trouvé d'insectes dans mon lit. Il y a tant de différences culturelles entre ce monde et la France médiévale que je suis constamment surpris. Mais je dois avouer que voir, au détour d'une rue, deux hommes s'embrasser en public sans que quiconque y prête attention me perturbe. J'ai tellement l'habitude de la façon dont les choses se passent sur Terre (tout va bien tant que ce n'est pas en public) que je suis assez surpris. Mais je me secoue et cesse de les fixer, ce serait inconvenant. Si les mœurs sont plus libres ici, tant mieux. Et d'ailleurs, je comprends maintenant la franchise d'Assil concernant ses sentiments.
Méditant là-dessus, je continue à explorer Mazar, cherchant un signe du passage de Jacques. Peut-être près d'une des portes de la ville ? Ce serait plus logique, et j'ai en tout cas plus de chances de le trouver qu'au hasard des rues.
Je m'écarte pour laisser passer un chariot, puis me jette contre une porte pour éviter plusieurs cavaliers rudement pressés. Grommelant, je reprends mon chemin en me disant que même notre monde avancé n'a pas résolu le problème des chauffards, alors ce n'est pas ici que je vais me plaindre... Je décide de prendre une ruelle annexe pour rejoindre une route moins fréquentée et me perds un petit moment. Un bar attire alors mon attention et je décide d'y entrer pour me reposer un peu. Je pousse la porte et le regrette au vu de la faune qui se trouve à l'intérieur, mais on ne me prête aucune attention. Je m'installe et le patron vient me demander ce que je veux (je commence à connaître cette phrase). Sans un mot, je désigne une chope sur une table voisine, et paie le prix demandé. Il revient bientôt avec une boisson au goût curieux, un goût d'herbes et d'épices assez agréable. Je me sens revivifié, comme si j'avais dormi une nuit entière, et le sourire me vient aux lèvres. Ouah, ça c'est de la boisson ! Je la savoure lentement en observant les autres personnes. Il y a une majorité d'hommes, la plupart installés en groupe, certains jouent à un jeu qui implique un entassement de jetons de diverses couleurs.
Un jeune homme entre alors que je poursuis mon observation, cherchant visiblement quelqu'un, et finit par s'installer à une table déjà occupée par deux autres hommes. Ils discutent un moment et je détourne le regard lorsqu'une phrase me fait sursauter.
- Nous devons parler.
Mais... c'est... c'est ma langue !
- Qu'y a-t-il, Jaral ? Le portail a encore été utilisé ?
- Oui, oui, fait le jeune homme surexcité. Et cette fois, ce n'est pas une activation isolée, il a été ouvert plus de vingt fois, et ça continuait quand j'ai été envoyé vous avertir.
Je n'en crois pas mes oreilles. Je m'efforce de ne pas trop les regarder, et fais semblant de boire tout en les écoutant. Les implications sont telles que ça donne le vertige. Ou alors, ma boisson est beaucoup plus forte que je ne l'imaginais.
- Alors cette fois, c'est la bonne. Ils sont de retour.
- Oui, les Protecteurs sont de retour, et ils ne devraient plus tarder à nous contacter. Notre tâche de Veilleurs touche à sa fin.
- Je ne pensais pas que cela arriverait de notre vivant.
Bon sang... ce sont des Protecteurs, ou du moins, leurs descendants. Ils ont attendu pendant des générations et maintenant ils pensent que les leurs sont de retour. Ils vont avoir une cruelle déception. Mais... je pourrais peut-être en tirer parti !
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