29-07-2021, 09:27 PM
Le vent de la côte souffle dans mes cheveux tandis que je regarde la mer en contrebas. Je repense à ma vie brisée pour le seul crime d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, d'avoir dit oui à un coup d'un soir rencontré par hasard. Bruno avait dû sentir ma réserve, ma timidité, qui n'étaient dues qu'au fait que je ne me sentais pas à ma place dans cette boîte gay, puis à la découverte de la vérité sur ma sexualité. Il s'est trompé sur moi, mais il m'a néanmoins baisé sur toute la ligne. Je pourrais repenser longtemps aux conséquences de ses actes - être déracinés, rassemblés dans un appartement loin de chez nous, puis l'attente, la longue attente avant que toute cette histoire ne se tasse enfin une fois pour toutes.
Mais il était trop tard pour moi, la révélation de la traîtrise de Bruno m'a brisé. Plus rien ne pouvait me retenir de sombrer, rien d'autre que la haine que j'avais envers lui. Il s'en est passé, des choses, dans les mois qui ont suivi...
Il est temps maintenant, je n'en peux plus. Je n'ai plus envie de revenir en arrière, de revivre tout ça, ça ne m'a rien apporté. Ça n'a fait que me rappeler l'amertume de cette vie brisée.
J'ai vingt ans aujourd'hui. Certains me diraient, s'ils pouvaient me parler, que je suis encore jeune, que je pourrais refaire ma vie. Mais quelle vie ? Je n'ai aucun avenir. Pas après ce que j'ai fait.
Je me lève, respirant un grand coup, le cœur battant soudain très fort, mon corps a peur, mais je ferme les yeux et m'apprête à plonger.
* 87 *
Le présent, 15 juin 2009
En fait de plongée, c'est en arrière que je la fais, car on vient de m'attraper et de me faire tomber au sol. Je rouvre les yeux sur le visage de Paul.
- Ça va pas la tête non ? Il est hors de question que tu te foutes en l'air, Jerem !
- Paul ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Tu ne pensais pas que j'allais accepter gentiment quand tu m'as plaqué ?
- Paul...
- Tes parents m'ont aidé, Jerem, et tu leur dois une fière chandelle ! Ils m'ont dit où tu allais te réfugier quand tu allais mal. Et ta tante m'a tout de suite dirigé vers la falaise quand je lui ai expliqué la situation. Bordel, je suis arrivé juste à temps ! Je t'aime, Jerem, et je sais très bien que ça ne fait pas de doute pour toi. Tout comme je sais que tu m'aimes toujours, que tu m'a rejeté parce que tu déprimais et que tu étais au fond du trou ! Je n'allais certainement pas te laisser tomber, oh que non !
- Paul, tu ne sais rien...
- Je suis là pour t'aider Jerem, tu ne comprends pas que quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, je serai là pour toi ?
- Je n'en peux plus, Paul. Je suis désolé...
- Tu te souviens de notre promesse ? On ne partira qu'ensemble !
- C'est une promesse idiote...
- Pas pour moi ! Tu veux sauter ? D'accord, vas-y ! Mais je saute avec toi !
Paul avait raison sur une chose. Je l'aimais toujours. Et j'ignore comment, il avait su me faire réagir. Peut-être avait-il fini par me connaître intimement...
- Non ! Non, Paul, tu n'as pas à faire une chose pareille !
- Pourquoi ? Tu t'apprêtes à détruire ma vie en te suicidant. Que me resterait-il ?
Je suis soudain mortifié. Je me rends compte que je m'étais complu dans un égoïsme forcené en ne pensant plus qu'à mes problèmes, mes malheurs, ma douleur, sans penser un seul instant à celle des autres.
Paul, mes parents, mon petit frère... non, non, encore une fois j'ai failli faire une connerie plus grosse que moi.
- Paul, je... je suis désolé, je ne voulais pas... je n'en pouvais plus... mais tu as raison, je n'ai pensé qu'à moi. Je te demande pardon.
- Ne t'en fais pas Jerem, ce qui compte c'est que tu aies compris ça.
Nous nous embrassons avec douceur, avec amour, nous sommes de nouveau ensemble, nous nous aimons de nouveau, et je vis, mon cœur bat, et j'ai le sentiment que c'est sur un avenir qui vient de m'être offert. Et ça, c'est le plus beau cadeau d'anniversaire qu'on m'ait jamais fait.
Nous finissons par nous relever, et le poids de ma responsabilité m'envahit de nouveau de son manteau. Je sais que rien ne sera facile, que rien ne me sera plus offert, mais je ne peux plus me permettre de baisser les bras, pas pour cette nouvelle vie. J'ai toujours le sentiment que mon corps devrait être là en bas, et que c'est un miracle que je sois toujours là à respirer.
- Allons-y, dis-je.
Nous refaisons en silence le chemin qui nous mène jusque chez ma tante. Je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire. Je n'ai malheureusement que peu d'options.
Je ne peux en parler à Paul, il ignore tout de ce qui s'est passé quand je suis parti, des conneries que j'ai pu faire... et du prix à payer.
Mais il va bien falloir que je lui en parle.
Nous arrivons enfin chez ma tante, par la porte arrière, qui donne directement sur le chemin que nous suivons.
Je pousse la porte et entre.
- Je voudrais te parler, Paul.
- Moi aussi, répond la voix de l'inspecteur Peltier.
Mais il était trop tard pour moi, la révélation de la traîtrise de Bruno m'a brisé. Plus rien ne pouvait me retenir de sombrer, rien d'autre que la haine que j'avais envers lui. Il s'en est passé, des choses, dans les mois qui ont suivi...
Il est temps maintenant, je n'en peux plus. Je n'ai plus envie de revenir en arrière, de revivre tout ça, ça ne m'a rien apporté. Ça n'a fait que me rappeler l'amertume de cette vie brisée.
J'ai vingt ans aujourd'hui. Certains me diraient, s'ils pouvaient me parler, que je suis encore jeune, que je pourrais refaire ma vie. Mais quelle vie ? Je n'ai aucun avenir. Pas après ce que j'ai fait.
Je me lève, respirant un grand coup, le cœur battant soudain très fort, mon corps a peur, mais je ferme les yeux et m'apprête à plonger.
* 87 *
Le présent, 15 juin 2009
En fait de plongée, c'est en arrière que je la fais, car on vient de m'attraper et de me faire tomber au sol. Je rouvre les yeux sur le visage de Paul.
- Ça va pas la tête non ? Il est hors de question que tu te foutes en l'air, Jerem !
- Paul ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Tu ne pensais pas que j'allais accepter gentiment quand tu m'as plaqué ?
- Paul...
- Tes parents m'ont aidé, Jerem, et tu leur dois une fière chandelle ! Ils m'ont dit où tu allais te réfugier quand tu allais mal. Et ta tante m'a tout de suite dirigé vers la falaise quand je lui ai expliqué la situation. Bordel, je suis arrivé juste à temps ! Je t'aime, Jerem, et je sais très bien que ça ne fait pas de doute pour toi. Tout comme je sais que tu m'aimes toujours, que tu m'a rejeté parce que tu déprimais et que tu étais au fond du trou ! Je n'allais certainement pas te laisser tomber, oh que non !
- Paul, tu ne sais rien...
- Je suis là pour t'aider Jerem, tu ne comprends pas que quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, je serai là pour toi ?
- Je n'en peux plus, Paul. Je suis désolé...
- Tu te souviens de notre promesse ? On ne partira qu'ensemble !
- C'est une promesse idiote...
- Pas pour moi ! Tu veux sauter ? D'accord, vas-y ! Mais je saute avec toi !
Paul avait raison sur une chose. Je l'aimais toujours. Et j'ignore comment, il avait su me faire réagir. Peut-être avait-il fini par me connaître intimement...
- Non ! Non, Paul, tu n'as pas à faire une chose pareille !
- Pourquoi ? Tu t'apprêtes à détruire ma vie en te suicidant. Que me resterait-il ?
Je suis soudain mortifié. Je me rends compte que je m'étais complu dans un égoïsme forcené en ne pensant plus qu'à mes problèmes, mes malheurs, ma douleur, sans penser un seul instant à celle des autres.
Paul, mes parents, mon petit frère... non, non, encore une fois j'ai failli faire une connerie plus grosse que moi.
- Paul, je... je suis désolé, je ne voulais pas... je n'en pouvais plus... mais tu as raison, je n'ai pensé qu'à moi. Je te demande pardon.
- Ne t'en fais pas Jerem, ce qui compte c'est que tu aies compris ça.
Nous nous embrassons avec douceur, avec amour, nous sommes de nouveau ensemble, nous nous aimons de nouveau, et je vis, mon cœur bat, et j'ai le sentiment que c'est sur un avenir qui vient de m'être offert. Et ça, c'est le plus beau cadeau d'anniversaire qu'on m'ait jamais fait.
Nous finissons par nous relever, et le poids de ma responsabilité m'envahit de nouveau de son manteau. Je sais que rien ne sera facile, que rien ne me sera plus offert, mais je ne peux plus me permettre de baisser les bras, pas pour cette nouvelle vie. J'ai toujours le sentiment que mon corps devrait être là en bas, et que c'est un miracle que je sois toujours là à respirer.
- Allons-y, dis-je.
Nous refaisons en silence le chemin qui nous mène jusque chez ma tante. Je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire. Je n'ai malheureusement que peu d'options.
Je ne peux en parler à Paul, il ignore tout de ce qui s'est passé quand je suis parti, des conneries que j'ai pu faire... et du prix à payer.
Mais il va bien falloir que je lui en parle.
Nous arrivons enfin chez ma tante, par la porte arrière, qui donne directement sur le chemin que nous suivons.
Je pousse la porte et entre.
- Je voudrais te parler, Paul.
- Moi aussi, répond la voix de l'inspecteur Peltier.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)