14-01-2022, 11:17 PM
Ludvik : Mesures radicales
- Tu es sûr de toi ? Demande Cédric.
- Tout à fait, dit Erynia. C'est dans cette puissante forteresse qu'il s'est retranché.
- Très bien... bon. Écoutez-moi bien, j'en ai assez de toute cette histoire. Je ne veux pas qu'il s'échappe de nouveau, je ne veux pas risquer nos vies dans un assaut mené contre un adversaire qui sait pertinemment que nous ne nous en tiendrons pas là et que nous frapperons à nouveau, aussi suis-je déterminé à employer les grands moyens.
- Tu vas utiliser ton cercle des éléments ?
- Non... depuis que je ne suis plus un vampire, je ne peux plus user d'une telle puissance tout seul. Il me faudrait un cercle de sorciers pour m'assister, et nous n'avons plus le temps. Non, je vais utiliser l'enchantement le plus puissant de la voûte interdite de l'université, et régler le problème une bonne fois pour toutes. De toute façon, je tenais à le voir disparaître, il est bien trop dangereux. L'usage qui pourrait en être fait entre de mauvaises mains me terrifie. Il suffit de l'étudier suffisamment longtemps pour le comprendre et le reproduire...
- Quel est son effet ?
Cédric regarde la forteresse volante, flottant dans un secteur isolé de ce monde étrange.
- C'est l'équivalent magique d'une bombe atomique.
- Ouch... Tu ne trouves pas que c'est un peu exagéré ?
- Si on se plante, nous mourrons tous, et vos enfants aussi, c'est ce que vous voulez ?
- Euh... dit Erynia, c'est quoi une bombe atomique ?
- Ça revient à ouvrir les portes de l'enfer pour tout anéantir.
- Vous n'allez pas faire ça !
- Si.
- Et tous ceux qui se trouvent là-dedans ?
- La forteresse entière sera anéantie.
Une idée me vient.
- Ced... viens voir une minute.
Nous nous éloignons tous deux, sous le regard intrigué voire vexé des autres.
- Je te connais, Ced. Tu as soif de savoir, de pouvoir, même si tu sais l'utiliser à bon escient. Mais je ne te vois pas laisser perdre un tel enchantement. Tu l'as étudié, j'en suis sûr.
- Tu me connais bien, dit-il après avoir hésité.
- Ta bombe, là... tu crois qu'elle marcherait contre le dragon ?
- Qu'est-ce que tu as en tête ? Tu es fou, tu as vu sa puissance ?
- De très près. Cet être surpuissant s'amuse cruellement avec les existences des gens... il est temps de lui donner une bonne leçon. Dès qu'il aura levé notre malédiction, tu devras le frapper.
- J'espère pour nous que ça suffira, car dans le cas contraire...
- Oui, j'en suis bien conscient. Mais tout ça doit cesser. Tout comme toi, j'en ai assez de tout ça, et j'ai mes propres mesures radicales à mettre en œuvre.
- Lesquelles ?
- Je vais détruire l'Harmonique grâce au Phœnix.
- Bonne idée. J'approuve totalement. Tous les nexus seraient anéantis et les mondes seront alors libres de l'influence des protecteurs. Enfin, en grande partie, vu qu'il y en a à peu près partout, mais ils n'auraient plus de soutien de leur monde d'origine.
- Bien. Décidé ?
- Oui... croisons les doigts.
Nous revenons auprès des autres, silencieux et déterminés.
- Eh bien, demande Finnadan, qu'avez-vous décidé ?
- Qu'on allait tout casser.
- Enfin une décision raisonnable, approuve-t-elle.
Jean, lui, est effaré.
- Vous n'allez quand même pas anéantir toute une forteresse, avec tous ceux qui sont à l'intérieur, pas seulement les gardes, mais les serviteurs, le personnel civil, juste pour tuer un seul homme !
- Tu as raison, mais que pouvons-nous faire d'autre ? Nous lancer à l'assaut ? Ils sont des centaines, bien équipés, bien défendus, et il ne nous reste que deux jours à vivre, nous et nos enfants. Alors ?
- Maudit soit ce dragon...
- Tout à fait d'accord.
Jean soupire.
- Pourrons-nous assumer ce que nous allons faire ?
- S'il s'était terré près d'une ville, je n'aurais pas pu, crois-moi.
- Ça ne change pas grand-chose au problème... Quand nous avons attaqué le nexus de la terre, il y a vingt-cinq ans, nous avons épargné les gardes de la ville.
- Nous n'avons pas le choix, cette fois-ci...
- L'enfer est pavé de bonnes intentions. Et je suis sûr que la majeure partie de ces pavés portent la mention « c'était pour les enfants... »
Jean me fait très mal, car il a terriblement raison... mais Ced et moi préparons au responsable de tout ceci une surprise à la hauteur de ce qu'il nous a fait faire.
- Allons-y... finissons-en une bonne fois pour toutes.
Ced fait apparaître dans sa main une sphère luminescente qui se contracte lentement, devenant de plus en plus éclatante, tandis qu'un bourdonnement sourd se fait entendre. Puis la sphère éclate comme une bulle de savon.
Plop
- Hum... c'est tout ?
- J'ai raté le sort, désolé... je recommence.
Nouvel éclat de lumière, nouvelle contraction, l'éclat devient insoutenable...
Pouf
- Raaah !
Je commence à m'inquiéter, tout ce que ce sort pourrait faire contre le dragon, c'est le faire mourir de rire. Remarque que ça vaut le coup d'être tenté...
Pouf
- J'y arriverai, juste un peu de patience... c'est un sort très complexe qui est né d'une erreur, il faut que j'accepte mentalement cette erreur et que je ne la corrige pas automatiquement.
- Je vais t'y aider, dis-je. Ouvre-moi ton esprit...
Je plonge dans le processus mental complexe du lancement du sortilège, et interviens au bon moment pour éviter l'échec, empêchant des réflexes nés d'un long entraînement d'altérer la formation de l'enchantement. La sphère rétrécit pour arriver à la taille d'une bille et s'éteint.
- Je vais laisser celle-là de côté... Recommençons.
Une deuxième bille apparaît dans sa main grâce à nos pouvoirs conjugués.
- Je le savais, dit Cédric, il y a un potentiel incroyable dans l'usage combiné des pouvoirs de Magnos et de la magie.
- Cette petite bille de rien du tout est capable de détruire cette forteresse ?
- Oh, que oui... C'est le résultat d'une magie erronée, déviante, qui n'aurait jamais dû pouvoir fonctionner. C'est... c'est une magie interdite.
- Vu sa puissance, je comprends qu'elle le soit.
- Non, ce n'est pas ça... en magie, tout est basé sur l'équilibre. Pour un acte magique, il y a un coût à payer, que ce soit du mana, de la force vitale, ou des composants comme une gemme ou une plume ou tout ce que vous voudrez. Le prix compense l'acte, l'altération qui est faite au monde qui nous entoure est payée, et l'équilibre est donc respecté. Mais c'est le lanceur du sort qui paie ce prix. Dans la magie interdite, le lanceur ne paie aucun prix... parce que c'est la cible du sort qui la paie, ce qui renforce dramatiquement l'effet destructeur du sort. Il traversera ainsi toutes les défenses magiques sur son chemin car il en absorbera l'énergie pour compenser l'altération, mais vu la puissance générale de ces sorts, ce n'est évidemment pas suffisant. Parfois... même la cible n'a pas assez de sa vie pour compenser, et là, il y a retour de flamme, le lanceur peut être brûlé. Ou tué. Quiconque use de magie interdite est traqué par les autres mages, au nom de la Lumière, aussi vous demanderai-je de ne plus jamais en parler.
Se concentrant, il lève la bille devant ses yeux, puis la lance vers la forteresse. Elle ne cesse d'accélérer, attirée par la nécessité de compenser l'altération qu'elle représente, et même si sa cible pouvait fuir, elle ne la sèmerait jamais.
Nous regardons longtemps la citadelle, sans voir aucun changement.
- Contact ! Dit Cédric, qui nous téléporte aussitôt très en retrait. Nous avons l'impression qu'une nouvelle étoile est née en Æstys. Nous la voyons de très loin, et pourtant, nous avons du mal à la fixer tant elle est éclatante.
- J'espère que l'empereur y était...
- C'est le cas, dit la voix du dragon. Là, vous m'épatez.
Nous nous tournons vers lui.
- Je n'imaginais pas que vous emploieriez des moyens aussi radicaux. Ni aussi... redoutables.
- Ça traînait dans une salle interdite de l'université des arcanes, je me suis dit que cet enchantement devait disparaître à jamais.
- Bien, très bien en effet... soit, je dois dire que je ne m'attendais pas à être agréablement surpris par vous, aussi serai-je magnanime. Je lève la malédiction.
- Et nos enfants ?
- C'est levé également.
Le froid qui pesait sur nos âmes disparaît, remplacé par une chaleur réconfortante, celle de l'espoir. Maintenant...
- Puissant dragon, dit Cédric, pouvez-vous devenir le gardien de ce terrible enchantement de domination ? L'université n'est pas un lieu assez sûr pour lui, vous seul pourriez en interdire l'usage à jamais.
- Vous imaginez peut-être que je vais prendre ceci comme ça ? J'ai été piégé une fois, je ne le serai pas une deuxième fois.
- Vérifiez par vous-même, dit-il en sortant un foulard bleu nuit de sa poche.
Je constate qu'il est tissé de runes dorées qui semblent se tortiller, attirant le regard et tentant de l'y perdre. Cédric secoue le tissu pour me libérer de son effet et je détourne le regard.
- Pas assez puissant pour m'affecter, dit le dragon, et je ne détecte rien de suspect... mais son potentiel est en effet redoutable, ne demandant qu'à être libéré... donne-le moi, j'en ferai bon usage...
- Usage ?
- Je voulais dire que j'en prendrai bien soin. Allez.
Cédric replie le foulard et le tend au dragon. Puis nous téléporte loin, très loin.
Le dragon nous voit disparaître et jette le foulard, puis découvre la bille qui en est tombée et s'est collée à sa paume. Elle s'y enfonce, dévorant sa chair. Déployant tout son pouvoir, il reprend sa forme initiale, protégeant son corps de dures écailles. Mais la sphère continue à s'enfoncer, drainant son énergie vitale, sa magie, sa chair, se fore un chemin à travers son poignet... L'être surpuissant connaît alors la peur, il tente de mobiliser son pouvoir pour trancher son bras avant qu'il ne soit trop tard, mais la sphère draine aussitôt l'énergie du sortilège. Il enfonce alors ses griffes dans son bras, mais sa peau est trop épaisse, trop résistante... il en est encore à chercher une solution lorsqu'il est anéanti par une terrible explosion.
- De la prestidigitation ? Ne me dis pas que le plus grand archimage d'Outremonde a utilisé un tour de passe-passe avec un foulard et une bille ?
- Ça a a marché, non ? C'est tout ce qui importe. Les mondes se porteront bien mieux sans lui.
- Ça, c'est clair. Il l'a plus que mérité...
- Erynia, tu es maintenant libre. Merci d'avoir tant fait pour nous aider.
- Merci à vous ! Je regrette vraiment de vous avoir embarqué dans tout ça, et avec quelles conséquences ! Je vous remercie de tout cœur pour votre compréhension et votre aide.
- Tu t'en sortiras ?
- Rien d'insurmontable. Vous en avez assez fait pour moi. Je me charge de reprendre en main mon empire. Rentrez chez vous et retrouvez vos enfants, vous l'avez bien mérité.
- Adieu, Erynia. Bon courage et bonne chance.
- Vous ne reviendrez pas nous voir ? Je peux vous laisser un diapason.
- Nous allons sceller tous les nexus, pour le bien de tous les mondes.
- Après ce que j'ai vu... je peux le comprendre. Je crois de toute façon que mon père m'avait envoyé rouvrir le nexus de la Terre plus pour m'éloigner des intrigues de la cour que pour une bonne raison. Adieu, alors. Vous me manquerez, dit-elle avant de nous serrer tour à tour dans ses bras.
Puis elle utilise son diapason pour ouvrir un portail nous renvoyant chez nous.
Le salon donne l'impression qu'une tornade s'y est déchaînée.
- Thibault ! Stephan ! Thomas !
Pas de réponse...
- Oh, non, encore...
- Je vais les tuer, dit Finna.
- Tu es sûr de toi ? Demande Cédric.
- Tout à fait, dit Erynia. C'est dans cette puissante forteresse qu'il s'est retranché.
- Très bien... bon. Écoutez-moi bien, j'en ai assez de toute cette histoire. Je ne veux pas qu'il s'échappe de nouveau, je ne veux pas risquer nos vies dans un assaut mené contre un adversaire qui sait pertinemment que nous ne nous en tiendrons pas là et que nous frapperons à nouveau, aussi suis-je déterminé à employer les grands moyens.
- Tu vas utiliser ton cercle des éléments ?
- Non... depuis que je ne suis plus un vampire, je ne peux plus user d'une telle puissance tout seul. Il me faudrait un cercle de sorciers pour m'assister, et nous n'avons plus le temps. Non, je vais utiliser l'enchantement le plus puissant de la voûte interdite de l'université, et régler le problème une bonne fois pour toutes. De toute façon, je tenais à le voir disparaître, il est bien trop dangereux. L'usage qui pourrait en être fait entre de mauvaises mains me terrifie. Il suffit de l'étudier suffisamment longtemps pour le comprendre et le reproduire...
- Quel est son effet ?
Cédric regarde la forteresse volante, flottant dans un secteur isolé de ce monde étrange.
- C'est l'équivalent magique d'une bombe atomique.
- Ouch... Tu ne trouves pas que c'est un peu exagéré ?
- Si on se plante, nous mourrons tous, et vos enfants aussi, c'est ce que vous voulez ?
- Euh... dit Erynia, c'est quoi une bombe atomique ?
- Ça revient à ouvrir les portes de l'enfer pour tout anéantir.
- Vous n'allez pas faire ça !
- Si.
- Et tous ceux qui se trouvent là-dedans ?
- La forteresse entière sera anéantie.
Une idée me vient.
- Ced... viens voir une minute.
Nous nous éloignons tous deux, sous le regard intrigué voire vexé des autres.
- Je te connais, Ced. Tu as soif de savoir, de pouvoir, même si tu sais l'utiliser à bon escient. Mais je ne te vois pas laisser perdre un tel enchantement. Tu l'as étudié, j'en suis sûr.
- Tu me connais bien, dit-il après avoir hésité.
- Ta bombe, là... tu crois qu'elle marcherait contre le dragon ?
- Qu'est-ce que tu as en tête ? Tu es fou, tu as vu sa puissance ?
- De très près. Cet être surpuissant s'amuse cruellement avec les existences des gens... il est temps de lui donner une bonne leçon. Dès qu'il aura levé notre malédiction, tu devras le frapper.
- J'espère pour nous que ça suffira, car dans le cas contraire...
- Oui, j'en suis bien conscient. Mais tout ça doit cesser. Tout comme toi, j'en ai assez de tout ça, et j'ai mes propres mesures radicales à mettre en œuvre.
- Lesquelles ?
- Je vais détruire l'Harmonique grâce au Phœnix.
- Bonne idée. J'approuve totalement. Tous les nexus seraient anéantis et les mondes seront alors libres de l'influence des protecteurs. Enfin, en grande partie, vu qu'il y en a à peu près partout, mais ils n'auraient plus de soutien de leur monde d'origine.
- Bien. Décidé ?
- Oui... croisons les doigts.
Nous revenons auprès des autres, silencieux et déterminés.
- Eh bien, demande Finnadan, qu'avez-vous décidé ?
- Qu'on allait tout casser.
- Enfin une décision raisonnable, approuve-t-elle.
Jean, lui, est effaré.
- Vous n'allez quand même pas anéantir toute une forteresse, avec tous ceux qui sont à l'intérieur, pas seulement les gardes, mais les serviteurs, le personnel civil, juste pour tuer un seul homme !
- Tu as raison, mais que pouvons-nous faire d'autre ? Nous lancer à l'assaut ? Ils sont des centaines, bien équipés, bien défendus, et il ne nous reste que deux jours à vivre, nous et nos enfants. Alors ?
- Maudit soit ce dragon...
- Tout à fait d'accord.
Jean soupire.
- Pourrons-nous assumer ce que nous allons faire ?
- S'il s'était terré près d'une ville, je n'aurais pas pu, crois-moi.
- Ça ne change pas grand-chose au problème... Quand nous avons attaqué le nexus de la terre, il y a vingt-cinq ans, nous avons épargné les gardes de la ville.
- Nous n'avons pas le choix, cette fois-ci...
- L'enfer est pavé de bonnes intentions. Et je suis sûr que la majeure partie de ces pavés portent la mention « c'était pour les enfants... »
Jean me fait très mal, car il a terriblement raison... mais Ced et moi préparons au responsable de tout ceci une surprise à la hauteur de ce qu'il nous a fait faire.
- Allons-y... finissons-en une bonne fois pour toutes.
Ced fait apparaître dans sa main une sphère luminescente qui se contracte lentement, devenant de plus en plus éclatante, tandis qu'un bourdonnement sourd se fait entendre. Puis la sphère éclate comme une bulle de savon.
Plop
- Hum... c'est tout ?
- J'ai raté le sort, désolé... je recommence.
Nouvel éclat de lumière, nouvelle contraction, l'éclat devient insoutenable...
Pouf
- Raaah !
Je commence à m'inquiéter, tout ce que ce sort pourrait faire contre le dragon, c'est le faire mourir de rire. Remarque que ça vaut le coup d'être tenté...
Pouf
- J'y arriverai, juste un peu de patience... c'est un sort très complexe qui est né d'une erreur, il faut que j'accepte mentalement cette erreur et que je ne la corrige pas automatiquement.
- Je vais t'y aider, dis-je. Ouvre-moi ton esprit...
Je plonge dans le processus mental complexe du lancement du sortilège, et interviens au bon moment pour éviter l'échec, empêchant des réflexes nés d'un long entraînement d'altérer la formation de l'enchantement. La sphère rétrécit pour arriver à la taille d'une bille et s'éteint.
- Je vais laisser celle-là de côté... Recommençons.
Une deuxième bille apparaît dans sa main grâce à nos pouvoirs conjugués.
- Je le savais, dit Cédric, il y a un potentiel incroyable dans l'usage combiné des pouvoirs de Magnos et de la magie.
- Cette petite bille de rien du tout est capable de détruire cette forteresse ?
- Oh, que oui... C'est le résultat d'une magie erronée, déviante, qui n'aurait jamais dû pouvoir fonctionner. C'est... c'est une magie interdite.
- Vu sa puissance, je comprends qu'elle le soit.
- Non, ce n'est pas ça... en magie, tout est basé sur l'équilibre. Pour un acte magique, il y a un coût à payer, que ce soit du mana, de la force vitale, ou des composants comme une gemme ou une plume ou tout ce que vous voudrez. Le prix compense l'acte, l'altération qui est faite au monde qui nous entoure est payée, et l'équilibre est donc respecté. Mais c'est le lanceur du sort qui paie ce prix. Dans la magie interdite, le lanceur ne paie aucun prix... parce que c'est la cible du sort qui la paie, ce qui renforce dramatiquement l'effet destructeur du sort. Il traversera ainsi toutes les défenses magiques sur son chemin car il en absorbera l'énergie pour compenser l'altération, mais vu la puissance générale de ces sorts, ce n'est évidemment pas suffisant. Parfois... même la cible n'a pas assez de sa vie pour compenser, et là, il y a retour de flamme, le lanceur peut être brûlé. Ou tué. Quiconque use de magie interdite est traqué par les autres mages, au nom de la Lumière, aussi vous demanderai-je de ne plus jamais en parler.
Se concentrant, il lève la bille devant ses yeux, puis la lance vers la forteresse. Elle ne cesse d'accélérer, attirée par la nécessité de compenser l'altération qu'elle représente, et même si sa cible pouvait fuir, elle ne la sèmerait jamais.
Nous regardons longtemps la citadelle, sans voir aucun changement.
- Contact ! Dit Cédric, qui nous téléporte aussitôt très en retrait. Nous avons l'impression qu'une nouvelle étoile est née en Æstys. Nous la voyons de très loin, et pourtant, nous avons du mal à la fixer tant elle est éclatante.
- J'espère que l'empereur y était...
- C'est le cas, dit la voix du dragon. Là, vous m'épatez.
Nous nous tournons vers lui.
- Je n'imaginais pas que vous emploieriez des moyens aussi radicaux. Ni aussi... redoutables.
- Ça traînait dans une salle interdite de l'université des arcanes, je me suis dit que cet enchantement devait disparaître à jamais.
- Bien, très bien en effet... soit, je dois dire que je ne m'attendais pas à être agréablement surpris par vous, aussi serai-je magnanime. Je lève la malédiction.
- Et nos enfants ?
- C'est levé également.
Le froid qui pesait sur nos âmes disparaît, remplacé par une chaleur réconfortante, celle de l'espoir. Maintenant...
- Puissant dragon, dit Cédric, pouvez-vous devenir le gardien de ce terrible enchantement de domination ? L'université n'est pas un lieu assez sûr pour lui, vous seul pourriez en interdire l'usage à jamais.
- Vous imaginez peut-être que je vais prendre ceci comme ça ? J'ai été piégé une fois, je ne le serai pas une deuxième fois.
- Vérifiez par vous-même, dit-il en sortant un foulard bleu nuit de sa poche.
Je constate qu'il est tissé de runes dorées qui semblent se tortiller, attirant le regard et tentant de l'y perdre. Cédric secoue le tissu pour me libérer de son effet et je détourne le regard.
- Pas assez puissant pour m'affecter, dit le dragon, et je ne détecte rien de suspect... mais son potentiel est en effet redoutable, ne demandant qu'à être libéré... donne-le moi, j'en ferai bon usage...
- Usage ?
- Je voulais dire que j'en prendrai bien soin. Allez.
Cédric replie le foulard et le tend au dragon. Puis nous téléporte loin, très loin.
Le dragon nous voit disparaître et jette le foulard, puis découvre la bille qui en est tombée et s'est collée à sa paume. Elle s'y enfonce, dévorant sa chair. Déployant tout son pouvoir, il reprend sa forme initiale, protégeant son corps de dures écailles. Mais la sphère continue à s'enfoncer, drainant son énergie vitale, sa magie, sa chair, se fore un chemin à travers son poignet... L'être surpuissant connaît alors la peur, il tente de mobiliser son pouvoir pour trancher son bras avant qu'il ne soit trop tard, mais la sphère draine aussitôt l'énergie du sortilège. Il enfonce alors ses griffes dans son bras, mais sa peau est trop épaisse, trop résistante... il en est encore à chercher une solution lorsqu'il est anéanti par une terrible explosion.
- De la prestidigitation ? Ne me dis pas que le plus grand archimage d'Outremonde a utilisé un tour de passe-passe avec un foulard et une bille ?
- Ça a a marché, non ? C'est tout ce qui importe. Les mondes se porteront bien mieux sans lui.
- Ça, c'est clair. Il l'a plus que mérité...
- Erynia, tu es maintenant libre. Merci d'avoir tant fait pour nous aider.
- Merci à vous ! Je regrette vraiment de vous avoir embarqué dans tout ça, et avec quelles conséquences ! Je vous remercie de tout cœur pour votre compréhension et votre aide.
- Tu t'en sortiras ?
- Rien d'insurmontable. Vous en avez assez fait pour moi. Je me charge de reprendre en main mon empire. Rentrez chez vous et retrouvez vos enfants, vous l'avez bien mérité.
- Adieu, Erynia. Bon courage et bonne chance.
- Vous ne reviendrez pas nous voir ? Je peux vous laisser un diapason.
- Nous allons sceller tous les nexus, pour le bien de tous les mondes.
- Après ce que j'ai vu... je peux le comprendre. Je crois de toute façon que mon père m'avait envoyé rouvrir le nexus de la Terre plus pour m'éloigner des intrigues de la cour que pour une bonne raison. Adieu, alors. Vous me manquerez, dit-elle avant de nous serrer tour à tour dans ses bras.
Puis elle utilise son diapason pour ouvrir un portail nous renvoyant chez nous.
Le salon donne l'impression qu'une tornade s'y est déchaînée.
- Thibault ! Stephan ! Thomas !
Pas de réponse...
- Oh, non, encore...
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