22-09-2021, 10:43 PM
6 - Ailleurs
Je regarde autour de moi et vois un ensemble de ruines sur un fond de ciel violacé, tourmenté, zébré d'éclairs bleutés qui n'atteignent jamais le sol.
- Et merde... C'est pas vrai !
- Alors ça c'est le bouquet, commente sombrement Marc.
- Désolé... Je n'ai pas pu le frapper plus tôt...
- Assez, dis-je, je préfère des remarques constructives plutôt que des lamentations et des reproches. Quelqu'un sait-il quelque chose de ce lieu ?
- Mouais, dit Cédric, tandis que Thémus acquiesce silencieusement. C'est bien la Prison Éternelle, encore que ce dernier mot semble laisser à désirer. On dirait qu'il y a eu un tremblement de terre ici, tout est par terre ou presque.
- Il était censé y avoir des sortilèges qui préservaient tout en l'état, y compris la vie des prisonniers. Quand on était enfermé ici, c'était jusqu'à la fin des temps.
- Quelle horreur...
- Pas pire que... j'allais dire que les criminels qui étaient enfermés ici, mais je commence à me poser sérieusement des questions. Peut-être des prisonniers politiques.
- Pourquoi les emprisonner ici plutôt que de les tuer ? Demande Finnadan.
- Ce que tu as vu dans le bois de Fleinn ne t'a pas fait réfléchir ? Ils n'avaient pas envie de les voir se relever de leur tombe pour continuer à les ennuyer. En les condamnant à un enfermement éternel, ils étaient assurés de ne plus en entendre parler.
- Ce qui veut dire qu'il y a peut-être des morts-vivants ici...
- Super...
- Peut-on sortir de là ?
- Quand mes pouvoirs seront revenus, je me fais fort d'ouvrir un portail pour nous ramener chez nous. C'est juste une question de jours.
- C'est théoriquement impossible, dit Thémus, mais entre la dégradation de ces lieux et votre puissance, nous avons peut-être une chance.
- Bien. Nous devons donc établir un camp, nous assurer que nous sommes bien seuls, et veiller sur Cédric afin qu'il ne lui arriver rien.
- Je peux me débrouiller seul, merci, je ne suis pas sans défense.
- Je sais, mais ce que je veux dire par là, c'est que de nous tous, tu es celui dont la sécurité doit primer. Parce que tu es notre porte de sortie.
- Bon... dit-il en soupirant.
- Commençons par explorer les environs.
Nous nous séparons en deux groupes, les soldats mercenaires avec Finnadan (je tiens à ce que l'un de nous garde un œil sur eux) et je m'éloigne de mon côté avec Cédric, Thémus et Marc.
Nous sommes arrivés dans ce qui semble avoir été une grande cour, ceinte de hauts murs, mais ceux-ci ne sont plus que des monceaux de gravats. Nous les gravissons tant bien que mal et observons le reste des ruines.
- Eh ben...
- Pas grand-chose à visiter...
- Juste cette tour, là-bas, mais m'est avis qu'elle s'écroulera au premier souffle d'air, je ne m'installerai pas là-dedans pour tout l'or du monde.
- Oui. Autant y jeter un œil, pas de trop près tout de même.
La tour en question penche dangereusement, le sol alentour est jonché de pierres, et un tas plus grand indique l'emplacement d'une autre construction que le temps a ramené à terre.
Nous ne voyons aucun signe de vie nulle part. Au-delà des murs, une plaine grise s'étend à perte de vue.
- Ce qui maintenait le sort d'éternité a dû être endommagé, dit Thémus. Peut-être par les prisonniers, qui ont pu trouver dans la mort la seule évasion qui leur était possible.
- C'est une hypothèse très plausible, dis-je. Si j'avais été avec eux, j'aurais tout fait pour. Tout plutôt que de vivre éternellement dans cet enfer.
- Espérons que nous n'aurons pas le même destin qu'eux...
- Je suis confiant, dit Cédric. J'ai une bonne idée de la manière dont je dois m'y prendre.
- Je suis impressionné. Jamais je n'ai vu un mage tel que vous. Et votre bâton porte un enchantement qui ne m'est pas inconnu... Vous n'êtes pas n'importe qui, Cédric.
- Mouais... Le pire, c'est que tout m'est tombé dessus sans qu'on me demande mon avis. Vous voyez la puissance dont je dispose, mais vous ne pouvez pas imaginer quel prix j'ai dû payer pour l'obtenir.
- J'en frémis rien qu'à y songer. Tout a un prix, telle est la première leçon que l'on nous enseigne. Je ne voudrais pas être à votre place. Est-ce à cause de ce prix que vous faites si peu de cas de votre existence ? Le pacte que vous avez passé avec cet ifrit vous menace à court terme.
- J'ai accès à la jouvence... tuer des sembleurs ne représente pas de problème pour moi.
- C'est une course contre la mort... si vous devez l'invoquer de nouveau...
- S'il le faut pour vous sauver, je le ferai. Ma vie m'importe peu.
- Ne dis pas ça, Cédric ! Dis-je. Elle importe pour moi !
Il me regarde, impassible.
- Tu ferais bien de ne pas trop t'attacher à moi. Au rythme où ça va, qui sait ce qu'il adviendra de moi à l'avenir ?
- Je serai là, mon ami. Même si tu ne crois pas en toi, moi je croirai en toi.
Quelque chose semble passer dans ses yeux - de la reconnaissance. Ça me fait plaisir de voir son humeur s'améliorer quelque peu. La perte de ses pouvoirs a dû beaucoup l'affecter. Je m'éloigne un peu avec lui à l'écart de Marc et Thémus.
- Merci, Ludvik. Vraiment. Ça me touche beaucoup... mais...
- Quoi ?
- Non, rien.
- Tu sais que je suis là, Ced. Tu peux compter sur moi.
Il soupire.
- C'est si dur... j'aimerais bien pouvoir en parler, mais...
- Je peux le comprendre... Tu sais, parler de choses difficiles à révéler, j'ai donné, en tant que gay... Rien que pour le dire à mes parents...
- Et comment ça s'est passé ?
- Bien mieux que je l'imaginais... Ma mère a reçu un choc, elle ne s'y attendait pas la pauvre, mais ils ont quand même accepté et m'ont assuré que ça ne changeait rien pour eux... Ça m'a fait un bien fou, tu peux pas imaginer. Mais quelle angoisse avant de leur dire !
- J'imagine... merci de m'avoir parlé de ça.
- Mais je t'en prie, voyons.
- Reprenons notre exploration.
Nous avons fouillé les ruines en vain pendant des heures. Rien d'intéressant. Pas âme qui vive - ou qui ne vive pas. Nous ne sommes pas entrés dans la tour, toutefois, et nous avons décidé de la considérer comme source potentielle d'ennuis. Juste pour rester en alerte. Et sait-on jamais...
Nous faisons l'inventaire de nos ressources et les nouvelles sont plutôt mauvaises. Nos vivres sont plutôt limitées, la plus grande partie était portée par nos chevaux, et nous avons pris ce que nous avons pu avant de fuir le relais détruit.
En nous rationnant, nous avons quatre jours de nourriture - et deux jours d'eau.
- As-tu une petite idée du temps que cela va prendre, Ced ?
- Malheureusement, ça risque de prendre entre quatre et huit jours. Peut-être moins.
- Mauvais, ça...
- Je vais me mettre dans une transe particulière qui me permettra de me passer totalement de nourriture et de boisson, répartissez-vous ma part.
- Pardon ?
- C'est une technique que m'a apprise le baron, et elle fonctionne, je vous le garantis. C'est une technique de conversion de l'énergie magique en énergie vitale.
- Ça alors ! Dit Thémus. Je n'ai jamais entendu parler d'une chose pareille. J'apprécierais de l'apprendre.
- Vous n'aimeriez pas le prix qu'il faut payer pour ça...
Le « soir » venu - il n'y a absolument aucun changement dans le ciel ou dans la luminosité, nous nous basons sur notre fatigue et les grondements de notre estomac - nous faisons un maigre repas et buvons un peu d'eau. Tout repose sur Cédric, et cette attente risque de peser lourdement sur nos nerfs. Cela va être une course entre nos vivres et le regain de son pouvoir.
Mais il commence à sérieusement m'intriguer. Quelque chose cloche de plus en plus avec lui, et Marc m'a fait part de ses inquiétudes. Même Finnadan le regarde en coin. D'où vient une telle puissance ? Quel prix affreux a-t-il dû payer ?
Ced s'est installé à l'écart, morose. Cela me fait mal de le voir ainsi. Certes, il y a quelque chose d'étrange, mais il n'en reste pas moins mon ami.
Il finit par relever la tête et me fait signe de venir.
Je me lève et le rejoins.
- Je voudrais te dire quelque chose, me dit-il. À toi seul.
Je regarde autour de moi et vois un ensemble de ruines sur un fond de ciel violacé, tourmenté, zébré d'éclairs bleutés qui n'atteignent jamais le sol.
- Et merde... C'est pas vrai !
- Alors ça c'est le bouquet, commente sombrement Marc.
- Désolé... Je n'ai pas pu le frapper plus tôt...
- Assez, dis-je, je préfère des remarques constructives plutôt que des lamentations et des reproches. Quelqu'un sait-il quelque chose de ce lieu ?
- Mouais, dit Cédric, tandis que Thémus acquiesce silencieusement. C'est bien la Prison Éternelle, encore que ce dernier mot semble laisser à désirer. On dirait qu'il y a eu un tremblement de terre ici, tout est par terre ou presque.
- Il était censé y avoir des sortilèges qui préservaient tout en l'état, y compris la vie des prisonniers. Quand on était enfermé ici, c'était jusqu'à la fin des temps.
- Quelle horreur...
- Pas pire que... j'allais dire que les criminels qui étaient enfermés ici, mais je commence à me poser sérieusement des questions. Peut-être des prisonniers politiques.
- Pourquoi les emprisonner ici plutôt que de les tuer ? Demande Finnadan.
- Ce que tu as vu dans le bois de Fleinn ne t'a pas fait réfléchir ? Ils n'avaient pas envie de les voir se relever de leur tombe pour continuer à les ennuyer. En les condamnant à un enfermement éternel, ils étaient assurés de ne plus en entendre parler.
- Ce qui veut dire qu'il y a peut-être des morts-vivants ici...
- Super...
- Peut-on sortir de là ?
- Quand mes pouvoirs seront revenus, je me fais fort d'ouvrir un portail pour nous ramener chez nous. C'est juste une question de jours.
- C'est théoriquement impossible, dit Thémus, mais entre la dégradation de ces lieux et votre puissance, nous avons peut-être une chance.
- Bien. Nous devons donc établir un camp, nous assurer que nous sommes bien seuls, et veiller sur Cédric afin qu'il ne lui arriver rien.
- Je peux me débrouiller seul, merci, je ne suis pas sans défense.
- Je sais, mais ce que je veux dire par là, c'est que de nous tous, tu es celui dont la sécurité doit primer. Parce que tu es notre porte de sortie.
- Bon... dit-il en soupirant.
- Commençons par explorer les environs.
Nous nous séparons en deux groupes, les soldats mercenaires avec Finnadan (je tiens à ce que l'un de nous garde un œil sur eux) et je m'éloigne de mon côté avec Cédric, Thémus et Marc.
Nous sommes arrivés dans ce qui semble avoir été une grande cour, ceinte de hauts murs, mais ceux-ci ne sont plus que des monceaux de gravats. Nous les gravissons tant bien que mal et observons le reste des ruines.
- Eh ben...
- Pas grand-chose à visiter...
- Juste cette tour, là-bas, mais m'est avis qu'elle s'écroulera au premier souffle d'air, je ne m'installerai pas là-dedans pour tout l'or du monde.
- Oui. Autant y jeter un œil, pas de trop près tout de même.
La tour en question penche dangereusement, le sol alentour est jonché de pierres, et un tas plus grand indique l'emplacement d'une autre construction que le temps a ramené à terre.
Nous ne voyons aucun signe de vie nulle part. Au-delà des murs, une plaine grise s'étend à perte de vue.
- Ce qui maintenait le sort d'éternité a dû être endommagé, dit Thémus. Peut-être par les prisonniers, qui ont pu trouver dans la mort la seule évasion qui leur était possible.
- C'est une hypothèse très plausible, dis-je. Si j'avais été avec eux, j'aurais tout fait pour. Tout plutôt que de vivre éternellement dans cet enfer.
- Espérons que nous n'aurons pas le même destin qu'eux...
- Je suis confiant, dit Cédric. J'ai une bonne idée de la manière dont je dois m'y prendre.
- Je suis impressionné. Jamais je n'ai vu un mage tel que vous. Et votre bâton porte un enchantement qui ne m'est pas inconnu... Vous n'êtes pas n'importe qui, Cédric.
- Mouais... Le pire, c'est que tout m'est tombé dessus sans qu'on me demande mon avis. Vous voyez la puissance dont je dispose, mais vous ne pouvez pas imaginer quel prix j'ai dû payer pour l'obtenir.
- J'en frémis rien qu'à y songer. Tout a un prix, telle est la première leçon que l'on nous enseigne. Je ne voudrais pas être à votre place. Est-ce à cause de ce prix que vous faites si peu de cas de votre existence ? Le pacte que vous avez passé avec cet ifrit vous menace à court terme.
- J'ai accès à la jouvence... tuer des sembleurs ne représente pas de problème pour moi.
- C'est une course contre la mort... si vous devez l'invoquer de nouveau...
- S'il le faut pour vous sauver, je le ferai. Ma vie m'importe peu.
- Ne dis pas ça, Cédric ! Dis-je. Elle importe pour moi !
Il me regarde, impassible.
- Tu ferais bien de ne pas trop t'attacher à moi. Au rythme où ça va, qui sait ce qu'il adviendra de moi à l'avenir ?
- Je serai là, mon ami. Même si tu ne crois pas en toi, moi je croirai en toi.
Quelque chose semble passer dans ses yeux - de la reconnaissance. Ça me fait plaisir de voir son humeur s'améliorer quelque peu. La perte de ses pouvoirs a dû beaucoup l'affecter. Je m'éloigne un peu avec lui à l'écart de Marc et Thémus.
- Merci, Ludvik. Vraiment. Ça me touche beaucoup... mais...
- Quoi ?
- Non, rien.
- Tu sais que je suis là, Ced. Tu peux compter sur moi.
Il soupire.
- C'est si dur... j'aimerais bien pouvoir en parler, mais...
- Je peux le comprendre... Tu sais, parler de choses difficiles à révéler, j'ai donné, en tant que gay... Rien que pour le dire à mes parents...
- Et comment ça s'est passé ?
- Bien mieux que je l'imaginais... Ma mère a reçu un choc, elle ne s'y attendait pas la pauvre, mais ils ont quand même accepté et m'ont assuré que ça ne changeait rien pour eux... Ça m'a fait un bien fou, tu peux pas imaginer. Mais quelle angoisse avant de leur dire !
- J'imagine... merci de m'avoir parlé de ça.
- Mais je t'en prie, voyons.
- Reprenons notre exploration.
Nous avons fouillé les ruines en vain pendant des heures. Rien d'intéressant. Pas âme qui vive - ou qui ne vive pas. Nous ne sommes pas entrés dans la tour, toutefois, et nous avons décidé de la considérer comme source potentielle d'ennuis. Juste pour rester en alerte. Et sait-on jamais...
Nous faisons l'inventaire de nos ressources et les nouvelles sont plutôt mauvaises. Nos vivres sont plutôt limitées, la plus grande partie était portée par nos chevaux, et nous avons pris ce que nous avons pu avant de fuir le relais détruit.
En nous rationnant, nous avons quatre jours de nourriture - et deux jours d'eau.
- As-tu une petite idée du temps que cela va prendre, Ced ?
- Malheureusement, ça risque de prendre entre quatre et huit jours. Peut-être moins.
- Mauvais, ça...
- Je vais me mettre dans une transe particulière qui me permettra de me passer totalement de nourriture et de boisson, répartissez-vous ma part.
- Pardon ?
- C'est une technique que m'a apprise le baron, et elle fonctionne, je vous le garantis. C'est une technique de conversion de l'énergie magique en énergie vitale.
- Ça alors ! Dit Thémus. Je n'ai jamais entendu parler d'une chose pareille. J'apprécierais de l'apprendre.
- Vous n'aimeriez pas le prix qu'il faut payer pour ça...
Le « soir » venu - il n'y a absolument aucun changement dans le ciel ou dans la luminosité, nous nous basons sur notre fatigue et les grondements de notre estomac - nous faisons un maigre repas et buvons un peu d'eau. Tout repose sur Cédric, et cette attente risque de peser lourdement sur nos nerfs. Cela va être une course entre nos vivres et le regain de son pouvoir.
Mais il commence à sérieusement m'intriguer. Quelque chose cloche de plus en plus avec lui, et Marc m'a fait part de ses inquiétudes. Même Finnadan le regarde en coin. D'où vient une telle puissance ? Quel prix affreux a-t-il dû payer ?
Ced s'est installé à l'écart, morose. Cela me fait mal de le voir ainsi. Certes, il y a quelque chose d'étrange, mais il n'en reste pas moins mon ami.
Il finit par relever la tête et me fait signe de venir.
Je me lève et le rejoins.
- Je voudrais te dire quelque chose, me dit-il. À toi seul.
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