19-07-2021, 02:26 AM
Chapitre XVII (2/2)
Au café de la place, une petite brasserie sans grande envergure avec une terrasse d’une grande simplicité, il y a déjà du monde attablé lorsque nous arrivons main dans la main. Le patron, José, nous accueille, masque sous le menton vu la chaleur, avec un énorme sourire qui me rend fou de jalousie, étant pour l’essentiel destiné à ma jolie compagne.
- Harmonie, je t’ai réservée la meilleure table, sur le devant de la scène. Ça ira ?
- Oui, très bien José. Merci.
Je suis ahuri. Elle connaît le patron et c’est réciproque. Je tombe des nues. Ma chérie affiche un air décontracté mais je sais qu’elle est angoissée. Je le vois dans ses yeux. Même pas le temps de poser les questions qui me brûlent la langue que Christelle arrive elle aussi. Elle est magnifique avec son short raz les fesses, son chemisier déboutonné sur une grande partie de sa poitrine, ne cachant que l’essentiel, sa peau toute bronzée et ses cheveux qu’elle a remontés en un vague chignon. Avant de s’asseoir, elle fait un signe de la main à José qui lui répond par un bonjour tonitruant et le même sourire admiratif qu’il avait accordé précédemment à ma chérie en lorgnant sur son décolleté. Je suis rassuré. José aime les jolies filles, toutes les jolies filles.
- Ça va aller Harmonie ? Demande Christelle
- Chut ! Il ne sait pas.
Christelle se tourne vers moi, le regard contrit.
- Pas de chance Patrick, vous allez rester en dehors du secret encore un petit moment.
Je tente de la soudoyer discrètement sans grande conviction et vu la complicité des deux femmes, je sais que je n’aurais aucune faveur. Sur l’estrade, juste en face de nous, des musiciens s’évertuent devant quelques notes de musique que personne n’entend compte tenu du brouhaha général. Ici, ça cause fort et l’apéritif aidant les voix vont crescendo. La patronne a fait son apparition. Toute guillerette, elle se dirige vers notre table et nous passons commande ; une bière pour Harmonie, une gentiane pour Christelle et une anisette pour moi. Il reste encore quelques tables désertes autour de nous et tous les masques sont tombés. Harmonie me jette un regard inquiet. Je devine que la tension monte dans son petit corps tout frêle. Christelle qui a elle aussi saisi l’angoisse de la situation, tente de détendre l’atmosphère. On rit des plaisanteries qu’elle aligne sans s’arrêter mais Harmonie est ailleurs. Je le sens, je le sais. Je commence à la connaître et ses yeux trahissent une agitation intérieure intense. Je pose une main sur la sienne. Elle est toute moite.
La musique s’arrête et les musiciens en profitent pour se désaltérer. Ma chérie lâche ma main, se lève et se dirige vers eux. Elle se hisse sur la scène et les discussions vont bon train. Je n’entends pas ce qui se dit. Je regarde Christelle d’un œil interrogateur et elle me répond par un sourire muet qui se veut rassurant.
Je crois que je commence à comprendre.
- Qu’est-ce qu’elle va faire ? Elle va chanter ?
- Possible Patrick. Je vous trouve bien curieux d’un seul coup !
- Tu peux peut-être me tutoyer.
- Je n'osais pas... Tu n’as plus longtemps à attendre maintenant.
- Oui mais je meurs d’envie de savoir.
- Encore un petit peu de patience Patrick. Ça va venir.
Christelle se lève à son tour et vient à mes côtés, occuper la place libérée par Harmonie.
- Ce sera mieux que de tourner le dos à l’estrade.
Harmonie est toujours en grande discussion avec les musiciens. Ça rigole, ça complote et personne ne fait attention à eux si ce n’est Christelle et moi, attentifs au moindre détail. Ma chérie semble plus détendue, presque à l’aise. La tension est passée de mon côté et c’est mes mains qui ont pris de la moiteur. Christelle me chuchote à l’oreille.
- Tiens toi bien, ça va commencer.
Notre commande arrive ; deux verres. J’allais protester lorsque José revient précipitamment du comptoir avec une grande bière, mousseuse à souhait, qu’il dépose sur l’estrade. Harmonie lui rend un sourire plein de reconnaissance. Elle se lève. Elle prend une gorgée du précieux liquide ambré, saisit le micro, tapote l’extrémité et le bruit de ses doigts raisonne partout sur la terrasse. Les musiciens ont regagné leurs instruments et c’est le silence. Les regards sont de connivence et d’un signe de la tête, ma petite chérie s’adresse à l’assistance.
- Bonjour. Je m’appelle Harmonie et je vais vous accompagner quelques instants ce soir.
Les clients se sont tus. Les notes de musiques s’envolent dans l’air ambiant et Harmonie, le micro en main, debout sur la scène, avec ses bottines de marche, sa petite robe fleurie achetée le matin même et sa tignasse rosée, entame ‘les amants d’un jour’.
Je suis stupéfait. Ébahi, d’abord par la voix magistrale, claire et d’une précision exceptionnelle puis je suis saisi par la détermination qu’elle affiche sur scène. Ce n’est plus Harmonie mais le diable en personne qui gesticule avec grâce du haut de l’estrade, un bras dans le plâtre. Je suis admiratif. Fier. Fabuleusement fier de ce petit bout de femme qui est mienne et qui me fait ériger tous les poils de mes bras par l’émotion qu’elle dégage. J’en ai les larmes aux yeux.
Harmonie est dans son élément. Elle nage sur la scène comme un poisson dans l’océan. Elle, ce petit bout de femme si fragile, si réservée aussi parfois, voilà qu’elle se lâche, qu’elle se libère de ses chaînes. Ses chansons, elle ne les chante pas, elle les vit et lorsqu’elle enchaîne sur ‘L’homme à la moto’, c’est sous une ovation d’applaudissements. La petite ville d’Aléria est sens dessus, sens dessous. Un regroupement s’est formé et il n’y a plus assez de tables pour accueillir la foule. José est lui aussi submergé. Il ne sait plus où donner de la tête d’autant qu’Harmonie à un registre relativement large, surtout axé sur les années quatre-vingts, quatre-vingt-dix. Les musiciens sont rouges d’excitation. Parfois on remarque une note bizarre suivi d’une grimace imperceptible, un problème de synchronisation vite rétabli mais sur les visages de tous, c’est le bonheur qui s’affiche, celui de jouer, celui de chanter, celui d'écouter et ce bonheur passe à travers la foule pour mieux ressurgir dans les applaudissements.
Christelle s’est levée pour battre des mains en cadence, balancer son fessier admirable au rythme des basses, abandonnant son corps tout entier à la musique. Je l’accompagne un peu maladroitement, un peu gauche mais oh combien admiratif.
Pour la première fois depuis qu’elle est sur scène, Harmonie ose lever les yeux dans ma direction. Nos regards se croisent et ce que je peux y lire est d’une beauté remarquable, exceptionnelle. Il n’y a pas que la joie, la fierté d’avoir réussi son challenge. Elle est admirative, surprise elle même de sa prestation, de l’engouement qu’elle a suscité, de l’effervescence de la foule qui l’acclame ouvertement en toute simplicité et en redemande. Elle est épuisée aussi et je remarque derrière sa satisfaction, un voile de détresse. Je la sens presque prête à s’écrouler. Pourtant, courageuse elle rassemble ses dernières forces. Un regard complice vers les musiciens, la sueur perlant sur son front, elle se saisit du micro de sa seule main valide et lorsque les premières notes de musique crèvent l’atmosphère, son corps s’ensorcelle. Je suis inquiet pour elle. Christelle me regarde avec insistance. Elle a perçu elle aussi la faiblesse d’Harmonie. Nous sommes deux maintenant à trembler pour elle et c’est super angoissant. Je reconnais ‘La Isla Bonita’, du Madonna pur souche, elle est folle, sensuellement folle et malgré la fatigue elle est délicieusement désirable, son corps, sa voix, toutes ses expressions qu’elle a volées à l’artiste. Trop belle, trop désirable, trop géniale dans son interprétation. Pourvu qu’elle tienne. Pourvu qu’elle ne s’écroule pas. La foule s’est levée et quelques couples se sont mis à danser sur la petite place, entre les tables. C’est magnifique, c’est extraordinaire. Je crois qu’elle ne pouvait pas rêver mieux.
- Je la sens capable de jeter elle aussi sa petite culotte me chuchote Christelle avec un air espiègle.
- Ça m’étonnerait, elle n’en a pas.
- Déconne ?
J’ai scotché Christelle qui me dévisage avec des yeux semi outrés et ça m’amuse beaucoup. Un torrent d’acclamations déferle sur la terrasse bondée. Harmonie est subjuguée. Elle salue l’assistance accompagnée des musiciens tous en rang d’oignons, sous une ovation gigantesque. Je la sens prête à vaciller. Je me précipite sur l’estrade pour la prendre délicatement dans mes bras et avant que je puisse l’enlever, elle m’embrasse passionnément sur la scène ce qui a le don de faire redoubler les applaudissements.
Son corps s’est liquéfié au contact de ma chemise, trempée sur le visage, ruisselante dans ses cheveux, mais toujours aussi magnifique.
- C’était trop dur à la fin. J’ai cru que je n’allais pas tenir jusqu’au bout. Tu as aimé ?
- J’ai adoré Harmonie. Ta voix, l’occupation de l’espace sur la scène, ton déhanché, ta gestuelle, tout était parfait ; une véritable artiste d’ailleurs les clients ne se sont pas trompés. Tu as mis le feu dans la brasserie.
- Je suis trop contente. Je t’aime.
A table, José vient nous rejoindre avec un sourire gigantesque. Il s’assoit à côté de Christelle, face à Harmonie.
- Tu reviens quand tu veux, demain si tu peux.
- Plutôt samedi, ça me permettra de me reposer José et comme j’ai un peu forcé sur les cordes vocales, je ne voudrais pas risquer l’extinction de voix.
- OK, pour samedi ma jolie. Tu as été extraordinaire. Ça ne m’étonnerait pas que demain tu faces la une dans les journaux du coin. J’avais une table de journalistes de la région et tout ce que je peux te dire c’est qu’ils ont été conquis. Je vous apporte ce qu’on fait de mieux dans la maison.
José a regagné ses fourneaux. Harmonie passe une main sur ma jambe, le regard victorieux.
- Tu vois que sans faire la pute, ni baigner dans la drogue, on peut trouver d’autres solutions.
Christelle qui, pour une fois, a suivi sans rien dire nos échanges, se penche à l’oreille d’Harmonie.
Ma chérie rougit jusqu’aux oreilles en me lançant un regard réprobateur. Je comprends que j’aurai mieux fait de me taire plutôt que de raconter des conneries. Ma puce recule sa chaise, soulève rapidement le devant de sa robe fleurie avec un sourire mesquin.
- Elle est mignonne ta culotte ? Patrick, tu n’es qu’un gros goujat et dire que je t’ai cru minaude Christelle mi courroucée, mi amusée.
On est rentré à la châtaigneraie, bras dessus, bras dessous, entièrement charmé.
- Demain matin, je vais chercher ma fille et sa compagne à l’aéroport. Elles sont lesbiennes.
- Lesbiennes ?
- Ben oui, ça n’arrive pas qu’aux autres.
Au café de la place, une petite brasserie sans grande envergure avec une terrasse d’une grande simplicité, il y a déjà du monde attablé lorsque nous arrivons main dans la main. Le patron, José, nous accueille, masque sous le menton vu la chaleur, avec un énorme sourire qui me rend fou de jalousie, étant pour l’essentiel destiné à ma jolie compagne.
- Harmonie, je t’ai réservée la meilleure table, sur le devant de la scène. Ça ira ?
- Oui, très bien José. Merci.
Je suis ahuri. Elle connaît le patron et c’est réciproque. Je tombe des nues. Ma chérie affiche un air décontracté mais je sais qu’elle est angoissée. Je le vois dans ses yeux. Même pas le temps de poser les questions qui me brûlent la langue que Christelle arrive elle aussi. Elle est magnifique avec son short raz les fesses, son chemisier déboutonné sur une grande partie de sa poitrine, ne cachant que l’essentiel, sa peau toute bronzée et ses cheveux qu’elle a remontés en un vague chignon. Avant de s’asseoir, elle fait un signe de la main à José qui lui répond par un bonjour tonitruant et le même sourire admiratif qu’il avait accordé précédemment à ma chérie en lorgnant sur son décolleté. Je suis rassuré. José aime les jolies filles, toutes les jolies filles.
- Ça va aller Harmonie ? Demande Christelle
- Chut ! Il ne sait pas.
Christelle se tourne vers moi, le regard contrit.
- Pas de chance Patrick, vous allez rester en dehors du secret encore un petit moment.
Je tente de la soudoyer discrètement sans grande conviction et vu la complicité des deux femmes, je sais que je n’aurais aucune faveur. Sur l’estrade, juste en face de nous, des musiciens s’évertuent devant quelques notes de musique que personne n’entend compte tenu du brouhaha général. Ici, ça cause fort et l’apéritif aidant les voix vont crescendo. La patronne a fait son apparition. Toute guillerette, elle se dirige vers notre table et nous passons commande ; une bière pour Harmonie, une gentiane pour Christelle et une anisette pour moi. Il reste encore quelques tables désertes autour de nous et tous les masques sont tombés. Harmonie me jette un regard inquiet. Je devine que la tension monte dans son petit corps tout frêle. Christelle qui a elle aussi saisi l’angoisse de la situation, tente de détendre l’atmosphère. On rit des plaisanteries qu’elle aligne sans s’arrêter mais Harmonie est ailleurs. Je le sens, je le sais. Je commence à la connaître et ses yeux trahissent une agitation intérieure intense. Je pose une main sur la sienne. Elle est toute moite.
La musique s’arrête et les musiciens en profitent pour se désaltérer. Ma chérie lâche ma main, se lève et se dirige vers eux. Elle se hisse sur la scène et les discussions vont bon train. Je n’entends pas ce qui se dit. Je regarde Christelle d’un œil interrogateur et elle me répond par un sourire muet qui se veut rassurant.
Je crois que je commence à comprendre.
- Qu’est-ce qu’elle va faire ? Elle va chanter ?
- Possible Patrick. Je vous trouve bien curieux d’un seul coup !
- Tu peux peut-être me tutoyer.
- Je n'osais pas... Tu n’as plus longtemps à attendre maintenant.
- Oui mais je meurs d’envie de savoir.
- Encore un petit peu de patience Patrick. Ça va venir.
Christelle se lève à son tour et vient à mes côtés, occuper la place libérée par Harmonie.
- Ce sera mieux que de tourner le dos à l’estrade.
Harmonie est toujours en grande discussion avec les musiciens. Ça rigole, ça complote et personne ne fait attention à eux si ce n’est Christelle et moi, attentifs au moindre détail. Ma chérie semble plus détendue, presque à l’aise. La tension est passée de mon côté et c’est mes mains qui ont pris de la moiteur. Christelle me chuchote à l’oreille.
- Tiens toi bien, ça va commencer.
Notre commande arrive ; deux verres. J’allais protester lorsque José revient précipitamment du comptoir avec une grande bière, mousseuse à souhait, qu’il dépose sur l’estrade. Harmonie lui rend un sourire plein de reconnaissance. Elle se lève. Elle prend une gorgée du précieux liquide ambré, saisit le micro, tapote l’extrémité et le bruit de ses doigts raisonne partout sur la terrasse. Les musiciens ont regagné leurs instruments et c’est le silence. Les regards sont de connivence et d’un signe de la tête, ma petite chérie s’adresse à l’assistance.
- Bonjour. Je m’appelle Harmonie et je vais vous accompagner quelques instants ce soir.
Les clients se sont tus. Les notes de musiques s’envolent dans l’air ambiant et Harmonie, le micro en main, debout sur la scène, avec ses bottines de marche, sa petite robe fleurie achetée le matin même et sa tignasse rosée, entame ‘les amants d’un jour’.
Je suis stupéfait. Ébahi, d’abord par la voix magistrale, claire et d’une précision exceptionnelle puis je suis saisi par la détermination qu’elle affiche sur scène. Ce n’est plus Harmonie mais le diable en personne qui gesticule avec grâce du haut de l’estrade, un bras dans le plâtre. Je suis admiratif. Fier. Fabuleusement fier de ce petit bout de femme qui est mienne et qui me fait ériger tous les poils de mes bras par l’émotion qu’elle dégage. J’en ai les larmes aux yeux.
Harmonie est dans son élément. Elle nage sur la scène comme un poisson dans l’océan. Elle, ce petit bout de femme si fragile, si réservée aussi parfois, voilà qu’elle se lâche, qu’elle se libère de ses chaînes. Ses chansons, elle ne les chante pas, elle les vit et lorsqu’elle enchaîne sur ‘L’homme à la moto’, c’est sous une ovation d’applaudissements. La petite ville d’Aléria est sens dessus, sens dessous. Un regroupement s’est formé et il n’y a plus assez de tables pour accueillir la foule. José est lui aussi submergé. Il ne sait plus où donner de la tête d’autant qu’Harmonie à un registre relativement large, surtout axé sur les années quatre-vingts, quatre-vingt-dix. Les musiciens sont rouges d’excitation. Parfois on remarque une note bizarre suivi d’une grimace imperceptible, un problème de synchronisation vite rétabli mais sur les visages de tous, c’est le bonheur qui s’affiche, celui de jouer, celui de chanter, celui d'écouter et ce bonheur passe à travers la foule pour mieux ressurgir dans les applaudissements.
Christelle s’est levée pour battre des mains en cadence, balancer son fessier admirable au rythme des basses, abandonnant son corps tout entier à la musique. Je l’accompagne un peu maladroitement, un peu gauche mais oh combien admiratif.
Pour la première fois depuis qu’elle est sur scène, Harmonie ose lever les yeux dans ma direction. Nos regards se croisent et ce que je peux y lire est d’une beauté remarquable, exceptionnelle. Il n’y a pas que la joie, la fierté d’avoir réussi son challenge. Elle est admirative, surprise elle même de sa prestation, de l’engouement qu’elle a suscité, de l’effervescence de la foule qui l’acclame ouvertement en toute simplicité et en redemande. Elle est épuisée aussi et je remarque derrière sa satisfaction, un voile de détresse. Je la sens presque prête à s’écrouler. Pourtant, courageuse elle rassemble ses dernières forces. Un regard complice vers les musiciens, la sueur perlant sur son front, elle se saisit du micro de sa seule main valide et lorsque les premières notes de musique crèvent l’atmosphère, son corps s’ensorcelle. Je suis inquiet pour elle. Christelle me regarde avec insistance. Elle a perçu elle aussi la faiblesse d’Harmonie. Nous sommes deux maintenant à trembler pour elle et c’est super angoissant. Je reconnais ‘La Isla Bonita’, du Madonna pur souche, elle est folle, sensuellement folle et malgré la fatigue elle est délicieusement désirable, son corps, sa voix, toutes ses expressions qu’elle a volées à l’artiste. Trop belle, trop désirable, trop géniale dans son interprétation. Pourvu qu’elle tienne. Pourvu qu’elle ne s’écroule pas. La foule s’est levée et quelques couples se sont mis à danser sur la petite place, entre les tables. C’est magnifique, c’est extraordinaire. Je crois qu’elle ne pouvait pas rêver mieux.
- Je la sens capable de jeter elle aussi sa petite culotte me chuchote Christelle avec un air espiègle.
- Ça m’étonnerait, elle n’en a pas.
- Déconne ?
J’ai scotché Christelle qui me dévisage avec des yeux semi outrés et ça m’amuse beaucoup. Un torrent d’acclamations déferle sur la terrasse bondée. Harmonie est subjuguée. Elle salue l’assistance accompagnée des musiciens tous en rang d’oignons, sous une ovation gigantesque. Je la sens prête à vaciller. Je me précipite sur l’estrade pour la prendre délicatement dans mes bras et avant que je puisse l’enlever, elle m’embrasse passionnément sur la scène ce qui a le don de faire redoubler les applaudissements.
Son corps s’est liquéfié au contact de ma chemise, trempée sur le visage, ruisselante dans ses cheveux, mais toujours aussi magnifique.
- C’était trop dur à la fin. J’ai cru que je n’allais pas tenir jusqu’au bout. Tu as aimé ?
- J’ai adoré Harmonie. Ta voix, l’occupation de l’espace sur la scène, ton déhanché, ta gestuelle, tout était parfait ; une véritable artiste d’ailleurs les clients ne se sont pas trompés. Tu as mis le feu dans la brasserie.
- Je suis trop contente. Je t’aime.
A table, José vient nous rejoindre avec un sourire gigantesque. Il s’assoit à côté de Christelle, face à Harmonie.
- Tu reviens quand tu veux, demain si tu peux.
- Plutôt samedi, ça me permettra de me reposer José et comme j’ai un peu forcé sur les cordes vocales, je ne voudrais pas risquer l’extinction de voix.
- OK, pour samedi ma jolie. Tu as été extraordinaire. Ça ne m’étonnerait pas que demain tu faces la une dans les journaux du coin. J’avais une table de journalistes de la région et tout ce que je peux te dire c’est qu’ils ont été conquis. Je vous apporte ce qu’on fait de mieux dans la maison.
José a regagné ses fourneaux. Harmonie passe une main sur ma jambe, le regard victorieux.
- Tu vois que sans faire la pute, ni baigner dans la drogue, on peut trouver d’autres solutions.
Christelle qui, pour une fois, a suivi sans rien dire nos échanges, se penche à l’oreille d’Harmonie.
Ma chérie rougit jusqu’aux oreilles en me lançant un regard réprobateur. Je comprends que j’aurai mieux fait de me taire plutôt que de raconter des conneries. Ma puce recule sa chaise, soulève rapidement le devant de sa robe fleurie avec un sourire mesquin.
- Elle est mignonne ta culotte ? Patrick, tu n’es qu’un gros goujat et dire que je t’ai cru minaude Christelle mi courroucée, mi amusée.
On est rentré à la châtaigneraie, bras dessus, bras dessous, entièrement charmé.
- Demain matin, je vais chercher ma fille et sa compagne à l’aéroport. Elles sont lesbiennes.
- Lesbiennes ?
- Ben oui, ça n’arrive pas qu’aux autres.
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