23-09-2021, 10:10 PM
7 - Liens étroits
Nous nous éloignons tous deux pour nous installer à l'écart, à l'abri d'une pile de blocs de pierre. Cédric cherche ses mots, angoissé à l'idée de me révéler ce qui pèse si lourdement sur lui. Bon sang, c'est une situation des plus étranges. Attendre de recevoir une douloureuse confidence, dans une prison perdue entre les mondes, d'un ami qui est mort sur Terre... Je me demande ce qu'il peut bien avoir à me dire.
Je pose une main sur son épaule et la serre pour lui faire sentir que je suis avec lui, quoi qu'il arrive.
- Tu es mon ami, Ced. Tu te souviens de ce que tu m'as révélé sur le bateau ? Ton passé douloureux dans la ville de Durzad ? Mon opinion sur toi n'a pas changé alors. Quoi que tu puisses me révéler, tu resteras mon ami.
- Merci... mais c'est vraiment dur à dire. Pour ôter la marque des ténèbres, il me fallait aller au-delà de la mort...
- Que veux-tu dire par là ?
- Je l'ignorais moi-même jusqu'à ce que le baron m'emmène dans son château pour me faire accomplir un terrible rituel qui m'a fait briser tous mes serments, toutes mes loyautés, tous mes liens, et renier jusqu'à la vie elle-même. La magie coulait à flot à travers chacun des mots que je prononçais. Je me suis retiré du grand livre de la vie, je n'avais plus d'existence aux yeux du destin - j'étais prêt à aller au-delà de cette existence. Le baron est un vampire, Ludvik, et il a...
Cédric baisse la tête, il n'a pas besoin de continuer...
- Tu es donc un vampire ?
- Oui... Encore que les pires aspects de ma nature sont neutralisés par le tatouage que je porte sur la poitrine. Il me permet de supporter la lumière du soleil et de limiter très fortement ma soif de sang. Il me faut juste une gorgée de temps en temps, mais il me la faut ! J'ai essayé de m'en passer, au début, et vous avez vu à quel point mon état se détériorait... Quand je suis tombé sur Johann, à la fin de l'interrogatoire, je... je me suis jeté sur lui, pris d'une soif incontrôlable, et je l'ai littéralement vidé de son sang. Je n'y échapperai pas, Lud ! Ici, dans cette prison, il va falloir que je me nourrisse, ou quelqu'un passera un sale quart d'heure. Une simple gorgée ne fera de mal à personne, et ce ne sera même pas douloureux, mais... je passerai du temps avec les mercenaires, je peux leur faire oublier cette ponction discrète, mais ça me répugne tellement de faire ça, tu ne peux pas imaginer. J'avais rompu tous les liens d'amitié qui me reliaient à vous, mais ils se sont reformés, et j'ai honte de devoir vous mentir sans cesse, honte de ce que je suis devenu, honte de ce que je dois faire pour survivre. Je me dégoute tellement, la seule chose qui me maintienne en vie c'est le fait que nous avons de terribles adversaires et que mes capacités vous aideront à les vaincre.
- Je suis tellement désolé, Ced, tout est de ma faute, jamais je n'aurais dû accepter l'offre de ton maître et t'entraîner dans cette histoire.
- Nous ne pouvions pas prévoir ce qui se passerait. Et sans moi, tu aurais perdu Marc.
- Il n'aurait jamais voulu que tu paies un tel prix pour le sauver.
- Ce qui est fait est fait... je dois faire avec, malgré tout ce qu'il m'en coûte.
- Je t'y aiderai, Ced.
- Pardon ?
- Tu restes mon ami. Et Outremonde est un endroit plein de surprises. Qui sait s'il n'existe pas un moyen de te ramener à... à la vie ?
- Peut-être, en effet, qui sait ? Je n'y avais pas réfléchi mais c'est vrai, il existe peut-être une solution, quelque part.
Il se redresse, réconforté par ce brin d'espoir que je lui ai donné. Mais son expression s'assombrit de nouveau.
- Reste que je dois me nourrir si je veux pouvoir tenir.
- Commence par moi.
- Quoi ?
- Ce sera plus simple, non ? Je suis volontaire.
- Je... je ne peux pas te faire ça à toi.
- Tu m'as dit que c'était indolore, non ?
- Comment est-ce que tu peux accepter si facilement une chose pareille ?
- Je fais des dons de sang régulièrement sur Terre.
Il me regarde, complètement pris par surprise, puis finit par éclater de rire.
- T'es vraiment incroyable.
- Mais non. Allez, plus vite ce sera fait, plus vite on pourra passer à autre chose.
Je ne suis pas aussi sûr de moi que le laisse paraître. Mais je préfère éviter tout problème avec les mercenaires, surtout ici. Nous n'avons pas évité un affrontement meurtrier dans le bois pour le créer ici.
Cédric hésite encore, puis s'approche de mon cou et...
Je laisse échapper un soupir d'extase, le plaisir incroyable qui irradie de mon cou m'immobilise, je ne désire plus qu'une chose, c'est que cela continue, mais déjà il se retire, me laissant un moment un fort sentiment de regret avant que je ne reprenne mes esprits.
- Ouah ! Je n'imaginais pas que c'était aussi agréable.
- C'est juste une technique qui permet de...
- De faire en sorte que ta proie reste tranquille. Tu n'y peux rien, tu es ce que tu es, un peu comme moi.
- C'est ce qui te permet d'accepter si facilement ?
- C'est assez complexe... mais au-delà de toutes ces raisons, il y a notre amitié. Même si nous nous connaissons depuis peu de temps, ce que nous avons traversé l'un et l'autre a créé des liens très forts.
- C'est vrai. Je te remercie, Ludvik. Pour tout. Pour être toi.
Je lui souris, et il me serre un moment dans ses bras avant de se relever.
Nous retournons auprès des autres et je réfléchis à la situation.
Notre enfermement ici risque d'être plus complexe que prévu. Dois-je en parler à Marc ? Pas sûr... je dois d'abord mettre à plat cette histoire de disciple de Magnos, entre eux. Et pourquoi pas maintenant, d'ailleurs ? Hum, je dois éviter que les mercenaires se méfient de nos petits apartés, ils pourraient croire qu'on veut partir sans eux. Plus tard, plus tard...
Alors que nous nous installons tant bien que mal pour nous reposer, Marc se penche vers moi et m souffle à l'oreille :
- Je vous ai observés grâce à une vision à distance... Je voulais m'assurer qu'il ne vous arrive rien. Mais visiblement, vous aviez l'air de bien vous amuser, non ?
Nous nous éloignons tous deux pour nous installer à l'écart, à l'abri d'une pile de blocs de pierre. Cédric cherche ses mots, angoissé à l'idée de me révéler ce qui pèse si lourdement sur lui. Bon sang, c'est une situation des plus étranges. Attendre de recevoir une douloureuse confidence, dans une prison perdue entre les mondes, d'un ami qui est mort sur Terre... Je me demande ce qu'il peut bien avoir à me dire.
Je pose une main sur son épaule et la serre pour lui faire sentir que je suis avec lui, quoi qu'il arrive.
- Tu es mon ami, Ced. Tu te souviens de ce que tu m'as révélé sur le bateau ? Ton passé douloureux dans la ville de Durzad ? Mon opinion sur toi n'a pas changé alors. Quoi que tu puisses me révéler, tu resteras mon ami.
- Merci... mais c'est vraiment dur à dire. Pour ôter la marque des ténèbres, il me fallait aller au-delà de la mort...
- Que veux-tu dire par là ?
- Je l'ignorais moi-même jusqu'à ce que le baron m'emmène dans son château pour me faire accomplir un terrible rituel qui m'a fait briser tous mes serments, toutes mes loyautés, tous mes liens, et renier jusqu'à la vie elle-même. La magie coulait à flot à travers chacun des mots que je prononçais. Je me suis retiré du grand livre de la vie, je n'avais plus d'existence aux yeux du destin - j'étais prêt à aller au-delà de cette existence. Le baron est un vampire, Ludvik, et il a...
Cédric baisse la tête, il n'a pas besoin de continuer...
- Tu es donc un vampire ?
- Oui... Encore que les pires aspects de ma nature sont neutralisés par le tatouage que je porte sur la poitrine. Il me permet de supporter la lumière du soleil et de limiter très fortement ma soif de sang. Il me faut juste une gorgée de temps en temps, mais il me la faut ! J'ai essayé de m'en passer, au début, et vous avez vu à quel point mon état se détériorait... Quand je suis tombé sur Johann, à la fin de l'interrogatoire, je... je me suis jeté sur lui, pris d'une soif incontrôlable, et je l'ai littéralement vidé de son sang. Je n'y échapperai pas, Lud ! Ici, dans cette prison, il va falloir que je me nourrisse, ou quelqu'un passera un sale quart d'heure. Une simple gorgée ne fera de mal à personne, et ce ne sera même pas douloureux, mais... je passerai du temps avec les mercenaires, je peux leur faire oublier cette ponction discrète, mais ça me répugne tellement de faire ça, tu ne peux pas imaginer. J'avais rompu tous les liens d'amitié qui me reliaient à vous, mais ils se sont reformés, et j'ai honte de devoir vous mentir sans cesse, honte de ce que je suis devenu, honte de ce que je dois faire pour survivre. Je me dégoute tellement, la seule chose qui me maintienne en vie c'est le fait que nous avons de terribles adversaires et que mes capacités vous aideront à les vaincre.
- Je suis tellement désolé, Ced, tout est de ma faute, jamais je n'aurais dû accepter l'offre de ton maître et t'entraîner dans cette histoire.
- Nous ne pouvions pas prévoir ce qui se passerait. Et sans moi, tu aurais perdu Marc.
- Il n'aurait jamais voulu que tu paies un tel prix pour le sauver.
- Ce qui est fait est fait... je dois faire avec, malgré tout ce qu'il m'en coûte.
- Je t'y aiderai, Ced.
- Pardon ?
- Tu restes mon ami. Et Outremonde est un endroit plein de surprises. Qui sait s'il n'existe pas un moyen de te ramener à... à la vie ?
- Peut-être, en effet, qui sait ? Je n'y avais pas réfléchi mais c'est vrai, il existe peut-être une solution, quelque part.
Il se redresse, réconforté par ce brin d'espoir que je lui ai donné. Mais son expression s'assombrit de nouveau.
- Reste que je dois me nourrir si je veux pouvoir tenir.
- Commence par moi.
- Quoi ?
- Ce sera plus simple, non ? Je suis volontaire.
- Je... je ne peux pas te faire ça à toi.
- Tu m'as dit que c'était indolore, non ?
- Comment est-ce que tu peux accepter si facilement une chose pareille ?
- Je fais des dons de sang régulièrement sur Terre.
Il me regarde, complètement pris par surprise, puis finit par éclater de rire.
- T'es vraiment incroyable.
- Mais non. Allez, plus vite ce sera fait, plus vite on pourra passer à autre chose.
Je ne suis pas aussi sûr de moi que le laisse paraître. Mais je préfère éviter tout problème avec les mercenaires, surtout ici. Nous n'avons pas évité un affrontement meurtrier dans le bois pour le créer ici.
Cédric hésite encore, puis s'approche de mon cou et...
Je laisse échapper un soupir d'extase, le plaisir incroyable qui irradie de mon cou m'immobilise, je ne désire plus qu'une chose, c'est que cela continue, mais déjà il se retire, me laissant un moment un fort sentiment de regret avant que je ne reprenne mes esprits.
- Ouah ! Je n'imaginais pas que c'était aussi agréable.
- C'est juste une technique qui permet de...
- De faire en sorte que ta proie reste tranquille. Tu n'y peux rien, tu es ce que tu es, un peu comme moi.
- C'est ce qui te permet d'accepter si facilement ?
- C'est assez complexe... mais au-delà de toutes ces raisons, il y a notre amitié. Même si nous nous connaissons depuis peu de temps, ce que nous avons traversé l'un et l'autre a créé des liens très forts.
- C'est vrai. Je te remercie, Ludvik. Pour tout. Pour être toi.
Je lui souris, et il me serre un moment dans ses bras avant de se relever.
Nous retournons auprès des autres et je réfléchis à la situation.
Notre enfermement ici risque d'être plus complexe que prévu. Dois-je en parler à Marc ? Pas sûr... je dois d'abord mettre à plat cette histoire de disciple de Magnos, entre eux. Et pourquoi pas maintenant, d'ailleurs ? Hum, je dois éviter que les mercenaires se méfient de nos petits apartés, ils pourraient croire qu'on veut partir sans eux. Plus tard, plus tard...
Alors que nous nous installons tant bien que mal pour nous reposer, Marc se penche vers moi et m souffle à l'oreille :
- Je vous ai observés grâce à une vision à distance... Je voulais m'assurer qu'il ne vous arrive rien. Mais visiblement, vous aviez l'air de bien vous amuser, non ?
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