Chapitre XVII (1/2)
L’après-midi, c’est séance jardinage et Harmonie se débouille à merveille. Elle est admirative de tout, les pommes de pins minuscules, la bruyère, le myrte, l’eucalyptus, les arbousiers, les cigales, toutes les senteurs de la Corse, du maquis lointain, réunis sur ma propriété.
- C’est surprenant, je sens la mer d’ici, dit-elle radieuse.
C’est vrai que l’atmosphère à ce petit relent bien particulier, à peine humide, qui rend la chaleur très supportable. D’ici, on ne voit pas la Méditerranée mais on devine partout sa présence.
D’une seule main, Harmonie arrache les mauvaises herbes qui ont échappées à la vigilance du jardinier. Elle a délaissé sa petite robe noire et elle s’affaire maintenant en petite culotte. J’adore. Je la regarde pour ne pas dire que je la dévore des yeux. Ce corps presque nu, qui se baisse, se relève, se penche m’offrant ainsi toutes les facettes de sa féminité avec une agilité surprenante et une poitrine qui accompagne généreusement tous ces mouvements.
- Ben tu fais quoi ?
- Je te regarde... Tu es belle.
- Et c’est tout ?
- Bon, désirable aussi.
- Ah, c’est déjà mieux mais si ça t’empêche de travailler je peux remettre ma robe.
Pour un appel du pied, c’est plutôt raté. Je m’en retourne à mes broussailles, déçu, tout en gardant un œil attentif à cette féminité troublante qui déambule insidieusement sur mon terrain, dans des positions on ne peut plus affriolantes.
Harmonie s’est éclipsée depuis peu, chassée par les moustiques friands de la blancheur de sa peau qui tend à s’émanciper. Je la retrouve derrière la maison, le tuyau d’arrosage à la main. C’est fou comment elle s’habitue à la vie citadine. Je n’ai besoin de rien dire, de ne rien faire, elle gère toute seule, avec une bonne humeur si attachante qu’on n’a aucune envie d’aller la lui déloger. Pourtant, j’aurai dû m’en douter. Le danger à porté de lance, je me suis fais saucer avec un rire monumental, celui d’une petite fille hilare, radieuse devant sa mesquinerie et bien évidemment, ça s’est mal terminé. Les représailles se devaient d’être à la hauteur de l’ignominie.
- Arrête Patrick, mes chaussures vont être toutes mouillées et j’en ai besoin pour ce soir s’écrit-elle en riant aux éclats.
- Ok, je te laisse deux minutes pour les retirer, pas une de plus.
Certes, le combat fut inégal. Avec son bras en écharpe, Harmonie n’avait pas toute sa dextérité mais même d’une seule main, elle fût redoutable. Une adorable féline, prête à tout sacrifier pour la bonne cause et c’est dans mes bras qu’elle s’est retrouvée au bord de la piscine, une tigresse à peine effarouchée, du bonheur et de la joie plein les yeux, heureuse comme jamais. Sans son plâtre, nul doute qu’elle serait passée au bain. Il a fallu composer bien à regret. Alors, je me suis assis à côté d’elle, les pieds dans l’eau, barbotant joyeusement comme des enfants. Sans rien dire, elle a posé sa tête sur mon épaule en me caressant la nuque et les cheveux de sa seule main valide. Nous sommes restés comme cela un bon moment, immobiles, l’un à côté de l’autre, en nous délectant juste de notre présence.
- Tu sais Patrick, lorsque je suis rentrée toute seule du marché, sur le chemin j’étais si émue que j’ai fini par pleurer, comme un idiote.
- Pourquoi tu étais émue, ma chérie ?
- C’est con mais juste l’idée de me dire que je rentrai à la maison, que j’avais maintenant un chez moi aussi quelque part, que quelqu’un m’attendait...Tu ne peux pas savoir l’effet de ouf que ça fait. C’était énorme… Tu ne me laisseras pas tomber quand tu repartiras, dis-moi ?
Il y a dans sa voix un tel désarroi, un cri de détresse d’une telle force qu’il est impossible de ne pas l’entendre. C’est vrai que je n’ai pas pensé à regarder l’avenir, me contentant de vivre égoïstement le moment présent. D’ailleurs pour moi, rien de compliqué, le chemin est tout tracé. Se sera la reprise de mon activité, le train train quotidien, les courses le samedi matin, la télé le soir, prendre un verre avec les amis, chez moi ou chez eux, enfin ceux qui me resteront fidèles suite à ma séparation avec Elena, un bowling de temps en temps, un resto, un ciné, quelques promenades sur la plage et un peu de footing pour maintenir la forme.
Je réalise qu’Harmonie devra s’intégrer dans ce paysage, le modeler à sa façon aussi avec ses propres envies et c’est tout aussi vrai que je n’ai pas pensé une seule seconde à lui en faire part. Je comprends ses craintes, je comprends ses attentes aussi. Évidemment j’ai été sot, toujours trop égocentrique pour n’avoir pas eu la présence d’esprit de lui en parler avant, juste pour la rassurer. Elena me l’avait reproché ouvertement et maintenant que j’y pense, elle avait raison.
- Non, pourquoi veux-tu que je te laisse tomber ?
- Oh ! Tu sais, dans ma vie, je n’ai jamais eut beaucoup de chance. Et lorsqu’elle pointait faiblement son nez, c’était juste pour me faire savoir qu’elle existait avant de me renvoyer sans ménagement dans ma galère, et ça fait encore plus mal. Alors maintenant qu’elle est là et qu’elle semble vouloir s’accrocher, j’ai tellement peur qu’elle s’enfuit…
- Ma chérie, la chance n’a rien à voir la dedans et tu n’as rien à craindre, je t’emmènerai la-haut avec moi, c’est évident. Ce sera une autre vie, différente d’ici évidemment, le soleil en moins. Je voudrai que tu saches que quand tu n’es pas là, tu me manques. Lorsque tu es là, tu m’amuses et j’adore. Et même si on fait rien, le simple fait que tu sois là me comble de bonheur. Avec toi, je suis heureux. Je vois la vie différemment et ça n’a rien à voir avec ce que j’ai connu auparavant. Moi j’appellerai ça plutôt de l’amour et ça me va bien parce que je t’aime.
- Oui mais peut-être que ce soir tu ne vas pas apprécier ? Je suis excité comme une puce et en même temps j’ai peur, si peur de te décevoir que j’en ai déjà la boule au ventre. Peut-être que je n’aurais pas dû ?
- Tu as fais ce qui tu avais envie et tu as réussi. Alors, qu’est-ce que tu veux de plus ?
- Mais maintenant, j’ai une trouille bleue, celle de ne pas être à la hauteur. Ça fait longtemps, très longtemps que je n’ai pas...
- Vous êtes vraiment bizarres vous les femmes. Tu voulais que je te fasse confiance et maintenant que je te fais confiance, tu doutes. Rassure-toi Harmonie, je ne sais pas ce que tu complotes mais je voudrai que tu saches que je suis avec toi. On est ensemble. On est tous les deux.
- Oui mais ce soir, je serai toute seule…enfin presque, alors j’appréhende.
- Toute seule ?
- Je ne veux pas t’en dire davantage pour l’instant. Ah si, j’ai aussi invité Christelle.
L’après-midi, c’est séance jardinage et Harmonie se débouille à merveille. Elle est admirative de tout, les pommes de pins minuscules, la bruyère, le myrte, l’eucalyptus, les arbousiers, les cigales, toutes les senteurs de la Corse, du maquis lointain, réunis sur ma propriété.
- C’est surprenant, je sens la mer d’ici, dit-elle radieuse.
C’est vrai que l’atmosphère à ce petit relent bien particulier, à peine humide, qui rend la chaleur très supportable. D’ici, on ne voit pas la Méditerranée mais on devine partout sa présence.
D’une seule main, Harmonie arrache les mauvaises herbes qui ont échappées à la vigilance du jardinier. Elle a délaissé sa petite robe noire et elle s’affaire maintenant en petite culotte. J’adore. Je la regarde pour ne pas dire que je la dévore des yeux. Ce corps presque nu, qui se baisse, se relève, se penche m’offrant ainsi toutes les facettes de sa féminité avec une agilité surprenante et une poitrine qui accompagne généreusement tous ces mouvements.
- Ben tu fais quoi ?
- Je te regarde... Tu es belle.
- Et c’est tout ?
- Bon, désirable aussi.
- Ah, c’est déjà mieux mais si ça t’empêche de travailler je peux remettre ma robe.
Pour un appel du pied, c’est plutôt raté. Je m’en retourne à mes broussailles, déçu, tout en gardant un œil attentif à cette féminité troublante qui déambule insidieusement sur mon terrain, dans des positions on ne peut plus affriolantes.
Harmonie s’est éclipsée depuis peu, chassée par les moustiques friands de la blancheur de sa peau qui tend à s’émanciper. Je la retrouve derrière la maison, le tuyau d’arrosage à la main. C’est fou comment elle s’habitue à la vie citadine. Je n’ai besoin de rien dire, de ne rien faire, elle gère toute seule, avec une bonne humeur si attachante qu’on n’a aucune envie d’aller la lui déloger. Pourtant, j’aurai dû m’en douter. Le danger à porté de lance, je me suis fais saucer avec un rire monumental, celui d’une petite fille hilare, radieuse devant sa mesquinerie et bien évidemment, ça s’est mal terminé. Les représailles se devaient d’être à la hauteur de l’ignominie.
- Arrête Patrick, mes chaussures vont être toutes mouillées et j’en ai besoin pour ce soir s’écrit-elle en riant aux éclats.
- Ok, je te laisse deux minutes pour les retirer, pas une de plus.
Certes, le combat fut inégal. Avec son bras en écharpe, Harmonie n’avait pas toute sa dextérité mais même d’une seule main, elle fût redoutable. Une adorable féline, prête à tout sacrifier pour la bonne cause et c’est dans mes bras qu’elle s’est retrouvée au bord de la piscine, une tigresse à peine effarouchée, du bonheur et de la joie plein les yeux, heureuse comme jamais. Sans son plâtre, nul doute qu’elle serait passée au bain. Il a fallu composer bien à regret. Alors, je me suis assis à côté d’elle, les pieds dans l’eau, barbotant joyeusement comme des enfants. Sans rien dire, elle a posé sa tête sur mon épaule en me caressant la nuque et les cheveux de sa seule main valide. Nous sommes restés comme cela un bon moment, immobiles, l’un à côté de l’autre, en nous délectant juste de notre présence.
- Tu sais Patrick, lorsque je suis rentrée toute seule du marché, sur le chemin j’étais si émue que j’ai fini par pleurer, comme un idiote.
- Pourquoi tu étais émue, ma chérie ?
- C’est con mais juste l’idée de me dire que je rentrai à la maison, que j’avais maintenant un chez moi aussi quelque part, que quelqu’un m’attendait...Tu ne peux pas savoir l’effet de ouf que ça fait. C’était énorme… Tu ne me laisseras pas tomber quand tu repartiras, dis-moi ?
Il y a dans sa voix un tel désarroi, un cri de détresse d’une telle force qu’il est impossible de ne pas l’entendre. C’est vrai que je n’ai pas pensé à regarder l’avenir, me contentant de vivre égoïstement le moment présent. D’ailleurs pour moi, rien de compliqué, le chemin est tout tracé. Se sera la reprise de mon activité, le train train quotidien, les courses le samedi matin, la télé le soir, prendre un verre avec les amis, chez moi ou chez eux, enfin ceux qui me resteront fidèles suite à ma séparation avec Elena, un bowling de temps en temps, un resto, un ciné, quelques promenades sur la plage et un peu de footing pour maintenir la forme.
Je réalise qu’Harmonie devra s’intégrer dans ce paysage, le modeler à sa façon aussi avec ses propres envies et c’est tout aussi vrai que je n’ai pas pensé une seule seconde à lui en faire part. Je comprends ses craintes, je comprends ses attentes aussi. Évidemment j’ai été sot, toujours trop égocentrique pour n’avoir pas eu la présence d’esprit de lui en parler avant, juste pour la rassurer. Elena me l’avait reproché ouvertement et maintenant que j’y pense, elle avait raison.
- Non, pourquoi veux-tu que je te laisse tomber ?
- Oh ! Tu sais, dans ma vie, je n’ai jamais eut beaucoup de chance. Et lorsqu’elle pointait faiblement son nez, c’était juste pour me faire savoir qu’elle existait avant de me renvoyer sans ménagement dans ma galère, et ça fait encore plus mal. Alors maintenant qu’elle est là et qu’elle semble vouloir s’accrocher, j’ai tellement peur qu’elle s’enfuit…
- Ma chérie, la chance n’a rien à voir la dedans et tu n’as rien à craindre, je t’emmènerai la-haut avec moi, c’est évident. Ce sera une autre vie, différente d’ici évidemment, le soleil en moins. Je voudrai que tu saches que quand tu n’es pas là, tu me manques. Lorsque tu es là, tu m’amuses et j’adore. Et même si on fait rien, le simple fait que tu sois là me comble de bonheur. Avec toi, je suis heureux. Je vois la vie différemment et ça n’a rien à voir avec ce que j’ai connu auparavant. Moi j’appellerai ça plutôt de l’amour et ça me va bien parce que je t’aime.
- Oui mais peut-être que ce soir tu ne vas pas apprécier ? Je suis excité comme une puce et en même temps j’ai peur, si peur de te décevoir que j’en ai déjà la boule au ventre. Peut-être que je n’aurais pas dû ?
- Tu as fais ce qui tu avais envie et tu as réussi. Alors, qu’est-ce que tu veux de plus ?
- Mais maintenant, j’ai une trouille bleue, celle de ne pas être à la hauteur. Ça fait longtemps, très longtemps que je n’ai pas...
- Vous êtes vraiment bizarres vous les femmes. Tu voulais que je te fasse confiance et maintenant que je te fais confiance, tu doutes. Rassure-toi Harmonie, je ne sais pas ce que tu complotes mais je voudrai que tu saches que je suis avec toi. On est ensemble. On est tous les deux.
- Oui mais ce soir, je serai toute seule…enfin presque, alors j’appréhende.
- Toute seule ?
- Je ne veux pas t’en dire davantage pour l’instant. Ah si, j’ai aussi invité Christelle.
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