16-09-2021, 09:14 PM
14 - La porte de la nuit
- Aucune trace de lui.
- Tu peux le localiser ?
- J'ai essayé, mais rien à faire. Il doit avoir masqué sa présence, ou être derrière un écran magique.
- Zut ! C'est pas vrai, c'est pas vrai, je ne vais pas le perdre une nouvelle fois !
- Je suis désolé, Lud. Mais tu sais que c'est préférable pour lui. Les ténèbres ont dû reprendre le dessus plus vite qu'il ne le pensait.
- Il... il a tellement fait pour moi, pour nous deux, et il a payé un tel prix ! Tout est de ma faute, jamais je n'aurais dû l'impliquer dans cette histoire. Et tout ça pour un malheureux sort de dissimulation... oh merde... le médaillon ! Je ne suis plus caché sur Terre, les sorciers des destructeurs vont pouvoir me localiser ! Est-ce qu'il l'a laissé ?
- J'ai trouvé sa sacoche, mais je n'ai pas regardé dedans.
- Voyons voir ça...
J'ouvre le sac et me retrouve couvert d'éclairs. Décidément, Cédric a... avait... un faible pour la foudre. Ma garde élémentale a été amplement rentabilisée...
Il y a beaucoup de choses dans ce sac, mais c'est finalement dans une pochette intérieure que je trouve le médaillon. Ouf. Je me souviens qu'il avait parlé de deux jours de délai à compter s'il venait à s'en séparer, il va falloir que je trouve quelqu'un pour le recharger. Hum.
- Me voila rassuré. Un peu. Mais j'aimerais être sûr... Cédric...
- Mieux vaut qu'il soit parvenu à mourir. Si nous le revoyons, cela voudra dire qu'il sera devenu notre pire ennemi.
- C'est vrai... J'ai brisé mon serment, je lui avait promis de veiller sur lui, et je ne l'ai pas fait, je l'ai envoyé vers toi, vers les ténèbres...
- Il connaissait les risques. Il savait ce qui est en jeu, et il n'a pas hésité. Il était bon et courageux.
- Il me manquera beaucoup.
Finnadan entre dans l'écurie.
- Pourquoi pleures-tu, Ludvik ?
- Cédric... Nous l'avons perdu.
- Que s'est-il passé ?
- Les ténèbres ont apposé leur marque sur lui. Il a eu le choix entre la servitude et la mort, et il a choisi la mort sur Terre... Ici, il a disparu, probablement pour que nous gardions de lui le souvenir d'un jeune homme v-v-v...
Marc me serre dans ses bras, et je pleure sur son épaule. Je pleure la perte d'un ami, d'un frère, d'un compagnon d'aventure, je pleure ma culpabilité, mes regrets.
Sans moi, il vivrait encore.
Sans lui, je serais mort.
Je sens une main se poser sur mon épaule, qui ne peut appartenir à mon amour. Un instant cruel, je crois que c'est Cédric. Mais c'est Finnadan qui me soutient par ce geste.
- Je m'appelais Catherine, sur Terre. Mon dernier souvenir là-bas remonte à il y a presque cinq ans. On m'endormait pour m'opérer de l'appendicite. Je ne me suis plus jamais réveillée ailleurs qu'en Outremonde. J'ai perdu la moitié de mon existence. Je voudrais te dire que je compatis sincèrement à ta souffrance. Cédric était un gars bien, comme on en voit peu. Il me manquera.
- Merci, dis-je, étonné de découvrir une telle gentillesse derrière la carapace qu'elle s'était forgée en ce monde.
- Êtes-vous sûrs qu'il soit mort ?
- S'il ne l'est pas, ce serait inquiétant...
- Vous ne savez pas s'il a disparu pour cette raison précise ?
- Non, je ne vois pas ce qui pourrait l'avoir poussé à partir sans nous prévenir en dehors de ça.
- Mouais. Autant y aller, dans ce cas. Si votre ami s'est donné la mort, la garde finira par faire le lien avec vous, via le tenancier de l'auberge. Et s'il a succombé aux ténèbres... vous n'aurez pas envie de traîner dans le coin.
Notre départ est triste, ma gorge est encore serrée, je ne sais pas si je pourrai me pardonner un jour d'avoir poussé la porte de Karl et d'avoir accepté de partir avec son apprenti.
Je presse mon cheval pour essayer d'échapper à ce désespoir, à ce lieu chargé d'une perte si cruelle.
Je ne t'oublierai jamais, Cédric, mon ami, mon frère.
Château de Valden, Pays sans ciel, Outremonde
Je me réveille. Je me souviens de tout, instantanément.
Alkarn est là.
- Qu'avez-vous fait de moi ? Est-ce cela, la vie que vous me promettiez ? Un vampire, condamné à ne vivre que la nuit, à boire le sang des autres ? Je n'ai quitté une malédiction que pour une autre !
- Calme-toi.
- Me calmer ! Je suis maudit...
- Regarde-toi.
Je regarde mon corps nu, allongé dans un cercle de sorcellerie plutôt complexe. Ma poitrine s'orne d'un tatouage brillant, un soleil enserré par un dragon, je distingue des runes dissimulées par les dessins des écailles.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une contre-malédiction qui annule les inconvénients de notre état.
- Quoi ?
- Oui, tu peux marcher en plein jour, pratiquement te passer de boire du sang - une gorgée de temps en temps - et rien ne te distinguera d'un mortel.
- Il y a certainement d'autres inconvénients, non ?
- La nuit, tu retrouveras ton plein potentiel vampirique. Tu devras alors faire attention à ne pas te trahir par le surcroît de puissance qui t'envahira.
- Je vois... C'est moins grave que je l'imaginais. Et... je ne sens plus l'influence des ténèbres en moi.
- Par contre, fais attention... Si ton tatouage est endommagé, tu perdras ta protection. Et si ça se passe en plein soleil... ta mort sera instantanée, quand bien même tu n'aurais eu qu'une légère coupure.
- On n'a rien sans rien... mais... je me sens toujours vide.
- Il est temps pour toi de redevenir entier. Je te nomme Asren. Et pour conserver la tradition de ton premier monde, je te donne ce prénom qui t'était si cher, Cédric Asren.
Je me sens alors revivre, renaître, je suis entier, vivant... enfin, en quelque sorte. Mes émotions déferlent en moi, et je m'efforce de faire le tri. Le sentiment qui prévaut est celui d'une liberté grisante.
Je n'ai plus d'attache, mais je peux en renouer, bien sûr. Mes anciens amis... est-ce que je dois revenir vers eux ? Ou serait-il plus intéressant de rester ici ? Non, il me faut reprendre la lutte contre ceux qui veulent anéantir la Terre, même si je me sens moins concerné par ce problème, je n'ai pas envie de voir un fou dangereux devenir une divinité d'Outremonde.
- Je dois retrouver mes compagnons.
- Cherche en toi.
- Oh... comment...
- Je t'ai offert ce savoir, celui de l'ancienne magie, puisse-t-elle te servir.
- Merci... Merci, Alkarn. Je reviendrai un jour, je l'espère, après avoir vaincu nos ennemis.
- Je t'attendrai.
Après m'être habillé, je me téléporte à l'écurie, pour constater que sac et cheval ont disparu. Mes compagnons sont partis, je n'avais pas fait attention mais il s'est écoulé plusieurs heures depuis l'aube. Je me concentre sur leur aura, que je connais, et les repère à la Porte de la Nuit, au cœur du Col des Ombres. Ils ont fait vite...
La Porte de la Nuit, à la frontière du pays sans ciel, en Outremonde
Une nouvelle muraille, bien plus petite celle-ci, une nouvelle porte, et de nouvelles taxes de passage à payer, et nous voilà plongés au cœur de la nuit.
- C'est dingue. Imaginer qu'un pays entier flotte au-dessus de nos têtes...
- Ouais.
- Regardez plutôt où vous allez, dit Finnadan.
Cédric est là, devant nous, qui nous attend.
Fin du livre III
- Aucune trace de lui.
- Tu peux le localiser ?
- J'ai essayé, mais rien à faire. Il doit avoir masqué sa présence, ou être derrière un écran magique.
- Zut ! C'est pas vrai, c'est pas vrai, je ne vais pas le perdre une nouvelle fois !
- Je suis désolé, Lud. Mais tu sais que c'est préférable pour lui. Les ténèbres ont dû reprendre le dessus plus vite qu'il ne le pensait.
- Il... il a tellement fait pour moi, pour nous deux, et il a payé un tel prix ! Tout est de ma faute, jamais je n'aurais dû l'impliquer dans cette histoire. Et tout ça pour un malheureux sort de dissimulation... oh merde... le médaillon ! Je ne suis plus caché sur Terre, les sorciers des destructeurs vont pouvoir me localiser ! Est-ce qu'il l'a laissé ?
- J'ai trouvé sa sacoche, mais je n'ai pas regardé dedans.
- Voyons voir ça...
J'ouvre le sac et me retrouve couvert d'éclairs. Décidément, Cédric a... avait... un faible pour la foudre. Ma garde élémentale a été amplement rentabilisée...
Il y a beaucoup de choses dans ce sac, mais c'est finalement dans une pochette intérieure que je trouve le médaillon. Ouf. Je me souviens qu'il avait parlé de deux jours de délai à compter s'il venait à s'en séparer, il va falloir que je trouve quelqu'un pour le recharger. Hum.
- Me voila rassuré. Un peu. Mais j'aimerais être sûr... Cédric...
- Mieux vaut qu'il soit parvenu à mourir. Si nous le revoyons, cela voudra dire qu'il sera devenu notre pire ennemi.
- C'est vrai... J'ai brisé mon serment, je lui avait promis de veiller sur lui, et je ne l'ai pas fait, je l'ai envoyé vers toi, vers les ténèbres...
- Il connaissait les risques. Il savait ce qui est en jeu, et il n'a pas hésité. Il était bon et courageux.
- Il me manquera beaucoup.
Finnadan entre dans l'écurie.
- Pourquoi pleures-tu, Ludvik ?
- Cédric... Nous l'avons perdu.
- Que s'est-il passé ?
- Les ténèbres ont apposé leur marque sur lui. Il a eu le choix entre la servitude et la mort, et il a choisi la mort sur Terre... Ici, il a disparu, probablement pour que nous gardions de lui le souvenir d'un jeune homme v-v-v...
Marc me serre dans ses bras, et je pleure sur son épaule. Je pleure la perte d'un ami, d'un frère, d'un compagnon d'aventure, je pleure ma culpabilité, mes regrets.
Sans moi, il vivrait encore.
Sans lui, je serais mort.
Je sens une main se poser sur mon épaule, qui ne peut appartenir à mon amour. Un instant cruel, je crois que c'est Cédric. Mais c'est Finnadan qui me soutient par ce geste.
- Je m'appelais Catherine, sur Terre. Mon dernier souvenir là-bas remonte à il y a presque cinq ans. On m'endormait pour m'opérer de l'appendicite. Je ne me suis plus jamais réveillée ailleurs qu'en Outremonde. J'ai perdu la moitié de mon existence. Je voudrais te dire que je compatis sincèrement à ta souffrance. Cédric était un gars bien, comme on en voit peu. Il me manquera.
- Merci, dis-je, étonné de découvrir une telle gentillesse derrière la carapace qu'elle s'était forgée en ce monde.
- Êtes-vous sûrs qu'il soit mort ?
- S'il ne l'est pas, ce serait inquiétant...
- Vous ne savez pas s'il a disparu pour cette raison précise ?
- Non, je ne vois pas ce qui pourrait l'avoir poussé à partir sans nous prévenir en dehors de ça.
- Mouais. Autant y aller, dans ce cas. Si votre ami s'est donné la mort, la garde finira par faire le lien avec vous, via le tenancier de l'auberge. Et s'il a succombé aux ténèbres... vous n'aurez pas envie de traîner dans le coin.
Notre départ est triste, ma gorge est encore serrée, je ne sais pas si je pourrai me pardonner un jour d'avoir poussé la porte de Karl et d'avoir accepté de partir avec son apprenti.
Je presse mon cheval pour essayer d'échapper à ce désespoir, à ce lieu chargé d'une perte si cruelle.
Je ne t'oublierai jamais, Cédric, mon ami, mon frère.
Château de Valden, Pays sans ciel, Outremonde
Je me réveille. Je me souviens de tout, instantanément.
Alkarn est là.
- Qu'avez-vous fait de moi ? Est-ce cela, la vie que vous me promettiez ? Un vampire, condamné à ne vivre que la nuit, à boire le sang des autres ? Je n'ai quitté une malédiction que pour une autre !
- Calme-toi.
- Me calmer ! Je suis maudit...
- Regarde-toi.
Je regarde mon corps nu, allongé dans un cercle de sorcellerie plutôt complexe. Ma poitrine s'orne d'un tatouage brillant, un soleil enserré par un dragon, je distingue des runes dissimulées par les dessins des écailles.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une contre-malédiction qui annule les inconvénients de notre état.
- Quoi ?
- Oui, tu peux marcher en plein jour, pratiquement te passer de boire du sang - une gorgée de temps en temps - et rien ne te distinguera d'un mortel.
- Il y a certainement d'autres inconvénients, non ?
- La nuit, tu retrouveras ton plein potentiel vampirique. Tu devras alors faire attention à ne pas te trahir par le surcroît de puissance qui t'envahira.
- Je vois... C'est moins grave que je l'imaginais. Et... je ne sens plus l'influence des ténèbres en moi.
- Par contre, fais attention... Si ton tatouage est endommagé, tu perdras ta protection. Et si ça se passe en plein soleil... ta mort sera instantanée, quand bien même tu n'aurais eu qu'une légère coupure.
- On n'a rien sans rien... mais... je me sens toujours vide.
- Il est temps pour toi de redevenir entier. Je te nomme Asren. Et pour conserver la tradition de ton premier monde, je te donne ce prénom qui t'était si cher, Cédric Asren.
Je me sens alors revivre, renaître, je suis entier, vivant... enfin, en quelque sorte. Mes émotions déferlent en moi, et je m'efforce de faire le tri. Le sentiment qui prévaut est celui d'une liberté grisante.
Je n'ai plus d'attache, mais je peux en renouer, bien sûr. Mes anciens amis... est-ce que je dois revenir vers eux ? Ou serait-il plus intéressant de rester ici ? Non, il me faut reprendre la lutte contre ceux qui veulent anéantir la Terre, même si je me sens moins concerné par ce problème, je n'ai pas envie de voir un fou dangereux devenir une divinité d'Outremonde.
- Je dois retrouver mes compagnons.
- Cherche en toi.
- Oh... comment...
- Je t'ai offert ce savoir, celui de l'ancienne magie, puisse-t-elle te servir.
- Merci... Merci, Alkarn. Je reviendrai un jour, je l'espère, après avoir vaincu nos ennemis.
- Je t'attendrai.
Après m'être habillé, je me téléporte à l'écurie, pour constater que sac et cheval ont disparu. Mes compagnons sont partis, je n'avais pas fait attention mais il s'est écoulé plusieurs heures depuis l'aube. Je me concentre sur leur aura, que je connais, et les repère à la Porte de la Nuit, au cœur du Col des Ombres. Ils ont fait vite...
La Porte de la Nuit, à la frontière du pays sans ciel, en Outremonde
Une nouvelle muraille, bien plus petite celle-ci, une nouvelle porte, et de nouvelles taxes de passage à payer, et nous voilà plongés au cœur de la nuit.
- C'est dingue. Imaginer qu'un pays entier flotte au-dessus de nos têtes...
- Ouais.
- Regardez plutôt où vous allez, dit Finnadan.
Cédric est là, devant nous, qui nous attend.
Fin du livre III
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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