27-11-2021, 10:34 PM
Thibault : Renaissance
Quatre jours de progression constante, en évitant de nous montrer, ont fini par nous rassurer. Nous ne sommes apparemment pas poursuivis. Mais nos ressources s'épuisent à mesure que nous nous enfonçons dans le cœur du royaume, les terres sauvages laissant place à des champs puis à des réseaux de bourgs et villages annexes de plus en plus denses. Nous notons aussi un nombre étonnant de forteresses. Quel est leur utilité ? Je regrette de ne plus avoir accès à la mémoire de l'inquisitrice...
Nous avons observé les habitants, et constaté que nos vêtements, même s'ils étaient propres et en état, ne correspondent en rien avec les leurs.
- Il va falloir nous en procurer si on veut passer inaperçus.
- Et nous n'avons rien pour les acheter, ni même pour les troquer, après le pillage fait par les soldats. On n'a pas pris le temps de récupérer nos affaires...
- Ça aurait attiré l'attention.
Thomas répète à Stephan ce que je lui ai dit. J'enrage de ne plus avoir de corps à moi, mais je ne vais certainement pas voler le contrôle de celui de mon frère.
Stephan baisse la tête et s'assoit à l'écart, se désintéressant brusquement de tout. Ça commence à m'inquiéter. Il a reçu des chocs sans interruption ces derniers temps, et je crains que son esprit soit sur le point de craquer. J'en fais part à Thomas.
- Tu as raison, ça m'inquiète aussi, il est plus sensible que je ne l'imaginais...
- Tu serais dans quel état, toi, si celle que tu aimais par-dessus tout était morte sous tes yeux ?
- Pas terrible, tu as raison, mais que faire ? C'est à peine s'il m'écoute quand il est dans cet état. Et ça devient de pire en pire, et de plus en plus fréquent.
- On est en train de le perdre. Je t'en supplie, laisse-moi lui parler, le réconforter, ou tu vas finir par te retrouver seul...
- D'accord.
Je reprends les commandes, ayant obtenu son assentiment, et m'assoit à côté de Stephan.
- C'est moi, Thibault.
Pas de réaction. J'ai soudain peur, peur qu'il soit trop tard, et une douleur terrible serre ma poitrine. Je tends mes mains et tourne son regard vers moi.
- Je t'aime, Stephan. Je ne te quitterai pas. Je suis là, avec toi.
Rien. Même pas une étincelle dans ses yeux. C'est pire que je ne l'imaginais.
- Je dois faire quelque chose, Thomas, tu vois dans quel état il est ? C'est la pire crise qu'il ait jamais traversé, on n'a que trop tardé !
- Fais tout ce que tu peux. Je ne veux ni le perdre, ni te voir souffrir de sa perte.
- Merci ! J'ai vraiment un frère admirable.
- Allez, je regarde ailleurs.
Je rapproche mon visage de celui de Stephan, le regardant droit dans les yeux.
- Je t'aime, lui dis-je doucement. Je suis là.
Je pose sur ses lèvres un doux baiser, puis un deuxième, ressentant une émotion étrange, trouble, à ce contact. Mais Stephan réagit, d'abord faiblement, puis son regard se rive dans le mien, maintenant bien éveillé.
- C'est moi, Thib. Je t'aime.
- Je t'aime. Je t'aime...
Je l'embrasse de nouveau, doucement, ne voulant rien brusquer, et il répond cette fois, tout aussi doucement, puis, alors que je m'écarte, il pose une main sur ma nuque pour rappeler ma bouche vers la sienne, et c'est lui cette fois qui m'offre alors le plus passionné des baisers, et là, c'est... je ne trouve pas mes mots pour décrire ce que je ressens, c'est tout simplement merveilleux, nous nous serrons l'un contre l'autre, nos bouches soudées l'une à l'autre, nos cœurs battant fort. Puis, enfin, il pose sa tête sur mon épaule, pour sangloter, libérant enfin ce qu'il avait gardé en lui, toute sa souffrance. Ma main droite caressant son dos, la gauche posée sur son cou, je lui murmure des paroles de réconfort, d'amour, d'encouragement.
Je lui dis que rien n'est fini, notre amour est plus fort que la mort, et qu'ensemble, nous réussirons, mais que j'ai besoin de lui, de sa force.
Lorsqu'enfin il cesse de pleurer, il reste un moment encore contre moi avant de s'écarter et de me regarder. J'essuie ses larmes d'une main caressante sur ses joues. Il sourit. Enfin. Je me perds dans son regard. Plus rien n'existe. Nous nous embrassons de nouveau,quel bonheur, j'ai tout oublié, oublié que ce n'est pas mon corps, oublié où nous sommes, je le repousse doucement vers le sol, sur lequel nous nous enlaçons.
Des années. Des années perdues à hésiter ou à repousser nos sentiments, mais là, ce soir, c'est comme si nos désirs voulaient rattraper le temps perdu. Je couvre son visage de baisers, puis son cou, le faisant doucement gémir, avant qu'il ne me rende la pareille. Quel bonheur...
Tandis que les étoiles commencent à apparaître dans le ciel, je prends conscience que plus rien ne sera comme avant. Nous sommes enfin dans les bras l'un de l'autre, nous étant avoué notre amour, tant l'un à l'autre qu'à nous-même.
La nuit qui tombe sur nous est notre nuit, celle aussi d'une renaissance, Stephan, mon amour, ayant rejeté la chape de tristesse qui dévorait son âme, et alors que les ténèbres nous masquent l'un à l'autre, rien ne vient affaiblir la passion qui nous unit, de plus en plus forte.
Le lendemain, j'ouvre les yeux, ou plutôt, c'est Thomas, qui a repris le contrôle pendant notre sommeil.
- Ça va ?
- Oui. Je crois que je n'ai pas besoin de te poser la question...
- Euh, oui... mais, euh...
- Pas de souci... Je suis... ému. Oui, c'est le mot.
- Tu n'as pas été, euh, gêné ?
- J'ai ressenti ce que tu vivais aussi fortement et intensément que toi, et c'était une expérience extraordinaire. Je n'ai pas été amoureux, pas encore, pas à ce point. C'est magnifique.
- Je suis content que tu le prennes aussi bien... c'est incroyable tout ce que tu acceptes pour moi.
- Eh, que ne ferais-je pour mon petit frère ?
- Euh, quand on était à la maison, on était plutôt amicalement rivaux.
- Oui, mais tu me vois expliquer à maman que je t'ai perdu ?
- Oups, oui, je crois qu'elle te tuerait sur place.
- Douloureusement.
- C'est pas à cause de maman que tu fais ça pour moi, hein ?
- Tss... bon, il est temps de réveiller ton amour.
Quatre jours de progression constante, en évitant de nous montrer, ont fini par nous rassurer. Nous ne sommes apparemment pas poursuivis. Mais nos ressources s'épuisent à mesure que nous nous enfonçons dans le cœur du royaume, les terres sauvages laissant place à des champs puis à des réseaux de bourgs et villages annexes de plus en plus denses. Nous notons aussi un nombre étonnant de forteresses. Quel est leur utilité ? Je regrette de ne plus avoir accès à la mémoire de l'inquisitrice...
Nous avons observé les habitants, et constaté que nos vêtements, même s'ils étaient propres et en état, ne correspondent en rien avec les leurs.
- Il va falloir nous en procurer si on veut passer inaperçus.
- Et nous n'avons rien pour les acheter, ni même pour les troquer, après le pillage fait par les soldats. On n'a pas pris le temps de récupérer nos affaires...
- Ça aurait attiré l'attention.
Thomas répète à Stephan ce que je lui ai dit. J'enrage de ne plus avoir de corps à moi, mais je ne vais certainement pas voler le contrôle de celui de mon frère.
Stephan baisse la tête et s'assoit à l'écart, se désintéressant brusquement de tout. Ça commence à m'inquiéter. Il a reçu des chocs sans interruption ces derniers temps, et je crains que son esprit soit sur le point de craquer. J'en fais part à Thomas.
- Tu as raison, ça m'inquiète aussi, il est plus sensible que je ne l'imaginais...
- Tu serais dans quel état, toi, si celle que tu aimais par-dessus tout était morte sous tes yeux ?
- Pas terrible, tu as raison, mais que faire ? C'est à peine s'il m'écoute quand il est dans cet état. Et ça devient de pire en pire, et de plus en plus fréquent.
- On est en train de le perdre. Je t'en supplie, laisse-moi lui parler, le réconforter, ou tu vas finir par te retrouver seul...
- D'accord.
Je reprends les commandes, ayant obtenu son assentiment, et m'assoit à côté de Stephan.
- C'est moi, Thibault.
Pas de réaction. J'ai soudain peur, peur qu'il soit trop tard, et une douleur terrible serre ma poitrine. Je tends mes mains et tourne son regard vers moi.
- Je t'aime, Stephan. Je ne te quitterai pas. Je suis là, avec toi.
Rien. Même pas une étincelle dans ses yeux. C'est pire que je ne l'imaginais.
- Je dois faire quelque chose, Thomas, tu vois dans quel état il est ? C'est la pire crise qu'il ait jamais traversé, on n'a que trop tardé !
- Fais tout ce que tu peux. Je ne veux ni le perdre, ni te voir souffrir de sa perte.
- Merci ! J'ai vraiment un frère admirable.
- Allez, je regarde ailleurs.
Je rapproche mon visage de celui de Stephan, le regardant droit dans les yeux.
- Je t'aime, lui dis-je doucement. Je suis là.
Je pose sur ses lèvres un doux baiser, puis un deuxième, ressentant une émotion étrange, trouble, à ce contact. Mais Stephan réagit, d'abord faiblement, puis son regard se rive dans le mien, maintenant bien éveillé.
- C'est moi, Thib. Je t'aime.
- Je t'aime. Je t'aime...
Je l'embrasse de nouveau, doucement, ne voulant rien brusquer, et il répond cette fois, tout aussi doucement, puis, alors que je m'écarte, il pose une main sur ma nuque pour rappeler ma bouche vers la sienne, et c'est lui cette fois qui m'offre alors le plus passionné des baisers, et là, c'est... je ne trouve pas mes mots pour décrire ce que je ressens, c'est tout simplement merveilleux, nous nous serrons l'un contre l'autre, nos bouches soudées l'une à l'autre, nos cœurs battant fort. Puis, enfin, il pose sa tête sur mon épaule, pour sangloter, libérant enfin ce qu'il avait gardé en lui, toute sa souffrance. Ma main droite caressant son dos, la gauche posée sur son cou, je lui murmure des paroles de réconfort, d'amour, d'encouragement.
Je lui dis que rien n'est fini, notre amour est plus fort que la mort, et qu'ensemble, nous réussirons, mais que j'ai besoin de lui, de sa force.
Lorsqu'enfin il cesse de pleurer, il reste un moment encore contre moi avant de s'écarter et de me regarder. J'essuie ses larmes d'une main caressante sur ses joues. Il sourit. Enfin. Je me perds dans son regard. Plus rien n'existe. Nous nous embrassons de nouveau,quel bonheur, j'ai tout oublié, oublié que ce n'est pas mon corps, oublié où nous sommes, je le repousse doucement vers le sol, sur lequel nous nous enlaçons.
Des années. Des années perdues à hésiter ou à repousser nos sentiments, mais là, ce soir, c'est comme si nos désirs voulaient rattraper le temps perdu. Je couvre son visage de baisers, puis son cou, le faisant doucement gémir, avant qu'il ne me rende la pareille. Quel bonheur...
Tandis que les étoiles commencent à apparaître dans le ciel, je prends conscience que plus rien ne sera comme avant. Nous sommes enfin dans les bras l'un de l'autre, nous étant avoué notre amour, tant l'un à l'autre qu'à nous-même.
La nuit qui tombe sur nous est notre nuit, celle aussi d'une renaissance, Stephan, mon amour, ayant rejeté la chape de tristesse qui dévorait son âme, et alors que les ténèbres nous masquent l'un à l'autre, rien ne vient affaiblir la passion qui nous unit, de plus en plus forte.
Le lendemain, j'ouvre les yeux, ou plutôt, c'est Thomas, qui a repris le contrôle pendant notre sommeil.
- Ça va ?
- Oui. Je crois que je n'ai pas besoin de te poser la question...
- Euh, oui... mais, euh...
- Pas de souci... Je suis... ému. Oui, c'est le mot.
- Tu n'as pas été, euh, gêné ?
- J'ai ressenti ce que tu vivais aussi fortement et intensément que toi, et c'était une expérience extraordinaire. Je n'ai pas été amoureux, pas encore, pas à ce point. C'est magnifique.
- Je suis content que tu le prennes aussi bien... c'est incroyable tout ce que tu acceptes pour moi.
- Eh, que ne ferais-je pour mon petit frère ?
- Euh, quand on était à la maison, on était plutôt amicalement rivaux.
- Oui, mais tu me vois expliquer à maman que je t'ai perdu ?
- Oups, oui, je crois qu'elle te tuerait sur place.
- Douloureusement.
- C'est pas à cause de maman que tu fais ça pour moi, hein ?
- Tss... bon, il est temps de réveiller ton amour.
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