Allongé dans mon lit, dans cette chambre qui m'a toujours été réservée par ma tante qui me considère un peu comme un deuxième fils, je poursuis mon périple à travers mon passé, mon histoire. Le moment où j'en suis arrivé... c'étaient les jours heureux, et ce n'en est que plus douloureux.
Je soupire. Paul me manque cruellement... tout le monde me manque ! Mais la douleur et la culpabilité sont plus fortes que ce manque. Plus fortes que mon désir de vivre.
Je revois le visage de François. Mon jumeau, le miroir par lequel je me jugeais. Je ne pourrais plus supporter de le voir aujourd'hui. De voir dans ses yeux... non, je ne veux pas y penser.
Trop tard. Je suis secoués de sanglots, et je me mets à pleurer contre l'oreiller. Mes larmes coulent, enfin, les premières depuis le moment où tout a dérapé.
Le pire, c'est que je n'ai en fin de compte aucune excuse.
Je repousse tant bien que mal ma tristesse en replongeant dans ces souvenirs heureux. Ils me faisaient mal, mais maintenant je les recherche avec avidité. J'en ai besoin. Même s'ils portaient déjà en eux le germe de ce qui allait arriver...
* 77 *
Ça fait un petit moment que je ne pense plus au sida qu'en arrière-plan. Oh, je ne l'oublie pas, je ne peux pas, mais ce n'est plus ma préoccupation principale. Je ne peux pas y changer quoi que ce soit. J'ai fait ce que j'ai pu, tout ce que je peux faire maintenant c'est attendre.
J'échange un regard tendre avec Paul, grâce à qui tout est possible. Sans lui, mais que serais-je devenu ? Mieux vaut ne pas y penser... J'ai vraiment eu de la chance de croiser mon chemin. Je me mets soudain à rire, ce qui intrigue mon homme.
- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?
- Je repensais à notre rencontre, quand tu m'as piqué mes vêtements !
- Ah, hé hé, avoue que tu as bien flippé !
- C'est peu de le dire ! Mais ça valait le coup !
- Oui, j'étais loin d'imaginer que ça finirait comme ça... si tu savais à quel point j'ai pu rêver de toi...
- Toi aussi...
- Comment ça, moi aussi ?
- Ben, Antoine était amoureux de moi, mais ça n'a jamais été réciproque. Même quand j'ai réalisé que j'étais gay... il n'a jamais été rien d'autre qu'un ami pour moi.
- Et il le sait ?
- Oui. Tu es jaloux ?
Il réfléchit.
- Un peu.
- T'as pas à t'en faire à son sujet.
- Oui, c'est clair.
Nous nous habillons et sortons dans le couloir, attirés par une bonne odeur de café et de pain grillé.
- Bonjour !
- Bonjour, nous répondent mes parents.
- Bien dormi ? demande ma mère.
- Oui, très bien.
Mon père reste silencieux. Je sais que ce n'est pas facile pour lui. J'ai soudain une pensée pour ceux qui découvrent que leur enfant est un travesti ou qu'il veut changer de sexe... l'horreur ! Je n'ose imaginer le choc...
Mais à bien y réfléchir, la vie a bien des chocs en réserve pour les pauvres parents.
Drogue, accident, maladie... sida. Argh, j'aurais pas dû y repenser ce matin, voilà que ça me revient.
Je décide de changer de sujet, ce genre de pensée n'est pas faite pour le petit dej.
De retour dans ma chambre, je passe un coup de fil à Mathieu.
- Salut Mat ! Je voulais te demander, tu te souviens de Paul, au lycée ?
- Salut, oui bien sûr.
- Je viens avec lui, ça te dérange pas ?
- Non, pas de souci. Mais je pensais que tu viendrais avec ta copine plutôt non ?
- Euh, non, enfin on en discutera chez toi. Ta copine sera là ?
- Oui, on vit ensemble, et on va se prendre un petit truc à deux.
- Ah oui ? C'est ce que je comptais faire aussi.
- Allez, à tout de suite !
- Tchao !
Après nous êtres lavés et préparés, nous sortons en frissonnant. Le printemps me semble encore bien loin...
Mat nous accueille en bas de son immeuble, nous nous serrons la main en nous saluant puis grimpons les marches en vitesse. Mat est sportif... je veux dire, il aime vraiment ça ! Nous sommes essoufflés en arrivant aux sixième étage.
- Ah... la vache... tu veux nous tuer ?
- Pfff y a que six étages ! Franchement les mecs vous vous êtes ramollis depuis le lycée. Ça fait combien de temps que vous avez pas fait de sport tous les deux ?
Tu veux dire, en dehors du lit ?
- Euh, un bout de temps...
- Ouais, confirme Paul... qui a dû penser à la même chose que moi.
- Franchement, vous faites pas de bien à votre corps.
- Tu nous présente ta copine ?
- Elle est sortie prendre quelques rafraichissements.
Nous entrons dans sa chambre, et il ôte son pull, nous invitant à faire de même. Il est vrai qu'il fait bon chez lui.
- Tenez, regardez, dit Mathieu, voilà ce que ça fait le sport.
Il se met alors torse nu, et nous ouvrons grands les yeux.
Je regarde son torse musclé, ainsi que les plaquettes de chocolat qui ornent son ventre. Sa poitrine est rasée, ce qui fait que chaque détail ressort de façon... délectable.
- Ouah ! Fait Paul.
Je suis d'accord avec lui.
- Alors ? fait Mat, tout fier, ne se doutant pas un instant de la véritable raison de notre réaction.
Mon côté blagueur ressurgit aussitôt. Ou est-ce mon côté voyeur ? Hum...
- Et tes jambes, c'est pareil ?
- Tu verrais mes cuisses !
- Vraiment ? Tu peux quand même pas tout muscler de façon équitable, dis-je avec un air de doute.
Paul a compris tout de suite où je voulais en venir et, luttant pour garder un visage impassible, approuve de la tête.
Intérieurement, il est déjà mort de rire. J'espère qu'il va pouvoir se retenir assez longtemps.
- Ben regardez, dit Mat, tombant dans le piège.
Nous le regardons déboucler son pantalon face à nous et l'ôter. Il se dresse devant nous, en boxer noir très moulant et en chaussettes blanches.
Mon dieu qu'il est beau. Paul et moi nous nous rinçons l'œil tout en l'abreuvant de compliments sur sa musculature.
- Tu devrais te rhabiller avant que ta copine ne rentre ou elle va se poser des questions, finis-je par dire en riant.
Paul éclate de rire à ce moment, et Mat nous rejoint dans notre hilarité.
- Oui, c'est vrai qu'il y aurait de quoi ! Même si elle est bien placée pour savoir que c'est pas mon truc !
- Elle a de la chance de t'avoir, Mat. Tu es mon meilleur ami avec Antoine, et je sais à quel point tu es un gars bien.
- Merci, répond-il en rougissant un peu.
Nous entendons une clé tourner dans la serrure de l'appartement.
- Juste à temps, dis-je en regardant Mat finir de boucler sa ceinture.
Il sourit largement, puis la porte de la chambre s'ouvre.
- Salut Céline ! Lui dis-je en lui faisant la bise, suivi de Paul.
Je pourrais pas faire la bise à Mat, aussi ? Snif.
- Salut vous deux ! Vous allez bien ?
- Oui très bien et toi ?
- Super ! Vous voulez boire quelque chose ?
- Oui, merci.
Nous allons à la cuisine où un pack de bières trône sur la table.
- Tes parents ne sont pas là Mat ?
- Non, on a la journée pour nous.
- Cool.
- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire, Jerem ?
Je manque de lui faire le coup du « ben, je suis papa » mais je me dois d'être plus sérieux maintenant.
- Par où commencer... bon, vous savez ce qu'il en a été pour moi au lycée, c'était une catastrophe, je n'y arrivais tout simplement pas avec les filles.
- C'est clair, dit Céline. On finissait par se dire que tu devais préférer les garçons...
- C'est le cas, dis-je. Pour Paul et moi. Nous sommes ensemble, et plus heureux que je n'aurais pu l'imaginer.
Je soupire. Paul me manque cruellement... tout le monde me manque ! Mais la douleur et la culpabilité sont plus fortes que ce manque. Plus fortes que mon désir de vivre.
Je revois le visage de François. Mon jumeau, le miroir par lequel je me jugeais. Je ne pourrais plus supporter de le voir aujourd'hui. De voir dans ses yeux... non, je ne veux pas y penser.
Trop tard. Je suis secoués de sanglots, et je me mets à pleurer contre l'oreiller. Mes larmes coulent, enfin, les premières depuis le moment où tout a dérapé.
Le pire, c'est que je n'ai en fin de compte aucune excuse.
Je repousse tant bien que mal ma tristesse en replongeant dans ces souvenirs heureux. Ils me faisaient mal, mais maintenant je les recherche avec avidité. J'en ai besoin. Même s'ils portaient déjà en eux le germe de ce qui allait arriver...
* 77 *
Ça fait un petit moment que je ne pense plus au sida qu'en arrière-plan. Oh, je ne l'oublie pas, je ne peux pas, mais ce n'est plus ma préoccupation principale. Je ne peux pas y changer quoi que ce soit. J'ai fait ce que j'ai pu, tout ce que je peux faire maintenant c'est attendre.
J'échange un regard tendre avec Paul, grâce à qui tout est possible. Sans lui, mais que serais-je devenu ? Mieux vaut ne pas y penser... J'ai vraiment eu de la chance de croiser mon chemin. Je me mets soudain à rire, ce qui intrigue mon homme.
- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?
- Je repensais à notre rencontre, quand tu m'as piqué mes vêtements !
- Ah, hé hé, avoue que tu as bien flippé !
- C'est peu de le dire ! Mais ça valait le coup !
- Oui, j'étais loin d'imaginer que ça finirait comme ça... si tu savais à quel point j'ai pu rêver de toi...
- Toi aussi...
- Comment ça, moi aussi ?
- Ben, Antoine était amoureux de moi, mais ça n'a jamais été réciproque. Même quand j'ai réalisé que j'étais gay... il n'a jamais été rien d'autre qu'un ami pour moi.
- Et il le sait ?
- Oui. Tu es jaloux ?
Il réfléchit.
- Un peu.
- T'as pas à t'en faire à son sujet.
- Oui, c'est clair.
Nous nous habillons et sortons dans le couloir, attirés par une bonne odeur de café et de pain grillé.
- Bonjour !
- Bonjour, nous répondent mes parents.
- Bien dormi ? demande ma mère.
- Oui, très bien.
Mon père reste silencieux. Je sais que ce n'est pas facile pour lui. J'ai soudain une pensée pour ceux qui découvrent que leur enfant est un travesti ou qu'il veut changer de sexe... l'horreur ! Je n'ose imaginer le choc...
Mais à bien y réfléchir, la vie a bien des chocs en réserve pour les pauvres parents.
Drogue, accident, maladie... sida. Argh, j'aurais pas dû y repenser ce matin, voilà que ça me revient.
Je décide de changer de sujet, ce genre de pensée n'est pas faite pour le petit dej.
De retour dans ma chambre, je passe un coup de fil à Mathieu.
- Salut Mat ! Je voulais te demander, tu te souviens de Paul, au lycée ?
- Salut, oui bien sûr.
- Je viens avec lui, ça te dérange pas ?
- Non, pas de souci. Mais je pensais que tu viendrais avec ta copine plutôt non ?
- Euh, non, enfin on en discutera chez toi. Ta copine sera là ?
- Oui, on vit ensemble, et on va se prendre un petit truc à deux.
- Ah oui ? C'est ce que je comptais faire aussi.
- Allez, à tout de suite !
- Tchao !
Après nous êtres lavés et préparés, nous sortons en frissonnant. Le printemps me semble encore bien loin...
Mat nous accueille en bas de son immeuble, nous nous serrons la main en nous saluant puis grimpons les marches en vitesse. Mat est sportif... je veux dire, il aime vraiment ça ! Nous sommes essoufflés en arrivant aux sixième étage.
- Ah... la vache... tu veux nous tuer ?
- Pfff y a que six étages ! Franchement les mecs vous vous êtes ramollis depuis le lycée. Ça fait combien de temps que vous avez pas fait de sport tous les deux ?
Tu veux dire, en dehors du lit ?
- Euh, un bout de temps...
- Ouais, confirme Paul... qui a dû penser à la même chose que moi.
- Franchement, vous faites pas de bien à votre corps.
- Tu nous présente ta copine ?
- Elle est sortie prendre quelques rafraichissements.
Nous entrons dans sa chambre, et il ôte son pull, nous invitant à faire de même. Il est vrai qu'il fait bon chez lui.
- Tenez, regardez, dit Mathieu, voilà ce que ça fait le sport.
Il se met alors torse nu, et nous ouvrons grands les yeux.
Je regarde son torse musclé, ainsi que les plaquettes de chocolat qui ornent son ventre. Sa poitrine est rasée, ce qui fait que chaque détail ressort de façon... délectable.
- Ouah ! Fait Paul.
Je suis d'accord avec lui.
- Alors ? fait Mat, tout fier, ne se doutant pas un instant de la véritable raison de notre réaction.
Mon côté blagueur ressurgit aussitôt. Ou est-ce mon côté voyeur ? Hum...
- Et tes jambes, c'est pareil ?
- Tu verrais mes cuisses !
- Vraiment ? Tu peux quand même pas tout muscler de façon équitable, dis-je avec un air de doute.
Paul a compris tout de suite où je voulais en venir et, luttant pour garder un visage impassible, approuve de la tête.
Intérieurement, il est déjà mort de rire. J'espère qu'il va pouvoir se retenir assez longtemps.
- Ben regardez, dit Mat, tombant dans le piège.
Nous le regardons déboucler son pantalon face à nous et l'ôter. Il se dresse devant nous, en boxer noir très moulant et en chaussettes blanches.
Mon dieu qu'il est beau. Paul et moi nous nous rinçons l'œil tout en l'abreuvant de compliments sur sa musculature.
- Tu devrais te rhabiller avant que ta copine ne rentre ou elle va se poser des questions, finis-je par dire en riant.
Paul éclate de rire à ce moment, et Mat nous rejoint dans notre hilarité.
- Oui, c'est vrai qu'il y aurait de quoi ! Même si elle est bien placée pour savoir que c'est pas mon truc !
- Elle a de la chance de t'avoir, Mat. Tu es mon meilleur ami avec Antoine, et je sais à quel point tu es un gars bien.
- Merci, répond-il en rougissant un peu.
Nous entendons une clé tourner dans la serrure de l'appartement.
- Juste à temps, dis-je en regardant Mat finir de boucler sa ceinture.
Il sourit largement, puis la porte de la chambre s'ouvre.
- Salut Céline ! Lui dis-je en lui faisant la bise, suivi de Paul.
Je pourrais pas faire la bise à Mat, aussi ? Snif.
- Salut vous deux ! Vous allez bien ?
- Oui très bien et toi ?
- Super ! Vous voulez boire quelque chose ?
- Oui, merci.
Nous allons à la cuisine où un pack de bières trône sur la table.
- Tes parents ne sont pas là Mat ?
- Non, on a la journée pour nous.
- Cool.
- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire, Jerem ?
Je manque de lui faire le coup du « ben, je suis papa » mais je me dois d'être plus sérieux maintenant.
- Par où commencer... bon, vous savez ce qu'il en a été pour moi au lycée, c'était une catastrophe, je n'y arrivais tout simplement pas avec les filles.
- C'est clair, dit Céline. On finissait par se dire que tu devais préférer les garçons...
- C'est le cas, dis-je. Pour Paul et moi. Nous sommes ensemble, et plus heureux que je n'aurais pu l'imaginer.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)