21-08-2021, 09:15 PM
17 - Poursuite
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Les deux types se sont pointés à l'accueil et le plus âgé s'est présenté comme étant de la police... il a agité une plaque sous les yeux du gars de l'accueil puis lui a posé des questions sur toi en lui montrant une photo ! Il t'a reconnu tout de suite, et il a indiqué que tu es arrivé et reparti avec un autre jeune qu'il a bien décrit. Là, il les a emmené voir la vidéo des caméras de surveillance du parking !
- Meeeerde ! On file. Oh, putain, il manquait plus que ça.
- Il est possible qu'il ne soit pas vraiment ce qu'il prétend être... je ne reconnaîtrais pas une fausse plaque même si elle me mordait à la jambe.
- Moi non plus... mais je ne pense pas... non, je ne veux même pas l'envisager. Car sinon, il ne leur faudra pas longtemps pour remonter jusqu'à moi... et ma famille... et Marc. Oh non...
Mais... où ont-ils été chercher une photo de moi ?
Je m'arrête dans une ruelle, regardant devant moi sans rien voir.
Que faire ? Que faire ? Je ne sais pas... Je...
- Ludo, il n'y a qu'une seule possibilité. C'est de frapper avant qu'ils ne frappent, et pour ça...
- Ils faut qu'ils me trouvent... Car ils n'auront pas besoin de s'en prendre à quelqu'un d'autre s'ils pensent être sur le point de m'avoir. Descends.
- Euh...
- Je vais les lancer sur ma piste et les lâcher sur la route de Provins. Toi, de ton côté, tu retourneras en Outremonde pour lever le sort.
- OK. Mais je préfèrerais qu'on reste ensemble.
- Je ne tiens pas à te mettre en danger. Ils ne te connaissent pas encore.
- C'est gentil, mais je suis avec toi jusqu'au bout, dans les deux mondes. Je ne descendrai pas. Et puis, s'ils pensent que je suis celui avec qui tu as été à l'hôtel, ils n'iront pas le chercher. Avec mon casque, ils n'y verront que du feu.
- Merci. Merci beaucoup.
- Allez, en route.
- Accroche-toi !
Je file en trombe et retourne vers l'hôtel. Par chance, ils sont devant leur voiture, je vois mieux le deuxième homme, dans le genre passe-partout, on ne peut pas faire pire. Cheveux bruns, yeux bruns, taille moyenne, visage plus que banal. Le genre de type que tu oublies une seconde après l'avoir quitté des yeux.
Lorsque mon regard se porte sur Johann, qui est en train de téléphoner, une froide rage m'envahit. Je m'arrête non loin d'eux, leur faisant lever la tête. Je sens qu'ils comprennent soudain qui est sur cette moto. J'accélère alors à fond et me lance sur Johann, qui prend une expression paniquée et se jette de côté, juste à temps. Je prends l'autre sortie à contresens et file dans la rue.
- Je crois qu'ils t'ont remarqué, là.
- Hé.
- Et le mobile de Johann est en miettes.
- Qu'il m'apporte la facture...
Je regarde dans mon rétroviseur, mais je ne les vois pas. Ah ! Si.
- Bon... amenons-les hors de Lyon.
Ils font tout pour nous rattraper, il faut dire que je n'ai pas fait dans la dentelle, ils savent que je les ai repérés, et maintenant...
Une sirène retentit derrière nous.
- Ah, c'est le bouquet, ça, gémit Cédric.
Je jette un œil.
- C'est leur voiture... Soit ils sont vraiment ce qu'ils prétendent être, et c'est une très mauvaise nouvelle... soit ils ont un culot monstre.
- Pfff.
- J'aurais vraiment préféré ne pas t'embarquer dans cette histoire, dis-je en accélérant.
- Trop tard. Et j'étais volontaire, de toute façon.
- Ouais... On laisse tomber nos plans, ça devient beaucoup trop chaud là. S'ils sont vraiment de la police...
- D'accord.
Je tourne dans une ruelle que je remonte en trombe avant de déboucher dans une avenue et de me faufiler dans le trafic.
- Sauf si on peut les coincer...
- T'as un plan pour ça ?
- Aucun pour le moment.
Je continue à m'éloigner du centre de Lyon, j'ai lâché depuis un moment la voiture qui nous suivait, j'ai trop flippé quand ils ont utilisé leur sirène.
Même si c'était du culot... Ça me fait peur qu'ils en aient autant. Et dans le cas contraire, ma malheureuse moto ne suffira pas à mettre suffisamment de distance entre nous et tous ceux qu'ils pourront lancer à nos trousses.
Je passe sous la voie ferrée et tourne à gauche pour traverser le pont Galliéni. Heureusement que je connais Lyon, à force d'aller voir Marc... J'évite de justesse de prendre l'autoroute comme à mon habitude. Un autre pont, et je m'engage dans une avenue qui louvoie tout en m'emmenant toujours plus loin vers la D7. La ville est bientôt derrière moi, et je ne remarque toujours aucune trace de poursuite.
Je décide sur un coup de tête de quitter la départementale pour rejoindre une route conduisant en forêt. J'ai besoin de faire le point. Je suis déjà venu là, guidé par Marc, on s'y était promenés l'été dernier...
- Quelle galère ! Ils sont beaucoup plus puissants ou déterminés que nous. Mais qui sont-ils, à la fin ? Quand je pense qu'on y allait la bouche en cœur...
- Au moins, on est fixés... Sur certaines choses. Mais notre piège à Provins tombe complètement à l'eau avec cette histoire. Je crains qu'ils n'aient trop de ressources.
- Je vais devoir m'appuyer sur toi, Cédric. Tu es encore inconnu pour peux.
- Pas de problème.
- Je ne peux plus rentrer chez moi, je peux pas... Oh, merde, il faut que je prévienne Marc, et ma famille... mais je vais leur dire quoi ? Je n'ai pas arrêté de leur mentir ces derniers jours.
- Personne ne peut les protéger.
- Et quand bien même... Je ne peux pas rester sans rien faire... Oh mon dieu...
- Ludo...
- Je vais mourir, Ced... Ils vont mettre la main sur ma famille, ils vont m'obliger à venir... Et ils vont me tuer. Je n'ai pas le choix, je vais me rendre pour les protéger... Disparais, Ced.
- Non ! Ludo... je t'en prie...
- Je n'ai pas le choix ! Prends mes affaires en Outremonde, et... oui, sers-toi de ça, lui dis-je en lui donnant ma carte bleue. Demain il y aura un virement de mon père, tire autant d'argent que possible et ne t'en sers plus après ! Cette nuit, lève le sort qui me protège.
Je redémarre et retourne sur la départementale. Direction Paris...
Ma gorge est serrée, et je peux imaginer ce que ressent mon compagnon.
Tandis que défilent les kilomètres, je me demande combien de temps encore il leur faudra pour me trouver... Pas longtemps, je pense.
Je laisse un Cédric en larmes devant une station de métro, et poursuis ma route jusque chez moi.
Je prends le temps d'attacher la moto. Par habitude.
Je déverrouille la serrure, le cœur battant.
Ils m'attendent.
Fin du livre I
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Les deux types se sont pointés à l'accueil et le plus âgé s'est présenté comme étant de la police... il a agité une plaque sous les yeux du gars de l'accueil puis lui a posé des questions sur toi en lui montrant une photo ! Il t'a reconnu tout de suite, et il a indiqué que tu es arrivé et reparti avec un autre jeune qu'il a bien décrit. Là, il les a emmené voir la vidéo des caméras de surveillance du parking !
- Meeeerde ! On file. Oh, putain, il manquait plus que ça.
- Il est possible qu'il ne soit pas vraiment ce qu'il prétend être... je ne reconnaîtrais pas une fausse plaque même si elle me mordait à la jambe.
- Moi non plus... mais je ne pense pas... non, je ne veux même pas l'envisager. Car sinon, il ne leur faudra pas longtemps pour remonter jusqu'à moi... et ma famille... et Marc. Oh non...
Mais... où ont-ils été chercher une photo de moi ?
Je m'arrête dans une ruelle, regardant devant moi sans rien voir.
Que faire ? Que faire ? Je ne sais pas... Je...
- Ludo, il n'y a qu'une seule possibilité. C'est de frapper avant qu'ils ne frappent, et pour ça...
- Ils faut qu'ils me trouvent... Car ils n'auront pas besoin de s'en prendre à quelqu'un d'autre s'ils pensent être sur le point de m'avoir. Descends.
- Euh...
- Je vais les lancer sur ma piste et les lâcher sur la route de Provins. Toi, de ton côté, tu retourneras en Outremonde pour lever le sort.
- OK. Mais je préfèrerais qu'on reste ensemble.
- Je ne tiens pas à te mettre en danger. Ils ne te connaissent pas encore.
- C'est gentil, mais je suis avec toi jusqu'au bout, dans les deux mondes. Je ne descendrai pas. Et puis, s'ils pensent que je suis celui avec qui tu as été à l'hôtel, ils n'iront pas le chercher. Avec mon casque, ils n'y verront que du feu.
- Merci. Merci beaucoup.
- Allez, en route.
- Accroche-toi !
Je file en trombe et retourne vers l'hôtel. Par chance, ils sont devant leur voiture, je vois mieux le deuxième homme, dans le genre passe-partout, on ne peut pas faire pire. Cheveux bruns, yeux bruns, taille moyenne, visage plus que banal. Le genre de type que tu oublies une seconde après l'avoir quitté des yeux.
Lorsque mon regard se porte sur Johann, qui est en train de téléphoner, une froide rage m'envahit. Je m'arrête non loin d'eux, leur faisant lever la tête. Je sens qu'ils comprennent soudain qui est sur cette moto. J'accélère alors à fond et me lance sur Johann, qui prend une expression paniquée et se jette de côté, juste à temps. Je prends l'autre sortie à contresens et file dans la rue.
- Je crois qu'ils t'ont remarqué, là.
- Hé.
- Et le mobile de Johann est en miettes.
- Qu'il m'apporte la facture...
Je regarde dans mon rétroviseur, mais je ne les vois pas. Ah ! Si.
- Bon... amenons-les hors de Lyon.
Ils font tout pour nous rattraper, il faut dire que je n'ai pas fait dans la dentelle, ils savent que je les ai repérés, et maintenant...
Une sirène retentit derrière nous.
- Ah, c'est le bouquet, ça, gémit Cédric.
Je jette un œil.
- C'est leur voiture... Soit ils sont vraiment ce qu'ils prétendent être, et c'est une très mauvaise nouvelle... soit ils ont un culot monstre.
- Pfff.
- J'aurais vraiment préféré ne pas t'embarquer dans cette histoire, dis-je en accélérant.
- Trop tard. Et j'étais volontaire, de toute façon.
- Ouais... On laisse tomber nos plans, ça devient beaucoup trop chaud là. S'ils sont vraiment de la police...
- D'accord.
Je tourne dans une ruelle que je remonte en trombe avant de déboucher dans une avenue et de me faufiler dans le trafic.
- Sauf si on peut les coincer...
- T'as un plan pour ça ?
- Aucun pour le moment.
Je continue à m'éloigner du centre de Lyon, j'ai lâché depuis un moment la voiture qui nous suivait, j'ai trop flippé quand ils ont utilisé leur sirène.
Même si c'était du culot... Ça me fait peur qu'ils en aient autant. Et dans le cas contraire, ma malheureuse moto ne suffira pas à mettre suffisamment de distance entre nous et tous ceux qu'ils pourront lancer à nos trousses.
Je passe sous la voie ferrée et tourne à gauche pour traverser le pont Galliéni. Heureusement que je connais Lyon, à force d'aller voir Marc... J'évite de justesse de prendre l'autoroute comme à mon habitude. Un autre pont, et je m'engage dans une avenue qui louvoie tout en m'emmenant toujours plus loin vers la D7. La ville est bientôt derrière moi, et je ne remarque toujours aucune trace de poursuite.
Je décide sur un coup de tête de quitter la départementale pour rejoindre une route conduisant en forêt. J'ai besoin de faire le point. Je suis déjà venu là, guidé par Marc, on s'y était promenés l'été dernier...
- Quelle galère ! Ils sont beaucoup plus puissants ou déterminés que nous. Mais qui sont-ils, à la fin ? Quand je pense qu'on y allait la bouche en cœur...
- Au moins, on est fixés... Sur certaines choses. Mais notre piège à Provins tombe complètement à l'eau avec cette histoire. Je crains qu'ils n'aient trop de ressources.
- Je vais devoir m'appuyer sur toi, Cédric. Tu es encore inconnu pour peux.
- Pas de problème.
- Je ne peux plus rentrer chez moi, je peux pas... Oh, merde, il faut que je prévienne Marc, et ma famille... mais je vais leur dire quoi ? Je n'ai pas arrêté de leur mentir ces derniers jours.
- Personne ne peut les protéger.
- Et quand bien même... Je ne peux pas rester sans rien faire... Oh mon dieu...
- Ludo...
- Je vais mourir, Ced... Ils vont mettre la main sur ma famille, ils vont m'obliger à venir... Et ils vont me tuer. Je n'ai pas le choix, je vais me rendre pour les protéger... Disparais, Ced.
- Non ! Ludo... je t'en prie...
- Je n'ai pas le choix ! Prends mes affaires en Outremonde, et... oui, sers-toi de ça, lui dis-je en lui donnant ma carte bleue. Demain il y aura un virement de mon père, tire autant d'argent que possible et ne t'en sers plus après ! Cette nuit, lève le sort qui me protège.
Je redémarre et retourne sur la départementale. Direction Paris...
Ma gorge est serrée, et je peux imaginer ce que ressent mon compagnon.
Tandis que défilent les kilomètres, je me demande combien de temps encore il leur faudra pour me trouver... Pas longtemps, je pense.
Je laisse un Cédric en larmes devant une station de métro, et poursuis ma route jusque chez moi.
Je prends le temps d'attacher la moto. Par habitude.
Je déverrouille la serrure, le cœur battant.
Ils m'attendent.
Fin du livre I
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)