23-07-2021, 09:55 PM
* 81 *
Un moment de silence s'ensuit, pendant lequel François se demande ce qui se passe. Je voudrais fuir ce moment, mais je sais que ça n'arrangerait rien. Bien au contraire.
Je savais bien qu'un jour il faudrait que je lui dise, mais je n'en ai jamais trouvé le courage. J'aurais voulu attendre les résultats, mais qu'est-ce que ça changerait pour lui ?
J'ai longuement réfléchi aux chances qu'il avait d'être infecté. Certes, si je l'ai été, j'en étais au tout début de ma contamination, je devais avoir vraiment très peu de virus dans le sang, mais quand on sait que la faible trace de sang qui reste dans l'aiguille d'une seringue suffit, alors moi, avec tout le sang que je lui ai donné...
- Je n'en ai jamais parlé, dis-je dans une phrase qui peut répondre à bien des questions différentes.
Seul un silence interrogateur me répond, me demandant de préciser de quoi je parle.
- Je me sentais trop mal, je me sentais... trop coupable.
- De quoi ? Demande François.
Paul comprend - merci à toi mon amour - et serre ma main pour me donner du courage.
- Je ne me suis jamais senti aussi mal que lorsque j'ai dû te donner mon sang pour te sauver la vie. C'était ça ou te voir mourir sous mes yeux.
- Mais pourquoi ?
- J'ai merdé avec le gars avec qui j'ai passé la nuit. On ne s'est pas protégés... je savais que je te faisais courir un risque... mais je ne pouvais tout simplement pas te laisser mourir.
- Tu n'as pas eu le choix, dit Paul.
François est sous le choc, comme on peut s'y attendre après une nouvelle pareille.
- Rien ne dit que j'ai été contaminé, mais...
- Après un mois et demi, tu peux faire un test combiné, dit François.
- Heu, non, j'ai cherché, mais ça dit plutôt trois mois.
- Fais des recherches sur les tests combinés, dit François, soupirant. Et quand bien même... parfois, la séropositivité n'apparaît pas avant six mois. Idéalement, tu devras... on devra faire des tests à un mois et demi, trois mois, six mois et un an.
J'ouvre de grands yeux. L'info m'est complètement passée à côté.
- Comment tu sais ça ?
- En tant que gay, je me sens plus qu'un peu concerné par le sida, répond-il en lançant un regard à Paul qui semble dire « tu devrais être informé aussi, plus que mon andouille de frère ».
- Maintenant que je sais, ENFIN, reprend mon frère, vu qu'il est mille fois trop tard pour un traitement d'urgence, je n'ai plus qu'à demander un test et prier.
- Je suis désolé...
- Pas autant que moi ! D'accord, tu m'as sauvé la vie, et je t'en remercie infiniment, mais bordel, tu aurais pu dire que ton sang était potentiellement douteux, les médecins auraient pris des mesures !
- Je sais, je suis totalement fautif, je... je n'ai aucune excuse.
Je baisse la tête, ne pouvant plus le regarder. J'ai une boule dans la gorge, et je finis par sortir de la chambre, les larmes aux yeux, sachant que mon frère ne me pardonnera pas cette faute. Moi-même, je ne peux me la pardonner.
Paul me rattrape à la sortie de l'hôpital, il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais ne trouve pas ses mots.
Nous marchons donc en silence jusqu'à la gare, reprenant le RER pour rentrer chez nous en silence.
Nous avons chacun nos démons, en ce moment. Moi et ma culpabilité, et lui et ses inquiétudes. Le test, qui semblait encore lointain, il sait que je vais le faire, et rapidement. Je veux savoir. Et se posera alors la question fatale, si le résultat est celui que nous craignons.
Peut-il continuer à rester avec moi, sachant que je suis séropositif ?
Le voyage me semble durer des heures, et lorsqu'enfin j'arrive chez moi, je me réfugie dans ma chambre pour pleurer.
Paul me laisse seul, il s'en va d'ailleurs peu après, je l'entends mais je ne bouge pas, je reste dans mon lit, sautant les repas, finissant par me lever au milieu de la nuit pour soulager mon corps affamé.
15 mars 2009
Mes parents s'inquiètent en me voyant, je ne suis pas parvenu à cacher ma tristesse, mais je ne réponds pas à leurs questions, je dis juste que j'ai besoin d'être seul un moment.
Jean se rue dans ma chambre et me regarde tristement.
Je soupire et referme la porte derrière moi, m'asseyant sur le lit.
- Paul t'a quitté ?
- Hein ? Non non, pas du tout, Jean, il m'a juste laissé car j'avais besoin d'être seul.
- J'ai pas l'impression que c'est ce dont tu as besoin ! Il devrait être à tes côtés pour te soutenir, là. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- J'ai pas vraiment envie d'en parler.
- Ça te ferait du bien. Je suis là pour toi, tu sais.
- Je le sais, Jean, et je t'en remercie, mais là je suis juste trop mal pour en parler.
Jean se lève et s'assoit à côté de moi sur le lit, me prenant dans ses bras et me serrant fort. Je passe un bras dans son dos pour le remercier.
Mais la seule pensée qui me vient à l'esprit en ce moment, c'est que demain, ça fera un mois que j'aurai terminé mon traitement d'urgence, et s'il a échoué, alors le virus s'est suffisamment multiplié pour être détectable.
- Merci Jean, je t'adore tu sais.
- Moi aussi.
- Allez, j'ai besoin d'un peu de solitude, s'il te plaît.
Il me laisse sans rechigner, et je m'installe devant mon ordinateur pour faire des recherches. Non sans mal, je finis par retrouver l'info donnée par François. Merde, si j'avais su... mais les tests combinés restent peu répandus. Hum...
Je regarde mon calendrier et me dis que de toute façon, ce n'est pas encore pour tout de suite.
Je lance MSN pour parler avec Paul.
Il me manque.
Un moment de silence s'ensuit, pendant lequel François se demande ce qui se passe. Je voudrais fuir ce moment, mais je sais que ça n'arrangerait rien. Bien au contraire.
Je savais bien qu'un jour il faudrait que je lui dise, mais je n'en ai jamais trouvé le courage. J'aurais voulu attendre les résultats, mais qu'est-ce que ça changerait pour lui ?
J'ai longuement réfléchi aux chances qu'il avait d'être infecté. Certes, si je l'ai été, j'en étais au tout début de ma contamination, je devais avoir vraiment très peu de virus dans le sang, mais quand on sait que la faible trace de sang qui reste dans l'aiguille d'une seringue suffit, alors moi, avec tout le sang que je lui ai donné...
- Je n'en ai jamais parlé, dis-je dans une phrase qui peut répondre à bien des questions différentes.
Seul un silence interrogateur me répond, me demandant de préciser de quoi je parle.
- Je me sentais trop mal, je me sentais... trop coupable.
- De quoi ? Demande François.
Paul comprend - merci à toi mon amour - et serre ma main pour me donner du courage.
- Je ne me suis jamais senti aussi mal que lorsque j'ai dû te donner mon sang pour te sauver la vie. C'était ça ou te voir mourir sous mes yeux.
- Mais pourquoi ?
- J'ai merdé avec le gars avec qui j'ai passé la nuit. On ne s'est pas protégés... je savais que je te faisais courir un risque... mais je ne pouvais tout simplement pas te laisser mourir.
- Tu n'as pas eu le choix, dit Paul.
François est sous le choc, comme on peut s'y attendre après une nouvelle pareille.
- Rien ne dit que j'ai été contaminé, mais...
- Après un mois et demi, tu peux faire un test combiné, dit François.
- Heu, non, j'ai cherché, mais ça dit plutôt trois mois.
- Fais des recherches sur les tests combinés, dit François, soupirant. Et quand bien même... parfois, la séropositivité n'apparaît pas avant six mois. Idéalement, tu devras... on devra faire des tests à un mois et demi, trois mois, six mois et un an.
J'ouvre de grands yeux. L'info m'est complètement passée à côté.
- Comment tu sais ça ?
- En tant que gay, je me sens plus qu'un peu concerné par le sida, répond-il en lançant un regard à Paul qui semble dire « tu devrais être informé aussi, plus que mon andouille de frère ».
- Maintenant que je sais, ENFIN, reprend mon frère, vu qu'il est mille fois trop tard pour un traitement d'urgence, je n'ai plus qu'à demander un test et prier.
- Je suis désolé...
- Pas autant que moi ! D'accord, tu m'as sauvé la vie, et je t'en remercie infiniment, mais bordel, tu aurais pu dire que ton sang était potentiellement douteux, les médecins auraient pris des mesures !
- Je sais, je suis totalement fautif, je... je n'ai aucune excuse.
Je baisse la tête, ne pouvant plus le regarder. J'ai une boule dans la gorge, et je finis par sortir de la chambre, les larmes aux yeux, sachant que mon frère ne me pardonnera pas cette faute. Moi-même, je ne peux me la pardonner.
Paul me rattrape à la sortie de l'hôpital, il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais ne trouve pas ses mots.
Nous marchons donc en silence jusqu'à la gare, reprenant le RER pour rentrer chez nous en silence.
Nous avons chacun nos démons, en ce moment. Moi et ma culpabilité, et lui et ses inquiétudes. Le test, qui semblait encore lointain, il sait que je vais le faire, et rapidement. Je veux savoir. Et se posera alors la question fatale, si le résultat est celui que nous craignons.
Peut-il continuer à rester avec moi, sachant que je suis séropositif ?
Le voyage me semble durer des heures, et lorsqu'enfin j'arrive chez moi, je me réfugie dans ma chambre pour pleurer.
Paul me laisse seul, il s'en va d'ailleurs peu après, je l'entends mais je ne bouge pas, je reste dans mon lit, sautant les repas, finissant par me lever au milieu de la nuit pour soulager mon corps affamé.
15 mars 2009
Mes parents s'inquiètent en me voyant, je ne suis pas parvenu à cacher ma tristesse, mais je ne réponds pas à leurs questions, je dis juste que j'ai besoin d'être seul un moment.
Jean se rue dans ma chambre et me regarde tristement.
Je soupire et referme la porte derrière moi, m'asseyant sur le lit.
- Paul t'a quitté ?
- Hein ? Non non, pas du tout, Jean, il m'a juste laissé car j'avais besoin d'être seul.
- J'ai pas l'impression que c'est ce dont tu as besoin ! Il devrait être à tes côtés pour te soutenir, là. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- J'ai pas vraiment envie d'en parler.
- Ça te ferait du bien. Je suis là pour toi, tu sais.
- Je le sais, Jean, et je t'en remercie, mais là je suis juste trop mal pour en parler.
Jean se lève et s'assoit à côté de moi sur le lit, me prenant dans ses bras et me serrant fort. Je passe un bras dans son dos pour le remercier.
Mais la seule pensée qui me vient à l'esprit en ce moment, c'est que demain, ça fera un mois que j'aurai terminé mon traitement d'urgence, et s'il a échoué, alors le virus s'est suffisamment multiplié pour être détectable.
- Merci Jean, je t'adore tu sais.
- Moi aussi.
- Allez, j'ai besoin d'un peu de solitude, s'il te plaît.
Il me laisse sans rechigner, et je m'installe devant mon ordinateur pour faire des recherches. Non sans mal, je finis par retrouver l'info donnée par François. Merde, si j'avais su... mais les tests combinés restent peu répandus. Hum...
Je regarde mon calendrier et me dis que de toute façon, ce n'est pas encore pour tout de suite.
Je lance MSN pour parler avec Paul.
Il me manque.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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