10-10-2021, 09:33 PM
2 - Le gardien
Je glisse sur une pente raide pendant une bonne minute avant d'être brutalement éjecté dans une grande salle fortement éclairée, au plafond élevé. Je me relève souplement en tirant mon épée. La première chose que je vois est un grand cristal lumineux au centre de la pièce, la deuxième, un monceau de squelettes éparpillés partout, et la troisième, un guerrier qui s'avance vers moi, l'épée au clair.
Ben.
Il affiche une expression étonnée en me voyant. Puis un mauvais sourire déforme son visage et il se jette sur moi. Je pare son coup et riposte, nos lames s'entrechoquent violemment. Plus de hasard, plus de meubles, seuls nos talents détermineront qui est le meilleur de nous deux. Il ne fait plus semblant de ne pas connaître les techniques d'Outremonde, maintenant, et sa défense efficace ne me laisse aucune ouverture pour le moment. Plus qu'à attendre qu'il se fatigue le premier. Mais il n'en reste pas moins un redoutable adversaire, dont je bloque certaines attaques de justesse. Nous nous déplaçons dans la salle, écrasant les ossements, attaquant, parant, ripostant, feintant et contrant.
Rapidement en nage, nous continuons sans relâche à tenter d'abattre notre adversaire, poursuivant (terminant) un combat commencé dans un autre monde. Ben est déterminé à prendre sa revanche, à égaliser le score.
Même alors qu'une sourde vibration se fait entendre et que l'intensité de la lumière du cristal se met à baisser, nous ne relâchons pas notre attention de notre combat acharné. Je commence à prendre l'avantage sur lui lorsque le cristal s'éteint brusquement et que le sort de vision nocturne de Ced se réactive. Ben recule, inquiet, mais je ne lui laisse aucun répit. Le bougre arrive quand même à se défendre à l'oreille, je bouscule une pile d'ossements du pied et glisse ma lame d'un même mouvement à la rencontre de son cou.
Il s'effondre en gargouillant, et je regarde enfin autour de moi. Un raclement, frottement de pierres entre elles, se fait entendre et je vois une ouverture apparaître dans l'une des parois. Un grognement de mauvaise augure en émane. Un autre son, un glissement cette fois-ci, arrive de l'autre côté, et quelqu'un tombe par la trappe. Le cristal se rallume alors. Je me plaque dos à lui, regardant des deux côtés, et reconnais Cédric qui se précipite vers moi. Il n'a pas besoin de me poser de question. La bête qui s'approche de nous, sortant du passage récemment ouvert, m'emplit d'une pure terreur.
Déjà qu'en statue, là-haut, c'était affreux, mais vivant et en pleine lumière, c'est carrément hideux. Haute de cinq mètres, un corps difforme couvert d'un cuir épais, une corne recourbée sur le front. Un œil unique en dessous, rouge, qui se porte sur nous. Une narine, plus bas, qui s'ouvre et se referme. Une gueule hérissée de larges crocs. Et des bras si longs qu'ils traînent au sol. Je reste sans bouger, pétrifié d'horreur. Puis l'instinct de survie prend les commandes et repousse la peur à plus tard. La bête n'a pas l'air de s'intéresser beaucoup à nous. Elle se dirige vers le corps de Ben, le prend et le porte à sa gueule avant de le dévorer. Je crains que cela ne soit pour lui qu'un amuse-gueule. Nous l'avons réveillé d'un sommeil plusieurs fois millénaire. À la réflexion, il ne doit pas avoir un réel besoin de nourriture.
Ces considérations passent au second plan lorsque la bête termine son repas et se met à avancer vers nous. Je l'aurais parié, tiens. Cédric relâche alors un puissant éclair qui part de sa main, mais la corne de la créature scintille et l'éclair se disperse dans une pluie d'étincelles.
Oh-oh... ça va être à moi de jouer, j'ai l'impression. Je cours d'un côté, Cédric d'un autre, mais le monstre n'est pas gêné pour autant. Ses bras, très longs, sont fort souples et il nous attaque tous deux en même temps. J'esquive sa patte aux griffes largement ouvertes pour m'agripper et taillade son bras sans grand succès.
Qu'arrive-t-il à mon épée ? Je l'ai à peine entaillé.
Je remarque alors le scintillement de sa corne, qui doit neutraliser la magie de mon arme.
- Ça va pas, Ced ! Je n'arrive pas à lui faire mal ! Dis-je en roulant au sol pour esquiver une nouvelle attaque.
- Occupe-le !
- Comment ?
J'ai la réponse lorsqu'il part en courant, me laissant seul face au monstre qui m'envoie ses deux bras à l'attaque. J'esquive comme je peux, n'en menant pas large. Je viens de comprendre tout d'un coup que mon armure aussi doit voir sa magie neutralisée ! Pas bien du tout, ça !
Je recule vivement pour éviter d'être pris entre ses deux pattes, marche sur un crâne qui roule sous mon pied et tombe en arrière. La bête se penche alors sur moi, me plaquant au sol en appuyant fermement sur ma poitrine. Si Ced ne se dépêche pas, elle va être très occupée à me dévorer. Grimaçant de douleur, je vois sa gueule approcher de ma tête. Quelle haleine putride ! D'un mouvement désespéré, je lève mon épée et la plante dans son œil.
Elle se redresse en hurlant de douleur, emportant mon arme. De toute façon, j'ai dû frapper son seul point faible. Cédric surgit soudain derrière et fait un bond prodigieux, atteignant ses épaules sur lesquelles il s'installe pour tirer sur la corne, tentant de l'arracher de son front. Compris. Je regarde la bête arracher mon épée de son orbite et la jeter au sol. Je la récupère aussitôt et frappe alors qu'elle tente de déloger mon ami de son perchoir. Je m'avise que la créature, décidément peu naturelle, n'a rien de sensible à l'entrejambe que j'aurais pu blesser. Je tente de trancher un tendon mais son cuir est trop résistant. Il me faut frapper comme si j'essayais d'abattre un arbre.
Un coup de patte que je n'ai pas vu venir me catapulte à plusieurs mètres de distance. Je me relève, le corps douloureux, et voit Ced se faire éjecter à son tour de son perchoir. La base de la corne saigne mais elle est toujours là. Il faut recommencer...
Je crie pour attirer l'attention de la créature, puis lui lance un crâne à la tête. Elle me fonce alors dessus, et j'esquive au dernier moment en frappant violemment de mon arme au passage. Elle se retourne vers moi et j'ai l'immense déplaisir de voir son œil se reformer dans son orbite.
- Elle régénère !
- Crève-lui à nouveau !
- T'en as de bonnes toi, je fais pas des sauts de cinq mètres, moi ! Dis-je en me préparant à jeter mon épée, mais il a une autre idée en tête. Il me donne son bâton avant de contourner la créature pour rééditer son attaque.
- Sers-t-en comme d'un javelot mais vise juste ! Si tu me touches avec ça, je mourrai instantanément !
Je recule, puis projette le bâton enchanté pile dans le nouvel œil du monstre. Nouveau cri de douleur. Je bondis alors pour m'emparer de l'extrémité du bâton et pousse la lame plus profondément encore dans l'orbite avant de la lâcher et de retomber souplement sur mes pieds. Ced récupère son arme et en fiche la lame sous la corne, se laissant tomber pour esquiver les pattes du monstre. Le bâton fait un parfait levier, mais Ced n'est pas assez lourd pour l'arracher ainsi. Je refuse de voir un nouvel échec nous mettre encore en danger. Je contourne la bête aveugle et saute pour m'accrocher aux jambes de Cédric, ajoutant mon poids au sien. Les mouvements brusques de la créature font le reste, la corne sort de son crâne, libérant le bâton et nous faisant tomber en tas tous les deux.
Le nouveau hurlement que pousse le monstre est effroyable. Il s'effondre lentement au sol, fondant puis tombant en poussière, rattrapé par les millénaires d'une vie surnaturelle. Ced et moi nous nous regardons en souriant.
- Bien joué.
- Nous formons toujours une bonne équipe tous les deux.
- C'est clair.
- Qu'est-ce que c'était que cette créature ?
- Une chose des temps anciens. Créée par magie pour garder certains lieux. On les appelait des béhémoths.
- Saleté.
- Ouais.
- Voyons où mène ce passage.
- On garde la corne ?
- Ça m'embête d'avoir avec nous un truc qui neutralise la magie, mais d'un autre côté, c'est un artefact défensif majeur. Je connais quelques archimages des destructeurs qui vont avoir de mauvaises surprises.
- Bien vu.
Je glisse sur une pente raide pendant une bonne minute avant d'être brutalement éjecté dans une grande salle fortement éclairée, au plafond élevé. Je me relève souplement en tirant mon épée. La première chose que je vois est un grand cristal lumineux au centre de la pièce, la deuxième, un monceau de squelettes éparpillés partout, et la troisième, un guerrier qui s'avance vers moi, l'épée au clair.
Ben.
Il affiche une expression étonnée en me voyant. Puis un mauvais sourire déforme son visage et il se jette sur moi. Je pare son coup et riposte, nos lames s'entrechoquent violemment. Plus de hasard, plus de meubles, seuls nos talents détermineront qui est le meilleur de nous deux. Il ne fait plus semblant de ne pas connaître les techniques d'Outremonde, maintenant, et sa défense efficace ne me laisse aucune ouverture pour le moment. Plus qu'à attendre qu'il se fatigue le premier. Mais il n'en reste pas moins un redoutable adversaire, dont je bloque certaines attaques de justesse. Nous nous déplaçons dans la salle, écrasant les ossements, attaquant, parant, ripostant, feintant et contrant.
Rapidement en nage, nous continuons sans relâche à tenter d'abattre notre adversaire, poursuivant (terminant) un combat commencé dans un autre monde. Ben est déterminé à prendre sa revanche, à égaliser le score.
Même alors qu'une sourde vibration se fait entendre et que l'intensité de la lumière du cristal se met à baisser, nous ne relâchons pas notre attention de notre combat acharné. Je commence à prendre l'avantage sur lui lorsque le cristal s'éteint brusquement et que le sort de vision nocturne de Ced se réactive. Ben recule, inquiet, mais je ne lui laisse aucun répit. Le bougre arrive quand même à se défendre à l'oreille, je bouscule une pile d'ossements du pied et glisse ma lame d'un même mouvement à la rencontre de son cou.
Il s'effondre en gargouillant, et je regarde enfin autour de moi. Un raclement, frottement de pierres entre elles, se fait entendre et je vois une ouverture apparaître dans l'une des parois. Un grognement de mauvaise augure en émane. Un autre son, un glissement cette fois-ci, arrive de l'autre côté, et quelqu'un tombe par la trappe. Le cristal se rallume alors. Je me plaque dos à lui, regardant des deux côtés, et reconnais Cédric qui se précipite vers moi. Il n'a pas besoin de me poser de question. La bête qui s'approche de nous, sortant du passage récemment ouvert, m'emplit d'une pure terreur.
Déjà qu'en statue, là-haut, c'était affreux, mais vivant et en pleine lumière, c'est carrément hideux. Haute de cinq mètres, un corps difforme couvert d'un cuir épais, une corne recourbée sur le front. Un œil unique en dessous, rouge, qui se porte sur nous. Une narine, plus bas, qui s'ouvre et se referme. Une gueule hérissée de larges crocs. Et des bras si longs qu'ils traînent au sol. Je reste sans bouger, pétrifié d'horreur. Puis l'instinct de survie prend les commandes et repousse la peur à plus tard. La bête n'a pas l'air de s'intéresser beaucoup à nous. Elle se dirige vers le corps de Ben, le prend et le porte à sa gueule avant de le dévorer. Je crains que cela ne soit pour lui qu'un amuse-gueule. Nous l'avons réveillé d'un sommeil plusieurs fois millénaire. À la réflexion, il ne doit pas avoir un réel besoin de nourriture.
Ces considérations passent au second plan lorsque la bête termine son repas et se met à avancer vers nous. Je l'aurais parié, tiens. Cédric relâche alors un puissant éclair qui part de sa main, mais la corne de la créature scintille et l'éclair se disperse dans une pluie d'étincelles.
Oh-oh... ça va être à moi de jouer, j'ai l'impression. Je cours d'un côté, Cédric d'un autre, mais le monstre n'est pas gêné pour autant. Ses bras, très longs, sont fort souples et il nous attaque tous deux en même temps. J'esquive sa patte aux griffes largement ouvertes pour m'agripper et taillade son bras sans grand succès.
Qu'arrive-t-il à mon épée ? Je l'ai à peine entaillé.
Je remarque alors le scintillement de sa corne, qui doit neutraliser la magie de mon arme.
- Ça va pas, Ced ! Je n'arrive pas à lui faire mal ! Dis-je en roulant au sol pour esquiver une nouvelle attaque.
- Occupe-le !
- Comment ?
J'ai la réponse lorsqu'il part en courant, me laissant seul face au monstre qui m'envoie ses deux bras à l'attaque. J'esquive comme je peux, n'en menant pas large. Je viens de comprendre tout d'un coup que mon armure aussi doit voir sa magie neutralisée ! Pas bien du tout, ça !
Je recule vivement pour éviter d'être pris entre ses deux pattes, marche sur un crâne qui roule sous mon pied et tombe en arrière. La bête se penche alors sur moi, me plaquant au sol en appuyant fermement sur ma poitrine. Si Ced ne se dépêche pas, elle va être très occupée à me dévorer. Grimaçant de douleur, je vois sa gueule approcher de ma tête. Quelle haleine putride ! D'un mouvement désespéré, je lève mon épée et la plante dans son œil.
Elle se redresse en hurlant de douleur, emportant mon arme. De toute façon, j'ai dû frapper son seul point faible. Cédric surgit soudain derrière et fait un bond prodigieux, atteignant ses épaules sur lesquelles il s'installe pour tirer sur la corne, tentant de l'arracher de son front. Compris. Je regarde la bête arracher mon épée de son orbite et la jeter au sol. Je la récupère aussitôt et frappe alors qu'elle tente de déloger mon ami de son perchoir. Je m'avise que la créature, décidément peu naturelle, n'a rien de sensible à l'entrejambe que j'aurais pu blesser. Je tente de trancher un tendon mais son cuir est trop résistant. Il me faut frapper comme si j'essayais d'abattre un arbre.
Un coup de patte que je n'ai pas vu venir me catapulte à plusieurs mètres de distance. Je me relève, le corps douloureux, et voit Ced se faire éjecter à son tour de son perchoir. La base de la corne saigne mais elle est toujours là. Il faut recommencer...
Je crie pour attirer l'attention de la créature, puis lui lance un crâne à la tête. Elle me fonce alors dessus, et j'esquive au dernier moment en frappant violemment de mon arme au passage. Elle se retourne vers moi et j'ai l'immense déplaisir de voir son œil se reformer dans son orbite.
- Elle régénère !
- Crève-lui à nouveau !
- T'en as de bonnes toi, je fais pas des sauts de cinq mètres, moi ! Dis-je en me préparant à jeter mon épée, mais il a une autre idée en tête. Il me donne son bâton avant de contourner la créature pour rééditer son attaque.
- Sers-t-en comme d'un javelot mais vise juste ! Si tu me touches avec ça, je mourrai instantanément !
Je recule, puis projette le bâton enchanté pile dans le nouvel œil du monstre. Nouveau cri de douleur. Je bondis alors pour m'emparer de l'extrémité du bâton et pousse la lame plus profondément encore dans l'orbite avant de la lâcher et de retomber souplement sur mes pieds. Ced récupère son arme et en fiche la lame sous la corne, se laissant tomber pour esquiver les pattes du monstre. Le bâton fait un parfait levier, mais Ced n'est pas assez lourd pour l'arracher ainsi. Je refuse de voir un nouvel échec nous mettre encore en danger. Je contourne la bête aveugle et saute pour m'accrocher aux jambes de Cédric, ajoutant mon poids au sien. Les mouvements brusques de la créature font le reste, la corne sort de son crâne, libérant le bâton et nous faisant tomber en tas tous les deux.
Le nouveau hurlement que pousse le monstre est effroyable. Il s'effondre lentement au sol, fondant puis tombant en poussière, rattrapé par les millénaires d'une vie surnaturelle. Ced et moi nous nous regardons en souriant.
- Bien joué.
- Nous formons toujours une bonne équipe tous les deux.
- C'est clair.
- Qu'est-ce que c'était que cette créature ?
- Une chose des temps anciens. Créée par magie pour garder certains lieux. On les appelait des béhémoths.
- Saleté.
- Ouais.
- Voyons où mène ce passage.
- On garde la corne ?
- Ça m'embête d'avoir avec nous un truc qui neutralise la magie, mais d'un autre côté, c'est un artefact défensif majeur. Je connais quelques archimages des destructeurs qui vont avoir de mauvaises surprises.
- Bien vu.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)