10-07-2021, 11:20 PM
* 68 *
Il est surpris.
- Je ne sais rien du tout. Quel âge a-t-il ?
- Quinze ans.
- Hum. Je ne suis pas au courant de tout, mais rien ne les a empêché de se revoir...
- Oui...
Il me lance un regard perçant.
- Comment prends-tu ça ?
- Je... je ne sais pas trop, à vrai dire. Mais... si tout ça n'était pas arrivé, je ne serais pas là, et mes frères non plus.
- Oui, c'est bien vrai. La vie est un don précieux, jeune homme. Elle apporte son lot de joies et de peines, mais si on s'en donne la peine, elle vaut d'être vécue. Du moins, c'est mon avis personnel, tempère-t-il.
- Hum, ouais...
- Pour certains, trouver l'amour peut suffire faire d'une existence une vie heureuse, mais pour moi, ce n'est pas satisfaisant.
- Qu'est-ce qu'il faudrait de plus ?
- Laisser une trace derrière soi. Quelque chose que l'on lègue au monde, par ses actes. La grande majorité des gens mènent une existence purement alimentaire, métro boulot dodo, et ils appellent ça vivre... moi j'appelle ça survivre. Pour que la vie en vaille vraiment le coup, on doit en faire quelque chose. Apporter quelque chose à ce monde, le changer en mieux, ne serait-ce qu'un peu, mais un peu, c'est beaucoup mieux que rien.
- C'est ce qu'a fait mon père biologique en partant en Afrique ?
- Peut-être bien... même si c'est pour se racheter à ses yeux, et pour s'éloigner de toute cette histoire, il le fait de façon constructive, il utilise ses talents au mieux pour apaiser les souffrances des gens... enfin, s'il est toujours de ce monde. Mais il y a mille façon de laisser une empreinte. Certains écrivent, font de la musique, des films, certains s'engagent dans une cause...
- Et d'autres font tout leur possible pour plonger les gens dans la misère et la souffrance.
- Oui, hélas. Mais est-ce une raison pour baisser les bras ? Est-ce que, parce que certains font souffrir les autres, on doit ne rien faire, et par la même, approuver passivement leurs actes ?
- Non... non, vous avez raison.
- Je conclurai en te disant ceci : trouve ta voie, forge ta vie plutôt que de la laisser te modeler, et fais-en quelque chose. Tu la trouveras nettement plus gratifiante ainsi.
- J'essaierai... mais ce ne sera pas facile.
- Il y a une expression dans chaque langue pour exprimer cette idée. Les anglais disent : « no pain, no gain ». Et chez nous : « on n'a rien sans rien ». Enfin, je t'ai assez retenu comme ça.
J'espère seulement que François ne va pas ruer dans les brancards avec cette découverte... oh là, tout d'un coup, je crains le pire... d'un autre côté, je ne peux pas le laisser dans l'ignorance, je lui ai menti une fois, ainsi qu'à Jean, et j'en ai encore la nausée. Mieux vaut que je lui parle.
Nous retournons à la chambre de François, qui est surpris de me revoir aussi vite.
- J'ai rencontré par pur hasard, euh...
Je me tourne vers le vieil homme.
- Je suis désolé, je ne vous ai pas demandé votre nom.
- C'est moi qui m'excuse, j'ai été si surpris que j'en ai oublié de me présenter. Vous pouvez m'appeler Michael.
- Hum. Bon, Michael, je vous présente mon frère jumeau, François.
- Bonjour, François. Mon dieu, vous êtes vraiment identiques, tous les deux. Vous savez, ce n'est pas forcément le cas, entre jumeaux, même de vrais jumeaux peuvent être très différents... mais je m'égare, ce n'est pas pour ça que je suis venu. J'ai connu votre père biologique. Vous lui ressemblez énormément.
Stupéfait, François écoute l'histoire que je viens d'entendre. Il secoue la tête, à la fin, n'en revenant pas.
- Je vous remercie docteur, je désespérais de découvrir la vérité, et... ça me rassure beaucoup de savoir que nos pires hypothèses se sont révélées fausses.
- Pas de quoi, je vous en prie. Je vous laisse entre vous, vous devez avoir des choses à vous dire, dit-il avant de sortir.
- Ouah ! Quand j'y pense... c'est stupéfiant !
- Oui, en effet... et rassurant.
- Dire que si je ne m'étais pas fait renverser, on n'aurait peut-être jamais su la vérité.
Je repense au document que j'ai lu. On n'aurait jamais imaginé qu'il était falsifié, et qui sait ce qui aurait pu arriver alors ? J'en frémis.
- Écoute, ça pourrait faire voler ma famille en éclats, ne joue pas au con avec ça, s'il te plaît.
- Non, je n'en ai pas envie. Tu as une famille charmante.
- François...
- Oui ?
- Qu'est-ce qu'il y a avec ta mère ?
Il soupire.
- Elle s'en fait sincèrement pour toi, tu sais.
- Ce n'est pas ça... c'est le genre de secret de famille que l'on enterre et sur lequel on coule une chape de béton. Ne compte pas sur moi pour l'en sortir.
- Euh, bon, comme tu veux, j'insiste pas.
- Merci.
- Bon, eh bien, que vas-tu faire ?
- J'en sais trop rien pour le moment, mais je vais avoir beaucoup de temps pour y réfléchir.
- Très bien, je rentre, cette fois.
- Allez, bon retour.
Je laisse un mot pour François avec mon numéro de téléphone, histoire qu'il puisse me contacter s'il le désire. Une fois sorti de l'hôpital, je rallume mon mobile et appelle ma mère.
- Allô maman, j'ai été voir François, qui va bien, et je suis prêt à rentrer. Tu as vu pour les horaires ?
- Tu as un train toutes les heures, aucun problème de ce côté-là. Je t'attendrai à la gare.
- D'accord, merci m'man.
- Pas de problème, rappelle-moi une fois dans le train, d'accord ?
- Promis.
Et voilà, plus qu'à retourner à Paris... je me dirige vers la gare à pied, vu que je n'ai rien pu emporter quand les flics m'ont embarqué. Je peste contre ces connards, mais en même temps, leur intervention m'a rendu un grand service.
Qui l'avait dit déjà ? Le destin emploie parfois des chemins tortueux...
Mais je ne crois pas en cette force impersonnelle, ni en aucune force soi-disant supérieure, d'ailleurs.
C'est une manière de décharger sa responsabilité sur une instance supérieure, comme ça on a la conscience tranquille.
Plongé dans mes réflexions, je ne vois pas le temps passer, et ce n'est qu'en arrivant aux guichets de la gare que je percute.
- Mais... quelle andouille ! J'ai pas mon portefeuille sur moi, il est dans ma chambre, à Paris !
Il est surpris.
- Je ne sais rien du tout. Quel âge a-t-il ?
- Quinze ans.
- Hum. Je ne suis pas au courant de tout, mais rien ne les a empêché de se revoir...
- Oui...
Il me lance un regard perçant.
- Comment prends-tu ça ?
- Je... je ne sais pas trop, à vrai dire. Mais... si tout ça n'était pas arrivé, je ne serais pas là, et mes frères non plus.
- Oui, c'est bien vrai. La vie est un don précieux, jeune homme. Elle apporte son lot de joies et de peines, mais si on s'en donne la peine, elle vaut d'être vécue. Du moins, c'est mon avis personnel, tempère-t-il.
- Hum, ouais...
- Pour certains, trouver l'amour peut suffire faire d'une existence une vie heureuse, mais pour moi, ce n'est pas satisfaisant.
- Qu'est-ce qu'il faudrait de plus ?
- Laisser une trace derrière soi. Quelque chose que l'on lègue au monde, par ses actes. La grande majorité des gens mènent une existence purement alimentaire, métro boulot dodo, et ils appellent ça vivre... moi j'appelle ça survivre. Pour que la vie en vaille vraiment le coup, on doit en faire quelque chose. Apporter quelque chose à ce monde, le changer en mieux, ne serait-ce qu'un peu, mais un peu, c'est beaucoup mieux que rien.
- C'est ce qu'a fait mon père biologique en partant en Afrique ?
- Peut-être bien... même si c'est pour se racheter à ses yeux, et pour s'éloigner de toute cette histoire, il le fait de façon constructive, il utilise ses talents au mieux pour apaiser les souffrances des gens... enfin, s'il est toujours de ce monde. Mais il y a mille façon de laisser une empreinte. Certains écrivent, font de la musique, des films, certains s'engagent dans une cause...
- Et d'autres font tout leur possible pour plonger les gens dans la misère et la souffrance.
- Oui, hélas. Mais est-ce une raison pour baisser les bras ? Est-ce que, parce que certains font souffrir les autres, on doit ne rien faire, et par la même, approuver passivement leurs actes ?
- Non... non, vous avez raison.
- Je conclurai en te disant ceci : trouve ta voie, forge ta vie plutôt que de la laisser te modeler, et fais-en quelque chose. Tu la trouveras nettement plus gratifiante ainsi.
- J'essaierai... mais ce ne sera pas facile.
- Il y a une expression dans chaque langue pour exprimer cette idée. Les anglais disent : « no pain, no gain ». Et chez nous : « on n'a rien sans rien ». Enfin, je t'ai assez retenu comme ça.
J'espère seulement que François ne va pas ruer dans les brancards avec cette découverte... oh là, tout d'un coup, je crains le pire... d'un autre côté, je ne peux pas le laisser dans l'ignorance, je lui ai menti une fois, ainsi qu'à Jean, et j'en ai encore la nausée. Mieux vaut que je lui parle.
Nous retournons à la chambre de François, qui est surpris de me revoir aussi vite.
- J'ai rencontré par pur hasard, euh...
Je me tourne vers le vieil homme.
- Je suis désolé, je ne vous ai pas demandé votre nom.
- C'est moi qui m'excuse, j'ai été si surpris que j'en ai oublié de me présenter. Vous pouvez m'appeler Michael.
- Hum. Bon, Michael, je vous présente mon frère jumeau, François.
- Bonjour, François. Mon dieu, vous êtes vraiment identiques, tous les deux. Vous savez, ce n'est pas forcément le cas, entre jumeaux, même de vrais jumeaux peuvent être très différents... mais je m'égare, ce n'est pas pour ça que je suis venu. J'ai connu votre père biologique. Vous lui ressemblez énormément.
Stupéfait, François écoute l'histoire que je viens d'entendre. Il secoue la tête, à la fin, n'en revenant pas.
- Je vous remercie docteur, je désespérais de découvrir la vérité, et... ça me rassure beaucoup de savoir que nos pires hypothèses se sont révélées fausses.
- Pas de quoi, je vous en prie. Je vous laisse entre vous, vous devez avoir des choses à vous dire, dit-il avant de sortir.
- Ouah ! Quand j'y pense... c'est stupéfiant !
- Oui, en effet... et rassurant.
- Dire que si je ne m'étais pas fait renverser, on n'aurait peut-être jamais su la vérité.
Je repense au document que j'ai lu. On n'aurait jamais imaginé qu'il était falsifié, et qui sait ce qui aurait pu arriver alors ? J'en frémis.
- Écoute, ça pourrait faire voler ma famille en éclats, ne joue pas au con avec ça, s'il te plaît.
- Non, je n'en ai pas envie. Tu as une famille charmante.
- François...
- Oui ?
- Qu'est-ce qu'il y a avec ta mère ?
Il soupire.
- Elle s'en fait sincèrement pour toi, tu sais.
- Ce n'est pas ça... c'est le genre de secret de famille que l'on enterre et sur lequel on coule une chape de béton. Ne compte pas sur moi pour l'en sortir.
- Euh, bon, comme tu veux, j'insiste pas.
- Merci.
- Bon, eh bien, que vas-tu faire ?
- J'en sais trop rien pour le moment, mais je vais avoir beaucoup de temps pour y réfléchir.
- Très bien, je rentre, cette fois.
- Allez, bon retour.
Je laisse un mot pour François avec mon numéro de téléphone, histoire qu'il puisse me contacter s'il le désire. Une fois sorti de l'hôpital, je rallume mon mobile et appelle ma mère.
- Allô maman, j'ai été voir François, qui va bien, et je suis prêt à rentrer. Tu as vu pour les horaires ?
- Tu as un train toutes les heures, aucun problème de ce côté-là. Je t'attendrai à la gare.
- D'accord, merci m'man.
- Pas de problème, rappelle-moi une fois dans le train, d'accord ?
- Promis.
Et voilà, plus qu'à retourner à Paris... je me dirige vers la gare à pied, vu que je n'ai rien pu emporter quand les flics m'ont embarqué. Je peste contre ces connards, mais en même temps, leur intervention m'a rendu un grand service.
Qui l'avait dit déjà ? Le destin emploie parfois des chemins tortueux...
Mais je ne crois pas en cette force impersonnelle, ni en aucune force soi-disant supérieure, d'ailleurs.
C'est une manière de décharger sa responsabilité sur une instance supérieure, comme ça on a la conscience tranquille.
Plongé dans mes réflexions, je ne vois pas le temps passer, et ce n'est qu'en arrivant aux guichets de la gare que je percute.
- Mais... quelle andouille ! J'ai pas mon portefeuille sur moi, il est dans ma chambre, à Paris !
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