11-07-2021, 10:04 PM
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21 février 2009
Voilà une semaine que je suis rentré à la maison, avec une amende ramassée dans le train, histoire d'ajouter à mon infortune. Il y a eu pas mal d'explications à donner, mais j'étais surtout crevé. Paul m'a aidé - beaucoup - à retrouver le moral. J'ai fini mon traitement d'urgence, reste à voir si ça a eu de l'effet - j'enrage d'avoir raté un soir à cause des flics. Je barre les jours sur le calendrier. Je n'ai que ça à faire.
En attendant, j'ai commencé à regarder pour faire un petit boulot, histoire de ne plus dépendre de l'argent de poche que me donne ma mère. J'ai pas mal tiré sur la corde ces derniers temps, et ça me gêne. Si mon père travaille à l'étranger, c'est pour Jean et moi - pour qu'on puisse suivre des études, de haut niveau si besoin est, et qu'on puisse vivre confortablement. Nous sommes conscients du sacrifice qu'il fait pour nous. Bien sûr, nous préfèrerions l'avoir avec nous. On ne peut pas tout avoir, cependant...
Mais bon, c'est samedi, et je profite du week-end avec Paul et Jean. Après une partie sur la console de mon petit frère, nous déjeunons avant d'aller dans ma chambre.
- Jerem...
- Oui, ptit frère ?
- Je voudrais te parler... c'est à propos de ma copine.
- Tu m'excuse Paul.
- Pas de problème, je vais discuter un peu avec ta mère.
- Merci.
Une fois seuls, je le regarde gentiment jusqu'à ce qu'il se lance.
- Je... je me vois mal vous la présenter... ça me pose plusieurs problèmes.
- Comment ça ?
- Ben... d'une part, je ne sais pas comment elle réagirait si.. si elle apprenait que mon frère est gay, dit-il d'un air malheureux.
Je ne le prends pas mal. Je comprends sa peur. Il est mordu d'elle, et depuis le temps qu'ils sont ensemble, ça commence à devenir sérieux. Il a peur de la perdre, et c'est compréhensible. Et quand on est amoureux, on peut toujours dire qu'une fille ne mérite pas d'être connue si elle est homophobe, ça n'atteint pas le cerveau. Et bon, quoi qu'il en soit, je m'en voudrais d'être la cause de son premier échec amoureux...
- Pas de problème, de toute façon, quand on n'est pas seuls, on joue les meilleurs amis, et bon, on finira par avoir notre petit chez-nous, Paul et moi. Mais tout de même, faudrait pas qu'elle abuse non plus, si elle est homophobe, je verrais d'un mauvais œil le fait de la voir trop souvent à la maison, je ne vois pas pourquoi, dans le seul endroit où on peut s'aimer en toute sécurité, on devrait se cacher, compris ?
- Oui, bien sûr. Hum... y a aussi...
- Quoi ?
- Je sais pas comment maman va réagir.
- Bah, tu verras bien. Elle est super notre mère, tu vois, elle m'a accepté comme je suis, et t'a permis de mener ta vie et d'avoir une copine, plutôt que de te restreindre ton intimité. Quand tu as laissé entendre que tu avais couché avec elle, qu'est-ce qu'elle a fait ?
- Elle m'a acheté des capotes, oui, mais c'est pas ça le problème, c'est ma copine.
- Ben quoi ?
- Tu crois que maman acceptera que je sorte avec une gothique ?
Je regarde mon petit frère, tout propre sur lui, le genre ado moderne mais classique, et je l'imagine avec une gothique. Là, j'ai du mal, je l'avoue, tellement le contraste est fort. Comment a-t-il réussi à séduire une fille pareille ? Enfin, je ne vais rien dire, parce qu'à ce niveau -là, je ne suis pas une référence.
- Euh... je crois que comme moi, elle sera surprise, mais bon, si elle accepte que je sorte avec un mec, je la vois mal dire quelque chose à son sujet.
- Ouais, tu as raison.
- Allez, ça va bien se passer.
- Merci ! Fait-il, rassuré.
- Mais de rien. Je te rappelle juste qu'entre elle et Paul, c'est tout vu pour moi, il y a des limites et je ne suis pas prêt à les franchir pour une homophobe. Alors si c'est le cas, tu devras patienter un moment, avant de la ramener sérieusement à la maison.
- Mais... comment je saurai si elle est homophobe ? Si je lui pose la question, elle se demandera pourquoi.
- Bien vu, et je n'ai pas de réponse à cette question. Ce qui veut dire que de toute manière, tu devras patienter, ce qui n'est pas plus mal. Ça vaut mieux pour toi, en fait, vu que ça sécurisera ta relation avec elle. Au moins, elle n'aura pas l'impression que tu sors avec elle pour coucher.
- Mouais, fait-il, pas très convaincu, mais se résignant.
Il n'est pas franchement transporté, mais bon, faut bien qu'il s'y fasse, et bon, il a quand même quinze ans, je préfère mettre des barrières. Faudra que j'en touche deux mots à maman.
Nous ressortons et retrouvons ma mère et Paul dans la salle à manger. Attiré par l'odeur du café, je m'en sers un, et m'installe pour suivre la conversation entre eux. Paul, lui, se prépare un chocolat. Il déteste le café.
- Comment avez-vous réagi quand Jeremy vous a dit qu'il était gay ?
- Oh, j'y avais réfléchi bien avant ce moment, je n'ai donc pas été surprise. Je sais que ce n'est pas le cas de toutes les mères, loin de là, et pourtant, il vaut mieux penser à toutes les éventualités si on veut pouvoir s'y préparer et y faire face le cas échéant.
- Ouah !
Il baisse la tête.
- C'est pas le cas avec mes parents... eux, c'est même tout le contraire. Ils ont déjà défini comment devait être ma vie, et gare à moi si je m'en écarte. Ils ont choisi mes études, mon futur métier, et probablement avec quelle fille je devrais être marié...
- Quelle horreur...
- Pour le moment, je reste chez eux, parce que c'est quand même plus pratique pour moi, mais tout ce que je veux, c'est me tirer et ne plus les revoir, et le jour où je le ferai, je ferai la fête... parce que j'étouffe, moi !
- Tu aurais pu te rebeller et choisir toi-même tes études et ta voie, non ?
- Non. Mon père m'a clairement fait comprendre qu'il me jetterait à la rue si je faisais un truc pareil, parce que chez lui, il n'y a pas de place pour un raté.
Ma mère est horrifiée, et moi, j'ai le cœur serré. Je me rapproche de lui et passe un bras sur ses épaules. Il pose sa tête sur mon épaule, avec tendresse et gratitude. Nous gardons habituellement nos gestes tendres pour nous, sans même y penser en fait, mais là, y a pas photo, mon homme a besoin de moi.
Ma mère est clairement attendrie, quant à Jean, il semble d'abord curieux, comme s'il testait ses réactions, avant de m'adresser un petit sourire. Je le vois jeter un coup d'œil à maman, pour vérifier si tout est bien.
Je reviens à Paul.
- C'est fini, tout ça, Paul. Tu vis une vie qu'ils n'auraient jamais imaginé, et je peux te dire qu'ils vont payer pour ce qu'ils t'ont fait subir. Tu leur donneras un sacré choc, tu vas voir.
- Ouais... mais j'aurais tant voulu avoir des parents qui m'aiment pour moi-même, plutôt que d'aimer l'avenir que je représentais à leurs yeux...
- Je t'aime, moi, je t'aime pour cent !
Il me sourit. Je l'embrasse. Un peu rouge, de le faire devant la famille, mais bon sang, je vais pas me cacher parce que c'est pas une fille. Je l'aime, et ma famille l'accepte, alors, je l'aimerai au grand jour.
21 février 2009
Voilà une semaine que je suis rentré à la maison, avec une amende ramassée dans le train, histoire d'ajouter à mon infortune. Il y a eu pas mal d'explications à donner, mais j'étais surtout crevé. Paul m'a aidé - beaucoup - à retrouver le moral. J'ai fini mon traitement d'urgence, reste à voir si ça a eu de l'effet - j'enrage d'avoir raté un soir à cause des flics. Je barre les jours sur le calendrier. Je n'ai que ça à faire.
En attendant, j'ai commencé à regarder pour faire un petit boulot, histoire de ne plus dépendre de l'argent de poche que me donne ma mère. J'ai pas mal tiré sur la corde ces derniers temps, et ça me gêne. Si mon père travaille à l'étranger, c'est pour Jean et moi - pour qu'on puisse suivre des études, de haut niveau si besoin est, et qu'on puisse vivre confortablement. Nous sommes conscients du sacrifice qu'il fait pour nous. Bien sûr, nous préfèrerions l'avoir avec nous. On ne peut pas tout avoir, cependant...
Mais bon, c'est samedi, et je profite du week-end avec Paul et Jean. Après une partie sur la console de mon petit frère, nous déjeunons avant d'aller dans ma chambre.
- Jerem...
- Oui, ptit frère ?
- Je voudrais te parler... c'est à propos de ma copine.
- Tu m'excuse Paul.
- Pas de problème, je vais discuter un peu avec ta mère.
- Merci.
Une fois seuls, je le regarde gentiment jusqu'à ce qu'il se lance.
- Je... je me vois mal vous la présenter... ça me pose plusieurs problèmes.
- Comment ça ?
- Ben... d'une part, je ne sais pas comment elle réagirait si.. si elle apprenait que mon frère est gay, dit-il d'un air malheureux.
Je ne le prends pas mal. Je comprends sa peur. Il est mordu d'elle, et depuis le temps qu'ils sont ensemble, ça commence à devenir sérieux. Il a peur de la perdre, et c'est compréhensible. Et quand on est amoureux, on peut toujours dire qu'une fille ne mérite pas d'être connue si elle est homophobe, ça n'atteint pas le cerveau. Et bon, quoi qu'il en soit, je m'en voudrais d'être la cause de son premier échec amoureux...
- Pas de problème, de toute façon, quand on n'est pas seuls, on joue les meilleurs amis, et bon, on finira par avoir notre petit chez-nous, Paul et moi. Mais tout de même, faudrait pas qu'elle abuse non plus, si elle est homophobe, je verrais d'un mauvais œil le fait de la voir trop souvent à la maison, je ne vois pas pourquoi, dans le seul endroit où on peut s'aimer en toute sécurité, on devrait se cacher, compris ?
- Oui, bien sûr. Hum... y a aussi...
- Quoi ?
- Je sais pas comment maman va réagir.
- Bah, tu verras bien. Elle est super notre mère, tu vois, elle m'a accepté comme je suis, et t'a permis de mener ta vie et d'avoir une copine, plutôt que de te restreindre ton intimité. Quand tu as laissé entendre que tu avais couché avec elle, qu'est-ce qu'elle a fait ?
- Elle m'a acheté des capotes, oui, mais c'est pas ça le problème, c'est ma copine.
- Ben quoi ?
- Tu crois que maman acceptera que je sorte avec une gothique ?
Je regarde mon petit frère, tout propre sur lui, le genre ado moderne mais classique, et je l'imagine avec une gothique. Là, j'ai du mal, je l'avoue, tellement le contraste est fort. Comment a-t-il réussi à séduire une fille pareille ? Enfin, je ne vais rien dire, parce qu'à ce niveau -là, je ne suis pas une référence.
- Euh... je crois que comme moi, elle sera surprise, mais bon, si elle accepte que je sorte avec un mec, je la vois mal dire quelque chose à son sujet.
- Ouais, tu as raison.
- Allez, ça va bien se passer.
- Merci ! Fait-il, rassuré.
- Mais de rien. Je te rappelle juste qu'entre elle et Paul, c'est tout vu pour moi, il y a des limites et je ne suis pas prêt à les franchir pour une homophobe. Alors si c'est le cas, tu devras patienter un moment, avant de la ramener sérieusement à la maison.
- Mais... comment je saurai si elle est homophobe ? Si je lui pose la question, elle se demandera pourquoi.
- Bien vu, et je n'ai pas de réponse à cette question. Ce qui veut dire que de toute manière, tu devras patienter, ce qui n'est pas plus mal. Ça vaut mieux pour toi, en fait, vu que ça sécurisera ta relation avec elle. Au moins, elle n'aura pas l'impression que tu sors avec elle pour coucher.
- Mouais, fait-il, pas très convaincu, mais se résignant.
Il n'est pas franchement transporté, mais bon, faut bien qu'il s'y fasse, et bon, il a quand même quinze ans, je préfère mettre des barrières. Faudra que j'en touche deux mots à maman.
Nous ressortons et retrouvons ma mère et Paul dans la salle à manger. Attiré par l'odeur du café, je m'en sers un, et m'installe pour suivre la conversation entre eux. Paul, lui, se prépare un chocolat. Il déteste le café.
- Comment avez-vous réagi quand Jeremy vous a dit qu'il était gay ?
- Oh, j'y avais réfléchi bien avant ce moment, je n'ai donc pas été surprise. Je sais que ce n'est pas le cas de toutes les mères, loin de là, et pourtant, il vaut mieux penser à toutes les éventualités si on veut pouvoir s'y préparer et y faire face le cas échéant.
- Ouah !
Il baisse la tête.
- C'est pas le cas avec mes parents... eux, c'est même tout le contraire. Ils ont déjà défini comment devait être ma vie, et gare à moi si je m'en écarte. Ils ont choisi mes études, mon futur métier, et probablement avec quelle fille je devrais être marié...
- Quelle horreur...
- Pour le moment, je reste chez eux, parce que c'est quand même plus pratique pour moi, mais tout ce que je veux, c'est me tirer et ne plus les revoir, et le jour où je le ferai, je ferai la fête... parce que j'étouffe, moi !
- Tu aurais pu te rebeller et choisir toi-même tes études et ta voie, non ?
- Non. Mon père m'a clairement fait comprendre qu'il me jetterait à la rue si je faisais un truc pareil, parce que chez lui, il n'y a pas de place pour un raté.
Ma mère est horrifiée, et moi, j'ai le cœur serré. Je me rapproche de lui et passe un bras sur ses épaules. Il pose sa tête sur mon épaule, avec tendresse et gratitude. Nous gardons habituellement nos gestes tendres pour nous, sans même y penser en fait, mais là, y a pas photo, mon homme a besoin de moi.
Ma mère est clairement attendrie, quant à Jean, il semble d'abord curieux, comme s'il testait ses réactions, avant de m'adresser un petit sourire. Je le vois jeter un coup d'œil à maman, pour vérifier si tout est bien.
Je reviens à Paul.
- C'est fini, tout ça, Paul. Tu vis une vie qu'ils n'auraient jamais imaginé, et je peux te dire qu'ils vont payer pour ce qu'ils t'ont fait subir. Tu leur donneras un sacré choc, tu vas voir.
- Ouais... mais j'aurais tant voulu avoir des parents qui m'aiment pour moi-même, plutôt que d'aimer l'avenir que je représentais à leurs yeux...
- Je t'aime, moi, je t'aime pour cent !
Il me sourit. Je l'embrasse. Un peu rouge, de le faire devant la famille, mais bon sang, je vais pas me cacher parce que c'est pas une fille. Je l'aime, et ma famille l'accepte, alors, je l'aimerai au grand jour.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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