25-10-2021, 10:09 PM
Bonus 2
- Mais oui, tu es parfait, Ludvik, me dit Anna.
- C'est que je ne veux pas être humilié par un accroc oublié ou...
- Tu te moques de moi, hein, dit-elle en riant. Je me suis personnellement occupée de tes vêtements, et ils sont parfaits, alors enfile les, tu ne vas pas te mettre en retard, tout de même ?
- Ah, ça, non, pas question, dis-je en sautant dans mes vêtements.
- Tiens, c'est curieux, ça, il me manque une aiguille...
- Très drôle... Aie !
- Eh bien, quel bel homme tu fais là ! J'en connais un dont les yeux vont briller.
- Les yeux de Marc brillent à chaque fois qu'ils se posent sur moi, Anna.
- Eh bien, ils brilleront plus fort.
- Je crois qu'on aura pas besoin d'éclairer la salle, alors...
- Sacré Ludvik ! Allez, viens, descends dans la grande salle.
- Je me sens intimidé tout d'un coup...
- Allons, tu as affronté des monstres à n'en plus finir, et tu as peur de saluer une foule ?
- Ce n'est pas que j'ai peur, c'est... l'émotion... mais je viens. Je veux le faire, je veux le vivre, c'est un moment que je n'aurais pas pu espérer connaître, tu sais... enfin, c'est une histoire bien compliquée, et l'heure n'est plus au passé mais au présent. Allons-y.
Nous descendons dans la grande salle de l'auberge, où m'attend une foule de personnes venues spécialement pour nous. Marc est déjà là, et, comme annoncé par Anna, son regard s'illumine en me voyant. Il va falloir que je garde ce beau costume précieusement... je demanderai à Ced de l'enchanter à l'occasion pour qu'il ne s'abime pas.
Lui-même est splendide, et je ne peux que l'admirer en retour, comme il est beau...
Nous nous prenons par la main et faisons le tour des invités. La plupart, comme il est de tradition, se sont invités eux-mêmes, venant pour nous ou pour partager un peu de notre bonheur. Je reconnais beaucoup de gens de Valsein, que je salue, un large sourire aux lèvres. Je suis fou de joie, en vérité, et la journée commence à peine... Je tourne mon regard vers Marc, qui me le retourne au même moment, il me connait bien mon homme, et je vois le même sourire sur ses lèvres, le même bonheur sur son visage. Je serre un peu sa main, silencieux message pour dire que tout va bien, que tout est bien, puis nous nous continuons notre tour. Nous arrivons devant ceux qui ont partagé tant de joies et de peines avec nous.
D'abord Cédric, qui est aux anges, avec un regard pétillant annonciateur de surprises magiques à venir... Que de différence avec le jeune apprenti de Karl, que j'ai connu à Erdink. Cédric est maintenant sûr de lui, les épreuves terribles qu'il a traversé ne l'ont pas brisé, bien au contraire. Tout ce que nous avons vécu ensemble nous lie d'une solide amitié, qui me fait grandement plaisir. Il est aussi, un peu, mon lien avec la Terre... et je dois l'être pour lui.
- Voilà, le grand jour est arrivé, et je suis vraiment heureux pour vous.
- Merci, Ced. Dommage que la tradition ne comporte pas de témoin ici, tu aurais été parfait.
- J'aurais accepté avec plaisir, mais je vais te dire, je le serai moralement.
- Merci.
Puis nous passons à Finnadan et Jean, tout aussi heureux. Jean a visiblement bien remonté la pente, il semble avoir accepté son exil en Outremonde. Il faut dire qu'avec une femme comme elle, il ne doit pas s'ennuyer... mais il sait qu'il peut compter sur elle, et qu'à eux deux, ils sont à même de repousser tous les malheurs du monde. Quelque chose me dit qu'on aura bientôt d'heureuses nouvelles de leur part...
- Ne va pas tomber dans les pommes sous le coup de l'émotion, me taquine Jean.
- Oh, ça va, dis-je en riant.
- Ça a beau être le plus beau jour de votre vie, restez quand même sur vos gardes, dit Finna.
- On le sera pour nous. Vingt faucons d'argent ont rejoint la ville hier soir pour veiller à ce que tout se passe bien, ils sont mêlés à la population.
- Bien, approuve-t-elle.
Enfin, Elisden, la femme de Stul qui m'avait recueilli alors que je gisais inconscient sous l'effet du poison que m'avait fait boire Johann. Elle est venue avec son époux, et me fait un large sourire, que je lui rend. C'est la providence qui a mis ce couple de braves gens sur mon chemin, me permettant de survivre, et j'ai veillé en retour à ce qu'ils ne manquent de rien pour vivre confortablement.
- Que la Lumière vous éclaire, tous les deux, dit-elle.
- Vous de même, répons-je. Je vous présente Marc.
- Heureux homme qui a su conquérir le cœur d'un si brave homme, lui dit-elle avec un sourire.
- C'est ce que je me dis tous les jours.
Nous sortons enfin de l'auberge, et Marc profite de ce petit moment où par tradition nous sommes laissés seuls dehors pour m'interroger.
- Tu as vraiment fait venir des hommes ?
- Non... je n'ai aucune raison de soupçonner des problèmes. S'il avait dû y avoir vengeance, ça aurait eu lieu depuis longtemps. Ça fait un an que tout est fini.
- Moui... tu dois avoir raison. Bon... le passé est derrière, mais l'avenir nous attend. Tu es prêt, mon amour ?
- Oh que oui...
La porte s'ouvre sur le baiser que nous échangeons, et les invités nous taquinent en nous disant que c'est pour plus tard... ils nous poussent gentiment vers le cercle de la Lumière, dont la structure de pierres massives donne une impression de prodigieuse antiquité. Ce lieu inspire le respect, mais il n'est pas conçu en tant que lieu de prière mais comme lieu dans lequel des choses sont établies sous le regard de la communauté. C'est ici que les jeunes hommes, quand ils se sentent prêts, font leur Annonce à la Lumière, dans laquelle ils proclament être adultes, et acceptent les responsabilités que cela implique. Il n'y a pas vraiment d'âge pour cela, certains l'ont fait à quinze ans, d'autre à vingt-cinq. Je l'ai fait à dix-sept ans... et le lendemain, j'annonçais à mes parents que j'étais gay. Ah, zut, on avait dit de ne pas repenser au passé, mais tout m'y pousse...
Toujours est-il que l'Annonce est un préalable à beaucoup de choses, y compris et surtout ce qui nous occupe maintenant : notre mariage. Ouah ! À chaque fois que je repense à ce mot, je n'en reviens pas. Je ne pensais pas le vivre un jour, il faut dire que j'en restais à l'époque à ma vie sur Terre, le seul monde dans lequel, pensais-je, se trouvait Marc. À l'époque, notre relation était trop, quel est le mot... il y avait trop de distance physique entre nous deux pour seulement parler mariage. Mais je sais qu'après nos études, nous qui nous aimions si fort aurions fini par y penser, comme nous l'avons fait en ce monde. Peut-être aurions-nous été dans un pays plus civilisé, comme la Belgique, pour le faire. Parce qu'en France, je ne voyais pas d'amélioration en vue, et le pacs, quel intérêt ? Un mariage n'est pas une formalité administrative. C'est le plus bel acte d'amour partagé que l'on puisse vivre. Il se doit d'être beau.
La foule se rassemble en cercle autour de nous, et l'écosier, un délégué du baron de Valsein, vient nous saluer tous les deux.
- Bien le bonjour, vous deux. Vous êtes prêts ?
- Oui, fais-je, soudain ému.
- Oui, dit Marc.
- Bien, gardez vos mains jointes pendant toute la cérémonie, je vous prie.
- Je ne vais pas le lâcher, dit Marc.
Mon sourire, qui ne m'a pas quitté, s'élargit un petit peu. Pas beaucoup, car il est déjà bien large...
Il attend que le calme se fasse, et, lorsque tout le monde est silencieux et attentif, prend la parole.
- J'ai le bonheur d'accueillir aujourd'hui deux hommes qui s'aiment, deux hommes qui ont fait vœu d'unir leurs existences, tant à leurs yeux qu'au regard de notre communauté. Ludvik, jeune orphelin recueilli par Anna il y a des années de cela, est devenu un jeune homme dont la réputation s'étend bien au-delà de nos terres, un explorateur et un chasseur de monstres. Mais il y a un an, ce n'est pas un monstre qu'il a rencontré lors de son voyage, bien au contraire, c'est l'amour, c'est Marc, et voir notre Ludvik aujourd'hui si heureux nous fait tous chaud au cœur. C'est que nous en sommes tous fiers, et c'est avec la plus grande joie que je célèbrerai aujourd'hui cette union.
- Ludvik, reprend-il, j'ai eu l'honneur d'être présent lorsque tu as fait ton Annonce, aussi n'ai-je pas besoin de te poser la question. Marc, sur l'honneur, as-tu fait ton Annonce ?
- Sur l'honneur, je l'ai faite.
- Bien. Dans ce cas, rien ne s'oppose à ce que vous vous unissiez, à moins qu'un fait dont je n'ai pas connaissance soit connu de quelqu'un ici présent. Dans ce cas, c'est votre dernière chance de m'en faire part...
Silence.
- Par la Lumière, Ludvik, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
Je prends ma respiration, le cœur battant follement.
- Je veux unir mon existence à Marc, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu ton vœu, Ludvik. Par la Lumière, Marc, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
- Je veux unir mon existence à Ludvik, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu vos vœux, qui ont été prononcés devant témoins, sous la bénédiction de la Lumière. Étant donné que rien ne s'y oppose, et qu'au contraire tout le monde s'en réjouisse, alors, je vous déclare unis, par la Lumière, par vos vœux et par notre communauté. Puisse la Lumière illuminer vos existences.
Nous échangeons un baiser passionné, ivres de bonheur, sous les acclamations de la foule.
Puis, nous nous séparons, avant de prononcer les vœux de la Terre, car nous y sommes toujours attachés, et c'est une manière pour nous d'avoir un peu de chez nous ici-même. Nous avons beaucoup peiné pour établir le texte sans référence... il n'est certainement pas exact ni complet, mais au moins, l'essentiel y est. L'esprit, surtout.
- Moi, Ludvik, je te prends, Marc, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
- Moi, Marc, je te prends, Ludvik, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Nous nous embrassons de nouveau... quel moment magique...
- Quels vœux touchants, dit l'écosier, ému.
Ils sont plus que touchants, me dis-je, ils signifient beaucoup pour nous.
Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie, je crois.
Nous avons annoncé au monde que nous nous aimions, et que nous allons vivre cet amour aussi longtemps que la vie nous le permettra. Le mariage n'est pas une preuve, celui qui croit ça n'a pas connu le véritable amour.
Non, c'est une apothéose.
Cédric, un large sourire aux lèvres, s'avance alors et tend les mains vers nous, faisant apparaître deux superbes anneaux. Chacun est orné de deux pierres, l'une de la couleur de mes yeux, l'autre de celle de Marc. Oh, sacré Ced... il a trouvé le moyen de jouer le rôle de témoin, le bougre. En effet, il n'y a pas d'échange d'anneaux dans la cérémonie d'Outremonde.
J'en prends un et le passe au doigt de Marc, qui à son tour, prend l'autre et le passe à mon doigt.
Nous remercions chaleureusement notre ami et replongeons dans nos regards respectifs. L'écosier est un peu perdu mais devine l'importance que ça a pour nous et sourit.
- Epoux, vous pouvez quitter le cercle et fêter dignement cette nouvelle vie qui s'offre à vous.
Tandis que nous sortons, accompagné des félicitations des invités, je comprends que mon sourire semble s'être bloqué en position maximale, je suis absolument incapable de ramener mes joues au repos, tant je suis heureux. Je crois que je vais le garder jusque dans mon sommeil...
Ce qui n'est pas pour tout de suite... car maintenant, c'est la fête, et quelle fête... Cette journée restera à jamais gravée dans nos mémoires, ce jour où nous nous sommes unis, pour le meilleur et pour le pire.
- Mais oui, tu es parfait, Ludvik, me dit Anna.
- C'est que je ne veux pas être humilié par un accroc oublié ou...
- Tu te moques de moi, hein, dit-elle en riant. Je me suis personnellement occupée de tes vêtements, et ils sont parfaits, alors enfile les, tu ne vas pas te mettre en retard, tout de même ?
- Ah, ça, non, pas question, dis-je en sautant dans mes vêtements.
- Tiens, c'est curieux, ça, il me manque une aiguille...
- Très drôle... Aie !
- Eh bien, quel bel homme tu fais là ! J'en connais un dont les yeux vont briller.
- Les yeux de Marc brillent à chaque fois qu'ils se posent sur moi, Anna.
- Eh bien, ils brilleront plus fort.
- Je crois qu'on aura pas besoin d'éclairer la salle, alors...
- Sacré Ludvik ! Allez, viens, descends dans la grande salle.
- Je me sens intimidé tout d'un coup...
- Allons, tu as affronté des monstres à n'en plus finir, et tu as peur de saluer une foule ?
- Ce n'est pas que j'ai peur, c'est... l'émotion... mais je viens. Je veux le faire, je veux le vivre, c'est un moment que je n'aurais pas pu espérer connaître, tu sais... enfin, c'est une histoire bien compliquée, et l'heure n'est plus au passé mais au présent. Allons-y.
Nous descendons dans la grande salle de l'auberge, où m'attend une foule de personnes venues spécialement pour nous. Marc est déjà là, et, comme annoncé par Anna, son regard s'illumine en me voyant. Il va falloir que je garde ce beau costume précieusement... je demanderai à Ced de l'enchanter à l'occasion pour qu'il ne s'abime pas.
Lui-même est splendide, et je ne peux que l'admirer en retour, comme il est beau...
Nous nous prenons par la main et faisons le tour des invités. La plupart, comme il est de tradition, se sont invités eux-mêmes, venant pour nous ou pour partager un peu de notre bonheur. Je reconnais beaucoup de gens de Valsein, que je salue, un large sourire aux lèvres. Je suis fou de joie, en vérité, et la journée commence à peine... Je tourne mon regard vers Marc, qui me le retourne au même moment, il me connait bien mon homme, et je vois le même sourire sur ses lèvres, le même bonheur sur son visage. Je serre un peu sa main, silencieux message pour dire que tout va bien, que tout est bien, puis nous nous continuons notre tour. Nous arrivons devant ceux qui ont partagé tant de joies et de peines avec nous.
D'abord Cédric, qui est aux anges, avec un regard pétillant annonciateur de surprises magiques à venir... Que de différence avec le jeune apprenti de Karl, que j'ai connu à Erdink. Cédric est maintenant sûr de lui, les épreuves terribles qu'il a traversé ne l'ont pas brisé, bien au contraire. Tout ce que nous avons vécu ensemble nous lie d'une solide amitié, qui me fait grandement plaisir. Il est aussi, un peu, mon lien avec la Terre... et je dois l'être pour lui.
- Voilà, le grand jour est arrivé, et je suis vraiment heureux pour vous.
- Merci, Ced. Dommage que la tradition ne comporte pas de témoin ici, tu aurais été parfait.
- J'aurais accepté avec plaisir, mais je vais te dire, je le serai moralement.
- Merci.
Puis nous passons à Finnadan et Jean, tout aussi heureux. Jean a visiblement bien remonté la pente, il semble avoir accepté son exil en Outremonde. Il faut dire qu'avec une femme comme elle, il ne doit pas s'ennuyer... mais il sait qu'il peut compter sur elle, et qu'à eux deux, ils sont à même de repousser tous les malheurs du monde. Quelque chose me dit qu'on aura bientôt d'heureuses nouvelles de leur part...
- Ne va pas tomber dans les pommes sous le coup de l'émotion, me taquine Jean.
- Oh, ça va, dis-je en riant.
- Ça a beau être le plus beau jour de votre vie, restez quand même sur vos gardes, dit Finna.
- On le sera pour nous. Vingt faucons d'argent ont rejoint la ville hier soir pour veiller à ce que tout se passe bien, ils sont mêlés à la population.
- Bien, approuve-t-elle.
Enfin, Elisden, la femme de Stul qui m'avait recueilli alors que je gisais inconscient sous l'effet du poison que m'avait fait boire Johann. Elle est venue avec son époux, et me fait un large sourire, que je lui rend. C'est la providence qui a mis ce couple de braves gens sur mon chemin, me permettant de survivre, et j'ai veillé en retour à ce qu'ils ne manquent de rien pour vivre confortablement.
- Que la Lumière vous éclaire, tous les deux, dit-elle.
- Vous de même, répons-je. Je vous présente Marc.
- Heureux homme qui a su conquérir le cœur d'un si brave homme, lui dit-elle avec un sourire.
- C'est ce que je me dis tous les jours.
Nous sortons enfin de l'auberge, et Marc profite de ce petit moment où par tradition nous sommes laissés seuls dehors pour m'interroger.
- Tu as vraiment fait venir des hommes ?
- Non... je n'ai aucune raison de soupçonner des problèmes. S'il avait dû y avoir vengeance, ça aurait eu lieu depuis longtemps. Ça fait un an que tout est fini.
- Moui... tu dois avoir raison. Bon... le passé est derrière, mais l'avenir nous attend. Tu es prêt, mon amour ?
- Oh que oui...
La porte s'ouvre sur le baiser que nous échangeons, et les invités nous taquinent en nous disant que c'est pour plus tard... ils nous poussent gentiment vers le cercle de la Lumière, dont la structure de pierres massives donne une impression de prodigieuse antiquité. Ce lieu inspire le respect, mais il n'est pas conçu en tant que lieu de prière mais comme lieu dans lequel des choses sont établies sous le regard de la communauté. C'est ici que les jeunes hommes, quand ils se sentent prêts, font leur Annonce à la Lumière, dans laquelle ils proclament être adultes, et acceptent les responsabilités que cela implique. Il n'y a pas vraiment d'âge pour cela, certains l'ont fait à quinze ans, d'autre à vingt-cinq. Je l'ai fait à dix-sept ans... et le lendemain, j'annonçais à mes parents que j'étais gay. Ah, zut, on avait dit de ne pas repenser au passé, mais tout m'y pousse...
Toujours est-il que l'Annonce est un préalable à beaucoup de choses, y compris et surtout ce qui nous occupe maintenant : notre mariage. Ouah ! À chaque fois que je repense à ce mot, je n'en reviens pas. Je ne pensais pas le vivre un jour, il faut dire que j'en restais à l'époque à ma vie sur Terre, le seul monde dans lequel, pensais-je, se trouvait Marc. À l'époque, notre relation était trop, quel est le mot... il y avait trop de distance physique entre nous deux pour seulement parler mariage. Mais je sais qu'après nos études, nous qui nous aimions si fort aurions fini par y penser, comme nous l'avons fait en ce monde. Peut-être aurions-nous été dans un pays plus civilisé, comme la Belgique, pour le faire. Parce qu'en France, je ne voyais pas d'amélioration en vue, et le pacs, quel intérêt ? Un mariage n'est pas une formalité administrative. C'est le plus bel acte d'amour partagé que l'on puisse vivre. Il se doit d'être beau.
La foule se rassemble en cercle autour de nous, et l'écosier, un délégué du baron de Valsein, vient nous saluer tous les deux.
- Bien le bonjour, vous deux. Vous êtes prêts ?
- Oui, fais-je, soudain ému.
- Oui, dit Marc.
- Bien, gardez vos mains jointes pendant toute la cérémonie, je vous prie.
- Je ne vais pas le lâcher, dit Marc.
Mon sourire, qui ne m'a pas quitté, s'élargit un petit peu. Pas beaucoup, car il est déjà bien large...
Il attend que le calme se fasse, et, lorsque tout le monde est silencieux et attentif, prend la parole.
- J'ai le bonheur d'accueillir aujourd'hui deux hommes qui s'aiment, deux hommes qui ont fait vœu d'unir leurs existences, tant à leurs yeux qu'au regard de notre communauté. Ludvik, jeune orphelin recueilli par Anna il y a des années de cela, est devenu un jeune homme dont la réputation s'étend bien au-delà de nos terres, un explorateur et un chasseur de monstres. Mais il y a un an, ce n'est pas un monstre qu'il a rencontré lors de son voyage, bien au contraire, c'est l'amour, c'est Marc, et voir notre Ludvik aujourd'hui si heureux nous fait tous chaud au cœur. C'est que nous en sommes tous fiers, et c'est avec la plus grande joie que je célèbrerai aujourd'hui cette union.
- Ludvik, reprend-il, j'ai eu l'honneur d'être présent lorsque tu as fait ton Annonce, aussi n'ai-je pas besoin de te poser la question. Marc, sur l'honneur, as-tu fait ton Annonce ?
- Sur l'honneur, je l'ai faite.
- Bien. Dans ce cas, rien ne s'oppose à ce que vous vous unissiez, à moins qu'un fait dont je n'ai pas connaissance soit connu de quelqu'un ici présent. Dans ce cas, c'est votre dernière chance de m'en faire part...
Silence.
- Par la Lumière, Ludvik, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
Je prends ma respiration, le cœur battant follement.
- Je veux unir mon existence à Marc, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu ton vœu, Ludvik. Par la Lumière, Marc, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
- Je veux unir mon existence à Ludvik, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu vos vœux, qui ont été prononcés devant témoins, sous la bénédiction de la Lumière. Étant donné que rien ne s'y oppose, et qu'au contraire tout le monde s'en réjouisse, alors, je vous déclare unis, par la Lumière, par vos vœux et par notre communauté. Puisse la Lumière illuminer vos existences.
Nous échangeons un baiser passionné, ivres de bonheur, sous les acclamations de la foule.
Puis, nous nous séparons, avant de prononcer les vœux de la Terre, car nous y sommes toujours attachés, et c'est une manière pour nous d'avoir un peu de chez nous ici-même. Nous avons beaucoup peiné pour établir le texte sans référence... il n'est certainement pas exact ni complet, mais au moins, l'essentiel y est. L'esprit, surtout.
- Moi, Ludvik, je te prends, Marc, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
- Moi, Marc, je te prends, Ludvik, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Nous nous embrassons de nouveau... quel moment magique...
- Quels vœux touchants, dit l'écosier, ému.
Ils sont plus que touchants, me dis-je, ils signifient beaucoup pour nous.
Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie, je crois.
Nous avons annoncé au monde que nous nous aimions, et que nous allons vivre cet amour aussi longtemps que la vie nous le permettra. Le mariage n'est pas une preuve, celui qui croit ça n'a pas connu le véritable amour.
Non, c'est une apothéose.
Cédric, un large sourire aux lèvres, s'avance alors et tend les mains vers nous, faisant apparaître deux superbes anneaux. Chacun est orné de deux pierres, l'une de la couleur de mes yeux, l'autre de celle de Marc. Oh, sacré Ced... il a trouvé le moyen de jouer le rôle de témoin, le bougre. En effet, il n'y a pas d'échange d'anneaux dans la cérémonie d'Outremonde.
J'en prends un et le passe au doigt de Marc, qui à son tour, prend l'autre et le passe à mon doigt.
Nous remercions chaleureusement notre ami et replongeons dans nos regards respectifs. L'écosier est un peu perdu mais devine l'importance que ça a pour nous et sourit.
- Epoux, vous pouvez quitter le cercle et fêter dignement cette nouvelle vie qui s'offre à vous.
Tandis que nous sortons, accompagné des félicitations des invités, je comprends que mon sourire semble s'être bloqué en position maximale, je suis absolument incapable de ramener mes joues au repos, tant je suis heureux. Je crois que je vais le garder jusque dans mon sommeil...
Ce qui n'est pas pour tout de suite... car maintenant, c'est la fête, et quelle fête... Cette journée restera à jamais gravée dans nos mémoires, ce jour où nous nous sommes unis, pour le meilleur et pour le pire.
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