Chapitre XVIII - (3/4)
On a quitté Aurore, Mélanie et Rémy au parking de l’aéroport en se donnant rendez-vous à la châtaignerais puisqu’ils passent à côté pour redescendre sur Porto-Vecchio.
- Elles sont super sympas tes potes papa. Elles nous ont dit que vous vous êtes rencontrés sur le bateau en venant et que tu es un mec super cool. Elle nous ont aussi parlé d’une Victoria, une super nénette avec qui tu étais lorsque vous vous êtes rencontrés. C’est qui cette Victoria ?
- Victoria, Oui. On a fait connaissance au bar sur le ferry. Elle vient passer ses vacances dans la baie d’Ajaccio.
- Ah ! Et tu la revois ?
- Non. On s’est juste échangé nos numéros de portable. Après, c’est comme tout, en club, prise dans le feu de l’action, il est probable que je n’aurais plus aucune nouvelle d’elle.
- Détrompe-toi. A priori, elle doit t’appeler cette semaine pour faire une super fête chez nous avec Mélanie, Aurore, peut-être aussi Rémy s’il veut venir. C’est bizarre quand même.
- Qu’est-ce qui est bizarre ma chérie ?
- Je sais pas. J’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Mélanie m’a laissée entendre à demi-mots et avec un énorme sourire que tu étais plutôt du genre coquin. Je n’ai rien dit mais j’étais estomaquée, enfin, ce n’est pas l’image que j’ai de toi. Tu as une liaison avec cette Victoria ?
- Non, pas du tout Caro.
- Bon tu me rassures. Il faut que je te parle. C’est important.
- Que tu me parles ?
- Oui. De maman. Elle ne va pas bien du tout, en pleine déprime. Avec Léa, on a longtemps discuté avec elle. Elle veut bien revenir à la maison si tu es d’accord. Elle reconnaît ses tords et elle est prête à faire des efforts, même à venir passer quelques jours avec nous à la châtaigneraie. Ça pourrait être cool. T’en penses quoi ?
- Non, Caro, ça ne va pas être possible.
- Ben pourquoi ?
- J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Une jeune femme que j’apprécie énormément, que j’aime beaucoup pour tout te dire.
- C’est quoi cette histoire. J’ai l’impression que tu ne t’es pas ennuyé durant la traversée, pire qu’un club de rencontres les ferrys. Tu as fait sa connaissance sur le bateau elle aussi ou tu la connaissais déjà avant ?
- On s’est connu un peu avant.
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu trompais maman ?
- Non. Je n’ai jamais trompé ta mère.
- Et elle s’appelle comment cette nénette ?
- Harmonie.
- C’est quoi ce prénom à la con ? Harmonie, ça ne veut rien dire. Personne s’appelle comme ça. Et je vais dire quoi à maman ?
- La vérité.
- Tu plaisantes. Dans l’état où elle est elle sera capable de se foutre en l’air. Je ne peux pas lui dire ça. C’est pas possible. Tu déconnes Papa. Tu la connais depuis combien de temps cette greluche ?
- Un peu après que je vous ai quittés. Elle faisait de l’auto-stop juste avant de prendre l’autoroute.
- De l’auto-stop ? Ben elle est où là maintenant ?
- Avec moi à la châtaigneraie.
- Putain ! Tu as ramené une auto-stoppeuse que tu ne connais même pas à la châtaigneraie. Mais tu es un grand malade. Et elle fait quoi dans la vie ?
- Rien. Enfin, si. Elle chante.
- Elle chante. Purée, une chanteuse qui fait de l’auto-stop. Je crois rêver. T’es tombé sur la tête mon pauvre père. Tu la baises toute la nuit si tu veux mais tu la vires demain matin, comme ça on n’en parle plus et je ne dirais rien à Maman.
- Non, Caroline.
- Comment ça non ? Tu ne vas toute de même pas me dire que tu es tombé amoureux d’une femme que tu as rencontrée il y a seulement quatre jours. Elle t’as fait le grand jeu et toi, comme un con tu as plongé. Mais les mecs, vous être tous des tarés, même pas un pour rattraper les autres. Je pensais que toi, tu avais du plomb dans la cervelle et je m’aperçois que même pas. Tu vois passer un p’tit cul et c’est le grand amour. N’importe quoi ! Mais vraiment n’importe quoi. Tu me déçois à un point, tu ne peux même pas savoir.
- Caroline. Ça suffit maintenant. J’aime Harmonie et c’est avec elle que j’ai envie de vivre. Attends de la connaître avant de la juger.
- Ah parce que en plus, tu envisages de la ramener chez nous ?
- Oui.
- Putain ! Qu’est-ce que j’ai fais au bon dieu pour qu’il me colle un père pareil.
- Caroline. Je te laisse vivre ta vie comme tu l’entends, que ça me plaise ou pas, c’est ta vie. C’est toi qui la gère et j’accepte sans même sourcilier. Je te demande d’en faire autant avec moi et Harmonie.
Caro s’est murée dans un mutisme absolu, le regard fixe, les bras croisées sur sa poitrine, le visage fermé. Dans le rétroviseur, je croise le regard de Léa. Des yeux magnifiques. Elle a suivit toute la conversation sans dire un mot, probablement gênée par ce déballement familial mais je comprends qu’elle n’abonde pas entièrement dans le sens de ma fille. Je suis perplexe, déstabilisé. Je ne m’attendais pas à me heurter à ce mur d’incompréhension et j’angoisse maintenant pour Harmonie qui n’est en aucun cas préparée à affronter pareil orage. Je prends conscience que j’aurai dû m’y prendre plus tôt mais là, c’est trop tard.
Je décide de m’arrêter à quelques encablures de la châtaigneraie.
- Pourquoi tu t’arrêtes ?
- Je veux que ça se passe bien.
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
- Que tu feras tout pour que ça se passe bien. Elle n’y est pour rien dans tout ça. Elle n’a rien demandé. Elle est même contente de faire ta connaissance. Elle ne s’attend pas forcément à ce que tu l’accueilles à bras ouverts, mais une chose est sûre, elle n’imagine pas voir arriver une petite furie qui ne va penser qu’à la dézinguer. Alors j’ai besoin que tu me promettes de faire le maximum pour que tout se passe bien.
- C'est impossible. C’est plus fort que moi. Je ne peux pas. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de lui mener la vie impossible pour qu’elle se barre, qu’elle dégage le plus vite possible de ma vue et que maman revienne.
- Ok. Je vous laisse toutes les deux. Je vais m’aérer l’esprit pendant une dizaine de minutes et on reprendra cette conversation tranquillement. Sache que je ne rentrerais pas à la châtaigneraie dans ton état d’esprit.
J’abandonne mon véhicule, direction la plage. Je comprends que si Caroline s’obstine, il me faudra choisir entre Harmonie et ma fille et dans mon for intérieur mon choix est déjà fait, même s’il me déchirerait le cœur. Je contacte les hôtels les plus proches. Ils ne sont pas bondés, loin de là. J’ai donc une solution d’attente si la situation restait en l’état. J’allais regagner ma voiture lorsque Léa et Caroline viennent me rejoindre, main dans la main. Caroline est en pleurs. Léa me regarde avec un petit sourire contrit.
- Elle fera le maximum pour ne pas être désagréable Patrick.
- Je suis désolée, Papa. J’ai été égoïste et puis je voulais sauver votre couple. Je me rends compte que la fracture est beaucoup plus importante que je pensais. Tu me pardonnes ?
- Oui évidemment Caroline. J’ai bien conscience que ce n’est pas évident pour toi, pour Harmonie, pour moi et pour ta mère aussi. Je ne veux de mal à personne mais parfois il y a des choix de vie qu’il faut faire et si on ne les fait pas, c’est encore bien plus compliqué.
On a quitté Aurore, Mélanie et Rémy au parking de l’aéroport en se donnant rendez-vous à la châtaignerais puisqu’ils passent à côté pour redescendre sur Porto-Vecchio.
- Elles sont super sympas tes potes papa. Elles nous ont dit que vous vous êtes rencontrés sur le bateau en venant et que tu es un mec super cool. Elle nous ont aussi parlé d’une Victoria, une super nénette avec qui tu étais lorsque vous vous êtes rencontrés. C’est qui cette Victoria ?
- Victoria, Oui. On a fait connaissance au bar sur le ferry. Elle vient passer ses vacances dans la baie d’Ajaccio.
- Ah ! Et tu la revois ?
- Non. On s’est juste échangé nos numéros de portable. Après, c’est comme tout, en club, prise dans le feu de l’action, il est probable que je n’aurais plus aucune nouvelle d’elle.
- Détrompe-toi. A priori, elle doit t’appeler cette semaine pour faire une super fête chez nous avec Mélanie, Aurore, peut-être aussi Rémy s’il veut venir. C’est bizarre quand même.
- Qu’est-ce qui est bizarre ma chérie ?
- Je sais pas. J’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Mélanie m’a laissée entendre à demi-mots et avec un énorme sourire que tu étais plutôt du genre coquin. Je n’ai rien dit mais j’étais estomaquée, enfin, ce n’est pas l’image que j’ai de toi. Tu as une liaison avec cette Victoria ?
- Non, pas du tout Caro.
- Bon tu me rassures. Il faut que je te parle. C’est important.
- Que tu me parles ?
- Oui. De maman. Elle ne va pas bien du tout, en pleine déprime. Avec Léa, on a longtemps discuté avec elle. Elle veut bien revenir à la maison si tu es d’accord. Elle reconnaît ses tords et elle est prête à faire des efforts, même à venir passer quelques jours avec nous à la châtaigneraie. Ça pourrait être cool. T’en penses quoi ?
- Non, Caro, ça ne va pas être possible.
- Ben pourquoi ?
- J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Une jeune femme que j’apprécie énormément, que j’aime beaucoup pour tout te dire.
- C’est quoi cette histoire. J’ai l’impression que tu ne t’es pas ennuyé durant la traversée, pire qu’un club de rencontres les ferrys. Tu as fait sa connaissance sur le bateau elle aussi ou tu la connaissais déjà avant ?
- On s’est connu un peu avant.
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu trompais maman ?
- Non. Je n’ai jamais trompé ta mère.
- Et elle s’appelle comment cette nénette ?
- Harmonie.
- C’est quoi ce prénom à la con ? Harmonie, ça ne veut rien dire. Personne s’appelle comme ça. Et je vais dire quoi à maman ?
- La vérité.
- Tu plaisantes. Dans l’état où elle est elle sera capable de se foutre en l’air. Je ne peux pas lui dire ça. C’est pas possible. Tu déconnes Papa. Tu la connais depuis combien de temps cette greluche ?
- Un peu après que je vous ai quittés. Elle faisait de l’auto-stop juste avant de prendre l’autoroute.
- De l’auto-stop ? Ben elle est où là maintenant ?
- Avec moi à la châtaigneraie.
- Putain ! Tu as ramené une auto-stoppeuse que tu ne connais même pas à la châtaigneraie. Mais tu es un grand malade. Et elle fait quoi dans la vie ?
- Rien. Enfin, si. Elle chante.
- Elle chante. Purée, une chanteuse qui fait de l’auto-stop. Je crois rêver. T’es tombé sur la tête mon pauvre père. Tu la baises toute la nuit si tu veux mais tu la vires demain matin, comme ça on n’en parle plus et je ne dirais rien à Maman.
- Non, Caroline.
- Comment ça non ? Tu ne vas toute de même pas me dire que tu es tombé amoureux d’une femme que tu as rencontrée il y a seulement quatre jours. Elle t’as fait le grand jeu et toi, comme un con tu as plongé. Mais les mecs, vous être tous des tarés, même pas un pour rattraper les autres. Je pensais que toi, tu avais du plomb dans la cervelle et je m’aperçois que même pas. Tu vois passer un p’tit cul et c’est le grand amour. N’importe quoi ! Mais vraiment n’importe quoi. Tu me déçois à un point, tu ne peux même pas savoir.
- Caroline. Ça suffit maintenant. J’aime Harmonie et c’est avec elle que j’ai envie de vivre. Attends de la connaître avant de la juger.
- Ah parce que en plus, tu envisages de la ramener chez nous ?
- Oui.
- Putain ! Qu’est-ce que j’ai fais au bon dieu pour qu’il me colle un père pareil.
- Caroline. Je te laisse vivre ta vie comme tu l’entends, que ça me plaise ou pas, c’est ta vie. C’est toi qui la gère et j’accepte sans même sourcilier. Je te demande d’en faire autant avec moi et Harmonie.
Caro s’est murée dans un mutisme absolu, le regard fixe, les bras croisées sur sa poitrine, le visage fermé. Dans le rétroviseur, je croise le regard de Léa. Des yeux magnifiques. Elle a suivit toute la conversation sans dire un mot, probablement gênée par ce déballement familial mais je comprends qu’elle n’abonde pas entièrement dans le sens de ma fille. Je suis perplexe, déstabilisé. Je ne m’attendais pas à me heurter à ce mur d’incompréhension et j’angoisse maintenant pour Harmonie qui n’est en aucun cas préparée à affronter pareil orage. Je prends conscience que j’aurai dû m’y prendre plus tôt mais là, c’est trop tard.
Je décide de m’arrêter à quelques encablures de la châtaigneraie.
- Pourquoi tu t’arrêtes ?
- Je veux que ça se passe bien.
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
- Que tu feras tout pour que ça se passe bien. Elle n’y est pour rien dans tout ça. Elle n’a rien demandé. Elle est même contente de faire ta connaissance. Elle ne s’attend pas forcément à ce que tu l’accueilles à bras ouverts, mais une chose est sûre, elle n’imagine pas voir arriver une petite furie qui ne va penser qu’à la dézinguer. Alors j’ai besoin que tu me promettes de faire le maximum pour que tout se passe bien.
- C'est impossible. C’est plus fort que moi. Je ne peux pas. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de lui mener la vie impossible pour qu’elle se barre, qu’elle dégage le plus vite possible de ma vue et que maman revienne.
- Ok. Je vous laisse toutes les deux. Je vais m’aérer l’esprit pendant une dizaine de minutes et on reprendra cette conversation tranquillement. Sache que je ne rentrerais pas à la châtaigneraie dans ton état d’esprit.
J’abandonne mon véhicule, direction la plage. Je comprends que si Caroline s’obstine, il me faudra choisir entre Harmonie et ma fille et dans mon for intérieur mon choix est déjà fait, même s’il me déchirerait le cœur. Je contacte les hôtels les plus proches. Ils ne sont pas bondés, loin de là. J’ai donc une solution d’attente si la situation restait en l’état. J’allais regagner ma voiture lorsque Léa et Caroline viennent me rejoindre, main dans la main. Caroline est en pleurs. Léa me regarde avec un petit sourire contrit.
- Elle fera le maximum pour ne pas être désagréable Patrick.
- Je suis désolée, Papa. J’ai été égoïste et puis je voulais sauver votre couple. Je me rends compte que la fracture est beaucoup plus importante que je pensais. Tu me pardonnes ?
- Oui évidemment Caroline. J’ai bien conscience que ce n’est pas évident pour toi, pour Harmonie, pour moi et pour ta mère aussi. Je ne veux de mal à personne mais parfois il y a des choix de vie qu’il faut faire et si on ne les fait pas, c’est encore bien plus compliqué.
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