Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays, terminé)

[inny-2]

Thomas : Un frère perdu

Je ne sais combien de temps s'est écoulé depuis notre retour à la maison. Je crois que j'ai dormi, mais je ne peux pas l'affirmer avec certitude. Toute mon existence se centre sur la douleur que je ressens, tant à avoir perdu Thibault que d'avoir été trompé si cruellement.
Si Stephan n'était pas là, je ne sais à quel point j'aurais sombré. Mais nous nous soutenons mutuellement, partageant notre douleur et nous réconfortant mutuellement. Je ne veux pas perdre mon amour aussi. Je dois être fort pour lui, et j'ai l'impression que lui aussi fait des efforts, pour moi. Ça me touche beaucoup.
En ce moment, il regarde par la fenêtre, le temps est pluvieux, en accord avec notre humeur. Les autres discutent dans la pièce d'à côté, j'entends Erynia expliquer que le vieux localisateur ne fonctionnera qu'une seule fois avant de tomber en poussière. Il faudra être prêts.
Évidemment, nous serons laissés en arrière, et de toute façon, seuls Ludvik, Marc et Cédric partiront.
Reportant mon attention sur mon amour, je le vois se retourner vers moi, puis me faire signe de sortir.
Je le suis dehors, et il se tourne vers moi.

- Thomas... qu'en penses-tu ?
- Euh, de quoi ? Leur départ pour retrouver ton oncle ?
- Quoi ? Non, je parle de Thibault.
- Thibault ? À quel propos ?
- Écoute... ça me paraît invraisemblable. C'était lui qui était avec nous, j'en suis sûr, il n'a pas pu nous abuser ainsi ! Cette ombre nous a menti.
- Je... je dois dire que je pense la même chose, mais peut-être est-ce parce que nous refusons d'y croire... que nous refusons sa perte.
- Mais je refuse cette perte, et ne me dis pas que tu en fais autant !
- Non... je n'ai pas accepté, je ne peux pas, j'ai moi aussi l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans cette histoire, mais que pourrait-on faire ? Rien, hélas.
- Je...

Il regarde autour de lui avant de continuer.
- Je veux retourner là-bas.
- Quoi ?!
- Chut !
- Mais ça va pas ou quoi ? Après tout ce qu'on a traversé ?
- On se préparera.
- Jamais Cédric n'acceptera.
- On demandera à Urdil, le maître de Thibault.
- Et tu crois qu'il va accepter de nous envoyer là-bas ?
- Il le faudra bien. J'irai seul, s'il le faut, même si je dois construire le fameux ballon dont parlait Thibault.
- Tu ne vas pas bien, Stephan. C'est de la folie.
- Je ne peux pas penser autrement, Thomas.
- Pfff... Je ne...
Je m'interrompt en voyant à quel point il est déterminé.
J'ai moi aussi le sentiment que quelque chose ne va pas, et j'ai moi aussi envie d'y retourner.

- D'accord, mais je viens avec toi. Et ce n'est pas négociable.
- Merci, Thomas.
- Eh. On est ensemble, non ? Rien ne viendra nous séparer.
Stephan me regarde intensément, faisant battre mon cœur. Je le serre dans mes bras et lui dis tout bas :
- On le retrouvera, je te le promets.
- Oui !
Nous nous embrassons, scellant notre pacte par un baiser dans lequel nous puisons bien des forces. Plus question de nous laisser aller à l'abattement, maintenant que nous avons décidé d'agir. Lorsque nous bouches se séparent, nous discutons de tout ce dont nous allons avoir besoin, puis nous séparons pour rassembler notre équipement. Nous nous devons d'être discrets. Jamais nos parents n'approuveraient, oh que non !

Le soir  venu, nous assistons à l'utilisation du localisateur par Erynia. Une main posée sur le front de Ludvik, qui se concentre sur son frère, et l'autre sur celui de Cédric, qui se prépare à téléporter tout le monde, elle a le regard fixé sur une sphère cristalline emprisonnée dans un treillage d'or. La sphère réagit, s'illuminant, puis se désintègre. Je remarque son expression étonnée, et celle de Cédric. Ils se regardent tous les deux.
- En Outremonde ?
- Étonnant, mais le localisateur ne se trompe jamais.
- Allons-y.
Ils disparaissent brusquement.
Cette nuit, nous en ferons autant, si la Lumière le veut.