CHAPITRE LXXII
''Amare et sapere vix deo conceditur''
Burydan et Raven filaient le parfait amour. Et il faut avouer que le jeune garçon était extrêmement... ''docile'', se pliant de bonne grâce à tous les caprices, même les plus bizarres, de son beau mâle.
Burydan attisa le feu. Les ouvriers qui avaient construit sa maison avait créer des conduites qui permettaient de chauffer toutes les pièces de la maison avec la cheminée du salon. Une douce chaleur commença à se diffuser.
- Mmm, il fait bon, dit Raven.
- C'est voulu bébé. J'ai un truc à te demander.
- Je t'écoute.
- J'aimerais que, quand nous sommes seuls ici tu sois... nu... tout le temps...
- Nu ?! Com... complètement ?
- Évidemment..
Les yeux ronds Raven regardait Burydan qui souriait. Et le petit feu qui brillait dans les yeux gris était sans équivoque.
Raven fit un sourire en coin et commença à se dévêtir. Et c’était un spectacle dont Burydan ne se lassait pas. Un fois nu, exposant son beau corps musclé aux regard avides de son bel étalon il poussa un soupir un peu surjoué et dit :
- Et après, c'est moi le minet lubrique...
Il faut dire que Burydan n'aimait rien tant que se jeter sur Raven par surprise. Et, d'ailleurs, toutes les pièces de la maison avaient abrité leurs ébats : sur la table de la cuisine, de la salle à manger, sur la peau d'arkou au pied de la cheminée, dans le salon, dans le couloir qui menait aux chambres, Raven les mains appuyés contre le mur et tendant ses fesses à Burydan, dans le jardin, protégés des regards par les hautes haies qui le bordaient, et dans l'écurie, Raven couché sur une botte de paille pendant que, entre ses cuisses, son bel étalon allait et venait en lui.
Burydan apprit à Raven à lire et à écrire, puis de nombreuses choses que lui avait apprises son maître. Mais il déçu son petit minet quand celui-ci lui demanda de lui enseigner le maniement de l'épée.
- Je ne peux pas, bébé.
- Pourquoi ? Tu crois que je n'y arriverai pas ?
- Non, c'est pas ça. Je sais que tu es habile avec quelque chose de long et dur dans la main... c'est juste que j'ai promis... promis de n'enseigner l'épée qu'à une seule personne...
- Qui ?
- Je ne sais pas. Mon maître m'a dit que je le sentirais quand je le rencontrerais.
- Et... c'est pas moi...
- Et non... tu n'es pas mon élève... Même si je sens beaucoup de choses quand je suis avec toi, tu n'es que l'objet de ma luxure...
Raven pencha la tête sur le côté et un sourire se dessina sur ses belles lèvres.
- Ça me va, dit il avant d’embrasser Burydan
Après quelques semaines, Burydan prit lui aussi l'habitude d'évoluer nu à la maison. Burydan se réserva la cuisine et le jardinage, Raven s'occupait du ménage. Il flânait, sans oublier de se peloter au passage. Raven attendait souvent que Burydan sorte de la salle d'eau avant de se jeter sur lui, l'embrasser passionnément, puis se mettre à genoux et faire tomber la serviette qui lui ceignait les reins à ses chevilles, prendre son sexe en bouche, avant de l'attirer vers le lit et faire l'amour avec passion. Le soir, il regardait le feu enlacés. Puis les baisers devenaient de plus en plus fougueux, les caresses de plus en plus sensuelles et Burydan soulevait son petit minet et le portait jusqu'à la chambre. Du moins, quand ils y arrivaient. De temps à autre ils étaient tellement excités qu'ils faisaient l'amour comme des dingues sur la peau d'arkou.
Burydan partait souvent et longtemps. A chaque fois, Raven était malheureux comme les pierres. Il se demandait si, lors de ses grandes absences, Burydan baisait avec d'autres. Sans doute. Burydan était beau et devait avoir beaucoup d'occasions. Et quand l'occasion est là, l'envie n'est jamais bien loin. Il trompa soin ennui et sa jalousie dans les bras de quelques jeunes filles. Burydan l'apprit mais ne dit rien. Il ne lui en voulait même pas : ''peut être que ces donzelles lui apporte quelque chose que moi je ne peux lui apporter''.
Un matin, il rentra après un mois d'absence. Il était parti à la recherche d'un escroc qui avait roulé plusieurs nobles de l'entourage du Duc. Il avait eu du mal à le trouver, s'égarant de fausses pistes en culs de sac, mais y était finalement arrivé. Il mit Arion dans son box, remplit sa mangeoire d'enbaku et son auge d'eau fraîche et le bouchonna rapidement.
- Désolé mon grand, je sais que tu aimes les longues caresses et grattouilles, mais j'ai trop envie d'embrasser Raven. Et de lui faire l'amour aussi...
Burydan entra dans la maison et commença à se déshabiller pour pouvoir se jeter sur son petit minet aussitôt il le verrait.
- Raven ? Je suis rentré...
il posa sa chemise sur l'un des fauteuils.
- Raven ? Où tu es bébé ?
Il enleva ses bottes et ses chaussettes et posa son pantalon sur une chaise de la cuisine.
- Raven, où tu es bordel ?
Il enleva son sous-vêtement et commença à caresser sa bite qui durcit instantanément.
- J'espère que tu es en forme, petit minet lubrique, parce que j'ai l'intention de t'épuiser de plaisir...
Mais Raven n'était pas là. Burydan regarda l'heure. Il était trop tard pour le marché. ''Il est allé se balader ?'' se demanda-t-il. Et il eut un mauvais pressentiment. Une petite voix dans sa tête qui lui disait que quelques chose clochait. Il retourna dans la chambre et ouvrit la commode de Raven. Vide. Idem pour son armoire. Burydan blêmit. Et il vit un pli sur son oreiller. Il décacheta le poulet (1) et lu :
Mon amour,
je pars et je ne reviendrai pas. Je quitte Malienda également. J'ai passé avec toi les plus belles années de ma vie, du moins jusqu'à maintenant. Mais j'ai envie de plus. Non, j'ai besoin de plus. Avec toutes les choses que tu m'as apprises, je pense pouvoir trouver un bon métier et gagner suffisamment de pécunes pour avoir une gentille épouse à qui je ferai de beaux enfants. Et ça, même toi tu ne peux me l'apporter.
Je t'aime Burydan, et je t'aimerai toujours, et tu vas horriblement me manquer, mais il est temps pour moi de passer à autre chose. Ne m'en veux pas, je t'en supplie. Et, même si je sais que tu le peux, ne cherche pas à me retrouver. Prends soin de toi.
Raven
je pars et je ne reviendrai pas. Je quitte Malienda également. J'ai passé avec toi les plus belles années de ma vie, du moins jusqu'à maintenant. Mais j'ai envie de plus. Non, j'ai besoin de plus. Avec toutes les choses que tu m'as apprises, je pense pouvoir trouver un bon métier et gagner suffisamment de pécunes pour avoir une gentille épouse à qui je ferai de beaux enfants. Et ça, même toi tu ne peux me l'apporter.
Je t'aime Burydan, et je t'aimerai toujours, et tu vas horriblement me manquer, mais il est temps pour moi de passer à autre chose. Ne m'en veux pas, je t'en supplie. Et, même si je sais que tu le peux, ne cherche pas à me retrouver. Prends soin de toi.
Raven
Burydan lu et relu la lettre avant de s'allonger sur le lit. Son petit minet était parti et ne reviendrai pas... il fallait qu'il fasse quelque chose... Raven avait raison, il pourrait le retrouver facilement... et lui dire... lui dire enfin que lui aussi... lui aussi... il... il... l'aimait...
''Oui, c'est ça, je vais le retrouver et lui dire que loi aussi je l'aime, et que... et que... que quoi ? Raven veut une femme et des enfants, Raven veut passer à autre chose... ''
Burydan le savait. Il le sentait jusqu'au plus profond de soin âme. Il avait définitivement et irrémédiablement perdu Raven. Le retrouver ne servirait à rien.
Les yeux de Burydan, perdus au plafond de sa chambre, restèrent secs. Il était triste mais c'était promis, après avoir vengé Darren, de ne plus jamais pleurer.
- Cache tes blessures, kohai, le sang attire les fauves... disait Gershaw.
Quelque chose en lui se brisa et il sentit son cœur sécher et se recroqueviller.
''Ne plus jamais tombé amoureux, se dit-il, plus jamais de sentiments. Baiser et c'est tout...''.
Il erra plusieurs jours dans la maison, toutes les pièces lui rappelant son petit minet chéri, tous les endroits où ils avaient fait l'amour... encore et encore... et une relation basée presque exclusivement sur le sexe... il aurait dû dire à Raven qu'il n'était pas avec lui que pour ça... il aurait dû lui dire que lui aussi l'aimait... il aurait dû...
Burydan se remit au travail pour penser à autre chose.
(1) Poulet : (poulaict en vieil utopien) synonyme de lettre, missive.