Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays, terminé)

[inny-2]

Stephan : Une âme perdue

Ced nous téléporte dans une vaste caverne afin de pouvoir opérer en toute tranquillité. D'après ce que j'ai compris, elle lui sert de lieu d'expérimentation, quelque part dans la montagne qui s'élève à l'extrémité est de l'île d'Alanum, siège de l'université des arcanes.
Nous sommes bien loin de chez nous...
Un cercle orné de runes est gravé sur le sol, Cédric demande à Finna d'y poser l'urne, ce qu'elle fait.
Lud et Marc sont plutôt intrigués par la manœuvre... surtout quand Ced se met à incanter, ce qui embrase le cercle d'une lueur violacée. De petites flammèches de pur mana crépitent par moments au-dessus d'une rune ou d'une autre.
- Bien, quelques explications à donner, puis tu pourras appeler Askash.
- À quoi rime ceci ?
- À nous permettre de le calmer lorsqu'il sera revenu parmi nous... Thibault est devenu un mort-vivant en mourant... Une âme en peine, plus précisément. Il s'est donné un objectif, puis un autre, et encore un autre, afin de se maintenir sur ce monde, car s'il décidait qu'il n'a plus rien à faire, il rejoindrait la Lumière. Le problème, c'est que cet état, qui est tout sauf naturel, l'affecte sans qu'il s'en rende compte. Il devient obsédé par la mission à accomplir, et ne recule devant rien. Plus rien n'a d'importance... Telle est la malédiction de l'âme en peine. Sa volonté était forte, mais le seul fait qu'il nous ait attaqué en lançant un sort meurtrier au beau milieu de notre groupe sans même s'expliquer est caractéristique de ce fait.

- C'était Thibault ?! Et on l'a tué... Oh, non...
- Vous n'avez tué que le corps dont il avait pris possession... lui est toujours, euh, là. Quand j'ai compris ce qui s'était passé, j'ai lancé sur Philippe un sort très complexe qui le rend invisible aux esprits. Thibault ne peut plus l'atteindre, la seule façon pour lui de continuer, c'est d'accepter de revenir en ce monde, et pour ce faire, il lui faut entrer dans le cercle. Il nous écoute, en ce moment même...
Les flammes crépitent de plus belle, et prennent une teinte verte.
- Il y est, l'âme et les cendres sont réunies, à toi de jouer, Lud, ramène-le à la vie... et à la raison. Et ne le blâmez pas pour ce qu'il a fait... Il n'était plus lui-même... il lui faudra du temps pour se remettre de ce qu'il a dû traverser. Mais n'oubliez pas qu'il nous a ramené la flûte, portant par là même un coup terrible à nos ennemis.
- Je me moque de nos ennemis, là... Je veux juste retrouver mon fils, dit Jean.
Lud porte la flûte à ses lèvres et joue une mélodie envoûtante. Rien ne se passe pendant un bon moment, puis une vive lueur émane d'un puits dans le plafond, d'où émerge le fabuleux oiseau de feu. Il se laisse tomber au-dessus du cercle, qui disparaît dans une vague de flammes, puis le Phœnix repart par le même chemin.

Je reste soufflé par la magnificence de l'être, et tout autant de voir les flammes s'éteindre d'un coup, laissant apparaître le corps de Thibault, tel qu'il était lorsqu'il est mort. Il reste immobile, tandis que nous nous approchons du cercle, qui crépite dangereusement pour nous avertir de ne pas le traverser.
Il ouvre les yeux, inspirant, puis se relevant... il nous regarde sans sembler nous reconnaître, cherchant... puis s'arrêtant sur Philippe, qu'il peut désormais voir.
Il lance un sort aussitôt, mais il se brise sur le cercle runique. Il lève alors un regard vers nous...
- Arrête, Thib. Ce n'est plus la peine.
- C'est un traître ! Il a été envoyé par un des seigneurs à la tête des protecteurs !
- Hein ? Dit Philippe, éberlué.
- Nous le savons, dit Cédric... nous avons retiré son conditionnement, mais il ne se souvient plus de rien.
- Quoi ?
- Je suis désolé que tu l'apprennes comme ça, Phil... Ceci dit, tu ne nous as causé aucun tort, bien au contraire, nos ennemis se mordent les doigts de t'avoir utilisé.

J'ai mal pour lui... mais c'est Thibault qui m'inquiète. Il a l'air perdu, ne sachant pas quoi faire, quoi décider. Est-il resté trop longtemps un mort-vivant, ne peut-il plus revenir à la raison ? Cette idée m'effraie.
- Qu'est-ce que j'ai fait... je... je suis désolé...
Je soupire de soulagement. Il est revenu... et je le vois s'effondrer en pleurant.
Le cercle s'éteint alors, et nous nous précipitons vers lui pour le relever et le serrer contre nous.
- Thib, je ne t'en veux pas, tu n'étais plus toi-même ! Thib... je te pardonne !
- Je... je ne me le pardonnerai jamais, moi ! Je t'ai tué... comment peux-tu seulement dire ça ?
- Parce que je le pense.
Je dois batailler ferme avec ses parents, mais je finis par l'avoir pour moi et le serrer dans mes bras. Alors, seulement, il semble me croire, et me serre fortement contre lui.
- Je t'aime, lui dis-je à l'oreille.
Et c'est vrai. Je ne réfléchis même pas au fait d'être mort à cause de lui. Après tout, je suis de nouveau en vie, et je compte bien profiter pleinement de cette nouvelle chance.

Il garde longuement sa tête sur mon épaule, celui que j'ai aimé et perdu... celui qu'enfin, je peux serrer dans mes bras. Lorsqu'il se redresse, enfin, j'essuie ses larmes sur son visage, amenant un faible sourire sur ses lèvres.
- Je ne suis pas digne de toi, dit-il.
- Tu plaisantes ou quoi ? Si tu savais par quoi on a pu passer alors qu'on était à ta recherche, ce n'est pas pour t'abandonner ! Alors, je ne veux plus entendre parler de ce qui s'est passé. L'important c'est que je t'ai enfin retrouvé.
- Je crois qu'il ne guérira pas aussi vite ailleurs que dans les bras de Stephan, commente Jean à l'intention de Finnadan. Mieux vaut les laisser ensemble. Je crois qu'on peut repartir, Ced ?
- Oui, en effet.
Nous réapparaissons tous à notre point de départ. Je tiens toujours mon amour dans mes bras, et c'est à regret que je l'en libère... temporairement.
Faisant un tour de mes amis et parents, je tombe sur Thomas, qui fait grise mine...