17-07-2021, 09:38 PM
* 75 *
Je me fige littéralement sur place, de surprise autant que de peur. Ils en profitent pour arriver à notre hauteur, je les distingue mieux maintenant qu'ils sont en pleine lumière. Leur crâne n'est pas rasé comme je l'avais cru dans l'ombre, mais coupé très court, à la militaire. Pas sûr d'y gagner au change. Ils sont jeunes, notre âge ou un peu plus. Cinq, trop pour qu'on puisse se défendre si on doit en venir là... et trop tard pour fuir.
- Ouais, c'est mignon, mais sérieux les mecs, vous assurez pas. Vous vous baladez en pleine nuit, en échangeant des mots doux, mais vous voulez mourir ou quoi ? Vous pourriez tomber sur un malade et après c'est nous qui viendrions ramasser les morceaux, merci bien, dit l'un d'eux, à ma grande surprise.
- Euh... pardon ? dis-je, sans trouver quoi d'autre à dire, moi qui me voyais déjà à terre, roué de coups pour le seul crime d'aimer.
- Comment ça, vous viendriez ramasser les morceaux ? Demande Paul, plus maître de lui que moi.
- On est pompiers, explique l'un des gars. Mais sérieux, on préfère nettement prévenir que guérir.
- Punaise, c'est réussi, réussis-je à dire, j'ai vraiment cru en vous voyant arriver qu'on allait passer un mauvais quart d'heure.
- Non, notre truc c'est sauver des vies, dit l'un des gars en riant.
Je reste tout de même un peu méfiant, ça m'étonne qu'ils viennent se mêler comme ça de nos affaires. Mais pour le moment, je ne vois rien d'autre de louche dans leur attitude. Et de toute façon, c'est mal barré, si ça tourne mal...
Paul assure la conversation de son côté, je l'admire vraiment pour son self-control.
- Vous êtes pompiers ? C'est sympa ça !
- Ouais, on peut dire ça, sourit l'un des gars.
- Et on est bien vus, et ça, ça compte beaucoup, dit...
C'est une femme ? Ouais, à bien y regarder, oui. C'est juste qu'elle a l'air plus masculine que ses camarades. Et qu'elle s'est tondue comme eux. La vache.
- Je veux bien le croire, répond Paul. On retiendra la leçon, vous en faites pas, on sera plus discrets, assure-t-il.
Probablement histoire de les calmer. Même si mon cœur à moi bat toujours à cent à l'heure.
- Tant mieux, écoutez, désolé de vous avoir fait peur, on a rien contre vous, franchement.
- Ouais, dit la fille, même si c'est pas le cas de tous les pompiers, y en a qui peuvent pas sacquer les gays, mais bon, on est pas là pour donner notre avis mais pour faire notre devoir.
- Et vous risquez vos vies pour ça, je vous admire, vraiment.
Je ferais mieux de dire quelque chose, moi.
- Ouais, franchement, vous êtes super, les gars.
Ils sourient, tout fiers, et finissent par nous saluer et s'éloigner, échangeant quelques plaisanteries que je ne saisis pas. Peu importe. Nous lâchons un grand soupir de soulagement. L'alerte a été chaude.
J'enrage de ne pas pouvoir aimer ouvertement mon homme sans que ça mette nos vies en danger. Bordel, que c'est dur d'être gay ! J'ai pas demandé à l'être, moi !
Ni personne, d'ailleurs...
J'en discute - prudemment - avec Paul.
- Il va falloir du temps, dit-il. Il y a eu des progrès énormes, mais c'est encore loin d'être suffisant. Mais ce que ces imbéciles refusent de comprendre, c'est qu'on est invincibles.
- Comment ça ?
- On représente quelque chose comme 7 ou 10 pour cent de l'humanité, et ce, depuis le début, et au-delà. Chaque naissance apporte son lot de nouveaux gays, dans tous les pays, tous les peuples, toutes les religions, et rien ne peut changer ça. Personne ne sait pourquoi quelqu'un est gay, et pourquoi même dans les pays les plus répressifs où c'est puni de mort, il y en a autant que dans les pays les plus ouverts. C'est juste comme ça. On finira par réussir mais il faudra encore des générations.
- Mouais, mais en attendant, on souffre.
- Je suis là, dit Paul.
- Merci. J'en ai vraiment besoin.
Sans y faire attention, nous avons oublié que nous devions suivre chacun notre chemin, et nous sommes arrivés devant chez moi lorsque nous nous en rendons compte.
C'est un peu tôt pour le présenter à mon père...
Ou pas ? J'ai vraiment envie de l'avoir encore à mes côtés. Et Paul n'a rien de malsain, bien au contraire, il pourrait rassurer mon père... ou... ah, je ne sais pas !
Paul reste silencieux, attendant que je me décide, visiblement lui aussi veut rester avec moi, et cela finit par emporter ma décision. J'ai le droit d'aimer. Et, bon sang, au moins à la maison.
- Viens.
Nous montons l'escalier, dédaignant l'ascenseur, et marchons dans le couloir.
Je m'immobilise devant la porte, un nœud dans la gorge.
La journée aura été forte en émotions de toute sortes.
Je sors ma clé et ouvre la porte.
C'est le moment de vérité.
Je me fige littéralement sur place, de surprise autant que de peur. Ils en profitent pour arriver à notre hauteur, je les distingue mieux maintenant qu'ils sont en pleine lumière. Leur crâne n'est pas rasé comme je l'avais cru dans l'ombre, mais coupé très court, à la militaire. Pas sûr d'y gagner au change. Ils sont jeunes, notre âge ou un peu plus. Cinq, trop pour qu'on puisse se défendre si on doit en venir là... et trop tard pour fuir.
- Ouais, c'est mignon, mais sérieux les mecs, vous assurez pas. Vous vous baladez en pleine nuit, en échangeant des mots doux, mais vous voulez mourir ou quoi ? Vous pourriez tomber sur un malade et après c'est nous qui viendrions ramasser les morceaux, merci bien, dit l'un d'eux, à ma grande surprise.
- Euh... pardon ? dis-je, sans trouver quoi d'autre à dire, moi qui me voyais déjà à terre, roué de coups pour le seul crime d'aimer.
- Comment ça, vous viendriez ramasser les morceaux ? Demande Paul, plus maître de lui que moi.
- On est pompiers, explique l'un des gars. Mais sérieux, on préfère nettement prévenir que guérir.
- Punaise, c'est réussi, réussis-je à dire, j'ai vraiment cru en vous voyant arriver qu'on allait passer un mauvais quart d'heure.
- Non, notre truc c'est sauver des vies, dit l'un des gars en riant.
Je reste tout de même un peu méfiant, ça m'étonne qu'ils viennent se mêler comme ça de nos affaires. Mais pour le moment, je ne vois rien d'autre de louche dans leur attitude. Et de toute façon, c'est mal barré, si ça tourne mal...
Paul assure la conversation de son côté, je l'admire vraiment pour son self-control.
- Vous êtes pompiers ? C'est sympa ça !
- Ouais, on peut dire ça, sourit l'un des gars.
- Et on est bien vus, et ça, ça compte beaucoup, dit...
C'est une femme ? Ouais, à bien y regarder, oui. C'est juste qu'elle a l'air plus masculine que ses camarades. Et qu'elle s'est tondue comme eux. La vache.
- Je veux bien le croire, répond Paul. On retiendra la leçon, vous en faites pas, on sera plus discrets, assure-t-il.
Probablement histoire de les calmer. Même si mon cœur à moi bat toujours à cent à l'heure.
- Tant mieux, écoutez, désolé de vous avoir fait peur, on a rien contre vous, franchement.
- Ouais, dit la fille, même si c'est pas le cas de tous les pompiers, y en a qui peuvent pas sacquer les gays, mais bon, on est pas là pour donner notre avis mais pour faire notre devoir.
- Et vous risquez vos vies pour ça, je vous admire, vraiment.
Je ferais mieux de dire quelque chose, moi.
- Ouais, franchement, vous êtes super, les gars.
Ils sourient, tout fiers, et finissent par nous saluer et s'éloigner, échangeant quelques plaisanteries que je ne saisis pas. Peu importe. Nous lâchons un grand soupir de soulagement. L'alerte a été chaude.
J'enrage de ne pas pouvoir aimer ouvertement mon homme sans que ça mette nos vies en danger. Bordel, que c'est dur d'être gay ! J'ai pas demandé à l'être, moi !
Ni personne, d'ailleurs...
J'en discute - prudemment - avec Paul.
- Il va falloir du temps, dit-il. Il y a eu des progrès énormes, mais c'est encore loin d'être suffisant. Mais ce que ces imbéciles refusent de comprendre, c'est qu'on est invincibles.
- Comment ça ?
- On représente quelque chose comme 7 ou 10 pour cent de l'humanité, et ce, depuis le début, et au-delà. Chaque naissance apporte son lot de nouveaux gays, dans tous les pays, tous les peuples, toutes les religions, et rien ne peut changer ça. Personne ne sait pourquoi quelqu'un est gay, et pourquoi même dans les pays les plus répressifs où c'est puni de mort, il y en a autant que dans les pays les plus ouverts. C'est juste comme ça. On finira par réussir mais il faudra encore des générations.
- Mouais, mais en attendant, on souffre.
- Je suis là, dit Paul.
- Merci. J'en ai vraiment besoin.
Sans y faire attention, nous avons oublié que nous devions suivre chacun notre chemin, et nous sommes arrivés devant chez moi lorsque nous nous en rendons compte.
C'est un peu tôt pour le présenter à mon père...
Ou pas ? J'ai vraiment envie de l'avoir encore à mes côtés. Et Paul n'a rien de malsain, bien au contraire, il pourrait rassurer mon père... ou... ah, je ne sais pas !
Paul reste silencieux, attendant que je me décide, visiblement lui aussi veut rester avec moi, et cela finit par emporter ma décision. J'ai le droit d'aimer. Et, bon sang, au moins à la maison.
- Viens.
Nous montons l'escalier, dédaignant l'ascenseur, et marchons dans le couloir.
Je m'immobilise devant la porte, un nœud dans la gorge.
La journée aura été forte en émotions de toute sortes.
Je sors ma clé et ouvre la porte.
C'est le moment de vérité.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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