04-02-2022, 12:23 AM
3 - La Nuit d'Un Autre Monde
J'ai fait mille hypothèses concernant ma situation. La majeure partie d'entre elles étaient fausses. C'est toujours le cas lorsqu'on manque d'informations. Mais au fil du temps, j'ai fini par comprendre la moitié des choses et j'ai continué à me tromper sur l'autre moitié.
Je ne suis pas à même de me faire suffisamment comprendre, et décide de m'installer quelques temps ici, j'ai assez d'argent et pour le moment la population locale n'est pas hostile. Il me faudrait également des vêtements locaux, qui ne me feront pas passer pour une créature étrange, oui, j'ai fini par comprendre ce qui attirait tant les regards. J'ai pu expliquer ça par gestes et Assil m'a conduit vers une femme qui a jeté un simple coup d'œil sur moi et lâché quelques mots. Ils ont parlé un moment et il m'a montré sa pièce avant de la toucher du doigt, six fois, prononçant un mot pour chaque fois. Super, si j'apprends à compter, je devrais arriver à me débrouiller pour payer sans interprète. Apparemment, cela prendra du temps, aussi mon compagnon m'a ramené à l'auberge, où j'ai demandé si je pouvais avoir une chambre. C'est effectivement le cas, et me voilà installé dans mon nouveau chez-moi pour un moment.
Au fil des jours, j'ai perfectionné mes connaissances du langage avec Assil, apprenant à apprécier cet homme sympathique qui m'a littéralement adopté. J'ai serré sa main, longuement, et il a apparemment compris car il m'a souri, il a un beau sourire, et si je n'avais pas eu mon Jacques perdu quelque part dans ce pays lui-même perdu, j'aurais pu rêver de son visage rude adouci par son regard vif et bienveillant, son sourire amical, ses cheveux noirs et son teint bruni par le soleil. Nous faisons de longues promenades et je lui ai montré la vallée et la rivière. Il m'a fait comprendre par signes que c'est un lieu où ils ne vont pas. Mais alors, qui a fait ce chemin à peine visible ? Jacques ?
Son nom fait réagir curieusement Assil, mais la barrière de la langue nous empêche encore de nous expliquer à son sujet, mais faisant un geste vers le village en répétant Jacques, il a fait oui de la tête.
Bon. Je fais mine de chercher et il comprend, me nomme le verbe, j'explique : Franck cherche Jacques. Il fait alors un large geste vers les plaines, assez large pour que je comprenne qu'il est parti, mais il ne sait pas où. Je sais toutefois que je trouverai un signe qui me guidera vers lui. Il me reste à le trouver.
Nous nous couchons d'habitude très tôt, mais cette fois, nous avons pas mal traîné et la nuit tombe alors que nous sommes à bonne distance du village, dont nous distinguons les lumières au loin.
Je presse le pas en regardant les étoiles, mais ralentis en plissant le front. Quelque chose cloche. L'astronomie est mon hobby, et je savais reconnaître les constellations d'un seul coup d'œil. Ici, malgré un ciel pur, je suis incapable d'en reconnaître une seule. Et même en tenant compte d'un changement avec le passage du temps, ça ne colle pas ! Je tourne sur moi-même, regarde la Lune... une Lune qui n'a rien à voir avec celle que je connais !
- Mais où suis-je ?
Il n'y a qu'une solution logique. Je n'ai pas voyagé dans le temps, mais bien dans l'espace comme nous le pensions à l'origine en étudiant le fonctionnement de la machine. Nous avons juste très largement sous-estimé la portée de l'appareil. Comment aurions-nous pu imaginer que les Protecteurs disposaient d'une technologie pareille ? Comment, dans ce cas, ont-ils pu être renversés ? Que s'est-il vraiment passé ?
Ces questions méritent réflexion, mais les réponses devront attendre, j'en ai peur. Je ne suis plus sur Terre... Je reste choqué, contemplant les étoiles inconnues, et en même temps rempli d'une exaltation de plus en plus forte. Je suis sur un autre monde ! Et il y a ici des humains comme moi, ce qui est encore plus extraordinaire. La tête me tourne à force de réfléchir aux implications de tout ça, et je regrette d'avoir pris si peu de choses avec moi, mais comment aurais-je pu faire autrement ?
Je dors peu cette nuit-là, trop excité pour fermer l'œil, et à l'aube, après avoir mangé, je repars vers les ruines. C'est un voyage long et pénible, mais je dois tenter de récupérer les ressources dont j'aurai besoin pour la suite. Le plus dur a été de convaincre Assil de rester, mais quand j'ai montré la direction de la vallée, il s'est résigné, tout en m'expliquant ce que j'avais soupçonné: il ne faut pas boire l'eau de la rivière.
J'ai acheté des provisions de voyage, revêtu mes anciens vêtements (je ne tiens pas à abîmer les nouveaux) et entamé le long chemin de retour vers les ruines. Je dois être prudent, au cas où les autres auraient envoyé une expédition. Je ne tiens pas à être pris. C'est une prise de risques, mais avec un monde entièrement différent, je dois être prêt à tout, et ce que je pourrai trouver dans les ruines des Protecteurs m'aidera grandement.
Si même ce petit village reculé a des gardes armés, c'est qu'il y a des dangers contre lesquels je n'ai que peu de chances. Je dois trouver un moyen de rétablir l'équilibre.
Le soir venu, je m'installe dans le creux de rochers et me répète les derniers termes appris avant de m'endormir.
Non sans avoir, une nouvelle fois, observé avec fascination ce ciel étranger.
Le lendemain, je me relève et reprends ma route, plus prudemment, m'attendant à tomber sur une patrouille, mais personne ne vient. Arrivé aux ruines, je reste longtemps à observer pour voir si une sentinelle est posté, mais là encore, il n'y a personne. Soulagé, j'entre dans le tunnel, rallumant ma lampe (vive les batteries modernes) et descendant le grand tunnel. Il va me falloir explorer les tunnels latéraux, cette fois. Ou descendre dans le tunnel principal jusqu'au fond. Hum, les latéraux sont plus proches, je vais commencer par là. En tâchant de ne pas me perdre.
La plupart des pièces sont vides, ou remplies de trucs inutiles. Ça fait longtemps que les lieux ont été abandonnés. Je me demande ce qui s'y passait...
Les heures passent, et je finis par pouvoir rassembler dans un sac un peu de matériel. Celui-ci me confirme qu'il y avait bien communication entre la Terre et ce monde (d'ailleurs, comment s'appelle-t-il ?) mais ils ont dû souffrir de la rupture de cette connexion lorsque les Protecteurs ont été renversés.
La chose me frappe soudain. Les Protecteurs avaient une technologie qui leur permettait d'aller sur d'autres mondes. Qui étaient-ils vraiment ? Venaient-ils seulement de la Terre ? J'en doute... leur techno ne pouvait venir d'un quelconque génie de chez nous. Les implications sont énormes, mais que leur est-il arrivé ? Ici aussi, ils ont subi un assaut, mais pourquoi des épées et des boucliers ? Trop de questions sont sans réponse. Mais celle-ci est encore plus pressante lorsque je trouve une armurerie où se trouvent mêlées armes médiévales et futuristes. Un pistolet encore fonctionnel, dont je m'empare, est capable de tirer des faisceaux d'énergie qui forent un trou énorme dans le mur. Extraordinaire ! Je vise encore une fois, dans le couloir.
Clic.
Je réessaie, vainement, tripote les réglages, mais il semble que j'aie vidé la batterie. C'est bien ma chance. Les autres armes sont vides, et je ne trouve pas de chargeurs. C'est bien ma veine, voilà qui m'aurait bien aidé !
Je conserve cependant le pistolet que j'ai utilisé, au cas où, et je poursuis mes recherches. Tout ce que je trouve d'utile finit dans mon sac, mais l'arme la plus dangereuse que je trouve est un couteau à vibration. Fantastique...
Le sol se met soudain à vibrer, pendant une minute, avant que tout redevienne silencieux. Je me fige, le souffle court. Je connais bien cette vibration, pour l'avoir ressentie à plusieurs reprises dans le laboratoire, sur Terre.
Ils sont arrivés.
J'ai fait mille hypothèses concernant ma situation. La majeure partie d'entre elles étaient fausses. C'est toujours le cas lorsqu'on manque d'informations. Mais au fil du temps, j'ai fini par comprendre la moitié des choses et j'ai continué à me tromper sur l'autre moitié.
Je ne suis pas à même de me faire suffisamment comprendre, et décide de m'installer quelques temps ici, j'ai assez d'argent et pour le moment la population locale n'est pas hostile. Il me faudrait également des vêtements locaux, qui ne me feront pas passer pour une créature étrange, oui, j'ai fini par comprendre ce qui attirait tant les regards. J'ai pu expliquer ça par gestes et Assil m'a conduit vers une femme qui a jeté un simple coup d'œil sur moi et lâché quelques mots. Ils ont parlé un moment et il m'a montré sa pièce avant de la toucher du doigt, six fois, prononçant un mot pour chaque fois. Super, si j'apprends à compter, je devrais arriver à me débrouiller pour payer sans interprète. Apparemment, cela prendra du temps, aussi mon compagnon m'a ramené à l'auberge, où j'ai demandé si je pouvais avoir une chambre. C'est effectivement le cas, et me voilà installé dans mon nouveau chez-moi pour un moment.
Au fil des jours, j'ai perfectionné mes connaissances du langage avec Assil, apprenant à apprécier cet homme sympathique qui m'a littéralement adopté. J'ai serré sa main, longuement, et il a apparemment compris car il m'a souri, il a un beau sourire, et si je n'avais pas eu mon Jacques perdu quelque part dans ce pays lui-même perdu, j'aurais pu rêver de son visage rude adouci par son regard vif et bienveillant, son sourire amical, ses cheveux noirs et son teint bruni par le soleil. Nous faisons de longues promenades et je lui ai montré la vallée et la rivière. Il m'a fait comprendre par signes que c'est un lieu où ils ne vont pas. Mais alors, qui a fait ce chemin à peine visible ? Jacques ?
Son nom fait réagir curieusement Assil, mais la barrière de la langue nous empêche encore de nous expliquer à son sujet, mais faisant un geste vers le village en répétant Jacques, il a fait oui de la tête.
Bon. Je fais mine de chercher et il comprend, me nomme le verbe, j'explique : Franck cherche Jacques. Il fait alors un large geste vers les plaines, assez large pour que je comprenne qu'il est parti, mais il ne sait pas où. Je sais toutefois que je trouverai un signe qui me guidera vers lui. Il me reste à le trouver.
Nous nous couchons d'habitude très tôt, mais cette fois, nous avons pas mal traîné et la nuit tombe alors que nous sommes à bonne distance du village, dont nous distinguons les lumières au loin.
Je presse le pas en regardant les étoiles, mais ralentis en plissant le front. Quelque chose cloche. L'astronomie est mon hobby, et je savais reconnaître les constellations d'un seul coup d'œil. Ici, malgré un ciel pur, je suis incapable d'en reconnaître une seule. Et même en tenant compte d'un changement avec le passage du temps, ça ne colle pas ! Je tourne sur moi-même, regarde la Lune... une Lune qui n'a rien à voir avec celle que je connais !
- Mais où suis-je ?
Il n'y a qu'une solution logique. Je n'ai pas voyagé dans le temps, mais bien dans l'espace comme nous le pensions à l'origine en étudiant le fonctionnement de la machine. Nous avons juste très largement sous-estimé la portée de l'appareil. Comment aurions-nous pu imaginer que les Protecteurs disposaient d'une technologie pareille ? Comment, dans ce cas, ont-ils pu être renversés ? Que s'est-il vraiment passé ?
Ces questions méritent réflexion, mais les réponses devront attendre, j'en ai peur. Je ne suis plus sur Terre... Je reste choqué, contemplant les étoiles inconnues, et en même temps rempli d'une exaltation de plus en plus forte. Je suis sur un autre monde ! Et il y a ici des humains comme moi, ce qui est encore plus extraordinaire. La tête me tourne à force de réfléchir aux implications de tout ça, et je regrette d'avoir pris si peu de choses avec moi, mais comment aurais-je pu faire autrement ?
Je dors peu cette nuit-là, trop excité pour fermer l'œil, et à l'aube, après avoir mangé, je repars vers les ruines. C'est un voyage long et pénible, mais je dois tenter de récupérer les ressources dont j'aurai besoin pour la suite. Le plus dur a été de convaincre Assil de rester, mais quand j'ai montré la direction de la vallée, il s'est résigné, tout en m'expliquant ce que j'avais soupçonné: il ne faut pas boire l'eau de la rivière.
J'ai acheté des provisions de voyage, revêtu mes anciens vêtements (je ne tiens pas à abîmer les nouveaux) et entamé le long chemin de retour vers les ruines. Je dois être prudent, au cas où les autres auraient envoyé une expédition. Je ne tiens pas à être pris. C'est une prise de risques, mais avec un monde entièrement différent, je dois être prêt à tout, et ce que je pourrai trouver dans les ruines des Protecteurs m'aidera grandement.
Si même ce petit village reculé a des gardes armés, c'est qu'il y a des dangers contre lesquels je n'ai que peu de chances. Je dois trouver un moyen de rétablir l'équilibre.
Le soir venu, je m'installe dans le creux de rochers et me répète les derniers termes appris avant de m'endormir.
Non sans avoir, une nouvelle fois, observé avec fascination ce ciel étranger.
Le lendemain, je me relève et reprends ma route, plus prudemment, m'attendant à tomber sur une patrouille, mais personne ne vient. Arrivé aux ruines, je reste longtemps à observer pour voir si une sentinelle est posté, mais là encore, il n'y a personne. Soulagé, j'entre dans le tunnel, rallumant ma lampe (vive les batteries modernes) et descendant le grand tunnel. Il va me falloir explorer les tunnels latéraux, cette fois. Ou descendre dans le tunnel principal jusqu'au fond. Hum, les latéraux sont plus proches, je vais commencer par là. En tâchant de ne pas me perdre.
La plupart des pièces sont vides, ou remplies de trucs inutiles. Ça fait longtemps que les lieux ont été abandonnés. Je me demande ce qui s'y passait...
Les heures passent, et je finis par pouvoir rassembler dans un sac un peu de matériel. Celui-ci me confirme qu'il y avait bien communication entre la Terre et ce monde (d'ailleurs, comment s'appelle-t-il ?) mais ils ont dû souffrir de la rupture de cette connexion lorsque les Protecteurs ont été renversés.
La chose me frappe soudain. Les Protecteurs avaient une technologie qui leur permettait d'aller sur d'autres mondes. Qui étaient-ils vraiment ? Venaient-ils seulement de la Terre ? J'en doute... leur techno ne pouvait venir d'un quelconque génie de chez nous. Les implications sont énormes, mais que leur est-il arrivé ? Ici aussi, ils ont subi un assaut, mais pourquoi des épées et des boucliers ? Trop de questions sont sans réponse. Mais celle-ci est encore plus pressante lorsque je trouve une armurerie où se trouvent mêlées armes médiévales et futuristes. Un pistolet encore fonctionnel, dont je m'empare, est capable de tirer des faisceaux d'énergie qui forent un trou énorme dans le mur. Extraordinaire ! Je vise encore une fois, dans le couloir.
Clic.
Je réessaie, vainement, tripote les réglages, mais il semble que j'aie vidé la batterie. C'est bien ma chance. Les autres armes sont vides, et je ne trouve pas de chargeurs. C'est bien ma veine, voilà qui m'aurait bien aidé !
Je conserve cependant le pistolet que j'ai utilisé, au cas où, et je poursuis mes recherches. Tout ce que je trouve d'utile finit dans mon sac, mais l'arme la plus dangereuse que je trouve est un couteau à vibration. Fantastique...
Le sol se met soudain à vibrer, pendant une minute, avant que tout redevienne silencieux. Je me fige, le souffle court. Je connais bien cette vibration, pour l'avoir ressentie à plusieurs reprises dans le laboratoire, sur Terre.
Ils sont arrivés.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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