CHAPITRE CXXXI
''Qui factus est rex''
''Qui factus est rex''
- J'ai dû quitter précipitamment Simeria. Un nobliau m'a provoqué et je l'ai étendu roide sur le pavé. Je savais que ma vie ne tenait plus qu'à un fil. J'ai donc prit le premier bateau en partance pour n'importe où, et ce fut Mesmera. Heureusement j'avais quelque teinture de mesmérien, un de mes camarades étant originaire de cette île.
Je ne savais que me battre et, mes pécunes fondant comme neige à Shagma, je devins brigand. J'errai de ville en ville, détroussant le bourgeois, et arrivai à Lutecia. Je trouvai une chétive chambrette et, toutes les nuits, j'allai au... travail...
Un soir, cinq hommes me firent face, le couteau à la main. Leur chef me dit :
- Ici, tous les truands doivent prêter allégeance au roi. Celui qui ne le fait pas est passible de la peine de mort... Mais je suis d'humeur magnanime... Viens te présenter au roi des truands et c'est lui qui décidera de ton sort... Si tu refuses, on te tue...
Le choix était vite fait... je les suivis donc. Nous arrivâmes ici et je fus introduit auprès de Inkfeier, roi des mauvais garçons de tout Mesmera.
Après le rapport du ''chef'', le roi me dit :
- Ainsi tu rançonnes et détrousses le badaud sans m'avoir prêter allégeance...
- Je ne savais pas que je devais vous...
- Silence ! La punition pour ton ignorance est la mort !
Une bonne douzaine d'hommes l'entouraient, armés jusqu'aux dents. Je n'avais aucune chance.
Dans mon champ de vison périphérique, je vis un quidam qui louvoyait entre les meubles essayant de passer inaperçu. Et j'intervins précisément au moment où l'homme se jetait sur le roi, un poignard à la main.
Je l'envoyai valser dans un coin de la salle. Tout le monde resta interdit jusqu'à ce que je dise :
- Mais saisissez vous de lui, par les dieux !
Les gardes du corps du roi sortirent enfin de leur torpeur et se saisir de l'assassin. Le roi se leva et s'avança vers lui, trémulant :
- Chien ! dit-il en le giflant. Qui t'as payé pour me tuer ? Réponds ordure !
L'homme ne pipa mot.
- Comme tu veux... mes hommes auront tôt fait de te délier la langue... amenez-le aux caves et faites le parler...
L'homme fut amené.
- Incapables ! éructa le roi. Je vous paye une fortune pour me protéger et vous n'avez pas bougé ! Étiez vous de mèche dans cette meurtrerie ? Crétins, imbéciles, bons à rien !
Il se tourna vers moi :
- Quel est ton nom ?
- Morriss. Filip Morriss
- Filip Morriss, tu viens de sauver la vie du roi des truands, je suis à présent ton débiteur... tu as l'air de savoir te battre...
- J'ai été mercenaire en Siméria...
- Je vois... que dirais-tu de devenir le capitaine de ma garde ? Ils en ont bien besoin, comme tu l'as vu...
Je devins le capitaine des gardes du roi, les entraînant sans relâche jusqu'à ce qu'ils deviennent les meilleurs.
Par la suite je devins un fidèle conseiller du roi, qui me consultait pour chaque décision, se rangeant le plus souvent à mon avis. Je lui étais devenu indispensable. Ainsi, lorsqu'il dû choisir son successeur, comme il est d'usage, c'est moi qu’il choisit.
Plusieurs de ses lieutenants grincèrent des dents, mais le choix du roi était irrévocable.
Quand il mourut, de mort naturelle, je montai sur le trône. Il y eut certes une petit guerre de succession, mais je la fis réprimer dans le sang... et me voilà, roi incontesté de tous les truand et mauvais garçon de Mesmera...
- Eh bien, dis-je, voilà un récit épique... Puis-je te demander une faveur ? Voire même deux...
- Tout ce que tu voudras...
Je tirai mon épée. Les gardes se précipitèrent vers moi mais Filip les arrêta d'un geste.
- Vois-tu cette épée, demandai-je, et sa garde si particulière ?
- Oui. Cet Ouroboros est de très belle facture...
- Je voudrais que tu me promettes que quiconque portera cette épée sera intouchable...
- Luccio !
Un jeune garçon d'une vingtaine d'années s'approcha.
- Luccio est très dextre au crayon, me dit Filip. Fais un dessin précis de la garde de cette épée...
Luccio prit un écritoire et dessina en tirant la langue. Il regarda son œuvre, sourit, et la tendit à son roi. Filip l'examina, hocha la tête et me montra le dessin. Il était parfait, à un détail près. Je me piquai le doigt de la pointe de mon épée et déposai la goutte de sang au niveau de l’œil.
- Très bien. Luccio fais plusieurs copies de ce dessin. Ary, convoque dés demain nos meilleurs cavaliers et que ces dessins soient envoyés à tous les gouverneurs de Province. Que tous sachent que quiconque s'en prendra au porteur de cette épée, aujourd'hui ou demain, sera passible de la corde.
- Bien sire...
- Et qu'on fasse inscrire cette obligation dans la loi des truands...
- Bien sire...
- Et ta deuxième faveur ?
- Cette mignote... Je la voudrais... officiellement...
- Ah, elle est belle, hein ? Tu auras son acte de propriété dés demain. Et tu es obligé de dormir ici cette nuit. Tu verras, nos lits sont très confortable et il y a plein de jouets dans les chambres avec lesquelles tu pourras t'amuser avec cette petite chienne.
Je souris. Je montai dans ma chambre avec mon esclave qui sanglotait. Une fois à l'intérieur elle me dit :
- Pitié maître, ne soyez pas brutal avec moi... je ferai tout ce que vous voudrez, mais ne me battez pas... pitié...
- Comment t'appelles-tu ?
- I... Izaïa...
- Je ne vais pas te battre... ni même te déflorer... nous allons dormir ensemble mais je ne te toucherai pas... Et, une fois que tu seras à moi, je t'affranchirai et te trouverai un endroit où tu pourras travailler et trouver un bon mari...
- Oh, maître... vous gaussez-vous ?
- Nenni ma douce, nenni...
- Pourquoi... pourquoi faites-vous ça ?
- Parce que ma bonté me perdra... allez, au dodo.
La mignote vint se pelotonner contre moi pendant la nuit, et je la serrai très fort dans mes bras.
Je restai quelques jours au palais puis prit congé. J'affranchis Izaïa et la plaçai au temple de Zia où, comme je l'appris plus tard par la grande prêtresse, elle trouva un fort beau garçon qui était raffolé d'elle.
Quelques temps après, je vis que la nouvelle que le porteur de mon épée était intouchable était bien passée. Six truands voulurent me soulager de ma bourse quand je leur montrai mon épée. Ils rengainèrent aussitôt, enlevèrent leurs bonnets et s'excusèrent.
*
* *
* *
Burydan referma le journal de son maître et le posa sur la table de chevet.
Rhonin releva la tête et planta ses yeux dans ceux de son maître.
- Et c'est pour ça que tu m'as abandonné, me laissant au désespoir ?!
Burydan remarqua le ''tu'' mais ne dis rien. Après tout ils savaient tous les deux que leur relation de maître à esclave était un jeu entre eux.
- Il fallait que je sache, bébé.
- Il fallait que tu saches ?! Il fallait que tu saches ?! Et si tu n’étais pas revenu ? Si ces hommes t'avaient tué ? Que serais-je devenu ? Tu y as pensé à ça ?
- C'est pour ça que j'ai écrit cette lettre à mon ami Oli. Il t'aurait affranchi et tu aurais hérité de ma maison et de mon astrium. J'ai amassé suffisamment de pécunes pour que tu puisses vivre confortablement jusqu'à la fin de tes jours.
Rhonin le regarda en ouvrant des yeux ronds :
- Tu n'as toujours rien compris, hein ? Je me fous d'être affranchi, je me fous de ta maison, et je me contre-fous de tes pécunes. C'est toi que je veux, uniquement toi. Tout le temps et pour toujours...
Il se retourna en tournant le dos à Burydan. Celui-ci s'en voulu. Il avait fait de la peine à son petit minet et c'était la dernière chose dont il avait envie. Il se colla à son dos, passa un bras autour de son torse et saisit un de ses jolis petits pecs. Il piqua des petits poutounes sur l'épaule et dans le cou de son blondinet.
- Me fais pas la tête, bébé, je te donne ma parole que je ne remettrai plus jamais ma vie en danger... pardonne moi... dis moi ce que je dois faire pour que tu me pardonnes...
De son pouce il agaça le petite téton rose de Rhonin qu'il senti durcir et gonfler. Il savait parfaitement que son minet adorait ça.
Rhonin se retourna et le regarda. Un petit feu brillait dans ses beaux yeux bleus et il avait un sourire grivois aux lèvres.
- Embrasse moi, dit-il.
Burydan se pencha et lui déposa un petit bisou sur les lèvres.
- Embrasse moi vraiment.... comme si ta vie en dépendait.
Burydan sourit et vint se caler entre les cuisses de son minet. Il se pencha en avant et embrassa Rhonin langoureusement... comme si sa vie en dépendait... et c'était d'ailleurs le cas...