22-07-2021, 08:55 PM
* 80 *
14 mars 2009
Aahh, le week-end, quel bonheur ! Je ne me lasserai jamais de ces moments prolongés que je peux passer avec Paul. Je suis vraiment fou amoureux, c'est pas possible autrement. Il y a bien une voix qui me dit de faire attention, que les choses pourraient mal se terminer si... mais je ne l'écoute pas. Je vis mon bonheur ici et maintenant, c'est seulement ainsi que je peux l'apprécier pleinement. Il y a trop de choses douloureuses qui n'attendent qu'une faiblesse de ma part pour ressurgir et m'emporter. J'ai beaucoup de chance dans mon malheur, toutefois. Je sais qu'il y a bien pire que moi !
Je vais profiter de ce samedi pour aller voir mon frère. Je devrais être en train de travailler mais mon patron s'est montré compréhensif.
Encore une chance... tout aurait été parfait dans ma vie si je n'avais pas fait une erreur, une seule ! Comme quoi...
Ça n'aurait rien changé à l'accident de François, mais au moins, je ne me sentirais pas coupable à chaque fois que je pense à l'avenir qu'il risque d'avoir.
Je connais l'hôpital où il se trouve, j'y ai moi-même fait un séjour après un séjour aux sports d'hiver qui a viré à la catastrophe. Une descente absolument pas contrôlée m'a envoyé tout droit jusqu'à un arbre, et je me suis réveillé à l'hosto avec du plâtre partout. Quand j'ai été en état de revenir au lycée, j'ai dû bosser comme un dingue pour rattraper les cours et réviser à mort pour avoir une chance de décrocher mon bac. Je l'ai eu, mais à quel prix... mes nerfs ont tout simplement lâché. J'ai été une épave pendant plusieurs mois, au grand désespoir de mes parents.
Étrangement, j'ai l'impression que depuis ce moment, je me suis nettement endurci. M'accepter pour ce que je suis m'aurait-il donné une force particulière ?
Je sursaute lorsque Paul me tape sur l'épaule, me tirant de mes rêveries. Nous approchons de la gare.
Mon homme a tenu à m'accompagner, désireux de connaître ce frère, dernier membre de la famille qu'il n'a pas encore rencontré, et, je suppose, curieux de voir ce jumeau.
Nous sortons de la gare du Vésinet et demandons à un passant où se trouve l'hôpital.
- Oh, c'est assez simple, vous allez par là, vous prenez la deuxième à droite, et vous continuez tout droit, c'est tout au bout de l'avenue, vous ne pouvez pas le manquer.
- Merci.
Paul et moi avons pas mal discuté de François, je lui ai raconté notre rencontre, et l'enquête que nous avons menée sur nos origines. Il est épaté. Et désolé que cet accident malencontreux l'ait envoyé à l'hôpital. Il reprend la conversation tandis que nous tournons dans l'avenue.
- La police a arrêté le chauffard ?
- Oui, ils l'ont eu. C'est Marie qui a été au procès, quant à moi, ils se sont contentés de la déposition que j'avais faite à la police, je n'avais vraiment pas eu le temps de voir qui était au volant, ça s'est passé trop vite. Heureusement, ils ont relevé des traces sur la voiture qui ne laissaient aucun doute. Le gars s'est contenté d'expliquer qu'il était pressé, tu parles d'un connard...
- Et il a été condamné ?
- Retrait de permis, trois mois avec sursis, et des dommages et intérêts. Tu parles d'une justice, Marie était dégoûtée, mais elle n'a pas fait appel, elle en avait assez de tout ça.
- J'imagine.
- Inutile de dire que depuis, je fais vraiment gaffe quand je traverse la rue. Ça m'a traumatisé ce truc.
- Tu n'as pas vu de psy ?
- Si, mais bon, j'ai pas eu l'impression que ça m'apportait grand-chose, même si ça m'a fait du bien d'en parler. Au début, c'était dur...
- Ça t'a probablement fait plus de bien que tu ne le penses.
Je hausse les épaules. Ça n'a pas vraiment d'importance.
- Ah, effectivement, on ne peut pas le rater, dis-je en voyant que l'avenue se termine en cul-de-sac devant les grilles de l'hôpital, lesquelles donnent sur un grand jardin.
« Cet hôpital est réservé à la convalescence. Nous ne prenons pas les urgences. »
Je regarde le panneau en haussant les sourcils.
- Et si un gars se vide de son sang devant la grille, ils lui disent d'aller voir ailleurs ?
- C'est déjà arrivé il y a quelques années, je ne sais plus quel hosto a refusé de prendre un charge un gars qui s'était fait renverser juste devant leur porte, du coup le gars est mort sur place. Les gars ne se sont même pas sentis coupables...
- C'est lamentable ce genre d'attitude. Mais bon, mieux vaut changer de sujet, j'aimerais voir mon frère sans qu'on nous prenne pour des anarchistes venant foutre le bordel.
- Ça va ta parano ? Rit Paul.
- Je l'entretiens sainement, souris-je.
- Ça t'a fait quoi de découvrir un frère jumeau ?
- Pas mal de choses. Du bonheur de me découvrir un frère, mais aussi beaucoup de remise en question sur pas mal de trucs. C'est un peu grâce à lui qu'on est ensemble maintenant.
- Il me plaît déjà.
- J'espère qu'il ne va pas trop te plaire, hein.
- T'en fais pas pour ça, l'homme que j'aime, c'est celui que j'ai connu tout au long de mes années de lycée.
- Merci.
- Méfie-toi seulement si tu me vois lui piquer ses vêtements.
Je ris, et m'efforce de me calmer en entrant dans le bâtiment.
Après m'être renseigné auprès de l'accueil, je frappe à la porte de la chambre de François, et entre.
- Ah, salut ! Fait-il en souriant.
- Salut François, ça fait plaisir de te revoir.
- Le plaisir est partagé !
Il jette un regard curieux vers Paul.
- Je te présente Paul, un ancien pote du lycée, ma famille l'a adopté car il était si attendrissant dans la vitrine qu'on a tous craqué, en plus il était en promo !
Paul fait tout son possible pour retenir son rire, et François n'est pas mieux non plus. À les voir ainsi, je dois me retourner pour essayer de retrouver mon calme.
Un homme en fauteuil roulant qui partage la chambre de François sourit et nous lance :
- Je vais vous laisser entre jeunes, amusez-vous bien !
- Merci, parvient à répondre François.
Nous apprécions ce moment d'intimité qu'il nous offre.
Une fois la porte refermée, je parle plus librement :
- Paul est l'homme de ma vie, tout simplement.
- Je vois, dit François. Je suis vraiment content pour toi. Il était temps que tu trouves le bonheur.
- Merci. D'ailleurs, je ne t'oublie pas François, dépêche-toi de sortir d'ici et on te trouvera un gentil garçon.
- Je ne demande pas mieux, sourit-il. Tu sais, avoir frôlé la mort m'a fait reconsidérer pas mal de trucs. Je suis passé à côté de pas mal de choses. C'est bien beau de chercher le grand amour, mais si on en oublie de vivre sa vie, on perd quelque chose de précieux. On n'a qu'une jeunesse.
- Oh là, ne va pas faire de bêtises non plus !
- Non, je ne passerai pas d'un extrême à l'autre, rassure-toi. Mais si j'ai aujourd'hui cette deuxième chance, c'est grâce à toi, et je t'en remercie.
- Bah, c'était bien normal, dis-je, horriblement gêné.
- Comment ça ? Demande Paul.
- On a un groupe sanguin extrêmement rare, et j'avais trop perdu de sang. Je serais mort si Jerem n'avait pas été là pour me donner le sien.
J'ai écouté avec horreur cette explication, ce moment évoqué si simplement, et la réaction de Paul ne m'échappe pas, son regard qui se tourne vers moi, empli de surprise.
14 mars 2009
Aahh, le week-end, quel bonheur ! Je ne me lasserai jamais de ces moments prolongés que je peux passer avec Paul. Je suis vraiment fou amoureux, c'est pas possible autrement. Il y a bien une voix qui me dit de faire attention, que les choses pourraient mal se terminer si... mais je ne l'écoute pas. Je vis mon bonheur ici et maintenant, c'est seulement ainsi que je peux l'apprécier pleinement. Il y a trop de choses douloureuses qui n'attendent qu'une faiblesse de ma part pour ressurgir et m'emporter. J'ai beaucoup de chance dans mon malheur, toutefois. Je sais qu'il y a bien pire que moi !
Je vais profiter de ce samedi pour aller voir mon frère. Je devrais être en train de travailler mais mon patron s'est montré compréhensif.
Encore une chance... tout aurait été parfait dans ma vie si je n'avais pas fait une erreur, une seule ! Comme quoi...
Ça n'aurait rien changé à l'accident de François, mais au moins, je ne me sentirais pas coupable à chaque fois que je pense à l'avenir qu'il risque d'avoir.
Je connais l'hôpital où il se trouve, j'y ai moi-même fait un séjour après un séjour aux sports d'hiver qui a viré à la catastrophe. Une descente absolument pas contrôlée m'a envoyé tout droit jusqu'à un arbre, et je me suis réveillé à l'hosto avec du plâtre partout. Quand j'ai été en état de revenir au lycée, j'ai dû bosser comme un dingue pour rattraper les cours et réviser à mort pour avoir une chance de décrocher mon bac. Je l'ai eu, mais à quel prix... mes nerfs ont tout simplement lâché. J'ai été une épave pendant plusieurs mois, au grand désespoir de mes parents.
Étrangement, j'ai l'impression que depuis ce moment, je me suis nettement endurci. M'accepter pour ce que je suis m'aurait-il donné une force particulière ?
Je sursaute lorsque Paul me tape sur l'épaule, me tirant de mes rêveries. Nous approchons de la gare.
Mon homme a tenu à m'accompagner, désireux de connaître ce frère, dernier membre de la famille qu'il n'a pas encore rencontré, et, je suppose, curieux de voir ce jumeau.
Nous sortons de la gare du Vésinet et demandons à un passant où se trouve l'hôpital.
- Oh, c'est assez simple, vous allez par là, vous prenez la deuxième à droite, et vous continuez tout droit, c'est tout au bout de l'avenue, vous ne pouvez pas le manquer.
- Merci.
Paul et moi avons pas mal discuté de François, je lui ai raconté notre rencontre, et l'enquête que nous avons menée sur nos origines. Il est épaté. Et désolé que cet accident malencontreux l'ait envoyé à l'hôpital. Il reprend la conversation tandis que nous tournons dans l'avenue.
- La police a arrêté le chauffard ?
- Oui, ils l'ont eu. C'est Marie qui a été au procès, quant à moi, ils se sont contentés de la déposition que j'avais faite à la police, je n'avais vraiment pas eu le temps de voir qui était au volant, ça s'est passé trop vite. Heureusement, ils ont relevé des traces sur la voiture qui ne laissaient aucun doute. Le gars s'est contenté d'expliquer qu'il était pressé, tu parles d'un connard...
- Et il a été condamné ?
- Retrait de permis, trois mois avec sursis, et des dommages et intérêts. Tu parles d'une justice, Marie était dégoûtée, mais elle n'a pas fait appel, elle en avait assez de tout ça.
- J'imagine.
- Inutile de dire que depuis, je fais vraiment gaffe quand je traverse la rue. Ça m'a traumatisé ce truc.
- Tu n'as pas vu de psy ?
- Si, mais bon, j'ai pas eu l'impression que ça m'apportait grand-chose, même si ça m'a fait du bien d'en parler. Au début, c'était dur...
- Ça t'a probablement fait plus de bien que tu ne le penses.
Je hausse les épaules. Ça n'a pas vraiment d'importance.
- Ah, effectivement, on ne peut pas le rater, dis-je en voyant que l'avenue se termine en cul-de-sac devant les grilles de l'hôpital, lesquelles donnent sur un grand jardin.
« Cet hôpital est réservé à la convalescence. Nous ne prenons pas les urgences. »
Je regarde le panneau en haussant les sourcils.
- Et si un gars se vide de son sang devant la grille, ils lui disent d'aller voir ailleurs ?
- C'est déjà arrivé il y a quelques années, je ne sais plus quel hosto a refusé de prendre un charge un gars qui s'était fait renverser juste devant leur porte, du coup le gars est mort sur place. Les gars ne se sont même pas sentis coupables...
- C'est lamentable ce genre d'attitude. Mais bon, mieux vaut changer de sujet, j'aimerais voir mon frère sans qu'on nous prenne pour des anarchistes venant foutre le bordel.
- Ça va ta parano ? Rit Paul.
- Je l'entretiens sainement, souris-je.
- Ça t'a fait quoi de découvrir un frère jumeau ?
- Pas mal de choses. Du bonheur de me découvrir un frère, mais aussi beaucoup de remise en question sur pas mal de trucs. C'est un peu grâce à lui qu'on est ensemble maintenant.
- Il me plaît déjà.
- J'espère qu'il ne va pas trop te plaire, hein.
- T'en fais pas pour ça, l'homme que j'aime, c'est celui que j'ai connu tout au long de mes années de lycée.
- Merci.
- Méfie-toi seulement si tu me vois lui piquer ses vêtements.
Je ris, et m'efforce de me calmer en entrant dans le bâtiment.
Après m'être renseigné auprès de l'accueil, je frappe à la porte de la chambre de François, et entre.
- Ah, salut ! Fait-il en souriant.
- Salut François, ça fait plaisir de te revoir.
- Le plaisir est partagé !
Il jette un regard curieux vers Paul.
- Je te présente Paul, un ancien pote du lycée, ma famille l'a adopté car il était si attendrissant dans la vitrine qu'on a tous craqué, en plus il était en promo !
Paul fait tout son possible pour retenir son rire, et François n'est pas mieux non plus. À les voir ainsi, je dois me retourner pour essayer de retrouver mon calme.
Un homme en fauteuil roulant qui partage la chambre de François sourit et nous lance :
- Je vais vous laisser entre jeunes, amusez-vous bien !
- Merci, parvient à répondre François.
Nous apprécions ce moment d'intimité qu'il nous offre.
Une fois la porte refermée, je parle plus librement :
- Paul est l'homme de ma vie, tout simplement.
- Je vois, dit François. Je suis vraiment content pour toi. Il était temps que tu trouves le bonheur.
- Merci. D'ailleurs, je ne t'oublie pas François, dépêche-toi de sortir d'ici et on te trouvera un gentil garçon.
- Je ne demande pas mieux, sourit-il. Tu sais, avoir frôlé la mort m'a fait reconsidérer pas mal de trucs. Je suis passé à côté de pas mal de choses. C'est bien beau de chercher le grand amour, mais si on en oublie de vivre sa vie, on perd quelque chose de précieux. On n'a qu'une jeunesse.
- Oh là, ne va pas faire de bêtises non plus !
- Non, je ne passerai pas d'un extrême à l'autre, rassure-toi. Mais si j'ai aujourd'hui cette deuxième chance, c'est grâce à toi, et je t'en remercie.
- Bah, c'était bien normal, dis-je, horriblement gêné.
- Comment ça ? Demande Paul.
- On a un groupe sanguin extrêmement rare, et j'avais trop perdu de sang. Je serais mort si Jerem n'avait pas été là pour me donner le sien.
J'ai écouté avec horreur cette explication, ce moment évoqué si simplement, et la réaction de Paul ne m'échappe pas, son regard qui se tourne vers moi, empli de surprise.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)